• il y a 6 mois
Bruxelles, mai 2018. Mark Zuckerberg fait face aux parlementaires européens qui fustigent le rôle joué par Facebook dans le référendum perdu sur le Brexit. Sûr de son impunité, le puissant patron du réseau social leur lance un "I'm sorry" faussement contrit, avant de quitter la salle précipitamment pour éviter de répondre aux questions embarrassantes. Furieux, les eurodéputés jurent de mettre fin au Far West du numérique dans lequel les géants de la Tech ont le pouvoir de faire basculer des élections et où leurs monopoles dictent les règles de l'économie. Pour la première fois, des projets de loi vont empêcher les tout-puissants patrons de la Silicon Valley de dormir sur leurs deux oreilles.

Pendant 18 mois, de Bruxelles à San Francisco, la caméra de Yann-Antony Noghès a suivi les législateurs européens, y compris lors de leurs échanges avec les lobbies qui dépensent des centaines de millions d'euros pour tenter d'influencer la loi.

Une immersion exclusive dans la fabrique de la loi et dans les coulisses d'une négociation historique, riche en rebondissements.

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Transcription
00:00:00...
00:00:07Toute entreprise qui devient dominante sur un marché
00:00:10constitue un danger.
00:00:12...
00:00:16L'Europe a laissé faire,
00:00:18mais on s'aperçoit qu'avec Google, Apple, Facebook ou Amazon,
00:00:22on se retrouve face à des super-géants
00:00:25qui peuvent imposer leurs propres lois à des Etats
00:00:29...
00:00:36Aujourd'hui, il y a un seul réseau social,
00:00:39une seule place de marché,
00:00:42un seul moteur de recherche.
00:00:44Et donc, on a des monopoles privés
00:00:46qui décident pour des pans entiers de notre vie.
00:00:50...
00:00:51Il y a des comportements purement économiques,
00:00:54c'est-à-dire, je suis gros, donc je vais aller avaler mes concurrents.
00:00:58Il y a des comportements qui mettent en danger la démocratie,
00:01:01c'est-à-dire, je vais utiliser vos données
00:01:03pour vous vendre des produits ou des opinions.
00:01:06...
00:01:07-"Le scandale Cambridge Analytica."
00:01:09-"Les données de millions d'utilisateurs Facebook
00:01:12exploitées lors du Brexit."
00:01:13...
00:01:14On a laissé se développer un immense Far West au niveau mondial.
00:01:18Les géants du numérique américain sont partis à la conquête du monde.
00:01:23Les Chinois se sont fermés pour bâtir leur géant du numérique
00:01:27et partir maintenant à la conquête du monde.
00:01:29Et les Européens, eux, ils ont gardé le train passé.
00:01:32Les idiots du village planétaire.
00:01:34...
00:01:35...
00:01:39Nous allons quitter l'Union européenne !
00:01:42...
00:01:54Je ne pense pas que le Brexit aurait eu lieu
00:01:56sans les techniques de ciblage publicitaires
00:01:59mises en place par Cambridge Analytica.
00:02:01...
00:02:02Si vous ne payez pas pour un service, c'est vous le produit.
00:02:06...
00:02:07Ils se fichent de la démocratie.
00:02:08Ce qu'ils veulent, c'est gagner de l'argent.
00:02:11...
00:02:12On a donné naissance à des monstres de Frankenstein
00:02:15qu'on a le plus grand mal, aujourd'hui, à maîtriser.
00:02:18...
00:02:20Qui pourra les stopper ?
00:02:22...
00:02:28Le patron de Facebook avait d'abord refusé
00:02:30cette convocation au Parlement européen.
00:02:32Finalement, il a cédé hier, sous la pression des eurodéputés.
00:02:36...
00:02:44...
00:02:59Peut-on faire confiance à Facebook, monsieur Zuckerberg ?
00:03:02Mark Zuckerberg sur le gris du Parlement européen.
00:03:05Les députés impatients d'entendre le fondateur de Facebook.
00:03:09...
00:03:10Mesdames et messieurs, les députés européens,
00:03:12...
00:03:14nous n'avons pas pris la pleine mesure de notre responsabilité.
00:03:18Ce fut une erreur. Je suis désolé.
00:03:21...
00:03:28Au total, vous vous êtes déjà excusé 15 ou 16 fois,
00:03:32ces 10 dernières années.
00:03:33J'ai commis une erreur, et je suis désolé.
00:03:36Et je suis vraiment désolé.
00:03:38Je suis désolé.
00:03:40Et je suis désolé.
00:03:41...
00:03:47Ce que je veux dire, c'est, êtes-vous capables de corriger ça ?
00:03:51...
00:03:55Je suis prêt à noter toutes vos questions,
00:03:58et je vous répondrai ensemble à la fin.
00:04:01Les équipes de Facebook ont réussi à dicter leurs conditions
00:04:04sur le format de cette audition.
00:04:06...
00:04:07Pouvez-vous garantir
00:04:09que vous ne vendrez aucune donnée sans consentement ?
00:04:12...
00:04:14J'aimerais que nous discutions des lois
00:04:16qui vous obligeraient à rendre vos algorithmes publics.
00:04:19Pourriez-vous ouvrir vos comptes
00:04:21pour voir si vous êtes en situation de monopole ?
00:04:24Pouvez-vous garantir ?
00:04:25Les députés prennent la parole l'un après l'autre.
00:04:28Assez longuement, ils savent que c'est retransmis en direct,
00:04:32donc c'est leur moment pour briller, il faut un peu faire le show.
00:04:35Qui décide de ce qui est acceptable ?
00:04:38Comment déterminez-vous ce qui est acceptable ou non ?
00:04:42Facebook permettra-t-il à ses utilisateurs
00:04:45de refuser la publicité ciblée ?
00:04:47Oui ou non ?
00:04:48Zuckerberg écoute, il joue le bon élève, il prend les notes.
00:04:53Pourriez-vous répéter votre seconde question ?
00:04:58Après toutes ces questions,
00:04:59il ne reste plus trop de temps pour le patron de Facebook pour répondre.
00:05:05Vous avez soulevé de nombreux points importants.
00:05:09Je vais essayer d'y répondre dans le temps qui nous reste.
00:05:12Il choisit les questions auxquelles il veut répondre.
00:05:15La haine en ligne, le harcèlement, le terrorisme, la violence,
00:05:19aucun de ces contenus n'a sa place sur nos réseaux.
00:05:22Il sort quand même des généralités.
00:05:25Nous devons mieux appliquer nos règles internes de fonctionnement.
00:05:31Et hop, l'audition est terminée.
00:05:33Nous avons déjà dépassé l'horaire prévu de 15 minutes.
00:05:40Il a un avion à prendre, il a pas que ça à faire, il lui fait de l'argent.
00:05:43Merci encore pour votre invitation.
00:05:46Est-ce que vous pensez qu'il n'y a pas de tasques ?
00:05:48Plusieurs députés le prennent extrêmement mal.
00:05:52Ils se rendent compte qu'on s'est fichus d'eux.
00:05:54Je vous ai posé six questions et n'ai obtenu aucune réponse.
00:05:58Je comprends mieux pourquoi vous avez demandé ce format de réunion.
00:06:02Il a pensé que le fait d'être présent dans la salle
00:06:04suffirait à rassurer les parlementaires européens.
00:06:06Et à partir de là, maintenant, vous allez réglementer
00:06:09la taille des rétroviseurs des tracteurs,
00:06:11mais vous n'allez pas venir m'embêter, moi,
00:06:13en réglementant Facebook et autres.
00:06:15J'attends vos réponses à toutes nos questions.
00:06:19Des réponses écrites.
00:06:21Je m'assurerai que l'on vous apporte des réponses.
00:06:31Il est clair pour moi que nous devons mettre en place une régulation.
00:06:35S'ils ne nous envoient pas leurs réponses par écrit,
00:06:38le Parlement européen n'aura qu'une seule chose à faire,
00:06:41durcir les règles.
00:06:51Et Facebook ne donnera jamais suite.
00:06:56Cette séance avec Zuckerberg, ça cristallise la prise de conscience
00:07:02que ces plateformes du numérique, en fait,
00:07:05n'ont de compte à rendre à personne.
00:07:07Et c'est là que le réveil a eu lieu.
00:07:09Personne, personne ne peut être maître du monde.
00:07:14Si on ne fait rien, on ne sait pas comment ça se terminera,
00:07:18mais on sait tous que ça ne sera pas très joli.
00:07:21Ils vont continuer à grossir et vont devenir de plus en plus forts.
00:07:26C'est la fin de la naïveté.
00:07:28Ça va être un combat très dur.
00:07:31La démocratie est de retour.
00:07:34Plus forte que jamais.
00:07:51Quelle vue magnifique.
00:07:53Oui, c'est très beau.
00:07:55Tu te rappelles de la résolution en 2014 ?
00:07:58Mon Dieu, qu'est-ce que c'était dur.
00:08:03En 2014, des membres du Parlement européen
00:08:07avaient lancé leur propre petite croisade
00:08:10pour mettre fin au monopole du moteur de recherche de Google.
00:08:14Le purge de Google.
00:08:17L'offensive était conduite par l'Espagnol Ramon Tremosa
00:08:22et l'Allemand Andreas Schwab.
00:08:25L'une des premières sociétés à se plaindre des méthodes de Google
00:08:29était basée à Barcelone.
00:08:31Elles vendaient des billets d'avion en ligne
00:08:34et craignaient de disparaître des résultats du moteur de recherche de Google.
00:08:40Puis Andreas Schwab a commencé à observer le même phénomène
00:08:44en Allemagne.
00:08:46De nombreuses sociétés se plaignaient
00:08:49des méthodes des géants du numérique,
00:08:51des méthodes dignes de la mafia.
00:08:54On leur disait,
00:08:56si vous voulez continuer à profiter de tels services,
00:08:59vous devez prendre l'autre aussi.
00:09:03Une société est venue me voir et m'a montré un graphique.
00:09:07Trois à quatre fois par an,
00:09:09les clics d'utilisateurs sur leur site tombaient à zéro.
00:09:11Ils passaient de millions de clics par jour à zéro.
00:09:16Oui, c'est comme ça que Google a commencé à manipuler l'algorithme.
00:09:20Pour ses services
00:09:22ou pour des sociétés qui peut-être les payaient pour être mises en avant
00:09:26et les autres disparaissaient.
00:09:30C'est de la triche contre nous et contre toute l'économie.
00:09:34Nous ne l'accepterons jamais.
00:09:37Le Parlement européen se pose la question
00:09:39de démanteler Google.
00:09:42Les politiciens européens estiment
00:09:45que le géant jouit d'un monopole.
00:09:47Google contrôle 90 % des recherches sur Internet en Europe.
00:09:54Il y a un grand nombre de sociétés européennes
00:09:57qui perdent du chiffre d'affaires,
00:09:59qui licencient des employés,
00:10:01qui sont éliminées du marché.
00:10:05En regardant là-bas, on comprend bien ce qu'il se passe.
00:10:09Qu'est-ce qu'un gatekeeper ?
00:10:12Un gatekeeper, c'est un contrôleur d'accès,
00:10:15une société qui contrôle des éléments cruciaux de l'économie.
00:10:18Vous ne pouvez pas faire une recherche sur Internet
00:10:20sans utiliser Google.
00:10:22Si l'accès est ouvert, tu peux passer.
00:10:25S'il est fermé, tu es stoppé. C'est terminé.
00:10:29C'est Andreas Schwab qui a introduit dans le projet de résolution
00:10:33l'idée d'un démantèlement de Google,
00:10:36estimant que Google se comportait comme un gatekeeper.
00:10:40Il voulait une séparation entre le moteur de recherche
00:10:43et les autres activités commerciales de Google.
00:10:48Schwab n'avait sans doute pas conscience au départ
00:10:51des conséquences d'une telle attaque
00:10:53contre les intérêts de l'une des plus grandes entreprises du monde.
00:11:01Le New York Times aime le doute sur les intérêts d'Andreas Schwab
00:11:04pour cette affaire.
00:11:06Le législateur qui propose le démantèlement de Google
00:11:09serait également membre d'un influent cabinet d'avocats allemand
00:11:12qui lui verserait jusqu'à 75 000 euros par an.
00:11:15Parmi les clients du cabinet d'avocats,
00:11:18des éditeurs de presse en guerre contre Google
00:11:20au sujet de la rémunération de leurs articles et vidéos en ligne.
00:11:25Quand on se frotte à des groupes aussi puissants,
00:11:28on prend un risque.
00:11:30S'ils veulent briser votre réputation, s'ils veulent vous nuire,
00:11:33ils auront les moyens.
00:11:37Un groupe de sénateurs américains influents
00:11:40a même envoyé une lettre au président du Parlement européen
00:11:43pour le menacer des répercussions négatives
00:11:45que pourrait engendrer cette résolution.
00:11:47Ils ont demandé à ce qu'Andreas Schwab soit tenu en laisse.
00:11:57La pression était telle que je ne dormais plus.
00:12:01Je ne savais pas comment m'en sortir.
00:12:03La résolution a été adoptée par le Parlement européen.
00:12:08La résolution a été adoptée par le Parlement européen.
00:12:12Une victoire politique pour Andreas Schwab
00:12:15qui était sous pression ces derniers jours.
00:12:19Alors oui, la résolution fut adoptée.
00:12:22Mais en fin de compte,
00:12:25ce n'était rien de plus
00:12:27qu'une déclaration politique non contraignante.
00:12:29Ce n'était rien de plus
00:12:31qu'une déclaration politique non contraignante.
00:12:43Google signe une forte croissance cette année encore.
00:12:47Nouveau résultat exceptionnel pour Google
00:12:50grâce aux revenus publicitaires.
00:12:59A Bruxelles, la seule institution européenne
00:13:02qui a le pouvoir de proposer de nouvelles lois,
00:13:04c'est la Commission.
00:13:16De nombreuses enquêtes lancées par les services de la concurrence.
00:13:20Après Microsoft, Apple, Amazon, Google
00:13:23sont aussi dans le collimateur de Bruxelles.
00:13:26Derrière son sourire et sa bonhomie,
00:13:28Margrethe Vestager cogne fort.
00:13:31Aujourd'hui, la Commission a décidé...
00:13:34Aujourd'hui, la Commission a décidé d'infliger à Google
00:13:37une amende d'1,49 milliard d'euros.
00:13:412,4 milliards d'euros.
00:13:45Vestager est la superstar de la Commission.
00:13:48C'est l'ancienne vice-première ministre danoise.
00:13:51Et c'est même elle qui aurait inspiré
00:13:54la célèbre série politique Borgon.
00:13:59Il y a un saune ici.
00:14:03Elle s'est construite une véritable réputation
00:14:06de gendarme de la concurrence face aux géants du numérique.
00:14:09Jusqu'à provoquer l'agacement de Barack Obama.
00:14:14À la décharge de Google et Facebook,
00:14:17parfois l'Union européenne cherche avant tout
00:14:20à défendre ses intérêts commerciaux,
00:14:23vu que leurs plateformes ne font pas le poids face aux nôtres.
00:14:26L'ironie de l'histoire, c'est qu'il n'y a pas
00:14:29de géants du numérique européens.
00:14:31Il n'y avait donc pas vraiment d'intérêt commercial européen à défendre,
00:14:35même si nous l'avions voulu.
00:14:38Aujourd'hui, la Commission a décidé d'infliger à Google
00:14:42une amende de 4,34 milliards d'euros.
00:14:47Le problème, c'est que les amendes ont très peu d'impact,
00:14:51car les armées d'avocats des géants du numérique
00:14:53introduisent des recours en justice.
00:14:56Non seulement cela prend des années,
00:14:58mais les décisions de Vestager sont passées au peigne fin
00:15:01à la recherche de failles.
00:15:04Coup dur pour Margaret Vestager.
00:15:06La justice européenne invalide son amende historique contre Apple.
00:15:10Encore une désillusion, la sanction contre Amazon retoquée par les juges.
00:15:14Après les années d'enquête nécessaires pour prouver
00:15:17les mauvaises pratiques des géants du numérique,
00:15:19c'est souvent trop tard, le mal est fait,
00:15:21la concurrence est éliminée.
00:15:23Bruxelles court après les trains.
00:15:26Ces amendes, bien souvent, vous n'êtes même pas peur, même pas mal.
00:15:36Un milliard, deux milliards,
00:15:38qu'est-ce que c'est quand vous valez mille milliards ?
00:15:40C'est rien.
00:15:42Et puis surtout quand vous avez des avocats
00:15:44qui font ensuite que vous ne payez même pas.
00:15:46Il faut changer tout ça.
00:15:47Les géants du numérique doivent changer de comportement.
00:15:50Il nous faut de nouvelles lois.
00:15:59Bruxelles va proposer une régulation du numérique.
00:16:02Dans la ligne de mire,
00:16:04les super géants qui contrôlent les portes d'accès à Internet,
00:16:07les gatekeepers.
00:16:09Deux puissants membres de la commission
00:16:11sont chargés de rédiger ce projet.
00:16:13Margaret Vestager et son collègue français Thierry Breton
00:16:15lui-même ancien patron d'une société du numérique.
00:16:22Il a été ministre des finances
00:16:25et PDG d'Atos.
00:16:29Il sait tout sur tout.
00:16:32C'est un ingénieur, un missionnaire.
00:16:35Thierry Breton.
00:16:46Vous savez, j'ai moi-même été PDG
00:16:49et j'ai toujours dit à mes équipes
00:16:51ne jouez pas au plus mal.
00:16:53Payez vos impôts là où vous devez payer vos impôts.
00:16:56Payez vos impôts.
00:16:58Je m'imagine dans la peau de Zuckerberg
00:17:00vous avez créé une des plus grandes entreprises du monde,
00:17:02une capitalisation incroyable
00:17:04et vous avez un type qui vient de Bruxelles, échevelé,
00:17:07qui est en train de vous dire il faut payer vos impôts.
00:17:09Il a dû se dire mais c'est qui ces dingues ?
00:17:12D'abord je suis un ingénieur.
00:17:13Un entrepreneur.
00:17:15Et puis un homme politique.
00:17:25Nous avons ici avec nous une équipe de tournage.
00:17:28Ils vont montrer au monde notre travail
00:17:30pour réguler les géants du numérique.
00:17:34Le bruit court que la commission pourrait aller
00:17:37jusqu'à demander aux gatekeepers
00:17:39l'accès à leurs algorithmes.
00:17:40Facebook et Google sont très inquiets.
00:17:43C'est comme s'il en exigeait de Coca-Cola
00:17:46de dévoiler sa recette secrète.
00:17:49Coca-Cola ne décide pas de votre vision du monde.
00:17:52Un algorithme détermine ce que vous voyez.
00:17:57Le pouvoir implique des responsabilités.
00:18:11C'est aujourd'hui que nous connaîtrons
00:18:13le projet de régulation des géants du numérique.
00:18:16Margaret Vestager et Thierry Breton
00:18:18doivent tenir une conférence de presse.
00:18:20Il y aurait deux lois.
00:18:22Une pour réguler le marché numérique.
00:18:24Le Digital Markets Act.
00:18:26Et sa sœur jumelle pour réguler les contenus.
00:18:28Le Digital Services Act.
00:18:31C'est la première fois qu'il y a une conférence de presse.
00:18:34C'est la première fois qu'il y a une conférence de presse.
00:18:37C'est la première fois qu'il y a une conférence de presse.
00:18:38Le Digital Services Act.
00:18:48Dans le monde du lobbying,
00:18:50on sait que pour la Big Tech,
00:18:52il y a d'énormes enjeux.
00:18:54Il est possible que Bruxelles
00:18:56vienne toucher au cœur de leur modèle économique.
00:19:04Nous avons besoin de règles
00:19:06pour mettre fin à ce chaos.
00:19:09Le Digital Services Act
00:19:11obligera les plateformes
00:19:13à nous dire comment leurs algorithmes fonctionnent.
00:19:15C'est confirmé.
00:19:17La commission s'attaque aux algorithmes.
00:19:19Bruxelles veut ouvrir la boîte noire de Facebook et Google,
00:19:21une première mondiale.
00:19:24Avec le DSA,
00:19:26la loi sur les contenus,
00:19:28les plateformes ne pourront plus se comporter
00:19:30comme de simples tuyaux.
00:19:32Elles seront responsables des messages,
00:19:34photos et vidéos qui circulent.
00:19:36L'idée est de créer des obligations
00:19:38sur toutes ces grandes plateformes
00:19:40pour s'occuper de la haine en ligne,
00:19:42de la désinformation,
00:19:44des contenus illégaux comme le contenu terroriste
00:19:46où toutes ces choses qui prolifèrent sur les réseaux
00:19:48ne sont pas du tout contrôlées.
00:19:50Avec le DMA,
00:19:52la loi anti-monopole,
00:19:54la commission veut définir une liste de règles claires,
00:19:56des choses à faire
00:19:58et surtout à ne pas faire.
00:20:00Nous avons remarqué
00:20:02que certains gatekeepers
00:20:04favorisaient leur propre service
00:20:06par rapport à ceux de leurs concurrents.
00:20:08Ils voulaient mettre fin
00:20:10aux abus de position dominante.
00:20:12Par exemple,
00:20:14lorsque Google favorise ses propres services,
00:20:16lorsqu'Apple contrôle le marché des App Store
00:20:18ou lorsqu'Amazon récupère les données des vendeurs
00:20:20sur sa place de marché
00:20:22pour ses propres produits.
00:20:27On a les deux commissaires
00:20:29les plus puissants de la commission,
00:20:31Thierry Breton et Margrethe Vestager
00:20:33qui s'occupent de ce dossier,
00:20:35le signal est fort.
00:20:36Le problème, c'est qu'ils se détestent.
00:20:44J'ai une question pour la commissaire Vestager.
00:20:47Des rumeurs font état de divergence
00:20:49sur le DSA et le DMA
00:20:51entre vous et M. Breton.
00:20:54Selon Politico,
00:20:56l'approche plus agressive,
00:20:58Europe First de Breton
00:21:00se serait heurtée à la position plus modérée de Vestager,
00:21:02soucieuse de maintenir
00:21:04de bonnes relations commerciales
00:21:06avec l'Europe.
00:21:08Ces rumeurs sont-elles fondées ?
00:21:10Des rumeurs, c'est beaucoup dire.
00:21:12J'ai lu un article sur les différences
00:21:14entre Thierry et moi.
00:21:16Je crois qu'elles sautent aux yeux.
00:21:18Je peux confirmer que nous sommes différents.
00:21:22Vous pouvez le prendre au sens premier du terme.
00:21:24Nous sommes effectivement
00:21:26des personnes différentes
00:21:28avec des cultures politiques différentes.
00:21:31Parmi les points de désaccord
00:21:33entre les deux commissaires,
00:21:35avec la régulation,
00:21:37il faut aussi avoir des sanctions.
00:21:48Si vous ne respectez pas nos règles,
00:21:50on saura vous dire stop,
00:21:52le marché est fermé.
00:21:54Et s'il continue,
00:21:56il faudra aller encore plus loin.
00:21:58Donc, on démantèle.
00:22:05Vestager, qui n'y semble pas favorable ?
00:22:07J'aurais pas la main qui tremble.
00:22:25La grande question, c'est
00:22:27qui sera considéré comme un gatekeeper ?
00:22:29Quelles entreprises seront dans la liste
00:22:31et qui parviendra à éviter ces nouvelles règles ?
00:22:35Dans le projet de loi initiale
00:22:37préparé par Mme Vestager,
00:22:39il y avait deux critères
00:22:41pour identifier les gatekeepers.
00:22:43Le chiffre d'affaires
00:22:45et le nombre d'utilisateurs.
00:22:47Mais il y a eu un changement
00:22:49de dernière minute.
00:22:51La veille de l'adoption
00:22:53du texte d'Ema
00:22:55par la Commission européenne,
00:22:57Thierry Breton a introduit
00:22:59superstitement
00:23:01un nouveau critère
00:23:02sur le montant de la capitalisation.
00:23:11La veille, effectivement,
00:23:13j'ai estimé que l'écosystème
00:23:15était suffisamment mûr
00:23:17pour que je puisse ajouter ceci.
00:23:19Pourquoi il fait ça
00:23:21dans le dos de Vestager ?
00:23:23Parce qu'en fait, il règle ses comptes
00:23:25avec son propre passé.
00:23:27Quand il était patron d'une grande boîte,
00:23:29il s'est fait souffler le rachat
00:23:30par un de ses géants de la tech.
00:23:32Quand on s'intéressait
00:23:34à certaines entreprises
00:23:36qu'on voulait acquérir,
00:23:38on a vu bien souvent ces grands groupes venir.
00:23:40Ils n'avaient pas effectivement
00:23:42la même notion de l'argent,
00:23:44peut-être que nous,
00:23:46parce qu'une augmentation de capital
00:23:48de 0,001%, pour eux, c'était rien.
00:23:50Mais on a pu constater
00:23:52que dans certains cas,
00:23:54il pouvait y avoir des réflexes
00:23:56d'acquisition prédatrices
00:23:58pour tuer l'innovation
00:24:00qui était à l'origine.
00:24:03Ça a été accepté à l'unanimité
00:24:05par mes collègues.
00:24:07C'est l'une de mes plus grandes fiertés
00:24:09depuis que je suis commissaire.
00:24:11Breton est clairement passé en force.
00:24:18Malgré Vestager,
00:24:20c'est fait doubler.
00:24:23Beaucoup de jardin,
00:24:25elle a apprécié.
00:24:27C'est une bonne idée.
00:24:29Vous savez,
00:24:31les gens différents ont des qualités différentes
00:24:33et nos discussions internes
00:24:35renforcent nos textes.
00:24:37Nous sommes mieux parés
00:24:39à faire face à l'opposition qui nous attend.
00:24:59On va tous vouloir
00:25:01faire valoir nos intérêts.
00:25:03On prend ces textes
00:25:05et on va les analyser.
00:25:07On va regarder comment on pourrait
00:25:09éventuellement changer ce qui dérange.
00:25:11C'est tout le jeu
00:25:13qui se joue là.
00:25:15C'est virer des parties,
00:25:17en supprimer certaines,
00:25:19les remplacer par autre chose.
00:25:21Tout le monde est dans les startings
00:25:23et on ne peut pas faire autre chose.
00:25:25On ne peut pas faire autre chose.
00:25:27Tout le monde est dans les starting blocks
00:25:29parce qu'on sait que le dossier va bouger
00:25:31au Parlement, puis au Conseil.
00:25:33Il va y avoir des tonnes d'opportunités
00:25:35pour essayer d'aller convaincre les politiques
00:25:37que ce texte ne peut pas rester comme il est.
00:25:57Le plus urgent pour nous,
00:25:59c'est de savoir qui vont être
00:26:01les rapporteurs de ces deux textes.
00:26:03Sur le DMA,
00:26:05j'imagine que pour une entreprise
00:26:07comme Google,
00:26:09ils n'aimeraient pas trop voir
00:26:11M. Schwab porter ce texte.
00:26:14Les tout-puissants géants
00:26:16du numérique sont fébriles.
00:26:18L'Union européenne travaille
00:26:20sur un projet de loi
00:26:22qui pourrait sérieusement limiter
00:26:24la position de monopole
00:26:26sur Google et autres Facebook.
00:26:28100 millions d'euros sont dépensés
00:26:30par les lobbies du secteur,
00:26:32c'est que quelque part, ils tremblent.
00:26:34L'homme qui tient le stylo
00:26:36ici au Parlement européen
00:26:38sur ce projet de régulation des GAFA,
00:26:40celui que tous les lobbyistes
00:26:42veulent voir, veulent rencontrer,
00:26:44c'est notre invité aujourd'hui.
00:26:46Bonjour Andréa Schwab.
00:26:48Ils ont un business model
00:26:50qui garantit des révenus extrêmes
00:26:52juste en excluant les concurrents.
00:26:54Et ça, ce n'est pas acceptable.
00:26:56Si vous êtes super grand, super bon,
00:26:58bon, vous avez plus du marché,
00:27:00mais le marché, il ne vous appartient pas.
00:27:02Schwab rapporteur,
00:27:04il va falloir qu'il emmène
00:27:06une majorité au sein du Parlement.
00:27:08Donc, ça présente pour Google
00:27:10l'opportunité d'aller convaincre
00:27:12plein de députés
00:27:14et d'essayer de contraindre M. Schwab.
00:27:18C'est la socialiste danoise
00:27:20Christelle Chaldemose
00:27:22qui a été désignée rapporteur
00:27:24pour le DSA.
00:27:26C'est un député qui veut aller
00:27:28beaucoup plus loin que la Commission.
00:27:31Cette proposition de loi
00:27:33est trop prudente.
00:27:35Elle n'est pas à la hauteur
00:27:37des problèmes à régler.
00:27:39Nous devons l'améliorer.
00:27:41Les députés de la gauche,
00:27:43dont fait partie Chaldemose,
00:27:45ont une proposition radicale.
00:27:47Ils veulent interdire
00:27:49la publicité ciblée
00:27:51qui est quand même
00:27:53au cœur de l'Internet.
00:27:54La plupart des grandes plateformes
00:27:56reposent sur la publicité.
00:27:58Et afin de pouvoir vendre des publicités
00:28:00ciblant les consommateurs,
00:28:02ces plateformes doivent nous connaître.
00:28:04Elles doivent donc nous garder en ligne
00:28:06le plus longtemps possible
00:28:08pour savoir ce qu'on aime,
00:28:10ce qu'on n'aime pas,
00:28:12pour pouvoir récolter
00:28:14un maximum de données sur nous.
00:28:24Récolter la publicité ciblée,
00:28:26c'est clairement une ligne rouge pour moi.
00:28:30La fin de la publicité ciblée
00:28:32pour toutes ces big tech,
00:28:34ça serait un tsunami économique.
00:28:36C'est touché à la caisse enregistreuse
00:28:38de Facebook et Google.
00:28:40Madame Chaldemose va clairement
00:28:42être très, très sollicitée.
00:28:45Cela fait des années
00:28:47que je suis députée européenne.
00:28:49Je connais les règles du jeu
00:28:51et je sais d'où vient le danger.
00:28:55La France s'apprête à prendre
00:28:57la présidence du Conseil des ministres européens
00:28:59pour six mois.
00:29:01Un calendrier délicat,
00:29:03l'élection présidentielle
00:29:05se tiendra en plein milieu
00:29:07de cette présidence européenne.
00:29:09Emmanuel Macron a fait
00:29:11de la souveraineté numérique
00:29:13l'un des enjeux de sa campagne de réélection.
00:29:15Ces deux textes
00:29:17seront des priorités
00:29:19de cette présidence française.
00:29:21Ce qui fait de l'Europe
00:29:22un continent pionnier en la matière.
00:29:27C'est Cédric O,
00:29:29le monsieur numérique du gouvernement français
00:29:31qui sera chargé d'arracher
00:29:33un accord à Bruxelles
00:29:35entre le Conseil et le Parlement.
00:29:45Cédric O a évidemment
00:29:47une pression énorme sur les épaules
00:29:49puisque le président veut absolument
00:29:50qu'on aboutisse
00:29:52avant la présidentielle.
00:29:54Personne n'y croit.
00:29:56Alors le DMA, on se dit
00:29:58il y a une petite chance que ça soit adopté.
00:30:00Mais alors le DSA, aucune chance.
00:30:02Vu la bataille d'amendements,
00:30:04le lobbying qui se déchaîne
00:30:06autour du DSA,
00:30:08personne n'y croit une seconde.
00:30:10Bonjour.
00:30:19Cédric O doit prendre contact
00:30:21avec les deux négociateurs du Parlement.
00:30:23Andreas Schwab pour le DMA
00:30:25et Christel Chaldemaus pour le DSA
00:30:28pour bien cerner ce qu'ils veulent
00:30:30et ce qu'ils ne veulent pas.
00:30:35C'est comme
00:30:37un round observation.
00:30:39Pour comprendre
00:30:41quelle va être la stratégie de l'adversaire.
00:30:43Ce qui compte le plus pour Schwab,
00:30:45ce sont les critères
00:30:47pour déterminer
00:30:49qui sont les gatekeepers.
00:30:51Il veut juste cibler
00:30:53les plus gros.
00:30:55Google, Amazon, Facebook,
00:30:57Apple et Microsoft.
00:31:00Vous préférez qu'on fasse en français
00:31:02ou en anglais ?
00:31:04C'est comme vous voulez.
00:31:06Comme c'est la présidence française,
00:31:07c'est la présidence française.
00:31:09Notre but primordial,
00:31:11c'est de faire en sorte
00:31:13qu'on peut vraiment attaquer
00:31:15les gatekeepers avec cette législation.
00:31:17Et pour y arriver,
00:31:19il faut bien cibler.
00:31:21Les gatekeepers nous disent maintenant
00:31:23de plus en plus
00:31:25qu'il faudrait mieux
00:31:27que le champ d'application soit plus large
00:31:29car le sujet va au-delà des gatekeepers.
00:31:31Moi, je déteste cet argument.
00:31:33C'est juste un moyen
00:31:35de détourner l'attention
00:31:37et de créer le plus de dégâts
00:31:39pour les entreprises européennes.
00:31:41Mais je pense que je peux maîtriser
00:31:43d'avoir les 80 milliards
00:31:45comme seuil.
00:31:47Schwab fait un truc très important.
00:31:50Il dévoile son jeu
00:31:52plus que je ne le pensais.
00:31:54Et donc, il fait un mouvement de confiance.
00:31:56Grosso modo,
00:31:58on vise 10 à 20
00:32:00très grandes plateformes
00:32:02qui posent le plus de problèmes
00:32:04et qui ne sont pas aujourd'hui
00:32:05les plus importants.
00:32:08Deuxième point,
00:32:10on n'arrête plus de parler
00:32:12sur le targeted advertising.
00:32:14Je ne sais pas l'expression française.
00:32:16Publicité ciblée, bien sûr.
00:32:18Interdire le targeted advertising,
00:32:20ça, je ne comprends pas.
00:32:22Là où je suis totalement d'accord avec vous,
00:32:24si on rentre dans la publicité ciblée,
00:32:26on est mort.
00:32:28Dans 10 ans, on y est encore
00:32:30et pendant ce temps-là,
00:32:32les gatekeepers font leur beurre.
00:32:33Dans 10 ans,
00:32:35ça va être compliqué,
00:32:37ça va tirailler,
00:32:39mais on va pouvoir travailler ensemble.
00:32:47À Bruxelles, il y a des contacts réguliers
00:32:49entre les représentants d'entreprises
00:32:51et les politiques.
00:32:53Il y a parfois,
00:32:55pour ne pas dire souvent,
00:32:57un certain rapport de force.
00:32:59Bonjour.
00:33:01Désolé pour ce rendez-vous très matinal,
00:33:03je vais le faire plus tard malheureusement.
00:33:09Pas de problème.
00:33:11Toujours heureux de vous parler,
00:33:13peu importe l'heure.
00:33:15Il a imposé l'heure de la réunion.
00:33:17Il est très tôt en Californie,
00:33:197h du matin.
00:33:21C'est vous dire que les dirigeants de Google
00:33:23sont très intéressés pour lui parler.
00:33:25Bienvenue à Kent Walker.
00:33:27Vous avez dû vous réveiller très tôt,
00:33:29mais vous avez l'air en pleine forme.
00:33:34Kent Walker est l'un des pontes de Google.
00:33:37Et le fait que Schwab parvienne à organiser
00:33:39cette réunion à 7h du matin
00:33:41montre bien que le rapporteur du DMA
00:33:43a toutes les cartes en main.
00:33:56Les discussions avancent bien
00:33:58et je suis très heureux
00:34:02et je suis certain que nous parviendrons
00:34:04à un accord au sein du Parlement,
00:34:07même s'il y a des interventions extérieures
00:34:09pour ralentir le processus.
00:34:16Je vous remercie pour votre disponibilité.
00:34:19Google Search, Maps, YouTube,
00:34:22ces outils ont généré plus de 400 milliards d'euros
00:34:25en valeur l'an dernier pour les consommateurs européens.
00:34:28Nous sommes donc inquiets par rapport
00:34:30aux effets indésirables de ces lois
00:34:32qui pourraient retenir la relance économique.
00:34:35Ce serait dommageable pour les petites entreprises.
00:34:38Il dit que le DMA tel qu'il est conçu
00:34:40va causer beaucoup de tort aux PME européennes.
00:34:43En sous-entendu, monsieur le député,
00:34:46les PME de votre lande ne vont pas être contents.
00:34:49Merci pour ces éléments,
00:34:51mais bon, les dégâts que vos services
00:34:53ont fait aux entreprises européennes
00:34:54n'ont, quant à eux, jamais été mesurés.
00:34:58Monsieur Schwab lui renvoie à l'argument au mode boomerang.
00:35:02Soyons clairs,
00:35:05de nombreuses sociétés n'ont pas pu se développer.
00:35:09Elles ont même fait faillite
00:35:11à cause de pratiques commerciales déloyales.
00:35:16Nous allons y mettre fin avec cette loi.
00:35:19Et j'espère pour toujours.
00:35:24Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
00:35:54...
00:36:20Il faut avoir du sang-froid.
00:36:23Donc je n'ai pas réagi.
00:36:25Mais je savais que je réagirais au moment venu.
00:36:28Le moment est venu.
00:36:30Lorsque Sandar a demandé à ce qu'on se rencontre,
00:36:33quelques semaines plus tard,
00:36:35on était en visioconférence.
00:36:41Thierry Breton, il se place exactement sur le même plan
00:36:45qu'un créateur d'entreprises de génie.
00:36:48Quand je parle avec eux, on se comprend très bien.
00:36:50Je les connais depuis très longtemps.
00:36:52Pour certains d'entre eux, depuis des dizaines d'années.
00:36:55On a été concurrents, j'ai été leur partenaire, leur client.
00:36:58Quelqu'un qui est sûr de lui à ce point-là,
00:37:01ça passe ou ça casse.
00:37:04C'est plutôt pas mal d'avoir quelqu'un
00:37:06qui ne se comporte pas comme un Européen
00:37:08peureux, s'excusant d'exister,
00:37:10levant le doigt avant de poser une question.
00:37:13Thierry Breton ne lève jamais le doigt avant de poser une question.
00:37:20J'ai vu qu'il avait mis une cravate ce jour-là.
00:37:22J'ai donc senti qu'il devait s'attendre à quelque chose.
00:37:28Et je lui ai sorti le poing.
00:37:30Je lui ai dit, Sander, qu'est-ce que c'est que ça ?
00:37:33Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?
00:37:37Tu me fais ça à moi ?
00:37:39Il se comporte comme Denis Raud.
00:37:41C'est à moi que tu parles ? C'est à moi que tu parles ?
00:37:43J'ai trouvé ça un peu vieille époque.
00:37:46Je lui ai dit, Sander, ça, ça se faisait au siècle dernier.
00:37:48Ça se fait plus aujourd'hui.
00:37:50C'est des vieilles méthodes.
00:37:52Si je peux expliquer ?
00:37:54Pour le patron de Google,
00:37:56c'est pas tous les jours qu'on doit lui parler comme ça.
00:37:58Si jamais tu as des questions,
00:38:00tu as mon téléphone.
00:38:02Pourquoi passer par des lobbies
00:38:04« How to push back Commissioner Breton ? »
00:38:08On voit que les négociations,
00:38:10c'est pas entre gens de bonne compagnie.
00:38:13C'est brutal et ça peut déraper.
00:38:17Il m'a dit que ce n'était pas lui,
00:38:18que ce n'était pas les pratiques de l'entreprise.
00:38:20Je veux bien le croire.
00:38:24Ça n'a pas forcément été la meilleure journée
00:38:26au sein des équipes de Google.
00:38:28Ce document, il est peut-être un peu choquant sur la forme.
00:38:31Il n'est pas très étonnant sur le fond.
00:38:34En tout cas, dans les entreprises que j'ai dirigées,
00:38:37je sais que si quelque chose comme ça s'était passé,
00:38:40l'équipe ne serait pas restée très longtemps
00:38:42ensuite dans l'entreprise
00:38:44si ça ne correspondait pas aux valeurs éthiques de l'entreprise.
00:38:47Google a longtemps cherché à savoir
00:38:49comment ce document avait pu fuiter.
00:38:51L'un des cabinets de lobbying externes de Google
00:38:54a même perdu son contrat.
00:38:56Ça a été très habilement joué
00:38:58par le cabinet de Monsieur Breton
00:39:00et par le commissaire lui-même.
00:39:07« Here we go, everyone ! »
00:39:09Il supervise le développement des softwares chez Apple.
00:39:12Aujourd'hui, il est avec nous
00:39:13pour parler du projet de loi
00:39:15« Digital Markets Act ».
00:39:17« Craig Federighi ! »
00:39:21Les législateurs européens
00:39:23ont souvent eu un coup d'avance.
00:39:25Mais rendre le sideloading obligatoire sur l'iPhone
00:39:28serait un pas en arrière.
00:39:31« Apple passe à l'offensive contre le sideloading,
00:39:34la disposition du DMA
00:39:36qui s'attaque directement à son business model. »
00:39:38Aujourd'hui, les utilisateurs d'iPhone
00:39:40n'ont pas d'autre choix
00:39:41que d'utiliser l'App Store
00:39:43pour installer des applications.
00:39:45Tout passe donc par Apple
00:39:47qui peut facturer des commissions de 30%.
00:39:49« Avec le sideloading,
00:39:51Apple aurait l'obligation
00:39:53de laisser les utilisateurs télécharger
00:39:55des applications en dehors de l'App Store,
00:39:57mettant ainsi fin à son monopole. »
00:40:00Il joue ses clients contre le texte
00:40:03ou contre la commission.
00:40:05Pourquoi ? Parce qu'il dit
00:40:07« Si vous touchez à cet élément de mon business model,
00:40:09vous mettez en danger les utilisateurs. »
00:40:11« Le sideloading,
00:40:13c'est le meilleur ami des cybercriminels. »
00:40:15Pour Apple, clairement, c'est un enjeu central.
00:40:17Le sideloading, ils ne vont pas lâcher.
00:40:26« Et maintenant, on est filmé. »
00:40:36« Pour la commission,
00:40:38les risques de sécurité ont bel et bien été anticipés.
00:40:40Le texte prévoit la possibilité
00:40:42de suspendre le sideloading
00:40:44en cas de menace sur l'intégrité de l'iPhone. »
00:40:47Ce n'est pas suffisant.
00:40:50Il y a des cas
00:40:52où l'intégrité du système n'est pas affectée.
00:40:55Mais la sécurité de l'utilisateur l'est.
00:41:02La proposition de la commission
00:41:04ne prévoit pas le cas
00:41:06où une application permettrait
00:41:07de collecter les données de l'utilisateur
00:41:09pour les revendre
00:41:11ou même faire du chantage contre une rançon.
00:41:14« Ils ne peuvent pas juste venir nous dire j'ai un problème.
00:41:17Il faut que plusieurs sociétés nous disent la même chose.
00:41:19Car généralement, lorsqu'une seule société
00:41:21se plaint de règles de concurrence,
00:41:23c'est que le problème est ailleurs.
00:41:25Clairement, nous pourrions changer ça. »
00:41:27« C'est ce que nous espérons. »
00:41:29« Mais il faut pour cela
00:41:31que vous montiez une sorte de coalition
00:41:33avec d'autres
00:41:34afin que ça ne passe pas
00:41:36pour un avantage juste pour une société. »
00:41:42« Le problème,
00:41:44c'est que nous sommes la seule société
00:41:46avec des standards de protection aussi élevés.
00:41:48Personne d'autre ne s'en préoccupe.
00:41:50Il n'y a que nous qui nous en préoccupons. »
00:42:05Facebook a littéralement bloqué l'accès à l'Australie.
00:42:08Les sites d'information ne peuvent plus partager
00:42:10de liens depuis l'Australie
00:42:12ou ailleurs dans le monde.
00:42:14C'est un acte inouï de la part de Facebook.
00:42:16« Facebook a bloqué les articles
00:42:18et vidéos de presse
00:42:20de ses pages en Australie. »
00:42:22Objectif,
00:42:24contrer un projet de loi
00:42:26qui forcerait le réseau social
00:42:28à payer les articles, photos et vidéos
00:42:30des publisheurs,
00:42:32les éditeurs de presse.
00:42:34« Ce n'est pas un projet de loi
00:42:36mais un projet public en pleine pandémie. »
00:42:38« C'est scandaleux et inacceptable.
00:42:40Nous attendons de Facebook
00:42:42qu'il rétablisse leurs services immédiatement
00:42:44et qu'il ne refasse plus jamais cela. »
00:42:52L'Europe ne deviendra pas plus compétitive
00:42:54en coupant les ailes des entreprises
00:42:56extra-européennes,
00:42:58selon Nick Clegg,
00:43:00l'ancien vice-premier ministre britannique
00:43:02désormais en charge
00:43:04d'une organisation de protectionnisme
00:43:06qui passe mal à Bruxelles.
00:43:16« C'est ridicule.
00:43:18C'est totalement ridicule.
00:43:21Par rapport à tout ce que l'on fait
00:43:23et à l'importance de ce que l'on fait,
00:43:25c'est même un peu,
00:43:27comment dirais-je, un peu simpliste.
00:43:31Il y a des lobbyistes qui ont été
00:43:32détruits par Nick Clegg, ça c'est sûr.
00:43:34Là, on est vraiment au niveau
00:43:36assez basique du lobby. »
00:43:39« Je viens d'arriver de San Francisco ce matin. »
00:43:42« Vous vivez également en Californie ? »
00:43:44« Moi, à Bruxelles. »
00:43:46« Vous êtes un lobbyiste ? »
00:43:48« Oui. »
00:43:50« Il y a toujours des lobbyistes ?
00:43:52Je pensais que c'était un métier en voie de disparition. »
00:43:54« Tu n'es pas un lobbyiste. »
00:43:56« Et donc, vous êtes une lobbyiste, vous ? »
00:43:58« Je suis la chef de bureau ici. »
00:44:00« Et vous ? »
00:44:02« Je suis basé à Londres, mais je passe beaucoup de temps ici. »
00:44:15« Nick, j'ai entendu qu'aux Etats-Unis,
00:44:18Facebook avait utilisé certains outils de modération
00:44:22afin d'éviter des problèmes à la veille des élections.
00:44:26C'est vrai ? »
00:44:27« Dans des situations extrêmes,
00:44:30nous stoppons ou ralentissons la distribution virale des vidéos.
00:44:34Un peu comme lorsque la police,
00:44:37en cas de danger dans un quartier,
00:44:40impose un couvre-feu dans toute la ville.
00:44:43On l'a fait dans le cadre des élections américaines.
00:44:47On l'a aussi fait en Éthiopie, en Birmanie.
00:44:51Mais ces mesures ne sont pas
00:44:55mais ces mesures affectent fortement la liberté d'expression. »
00:45:00« Mais alors, vous dites vous-même que cela affecte la liberté d'expression.
00:45:05Ne serait-il pas plus utile pour vous
00:45:08d'avoir des règles claires
00:45:10précisant les conditions d'utilisation
00:45:12de tels outils de modération ? »
00:45:17« Je ne vous entends pas. »
00:45:25« Ce que je voulais dire, c'est
00:45:28n'y a-t-il pas un besoin de règles légales ?
00:45:31Cela vous faciliterait la tâche, n'est-ce pas ? »
00:45:35« Oui.
00:45:37Oui.
00:45:39Vous êtes les législateurs, pas nous.
00:45:42Nous sommes une société privée, vous êtes les responsables.
00:45:45Nous faisons actuellement des jugements moraux, sociétaux,
00:45:49à la frontière entre la liberté d'expression et la modération.
00:45:51Alors que c'est votre rôle, pas le nôtre.
00:45:59Mais le diable est dans les détails.
00:46:02Et personne ne voudrait qu'il revienne au gouvernement et aux politiciens
00:46:06de décider quel discours ils aiment ou n'aiment pas. »
00:46:12« L'avertissement, c'est dire
00:46:14attention, si vous ingérez trop dans notre outil,
00:46:17vous pourrez être vu comme des censeurs.
00:46:19L'objectif est très clair, il veut assouplir le texte.
00:46:40Il y a une inquiétude qui revient souvent dans le DSC,
00:46:44c'est cette question de comment est-ce que l'Europe va définir le contenu haineux ?
00:46:48Le règlement du DSA n'a pas vocation à définir ce qui est un contenu illégal ou pas.
00:46:52Ça, c'est laissé à l'appréciation des parlements nationaux.
00:46:55Si on était rentré dans le
00:46:57« est-ce qu'on a le droit
00:46:59de promouvoir l'idéologie nazie en ligne ? »
00:47:02Honnêtement, il y a des législations en Europe qui disent que
00:47:05la liberté d'expression est supérieure
00:47:07à la question de la négation de la choix.
00:47:09Ce n'est pas à moi, français, de décider pour les Danois, les Suédois,
00:47:12les Finlandais ou les Polonais,
00:47:14compte tenu de leur culture, ce qui est légal ou illégal chez eux.
00:47:16On se concentre sur les moyens mis en œuvre
00:47:19et pas sur la catégorie des conflits.
00:47:22La loi qui dit ce qui est légal ou illégal en ligne, elle existe.
00:47:26Le problème, c'est qu'une entreprise comme Twitter
00:47:28ne fait pas la moitié de la moitié de la moitié de ce qu'il faudrait pour l'appliquer
00:47:31et qu'elle est protégée à ce jour par le manque de régulation européenne.
00:47:36Ce que dit le texte,
00:47:38c'est qu'il y a une obligation de moyens extrêmement importante
00:47:41pour faire appliquer ces choses-là.
00:47:47En plein milieu de nos travaux sur le DSA,
00:47:50une lanceuse d'alerte vient nous voir pour nous expliquer
00:47:53comment ça fonctionne à l'intérieur de Facebook.
00:48:00Lorsque je travaillais chez Facebook,
00:48:03j'ai vu qu'ils étaient régulièrement amenés
00:48:06à devoir choisir entre leur profit et notre sécurité.
00:48:09C'est ce que j'ai fait.
00:48:11C'est ce que j'ai fait.
00:48:13C'est ce que j'ai fait.
00:48:14C'est ce que j'ai fait.
00:48:16La balance penchait régulièrement en faveur de leur profit.
00:48:19Cela a conduit à un système qui amplifie les divisions,
00:48:23l'extrémisme et la polarisation.
00:48:26L'Europe et les États-Unis utilisent des versions très différentes de Facebook.
00:48:30Et personne ne le sait.
00:48:32Les documents que j'ai révélés montrent qu'en 2020,
00:48:3587 % du budget pour lutter contre la désinformation
00:48:38était consacré au contenu en anglais,
00:48:41alors qu'à peine 9 % des documents en anglais
00:48:44étaient consacrés à ce que les utilisateurs parlaient anglais.
00:48:46Pourquoi dépensaient-ils autant pour l'anglais ?
00:48:48Tout simplement parce que Facebook ne voulait pas
00:48:50que les autorités américaines décident de les réguler.
00:48:52C'est une société américaine,
00:48:54et le plus grand risque pour eux était que le Congrès américain leur dise
00:48:57« Vous jouez un rôle trop important dans la société
00:48:59pour faire tous ces arbitrages par vous-même. »
00:49:03J'étais choquée par tous ces détails.
00:49:06C'est vraiment nécessaire d'ouvrir cette boîte noire.
00:49:08Nous devons avoir accès aux algorithmes.
00:49:10Même ceux en interne qui travaillent sur ces systèmes
00:49:12ne comprennent pas vraiment les effets qu'ils produisent.
00:49:16Le Digital Services Act, dont vous discutez ici au Parlement européen,
00:49:21peut potentiellement définir la norme mondiale.
00:49:24Il est toujours temps, mais il faut agir maintenant.
00:49:43Au Conseil, les discussions sont difficiles.
00:49:46Il y a plusieurs pays qui bloquent, dont l'Irlande.
00:49:50Face à ça, Mariette Weigstager, elle, elle pousse
00:49:53parce qu'elle voudrait obtenir un accord sous présidence française.
00:49:57Nous avons vraiment besoin que ça change, et que ça change maintenant.
00:50:01Je considère donc qu'il est plus important d'obtenir 80% du texte
00:50:05que de l'élection présidentielle.
00:50:07C'est ce qu'il faut faire.
00:50:08Je considère donc qu'il est plus important d'obtenir 80% du texte maintenant
00:50:13que 100% jamais.
00:50:19Si on commence à dire qu'on se satisfait d'une barre un peu plus basse,
00:50:23on sait qu'on va atteindre la barre plus basse, peut-être même encore plus basse.
00:50:26Si vous visez la perfection, vous risquez de ne rien avoir.
00:50:30Dans ces cas-là, on vise 120% pour en atteindre non pas 100, mais 110.
00:50:35C'est une leçon de vie.
00:50:40C'est mon expérience de meneur d'homme dans des combats.
00:50:43La vitesse sera la clé.
00:50:49Tous les négociateurs ont fait valider leur mandat par leur institution.
00:50:53Cédric O. est venu à bout des réticences de certaines capitales,
00:50:57à commencer par Dublin, qui accueille le siège européen de plusieurs géants du numérique.
00:51:01Le rapport de l'allemand Andreas Schwab sur le DMA,
00:51:05voté sans difficulté par les eurodéputés.
00:51:08Ce fut plus difficile pour Christelle Chaldemoz sur le DSA.
00:51:12La socialiste a dû faire des concessions
00:51:15afin que la droite accepte de limiter la publicité ciblée.
00:51:19Ça y est, j'ai un mandat pour négocier le texte final du DSA avec le Conseil,
00:51:23et j'en suis très fière.
00:51:31On a avancé, puisqu'on n'a pas le texte final.
00:51:35On a la balle, mais on n'a pas le texte final.
00:51:38C'est encore le Parlement qui a la balle.
00:51:41Les choses sérieuses vont bientôt commencer pour Cédric O.
00:51:44Le ministre français tiendra la plume et mènera des négociations séparées
00:51:48avec Christelle Chaldemoz sur le DSA et avec Andreas Schwab sur le DMA.
00:51:56On commence par se dire quels sont les gros sujets de débat.
00:52:00Schwab a un peu durci les seuils des gatekeepers.
00:52:05En gros, entre ses seuils et nos seuils, qui sort ?
00:52:10Les calculs qu'on a faits, il y a peut-être Zalando, je crois.
00:52:16Le mandat de l'eurodéputé allemand Andreas Schwab
00:52:19propose des seuils plus élevés pour limiter le nombre de gatekeepers dans le DMA.
00:52:24Et parmi les plateformes qui échapperaient ainsi aux nouvelles règles,
00:52:28la place de marché Zalando, qui se trouve être allemande.
00:52:36Il ne peut pas y avoir que les Américains.
00:52:39Donc si on sort tous les Européens, ça va poser quand même un problème.
00:52:51Nous craignons fortement que ces propositions aient un impact disproportionné.
00:52:57Sur les entreprises technologiques américaines.
00:53:02C'est une excellente ministre, elle défend vraiment bien ses entreprises.
00:53:07Mais j'ai dit, Gina, jamais je ne me permettrais d'aller venir te voir pour te dire
00:53:12fais ta régulation parce que ça va aider mes entreprises.
00:53:15Donc je n'aimerais pas que tu fasses la même chose.
00:53:19Elle a compris.
00:53:27Le mandat de l'eurodéputé allemand Andreas Schwab
00:53:31propose des seuils plus élevés pour limiter le nombre de gatekeepers dans le DMA.
00:53:41Vous savez, lorsqu'un petit chien rentre dans la pièce,
00:53:45et qu'il aboie et saute un peu partout,
00:53:48quand vous en avez marre, vous pouvez juste le prendre et le sortir.
00:53:51Mais lorsqu'un énorme chien rentre dans la pièce,
00:53:53dès qu'il commence à grogner,
00:53:56ça inquiète et fait fuir tout le monde.
00:54:00Si une grande entreprise fait la même chose,
00:54:05c'est game over pour beaucoup d'autres entreprises.
00:54:09Voilà pourquoi nous devons fixer de nouvelles règles.
00:54:13On va attaquer frontalement avec le DMA
00:54:16les plus puissantes entreprises du monde
00:54:19au cœur de ce qui fait leur puissance économique
00:54:23et donc, je veux dire, ça va pas être une promenade de santé.
00:54:27Au menu de ce premier round,
00:54:30les seuils pour déterminer les gatekeepers,
00:54:33la publicité ciblée et le principe FRAND.
00:54:36FRAND, c'est l'acronyme de fair, raisonnable et non discriminatoire.
00:54:41Cela signifie qu'un géant du numérique ne pourra plus abuser de son monopole
00:54:45en bloquant l'accès à ses services.
00:54:47Il devrait être fair play avec ses concurrents et clients.
00:54:49FRAND, c'est un droit de regard donné à la commission
00:54:52sur la manière dont les plateformes gèrent leur pouvoir sur le marché.
00:54:58Sans FRAND, le régulateur du marché n'a pas le droit de contrôler
00:55:02la relation entre une grande plateforme et ses partenaires commerciaux,
00:55:05à moins qu'il puisse prouver que la plateforme s'est mal comportée.
00:55:08Mais cela nécessite de longues et difficiles enquêtes,
00:55:11comme on l'a vu avec Google.
00:55:13FRAND, c'est une arme de guerre contre les monopoles.
00:55:16Le régulateur peut dire, attendez, là, ça ne va pas.
00:55:20Vous êtes en situation de monopole, par contre, vous pratiquez des tarifs Léonard.
00:55:23Je ne suis pas d'accord.
00:55:25Et c'est un principe qui est extrêmement fort, parce qu'il n'est pas très précis.
00:55:30FRAND, les entreprises n'aiment pas ça.
00:55:33C'est un filet qui est trop grand, avec des mailles trop resserrées.
00:55:36Cela ramasse beaucoup trop d'entreprises,
00:55:38d'autant plus que les députés demandent que ce soit appliqué à toutes les plateformes.
00:55:43Appliquer FRAND à toutes les plateformes,
00:55:46c'est l'un des points clés du mandat confié à Andreas Schwab.
00:55:50Mais le négociateur préférerait focaliser FRAND sur les plus gros problèmes,
00:55:55les app stores et bien sûr les moteurs de recherche.
00:55:58Défendra-t-il son mandat à la lettre ?
00:56:04Il faut que vous poussez sur FRAND, car il faut abandonner, ça c'est nul.
00:56:08Il faut que nous abandonnons ça.
00:56:17Bienvenue au Parlement européen pour cette première réunion de Trilog
00:56:22sur le Digital Markets Act.
00:56:25Le Parlement européen veut mettre fin à cette situation
00:56:29où les plus grosses sociétés du monde grossissent encore et encore.
00:56:34Moi je pense que toi tu dois nous pousser pour FRAND.
00:56:37J'ai plus de marge sur FRAND que sur la publicité ciblée.
00:56:41Notre texte est parfait sur la publicité ciblée, non ?
00:56:44Qu'est-ce qu'il y a ? Vous avez un problème avec ça ?
00:56:47Là, Andreas il te rentre un petit coup.
00:56:50Bien sûr que non, que son texte n'est pas parfait sur la publicité ciblée.
00:56:54Il le sait très bien et en plus, dans le fond, il est d'accord avec ça.
00:56:58On ne peut pas laisser comme ça.
00:57:01Il joue le jeu de la négociation, donc il me pousse ses pions sur la publicité ciblée
00:57:06pour pouvoir me le lâcher un peu plus tard.
00:57:08Il pousse sans cesse dans son sens.
00:57:14La volonté des députés de s'attaquer à la publicité ciblée,
00:57:18qualifiée de folle par un lobbyiste de Google.
00:57:31C'est très excitant d'entrer dans cette négociation, Antrilog.
00:57:35C'est un peu comme si on était dans un film.
00:57:38C'est un peu comme si on était dans un film.
00:57:40C'est très excitant d'entrer dans cette négociation, Antrilog.
00:57:52Je ne sais même plus écrire mon nom.
00:57:56J'avoue que je suis un peu nerveuse parce qu'à présent, je suis négociatrice en chef au nom du Parlement.
00:58:02La réunion peut commencer, tout le monde est là, sauf côté commission-Breton.
00:58:07Sait-on pourquoi il n'est pas là ?
00:58:18Si l'on doit passer un quart d'heure à attendre quelqu'un, ça ne va pas.
00:58:26Je ne suis jamais en retard, mais c'est vrai qu'on m'appelle très souvent avant de rentrer dans Antrilog
00:58:31pour me demander un conseil, une opinion, et c'est vrai que j'ai préféré le faire en dehors que dedans.
00:58:36C'est vrai que j'ai préféré le faire en dehors que dedans.
00:58:52La prochaine fois, on commencera à l'heure.
00:58:54Chaque minute de Trilog compte pour la danoise qui a beaucoup de demandes à faire passer.
00:58:58Le point le plus sensible à négocier sera une exemption des petites et moyennes entreprises des lourdeurs administratives du DSA.
00:59:06Une exigence de la droite du Parlement en contrepartie de son soutien à l'interdiction de la publicité ciblée pour les mineurs, voulue par la gauche.
00:59:16Avec le DSA, nous avons l'opportunité de définir la norme.
00:59:20Pas seulement pour l'Europe, mais pour le monde entier.
00:59:25Le Conseil pourrait accepter d'accorder des exemptions aux petites entreprises, mais pour les moyennes, c'est non.
00:59:35Le Conseil ne veut pas exempter les moyennes entreprises, alors que le Parlement entend fortement obtenir une exemption à la fois pour les petites et pour les moyennes entreprises.
00:59:57Concernant les PME, nous demandons une exemption plus large que vous, donc il faudrait qu'on en parle.
01:00:05Il faut que je la prépare, il faut que je lui fasse comprendre que ce n'est pas une position de négociation pour moi,
01:00:11que je ne suis pas en train d'essayer de lui vendre ça pour obtenir autre chose, mais que là, c'est à prendre ou à laisser.
01:00:20Cela me paraît un peu compliqué de notre côté de faire des concessions sur ce point.
01:00:25Il refuse de céder. Et moi, je sais que je n'aurai pas d'accord politique sur le DSA sans ça, donc je vais devoir me battre.
01:00:43Fabrice, j'ai une question que vous allez adorer.
01:00:47Est-ce qu'on a une toute petite chance de finir avant le 15 avril ?
01:00:51Est-ce qu'on a une toute petite chance de finir avant le 15 avril ?
01:00:55Le DSA continue de me sembler incroyablement compliqué.
01:01:08Fin du bras de fer entre Facebook et les autorités australiennes.
01:01:11Le gouvernement a accepté de revoir son projet de loi sur la rémunération des éditeurs de presse.
01:01:16Le groupe de Mark Zuckerberg, satisfait, va lever son blocage.
01:01:20C'est bien beau de travailler sur des nouvelles règles avec des sanctions, mais par la suite, il va falloir les appliquer.
01:01:36La commission a très peu de moyens humains, et donc Thierry Breton essaie d'anticiper.
01:01:42En fait, tout le monde s'attend à une mise en œuvre forte et puissante.
01:01:46Nous, on va créer une équipe spécifique qui va contrôler les plateformes.
01:01:51Donc il faut absolument qu'on commence à identifier, voire embaucher, ceux qui vont pouvoir aller auditer les algorithmes,
01:02:02puisque ça sera l'une des tâches importantes pour nous, et qu'on puisse le faire au moins une fois par an, voire plus si c'est nécessaire.
01:02:16La finance et la santé font saliver la Silicon Valley.
01:02:20Google cherche à se diversifier dans le secteur bancaire.
01:02:23Le patron d'Apple professe que c'est dans la santé que son entreprise marquera l'histoire de l'humanité.
01:02:28Les géants de la tech à l'affût des sociétés à racheter, y compris des startups.
01:02:33Alors...
01:02:41Nous comptons demander aux géants du numérique de nous informer lorsqu'ils veulent racheter une petite entreprise.
01:02:47Et nous verrons s'il faut intervenir ou pas.
01:02:50Qui veut démarrer la réunion ?
01:02:52L'article 12 concerne l'obligation des gatekeepers d'informer la commission sur les projets d'acquisition.
01:02:57Ce que nous avons proposé, c'est de couvrir les projets d'acquisition dans le secteur digital.
01:03:02Mais le Parlement a répondu qu'il voyait beaucoup de gatekeepers partir dans toutes les directions et s'aventurer sur de nouveaux marchés.
01:03:10C'est vrai que nous observons que certains s'aventurent sur de nouveaux marchés qui ne sont pas encore dans le secteur digital.
01:03:19Un géant peut vouloir racheter une toute petite entreprise pour plusieurs raisons.
01:03:23La première, c'est dans une logique d'innovation externalisée.
01:03:29Le géant ne prend alors aucun risque et tout repose sur les épaules du petit.
01:03:34Et dès que le petit réussit, le géant le rachète.
01:03:38Parfois pour pouvoir ensuite développer lui-même le produit.
01:03:43Mais il y a aussi le cas où le géant se dit que cette innovation pourrait le gêner.
01:03:47C'est donc un irritant. Et il rachète vite la petite entreprise.
01:03:51Pas pour investir dedans, mais pour s'en débarrasser.
01:04:07Le projet actuel de texte de DMA impose le sideloading dans l'iPhone.
01:04:12Cette méthode alternative pour télécharger des applications sur l'iPhone détruirait la sécurité de l'iPhone.
01:04:20Je connais bien Tim Cook.
01:04:23Ça ne m'a pas étonné.
01:04:25Je vais vous dire, il va trouver la solution.
01:04:29Et si jamais il a besoin d'un petit conseil, on a des ingénieurs qui pourront lui dire comment faire.
01:04:33L'argument de Tim Cook, c'est sa force commerciale.
01:04:35Et c'est de dire, je ne force personne à acheter des iPhones.
01:04:39Donc si les consommateurs, y compris les consommateurs européens, veulent un autre système,
01:04:42ils sont tout à fait libres d'acheter d'autres téléphones.
01:04:49Oui, mais nous, on ne force personne à venir sur notre marché intérieur.
01:04:51S'il veut renoncer à 450% d'électronique, il faut qu'il achète un iPhone.
01:04:55Il faut qu'il achète un iPhone.
01:04:57Il faut qu'il achète un iPhone.
01:04:59Il faut qu'il achète un iPhone.
01:05:00Nous, on ne force personne à venir sur notre marché intérieur.
01:05:02S'il veut renoncer à 450 millions de consommateurs, libre à lui.
01:05:11Facebook a sous-entendu cette semaine qu'il pourrait être obligé de quitter l'Union Européenne.
01:05:15Le patron de Meta menace de nous couper Instagram et Facebook.
01:05:20Un avertissement pour les législateurs qui travaillent actuellement sur le DMA et le DSA.
01:05:28Personne n'y croit une seconde.
01:05:29Il y a bien sûr des tentatives de chantage, mais le marché européen est bien trop juteux pour qu'il le quitte.
01:05:34Au risque de me répéter, la loi doit pouvoir être mise en œuvre rapidement.
01:06:02La commissaire Margarethe Vestager est préoccupée par certaines demandes des eurodéputés.
01:06:07La volonté d'en faire trop et d'élargir le principe Frande à toutes les plateformes pourrait transformer la loi en pétard mouillé.
01:06:15S'il y a bien quelque chose qui m'empêche de dormir, c'est la mise en œuvre de la loi.
01:06:22Je crois que nous pouvons commencer.
01:06:26En tout cas, soyez certains que le conseil est engagé dans la réussite de ces négociations afin d'arriver à un texte ambitieux.
01:06:36Monsieur le ministre, vous avez dit que vous êtes engagé dans la réussite.
01:06:40C'est très bien, mais pour y arriver, il faut être un peu plus rapide.
01:06:46Malheureusement, le conseil a jusque maintenant pu accepter seulement deux lignes du texte du Parlement.
01:06:55Bien que le Parlement a déjà accepté 200 lignes du conseil.
01:07:01Cela ne peut pas continuer comme ça, si on veut.
01:07:05On a deux co-législateurs qui doivent s'entendre.
01:07:08C'est normal qu'il y ait des conflits, parfois.
01:07:11N'espérez pas que le Parlement fera des concessions à la fin, parce que nous serons pressés par le temps.
01:07:41Vous avez l'impression de tenir la position du conseil, mais...
01:07:54Nous, on savait que la commission a peur qu'on arrive trop facilement à un compromis entre nous deux.
01:08:08Et c'est pour ça que c'était pas mal aujourd'hui de donner un peu de tension à tout ça.
01:08:16Il y a un peu de jeu d'acteur.
01:08:20Nous sommes très observés, donc il faut bien montrer que nous ne lâcherons rien pour rien.
01:08:28Nous avons fait des avancées.
01:08:31L'obligation d'informer sur les acquisitions a été acceptée par le conseil.
01:08:36Nous avons également trouvé...
01:08:38Les rapporteurs font un point d'étape devant leurs collègues au Parlement,
01:08:42pour leur expliquer les accords, ce qui reste toujours à discuter.
01:08:46Schwab explique qu'il y a quand même un certain nombre d'accords,
01:08:49mais par contre, pour ce qui est de DSC, c'est un peu plus compliqué.
01:08:52Nous ne sommes pas encore arrivés à des accords.
01:08:55Michelle Demoiselle dit qu'il y a beaucoup de nervosité avec ses collègues.
01:08:58Je reçois chaque jour beaucoup, beaucoup d'emails.
01:09:01À Bruxelles, on commence à craindre qu'il n'y ait pas d'accord sur le DSC.
01:09:05Je vous en prie, laissez-nous faire, ou alors nous n'arriverons pas à un accord.
01:09:13L'écueil principal, c'est l'acquisition.
01:09:17Je vous en prie, laissez-nous faire, ou alors nous n'arriverons pas à un accord.
01:09:24L'écueil principal, c'est l'acquisition.
01:09:28L'écueil principal, c'est qu'on ne termine jamais la négociation.
01:10:16C'est ce qu'il y a de plus important dans l'histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de
01:10:46l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l'Histoire de l
01:11:16éditeurs de presse réputés avoir l'oreille du gouvernement français sont en guerre ouverte contre les géants du numérique qui exploitent leur contenu gratuitement
01:11:25Cette modification de dernière minute élargirait le périmètre de Frande aux questions de rémunération. Google et Facebook pourraient donc être contraints de payer les articles et les vidéos en ligne.
01:11:38J'ai contacté plusieurs eurodéputés et c'était la première fois qu'ils entendaient parler de cet amendement. Quand vous recevez un document de 300 pages la nuit précédente, il est impossible d'identifier toutes les modifications.
01:11:53Manifestement, il y a quelqu'un dans le camp de la Big Tech qui a bien vu l'évolution du texte et qui a appelé le journaliste.
01:12:05Instrumentalisé en partie par les grandes entreprises du numérique. Certains disent mais vous voyez les Français veulent rejouer ce qu'ils ont toujours joué. C'est pas du tout ça. C'est un moment de grande incompréhension.
01:12:18L'ultime round de négociation sur le DMA ne pouvait pas plus mal commencer. L'attention est maximum.
01:12:28Thierry Breton et son équipe ont publié sur Twitter une playlist avec une série de titres de chansons. Tenez vous prêts, DMA, le compte à rebours.
01:12:48Et c'est parti pour le dernier round du DMA. Limiter le nombre de gatekeepers.
01:13:12Limiter le périmètre de Frande, c'est l'obsession d'Andréa Schwab.
01:13:22De son côté, Cédric O. risquera-t-il un échec pour imposer son amendement sur la rémunération des publishers ? Derrière chaque mot, chaque virgule de ce texte, des milliards d'euros sont en jeu.
01:13:36Cédric O. n'a pas l'air d'être d'accord avec ce qu'il dit. Il dit qu'il n'y a pas d'échec et qu'il n'y a pas de rémunération.
01:13:56Cédric O. n'a pas l'air d'être d'accord avec ce qu'il dit. Il dit qu'il n'y a pas d'échec et qu'il n'y a pas de rémunération.
01:14:24Cédric O. n'a pas l'air d'être d'accord avec ce qu'il dit. Il dit qu'il n'y a pas d'échec et qu'il n'y a pas de rémunération.
01:14:34Cédric O. n'a pas l'air d'être d'accord avec ce qu'il dit. Il dit qu'il n'y a pas d'échec et qu'il n'y a pas de rémunération.
01:14:56Cédric O. n'a pas l'air d'être d'accord avec ce qu'il dit. Il dit qu'il n'y a pas d'échec et qu'il n'y a pas de rémunération.
01:15:24Cédric O. n'a pas l'air d'être d'accord avec ce qu'il dit. Il dit qu'il n'y a pas d'échec et qu'il n'y a pas de rémunération.
01:15:44Cédric O. n'a pas l'air d'être d'accord avec ce qu'il dit. Il dit qu'il n'y a pas d'échec et qu'il n'y a pas de rémunération.
01:16:07Un accord sur le DMA est-il encore possible ce soir compte tenu des tensions ?
01:16:13L'essai, je sais que c'est important pour Schwab. On ne va pas humilier le rapporteur, on ne va pas tout lui donner, mais on va faire un pas dans sa direction.
01:16:21Le point de blocage qui reste sur la table, Frande, l'arme anti-monopole.
01:16:38Donc là, à ce moment-là, on assiste à du lobbying en live. Le ministre est en pleine réunion et Ken Broker lui envoie un SMS. Ken Broker cherche à réagir à l'histoire de Ractive et donc à répondre aux éditeurs de presse.
01:16:59Nous vous demandons instamment de rester dans le mandat des institutions européennes.
01:17:02Les lobbyistes puissants ont un accès direct aux politiciens de premier plan.
01:17:15On est à quelques jours à peine de l'élection en France et la présidence française du conseil est sous pression.
01:17:23C'est elle qui est la plus pressée d'arriver à un accord sur le DMA. Donc clairement, le camp d'en face est en position de force et dit si vous ne lâchez pas, il n'y aura pas d'accord.
01:17:45L'amendement sur la rémunération des publisheurs s'est abandonné.
01:17:53Deal sur le DMA.
01:18:01Félicitations, bien joué.
01:18:02Merci beaucoup.
01:18:03C'est vraiment bien joué.
01:18:04Merci beaucoup.
01:18:08Schwab est heureux. Frand s'appliquera aux app stores, aux réseaux sociaux et bien sûr aux moteurs de recherche. Cela faisait des années qu'il attendait ça.
01:18:17Est-ce qu'on va prendre encore une bière ?
01:18:18Ouais, ouais.
01:18:19Un endroit où on peut manger des frites.
01:18:21J'aime l'idée que grâce à mon article, l'amendement a été rejeté.
01:18:38Le texte qu'on vient d'adopter, c'est le plus important peut-être depuis les textes de concurrence américains de la fin du 19e et du début du 20e qui ont structuré l'ensemble de notre économie depuis lors.
01:18:51Et on l'a fait.
01:18:53Maintenant, il faut faire le DSA.
01:19:07Les discussions sur le DSA patinent et la pression monte à quelques jours de la présidentielle française.
01:19:14La politique et les négociations, c'est comme une partie de poker.
01:19:17Parfois, il faut savoir bluffer.
01:19:21Cédric m'a demandé si l'on pouvait avancer la date.
01:19:28Ça a de la valeur pour nous de finir la négociation avant l'élection présidentielle, dans ce que ça dit de ce que peut faire l'Europe qui est au cœur de ce que porte Emmanuel Macron.
01:19:40Certains collègues du Parlement me disent qu'en jouant la montre, nous pourrions obtenir plus.
01:19:45Je dois trouver le bon moment pour pousser cela.
01:19:49Mais nous allons changer la date.
01:19:52Ce serait quel jour ?
01:19:54Le 22.
01:19:57Avant le 24.
01:20:01Le 22, c'est parfait.
01:20:04C'est un vendredi et c'est très inhabituel de faire cela le vendredi.
01:20:09Mais nous allons le faire.
01:20:10En lui donnant ce qu'il veut, je lui fais vraiment une faveur et il m'est redevable.
01:20:26Je ne veux pas être le naïf de la crèche.
01:20:30Je ne pourrais pas tout donner.
01:20:32Il faut qu'on ait juste des points de repli, nous, pour que ça marche.
01:20:36Il faut qu'on ait juste des points de repli, nous, pour que si le Parlement renchérit,
01:20:42on puisse dire « si vous renchérissez, alors nous, il y a tel aspect du package qu'on retire ».
01:20:48C'est compliqué de négocier avec le Parlement parce qu'il a toujours le même jeu,
01:20:52c'est-à-dire qu'il demande toujours plus, toujours plus, toujours plus,
01:20:55en se disant « ouais, j'exagère, mais c'est en exagérant qu'à la fin on obtient le plus de choses ».
01:21:01C'est le négociateur du Red qui m'avait raconté
01:21:03qu'un bon truc quand on va négocier à l'étranger, c'est de réserver une chambre d'hôtel pour un mois.
01:21:09Ils ont dit « ok, moi je suis là pour un mois de toute façon, donc il n'y a pas de problème ».
01:21:13Donc là, il faut montrer qu'on en a rien à foutre, que c'est dur jusqu'à 80.
01:21:30Le monde entier a les yeux rivés sur Bruxelles aujourd'hui.
01:21:33Hillary Clinton exhorte l'Europe à porter le DSA jusqu'à la ligne d'arrivée.
01:21:47J'en veux plus, mes collègues du Parlement en veulent plus.
01:21:50C'est ma dernière chance d'obtenir quelque chose.
01:22:04Eh, Thierry qui m'appelle.
01:22:08Pour tout vous dire, je suis un peu inquiet.
01:22:13Je trouve que les parlementaires demandent beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses.
01:22:16Et côté Conseil, on n'est pas loin du point d'exaspération.
01:22:20Donc je vais dire à Christelle que moi je n'écarte pas le fait qu'on finisse sans accord.
01:22:26Si le Parlement ne résout pas ses contradictions internes et ne trouve pas un compromis pour nous séparer,
01:22:31on peut voir la négociation à choper dans la dernière ligne droite.
01:22:42J'espère que tout le monde a bien dormi la nuit précédente, car la discussion promet d'être intéressante.
01:22:55C'est très tendu.
01:22:56On a les socialistes et les verts qui poussent pour une interdiction de la publicité ciblée pour les mineurs.
01:23:03Et la droite qui veut toujours son exemption pour les moyennes entreprises.
01:23:10Cédric me dit que c'est impossible, qu'il ne me donnera pas ça.
01:23:15À ce stade, je dois demander une interruption pour m'isoler avec mes collègues des autres parties.
01:23:21Je veux savoir s'ils seraient prêts à accepter un accord sans l'exemption des moyennes entreprises.
01:23:31Chacun des groupes politiques du Parlement s'accroche à ses demandes.
01:23:35Personne ne veut répondre à la question.
01:23:38Chacun des groupes politiques du Parlement s'accroche à ses demandes.
01:23:42Personne ne veut rien lâcher.
01:23:50Lorsqu'on attend si longtemps, on commence à douter.
01:23:54Est-ce que ça va être un échec ?
01:23:56Écoute, c'est long. Non, ce n'est pas fini.
01:24:00Au bout d'un long moment, Michelle DeMosso revient dans la salle de négociation.
01:24:08Le point de blocage, ce sont les données utilisées dans le ciblage publicitaire.
01:24:14La discussion porte sur les données qui peuvent ou non être collocées.
01:24:18Les données utilisées dans le ciblage publicitaire.
01:24:22Êtes-vous d'accord sur cette formulation, sur cette interprétation ?
01:24:26Si nous supprimons cela, toute forme de publicité à l'attention des homosexuels sera interdite,
01:24:32même si elle ne cible pas les homosexuels ou pour les groupes religieux.
01:24:36Ce n'est pas ce que vous souhaitez.
01:24:39Ce n'est pas ce que vous souhaitez.
01:24:42Ce n'est pas ce que vous souhaitez.
01:24:45Ce n'est pas ce que vous souhaitez.
01:24:47Ou pour les groupes religieux.
01:24:50Ce n'est pas ce que vous souhaitez. Ce n'est pas ce que le Parlement souhaite.
01:24:54C'est quand même fou. Les parlementaires négocient surtout entre eux.
01:25:03Ce serait compliqué parce qu'ils doivent s'entendre sur les textes.
01:25:07Le moindre mot, la moindre virgule, ça peut changer tout le sens et donc la règle qui va sortir par la suite.
01:25:17Pour moi, c'est très délicat. Je ne suis pas avocate. Je ne saisis pas la différence.
01:25:22Il y a une tension à un moment qui est très forte.
01:25:25Vous m'embrouillez ?
01:25:28L'important pour moi, c'est de m'assurer que nous sommes tous alignés sur les données sensibles.
01:25:34Tout repose sur les épaules de Michelle LeMoseur.
01:25:37C'est à elle de prendre la décision, en sachant que les autres groupes politiques ne sont pas nécessairement les mêmes.
01:25:43Et que si elle se trompe, le texte par la suite pourrait ne pas être ratifié par le Parlement européen.
01:25:51Bon, je dois décider si nous pouvons conclure ou pas.
01:26:14Merci.
01:26:26Je peux dire...
01:26:31C'est bon, on a un accord.
01:26:36Deal sur le DSA au bout de la nuit, après 16 heures de négociation.
01:26:39Les eurodéputés ont réussi à s'entendre sur les données sensibles.
01:26:43Et sur les PME, tout le monde a réussi à sauver la face.
01:26:47Les moyennes entreprises seront bel et bien exemptées des contraintes du DSA, mais la première année seulement.
01:26:53Le DSA !
01:26:55Hurray ! Hurray ! Hurray ! Hurray ! Hurray ! Hurray !
01:27:10Ce qui était hallucinant dans cette affaire, c'est la rapidité avec laquelle ces textes ont été adoptés.
01:27:15C'était totalement inattendu, et ça a empêché les lobbies d'agir.
01:27:20Chapeau.
01:27:22Merci, au revoir.
01:27:23Je vous verrai de nouveau.
01:27:25Peut-être à Nolero.
01:27:26Oui.
01:27:27La meilleure île.
01:27:30Prenez soin de vous.
01:27:39Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
01:28:10Bonjour.
01:28:11Bonjour, comment allez-vous ?
01:28:13Je lui explique l'intégralité du DSA.
01:28:16Je lui explique tout ce que je vais faire.
01:28:27Et tout ça lui convient bien.
01:28:29En fait, je suis d'accord avec tout ce que vous dites.
01:28:31Nous sommes très en phase.
01:28:32Merci beaucoup.
01:28:36C'est bon ?
01:28:37Ok, une photo ?
01:29:07C'est bon ?
01:29:38Le DSA et le DMA auront des répercussions à travers le monde entier.
01:29:43Ces lois vont changer la donne.
01:29:56Ce qui m'inquiète maintenant, c'est la mise en œuvre de ces lois.
01:29:59Cela m'inquiète beaucoup.
01:30:01X a réalisé une nouvelle loi.
01:30:03Les géants du numérique sont puissants.
01:30:05Ils chercheront toujours à gagner de l'argent.
01:30:07Ils feront tout pour survivre.
01:30:17De multiples vidéos truquées et appels à la haine diffusés sur X
01:30:21après l'interview du Hamas sur Israël.
01:30:24Propagation de contenus illégaux.
01:30:26Condamnation à la haine.
01:30:28Après l'interview du Hamas sur Israël.
01:30:30Propagation de contenus illégaux.
01:30:32Condamnation à la haine.
01:30:33Thierry Breton exhorte Elon Musk à mettre fin à cette désinformation.
01:30:37Mais le milliardaire lui répond sèchement.
01:30:49L'Europe dispose désormais d'un véritable arsenal pour faire face aux géants du numérique.
01:30:56Aura-t-elle le courage politique de l'utiliser ?
01:31:02Vous me connaissez ? Ils me connaissent tous.
01:31:04Très bien. J'irai au bout.

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