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Jeudi 18 avril 2024, SMART BOURSE reçoit Valentine Ainouz (Responsable Stratégie Fixed Income, Amundi Institute) , Sebastian Paris Horvitz (Directeur de la recherche, LBPAM) et Julien Quistrebert (Gérant, Tailor Am)

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00:00 *Générique*
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète,
00:13 marché, valentine et nous vous êtes à nos côtés.
00:15 Responsable de la stratégie Fixed Income chez Amundi Institute, bonsoir Valentin.
00:19 Merci d'être là, merci à Sébastien Parissorvitz d'être avec nous également,
00:23 bonsoir Sébastien, d'être directeur de la recherche de LBP AM,
00:26 et Julien Kistreber également avec nous, bonsoir Julien.
00:29 Ravi de vous retrouver, vous êtes gérant chez Taylor Asset Management,
00:33 le dossier politique monétaire évidemment à la une.
00:36 Le marché des options estime entre 15 et 20%,
00:40 la probabilité que la Fed ne baisse pas ses taux cette année valentine.
00:44 Bon, il y a eu des données importantes, depuis l'emploi américain, l'inflation, etc.
00:50 Et puis bien sûr, la phrase de Jérôme Powell avant-hier soir,
00:54 les taux resteront à leur niveau "as long as needed".
00:58 Comment est-ce que ça se traduit dans les marchés pour vous chez Amundi ?
01:03 Et puis il y a bien sûr la situation de la Fed en comparaison avec ce qu'on attend aussi du côté de la Banque Centrale Européenne.
01:10 Alors nous on attend toujours trois hausses de taux, mais on est quand même sur une...
01:13 3, excusez-moi, 3 baisses de taux, j'ai bien commencé !
01:16 Mais peut-être qu'un jour, peut-être qu'un jour, on reviendra sur cette émission en se disant
01:23 "elle l'avait dit la première, la Fed va monter ses taux".
01:27 3 baisses !
01:28 Larry Summers nous dit, qui parle pour lui, mais qui parle beaucoup et qui parle souvent,
01:35 il dit "le prochain mouvement, 15-20% de chance que ce soit effectivement un mouvement à la hausse".
01:40 Non mais, pour expliquer le fait qu'on soit tous un peu embrouillés aussi...
01:43 Les paroles ont devancé ma pensée, et ce que j'allais dire c'est qu'à court terme,
01:47 on peut quand même avoir un marché qui reste extrêmement au quiche,
01:50 et une Fed qui reste très très prudente sur sa capacité à baisser les taux.
01:55 Et il faut voir qu'aujourd'hui, on peut quand même être surpris par la résilience de l'économie américaine.
01:59 Si on regarde les projections de croissance pour l'économie américaine pour l'année 2024,
02:02 ils n'ont cessé d'être revus à la hausse par les investisseurs.
02:06 Aujourd'hui, pour moi, il y a 5 facteurs importants pour expliquer cette croissance surprenante.
02:11 Le premier, c'est le soutien budgétaire.
02:13 Ce qu'on parlait, le soutien budgétaire qui est inédit alors qu'on a une période plein d'emplois,
02:17 avec des pressions inflationnistes.
02:20 Le deuxième, c'est un marché de l'emploi extrêmement résilient.
02:24 Et cette résilience s'explique quand même, je trouve, en partie par le fait qu'on a une population vieillissante.
02:30 Aujourd'hui, globalement, 25% de la force de travail aux Etats-Unis a plus de 55 ans.
02:34 Donc il y a une force de travail importante qui quitte le marché du travail rien que pour des questions d'âge.
02:39 Et aussi le taux de participation des plus de 55 ans qui ne remonte pas,
02:43 parce qu'on a des effets de richesse qui restent très très positifs.
02:45 Et ce n'est toujours même pas compensé.
02:47 On voit toujours que si on regarde l'évolution de la force de travail, il manque globalement 3 millions de personnes.
02:51 Donc ce vieillissement n'est pas compensé par la hausse sans précédent de l'immigration.
02:57 Donc un marché du travail qui est résilient, des entreprises qui continuent toujours à se très bien se tenir.
03:03 Si on regarde les marges, elles ont certes un peu baissé après le Covid,
03:06 mais à jour du, elles se tiennent très très bien grâce aux gains de productivité.
03:10 Et aussi, on n'a jamais eu les entreprises aussi prudentes sur la dernière décennie.
03:14 Si on regarde la croissance de la dette, que ce soit pour les entreprises Investment Great,
03:18 que ce soit pour les entreprises du Haït, les entreprises depuis le Covid sont très très prudentes.
03:22 En discipline.
03:23 En discipline et très disciplinées sur "cost efficiency", l'efficacité des coûts.
03:28 Et ça marche, on a des marges qui arrivent à tenir.
03:31 Les entreprises bénéficient également d'une décennie de taux bas.
03:34 Si on regarde le coût moyen de leur dette, il est extrêmement bas.
03:38 Alors il remonte un peu évidemment, mais il reste bas.
03:41 Et les hausses de taux pour les entreprises qui ont des dettes sur des maturités longues
03:44 vont mettre un certain temps avant d'impacter le coût moyen de la dette.
03:48 Et les entreprises ont également bénéficié du pivot dovige de la Fed fin de l'année dernière.
03:53 Et depuis le début de l'année, qu'est-ce qu'on a sur les marchés obligataires ?
03:56 Des montants record d'émissions.
03:58 Alors ça, en fait ce qui est très très amusant, c'est le pivot dovige de la Fed
04:02 a limité la capacité de la Fed à baisser de façon effective ces taux pour l'année de 2024.
04:07 L'effet de marché a été tellement puissant,
04:09 qu'au-delà même des effets financiers, c'est un effet de soutien à la croissance
04:12 qui a été généré pour l'économie américaine.
04:15 Et ce qui est très drôle, c'est qu'aux États-Unis,
04:17 vu que c'est une économie qui se finance essentiellement à 80% via les marchés,
04:20 il a suffi que Powell dise "pas de problème, l'année prochaine on va pouvoir commencer à vous baisser les taux"
04:25 pour que l'économie bénéficie immédiatement via les anticipations de baisse de taux de ces baisses de taux.
04:31 Alors qu'en Europe, on est sur une économie qui se finance essentiellement via la banque,
04:35 il faut que les taux baissent de façon effective pour que l'économie approfite.
04:38 Alors un soutien budgétaire, un marché de l'emploi, des entreprises où globalement les fondamentaux se tiennent à peu près,
04:44 des ménages, si on regarde les bilans, les ménages sont endettés essentiellement à taux fixe maintenant sur la partie mortgage,
04:50 le coût d'intérêt effectif sur les mortgages 3,6, taux fixe, maturité longue,
04:55 et ils ont refinancé la dette comme les entreprises pendant la période du Covid.
04:59 Donc pas de sujet.
05:00 Et sur l'immobilier résidentiel, alors certes, les ventes neuves baissent,
05:03 mais sur la construction, il y a encore tellement de pénurie que l'activité sur la construction tient.
05:08 Mais du coup, je reviens à votre lapsus,
05:10 est-ce qu'il faut se poser la question de savoir si à ces niveaux-là, à 5,25, 5,50 de taux de directeur,
05:16 est-ce que la Fed est restrictive ?
05:18 Est-ce qu'elle l'est suffisamment ?
05:20 Et est-ce que le seul facteur temps, c'est-à-dire maintenir les taux à ces niveaux as long as needed pendant encore quelques temps,
05:27 est-ce que ça suffit à rendre la Fed confortable ?
05:31 Puisque visiblement, elle ne l'est plus.
05:33 Alors on commence à avoir une partie de l'économie américaine qui est impactée par ces taux réels plus élevés,
05:38 qui sont les ménages avec les plus faibles revenus,
05:41 parce qu'on a une grande partie de leur passif qui est en taux variable, qui est près de la consommation,
05:46 et les cartes sur les cartes de crédit sont à 20%,
05:49 donc eux, ils subissent de plein fouet les hausses de taux.
05:52 Et aussi, on voit aujourd'hui les défauts sur les cartes de crédit, les pré-automes, on tourne autour de 8.
05:56 Et les entreprises les moins bien notées, les entreprises 3C.
06:00 Et on voit aussi dans les enquêtes NFIB sur les petites entreprises,
06:04 on voit que ça commence à souffrir un peu.
06:07 Donc on a les hausses de taux réelles...
06:11 Les parties les plus fragiles de l'économie et du marché commencent à souffrir, les plus vulnérables.
06:16 Donc maintenant l'idée c'est, mais je pense qu'il va falloir quand même rester dans une période des taux élevés plus longtemps,
06:21 pour que l'impact de ces taux arrive à faire baisser l'inflation,
06:25 parce qu'on a quand même une réaccélération de l'inflation depuis le début de l'année.
06:28 - Le momentum effectivement repart à la hausse.
06:31 Quand Jérôme Pouel, Sébastien, nous dit que les taux resteront à ces niveaux "as long as needed",
06:36 est-ce que ça peut se traduire en langage simple,
06:39 notre scénario de base à la Fed est en train de basculer vers zéro baisse cette année ?
06:44 - Non, il a basculé. - Il a basculé ?
06:46 - Jérôme Pouel il a basculé. Il nous l'a dit il n'y a pas si longtemps,
06:50 c'est-à-dire début à la fin de l'année dernière,
06:53 que c'est lui qui s'est engagé aux baisses des taux.
06:56 Il a dit "en fait le scénario ne se passe pas exactement comme je l'avais prévu".
07:01 Il n'empêche que, moi je ne sais pas si l'inflation est en train de réaccélérer,
07:05 c'est vrai qu'il y a quelques mesures, il l'a dit,
07:08 sur trois mois, six mois, les gens ont ressorti ces gens de mesures.
07:12 - Parce qu'il a même mis le nez dessus.
07:14 - C'est lui qui nous a mis le nez dessus.
07:16 Il n'empêche que la tendance c'est quand même pour que l'inflation décélère.
07:21 Évidemment une grosse partie de cette décélération tient à ses effets temporaires.
07:26 On a eu plusieurs petits chocs énergétiques.
07:29 Les problèmes géopolitiques heureusement semblent s'apaiser.
07:32 Le pétrole baisse, ça sera une bonne nouvelle pour l'inflation "headline" comme on dit.
07:37 Donc moi je pense que la tendance c'est bien là.
07:40 Le problème c'est la vitesse avec laquelle ça décélère.
07:43 Et c'est vrai qu'une économie qui reste robuste pourrait, encore une fois,
07:48 mettre plus de pression sur les salaires.
07:50 Il n'empêche que si la situation ou l'attention sur le marché de l'emploi
07:54 était aussi forte qu'au début de la sortie de pandémie,
07:59 on aurait toujours un taux de chômage peut-être encore plus bas.
08:03 On aurait toujours des gens sur le marché du travail
08:06 qui quittent très rapidement l'emploi.
08:12 Et ce n'est pas le cas.
08:13 Donc il y a quand même des mesures qui montrent que les choses s'apaisent.
08:16 Même les salaires décélèrent par rapport à où on était.
08:20 Une des raisons c'est l'inflation.
08:21 Il y a une sorte d'indexation et c'est normal.
08:24 Donc je pense qu'on va dans la bonne direction.
08:27 On est toujours sur le bon chemin.
08:28 On est sur le bon chemin mais nous on l'a toujours dit.
08:31 Nous on était des hauques de l'inflation depuis très longtemps.
08:35 Nous on pense que l'inflation va dans le bon sens.
08:37 Il n'empêche que le fait que l'économie résiste,
08:40 la lenteur va être encore plus importante.
08:42 Et donc il faut être plus prudent.
08:44 Il n'empêche que les taux réels sont élevés puisque l'inflation décélère.
08:49 Donc nous notre idée c'est qu'il faut soulager un peu cette tension sur les taux.
08:55 Les taux longs ont monté.
08:57 Alors évidemment il faudra voir si l'économie réelle réagit un petit peu ou décélère.
09:02 Ou si l'inflation converge.
09:04 Est-ce que ça sera magique ?
09:05 Nous on n'a jamais cru que c'était magique la fameuse inflation un peu immaculée.
09:11 Il n'empêche qu'il se peut qu'on ait ça.
09:14 Sur la partie budgétaire, heureusement les choses se calment un peu.
09:18 Le déficit va être presque un petit peu moins important que l'année dernière.
09:22 Mais autour de 7%. Il était près de 8% un peu moins l'année dernière.
09:28 Donc ça va être moins puissant que l'année dernière.
09:30 L'année dernière on a eu une stimulation budgétaire qui a été extrêmement puissante aux Etats-Unis.
09:35 Alors que nous on n'a rien eu en Europe.
09:37 C'est une partie de l'exceptionnalisme américain qui vient de là.
09:39 Donc nous on croit à cette tendance.
09:41 Mais est-ce que pour la Fed, qui a besoin d'être confiante comme dit Powell,
09:46 pour que la tendance aille vers 2%, ça va prendre plus de temps ?
09:51 Il n'empêche, il ne faut pas oublier, pour la Fed,
09:54 dans son modèle ou la façon dont ça fonctionne, les marchés c'est important.
10:00 Et décevoir de trop les marchés est un problème pour la croissance américaine.
10:05 Donc un geste qui irait dans le bon sens, moi ça me semble naturel de la part de la FED.
10:11 Elle peut trouver la justification encore qui lui permettrait d'initier au moins un mouvement au cours des prochains mois ?
10:19 Si la décélération de l'inflation se poursuit même de façon au compte-goût,
10:24 chaotique, elle pourrait ajuster sa politique de 25 points de base.
10:30 S'il le fait en juillet et attend septembre pour en faire une autre, il n'y aura que deux.
10:36 Et il faut se rappeler, il y a quelques mois, on était à 6-7 par le marché.
10:40 Donc ça va vite, ça va très vite.
10:42 Ça peut changer très vite.
10:44 Il n'empêche que c'est vrai, on est au niveau mondial, dans une reprise notamment du secteur industriel,
10:49 ce qui est positif. On ne le voit pas dans les prix des biens, ce qui est plutôt quelque chose de positif.
10:55 Ça va commencer à se voir et les choses vont se stabiliser.
10:58 Ça sera aussi un problème pour la France.
11:00 Il n'y a plus de contribution des biens à la désinflation aujourd'hui ?
11:02 Pas aussi forte qu'avant.
11:04 Parce qu'on a nettoyé, il n'y a plus de gourets d'étanglement aussi fort.
11:07 Certes, il y a les problèmes en mer rouge, non rouge et noir.
11:13 Et donc ces choses-là semblent se soulager un peu aussi.
11:18 Donc moi je crois que la désinflation est bien entamée, mais elle va prendre beaucoup plus de temps.
11:24 Nous on a encore une inflation à plus de 2,5% en 2025.
11:29 Donc ça va être lent.
11:31 Ça ne veut pas dire que la politique monétaire doit rester comme ça.
11:35 Parce que là, ça va faire très mal pour la croissance.
11:38 Mais la fenêtre est un peu étroite.
11:41 Peut-être qu'elle va être fermée et que cette année, il n'y aura rien de la part de la FED.
11:45 Je pense que c'est le risque qui n'existait pas pour les marchés il n'y a pas longtemps.
11:49 Et c'est l'un des éléments qui fait souffrir un peu le marché.
11:52 L'ajustement qu'on a eu, rappelez-vous, on n'a pas eu des ajustements de 2% depuis je ne sais pas combien...
11:59 Là on a fait 4 sur le...
12:01 Au moins 5 mois, oui.
12:03 Le fait que pour plusieurs raisons, et commencées par des raisons économiques, macro-économiques,
12:09 la FED soit obligée de retarder encore ses baisses de taux assurantielles,
12:13 c'est comme ça qu'elles étaient présentées,
12:15 est-ce que ça maintient quand même l'idée que l'économie américaine peut atterrir doucement,
12:19 si elle doit atterrir ?
12:21 Ou est-ce que au fur et à mesure qu'on reporte ces baisses de taux,
12:25 est-ce que ça recrée un risque de lending un peu plus difficile ?
12:30 C'est vrai qu'on ne sait pas trop comment ça se fait que l'économie continue à accroître
12:34 à ce que tout le monde pense et au-dessus du potentiel.
12:37 La croissance américaine était considérée...
12:39 Là on a eu toute une série d'arguments hyper solides.
12:42 Et elle est toujours... Et on l'a depuis l'année dernière.
12:46 L'année dernière, non mais l'année dernière, et on vit encore là-dessus,
12:49 on a eu une impulsion budgétaire extrêmement forte.
12:52 Je pense qu'elle va commencer à...
12:54 C'est le facteur essentiel.
12:56 Le reste, je pense, est beaucoup moins important.
12:59 Et cette dynamique, elle peut être porteuse.
13:02 Et on va voir si l'inflation s'arrête de décélérer,
13:05 voire on a une accélération sur un point.
13:08 Les services, la fête ne peut pas baisser ses taux.
13:11 - Comment vous regardez la situation, et notamment du point du démarché des actifs risqués ?
13:15 Est-ce que l'ambiance est en train de tourner depuis quelques semaines maintenant ?
13:21 Sachant qu'au premier trimestre, les taux longs pouvaient remonter,
13:25 mais c'était toujours vécu comme une bonne nouvelle pour les marchés actions notamment,
13:29 parce que derrière la remontée des taux longs, il y avait justement plus de croissance.
13:33 On révisait à la hausse la croissance américaine de 1 à 2, quasiment, grosso modo, pour le consensus.
13:38 Là, est-ce que l'histoire est en train de changer avec des taux longs à 4,50, 60, 70 ?
13:44 - Non, pour l'instant, je ne pense pas qu'il y ait de gros changements.
13:47 Le marché reste focalisé sur la croissance, on l'a bien vu.
13:51 Même si on a eu une remontée des taux, le point bas qu'on a eu au mois de décembre jusqu'à aujourd'hui,
13:56 les valeurs de croissance qui, normalement, sont les plus sensibles à la remontée du taux d'actualisation,
14:01 c'est celles qui ont le plus performé, parce que c'est celles qui ont le plus de croissance.
14:04 Donc là-dessus, je pense qu'il n'y a pas de vrais changements,
14:09 en tout cas sur la partie des marchés actions, évidemment, il n'y a pas de soucis particuliers.
14:14 D'ailleurs, on en reparlera, mais on voit qu'on reparle de l'IPO, même en Europe, l'introduction en bourse.
14:19 Donc on voit qu'il y a de la pétence.
14:21 Les marchés ont certes corrigé un petit peu, mais on reste quand même sur des niveaux qui sont tout à fait élevés.
14:29 Et si on regarde la prime de risque du marché actions, sur l'Europe, il n'y a pas de choses anormales,
14:33 mais sur les États-Unis, on est sur des niveaux qui nous rappellent il y a une vingtaine d'années.
14:38 Alors certes, ce n'est pas les mêmes sociétés, il n'y a pas les mêmes niveaux de résultats, etc.
14:42 Mais la prime de risque actions a quasiment disparu aujourd'hui sur le marché américain.
14:47 Oui, c'est ça. L'obligataire y hile de plus que les actions aux États-Unis aujourd'hui.
14:52 Exactement. Et c'est cet effet croissance qui joue, parce que de toute façon, il n'y a que deux choses qui peuvent l'expliquer.
14:56 Soit on pense que les taux vont baisser trop vite, on est tous d'accord pour dire que ça va être compliqué.
15:00 Et donc la seule solution, c'est qu'il y a une croissance qui est très forte.
15:04 Ça se voit d'ailleurs dans les attentes de résultats sur le premier trimestre.
15:08 L'essentiel de la croissance d'IPS aux États-Unis sont les grandes valeurs.
15:12 Sur certains secteurs, on est à +20 sur le secteur des technologies d'information.
15:16 Si on retire Nvidia, on n'est plus qu'à +9.
15:19 Donc c'est des effets qui sont colossaux. Massifs.
15:22 Donc il y a des marchés qui sont vraiment distordus.
15:25 Ça se voit aussi d'ailleurs dans les performances.
15:28 Si vous avez un S&P 500 ou un S&P 500 Equal Weight, etc., les performances ne sont plus du tout les mêmes.
15:33 Donc globalement, on ne voit pas de bulge de marché action.
15:37 Sur le marché obligataire, je dirais qu'ils sont encore plus spécialistes que moi sur le sujet tous les deux.
15:42 Mais globalement, nous on est plutôt à se dire que sur ces niveaux-là,
15:46 commencer à reprendre ne serait-ce que pour des raisons de portage, ce n'est pas idiot.
15:51 On ne croit pas à une hausse des taux pour le coup. On ne croira non plus aux trois baisses.
15:55 S'il y en a une cette année, je pense que ce sera bien.
15:59 Parce qu'en plus, il va y avoir l'effet électoral. On n'en a pas parlé, mais selon la personne qui est élue,
16:04 si c'est Donald Trump, il peut remettre une couche.
16:07 Il veut baisser le taux d'imposition des sociétés.
16:10 Il veut éventuellement refaire plus de dépenses budgétaires.
16:13 Refermer les vannes de l'immigration.
16:15 Le protectionnisme, les salaires.
16:18 Quand on regarde aussi l'utilisation des enveloppes sur la partie budgétaire,
16:23 on est loin d'avoir tout vu quand même sur les différents plans de relance.
16:27 Donc tout ça fait qu'il n'y a pas vraiment de raison de baisser les taux,
16:31 si ce n'est des questions de crédibilité politique ou que sais-je.
16:34 La situation européenne, évidemment, est un peu différente.
16:38 - C'est intéressant le point. Vous dites là, pour les marchés actions,
16:43 tant que la Fed est en capacité de délivrer à un moment une recalibration de sa politique monétaire,
16:52 que l'inflation soit à 2,5, 3...
16:56 - L'inquiétude principale, c'était le coût de refinancement et la sous-performance des small limit cap.
17:02 Ils sont plus sensibles à ça, ça c'est clair.
17:05 - On l'a vu la semaine dernière.
17:06 Dès que c'est un peu trop chaud sur l'économie américaine, moins de baisse de taux, boum, c'est compliqué.
17:10 - Donc ça c'est de partir de la cote oui.
17:12 Par contre sur les large cap, finalement, tant que la...
17:15 Et on le voit d'ailleurs sur le niveau des marges.
17:17 Globalement, les marges tiennent bien, même dans un environnement avec beaucoup d'inflation.
17:21 Il y a eu beaucoup de pricing power.
17:23 Et c'est ça aussi qui avait surpris... On recule un petit peu, mais...
17:27 Ça qui avait surpris, quand personne ne s'attendait à ce que les sociétés soient quand même d'encaisser de tels niveaux d'inflation.
17:33 Et finalement, ça s'est plutôt bien passé.
17:35 - Avec peut-être même le retour des volumes, je ne sais pas, une publication comme Danone aujourd'hui,
17:39 nous signale qu'il y a des effets prix, toujours bien sûr, les marges sont fortes,
17:44 mais il y a aussi du volume qui revient maintenant.
17:46 - Bon ça, il faut quand même pondérer un petit peu ça, puisque Danone c'est un cas un peu particulier, mais...
17:51 - On ne peut pas généraliser à partir du cas d'un an.
17:53 - Non, regardez, tu vois, je ne sais pas, on va prendre une blue chip comme Nestlé,
17:56 qui a toujours été adorée dans les portefeuilles, vous voyez sa performance sur les derniers trimestres,
18:00 c'est quand même très très compliqué.
18:02 Donc voilà, là-dessus, un peu plus de modération,
18:06 mais globalement, si vous êtes très international, vous avez un bilan sain, tout va bien.
18:11 - Bon, effectivement, pour l'instant, je ne sais même pas si on a baissé de 5% sur les grands indices.
18:15 À peine, c'est 3-4% de baisse peut-être depuis le début du mois.
18:19 Valentine, bien sûr, puis je veux bien qu'on aborde quand même la question BCE versus Fed.
18:23 Si la Fed en est à ne pouvoir délivrer qu'une ou deux baisses de taux,
18:28 qu'est-ce qui se passe pour la BCE, voire zéro pour la Fed ?
18:31 - Je pense que ce qui était intéressant de voir, c'est que les hausses de taux,
18:35 le retour à des taux élevés a matérialisé les déséquilibres qui ont été créés par une décennie de taux bas.
18:41 Et ça, c'est ce qu'on voit maintenant.
18:43 Les grandes, les large caps versus les small caps,
18:46 les entreprises qui ont accès au marché versus les entreprises qui n'ont pas accès au marché,
18:50 les ménages qui ont accès à du crédit immobilier,
18:53 les ménages aisés qui bénéficient de l'effet richesse positif
18:56 versus les ménages qui sont endettés juste sur du crédit conso.
19:00 Donc, on a vraiment aujourd'hui des déséquilibres, une accélération entre les déséquilibres.
19:05 Et ça, c'est vraiment le résultat de cette décennie de taux bas.
19:08 - C'est le miroir, effectivement, de cette décennie de taux zéro.
19:11 - Il faut vraiment garder à l'esprit que toutes ces questions qu'on se pose aujourd'hui
19:15 et pourquoi est-ce que l'impact n'est pas aussi fort,
19:17 on sort d'une décennie de taux ultra bas où il y a eu énormément et encore énormément de liquidités.
19:23 Et ça, c'est encore à prendre en compte.
19:25 Donc, les taux aujourd'hui impactent l'économie, je reste persuadée de ça.
19:29 Je ne pense pas que l'impact des taux soit derrière nous, comme sur certains scénarios sur le marché.
19:34 Mais par contre, le décalage avec lequel les taux impactent l'économie
19:37 est beaucoup plus long que ce à quoi on s'attendait.
19:40 - Qu'en est-il du côté de la Banque centrale européenne ?
19:43 Je crois qu'elle a préacte qu'il y a peu de chances que la Fed puisse baisser peut-être ses taux en juin.
19:48 C'est encore ouvert, personne n'a été définitif là-dessus à ce stade.
19:53 Mais qu'est-ce qu'il advient de la Banque centrale européenne,
19:56 si elle doit être solo pour quelques mois ?
19:59 - La BCE, la BOE... - Oui, la BCE, bien sûr, mais toutes les autres.
20:03 - Elle n'est pas seule dans ce dinton qui vont regarder la Fed et qui vont faire...
20:06 - Les Suisses sont déjà parties, eux, par exemple.
20:09 Les Suisses sont déjà parties.
20:10 - Qui vont devoir faire... On va devoir baisser nos taux alors que la Fed ne les baisse pas.
20:14 - Oui. - Quid de la devise.
20:16 Donc oui, ça va être très, très challenging pour la BCE.
20:21 Ce qui est amusant de voir, c'est que l'économie européenne est quand même
20:24 dans une dynamique qui est vraiment différente de celle de l'économie américaine,
20:28 même si les surprises économiques sont positives.
20:30 On n'a absolument pas les mêmes révisions à la hausse de la croissance européenne.
20:33 - Non. On a passé un point bas, mais on n'est pas en phase de décollage.
20:37 - On est surpris à la hausse. Le secteur des services tient bien.
20:40 L'économie européenne bénéficie des revenus réels positifs,
20:43 d'un secteur des services qui tient, d'une consommation qui tient.
20:45 Mais la différence, c'est l'impact des taux sur l'activité du crédit
20:51 est beaucoup plus fort et beaucoup plus rapide en Europe qu'aux États-Unis
20:55 parce qu'en Europe, comme je l'avais dit précédemment, on dépend du crédit bancaire.
20:59 80 % de l'activité de crédit se fait via les banques.
21:03 Et on voit que, contrairement aux États-Unis, on a toujours une expansion du crédit.
21:06 En Europe, on a une contraction du crédit.
21:09 - Parce qu'il n'y a pas de demande.
21:11 - Aussi, parce qu'il n'y a pas de demande.
21:13 - Il n'y a pas de demande, mais il n'y a pas de demande pourquoi ?
21:15 - Les conditions dans le dernier bank lending survey, je crois,
21:17 les conditions d'octroi se sont un peu détendues,
21:20 mais ça ne relance pas pour autant la distribution.
21:24 - Alors moi, j'aime bien qu'on dise qu'il n'y a pas de demande,
21:26 mais quand on regarde le niveau des taux, on peut comprendre pourquoi il n'y a pas de demande aussi.
21:30 Donc il y a des taux, quand même, des coûts de financement qui restent extrêmement élevés.
21:34 Et on voit que la demande continue de se contracter.
21:37 Et là, je pense que c'est pour ça que la BCE est très motivée pour bâtir la BCE.
21:41 - Et alors, quelle marge de manœuvre ils ont s'ils doivent compter sans la Fed au moins pour quelque temps ?
21:46 - Nous, on reste toujours dans un scénario où la Fed pourrait quand même baisser ses taux.
21:50 Mais si on bascule dans ce scénario pas de baisse de taux,
21:53 je pense qu'on va devoir considérablement revoir à la baisse le nombre de baisse de taux.
21:57 - Forcément, il y a un impact.
21:58 - Oui, sur le change.
21:59 Et surtout si on a des tensions sur le prix de l'énergie avec le risque géopolitique.
22:03 Il y a des tensions qui peuvent être sur l'inflation importée.
22:05 Donc ça, ça reste un risque.
22:07 Et après, moins de baisse de taux, ça veut dire plus de risque sur la croissance l'année prochaine.
22:11 - Quelle marge de manœuvre pour la BCE si la Fed est encore un peu plus sur la retenue dans les prochains mois ?
22:17 - Moi, je pense qu'elle a pas mal de marge de manœuvre.
22:19 Quand je dis pas mal, c'est effectivement par la devise.
22:24 On voit bien, dès qu'il y a eu une Fed qui nous a dit qu'elle peut-être ne baissait même pas les taux,
22:30 ou les baissait de façon plus graduelle, le change est parti très vite.
22:35 Le dollar est pas à son plus haut, mais avec le Yen, il y a...
22:39 - Oh bah oui !
22:40 - Avec le Yen, pas mal de devise, oui.
22:41 - Mais pas avec l'euro.
22:42 Non mais donc la Fed, la BCE va prendre en compte.
22:44 Mais moi, je pense toujours que la BCE va baisser ses taux en juin.
22:48 D'abord parce que c'est plus annoncé même que ce que la Fed a dit de ne pas les baisser.
22:53 - C'est dit explicitement par Villeroy aujourd'hui.
22:55 - Une fois encore.
22:56 - Le 6 juin, on baisse, et moi, il dit je suis ouvert à une baisse chaque meeting après le 6 juin.
23:01 - Oui, lui, il est assez agressif là-dessus, c'est pas le seul, mais il est vraiment dans le camp des colombes, comme on dit.
23:09 Mais je pense que le raisonnement vient justement de ce point sur l'état de deux économies.
23:15 C'est-à-dire que nous, ça fait un an et demi qu'on stagne.
23:18 Et donc, il y a, comme le disait Leyne, nous, on a quand même souffert.
23:23 C'est-à-dire que l'Europe a souffert dans cet ajustement.
23:26 Il y a beaucoup de catégories qui ont souffert.
23:28 Nos entreprises ont bénéficié de la croissance européenne.
23:31 Les entreprises qui se sont très bien comportées pendant cette période, c'est celles qui exportaient ailleurs,
23:39 et non pas celles qui vendaient en Europe, ou certaines qui ont maintenu leurs marges.
23:43 Beaucoup ont réussi, notamment les grosses, à augmenter leurs marges.
23:47 Donc, cette douleur, je pense qu'on le voit dans cette désinflation, reste une viscosité malheureuse
23:55 et qui fait mal dans les services, et qui est liée sur ces pressions salariales qui restent ici et là.
24:01 Mais je pense que la tendance est bonne.
24:03 Et encore une fois, vu ce qu'il se passe au niveau du crédit, je pense que la BCE n'était pas contente de voir le dernier rapport,
24:09 même si les anticipations étaient pour une amélioration, notamment de la demande,
24:14 plutôt des côtés des ménages que des entreprises, justement.
24:17 Et la BCE sait que, même si elle dit que les "data-dependent",
24:22 si elle est un peu "forward-looking", il faut soulager un peu ce plateau de la politique monétaire.
24:27 Je pense qu'en juin, c'est très bien.
24:29 En revanche, 3 au maximum, si on n'a que 2, aux Etats-Unis, voir si on n'en a pas.
24:35 On ne peut pas aller beaucoup plus loin.
24:37 - La limite est là.
24:39 - Oui, parce que là, gérer le change, le tumulte qui amènerait le change,
24:44 pour l'instant, les Japonais ne font rien.
24:46 On était à 154, je crois, contre le...
24:49 - Oui, oui, oui.
24:51 - Donc, il faut quand même que...
24:53 Les Japonais ont beaucoup parlé, mais ils n'ont rien fait.
24:55 Donc, il faut être prudent.
24:57 Et au niveau du marché actions, je pense que là, on est en convalescence.
25:02 Moi, je continue à penser qu'on aura une correction à un certain moment,
25:06 parce qu'on a quand même anticipé trop de belles choses.
25:10 Alors, il y a beaucoup de l'IA, etc.
25:12 Je pense que dans les small cap, et si la BCE fait quelque chose,
25:16 on va avoir des gens qui vont réussir à avoir un peu plus de demande, à corriger.
25:21 Ils se sont quand même ajustés au cours de la période.
25:24 Et je pense que c'est plutôt une bonne nouvelle pour l'Europe.
25:26 - Il y a quand même une logique de retour à la moyenne, vous dites, pour des segments de marché qui...
25:29 - Si. Si. Si.
25:31 Si la BCE baisse et soulage un peu l'accès au crédit.
25:34 Et si les données, les quelques petites données qu'on a sur la demande européenne,
25:39 pour des small cap qui sont moins internationales,
25:43 et qui ont besoin de la demande ici,
25:45 je pense que ça peut mieux se passer.
25:47 Mais il faut être un bon stock picker pour choisir qui on prend dans son panier pour pouvoir performer.
25:55 - L'intérêt, c'est que la cote small et mid cap en Europe,
25:58 elle a aussi des boîtes de grande qualité,
26:01 peut-être plus d'ailleurs que sur un resolde 1000 américain,
26:04 profonde, liquide, bref,
26:06 c'est peut-être une des plus belles cotes au monde, small et mid en Europe.
26:10 Baisse de taux de la BCE, if, si, partons de cette hypothèse,
26:15 oui, typiquement c'est le genre de segment de marché qui en profitera, Julien ?
26:19 - Oui, en toute logique, par rapport à tout ce qu'on a dit avant.
26:21 Si on reprend un peu de croissance en Europe,
26:24 des coûts de financement qui baissent un peu, c'est assez évident.
26:27 Après, il y a aussi des, je sors un peu de la logique économique et des logiques quand même techniques,
26:32 c'est que tout le monde en fait des ETF,
26:35 tout le monde achète les mêmes boîtes,
26:37 les très grosses, parce que c'est liquide, c'est facile, je rentre, je sors, etc.
26:41 C'est les boîtes de méga trend.
26:43 Et donc il y a quand même ce phénomène-là qui est extrêmement fort.
26:47 Tous les sujets du gouvernement,
26:50 comment est-ce qu'on fait pour financer les plus petites valeurs, etc.
26:53 Retrouver de l'intérêt, les levées de boucliers aussi des gérants.
26:56 - On est bien sur Nifid 2.
26:58 - Non mais enfin, si on veut des idées, si ils veulent des idées, on peut en donner.
27:03 - C'est sûr qu'on peut compléter un mandat de gestion avec tout un tas de documentation.
27:09 Il faut avoir le cœur bien accroché.
27:11 - Il y en a plein, moi j'en entends plein des idées pour raviver le marché.
27:14 - C'est sûr, mais globalement oui.
27:15 - Non mais vous dites, il y a quand même des facteurs techniques et même réglementaires,
27:18 qui ont quand même cassé quelque chose dans ça.
27:20 - Et Value for Money aussi, qui a rajouté, enfin on sort du sujet.
27:23 - Oui, oui, mais non.
27:24 - Globalement, la gestion active, en plus, elle a plutôt sous-performé,
27:28 parce qu'elle est plus mid en moyenne que les fonds en très large cap.
27:32 Donc du coup, elle se fait sortir des référencements.
27:35 - Cercle vicieux.
27:36 - Les fonds de fonds, ils disent, il faut que je baisse mes frais,
27:39 donc je n'ai pas 50 solutions, il faut que je mette plus d'ETF dans mon fonds.
27:43 Et en fait, il y a plein de facteurs techniques qui rajoutent des couches
27:47 et qui font que globalement, aller sur les small et les mid, c'est compliqué.
27:52 Ce qui n'empêche pas que les boîtes sont très belles.
27:54 Et après, on pourrait se dire, le catalyseur serait de voir des VCs sortir les sociétés de la cote.
28:00 Ce serait ça, ce que tout le monde attendrait comme catalyseur.
28:03 Bon, ils ont un problème aussi de sortie, même sur certains de leurs fonds.
28:07 Donc pour l'instant, ce n'est pas très clair.
28:08 On a même six VCs qui veulent s'introduire en bourse.
28:11 Donc bon, voilà, c'est un peu le paradoxe.
28:13 - Grande firme de private equity britannique.
28:15 - Exactement.
28:16 Donc globalement, oui, sur l'idée des small et mid,
28:18 mais je pense que les investisseurs vont avoir quand même du mal à y aller.
28:22 Après, il y aura toujours les effets comme cette année, à la fin de l'année,
28:26 les phénomènes de flux, il y a conflux en fin d'année, on réalloue nos portefeuilles.
28:30 Ça se sous-performait, donc on en remet un peu.
28:32 Comme ce n'est pas liquide, tout de suite, ça remonte.
28:35 Après, il y a d'autres segments comme l'immobilier coté aussi,
28:39 qui serait évidemment un gros bénéficiaire,
28:41 qui a bien remonté en fin d'année quand ça s'est un peu emballé sur les taux,
28:45 qui a recorrigé un petit peu.
28:47 Et c'est vrai qu'il y a des décotes sur ANR qui sont quand même,
28:50 il faut choisir bien sûr le segment, etc.,
28:52 mais il y a des décotes sur ANR qui sont extrêmement importantes.
28:55 Et c'est vrai que si on compare même avec les baisses qu'on a vues sur les SCPI,
28:58 même si ça fait crier certains investisseurs,
29:00 on a des décotes quand même qui sont nettement...
29:02 - Bien plus larges, bien sûr.
29:04 - Et souvent pour des actifs de meilleure qualité en plus.
29:06 - Ah oui, d'accord.
29:07 - Donc oui, ça, ça peut être des segments qui seront bénéficiaires.
29:11 Et en plus, comme on le disait, il y a des segments assez étroits en termes de liquidités.
29:15 Tiens, puisqu'on parlait des marchés de capitaux,
29:18 donc il y a quand même un succès aujourd'hui,
29:20 c'est l'arrivée de Planistware sur le marché d'Euronext à Paris, Julien.
29:25 J'ai du mal à imaginer qu'UniRondel fasse tout le printemps,
29:29 mais il faut quand même se réjouir que plus de deux ans après OVH,
29:34 deux ans après Beliv, on ait quand même une nouvelle boîte de tech qui...
29:38 - Beliv qui a quitté la côte en plus.
29:40 - Ben oui, non mais...
29:42 - Alors non mais, très bon point.
29:45 Est-ce que vous retenez Planistware ou est-ce que vous retenez Beliv
29:48 qui deux ans après son introduction en bourse sort de la cote 20% moins chère
29:52 qu'elle n'y était entrée, Julien ?
29:55 - Oui, bon après c'est...
29:56 - Ah ben c'est vous qui le mettez sur la table, moi j'adore le sujet, donc...
29:59 - Déjà Beliv, c'était en tout cas un modèle économique avec des avantages et des inconvénients,
30:05 mais pas forcément extrêmement robuste.
30:07 - Ben le plan de marche a été délivré quand même sur les deux ans.
30:10 - Oui, mais il faut qu'on compare avec les gros acteurs à un niveau...
30:14 - Ok, ok, ok.
30:16 - Bon moi en tout cas je ne suis pas convaincu du dossier.
30:18 - Dès le départ je crois qu'il y a eu un quiproquo sur ce qu'il faisait, le modèle, etc.
30:22 - Exactement.
30:23 - Peut-être que ça a été mal communiqué, peut-être que les investisseurs ont mal compris,
30:26 peut-être que c'est les deux, etc.
30:27 - Bon la bonne nouvelle c'est qu'on a une valeur tech.
30:29 - La bonne nouvelle c'est Planistware.
30:30 - C'est qu'on a une valeur tech qui s'introduit,
30:33 qui s'introduit, alors ils ont tapé le bas de fourchette qu'ils avaient annoncé au mois d'octobre,
30:38 ça a rebondi, la valorisation est bonne, donc ça c'est une bonne nouvelle.
30:42 Est-ce qu'on va enfin arriver à attirer quelques valeurs technologiques sur les bourses européennes,
30:47 notamment à Paris ?
30:49 Il faut l'espérer, parce que c'est quand même un de nos gros sujets,
30:52 parce qu'évidemment il y a le luxe,
30:55 mais ce serait bien qu'il y ait un peu d'autres secteurs sur lesquels on puisse en tout cas avoir...
30:59 - L'innovation au sens large j'ai envie de dire.
31:01 - Oui.
31:02 - Je ne veux pas résumer ça à de la...
31:03 - Oui.
31:04 - L'innovation quoi.
31:05 - Alors l'autre...
31:06 - La seule chose la bourse, c'est financer l'innovation.
31:08 - D'ailleurs l'autre introduction en bourse qui n'a pas marché,
31:10 c'est la distribution automobile, Astara, l'Europe espagnole.
31:13 - Qui a coupé le projet d'ailleurs.
31:15 - C'est ça, le projet complètement.
31:17 Douglas qui est revenu aussi sur du traditionnel,
31:20 vente de parfum, bon...
31:22 - Ça n'a pas marché.
31:23 - C'est compliqué.
31:24 C'est des gens qui étaient en bourse, qui étaient sortis, qui sont revenus.
31:27 Je pense que les gens,
31:29 de toute façon déjà les investisseurs veulent des valeurs avec vraiment...
31:32 même s'ils ont un peu de croissance,
31:34 je suis un peu excessif, mais ils veulent des valeurs de croissance structurelle
31:37 et on a besoin d'avoir de plus en plus ce genre de valeurs.
31:40 Et je pense que globalement les investisseurs européens sont très demandeurs
31:43 puisque vous regardez les portefeuilles, tout le monde a beaucoup d'ASML,
31:46 notamment, dans tous les portefeuilles quasiment c'est la première ligne.
31:50 C'est un des plus gros poils l'indice,
31:52 mais aussi parce qu'on manque de profondeur pour des valeurs technologiques tout simplement.
31:56 Et donc tout le monde achète, dès qu'il y a quelque chose de...
31:58 à peu près en tout cas avec une bonne visibilité et assez gros sur la tech,
32:01 tout le monde y va.
32:02 Est-ce qu'il faut que les particuliers participent,
32:05 puissent participer à ces opérations ou est-ce que,
32:07 ce qu'on m'a expliqué aussi,
32:09 de mettre les particuliers de côté au moment de l'opération,
32:13 ça permet aussi parfois d'aller plus vite sur l'opération,
32:18 de moins traîner, de moins être obligé de rediscuter ou renégocier du prix
32:22 et donc typiquement Planistware s'est fait visiblement sans les particuliers, je crois, Julien.
32:27 Le sujet de savoir si on a envie qu'il y ait plus d'investisseurs particuliers ou pas,
32:32 c'est un sujet... je n'ai pas la réponse personnellement,
32:35 mais en tout cas, soit ils doivent être au primaire
32:38 ou est-ce qu'il faut qu'on les attende à un autre moment peut-être de la vie de l'entreprise en bourse ?
32:42 Moi je pense que globalement...
32:44 Ça implique des contraintes aussi, quand on veut avoir des particuliers dans l'opération primaire,
32:48 ça génère des contraintes qui font que l'opération est peut-être moins solide que s'il n'y avait pas de particuliers.
32:54 Globalement le primaire c'est quand même un exercice compliqué,
32:57 même pour des investisseurs institutionnels.
33:00 Par expérience, si au général vous êtes très bien servi, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle.
33:06 C'est pas bon signe !
33:08 Et donc du coup, dire aux particuliers "venez plutôt sur le secondaire",
33:12 à la limite je trouve que c'est peut-être plus raisonnable,
33:15 parce que très souvent le particulier a tendance dans son portefeuille à ne pas beaucoup diversifier.
33:21 Ce qui a d'écouter beaucoup de particuliers, c'est justement sur des opérations au primaire
33:25 où ils étaient à pâter et où ils se sont retrouvés effectivement le bec dans l'eau.
33:28 J'ai l'air que c'est souvent le discours qu'on a avec des clients privés quand on en rencontre,
33:32 c'est bien leur expliquer qu'on gère du risque et pas seulement de la performance.
33:36 Et eux souvent quand ils gèrent leur portefeuille, ils sont plus en mode "je vais faire la plus grande performance possible",
33:42 quitte à ce qu'il puisse se passer des petits accidents.
33:46 Intéressante parenthèse sur la manière dont les marchés fonctionnent.
33:51 Petit tour sur ce qui vous intéresse en matière d'investissement aujourd'hui dans la sphère obligataire.
33:57 Valentin, est-ce que vous préférez du US Treasuries ou du Govis européen dans la sphère souveraine ?
34:05 Et puis sur les marchés de crédit, ça s'est un peu réécarté,
34:09 est-ce qu'immédiatement ça devient des points d'entrée, c'est un "buy the dip" ou est-ce qu'on laisse courir un peu ?
34:15 Non, ce n'est pas un point d'entrée.
34:18 Mais néanmoins sur le crédit, je resterais constructive, en particulier sur tous les noms qui sont bien notés,
34:23 parce que les fondamentaux sont bons, que ce soit les fondamentaux des boites Investment Grades US ou européennes.
34:30 Après si on donne sur l'US Investment Grade, on va dire que les spreads sont vraiment tendues, sont chères.
34:35 Oui, mais si on regarde aujourd'hui les montants, les encours qu'il y a sur le marché monétaire, 6 trillions,
34:40 et que si la Fed commence à baisser ses taux, on va continuer, c'est ce qu'on observe depuis le début de l'année,
34:46 d'avoir des flux positifs sur la classe d'actifs.
34:49 On a des facteurs techniques aujourd'hui sur les marchés du crédit, pour les noms qui sont bien notés,
34:54 que ce soit l'Investment Grade, mais aussi les 2B, qui sont très très bons.
34:59 Et on n'est pas obligé d'aller dégrader la qualité justement ? Il n'y a pas beaucoup plus à gagner en dégustant ?
35:07 Il y a toujours plus à gagner en prenant plus de risques.
35:11 Oui, c'est la hiérarchie logique, mais est-ce que c'est un risque qui en vaut la chandelle ?
35:14 Comme ça a été très bien expliqué juste avant, nous ne se gérons pas que de l'affaire, nous gérons aussi du risque.
35:21 Et voilà, là tout a été dit, et je pense qu'aujourd'hui si on rentre, il y a quand même un risque.
35:26 Après on a évoqué de rentrer dans un environnement où les taux restent plus élevés plus longtemps,
35:30 on voit que ce risque va forcément peser de façon assez importante.
35:34 C'est ce que vous disiez, sur les parties les plus vulnérables.
35:36 Et si aujourd'hui on regarde les défauts sur le yield, les défauts restent concentrés sur les 3 C,
35:42 il n'y a pas de très peu de défauts pour l'instant sur le simple B.
35:45 Ça ne se diffuse pas ?
35:46 Non, ça ne se diffuse pas. Pour l'instant c'est vraiment une histoire de petites et moyennes entreprises,
35:50 d'entreprises avec des niveaux d'endettement élevés et surtout sur des maturités courtes.
35:54 Mais par contre si on reste dans un environnement où les taux vont rester plus haut plus longtemps,
35:58 évidemment que le stress va se diffuser.
36:02 Mais pour l'instant je dirais l'investment grec, que l'on soit dans ce scénario,
36:06 on peut peut-être avoir un peu plus de volatilité certes,
36:08 mais qu'on soit dans un scénario où les taux plus élevés plus longtemps,
36:11 aujourd'hui on a quand même des rendements qui sont...
36:14 Alors en spread c'est cher, mais en rendement c'est intéressant et les flux et les facteurs techniques sont très positifs.
36:19 Et sur du souverain, ça vaut le coup d'aller chercher de la duration ?
36:23 Sur la courbe américaine, quand on revoit les taux longs, 10 ans, au-delà de 4,50, 4,60,
36:28 il peut y avoir de l'appétit ? Il y a des clients qui peuvent avoir de l'intérêt pour verrouiller,
36:34 comme on dit, du rendement à ces niveaux-là ?
36:36 Ou est-ce que c'est encore très volatil, trop volatil ? Est-ce que ça effraie encore la clientèle ?
36:41 Alors par exemple si on veut se couvrir contre un risque de récession dans un portefeuille...
36:44 Pour une couverture alors, d'accord.
36:46 Après je dirais aujourd'hui c'est le moment peut-être de passer en termes de durations,
36:51 d'être plutôt neutre et de commencer à réfléchir.
36:54 Mais je dirais que c'est peut-être en façon tactique, c'est peut-être un tout petit peu trop tôt.
36:58 Je m'attends quand même qu'au cours des prochaines semaines...
37:00 Vous disiez que le marché va rester haut, c'est ça ?
37:02 On va quand même rester sur un fait qui va rester tranquille.
37:04 Très bas.
37:05 Par contre, je pense que je partage le point de vue de cette table,
37:07 je suis beaucoup plus confiante sur la trajectoire de l'inflation sur la zone euro
37:11 et sur le fait que la BCE va commencer à baisser ses taux au mois d'août.
37:13 Et donc là c'est pro-duration alors ?
37:14 Exactement, je suis beaucoup plus confiante sur une position de duration sur le marché européen.
37:19 Nous on est très diversifiés dans ce monde compliqué, on parle de géopolitique,
37:24 on parle de la direction que prend l'inflation et surtout les banques centrales.
37:28 Mais moi je trouve que les taux à ce niveau-là, au risque de se tromper,
37:33 pour les souverains, sont intéressants en tous les cas.
37:36 C'est loquer ces niveaux de taux sur des portefeuilles datés, etc.
37:43 Moi je trouve que c'est intéressant, on peut se tromper, ça peut aller un peu plus haut.
37:48 C'est intéressant pour un investisseur qui est sans contraintes de ce point de vue-là ?
37:51 Nous, et même le marché pense la même chose,
37:54 ils ont le taux terminal à 2-3 ans, c'est quoi ?
37:58 C'est 3,70, beaucoup plus élevé que ce que la Fed à 2,60.
38:03 Donc je trouve ça intéressant.
38:05 Nous on est très diversifiés sur tous les segments.
38:09 Sur le crédit, ça a été notre amour depuis le début d'être sur les banques.
38:16 D'être bancaire ?
38:19 Dans la partie risquée, et aussi sur l'investissement en graines, ça a très bien marché.
38:26 Il y a des segments intéressants.
38:29 Pareil, on va chercher quand même un peu de risque sur du triple C,
38:34 ou du C tout court qui est dégradé.
38:37 Mais parce qu'on pense que justement le modèle tient la route,
38:42 et on peut aller chercher un peu de guilde.
38:45 Je pense qu'aujourd'hui, vu ce qui se passe, vu l'incertitude,
38:49 il vaut mieux être vraiment diversifié.
38:52 Je pense que celui qui parie que ça va être toujours bien,
38:55 et que l'IA va tous nous porter vers l'avenir en chantant,
38:59 je pense que c'est une erreur.
39:01 Il vaut mieux être bien diversifié.
39:03 Nous on a, on voit, des poches dans lesquelles on peut être,
39:06 et essayer de chercher de la performance avec un risque toujours qu'il faut maîtriser.
39:11 - Qu'est-ce qui vous intéresse en matière de philosophie d'investissement,
39:15 de gestion des portefeuilles chez Taylor ?
39:18 - Très rapidement, sur la partie action évidemment,
39:21 puisque au moins sur cette partie-là, on est tous d'accord,
39:24 on a assez confiance sur la croissance, donc action américaine,
39:27 qui nous semble évidemment assez porteuse.
39:29 En cas d'élection, Donald Trump est protectionniste,
39:32 en plus on se dit que ce n'est peut-être pas idiot.
39:34 Si jamais il baisse les impôts, ce sera la cerise sur le gâteau.
39:37 - Répite de 2016 quoi !
39:38 - Exactement, donc ça là-dessus on a une conviction.
39:41 - Plus le dollar qui peut aider encore un peu plus.
39:43 - Donc là-dessus on a une conviction assez forte.
39:45 Et par contre sur les taux, effectivement oui,
39:48 la logique de baisse des taux sur la partie européenne est plus évidente.
39:51 Mais on se dit que ce n'est pas idiot non plus d'avoir un,
39:54 sur la partie US, pour aussi avoir de l'expo dollar,
39:57 au cas où la BCE se retrouverait obligée de baisser ses taux un peu plus rapidement.
40:02 Donc sur ce niveau-là, on commence à en embarquer pour le portage.
40:06 Là sur le portefeuille on n'y croit pas forcément,
40:08 mais on ne croit pas pour l'effet de vise.
40:10 Donc action, parce que là au moins ce sujet-là d'inflation,
40:14 ce n'est pas un vrai problème pour l'instant.
40:16 - Entre 2 et 4 % d'inflation, c'était maximal pour la valorisation des actions.
40:22 C'est le sweet spot.
40:24 - Vive de ça aussi les boites !
40:26 C'est l'un des meilleurs actifs pour se protéger de l'inflation.
40:33 - Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
40:35 Valentin Heynouz, Amundi Institute, Sébastien Paris-Sorvitz, LBPM,
40:39 Julien Kistrobert, Taylor Asset Management.

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