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Jeudi 28 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Véronique Riches-Flores (Présidente, RF Research) , Valérie Gastaldy (Stratégiste, DaybyDay) , Jeanne Asseraf-Bitton (Directeur de la Recherche et Stratégie, BFT-IM) et Xavier Laborde (CEO et cofondateur, Silex)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en
00:15direct à la télévision via vos box, émission que vous retrouvez chaque soir en replay sur
00:20bsmart.fr ou encore en podcast à l'heure qu'il vous plaira sur l'ensemble de vos
00:24plateformes préférées. Au sommaire de cette édition ce soir, les marchés américains
00:29en posent, ce qui permet aux actions européennes de souffler un petit peu, on va le dire comme
00:34ça, avec un petit rebond aujourd'hui pour les indices actions en Europe. Vous aurez
00:39le détail de cette séance avec Pauline Grattel dans un instant, séance qui aura été marquée
00:43par la publication des premières estimations d'inflation pour l'Allemagne notamment en
00:49attendant le chiffre pour la zone euro qui sera publiée demain, l'inflation en Allemagne
00:54qui ressort à 2,4% sur un an en données harmonisées et qui devrait permettre à la
00:58Banque Centrale Européenne de délivrer une baisse de taux d'au moins 25 points de base
01:03le 12 décembre prochain. Nous évoquerons évidemment l'enjeu pour la Banque Centrale
01:08Européenne et puis les enjeux de marché en l'absence des actions américaines, des marchés
01:13américains. Nous pourrons revenir sur la dominance, la domination sans partage des
01:18actions américaines au quasi terme de cette année 2024. Qu'est-ce que cela peut inspirer
01:22comme réflexion ? Est-ce que cette domination est justifiée par les fondamentaux économiques,
01:28par les événements politiques bien sûr qui ont marqué cette année 2024 ? Est-ce que
01:32ce schéma de domination des Etats-Unis sur l'Europe, sur le reste du monde est un schéma
01:38qui peut encore persister à travers l'année 2025 qui nous attend ? Dans une interview
01:43très politique donnée au Financial Times, Christine Lagarde livre ses recommandations
01:48pour mener la bataille face à Donald Trump et le risque de guerre commerciale réactivée
01:54par Donald Trump et sa reprise du pouvoir aux Etats-Unis. La stratégie ou la recommandation
02:01émise par Christine Lagarde est celle de la négociation plutôt que de la réplication.
02:06Il faut même acheter américain pour négocier avec Trump, l'Europe n'ayant aucun intérêt
02:14à rentrer dans une escalade tarifaire avec les Etats-Unis et avec Donald Trump. Est-ce
02:19que c'est la stratégie du bon sens qui est présentée par Christine Lagarde ? Là aussi
02:23nous pourrons en discuter avec nos invités de Planète Marché dans un instant et puis
02:27dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique, nous reviendrons
02:30sur les enjeux industriels autour du marché de la gestion de fortune, comment renouveler,
02:35réinventer l'accompagnement des clients dans ce secteur et cette industrie de la gestion
02:40de fortune. Nous en parlerons avec Xavier Laborde qui est le CEO et co-fondateur de
02:44Silex, société franco-suisse. Xavier Laborde sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
03:00Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
03:03les marchés avec Pauline Grattel. Bonsoir Pauline. Les marchés qui font donc 100 Wall
03:08Street aujourd'hui. Oui, c'est Thanksgiving aux Etats-Unis et donc les indices actions et le
03:13marché obligataire américain gardent porte-close aujourd'hui. En Europe, les marchés évoluent à la
03:18hausse, le CAC 40 se ressaisit un petit peu mais les investisseurs n'oublient pas pour autant les
03:22tensions politiques et la situation budgétaire de la France. Où en est-on justement de la situation
03:27sur les marchés obligataires ? Les tensions persistent avec un rendement à 10 ans français
03:31autour de 2,95%, toujours au coude à coude avec le taux grec. Hier, pour la première fois de
03:36l'histoire, les taux d'emprunt français à 10 ans dépassaient même les taux grecs. Côté allemand,
03:41le rendement de l'obligation à 10 ans est autour de 2,15%. Le spread franco-allemand reste élevé
03:47autour de 80 points de base et après une pointe à 90 points de base ces derniers jours. Dans
03:52l'agenda statistique du jour, l'inflation allemande, première estimation était la donnée
03:57à suivre. Oui, elle ressort en recul de 0,7% en novembre sur un mois en données harmonisées.
04:03C'est un repli plus important que prévu. Sur un an, l'inflation en données harmonisées
04:07toujours progresse de 2,4% contre un consensus de 2,6%. Dans l'actualité des entreprises,
04:14Rémi Cointreau publiait aujourd'hui ses résultats. Après cette publication, le titre est volatil.
04:19Après avoir cédé 4% dans les premiers échanges, il gagne finalement presque 5% après sa publication.
04:24Le groupe de Spiritueux fait état d'un recul de son bénéfice de plus de 18% au premier semestre
04:30de son exercice décalé, plombé par la morosité des ventes en Chine et aux États-Unis. Le groupe
04:35s'attend également à un repli de sa marge et de son chiffre d'affaires annuel. Et puis, gros
04:39mouvement sur quelques valeurs spécifiques sur le marché français, à commencer par Casino,
04:43après que l'autorité de la concurrence a validé la cession de 200 magasins à intermarché. Oui,
04:48Casino est en grande difficulté financière et cède donc 200 magasins à intermarché,
04:52mais sous certaines conditions, notamment celles que Intermarché, le repreneur, cède 11 magasins
04:57à d'autres enseignes. Pour éviter une trop faible concurrence, le titre Casino gagne 50%.
05:03Et puis, Atos poursuit également sa remontée. Le titre gagne encore plus de 50% au cours de la
05:08séance, après l'annonce des négociations pour les activités stratégiques d'Atos avec l'État
05:12français et le contrat remporté avec Eurocontrol. Hier, Atos annonce avoir été sélectionné comme
05:18partenaire technologique officiel des Jeux de Vancouver. Quel sera le programme de demain
05:22pour les investisseurs en cette fin de semaine ? La journée sera également calme demain,
05:26puisque les marchés américains n'ouvriront que pour une demi-séance pour Thanksgiving. En Europe,
05:31les investisseurs prendront tout de même connaissance de la deuxième estimation du
05:35PIB français du troisième trimestre et de la première estimation de l'inflation pour
05:39l'ensemble de la zone euro en novembre. Tendance mon ami, c'est chaque soir en
05:42ouverture de Smartbourse les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel.
05:57Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché. Véronique
06:00Richefleuresse est avec nous ce soir, économiste et présidente de RF Research, membre également de
06:05Calaisis 360. Véronique, bonsoir. Bonsoir. Jeanne Asraf Bitton nous accompagne également, directeur
06:09de la recherche et de la stratégie de BFT IM. Bonsoir Jeanne. Bonsoir Grégoire. Et Valérie
06:13Gastaldi à nos côtés également, stratégiste chez Day By Day. Bonsoir Valérie. Bonsoir Grégoire. Les
06:18marchés actions américains sont fermés, parlons alors des actions américaines au quasi terme de
06:24cette année 2024. Je le disais Valérie, on va comptabiliser sans doute une dominance, une
06:29domination sans partage des actions américaines en termes de performance. Je donne quelques chiffres.
06:34L'Europe est autour de zéro, le CAC est à moins 5, le S&P est à plus 25. Je crois que si on met
06:40tout en dollars, les écarts entre les Etats-Unis et l'Europe sont peut-être historiques, en tout cas
06:45depuis des décennies. Je vois que la prime de valorisation des actions américaines par rapport
06:51au reste du monde est également démentielle, c'est 60% de prime de valorisation aux Etats-Unis
06:55par rapport au reste du monde. Le MSCI World ex-US est à plus 3% seulement, quand on est, je le
07:02rappelle, à plus 25% sur le S&P 500. Que nous dit quand même cette situation au terme de l'année
07:072024 ? Est-ce qu'elle est justifiée par un certain nombre de fondamentaux, par des événements, par
07:13la politique qui ont animé cette année 2024 ? Et surtout, qu'est-ce que ça inspire quand on est
07:18dans cette saison de perspectives ou de réflexions prospectives pour l'année à venir ?
07:24Alors je vais laisser Véronique et Jeanne s'exprimer sur est-ce que les fondamentaux
07:29justifient le niveau du S&P 500, parce que mon avis, c'est un avis de café du commerce, donc
07:33on va s'en passer. En revanche, je veux bien commencer par la fin et dire ce que j'en pense
07:40sur les perspectives et que peut-on penser après un rallye pareil. Alors moi j'ai un chiffre un
07:46petit peu différent, mais je regarde rarement les performances à partir de la date de...
07:53Au 1er janvier, d'accord. Par trimestre, année, etc. Ça ne m'intéresse pas trop. Ce qui m'intéresse, c'est
07:58les décalages entre extrêmes. Et depuis fin octobre 2023, donc la dernière fois où on a eu une baisse
08:05un petit peu conséquente sur le S&P 500, parce qu'on n'en a pas eu depuis plus d'un an maintenant,
08:1013 mois, il a pris 50%. On était à 4100, on est autour de 6000, donc je vous l'arrondis à du 50%.
08:16Alors je me suis dit bon, 50% c'est beaucoup. Est-ce que tu te fais une idée à croire que c'est
08:22beaucoup ou pas ? Est-ce que ça se produit régulièrement ou pas ? Alors quand on veut
08:26facilement regarder ça sur un graphique, on peut afficher les taux de variation et oui, ça se
08:31produit assez régulièrement que le S&P 500 gagne 50%, voire même un peu plus. Mais si on s'intéresse
08:39aux cas, aux situations au cours desquelles le S&P 500 a gagné 50%, ce qui est systématique, c'est
08:49après chaque crash. Donc vous prenez 2007, vous prenez 1987, vous prenez 1930, vous prenez 1943,
08:581972, fin 71, 72, tous ces moments-là, le S&P 500, paf, il reprend 50% en un an, c'est systématique.
09:09Le nombre de fois, donc je suis remontée à 1930 pour ma documentation, ça lui est arrivé deux fois
09:16sinon, de prendre plus de 50%, du plus bas au plus haut, pas en année calendaire une fois encore.
09:23Donc est-ce que c'est possible ? Oui, mais en fait ça a été 50%, ça n'a pas été beaucoup plus.
09:30Donc statistiquement, on est quand même en train de… On se balade déjà quand même dans le haut du panier.
09:37Statistiquement, ce n'est pas particulièrement futé de parier sur la poursuite de ce mouvement.
09:44Maintenant, ce que je vous disais déjà il y a un mois, sur les actions américaines, ce n'est pas encore
09:49le moment non plus de se dire… Enfin, ça dépend des quantités qu'on aurait à vendre, bien entendu.
09:54Mais pour le moment, on ne peut pas dire que ça soit terminé. Ça peut encore se poursuivre,
09:59on peut peut-être encore gagner 3%, 4%.
10:03Il y a plus de probabilités encore que ça continue de monter aujourd'hui aux Etats-Unis ?
10:06Plus les actions montent, plus il est difficile à arrêter. Et je dirais même qu'en ce moment,
10:13étant donné qu'on a un grand écart, comme vous le soulignez, entre ce qui se passe en dehors des Etats-Unis
10:18et ce qui se passe aux Etats-Unis, quand un investisseur doit placer des capitaux,
10:23il est encore moins motivé à venir placer en Europe ou en Asie qu'aux Etats-Unis.
10:31Donc, il y a cet effet qui est purement comportemental, qui n'entre normalement pas dans les modèles fondamentaux.
10:38Vous en parlerez. Et après, bien entendu…
10:42On a quand même toujours tendance à investir au regard des performances passées.
10:46Sur tous les prospectus, il y a marqué que la performance passée ne doit pas servir à prendre sa décision.
10:51C'est précisé à chaque fois.
10:52C'est précisé à chaque fois. Et moi, j'essaie plutôt de construire des portefeuilles à volatilité très limitée.
10:58En ce moment, je suis en train de sortir toutes les valeurs à haute volatilité,
11:01même si pourtant, c'est des secteurs parfois qui m'intéressent toujours, mais juste par principe.
11:06Parce que j'estime qu'à partir de maintenant, vu la vitesse à laquelle les marchés baissent,
11:13peut-être que j'aurai du mal à réagir. Et voilà.
11:21Donc, la tendance est là.
11:22La tendance est là. On a des pays européens, effectivement, qui sont très sous-performants.
11:26Une Asie qui est très sous-performante. Et une chose à surveiller qui reste le Yen, quand même,
11:31parce que ça commence à nouveau un petit peu à se poser des questions au Japon.
11:37On a en tête l'épisode du mois d'août, quoi. Oui, bien sûr.
11:39Alors, on a en tête l'épisode du mois d'août, mais il y a beaucoup de choses qui peuvent motiver
11:45une reprise de la hausse des taux, lentement. Mais il faut qu'ils la gèrent, cette hausse des taux.
11:52D'autant que la hausse des salaires est là.
11:56Oui, on n'a pas fini avec ce qui a fait bouger un peu les marchés au début du mois d'août.
12:01C'est ça, c'était l'épisode estival d'une accumulation de sujets,
12:05mais notamment la hausse des taux du Japon et de la Banque centrale japonaise.
12:09Pourtant, qui était ridicule, bien entendu.
12:10Oui, oui, oui, mais petit caillou comme ça, qui est venu se mettre dans la mécanique des marchés.
12:16Jeanne, je reviens à cet écart, effectivement, historique, qu'on observe
12:21et qu'on observera sans doute encore d'ici quelques semaines quand on fera le bilan de cette année 2024.
12:26Si je me place sur un plan purement technique, pas fondamental,
12:32quand on regarde les indicateurs d'exubérance, même sur le marché américain, on est sur des niveaux très bas.
12:38C'est vrai ou pas ?
12:40Non, je ne suis pas d'accord.
12:42J'ai un indicateur, il y en a beaucoup,
12:45mais il y a un indicateur qui regarde le pourcentage de titres dont le RSI à 14 jours est supérieur à 70 sur les 500.
12:55Mais c'est très court terme, ça.
12:56C'est ce que j'ai dit, technique très court terme.
12:59Et technique long terme aussi, c'est pour ça.
13:01Oui, non, pardon, les indicateurs techniques, tactiques presque, on pourrait dire.
13:04Donc ça, c'est des indicateurs de surachat, c'est ça ?
13:06De surachat, il n'y en a pas.
13:08D'accord.
13:09À aujourd'hui.
13:10Donc ça, c'est un premier aspect.
13:12L'autre chose, je pense que fondamentalement, on regarde quand même les comportements de marché, simplement parce qu'ils reflètent des fondamentaux.
13:22Et que les fondamentaux, par définition, ils ne changent pas tous les jours.
13:25Donc il y a des inflexions, et puis il y a quand même des fondamentaux.
13:30Or, dans les fondamentaux de ces dernières années, quand on regarde les États-Unis d'un côté, l'Eurozone ou l'Europe de l'autre, on peut faire simple,
13:38en oubliant les autres zones qui ont parfois des caractéristiques un peu différentes.
13:43On va se dire, les États-Unis sont devenus indépendants énergétiquement.
13:49Dans le même temps où l'Europe conserve sa dépendance énergétique, elle a une vulnérabilité géopolitique qui est bien plus grande que celle des États-Unis.
14:00Il n'y a pas de front de défense commun.
14:04Ensuite, on peut accumuler, on va dire, les choses fondamentales.
14:11Et à cela s'ajoute le fait qu'avec le premier mandat de Trump, il y a eu une grande coupure dans tout ce qui était de l'ordre de la réglementation aux États-Unis.
14:22Ce qui a quand même propulsé, entre autres, l'indépendance énergétique.
14:26Puisqu'en fait, c'est là qu'on a vu la production de pétrole.
14:29Mais c'est plus général que ça.
14:32Et donc, on a vu la baisse des taux d'imposition qui s'est effondrée.
14:38Effectif, je ne parle pas du taux d'imposition fixé par le gouvernement.
14:41Ils sont à 16% sur l'ensemble, au niveau des comptes de la nation.
14:45Donc, c'est extrêmement faible.
14:47Donc, on a vu tous ces phénomènes.
14:49Alors que de l'autre côté, en Europe, on a vu une Europe qui a passé crise par crise.
14:54Ça a été la crise de l'euro, ça a été tout ce qu'on veut.
14:59Plus, aujourd'hui, au plan géopolitique, c'est compliqué.
15:02En plus, les deux piliers de l'Europe, que sont l'Allemagne et la France,
15:05n'ont plus du tout l'air de parler d'une voix commune sur, en fait, la plupart des sujets.
15:11— C'est-à-dire qu'il n'y a plus trop de voix, pour l'instant. C'est un peu le vacuum, quoi. C'est un peu le vide.
15:14— Non, mais ils parlent tous. Ils parlent tous beaucoup. Mais c'est pas toujours dans le même sens.
15:20— C'est pas pour ça qu'ils portent une voix, forcément.
15:23— Ça veut dire que je trouve qu'il y a quand même des plus... En Europe, nous avons accru les réglementations.
15:32On peut voir les dégâts sur l'automobile, quoi, d'une façon qui est inouïe. Et on continue.
15:38Et de l'autre côté, aujourd'hui encore, l'Europe a décidé de s'attaquer au déficit excessif d'un certain nombre de pays.
15:48Là où les États-Unis... Et ça aurait été exactement la même chose si les démocrates étaient passés.
15:54Ils savent qu'ils auront un déficit budgétaire de 6 à 7 % du PIB pour les 10 prochaines années. Et ils s'en fichent. Point.
16:01Donc ce sont des fondamentaux qui ne dépendent même pas des questions de tarifs douaniers.
16:08— Non, non. On est d'accord. — C'est-à-dire qu'on a pris deux voies radicalement différentes.
16:13— Un graphique qu'on m'a montré hier... D'ailleurs, c'est l'investissement, la formation en capital fixe.
16:21Vous prenez un graphique sur 10, 15 ans. Enfin, je m'étonne d'avoir déclaré ça. Mais c'est la mâchoire de Croconie, quoi.
16:27Donc on se demande pourquoi les États-Unis sont plus productifs aujourd'hui. Les gens pensent que c'est grâce à Tchad-GPT. Non !
16:33Ça a commencé bien avant. — Mais bien sûr. Et c'est lié à toutes les politiques qui ont été mises en œuvre,
16:39qui étaient des politiques extrêmement agressives de soutien à l'investissement, avec une défiscalisation complète pour les entreprises
16:47des investissements qu'elles faisaient. Donc une incitation colossale. Et ce qui est intéressant,
16:53c'est que pendant un temps, on n'a eu que de l'investissement productif, donc équipement, intelligence, etc.
16:59Et puis l'année dernière, comme il y a eu d'autres incitations fiscales, il y a eu un boom de l'investissement de structure.
17:05Et là, récemment, c'est l'investissement productif qui repart. Et je trouve que quand vous regardez ces divers éléments
17:12et quand vous regardez l'écartement entre les zones des marchés boursiers, en fait, vous trouvez aussi l'écartement
17:19de ces derniers mois. En termes de momentum économique, on pourrait mettre les courbes.
17:24C'est presque une corrélation parfaite. Là où l'Europe, ces derniers temps, France bien sûr, n'a pas cessé de décevoir
17:32en termes d'activité, les États-Unis n'ont pas cessé de reprendre à la hausse. Moyenne en quoi ?
17:37Et je ne regarde pas 2025, juste 2024. Si je regarde les anticipations du consensus de marché, il a révisé en hausse
17:46les États-Unis à 2,7 %, alors qu'il a révisé en baisse l'eurozone. Et encore, heureusement qu'on a l'Espagne.
17:54Donc le marché n'est pas totalement déconnecté de la réalité, mais pas du tout.
17:58Non, et là, je n'aime pas faire allusion aux 7 magnifiques, etc.
18:02Pour conclure sur votre point, Jeanne, quand on construit une allocation, qu'on réfléchit à une allocation pour 2025,
18:07c'est difficile de se dire qu'on ne va pas continuer de surpondérer les actions américaines ?
18:11C'est difficile en tout cas de se dire que c'est le bon moment pour surpondérer les actions européennes.
18:16Je suis honnête, parce que même si vous les regardez en valorisation, on peut dire, comme ça a été dit tout à l'heure à juste raison,
18:26que la décote européenne sur américaine, c'est 50 %, 40, 50. Néanmoins, quand vous regardez le dynamisme, on va dire,
18:41et quand vous regardez l'Europe par rapport à son historique, en termes de PE, on est sur la moyenne des 10 dernières années.
18:50On n'a pas de décote historique par rapport à nous-mêmes.
18:53C'est simplement que la prime s'est accrue aux Etats-Unis quand elle n'a pas bougé chez nous.
19:01Véronique, qu'est-ce que ça vous inspire ?
19:04C'est ça qui est aussi fascinant avec l'Europe, c'est que tout le monde est en permanence assez pessimiste sur l'avenir de l'Europe.
19:13Le moindre mouvement ou bouger à la marge peut aussi modifier la perception à un moment des investisseurs, peut-être.
19:20Oui.
19:21Vous voyez où je vous amène ?
19:23Vous voulez me dire ?
19:25Les chances de l'Europe pour 2025, allons-y.
19:28Il y a une grande cohérence entre ce qui vient d'être dit et finalement, ça nous permet d'adresser le sujet.
19:34Les vraies questions qu'on se pose, elles sont là.
19:36Le marché américain a quand même performé dans des proportions qui font que, bon, on a quand même du mal à se dire,
19:45allez, il faut continuer à y aller tête baissée.
19:47Donc, on cherche des alternatives et cherche en Europe, malgré tout ce que vient de dire Jeanne,
19:55que je partage complètement et qui est malheureux.
19:59D'ailleurs, j'aurais envie de dire, vive Thanksgiving parce que quand même, on respire un peu aujourd'hui.
20:04Maintenant que les Américains sont en train de préparer l'achat.
20:06Quand il n'y a pas d'actions américaines à acheter, on achète un peu d'actions européennes quand même.
20:10On referme la parenthèse.
20:12Et du coup, la conviction, c'est laquelle ?
20:15C'est que les actions européennes ne vont pas surperformer le marché américain.
20:19D'accord ?
20:21Qu'elles récupèrent néanmoins et qu'elles arrivent au moins à faire à peu près comme le marché américain.
20:29Celui-ci étant, à mon avis, amené à un moment donné à souffler un petit peu
20:35et à avoir des tendances un peu plus soutenables, je ne veux pas dire raisonnables,
20:40mais qu'on envisage un peu plus soutenables en tout cas.
20:44Et c'est ça qu'on va essayer de voir parce qu'il peut y avoir des opportunités.
20:49Et l'opportunité, pour moi, elle est peut-être allemande avec toutes les précautions qu'on peut envisager.
20:56Mais si elle est allemande, au bout d'un moment, elle va peut-être devenir un peu française
21:02malgré tout ce qu'on peut dire aujourd'hui et l'état de désolation qui est le nôtre
21:08et qui est celui de tout un chacun ou de tout observateur
21:12qui se pencherait sur la situation de notre pauvre pays et de nos débats budgétaires.
21:18Et c'est là l'histoire, à mon avis.
21:23Moi, fondamentalement, je n'ai pas du tout envie de recommander ou d'envisager d'acheter le marché américain là où il en est.
21:31Ça ne veut pas dire qu'on va le vendre parce qu'effectivement, on n'a pas d'indicateur qui nous dit
21:36« Oh là là ! » Non, on ne les a pas.
21:38Mais il pourrait venir d'où ?
21:42D'abord, de ce que va nous dire la Fed au mois de décembre.
21:46Est-ce que le FOMC va nous brandir des dotplots avec 250 points de base de baisse des taux ?
21:53Même le marché n'y croit plus.
21:57Oui, mais le marché croyait beaucoup aux 250 points de base de baisse.
22:03Et puis, quand ça a été annoncé, ça n'est quand même pas bon.
22:06Donc, ça, c'est la première chose.
22:10Et puis, au-delà de ça, là, c'est un, est-ce qu'on baisse les taux au mois de décembre ?
22:15Ça commence à devenir un peu limite quand même.
22:18Pour la Fed ?
22:19Oui, de la Fed.
22:20Et y compris en début d'année.
22:23Où on va en début d'année ?
22:25Là, il y a une zone d'interrogation, en tout cas, qui peut venir un peu chiffonner les esprits.
22:31Deuxièmement, la réalité des marges de manœuvre de la future équipe.
22:36Donald Trump.
22:37C'est facile de dire « On va baisser les impôts, on va augmenter je ne sais plus quoi ».
22:41Bref, il n'en reste pas moins que pour baisser les impôts dans les proportions.
22:46Alors, c'est échelonné, effectivement.
22:48Tout n'est pas promis pour les deux prochaines années, mais enfin, quand même.
22:51Pour préparer les baisses promises, il faut quand même resserrer les dépenses dans des proportions.
22:59Un petit peu indigeste.
23:01Les Etats-Unis, ce n'est quand même pas l'Argentine.
23:04Et le S&P, ce n'est pas le Merval.
23:07Donc, calmons-nous, j'ai envie de dire.
23:09Parce qu'à un moment donné, il va falloir faire les comptes.
23:12Et avec le futur responsable au Trésor, Scott Bessens, qui est un petit peu moins fou peut-être que d'autres,
23:24ou en tout cas que ceux qui peuvent l'entourer.
23:27Lui, il est plutôt à nous dire, pour l'instant, « Déficit à 3 %, » ce qui est assez atypique aux Etats-Unis.
23:33Ce qui est surtout inatteignable, j'imagine, sur un mandat de 4 ans.
23:36C'est sans doute inatteignable.
23:38Et peut-être pas souhaitable, d'ailleurs, je n'en sais rien.
23:40Ça veut dire que là, il y a un personnage qui semble un petit peu raisonnable, peut-être complètement illusoire,
23:48mais qui peut un peu gêner la mise en place des promesses budgétaires, etc.
23:54Donc l'effet euphorique Trump sur les marchés peut à un moment rencontrer une forme de résistance.
23:58À un moment donné, ça peut être un peu compliqué.
24:00Deux choses, une. Soit on écoute Elon Musk et Vivek, je m'arrêterai à Vivek,
24:07et on se dit, demain c'est l'Argentine aux Etats-Unis.
24:11Je n'y crois pas un instant, parce que ce n'est pas l'Argentine.
24:14On n'est pas obligé de prendre tout ce que dit Trump pour argent comptant, Véronique, on a l'habitude de ça.
24:19Il faut l'écouter un peu, mais pas totalement.
24:22Comme tous les politiciens.
24:24Ni plus ni moins que les autres politiciens.
24:26Un peu plus que la moyenne.
24:28Tout dépend où on met le curseur, que ce soit en termes de promesses fiscales, de dépenses,
24:38y compris d'inflation en réalité, et de protectionnisme.
24:42On voit bien comment il fait.
24:44En fait, on retrouve Trump pour se dire, oui c'est ça, on tape, et puis après on ouvre le dialogue.
24:49Il l'a fait avec le Mexicain.
24:51Il s'est fait avec Claudia Schellbaum.
24:53Conversation merveilleuse.
24:55Elle a arrêté l'immigration en deux jours.
24:57Evidemment, ce n'est pas du tout ce qu'elle raconte, mais ce n'est pas grave.
24:59Pour Trump, ça y est, c'est réglé.
25:01C'est la politique spectacle.
25:03Ce qui veut dire que quand même, sur les fondamentaux, de la même manière,
25:06quand on regarde l'effet des baisses de taxes,
25:08ce n'est pas facile en 2018 de retrouver dans les bénéfices des entreprises,
25:15après impôts bien sûr, l'effet des baisses de taxes.
25:18En fait, il y a eu une grosse baisse en début 2017, et puis après il ne se passe plus grand-chose.
25:22Oui, c'est un one-off, ça joue comme un one-off.
25:24C'était avant l'heure, c'est un peu troublant.
25:27Donc là, on a l'impression quand même que les marchés se racontent des histoires incroyables.
25:32Alors c'est bien, ça donne le moral même à nos investisseurs européens,
25:36parce que finalement, on se dit, mais pourquoi ils ont le sourire comme ça ?
25:39Ah, c'est aux Etats-Unis, tu as vu ce qui se passe.
25:42Donc, on en oublie les fondamentaux de nos propres marchés,
25:46et accessoirement un peu du reste du monde.
25:49On est dans une espèce d'ambiance...
25:52Trop d'optimisme autour de Trump sur les US,
25:54et sans doute, peut-être, trop de pessimisme en Europe.
25:57Alors, il y a des liquidités, pour l'instant, il n'y a pas de menace de taux d'intérêt,
26:00il n'y a pas vraiment d'inflation non plus vraiment menaçante,
26:03donc on a un petit peu de temps.
26:04Donc on comprend bien, mais c'est quand même...
26:07Moi, je trouve que ce n'est pas du tout confortable,
26:09je n'aime pas ces environnements-là, pour tout dire à vrai dire.
26:12Mais en dehors des fondamentaux, en réalité,
26:15on a beaucoup de mal à coller des fondamentaux,
26:17si ce n'est effectivement ce qu'a dit Jeanne,
26:19mais qui rentre moins dans l'aspect stratégique,
26:23qui sont des fondamentaux, le grand écart structurel,
26:28qui fait bourrement peur pour l'Europe.
26:30Et la grande question, est-ce que l'Europe peut se réveiller ?
26:33C'est pour ça qu'on se dit, tiens, l'Allemagne, les élections,
26:36l'Allemagne est peut-être en train de penser à se prendre en main,
26:39on en souffrira, nous, France, il ne faut pas imaginer,
26:43mais on pourra peut-être profiter un peu plus de l'impulsion Donald Trump américaine.
26:51Valérie, dans votre grille d'analyse Trump, vous le mettez où ?
26:57Quel effet il peut produire ? Est-ce que c'est un effet positif ?
27:02Est-ce que c'est un effet négatif ? Est-ce que c'est un effet neutre ?
27:05Est-ce que sans Trump, on aurait la même histoire ?
27:07Qu'est-ce qu'il amène quand même dans le jeu des marchés,
27:10dans le comportement aussi des investisseurs ?
27:16Moi, quand je regarde les marchés, ce que je vois,
27:19je fais très attention de ne pas projeter ce que je pense.
27:22Je pense que ça n'a pas d'intérêt et surtout, ça ne me sert à rien de savoir ce que je pense.
27:26Ce que je dois savoir, c'est ce que pensent les autres.
27:28Et donc, sur les marchés actions, ce sont les marchés qui sont les plus émotionnels
27:36et qui n'ont aucun moyen d'avoir une valorisation sensée.
27:43On peut mettre absolument ce qu'on veut, on a bien vu ce qui se passait avec les taux sans risque,
27:48mais on continue à avoir des modèles dans lesquels il faut mettre des taux sans risque.
27:50Ce n'est pas grave, on ne sait pas ce que c'est, mais on en met.
28:04Les marchés obligataires sont quand même un peu plus structurés,
28:07ils sont un peu plus gênés aux entournures.
28:09Pour faire n'importe quoi, c'est plus compliqué.
28:12Donc, j'aime bien regarder les marchés obligataires.
28:14Et après, j'aime bien aussi regarder les marchés de devises qui ne sont pas simples du tout.
28:18Il n'y a pas franchement de fondamentaux.
28:20Enfin, si, il y a des fondamentaux, mais pas de fondamentaux de modèles.
28:23D'ailleurs, on a bien vu, ce qui réagit le plus fort, c'est tout de suite les devises quand même.
28:28Oui, qui sont très émotionnelles aussi.
28:31Les devises réagissent au tour.
28:33Oui, oui, c'est lié.
28:35Mais avec quelque chose en plus.
28:38On retrouve des corrélations quasi parfaites avec les écarts de tour.
28:41Quasi.
28:44Mais moi, je trouve qu'ils sont un peu plus émotionnels.
28:48Donc, j'aime bien regarder ce qui se passe sur ces marchés-là.
28:51Et finalement, ils nous disent que le marché est complètement partagé.
28:56Parce qu'autant on a eu des tendances très marquées sur les actions,
29:00avec un grand écart entre différentes zones et même entre différentes actions.
29:04Parce que si vous prenez le début de la cote avec Apple,
29:08elle est quand même toujours au plus haut.
29:10Et la fin de la cote avec Wal-Mart, Wal-Greens,
29:16Wal-Greens est au plus bas.
29:18Wal-Disney, elle s'est un petit peu reprise, mais elle est au plus bas aussi.
29:21Donc, prenez un nom avec un A.
29:26Donc, ce grand écart, il existe sur des actions, il existe sur des pays.
29:32Mais quand on regarde sur les obligations, on a un marché qui est plat.
29:36Qui est complètement étal.
29:38Depuis deux ans, on oscille.
29:41Et il ne se passe rien.
29:43Pourquoi ? Parce que personne n'a de visibilité.
29:47Grégoire nous envoie toujours une liste de questions avant.
29:51Et parfois, il a des questions qui sont assez de technique de marché.
29:57Vraiment de fondamentaux de marché.
29:59Et là, les questions étaient purement politiques.
30:02Avec quel rôle va jouer tel personnage ?
30:07Et voilà bien des choses sur lesquelles personne ne peut...
30:12Enfin, on peut tout spéculer.
30:15Mais au-delà de parler, on ne peut rien prévoir du tout.
30:18Déjà, prévoir avec des modèles, on sait qu'il faut être patient parfois.
30:22On n'avait pas prévu que Trump allait attaquer le Canada, par exemple.
30:25Autant la Chine, on savait.
30:27Autant se retrouver un matin avec 25% sur le Canada.
30:30Ce n'était pas écrit dans le programme Trump, par exemple.
30:34Avec 25% et 10% annoncés pour la Chine.
30:37C'est bizarre quand même.
30:39On est quand même dans cette situation où il y a à boire et à manger.
30:45Dans le programme de Trump, comme il y aurait eu dans le programme démocrate.
30:50Et le marché américain sur les actions reste le plus attractif.
30:55Et c'est parce qu'il est le plus attractif par rapport qu'il continue à progresser.
31:00Parce qu'il n'y a pas d'alternative.
31:02Dans l'ensemble, tant qu'il y a une possibilité d'avoir une attitude de prise de risque mondialement.
31:09On est obligé d'aller aux Etats-Unis.
31:11Mais si on regarde sur les autres marchés, il n'y a pas d'attitude d'appétit pour le risque particulièrement marquée.
31:18Ni de défiance particulièrement élevée non plus.
31:21On reste dans cette période de consolidation.
31:26Après, le jeu des pondérations fait pas mal de choses dans l'évolution des indices.
31:34Je ne sais plus de quelle question on était parti.
31:36Non, la question c'est Trump.
31:38Ce que ça implique, ce que ça apporte dans la dynamique de marché ou pas.
31:43On est allé se positionner sur un extrême de l'intervalle sur les devises.
31:47C'est-à-dire que le dollar a beaucoup progressé.
31:50Et potentiellement, il pourrait poursuivre la progression l'année prochaine.
31:56Est-ce qu'il va la poursuivre tout de suite ? On est fin novembre.
31:59Oui, il y a déjà eu des mouvements forts en quelques semaines.
32:04Cela dit, à moyen terme, le dollar peut poursuivre à un rythme un petit peu plus calme.
32:12Peut-être que ce qu'on a eu d'octobre à novembre.
32:15C'est peut-être le premier signal important qui serait donné.
32:20La force du dollar.
32:22Maintenant, est-ce que ce serait à cause d'un mouvement sur les taux ?
32:25Ou est-ce que ce serait autre chose ?
32:28Parce que sur quelques mois, il n'y a pas de corrélation parfaite.
32:32Je ne sais pas.
32:34Les dollars, c'est quelque chose d'assez central pour vous, pour 2025 ?
32:39Je ne pense pas que ce soit non plus super durable, a priori.
32:43Mais il y a quand même 5-10% potentiellement à gagner.
32:48Donc ça nous mettrait l'euro dollar à parité ?
32:50On pourrait reperdre après.
32:52Ça nous mettrait l'euro dollar à parité potentiellement ?
32:54On l'a vu déjà.
32:56Même un petit peu bas pour l'euro.
32:58Donc c'est octobre 2022.
33:00Véronique, je vois que vous voulez dire un mot.
33:02Il me semble que ce qui peut caractériser le plus le retour de Donald Trump aujourd'hui,
33:09c'est la déréglementation, la dérégulation.
33:12Et c'est là que, à mon avis, se posent beaucoup de questions également.
33:17Que va faire l'Europe ?
33:19Qui est quand même allée dans une direction complètement opposée.
33:21Est-ce qu'on s'enferme dans la direction dans laquelle on est ?
33:24Jusqu'où ? Je ne sais pas.
33:26Est-ce qu'on détricote un petit peu ?
33:29Je suis pour un sous-banc, quand on voit la performance relative des bancaires américaines
33:33avec l'élection de Donald Trump et les européennes,
33:36pour d'autres raisons d'ailleurs aussi.
33:39Et est-ce qu'on peut s'enfermer ?
33:42En fait, c'est ça la question.
33:44Ou est-ce qu'à force de s'enfermer, ça ne veut pas dire qu'on va se déliter complètement ?
33:50Mais il ne faut pas que ça aussi.
33:52Draguet dit qu'on a essayé les sorties.
33:54Bon, ça a été catastrophique.
33:57Personne n'a voulu et n'a pu ou n'a réussi à sortir de l'euro.
34:04C'était l'Hôtel Californien.
34:06Là, on est dans une séquence de paralysie qui semble assez mortifère si elle se prolonge.
34:13Donc, l'autre voie, c'est celle que Draguet prône, bien sûr.
34:16C'est l'intégration, la prise de risque, etc.
34:19Bon, Jeanne, je vous laisse, je suppose.
34:22Non, j'aurais dit peut-être quelque chose quand même.
34:24C'est que je trouve qu'il y a beaucoup plus de rationalité que d'émotion dans les marchés depuis un moment déjà.
34:30Et je trouve qu'en fait, on s'attache à une image.
34:35Mais qu'il y a une réalité des faits derrière.
34:38Alors, il y a l'image que même peut projeter Trump quand il est dans l'exagération.
34:44Ce qui est devenu la façon de communiquer de 80% des communicants.
34:49Ils n'arrivent pas à communiquer autrement que dans l'outrance.
34:52Maintenant, si on dépasse un peu ça, il a une approche transactionnelle.
34:56C'est-à-dire qu'il fait des deals.
34:58Et il fait des deals au profit des Américains.
35:00Et il a commencé avec le Canada, avec le Mexique et il va continuer.
35:03Ces deals veulent dire qu'il va entrer en négociation sur tous les sujets.
35:08Donc moins de tarifs que ce qu'il a annoncé.
35:10Mais comme la première guerre commerciale.
35:12Mais bien sûr.
35:13Il avait dit 45% sur la Chine, il en a mis que 20 sur la Chine à l'époque.
35:16En plus, il a des contraintes.
35:18S'il voulait appliquer des tarifs pour tout le monde, il aurait besoin des votes, etc.
35:22Pour le faire pareil, il suffit qu'il le fasse au coup par coup par pays.
35:26Certains de ses conseillers disent que, de la première truc,
35:29quand il devait rencontrer quelqu'un, un président d'un pays,
35:33dont en général il ne connaissait ni l'histoire ni la géographie ni rien,
35:37il demandait qu'est-ce qu'on a comme commerce avec lui.
35:41C'est tout.
35:42Parce que ce qui l'importe, c'est un trade.
35:45C'est faire du business.
35:47Ça, c'est le premier point.
35:48Et je pense que son accession, ou son élection,
35:52valide la reflation pérenne.
35:59La pérennité de la reflation américaine.
36:01Parce qu'on a eu l'épisode d'inflation Covid,
36:04mais ensuite, il y a eu des moments de doute sur le fait que l'inflation...
36:10Est-ce qu'on va revenir à la stagnation séculaire ?
36:12Ou bien est-ce qu'on revient dans les périodes où taux et actions étaient...
36:18Est-ce qu'on revient dans un monde qui est plus, entre guillemets, normal ?
36:23Et là, il a validé, par son élection, l'idée d'une reflation américaine.
36:30Ça veut dire que les marchés disent aujourd'hui 2% de croissance,
36:35voire 2,5%, ça va.
36:362 ou 2,5% d'inflation, ça va.
36:38Et on va y arriver.
36:39Et c'est ça, la reflation ?
36:40Ça veut dire qu'on revient à un monde où on n'est pas en train de lutter
36:44pour reflater l'économie.
36:46J'entends.
36:47J'entends.
36:48J'entends.
36:49J'entends.
36:50Donc lui, il valide ça...
36:51C'est un jeu dangereux, quand même.
36:52Après le traumatisme du choc inflationniste, il sait qu'il allait gagner l'élection là-dessus.
36:57Il a abusé de...
36:58Enfin, abusé...
36:59Il a utilisé cette corde jusqu'à l'extrême.
37:02Je ne suis pas sûre que c'est...
37:03Je pense que c'est sa conviction.
37:05Je pense que c'est plus profond que ça.
37:07Je pense qu'il est dans une conviction de croissance.
37:09D'accord.
37:10Mais il sait que...
37:11Attention, il sait que l'inflation...
37:12Le traumatisme et la perception de l'opinion publique sur l'inflation
37:15sont un sujet encore très sensible aujourd'hui.
37:17Mais il ne veut pas d'inflation.
37:18D'accord, on est d'accord.
37:19J'ai bien parlé de...
37:20Reflation.
37:21C'est-à-dire que...
37:22Pas rebasculer dans le monde d'avant.
37:23Voilà.
37:24D'accord.
37:25C'est-à-dire qu'il y a quand même...
37:26Ok.
37:27La période Covid nous a fait basculer dans un monde déflationniste
37:30à un monde, tout d'un coup, incroyablement inflationniste.
37:33Il ne faudrait pas que ce soit perçu par son électeur comme étant un monde inflationniste.
37:36Non, mais ça, ce n'est pas du tout ce dont il est question.
37:38Là, je parle des marchés financiers.
37:40J'entends.
37:41D'accord.
37:42On ne retourne plus en déflation.
37:45Il est bon pour les marchés financiers.
37:46Bien sûr.
37:47En revanche...
37:48Et il est bon pourquoi ?
37:49Parce qu'on sait que quelqu'un comme Trump est très attaché à la croissance.
37:53D'ailleurs, sur les doutes que la Fed va faire quelque chose
37:56soit en décembre, soit en janvier,
37:58je pense qu'elle fera quelque chose, alors l'un ou l'autre,
38:0225 points de base ou une réunion ou l'autre,
38:04simplement parce qu'elle a un double mandat,
38:06que n'a pas la BCE.
38:08Elle doit veiller au plein emploi.
38:10Donc, on a quelques signes timides,
38:12mais néanmoins quelques signes que l'emploi ralentit
38:15et que le chômage remonte.
38:17C'est timide.
38:18Mais en toute logique,
38:20elle peut tout à fait baisser de 25 points de base,
38:23alors que le marché se compte une fois là, une fois là.
38:25D'autant que Trump n'est pas encore installé.
38:27Mais même quand il sera installé,
38:29en termes d'agenda,
38:31il peut mettre en œuvre rapidement,
38:33dans un cadre transactionnel,
38:35des augmentations de tarifs douaniers avec tel ou tel pays.
38:39Là, il n'y a pas de problème.
38:40Il peut mettre en œuvre immédiatement
38:42le gel des réglementations.
38:44Il peut mettre en œuvre la déréglementation.
38:47En revanche, tout ce qui va être de l'ordre du budget
38:51exige un process avec les deux chambres, etc.
38:54et n'aura d'effet qu'en 2026.
38:57Ce n'est pas du tout immédiat.
38:59Donc, tout ne va pas arriver en même temps.
39:00Ah non, non, pas du tout.
39:01Et ce n'est pas ce que le marché price.
39:03Non, pas du tout.
39:04Il price pas ça.
39:05Il price, et c'est intéressant,
39:07quand on regarde la façon dont les taux sont remontés,
39:10ils sont remontés parce que la prime de terme est remontée,
39:13ce qui est le signe caractéristique
39:15du fait que le marché dit,
39:17c'est bon, on est repassé dans un monde normal.
39:20Prime de terme positive, désormais.
39:23Alors qu'en Europe,
39:24les problèmes qu'on a sur la croissance font peur.
39:28Comment on évite d'arriver à un taux neutre, réel, négatif en zone euro ?
39:34La réunion de la BCE, c'est le 12 décembre prochain.
39:37Il y a évidemment la nouvelle élection la plus importante du monde,
39:40le 23 février, les élections fédérales en Allemagne.
39:43Mais avant ça, tout repose, comme à chaque fois,
39:45sur les épaules de la Banque Centrale Européenne.
39:47Moi, je suis toujours frappé, on parlait des écarts.
39:49Bon, il y a Isabelle Schnabel qui nous dit
39:51qu'on est quasiment au taux neutre, aujourd'hui, à 3%.
39:55Non mais, elle le dit sans rigoler.
39:59Il y a un problème là.
40:00C'est la réunion.
40:01Il y a un taux neutre réel et l'autre taux neutre négatif.
40:03Taux neutre nominal ?
40:05Non, je ne crois pas qu'il fasse cette erreur.
40:07Je n'y crois pas.
40:10Je ne crois pas qu'Isabelle Schnabel fasse cette erreur-là.
40:13Et bon, il faut garder toutes les options.
40:17Donc, si on est proche du taux neutre pour Isabelle Schnabel,
40:19évidemment, ça veut dire, allez, quelques baisses de taux,
40:22et ensuite, on regarde ce qui se passe.
40:24Attention, le risque est toujours de s'aventurer trop vite,
40:26trop loin dans les baisses de taux.
40:29D'autres discours commencent à être radicalement différents.
40:32Donc, j'imagine que la charge qui incombe à Christine Lagarde
40:35de former le consensus, qui est déjà une charge compliquée,
40:38va l'être encore plus, peut-être, à l'occasion de la prochaine réunion.
40:41Incontestablement.
40:42Les temps vont être très compliqués.
40:44Je pense que Christine Lagarde a une vue,
40:48une sensibilité politique également,
40:51qui est plus importante qu'Isabelle Schnabel, par exemple,
40:54et bien d'autres.
40:56La difficulté, c'est comment les uns et les autres
40:59abordent la baisse de l'euro et le risque de la devise.
41:03Et je pense qu'Isabelle Schnabel est très regardante.
41:06Elle pense à ça ?
41:07Eh bien, oui.
41:08Et que ça, ça peut être un avis partagé par bien d'autres.
41:13Elle a peur de quoi ?
41:15Elle a peur de quoi ? De l'inflation à portée ?
41:17Mais oui.
41:18Ah bon ? D'accord.
41:19Ça ne marche plus, le mécanisme est cassé depuis longtemps.
41:21Et puis même, c'est l'euro.
41:24Il faut se souvenir quand même de ce qu'étaient les Allemands
41:28Oui, mais je sais.
41:30Je ne défends pas.
41:32Ce n'est pas mon opinion.
41:34J'essaie de comprendre.
41:35Oui, mais on essaie.
41:36Bien sûr, le raisonnement.
41:37À la place de ce raisonnement.
41:39Alors, qu'est-ce que ça peut vouloir dire ?
41:41À mon avis, ça ne ferme pas la porte à une baisse des taux.
41:45Une nouvelle baisse des taux en fin d'année, clairement.
41:48Mais je ne pense pas que la porte des 50 points de base,
41:52par exemple, de baisse des taux, soit ouverte.
41:54Je pense qu'il y en a déjà certains qui doivent monter au plafond
41:58à imaginer qu'on ose suggérer un tel mouvement.
42:03Et puis, on va mettre en face l'euro.
42:07On va mettre les frémissements sur la croissance des crédits
42:10ou de la masse monétaire.
42:12Frémissements.
42:14Alors, effectivement, depuis une semaine,
42:17on ne peut plus mettre les indicateurs allemands dans la balance
42:21parce qu'ils repiquent du nez.
42:23Et on espère juste que c'est un petit froissement
42:26lié aux inquiétudes politiques domestiques.
42:29Mais on n'en est pas certain non plus
42:31parce que finalement, on ne voit pas trop non plus
42:33ce qui pourrait créer une dynamique exceptionnelle.
42:36Donc, je pense que la BCE devrait pouvoir continuer.
42:40Moi, j'ai deux fois 25 points de base.
42:43C'est tout.
42:44Et c'est tout ?
42:45Et c'est tout.
42:46C'est tout parce que j'ai que deux fois 25 points de base.
42:49J'ai conservé deux fois le quart de point de la Fed.
42:52Et je ne vois pas du tout la BCE s'engouffrer et poursuivre.
42:57Alors, peut-être qu'il y aura un quart de point en plus.
43:00Mais il me semble que le jour où la Fed arrête de baisser ses taux,
43:03la BCE arrêtera à cause de la devise.
43:06Alors, le contexte peut évoluer en fonction du discours protectionniste.
43:12Et c'est là que la négociation possible,
43:14les élections allemandes qui devraient quand même faciliter
43:19l'échange avec Donald Trump,
43:22peuvent du coup redonner un petit peu de latitude.
43:26Mais fondamentalement, c'est difficile d'envisager que la BCE aille très loin.
43:32Est-ce qu'on peut dire, il nous reste vraiment quelques minutes à peine,
43:35mais un mot du cas français.
43:37Je sais que vous avez écrit, je crois, Valérie, sur le CAC,
43:40il n'y a pas quelques jours, là.
43:41J'ai vu passer.
43:42Oui, oui.
43:43Bon, pour dire quoi qu'il n'y a pas grand-chose à attendre.
43:46Oui, que ce n'est pas l'endroit où il faut investir.
43:48Effectivement, ce qui se passe sur les marchés obligataires,
43:51donc là, pour le coup, c'est la politique française qui est en cause.
43:54Il n'y a pas de contagion, déjà.
43:56Non, on parle bien de politique française.
43:58Non, mais c'est intéressant à noter.
43:59Il n'y a pas de phénomène de contagion autour du prêt français.
44:02Non, non, non.
44:03Et puis, de toute façon, c'est assez atypique qu'un écart de taux s'écarte
44:06alors que les taux sont en train de baisser.
44:08Normalement, on les arrive quand les taux sont en train de progresser.
44:11Or, le mouvement, là, il a bien eu lieu dans ce sens-là.
44:15Donc, c'est bien uniquement un problème franco-français.
44:17Ça pèse sur le CAC 40.
44:19Donc, en termes d'allocation d'actifs,
44:21il faut plutôt chercher des concurrents aux sociétés françaises qui peuvent plaire.
44:28Parce que, bien entendu, il y a des choses qui peuvent être intéressantes.
44:30C'est normal que le CAC soit affecté par ça.
44:32Parce qu'on a souvent l'habitude de dire que les entreprises
44:34qui ont la chance d'être affectées au CAC 40 sont des entreprises globales, mondialisées.
44:38Elles ne font pas toute une partie majoritaire de leur chiffre d'affaires en France, par exemple.
44:42Moi, j'ai tout vu. Je suis prête à tout voir.
44:45Ça m'est égal.
44:46Mais c'est vrai que, normalement, dans les modèles, quand même,
44:47le taux d'intérêt qu'on entre, il a une petite incidence.
44:52Et le taux d'intérêt français par rapport aux autres, il s'écarte.
44:56Voilà. Tout doucement, tranquillement.
44:58Je ne pense pas que ça va être la catastrophe demain.
45:00Mais on est plutôt sur une pente avec un taux qui s'écarte
45:04et une BCE qui, pour le moment, ne fait rien, ne dit rien.
45:08Je ne suis pas sûre que... Enfin, c'est un autre sujet.
45:12Il n'y a rien d'annoncé qui soit prévisible pour, franchement...
45:15Changer la situation.
45:16Changer la situation. Enfin, ils ont même dit le contraire.
45:18Véronique, vous avez écrit aussi un peu sur la France, j'imagine ?
45:21Oui. J'ai écrit sur la France pour pleurer.
45:24Mais maintenant...
45:29Curieusement, je n'ai pas la même vision du marché, bien évidemment.
45:33Je regarde ce qui se passe en France.
45:36J'associe le risque politique et les tendances du CAC.
45:40Et je me dis que ce n'est clairement pas le moment d'acheter.
45:43Et en même temps, je me dis que là, on va peut-être toucher des points
45:46qui vont provoquer quand même des réactions.
45:50Et j'ai plutôt envie de dire, préparons-nous quand même
45:56à la possibilité de racheter ce marché à partir de points,
46:01le prochain support, la prochaine zone de support,
46:05et de regarder un peu ce qui pourrait faire du sens.
46:11Ce n'est pas facile.
46:13Surtout si on considère que le luxe, c'est encore trop tôt.
46:17Déjà, les pétrolières, le total, etc.
46:21Avec Trump qui va creuser partout et qui veut diviser par deux les prix du pétrole.
46:27Je ne pense pas qu'il y arrive, mais pour l'instant, on est dans cette logique.
46:30Puis la demande mondiale, est-ce qu'elle est ?
46:33Donc après, on racle, on racle.
46:36On va chercher certaines industrielles.
46:38Ah ben oui, il y en a quand même qui surpassent largement les frontières européennes
46:43et qui peuvent faire sens.
46:45Surtout si on se dit que l'Allemagne pourrait quand même grappiller
46:49un petit peu de croissance proposée par les Etats-Unis.
46:53Et donc voilà, moi je suis plutôt dans cette réflexion-là.
46:57Pourquoi ?
46:58C'est très prudent, vous avez compris qu'on n'y va pas.
47:01Mais comme pour les US, on commence à réfléchir à l'idée d'arrêter d'en remettre sur les US
47:06et on commence à réfléchir à l'idée d'arrêter de vendre peut-être les actions françaises.
47:10La sous-performance du CAC 40 par rapport au S&P, on est sur un plus bas historique depuis 90.
47:16Bon, quand même, ça interpelle.
47:18On suivra ça, les prochaines heures, les prochains jours vont être importants
47:21pour la situation française du point de vue des marchés.
47:24Merci à vous trois d'avoir été des invités de Planète Marché ce soir.
47:26Véronique Riche-Flores, présidente de RF Research.
47:29Valérie Gastaldi, stratégiste chez Dbaïdé.
47:31Jeannas Rafe-Biton, directeur de la recherche et de la stratégie de BFT-IM.
47:44Le dernier quart d'heure de Smart Bourg, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
47:47C'est un thème industriel dont nous parlons ce soir à travers le segment de la gestion de fortune.
47:54Comment renouveler, comment réinventer, comment accompagner toujours mieux les clients sur ce marché de la gestion de fortune.
48:01Nous en parlons avec Xavier Laborde qui est le CEO et cofondateur de Silex.
48:05Xavier, bonsoir.
48:06Bonsoir Grégoire.
48:07Merci beaucoup d'être là.
48:08Silex qui est une société franco-suisse que vous avez créée, cofondée en 2016.
48:14De quoi s'agit-il et quel est le diagnostic qui vous a amené à la création de Silex,
48:21notamment pour adresser ce segment de la gestion de fortune ?
48:24À ce sujet, comme tout projet entrepreneurial, c'est parti en 2016 d'une vision et d'une ambition.
48:29La nôtre avec mon associé, ça a été d'accompagner la transformation de la gestion de fortune.
48:34C'est large comme thème.
48:35Je vais préciser un peu.
48:36Quand je dis accompagner, c'est accompagner des clients professionnels,
48:39donc des conseillers en gestion de patrimoine, des gérants de fortune, des banques privées, des single family office.
48:43Dans une transformation, on avait identifié trois forces principales qui nous apparaissaient comme des catalystes.
48:49La première, c'est la réglementation, la montée en puissance des régulateurs en Europe.
48:53Je pourrais revenir dessus.
48:54La deuxième, c'est la technologie.
48:55Là, pareil, il y a beaucoup de choses à dire là-dedans.
48:58Ce qu'on a fait, je le préciserai.
48:59La troisième, c'est les attentes des clients qui ont beaucoup changé et qui ont évolué ces dernières années.
49:04Partons de là, peut-être, Xavier.
49:06C'est quoi le client type aujourd'hui qui a accès à ce marché de la gestion de fortune ?
49:11Ce n'est pas un segment pour tout le monde, mais c'est quand même un gros segment, évidemment,
49:15surtout quand on a un pied en Suisse, également comme vous, Xavier.
49:19C'est quoi les attentes du client en gestion de fortune en 2024 ?
49:22Et qu'est-ce qui a changé par rapport aux années précédentes ?
49:25D'abord, la clientèle entre la Suisse et la France est très différente.
49:28Il y a des spécificités.
49:29Si je me base sur… J'essaie de répondre de façon générale à la question.
49:32Ce qui a changé, c'est que les marchés sont devenus plus compliqués.
49:36Les attentes des clients ne vont plus sur des solutions sur mesure.
49:39C'est une clientèle qui a accès à beaucoup plus d'informations, beaucoup plus de transparence aussi.
49:43Je parlais tout à l'heure de la réglementation.
49:45C'est avant tout la fin du secret bancaire dans certains pays, chose qu'on n'avait pas vue depuis 100 ans,
49:50qui est arrivée très rapidement.
49:51La transparence sur les frais et également aussi une importance d'outils technologiques
49:56pour simplifier la vie des conseillers de gestion patrimoine et des banquiers privés
49:59et leur permettre d'apporter plus de valeurs ajoutées à leur clientèle.
50:02C'est un sujet sur lequel on s'est beaucoup concentré chez Silex,
50:05puisqu'on a articulé un groupe comme la pierre de Silex avec plusieurs facettes.
50:10Historiquement, il y avait des brokers qui proposaient des solutions d'investissement,
50:13des sociétés de gestion qui proposaient des fonds,
50:15et puis des sociétés technologiques qui proposaient des outils.
50:18Nous, on a décidé d'encercler, d'accompagner le gérant de fortune
50:22sur les différentes étapes de la chaîne d'investissement
50:24et de répondre à une proposition de valeur qui lui permette d'apporter un meilleur service à sa clientèle finale,
50:29les clients privés que nous, nous ne couvrons pas.
50:32Quand on dit ça, ça a l'air facile, mais c'est 8 ans de travail.
50:36C'est une sophistication énorme du métier, Xavier.
50:40En fait, ce qui a changé, je pense, si on parle de la tech un instant,
50:44c'est la nécessité pour les clients privés d'avoir accès rapidement à leur portefeuille,
50:48à des outils d'allocation, le suivi de leurs investissements,
50:52être capable de réagir plus rapidement aussi en fonction des mouvements de marché.
50:56Et ça, là-dessus, les outils tech et notamment les outils digitaux qu'on a développés
51:00au sein de notre plateforme Spark permettent au gérant privé d'accompagner son client
51:05plus rapidement et d'anticiper, lui proposer des idées plus rapidement
51:08et donc d'améliorer la capacité et la performance de ses investissements.
51:11Et cette brique technologique, c'est encore une faiblesse,
51:16une faille qu'il y a dans cette chaîne de la gestion de fortune.
51:21Là, vous visez évidemment les intermédiaires, les gérants de fortune.
51:25Cette brique technologique, elle n'est pas encore présente.
51:28Aujourd'hui, il n'y a pas un acteur dans le monde qui a réussi à émerger,
51:31comme les banques ou les banquers à l'époque, et qui est un leader dans ce domaine.
51:35Donc, il y a un énorme retard.
51:37La complexité, selon nous, c'est que, et c'est ce qu'on a fait chez Silex,
51:40miser uniquement sur la tech quand il s'agit des investissements d'une clientèle privée,
51:43c'est incomplet. Je prends souvent l'exemple du médecin généraliste.
51:47On ne confie pas sa santé et son argent uniquement à une machine.
51:50Notre vision, nous, c'était de développer des outils qui, dans les mains d'experts,
51:54que ce soit des experts en allocation, en recherche, en investissement,
51:59qu'on a petit à petit recruté chez Silex, puissent permettre d'apporter
52:03le meilleur service au client final.
52:05Donc, il y a un grand retard encore. Il y a plein de choses à faire là-dessus.
52:08Quand on parle de tech, il y a toute la partie tech qui est entre le gérant,
52:11le CGP et le client privé.
52:13Donc là, il y a la logique conformité, onboarding, le suivi des portefeuilles.
52:17Et puis, il y a, en amont de la chaîne, l'investissement.
52:19Quels sont les outils qui permettent d'améliorer l'allocation d'actifs ?
52:23Est-ce que, finalement, on se base juste sur la vision d'un gérant ou d'un analyste ?
52:28Ou est-ce qu'on combine à ça des outils quantitatifs pour affiner le risque
52:32pris par le client final ?
52:33Et la réponse est oui, j'imagine.
52:35Votre réponse est oui.
52:37Ça nous paraît pertinent de mêler des outils tech, donc quantitatifs,
52:41donc des maths, pour mieux monitorer les risques,
52:44avec de l'expertise humaine et fondamentale.
52:46Et c'est là-dessus qu'on a travaillé.
52:48Vous décrivez un marché plus complexe.
52:51Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
52:53C'est quoi cette complexité de marché aujourd'hui qui appelle des solutions
52:56comme la vôtre, en tout cas des solutions qui répondent à cette complexité de marché
53:00dans l'idée d'accompagner toujours mieux le client, bien sûr.
53:03Là-dessus, le fait d'être en France et en Suisse, ça nous a beaucoup aidé.
53:06Puisqu'en Suisse, on a découvert une clientèle très internationale
53:09qu'on connaissait déjà depuis longtemps,
53:11avec du coup un spectre d'investissement très large.
53:13Donc la complexité, c'est qu'il y a beaucoup de classes d'actifs,
53:15beaucoup de zones géographiques.
53:16S'ajoutent aux actifs liquides, maintenant, une demande beaucoup plus forte
53:19de la clientèle finale sur les actifs privés.
53:21Je pense à la dette privée auprès des équitables immobiliers, par exemple.
53:24Et là-dessus, la France nous a enrichi avec un savoir-faire plus important
53:27et une demande plus importante que la Suisse, typiquement sur ce type de segment.
53:31Je parle des actifs réels.
53:33Il y a un vrai savoir-faire français que vous identifiez en étant un peu global ?
53:37En tout cas, il y a un vrai savoir-faire français qu'il faut saluer.
53:41Pas qu'en France, il y en a aussi dans d'autres pays en Europe.
53:44Mais il y a une vraie différence là-dessus.
53:46Et oui, il y a des compétences fortes en France sur ce segment-là.
53:49La Suisse est plus traditionnellement une industrie de la banque privée
53:53dédiée à une clientèle internationale, déposée dans plein de pays dans le monde.
53:56Petite devise, multiclasse d'actifs.
53:58Historiquement sur la gestion alternative, mais moins sur ces actifs-là.
54:01Pour revenir à la question, une clientèle qui est plus exigeante.
54:04Le client aujourd'hui est plus exigeant, il va plus vite.
54:06Et c'est vrai partout, ce n'est pas qu'en finance.
54:08Il a besoin de prendre une décision rapidement.
54:10Il a besoin d'avoir de l'information.
54:12Et les outils là-dessus et la technologie permettent de simplifier la chaîne,
54:16d'aller plus vite et d'améliorer la performance et les temps de réaction.
54:20Puis, c'est ce qu'on m'explique beaucoup,
54:22mais c'est que tous ces intermédiaires, que ce soit des gérants de fortune,
54:25de la gestion de patrimoine ou autre, ça leur libère du temps aussi
54:30pour apporter et faire réellement leur métier.
54:33C'est ça, Xavier.
54:34Vous parliez de l'aspect réglementaire.
54:36L'empilement de couches réglementaires fait qu'à un moment,
54:39on a quoi aller peut-être 30, 40 % de son temps au mieux
54:43à dédier vraiment à son métier et aux clients qui viennent nous chercher
54:48pour le métier qu'on exerce.
54:49Oui, la majeure partie des conseillers sont des commerciaux à la base.
54:52Ils sont des commerciaux dédiés à la gestion.
54:55Mais une grande part de leur activité, c'est d'aller démarcher des clients,
54:59de leur proposer un service et de s'appuyer du coup sur des partenaires.
55:03Et ce qu'ils faisaient historiquement, c'est qu'ils s'appuyaient
55:05sur beaucoup de partenaires, des banques, des brokers, je le redis,
55:09des sociétés de gestion et à la fin, le temps qui reste.
55:11Si on ajoute à ça les contraintes du régulateur en termes de conformité
55:15typiquement au reporting, le conseiller est de moins en moins efficace.
55:20C'est pour ça qu'on a vu émerger des groupements dans lesquels
55:23on retrouve des expertises combinées au-delà du conseiller en gestion de patrimoine.
55:28Quelle est l'analyse que vous portez sur la dynamique de ce segment
55:32de la gestion de fortune dans l'univers au sens large de la gestion d'actifs ?
55:37C'est un segment particulièrement intéressant ?
55:39C'est un segment qui est dynamique ?
55:41C'est un segment qui est toujours en croissance régulière ?
55:44Qu'est-ce que vous pouvez nous dire de ce point de vue-là, Xavier ?
55:47Un mot des ambitions de Silex dans cet univers, dans ce contexte
55:52avec cette double jambe franco-suisse ?
55:57C'est un segment qui est en forte croissance.
55:59On le voit d'ailleurs en France, si on observe ce qui se passe depuis trois ans.
56:03C'est un segment dans lequel il y a beaucoup de regroupements.
56:06Les fonds de prêt-à-être equity se sont investis dans le développement.
56:10Il y a une attente et il y a une croissance forte sous-jacente.
56:13La richesse mondiale est polarisée, mais les gens qui ont de l'argent sont de plus en plus riches.
56:20Les assets sous gestion sont plutôt en croissance.
56:23On le voit en Suisse, on le voit en France.
56:25C'est une industrie qui est porteuse.
56:27C'est une industrie qui se réavente totalement et dans laquelle les frontières se déplacent.
56:32Ce qui nous intéresse, c'est d'observer ça.
56:34Finalement, on avait des banques privées historiquement classiquement organisées
56:38qui traitaient le sujet de la clientèle.
56:40On a eu des conseillers ou des gérants de fortune indépendants selon les pays
56:44et les appellations qui ont quitté ces banques pour créer leur structure.
56:47Ce qui a apporté énormément de valeur à la gestion de patrimoine
56:50parce qu'un service beaucoup plus sur mesure, en architecture ouverte,
56:53donc au bénéfice du client privé.
56:55Et là, on observe finalement une inflexion
57:00où on voit que ça ne suffit pas, pour les raisons que j'ai évoquées précédemment,
57:04à servir au mieux la clientèle de demain.
57:07Notre position par rapport à ça, c'est tout simplement,
57:11on a construit un groupe, on est une centaine de personnes aujourd'hui,
57:14avec trois pôles, la tech, les solutions d'investissement et l'asset management,
57:18qui permet d'apporter de la valeur ajoutée à ces CGP.
57:22On peut imaginer aller un peu plus loin dans les années qui viennent
57:26en allant encore plus près de nos partenaires.
57:29La révolution de la gestion de fortune, on va appeler ça comme ça.
57:33J'ai dit le renouveau, mais voilà, c'est une révolution permanente,
57:36c'est la révolution de la gestion de fortune.
57:38Merci beaucoup Xavier d'être venu nous éclairer sur ce sujet,
57:40pour nous parler de ce Silex et de ses ambitions.
57:42Vous êtes le CEO et co-fondateur de Silex,
57:44Xavier Laborde, qui était l'invité du quart d'heure thématique de Smart Bourse,
57:47ce soir sur Bsmart for Change.

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