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Vendredi 17 mai 2024, ART & MARCHÉ reçoit Marjane Satrapi (Artiste) , Dominique Hervieu (Directrice de la Culture, Paris 2024) et Meryem Sebti (Directrice, DIPTYK)

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00:00 *Générique*
00:08 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Art et Marché, votre émission hebdomadaire consacrée au marché de l'art.
00:13 Bismarck s'est rendu au mobilier national pour découvrir la tapisserie des Jeux Olympiques.
00:18 Après trois ans de travail de la part des artisans, des manufactures nationales, des gobelins et de bovets,
00:23 l'oeuvre a enfin quitté son métier à tisser et sera exposée place de la Concorde pendant les Jeux.
00:29 Un reportage à découvrir en début d'émission.
00:32 Ce sera ensuite l'interview de la semaine.
00:34 La Biennale de Dakar devait avoir lieu cette semaine pour mettre en avant l'art africain contemporain
00:38 mais elle a été reportée à novembre 2024 pour des raisons principalement politiques.
00:44 Nous nous intéressons tout de même à l'art contemporain marocain alors que le PI confirme sa place sur la scène internationale.
00:51 Myriam Septic est directrice du magazine spécialisé Diptyque, sera notre invitée.
00:56 Merci à vous toutes et tous qui nous rejoignez. Tout de suite c'est Arrêt Marché.
01:00 Nous nous sommes rendus dans les coulisses de la tombée de métier de la tapisserie olympique.
01:09 Ce moment où après trois ans de travail, la tapisserie est détachée de son métier à tisser.
01:22 Je me suis basée sur l'affiche de l'Olympique de Paris de 1924 où vous avez un homme, un lanceur de javelot,
01:29 qui jette le javelot de droite à gauche, ce qui dans le sens de lecture veut dire vers le passé.
01:36 Ce qui était le cas parce que les Jeux olympiques c'était une sorte de revival de ce qui existait en Grèce antique.
01:42 Et donc là j'ai mis une femme en la retournant et justement le javelot est de gauche à droite,
01:47 ce qui veut dire regarde le futur. De faire partie de cet événement sportif c'est une grande joie et un grand honneur.
01:58 J'ai énormément de gratitude d'avoir été choisie pour réaliser cette tapisserie.
02:03 Alors l'histoire du lien entre les arts et le sport est très ancienne puisque dès l'antiquité,
02:12 aux Jeux olympiques, il y avait des compétitions artistiques et les Grecs vraiment entremêlaient sport et les arts,
02:20 le théâtre en particulier, la poésie, la musique et ça faisait partie du ciment de la société art et sport.
02:28 Donc en fait ça a été renouvelé par Pierre de Coubertin pour les Jeux modernes
02:33 et on se rend compte en France aujourd'hui avec l'Olympiade culturelle que c'est très simple
02:40 et que les artistes ont vraiment envie de célébrer cet événement.
02:45 La proposition qui a été faite dans le cadre de l'Olympiade culturelle c'était vraiment justement,
02:49 comme pour le cas de la tapisserie où c'est évidemment magistral dans ce cas-là,
02:54 c'est de dire aux artistes comment vous pouvez éclairer cet événement,
02:59 qu'avez-vous envie de dire là-dessus avec vos imaginaires, comment est-ce que vous pouvez parler de ce moment-là.
03:06 Et aujourd'hui on a plus de 2000 projets, 2200 projets sur toute la France,
03:12 donc le monde de la culture a eu envie vraiment de relever le défi, de faire partie de la fête.
03:18 Il fallait que je prenne en compte que tout est une série de comptages et de cahiers de charges,
03:24 parce que vraiment c'est quelque chose que je fais pour les Jeux olympiques,
03:27 c'est pas une peinture que je fais pour moi-même, donc il fallait trouver la bonne idée.
03:34 Il y avait beaucoup de choses à rembloquer, le passé, le présent, la marité, les nouveaux sports, Paris,
03:41 beaucoup de choses, la couleur bleue, les couleurs des Jeux olympiques,
03:46 et aussi la contrainte qu'il n'y avait que deux ans et demi pour faire le tissage.
03:52 Si vous allez dans les tout petits détails, si vous faites des dégradés de couleur,
03:59 ça peut aller jusqu'à 9 ans, 10 ans de faire une tapisserie,
04:01 donc il fallait faire quelque chose qui soit tissable aussi.
04:05 C'était notre reportage au Mobilier National, tout de suite on passe à l'interview de la semaine.
04:11 Le Maroc figure parmi les pays du continent africain les plus dynamiques
04:20 en ce qui concerne le secteur de l'art contemporain,
04:22 et pour nous en dire plus, Mériam Septic est directrice du magazine spécialisé Diptyque,
04:27 et notre invitée, elle est située à Casablanca.
04:30 Merci beaucoup d'être avec nous en visio.
04:32 Merci pour votre invitation.
04:34 Alors, sans sa très récente annulation, il y aurait eu la Biennale de Dakar,
04:39 spécialisée dans la promotion de l'art contemporain africain.
04:42 Est-ce que vous pouvez nous dire quelle est la place des artistes marocains
04:46 dans ces événements internationaux aussi larges ?
04:50 Je sais qu'il y a aussi la Biennale de Venise en ce moment.
04:53 Quelle est la place des artistes marocains dans ces événements ?
04:56 C'est une place importante et en même temps une place à améliorer à plusieurs points de vue.
05:02 Si on commence par la Biennale de Venise,
05:04 à laquelle nous consacrerons un dossier important,
05:07 un reportage important dans notre édition de journée que nous avons couvert en digital.
05:11 La Biennale de Venise cette année, malheureusement,
05:14 nous ne disposons pas encore d'un pavillon national à l'Arsenal ni au Jardin,
05:19 mais le Maroc était présent dans l'exposition centrale
05:23 par le biais d'artistes importants, historiques,
05:27 dont la plupart ne sont plus de ce monde.
05:31 Ce sont des artistes de la période moderne, comme on l'appelle maintenant.
05:35 Et d'ailleurs, une partie importante leur était consacrée.
05:39 Ce sont des artistes de l'école de Casablanca,
05:41 mais aussi des artistes d'une période un peu plus récente.
05:45 Donc, artistes comme Lehi, Hamidi et Qassimi.
05:49 Mais il y avait aussi, et ça c'est une représentation d'une nature différente,
05:54 une place importante accordée à une artiste contemporaine, Bouchra Khalili,
05:58 qui disposait d'une pièce très importante,
06:01 une installation d'écran dans l'exposition curatoriale.
06:06 Donc, en fait, voilà, ça c'est une place, je dirais, de choix,
06:08 même si ce n'est pas le Maroc en tant que pays qui est présent à la Biennale de Venise,
06:12 mais il est présent par ses artistes.
06:14 Si on prend la Biennale de Dakar, à chaque édition,
06:17 de nombreux artistes sont présents.
06:19 Dans les éditions précédentes, on a eu un grand mural de Balbzioui,
06:24 il y a eu des photographes, il y a toujours beaucoup d'artistes marocains,
06:28 ils sont très bien représentés à la Biennale de Dakar.
06:31 Et en fait, là, cette édition qui est reportée au mois de novembre,
06:36 il y a quand même toujours un énorme contingent
06:39 de la scène contemporaine marocaine qui se déplace à Dakar.
06:42 Nous, nous déplaçons évidemment en tant que médias.
06:44 Les artistes se déplacent, les galeristes se déplacent,
06:48 beaucoup de publics amateurs d'art se déplacent à Dakar.
06:51 Le Maroc et le Sénégal forment un ensemble très, comment dire,
06:55 très fraternel et très continu dans le domaine de l'art contemporain.
07:00 Est-ce qu'il y a un écosystème dynamique autour de ces artistes contemporains ?
07:06 Je pense sûrement à des galeries, des médias comme le vôtre.
07:08 Voilà, tout un écosystème qui peut, qui peuvent les soutenir.
07:13 Alors, nous avons la chance au Maroc, contrairement à nos voisins,
07:17 de disposer d'une chaîne continue et très complète
07:20 de valorisation de la scène contemporaine marocaine
07:23 et aussi de sa scène moderne et historique,
07:25 puisque nous sommes un des rares pays de la région
07:28 à disposer de l'ensemble des maillons.
07:30 Nous avons des artistes, nous avons une école,
07:33 l'École des Beaux-Arts de Tétouan, l'École de Casablanca,
07:38 donc pas beaucoup d'écoles, mais des écoles importantes.
07:41 Nous avons des galeries, de nombreuses galeries à Casa,
07:45 Tanger, Rabat, Marrakech,
07:47 donc toutes les villes marocaines ont des galeries qui font un travail important.
07:50 Nous avons des résidences d'artistes,
07:52 qui sont aussi un maillon important de la chaîne.
07:55 Nous avons le magazine, excusez-moi en toute modestie,
07:59 mais c'est vrai que c'est important d'avoir un magazine
08:01 de la qualité d'Eudyptie,
08:03 qui permet aussi de valoriser toute cette scène internationale.
08:06 Et nous avons aussi une importante offre muséale.
08:10 Nous avons actuellement depuis 2014,
08:14 avec la création du Musée national de Rabat,
08:17 du Musée d'art contemporain à Mohamed VI,
08:20 nous avons une Fondation nationale des musées
08:22 qui fonctionne comme une entité très autonome et très énergique aussi,
08:28 qui s'active à revamper l'offre muséale marocaine
08:31 et à essayer de conjuguer l'énergie de la scène contemporaine avec les musées.
08:36 Donc vous avez de nombreuses expos au Musée Mohamed VI,
08:40 mais actuellement par exemple au Musée de la photographie à Rabat,
08:43 qui est un musée qui est au bord de l'océan,
08:45 dans un très beau fort,
08:48 qui est une très belle forteresse au bord de l'océan,
08:51 qui montre une sélection,
08:54 j'allais dire pratiquement en préambule, à la Biennale de Bamako.
08:59 Donc vous voyez, on a tout cet écosystème qui fonctionne,
09:04 et avec aussi une société civile très importante.
09:06 Vous avez beaucoup d'initiatives privées, des centres d'art privés,
09:10 des centres de réflexion.
09:13 La foire aussi à 54, qui a pas mal de succès.
09:17 Bien sûr.
09:17 Alors j'allais terminer par cet élément de marché qui est non négligeable,
09:21 et qui est la foire de Marrakech,
09:23 qui est donc la bouture marocaine-africaine
09:28 d'une foire qui existe maintenant depuis plus de dix ans,
09:31 qui a démarré à Londres, qui s'est poursuivie à New York, Marrakech,
09:36 et aujourd'hui, ils arrivent aussi à faire des micro-foires
09:40 à Paris, chez Christie's, et dernièrement à Hong Kong.
09:43 Et tout ça, ça montre évidemment la scène africaine contemporaine,
09:47 les scènes, puisqu'il y en a 54, autant que de pays africains,
09:51 mais aussi leurs interactions.
09:54 Donc évidemment, la foire, c'est un morceau non négligeable de tout cet écosystème.
09:59 Et quels seraient les freins à combattre pour aller vraiment,
10:02 pour se développer d'autant plus sur la scène internationale ?
10:04 Je crois qu'il y a un volet fiscal intéressant notamment à développer là-dessus.
10:09 Alors oui, ça avance au Maroc.
10:12 Ce n'est pas réellement ma spécialité, la fiscalité de l'art,
10:15 ni les questions douanières, mais ce sont effectivement des freins,
10:21 surtout pour les événements au Maroc,
10:24 parce qu'il y a une question douanière qui fait que c'est un peu compliqué
10:30 de gérer une foire au Maroc avec des galeries qui viennent de l'étranger,
10:34 qui doivent payer des droits de douane ou rentrer leurs œuvres en admission temporaire.
10:37 C'est tout un dispositif assez complexe.
10:40 En revanche, pour les galeries qui souhaitent participer à des foires internationales,
10:47 là, vraiment, il y a des incitations importantes, il y a des subventions,
10:51 il y a vraiment un milieu très incitatif pour que les galeries marocaines
10:57 parviennent à prendre des stands dans des foires internationales.
11:01 C'est d'ailleurs le cas.
11:02 Aujourd'hui, vous avez, alors ce ne sont pas des contingents très importants,
11:06 mais en tout cas, les galeries marocaines les plus importantes,
11:09 que ce soit le comptoir des mines Marrakech, l'atelier 21 Casablanca,
11:16 la galerie Loft Casablanca Marrakech, la galerie 38 Casablanca Marrakech,
11:20 la GVCC Casablanca, vous avez des galeries importantes
11:24 qui aujourd'hui ont un agenda de foire et qui présentent leurs artistes marocains ou autres,
11:30 parce qu'ils n'ont pas que des artistes marocains, dans des foires internationales.
11:34 Donc à Dubaï, la foire de Dubaï, la 154 Londres, 154 New York,
11:39 et là, tout récemment, la semaine prochaine, vous aurez une galerie casablancaise,
11:44 l'atelier 21, qui présentera ses artistes à la foire Arco Lisbonne.
11:49 Parce qu'en fait, les galeries marocaines, elles inspectent un petit peu le marché
11:53 dans une logique un peu de proximité, ou pas.
11:57 Donc en fait, par proximité de public, 154 Londres, New York, et par proximité géographique,
12:04 c'est vrai que je crois que l'Arco Lisbonne offre de belles opportunités
12:08 en termes de logique méditerranéenne.
12:12 Et là, il nous reste moins d'une minute avant la fin de cette émission.
12:15 Est-ce que vous pouvez nous donner quelques artistes à suivre,
12:19 absolument selon vous, des artistes contemporains marocains ?
12:22 Ah là là, mon Dieu, ceux que je ne citerai pas m'en voudront à vie.
12:27 Évidemment, j'ai envie de vous dire, reportez-vous aux 67 éditions d'Egyptique
12:31 et vous verrez bien, mais on a évidemment des artistes.
12:34 Parlons de ceux qui vraiment ont une carrière internationale,
12:36 des galeries internationales.
12:37 Vous avez des artistes bien installés, comme Younes Rahmoun,
12:41 qui est un artiste fabuleux, qui a déjà fait la Biennale de Venise,
12:44 qui a une galerie à Londres, la galerie Selma Feriani,
12:46 et qui continue à vivre dans la Médina Tétouan et à avoir un travail très puissant.
12:52 Vous avez des artistes comme Mbark Bouachechi, qui est aussi à plusieurs galeries
12:57 et qui est régulièrement présent dans des biennales importantes, dans les foires.
13:01 Vous avez des peintres comme, aujourd'hui...
13:05 Alors évidemment, tous les artistes de l'école de Casablanca,
13:09 mais qui ne sont plus de ce monde et qui font l'objet d'intenses spéculations
13:13 et de très beaux résultats en salle des ventes.
13:15 Tout à l'heure, excusez-moi, j'ai oublié, quand je parlais de l'écosystème marocain,
13:18 j'ai oublié des salles de vente.
13:19 C'est très important.
13:21 Alors, dans les artistes, vous avez aussi toute une scène émergente aujourd'hui
13:24 que nous suivons de près.
13:25 Nous allons consacrer là, par exemple, un article important
13:28 à un artiste qui s'appelle Absama Delmontassir
13:31 et qui démarre une très belle résidence à la Villa Médicis en septembre.
13:35 Donc, vous voyez, nous essayons en même temps de faire des textes
13:39 et des documents importants sur des artistes installés,
13:42 mais aussi d'indiquer quand un artiste est sur une pente vraiment ascendante
13:48 et, par exemple, un artiste comme Hicham Berrada,
13:50 qui aujourd'hui est représenté par la Galerie Kamel Menour.
13:52 Nous lui avions consacré un des premiers papiers il y a plus de douze ans,
13:56 quand il était encore vraiment au stade de ses recherches.
14:00 - Eh bien, merci. - Donc, vous voyez, je pense, voilà.
14:02 - Merci. Merci beaucoup, Myriam Setti.
14:04 - Merci de m'avoir la chance de poursuivre, j'espère.
14:06 - Voilà, on consacrera plus de temps une prochaine fois à tous ces artistes marocains.
14:10 Merci beaucoup d'avoir été en visio avec nous dans Arrêt Marché.
14:13 Je rappelle que vous êtes directrice du magazine spécialisé d'Iptik.
14:17 Et quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Arrêt Marché.
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