Lucie Castets croit dur comme fer à Matignon ?

  • il y a 2 mois

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00:00A 19h35 sur Europe, je vous propose qu'on s'intéresse à la politique française qui, malgré la trêve olympique décrétée par Emmanuel Macron,
00:06et bien cette politique française, elle a quelques petits remous ce soir.
00:10Il y en a une qui croit dur comme fer à Matignon, c'est Lucie Castet.
00:14Elle a été désignée première ministrable par le Nouveau Front Populaire.
00:18Sauf que l'énarque de 37 ans qui se cherche un gouvernement qui se donne l'été pour imprimer sa marque avec des déplacements,
00:24elle est aussi directrice des finances et des achats de la ville de Paris.
00:28Et comme l'a révélé nos confrères du Canard Enchaîné, elle a omis de se mettre en disponibilité.
00:34Elle est donc en congé jusqu'au 10 août prochain.
00:37C'est plus prudent pour elle d'éviter de se mettre en disponibilité ?
00:42Quoi donc ?
00:43Elle reste en congé parce qu'elle se doute qu'elle n'ira jamais à Matignon.
00:49Vous pouvez demander une mise en disponibilité et y renoncer aussi très rapidement.
00:54Au moins la mise en disponibilité c'est un statut beaucoup plus transparent, beaucoup plus clair.
00:59Je me souviens lorsque je me suis présenté aux élections législatives, j'étais magistrat,
01:03je me suis mis en disponibilité de la magistrature, rien ne m'obligeait effectivement.
01:07Mais c'est plus clair.
01:08Racontez-nous concrètement, ça veut dire qu'on ne touche plus de salaire, c'est réservé aux fonctionnaires.
01:14Comment ça se passe alors ?
01:16Une mise en disponibilité, tous les fonctionnaires et assimilés comme les magistrats
01:21peuvent demander à n'importe quel moment une mise en disponibilité pour une durée maximale de dix ans.
01:26Et pendant ce délai de dix ans, vous pouvez renoncer à la disponibilité et réintégrer votre corps d'origine.
01:32Là, elle est dans une situation bancale puisqu'elle utilise ses congés payés pour pouvoir faire sa campagne.
01:38Qui est une campagne qui n'est pas une campagne électorale.
01:40C'est une campagne pour une nomination, c'est quand même un nouveau concept qu'on ne connaissait pas jusque-là.
01:46Quand vous regardez un petit peu, la loi ne prévoit pas d'obligation de réserve stricte pour tous les fonctionnaires.
01:55C'est strict pour qui ? Pour les magistrats, pour la police nationale et pour l'armée.
02:01Là, il y a une obligation de réserve stricte.
02:03Par contre, pour tous les autres fonctionnaires, il n'y a rien dans la loi.
02:07En réalité, il faut s'en référer à la jurisprudence du Conseil d'État et des tribunaux administratifs
02:11qui varient suivant le degré de responsabilité de l'agent en question, suivant son attitude, etc.
02:16Donc, c'est une situation qui n'est pas claire.
02:18Le déontologue a été saisi d'Hôtel de Ville de Paris.
02:21Enfin, il n'a pas encore été saisi, non.
02:24Par contre, la situation est bien repérée par Madame Hidalgo.
02:28Je pense qu'il faudra sortir cette ambiguïté le plus vite possible.
02:31Gilles Boutin, ce n'est pas un manquement au devoir de réserve ?
02:35Est-ce qu'elle fait de la politique avec de l'argent public, étant donné qu'elle est salariée par la mairie de Paris ?
02:39On peut ergoter sur cette question sans jamais vraiment complètement la trancher.
02:44Je pense que, surtout, ce que ça montre, c'est que tout sent l'improvisation dans cette séquence.
02:50On a même l'impression que Lucie Castey n'avait pas les idées très claires sur les règles de la mise en disponibilité,
02:55c'est-à-dire qu'elle s'est orientée sur des congés.
02:58Bon, après, en plus, on aurait pu lui souhaiter de passer de meilleurs congés que d'aller chez Duralex
03:03avec Olivier Faure ou Marine Tondelier, qui eux-mêmes devaient se demander ce qu'ils faisaient là.
03:07Donc, derrière, je ne pense pas que l'important soit de savoir si elle devait se mettre en disponibilité ou non,
03:14ou si c'est choquant qu'elle utilise ses congés.
03:17Je pense que, derrière, ça montre simplement que la gauche ne sait pas du tout où elle va.
03:21Elle nous sort une première ministrable, effectivement, en campagne pour devenir premier ministre,
03:25qui est une première qui a peu de chances quand même d'aboutir,
03:29ou quand bien même elle deviendra première ministre, elle se prendra une autre chance assez rapidement.
03:33Elle serait renversée en 48 heures, oui.
03:35Oui, donc, on en vient presque à la plaindre.
03:37Elle y va avec un certain aplomb, mais est-elle si heureuse de se retrouver dans ce rôle-là ?
03:42La question peut être posée.
03:43Est-ce qu'il faudrait en passer par sa nomination pour éclairer un petit peu les choses ?
03:48Emmanuel Macron voulait le grand éclaircissement avec sa dissolution.
03:51Le fait de nommer cette candidate par le Nouveau Front Populaire, Lucie Castet-Amatignon,
03:56quand bien même il y aurait éventuellement un renversement du gouvernement par l'Assemblée Nationale,
04:02est-ce que ce ne serait pas un passage obligé ?
04:04Écoutez, la politique ce n'est pas un jeu, ce n'est pas un jeu de chaises,
04:08on ne demande pas au Président de dire « je vous l'avais bien dit, vous voyez ».
04:13De toute façon, le Nouveau Front Populaire ne se taiera pas pour autant si cette situation se produit.
04:18C'est-à-dire une nomination et le lendemain, un gouvernement renversé,
04:22ça ne les arrêtera pas pour autant.
04:24Donc, qu'est-ce qui reste ? On est le 1er août, c'est ça ?
04:27Donc, on nous a annoncé probablement la nomination d'un premier ministre vers le 12 août.
04:33C'est ça, le 12 août prochain normalement.
04:35Il reste un peu plus, disons deux semaines maximum,
04:38et nous aurons une clarification qui viendra de qui ?
04:41Du Président de la République.
04:43Ça ne peut pas venir de quelqu'un d'autre.
04:45Personne ne peut tambouriner à la porte de Matignon et dire « c'est moi, il faut me nommer ».
04:50Ce n'est pas possible, ça n'existe pas.
04:52C'est le choix du Président qui doit s'appuyer,
04:54qui ne peut choisir que sur une personnalité qui rassemble une majorité
05:00au moins relative à l'Assemblée Nationale.
05:03Pour l'instant, je suis désolé pour elle, pour cette Mme Castex,
05:07mais elle n'a même pas de majorité relative.
05:10Elle ne peut pas gagner le bras de fer qu'elle tente d'engager avec Emmanuel Macron ?
05:13Non, il appartient à Emmanuel Macron effectivement de décider dans quelle direction il va aller,
05:19parce qu'il pourrait faire un petit peu comme avec sa dissolution,
05:22c'est-à-dire une politique du fait accompli,
05:25« vous avez voté ainsi, maintenant vous allez en assumer les conséquences, donc je dissous ».
05:29Maintenant, il pourrait effectivement nommer Lucie Castex en vue de montrer
05:34que c'était une voie impossible de donner une bonne leçon à tout le monde.
05:39Maintenant, s'il a une approche un peu plus responsable,
05:42effectivement, il devrait chercher à griller les étapes,
05:45ne pas passer par là et tout de suite chercher une coalition un peu plus large,
05:49coalition qui va être extrêmement difficile à trouver également.
05:51Qui n'est pas impossible à trouver,
05:53mais d'ailleurs, au fond, cet exercice a déjà eu lieu avec le vote de la présidence de l'Assemblée Nationale.
05:59Il nous avait proposé un candidat, vous vous souvenez que c'était M. Chassin, un communiste,
06:03il n'a pas eu la majorité.
06:04À 13 voix près, effectivement, D. Chassin était arrivé à 202 voix, 203 voix.
06:09Donc, c'est maintenant tout repos sur les capacités du groupe de l'ex-majorité relative présidentielle,
06:17avec LR et d'autres encore,
06:19de composer effectivement une coalition de programmes et de gouvernements.
06:23C'est vrai que le perchoir était un préambule de Matignon.
06:26Et est-ce qu'Emmanuel Macron pourrait nommer un premier ministre issu de son camp ?
06:32Est-ce que c'est totalement exclu comme hypothèse ?
06:34Disons que si vous le faites, vous recréez les tensions précédentes,
06:39ça donne énormément de grains à moudre à la gauche.
06:42Parce qu'on a vu Gabriel Attal proposer un pacte d'action cette semaine,
06:46avec une série de mesures qui ressemblaient peu ou prou
06:48à la politique menée par le gouvernement jusque-là, sans grande rupture.
06:51En espérant que ce pacte-là puisse rallier, créer en tout cas cette coalition.
06:56Il y a une chose dont on peut être certain,
06:58c'est que le prochain locataire de Matignon aura le pouvoir
07:05de déterminer et de conduire la politique de la France.
07:10Nous allons entrer dans une période de cohabitation.
07:13Quand vous posez la question, est-ce que le président peut nommer quelqu'un de son camp,
07:16cette question, je dirais, ne mérite même pas d'être envisagée.
07:21Parce que ça voudrait dire qu'on n'est pas tenu compte du résultat des élections,
07:25et ce serait catastrophique, ça terminerait mal.
07:28Donc il y aura forcément une personnalité qui est extérieure actuellement à la majorité,
07:33et qui serait incapacité de rassembler,
07:36et qui demandera les clés du pouvoir sous forme de cohabitation.
07:40Et la dernière personnalité qui est testée en ce moment, c'est Xavier Bertrand.
07:46Il y a des coups qui sont tentés, Darmanin essaye de le faire monter, on va dire.
07:52Macron n'y est pas opposé, même si on sait que les relations ne sont pas au beau fixe entre les deux.
07:58Et on verra bien ce que ça donne, tout dépend de ce que veut faire Bertrand.
08:02Effectivement, et puis c'était Emmanuel Macron qui garde la main sur cette nomination jusqu'au 12 août.
08:08Prochain rendez-vous, nouvelle échéance fixée par le président de la République.

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