SMART BOURSE - Emission du mercredi 26 juin

  • il y a 3 mois
Mercredi 26 juin 2024, SMART BOURSE reçoit Valérie Gastaldy (Stratégiste, DaybyDay) , Gilles Guibout (Responsable des actions européennes, AXA IM) , Alexis Dupont (Directeur général, France Invest) et David Belloc (Gérant-Stratégiste, Mirova)

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00:00Bienvenue à tous dans Smart Bourse, votre émission quotidienne pour décrypter les marchés sur Bsmart.
00:13Au sommaire de cette édition ce soir, le CAC 40 à la peine. L'indice farce de la Bourse de Paris a abandonné les 7700 points mardi.
00:22L'un des gragolades s'est poursuivi aujourd'hui avec un recul marqué du CAC qui se situe désormais aux alentours des 7600 points.
00:28C'est notamment la micro et les risques sur des poids lourds de la côte qui ont fait baisser l'indice ces derniers jours.
00:32On a eu les allégations de Muddy Waters sur Eurofins scientifique, le profit warning d'Airbus.
00:37Et aujourd'hui c'est la macro qui reprend la main avec une crispation autour du risque politique à 4 jours maintenant des élections législatives.
00:44Le match entre la micro et la macro ne fait que commencer. Les premiers et deuxièmes tours des élections législatives seront suivis du début de la saison des résultats.
00:52Au sommaire également, les marchés US en dent de scie. Nvidia fait la pluie et le beau temps sur le marché américain.
01:00Le concepteur de puces graphiques qui est subrepticement devenu première capitalisation boursière mondiale a dû faire face ces derniers jours à une correction.
01:07On rappelle ce que c'est, c'est une baisse de 10% par rapport au dernier plus haut.
01:11Simple respiration, c'est là toute la question. Une respiration qui a quand même coûté 4300 milliards de capitalisation et qui a fait plonger les principaux indices US.
01:21Aucune tendance franche ne parvient à se dessiner aujourd'hui sur le titre.
01:25Évidemment, la valeur star de l'intelligence artificielle sera suivie de près par tous les investisseurs.
01:29Le S&P 500 est aujourd'hui à l'équilibre, tout comme le Nasdaq qui reste assez fébrile avant la publication vendredi de l'indice de l'inflation américaine préférée de la Fed.
01:39Voilà pour les sujets du jour sur lesquels nous allons bien sûr revenir avec les invités de Planète Marché.
01:46Enfin dans Marché à thème, le quart d'heure thématique de Smart Bourse, nous vous proposons de revenir sur la démocratisation du private equity et des actifs privés
01:55avec l'interview d'Alexis Dupont, DG de France Invest, qui a publié sa première étude de référence sur le sujet.
02:02Générique
02:12Mais tout de suite, avant d'accueillir nos invités, un retour sur les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel, tendance Mon Ami.
02:19Chaque soir, en ouverture de Smart Bourse, le CAC 40 a perdu près de 1% aujourd'hui, Pauline.
02:25Oui, aujourd'hui, les bourses européennes sont en baisse. Le CAC 40, qui avait ouvert en légère hausse, repart finalement dans le rouge et est autour des 7600 points aujourd'hui.
02:36Du côté du marché obligataire, le rendement de l'obligation à 10 ans française tourne autour de 3,17%. Le rendement de l'obligation allemande à 10 ans autour de 2,43%.
02:48Le spread entre ces deux obligations est autour de 75 points de base.
02:53Alors en France, on a un nouveau abondissement dans le dossier Atos.
02:56Oui, et pas des moindres clémences. One Point, l'entreprise de David Laiany et ses alliés, se sont retirés du dossier et renoncent à reprendre Atos.
03:05La solution de ce consortium, menée par David Laiany, avait été trouvée il y a 15 jours seulement, le 10 juin, après des semaines de discussions.
03:14Atos avait alors écarté l'offre de Daniel Kretinsky. Le milliardaire tchèque revient en course donc, puisqu'il a proposé de reprendre les discussions avec les créanciers.
03:25Le titre reste volatil aujourd'hui en bourse et chute légèrement après ces nouvelles annonces.
03:31Côté américain, sur l'actualité des sociétés, c'est FedEx qui surfe sur l'annonce de très bons résultats.
03:36Oui, FedEx prend 12% dès l'ouverture de Wall Street aujourd'hui. La société de livraison de colis fait état d'un chiffre d'affaires de plus de 22 milliards de dollars
03:45au titre de son quatrième trimestre fiscal, en hausse par rapport à l'an dernier, à la même période. Le bénéfice par action s'envole de 9,5%.
03:54Enfin, alors que FedEx a économisé 1,8 milliard de dollars cette année, l'entreprise vise également des réductions de coûts de plus de 2 milliards de dollars en 2025.
04:05Et FedEx ne s'arrête pas là, puisque l'entreprise prévoit également une croissance des bénéfices pour l'an prochain.
04:11Et du côté de la Tech US, parlons de Nvidia. Nvidia qui a corrigé, c'est-à-dire perdu plus de 10% en trois séances, soit 430 milliards de dollars.
04:21Elle est repartie à la hausse et a même porté le Nasdaq hier, puisque le titre prenait 7% hier.
04:27Aujourd'hui, le titre ouvre en hausse à Wall Street. Dans le même secteur, Micron, dont on attend d'ailleurs les résultats ce soir après la clôture de Wall Street, ouvre en légère hausse également.
04:37Et en France, la confiance des ménages est en léger repli.
04:41Oui, c'est en tout cas ce que montre l'indicateur de la confiance des ménages français du mois de juin, qui ressort à 89.
04:47C'est similaire aux attentes du consensus et en légère baisse par rapport au mois précédent.
04:52Côté de la macro, on a pris connaissance des ventes de logements neufs aux Etats-Unis.
04:57Oui, pour le mois de mai, et on en compte 619.000 contre 698.000 le mois précédent. Sur un mois, c'est en recul de 11,3%.
05:08Et le programme pour demain ?
05:10Demain, les investisseurs prendront connaissance notamment de la troisième estimation du PIB américain du premier trimestre.
05:16Merci Pauline Tendance, mon amie. Chaque soir, en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur les marchés.
05:273 invités chaque soir pour décrypter avec nous les mouvements de la planète marché.
05:36Ce soir, j'ai le plaisir d'accueillir en plateau Gilles Guibourg, responsable des actions européennes chez AXA-IM.
05:41Bonsoir Gilles, merci d'être là.
05:42Merci également à Valérie Gasteldi, stratégiste Day by Day.
05:46Bonsoir Valérie.
05:47Bonsoir Tendance.
05:47Et enfin, merci à David Belloc, stratégiste et gérant chez Mirova.
05:51Bonsoir David.
05:52Bonsoir Tendance.
05:52Alors, on va commencer par le spread, le fameux spread.
05:55La France a la deuxième économie de la zone euro, mais aussi le quatrième marché obligataire mondial.
06:00C'est un des pays dont la dette est le plus détenue à l'étranger.
06:02Donc, les conséquences de la dissolution ont eu un impact immédiat sur l'OAT français et surtout sur le spread avec le boune d'Allemands.
06:08Il reste aux alentours de 73 points de base environ depuis une semaine.
06:11Mais on emprunte maintenant plus proche du Portugal ou de l'Espagne que de l'Allemagne, soit à un niveau d'un single-eye à peu près,
06:17alors qu'on est encore, pour l'instant en tout cas, A à moins.
06:21Alors, trois questions pour vous.
06:23Cet écartement, est-ce qu'il est justifié ?
06:25Est-ce qu'il va évoluer dans les prochains jours ?
06:27Et à quel niveau vous fixeriez le niveau d'alerte ?
06:30Vous voulez commencer Gilles ?
06:32Alors, est-ce que la réaction est normale ?
06:35La réponse est oui, sans doute.
06:38On avait déjà eu un premier dangret de récent de la part d'agents de notation sur la dette française.
06:46C'est clair que cette situation d'incertitude, elle pose des questions sur la capacité du gouvernement ou du prochain gouvernement à contenir les déficits.
06:55Et donc, très nécessairement, ça pose des questions sur l'évolution à venir de la dette.
07:00Donc, est-ce que la réaction est normale ?
07:03Oui.
07:04Où est-ce qu'on peut aller ?
07:05Là, je ne suis plus sur mon terrain, on va dire.
07:08Mais ce que j'en comprends, c'est qu'il y a un niveau de 80 BP qui s'entend un peu à un niveau charnière.
07:14Jusqu'à maintenant, on ne l'a pas franchi ou franchi très subtilement.
07:18Et chaque fois qu'on s'en approche, on voit qu'on vient taper dessus.
07:22Pour le franchir de manière plus durable, j'ai l'impression qu'il faudrait une accumulation de mauvaises nouvelles ou vraiment avoir des résultats d'élection.
07:31Clairement, on voit un signal que non seulement on va avoir, pas un maintien des déficits, mais une aggravation importante.
07:40Et la question, c'est dans quelle mesure ?
07:42Ce qu'on est en train de voir, c'est qu'à l'approche de l'élection, toutes les mesures qui étaient très coûteuses,
07:48elles sont en train d'être démontées ou en tout cas amendées assez largement.
07:52Donc aujourd'hui, je pense qu'il est trop tôt pour faire un pari là-dessus.
07:58Et sachant qu'en plus, notre métier, ce n'est pas de faire des paris.
08:02Bien sûr.
08:03Donc voilà, il faut sans doute reconnaître qu'on va avoir encore un peu de volatilité à gérer.
08:09Et que de ce fait-là, dans les portefeuilles, il convient justement de se mettre en situation de pouvoir absorber cet excès de volatilité
08:17ou cette volatilité à venir qui va durer en réalité sans doute quelques semaines, voire quelques mois, en tout cas durant l'été,
08:25pour laisser au futur prochain gouvernement de tracer une feuille de route.
08:31D'accord. Valérie, votre avis, vous, sur la question du spread, l'écart est justifié.
08:36La dernière adjudication s'est plutôt bien passée. La prochaine, elle sera entre les deux tours.
08:41Le marché a répondu présent. Est-ce que...
08:45Alors moi, je ne porte pas de jugement sur ce qui est justifié ou pas sur les marchés financiers.
08:49Tout est dans l'instant. Il n'y a pas de vérité. C'est un prix aujourd'hui. Demain, il sera différent.
08:54Mais alors effectivement, il y a un niveau clair à 81 points de base qu'il faudrait faire attention de ne pas dépasser.
09:03Il y a quand même de fortes chances pour que...
09:09On ne peut pas dire vraiment une victoire, mais enfin des votes un peu au-delà de 30% pour le Rassemble national,
09:17ça soit quelque chose qui soit maintenant déjà dans le marché. C'est ce qui est attendu. Et le marché s'est adapté à ça.
09:24Si le Rassemblement national a plus que ça, ça ne va pas changer énormément les choses.
09:31Donc au lendemain de ce premier tour, normalement, il ne va pas se passer grand-chose.
09:39On peut aller pousser. Donc vous disiez que ce soir, on était à 75. On peut aller pousser justement à 78, 80 à vendredi soir.
09:46Ça me paraîtrait assez logique. Mais au-delà de ça, c'est bien. En revanche, c'est à l'issue du second tour que potentiellement,
09:52les gens peuvent prendre peur et anticiper un second tour qui soit un petit peu inquiétant,
09:56parce que les triangulaires entre l'extrême droite et l'extrême gauche, c'est très difficile de prévoir comment elles vont se dénouer.
10:03Qu'on ait le droit ou pas le droit d'utiliser extrême, en tout cas, dans ces triangulaires-là, ou même dans les face-à-face, pardon.
10:11Au deuxième tour, ça va être très difficile de prévoir le comportement des gens qui votent.
10:16Et là, bien entendu, ce que le marché n'a pas encore pris en compte, c'est potentiellement un programme à gauche
10:23qui arrive à faire passer des mesures, parce que leur programme est quand même assez dispendieux. Donc ça pourrait faire bouger.
10:30Je dis ça pourrait. Voilà. C'est pas pour ça que ça va se passer maintenant. Il faut quand même... Sur les marchés financiers,
10:40quand on a l'impression que tout part à la catastrophe, c'est rarement à ce moment-là que la catastrophe survient. Voilà.
10:46Or, là, quand même, le niveau d'inquiétude est élevé. Et il y a plutôt une forte chance pour que, si ça doit aller mal sur la France,
10:58comme suggérait Gilles, ça soit plutôt une accumulation de nouvelles et que ça soit quelque chose qui prenne du temps
11:05que quelque chose qui surgisse tout d'un coup pendant l'été. Donc en fait, la période de risque, c'est jusqu'au second tour.
11:12— Et après, ça devrait se calmer. — Pour un temps. — Pour un temps. David, votre avis, vous, sur ce qui se passe ?
11:18— Alors je pense que le niveau actuel à 75 BP, il acte de fait le fait qu'on a plus d'instabilité politique. Ça, c'est une certitude.
11:24— Oui, la plume de risque, c'est déjà grand. — On était donc noté W à moins, peut-être un peu surnoté par rapport à nos fondamentaux,
11:30justement parce qu'on avait cette stabilité politique en France. Et là, on voit qu'a priori, pour les prochains mois,
11:35voire prochaines années, on a un risque. On a effectivement un premier, un deuxième et un troisième tour. C'est-à-dire que si,
11:46dès le deuxième tour, on a une majorité absolue soit RN, soit front de gauche, effectivement, on peut avoir un spike qui peut aller
11:53assez rapidement monter à plus de 80. On peut peut-être même atteindre 100, compte tenu du fait que le marché s'attend à ce que la France
12:01fasse des économies. On avait 10 milliards d'économies a priori pour le budget fin d'année. Et là, difficile, dans le cas d'une majorité absolue
12:10soit RN, soit front de gauche, d'imaginer qu'on n'aura pas au contraire des dépenses supplémentaires et assez substantielles,
12:17même s'ils sont revenus en partie sur la promesse de campagne ces derniers jours. Et une instabilité politique par rapport à
12:27une potentielle démission de Macron, c'est pas à exclure complètement, soit dans le cas d'une majorité absolue RN et front de gauche,
12:34soit même dans le cadre d'un gouvernement de coalition. Mais on a vu que ces trois blocs allaient du mal quand même à se mettre d'accord.
12:42Et donc il pourrait y avoir ce risque, même si ça a été effectivement affirmé par le président. On a pour l'instant, je pense,
12:50des investisseurs étrangers qui regardent ça d'assez loin, qui ont des exemples passés qui sont plutôt pas trop mal déroulés, à commencer par Mélanie.
13:00Je pense pas qu'ils anticipent un éventuel départ de Macron. Et je pense qu'ils ont en tête une coalition ou un gouvernement technique qui peut fonctionner.
13:07Compte tenu des trois blocs en présence, je me permets d'avoir des doutes ou en tout cas une forte incertitude dans les prochains mois
13:15pour qu'on ait cette coalition qui fonctionne et qui arrive à voter un budget acceptable pour les marchés.
13:22Donc je dirais qu'il y a une dissymétrie haussière, finalement assez peu de potentiel de baisse, peut-être 5-10 quand même en fonction des scénarios.
13:29Et par contre, il y a clairement une symétrie à l'écartement, mais quitte à ce qu'elle se manifeste et se réalise dans les prochains mois.
13:38— D'accord. Si je peux ajouter quelque chose, ce qui est intéressant, c'est que quand Liz Truss a été élue, qu'elle a présenté son mini-budget, etc.,
13:47l'écart de taux entre l'Angleterre et l'Allemagne a explosé en des proportions bien plus importantes que ce que l'on a vu pour la France.
13:55Et on est à nouveau au même niveau. Sauf qu'on n'a plus la même Première ministre et on n'a plus le même type de discours, etc.
14:02Donc en fait, c'est juste pour... Et le foot s'y a beaucoup monté. Voilà. C'est juste pour rappeler qu'il y a une combinaison de possibilités
14:14qui est extrêmement large et qu'aujourd'hui, un écart de taux au-dessus de 80 bips, c'est un risque majeur. Pour la France, ça déclenche quand même...
14:23C'est une grosse surprise, un gros choc. Si ça se produit plus tard, si on y va lentement, etc., ça peut avoir des conséquences un petit peu différentes,
14:31notamment sur les marchés actions, du coup. — D'accord. Alors ce qui fait peur, effectivement, c'est l'accroissement du déficit public quand on voit les mesures
14:39qui sont proposées par surtout les deux parties extrêmes. Alors ceci dit, il y a quand même des garde-fous. Alors déjà, il y a le principe de réalité.
14:49Alors on a eu des précédents. On a eu Trump, on a eu Mélanie, etc. Donc on voit que, bon, quand même, quand on gouverne, c'est un peu différent.
14:56Il y a aussi la BCE qui est là. Il y a quand même des institutions. Alors on a la procédure pour déficit excessif. Pour l'instant, il n'y a jamais
15:04aucune sanction qui a été appliquée. Mais enfin, est-ce que c'est possible ? L'outil fragmentation. Alors pour l'instant, la BCE a dit qu'on s'en servira pas.
15:11Et puis il y a aussi évidemment les marchés. Alors les marchés, il y a la Bourse qui peut sanctionner effectivement l'indice français.
15:19Il y a l'Eto'o. Si l'OAT explose, est-ce que tous ces garde-fous, les marchés peuvent pas s'imposer comme garde-fous vis-à-vis de politiques dispendieuses ?
15:30— Ce qu'on a pu voir dans le passé, c'est qu'on parle de Mélanie. Mais quand on retourne un peu plus en arrière et qu'on revient en 2018,
15:39quand le mouvement 5 étoiles est arrivé en Italie, on est un peu plus dans ce... Pour moi, ça ressemble plus à l'arrivée du mouvement 5 étoiles
15:46que l'arrivée de Mélanie. Parce qu'en réalité, Mélanie, avant d'arriver au pouvoir, avait déjà été faire acte d'allégeance chez Draghi.
15:53— Oui. — Et donc elle avait déjà bien préparé les marchés sur le fait qu'elle allait rester disciplinée. Donc là, on est plus dans un...
15:59Pour l'instant, en tout cas, face à une inconnue, de savoir quelles vont être les réactions. Ce qu'on a vu, c'est que le mouvement 5 étoiles,
16:06finalement, quand il est arrivé, le principe de réalité s'est imposé. Et on l'a vu avec la Grèce, et on l'a vu avec l'Espagne.
16:14— Oui, avec Tsipras, c'est le cas, oui. — Donc je pense qu'effectivement, il est légitime de s'inquiéter sur la volatilité qu'on risque d'avoir
16:24et qu'on aura très certainement. Et donc la question, c'est qu'est-ce qu'on fait ? Quel est notre horizon d'investissement ?
16:31Et quels sont les différents scénarii ? Et si on prend un pas en arrière, on se dit « Bon, bah aujourd'hui, dans les portefeuilles,
16:38il faut sans doute s'apprêter à encaisser un surplus de volatilité ». Donc comment on fait pour gérer cette volatilité et donc éventuellement
16:46réduire quelques expositions ici ou là à ce qui peut être le plus réactif, on va dire ? Mais je pense qu'il faut aussi utiliser cette volatilité
16:59pour éventuellement construire des positions sur le moyen terme, parce qu'on a quand même des points d'entrée.
17:03— Oui. — Parce qu'on a des entreprises françaises qui sont quand même très largement globales et qui dépendent pas complètement
17:14de ce qui se passe complètement en France. Alors il y a un scénario qui serait très négatif ou plus négatif pour les entreprises françaises,
17:22c'est si effectivement, demain, on a annoncé une hausse généralisée des salaires, puisque là, on aurait effectivement une atteinte
17:29à la compétitivité des entreprises. Ce scénario, il existe. Ce que nous disent les sondages aujourd'hui, c'est...
17:36— C'est que c'est pas le plus probable. — C'est pas le plus probable. Donc ça, il faut quand même l'avoir en tête. Mais donc si on met de côté
17:40ce scénario-là, on se dit qu'aujourd'hui, finalement, on a des entreprises qui restent quand même solides. Et on préfère se concentrer
17:49sur l'état du monde et l'état de l'économie, de savoir comment on va se développer l'économie, parce qu'on a quand même,
17:55au-delà de l'élection française, un certain nombre d'incertitudes qui peuvent être liées à l'élection américaine, qui peuvent avoir
18:00des impacts encore plus importants en cas de mise en place de droits de douane, et qui pourraient, pour le coup, éventuellement faire dérailler
18:07la croissance mondiale de manière un peu plus importante. Donc on est sans doute dans un moment où il convient surtout pas de jouer
18:16les matamores, de replier un peu les voiles et de se mettre dans une position, on va dire, d'attente pour traverser ce qui risque d'être
18:26une période de gros temps ou de volatilité, en revenant sur des sociétés solides ou sur des fondamentaux solides, c'est-à-dire éviter les excès
18:35de dettes dans les bilans. Et donc voilà, c'est un moment où je pense qu'il ne faut pas hésiter à être un peu timide, et surtout pas essayer de jouer
18:48les matamores, parce qu'on ne sait pas exactement comment ça peut se terminer.
18:52– Valérie, votre point de vue, est-ce que les marchés peuvent s'avérer de garde-fou, là ?
18:59– Alors, je ne suis pas sûre de bien comprendre la question. Si c'est de faire pression sur la BCE, aucune chance.
19:06– Non, non, bien sûr, pas du tout faire pression sur la BCE.
19:09– Sur les gouvernements ? – Oui.
19:11– Le problème, c'est que c'est l'Europe, donc c'est vachement plus compliqué, parce que l'Istrus, la pression, elle est venue de la livre Starlin,
19:18parce que la livre Starlin s'est effondrée à la peur du 15% en deux semaines. Nous, l'euro, il va baisser, bien entendu, si on a une élection
19:26très surprenante et qui est jugée très défavorable, mais il y a très peu de chances pour qu'il baisse de 15%, vraiment très peu.
19:33Qu'il en repère de deux, oui, c'est possible, mais donc la pression, elle ne va pas être portée directement sur la France.
19:39Pour porter la pression sur la France, il va falloir du temps, et justement, là où on n'a pas du tout le garde-fou
19:44qu'on a connu dans les années précédentes, et ce qui est un petit peu embêtant, c'est que les procédures pour déficit excessif,
19:53elles ont été revues, et elles ont été revues dans l'optique de pouvoir les appliquer, et que la France pourrait bien servir d'exemple.
20:01— Oui, c'est une nouvelle mouture, là, oui. — Voilà. Donc il ne faut pas s'attendre à ce que la BCE soit tendre dans les mois qui viennent.
20:09À la fin, un de ses rôles majeurs, c'est de défendre l'euro. Donc si l'euro est attaqué, bien sûr que là, il va falloir qu'elle remette en place
20:20des mécanismes qui lui permettent de défendre l'euro. Je sais pas ce qu'ils seront. Si on reprendra les anciens, des nouveaux, peu importe.
20:27Mais dans un premier temps, je doute qu'elle soit tendre à l'égard de la France et qu'on ait un traitement qui nous favorise.
20:36Donc les marchés obligataires français sont quand même plutôt à éviter, parce que toutes les tensions, elles vont se reporter sur les marchés obligataires français.
20:42Voilà. Et après, comme disait Gilles, cela dit, les marchés d'action, c'est beaucoup plus difficile à évaluer.
20:48Le fait qu'on soit en Europe, que le CAC 40, ce soit quand même beaucoup d'entreprises qui exportent...
20:55Bien sûr, et qu'ils ne vont pas faire ce marché, ce qu'il faudrait faire en France, loin de là.
20:58Ce n'est pas facile. Et que potentiellement, la vitesse de tous ces événements va être ralentie par le fait qu'on est en Europe
21:07et qu'il y a beaucoup de mécanismes d'ajustement de marché qui sont contraints par l'euro,
21:12ça veut dire que potentiellement, on peut avoir des trajectoires relativement différentes entre les obligations françaises et les actions françaises, peut-être,
21:21parce que celles qui ont une activité en France importante ou celles qui pourraient être taxées, etc., ça peut être un petit peu plus compliqué encore.
21:27En tout cas, ça peut rester lourd. Moi, je ne me précipiterai pas pour acheter de l'ADP ou du Vinci tout de suite.
21:32J'attendrais un peu. Mais après, je ne sais pas, quand je vois Schneider, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas continuer à en acheter.
21:43C'est très cher. OK, peut-être qu'il faut attendre qu'elle baisse de 5 %, mais c'est ce type de pourcentage qu'il faut surveiller.
21:48Elle ne va pas nous donner grand-chose. Schneider, c'est notre Nvidia. C'est ce qu'on fait de mieux dans la tendance haussière en France.
21:55Alors c'est très modeste, mais bon, voilà, c'est ce qu'on a. Donc c'est pour dire que de la même façon que sur Nvidia, quand elle baisse de 10 %,
22:03mais c'est après en avoir pris 100 en quelques semaines, c'est peut-être tout ce qu'elle va faire comme baisse.
22:09Et Schneider, quand elle perd 5 %, c'est peut-être une opportunité super. Pour le moment, en tout cas, je ne peux pas dire autre chose.
22:15Donc je pense vraiment que là, on ne peut pas avoir de raisonnement à l'emporte-pièce.
22:20Ce qu'on voit sur la dette française par rapport aux autres dettes, c'est tellement différent qu'il faut tout traiter au cas par cas.
22:33Et donc les choses vont prendre du temps à s'organiser en Europe, mais avec une pression sans doute qui va monter sur la France.
22:41— D'accord. David, vous pensez qu'il y a des garde-fous sur la dette française ?
22:46— Il y a. Donc il y a les marchés taux, les marchés actions. Au sein des marchés actions, effectivement, les valeurs internationales de qualité,
22:51les valeurs domestiques, celles les plus touchées explicitement par les programmes. Donc pour ce qui est du marché de la dette française,
22:58l'activation du mécanisme, ce qu'on appelle TPI, en fait, de la BCE pourrait effectivement clairement jouer son rôle de garde-fou.
23:06Mais il faudrait que ça soit un écartement des spreads injustifiés, c'est-à-dire qu'il faudrait que ça soit une spéculation
23:12des investisseurs internationaux sur la dette française. — Oui, non. C'est pas le cas aujourd'hui.
23:15— Ce qui, pour l'instant, on ne sait pas. Pour l'instant, on ne sait pas. Et on attend que le budget soit voté.
23:19On attend de voir quelle coalition ou quel gouvernement, son attitude vis-à-vis des Allemands, vis-à-vis de l'Europe.
23:28Est-ce qu'en Mélanie-like, ce gouvernement serait prêt à rentrer dans les clous par rapport aux exigences de l'UE et des partenaires ?
23:36— Bon, il y a énormément d'incertitudes. Mais si, effectivement, le spread doit ou devait s'écarter suite à un bras-de-fer musclé
23:44entre le nouveau gouvernement et l'UE face à des dépenses non financées et une trajectoire de dette insoutenable,
23:51on peut comprendre que nos partenaires européens ne nous suivent pas. Et on peut comprendre que la BCE utiliserait
23:58cette hausse de spread et les marchés pour faire pression sur l'État français. Donc ce que je veux dire par là,
24:03c'est que c'est pas le scénario central. Et on a le temps, effectivement, d'ajuster. Mais le mécanisme de TPI ne serait pas tout de suite
24:13appliqué en cas de stress. Un scénario un peu plus probable, effectivement, c'est des dépenses révisées à la baisse,
24:21donc peut-être pas les économies voulues, mais enfin en tout cas quelque chose d'acceptable, qui justifie un spread aux alentours de 80.
24:27Donc un coût de la dette, peut-être par rapport aux Allemands supérieurs, mais compte tenu de la baisse des taux, finalement, ça va pas impacter
24:33vraiment les finances publiques, d'autant plus qu'on a 100 milliards à refinancer sur 285 cette année. Ça représente 10% de notre dette totale,
24:41à des niveaux de taux qui, finalement, sont inférieurs à ce qu'on avait les dernières. Donc le coût, vraiment, sur les finances publiques,
24:46à ce stade, c'est gérable. On a donc, effectivement, des parties qui sont peut-être à cœur de montrer leur respectabilité,
24:54c'est-à-dire des milieux d'affaires et des marchés. Donc on a aussi ce scénario central qui peut se mettre en place. Alors après, pour ce qui est des actions,
25:02on a des actions internationales de très bonne qualité, il a été cité Schneider, on en a un certain nombre, qui là, je pense, effectivement, ont très peu de chiffre d'affaires
25:09en France. Le CAC 40, c'est 15% de chiffre d'affaires en France. Donc on a une croissance mondiale qui est très solide, encore, malgré le soft lending aux Etats-Unis,
25:17on a quelque chose de très solide. On a des baisses de banques centrales à attendre, un mouvement des inflations, un mix croissance-inflation qui est favorable
25:25au marché actions. Et donc ça, ça peut être, effectivement, des très bons supports en achetant un peu plus bas ces actions dans le cadre d'un repli post-élection.
25:33— D'accord. Du coup, il y a des opportunités d'investissement à faire. — Pour ce qui est des titres, vraiment, domestiques liés à la hausse des taux,
25:38typiquement ceux qu'ont souffert en bourse, banques, assurances, utilities, immobiliers. Là, effectivement, cuit de l'OAT et du coût de financement.
25:46Mais pour l'instant, la baisse est justifiée. Et pour ce qui est des secteurs comme les médias qui sont directement impactés par d'éventuelles réformes,
25:54donc en l'occurrence l'ERN et la priorisation des secteurs publics, là, effectivement, je pense qu'il faut se tenir à l'écart dans un premier temps.
26:00— D'accord. OK. — Donc voilà. Le maître mot, c'est incertitude, prudence. Les choses peuvent se faire en plusieurs temps.
26:10Mais si, effectivement, il y a des opportunités sur les valeurs de croissance, qualité, faible exposition France, c'est évident qu'il faut y aller.
26:17Et le pire n'est jamais certain. Et donc on a aussi un scénario où on stabilise à 75, 80 bips sur le spread, qui peut être gérable à terme.
26:26— Gilles, vous voyez des opportunités, vous, en Europe en ce moment, du coup ? Les multiples sont moins élevés qu'aux États-Unis.
26:33— Aujourd'hui, quand on regarde le marché européen, il est revenu sur des multiples qui sont proches des multiples de long terme.
26:39Donc de manière agrégée, il n'y a pas d'opportunités évidentes. En réalité, quand on regarde un peu plus en profondeur, on s'aperçoit qu'il y a une partie de la cote,
26:48qui sont ces valeurs de qualité internationales, qui traitent avec une prime qui est quand même assez marquée. Alors pour des bonnes raisons,
26:55parce qu'on regarde... En fait, c'est des sociétés qui, depuis plusieurs années, ont accumulé une surcroissance par rapport à tout le reste.
27:01Et donc la seule chose sur laquelle il faut être attentif, c'est de s'assurer qu'il y ait une continuité de cette croissance.
27:08— Bien sûr. — Et c'est pour ça que, je le disais précédemment, ce qu'on va regarder, c'est plutôt ce qui va se passer à l'issue des élections américaines,
27:14pour s'assurer que cette croissance, elle est toujours là, parce qu'en réalité, ces primes accumulées, elles sont le reflet aussi d'un positionnement d'investisseurs
27:22qui est très consensuel, ce qui fait que si on devait avoir une déception sur ces valeurs-là, il y aurait sans doute un potentiel de baisse qui serait important.
27:30Parce qu'on est assez loin des moyennes de long terme. Donc ça peut être entre 10 et 20%. Mais c'est vrai, sur un horizon court terme,
27:39mais c'est vrai qu'au-delà de ça, c'est des valeurs qui peuvent rester intéressantes pour des investisseurs qui réfléchissent plutôt à 5 ou 10 ans.
27:46À côté de ça, il y a tout un pan de la côte dans lequel on va retrouver des défensives qui traitent plutôt en dessous des valeurs de long terme.
27:54On regardait récemment, on a eu un certain nombre de valeurs de la santé. Alors si on exclut Novo Nordisk, quand on regarde les Sanofi, dans les biens de consommation durable,
28:04on prend un Unilever, un Danone, on est revenu sous les moyennes de long terme, alors même que c'est des sociétés qui certes ont revu leur niveau de rentabilité,
28:16elles ont rebasé un peu les attentes, mais on est plutôt, maintenant qu'elles ont rebasé les attentes, dans un scénario où elles sont en train de retravailler
28:27leur algorithme de croissance et elles retrouvent un peu de croissance. Et donc on a eu l'occasion de rencontrer ces dernières semaines plusieurs de ces sociétés-là.
28:35Il y avait Danone qui faisait son capital market day la semaine dernière. Ce n'est pas des messages qui sont, on va dire, il n'y a pas de quoi s'enthousiasmer.
28:45Parce que c'est des croissances à 3-5%, mais une croissance à 3-5% en chiffre d'affaires qui conduit à avoir des croissances de rentabilité, de profitabilité,
28:55on va dire plutôt entre 7 et 10% avec un dividende à 3,5, vous traitez sous les moyennes de long terme. C'est exactement ce que j'exprimais précédemment.
29:06C'est-à-dire, compte tenu de la nature de ces business qui sont en réalité assez peu volatiles, je trouve que c'est des bonnes positions d'attente et où on a plutôt une asymétrie à la hausse qu'à la baisse.
29:18Et donc on a moyen de se cacher. Si on regarde les réseaux électriques, ça n'a pas fait grand-chose cette année alors qu'aujourd'hui, on parle tous de transition énergétique.
29:27Et on n'aura pas le choix parce qu'en plus, à mesure qu'on rajoute de l'intermittence dans les réseaux, il faut renforcer les réseaux électriques.
29:35Vous avez des actifs qui sont régulés, qui intègrent dans leur modèle de rémunération, que ce soit l'inflation, que ce soit le coût de la dette.
29:42Et on a des actifs là encore qui se traitent en dessous des valorisations de long terme. C'est des valeurs et qui vont payer des dividendes à 5%.
29:48Donc encore une fois, ce n'est pas forcément aller chercher le rendement le plus élevé, mais le rendement, on va dire, le plus probable et le plus stable et le plus sûr, surtout en ce moment.
30:00— Oui. Valérie, vous voulez revenir sur des secteurs, des valeurs qui, selon vous, présentent une opportunité ? On va parler des chaînes d'arrêt électriques, mais...
30:09— Je trouve que... Moi, je préfère, pour choisir les valeurs, attendre la fin de ces élections. — D'accord. OK.
30:20— Parce que les ajustements sectoriels, je trouve qu'ils ne sont pas clairs du tout. Je suis tout à fait d'accord. Enfin il y a des choses qui s'améliorent, unilever.
30:29C'est beaucoup mieux. Danone, elle surprend. — Non, ça ne fait pas forcément rêver, mais...
30:35— Non, mais... — Voilà. Alors voilà. Donc en fait, quand on se porte... Si le marché se porte vers des trucs qui font du plus 3, plus 5 de croissance, c'est qu'ailleurs, il n'y a plus d'opportunité.
30:44Donc ça veut dire qu'on est dans un environnement global qui est quand même extrêmement détérioré. Et ça veut dire que la construction totale du portefeuille, il faut la revoir pour moi,
30:53pour que l'alimentation se rebasse en super... Elle est toujours en sous-performance, le secteur alimentaire. C'est pas... Les biens de consommation non cycliques, pareil, c'est pas super sexy
31:05si on les regarde en agrégat par rapport aux indices. — Mais ça peut être une position d'attente du fait de l'incertitude. — Et pour protéger la baisse, en fait.
31:11— Alors pendant quelques semaines. — Pour quelques semaines ou quelques mois, en attendant de... Parce que l'incertitude, elle va pas s'arrêter l'été.
31:19— Elle va pas s'arrêter au soir du deuxième tour. C'est vrai que si c'est l'ORN, on a déjà prévu le deuxième temps. En fait, quel que soit finalement le parti au pouvoir, c'est quand même le budget 2025 qui va être le juge de paix, non ?
31:32— Eh ben justement, ça va prendre plus de temps. Moi, je pense qu'en termes de rythme, début juillet, on aura anticipé le pire. Et on aura soit le pire qu'on a anticipé, soit peut-être un peu mieux,
31:47ou en tout cas une incertitude positive, si je pouvais parler d'incertitude. En tout cas un soulagement. Et que c'est uniquement après la rentrée parlementaire et après un certain nombre de tentatives,
32:00de négociations, etc. Déjà, il va falloir former le gouvernement. Rien que ça. On sait pas quand est-ce qu'il va arriver, ce gouvernement. Donc pendant tout ce temps-là,
32:10comme il y a plein de choses qui ont été massacrées, comme pour le moment, le marché américain ne nous met pas particulièrement de pression à la baisse, ça monte et... Voilà.
32:21Je suis pas sûre pour moi que les risques, ils soient pendant l'été. Moi, je verrais plutôt... — Non, je pense qu'ils sont bien au-delà de l'été. Mais c'est pour ça qu'on est dans une période d'incertitude qui va durer.
32:30Et que comme on sait pas forcément la timer, c'est-à-dire que là, on va rentrer dans une eau de turbulence qui va durer. Et donc on se met dans une position de pouvoir passer ces quelques mois où on va limiter...
32:43— On va limiter la baisse. — On va se protéger contre une baisse extrême qui est pas certaine. Mais il n'y a pas de raison non plus de s'envoler. C'est que compte tenu de l'incertitude, on peut avoir un rebond ponctuel,
32:55mais il n'y a pas de raison de s'envoler, parce qu'on a encore des incertitudes sur la croissance et qu'on va avoir des incertitudes dès la rentrée avec les élections américaines.
33:01Et donc, pour moi, il est très peu voulable d'imaginer le marché qui puisse s'envoler fortement. — J'aurais pas forcément la même approche sectorielle entre l'Europe et les États-Unis.
33:10— Oui, voilà. On va parler de l'UE. — Évidemment, l'Europe, on est en phase d'incertitude. Donc la France, c'est 20% de la croissance européenne. Il y a un effet contagion dont on a parlé.
33:19On a une surperformance des cycliques très nette depuis le début de l'année en Europe. On valorise les cycliques comme les défensives en agrégé, alors qu'historiquement,
33:28les défensives ont une prime par rapport au marché et par rapport aux cycliques. Donc on peut effectuer ça du sens. Alors on a cité effectivement le secteur pharma,
33:37qui, en plus de ça, a exposé dollars et un parfait edge contre les risques politiques, géopolitiques. On a en plus quelques histoires, effectivement,
33:45avec davantage de croissance anticipée ou un pipeline intéressant. Donc il y a un argumentaire pour aller vers plus de défensives au sein des marchés européens,
33:56aller peut-être un peu moins de France et un peu plus de UK, par exemple, dans les élections le 4 juillet. Je pense que les élections peuvent constituer un catalyseur positif
34:05pour le marché du UK et particulièrement peut-être pour les petites capitalisations anglaises. On a une situation en croissance qui s'améliore.
34:12On a une désinflation. Une banque centrale qui va bientôt baisser ses taux. Plus de visibilité. Et contrairement, là, pour le coup, aux propositions françaises,
34:20que ce soit travaillistes ou conservateurs, la même idée de vouloir financer la croissance long terme et le potentiel de croissance avec des dépenses d'infrastructures,
34:32c'est quelque chose qui nous manque cruellement en France, en tout cas au vu des propositions. Donc je pense qu'il y a un call UK, particulièrement en petite capitalisation.
34:41Mais je serais plus méfiant sur les cycliques classiques. Après, tout dépend de la violence du mouvement de baisse potentielle post-élection sur ces secteurs cycliques et sur ces bancaires.
34:53On a des bancaires qui ont un très fort dividende, des valeurs quand même attractives. Elles ont corrigé par rapport à leurs plus hauts. Ça peut à nouveau constituer un point d'entrée.
35:01Si on a 5, 10 % de baisse supplémentaire. Aux États-Unis... – Oui, on y va ou pas ? Le marché est très différent. On a des synchronisations complètes.
35:10– Oui, le marché aux États-Unis, moi, ce que j'apprécie avec les États-Unis, c'est que je pense que le mouvement des inflations va perdurer.
35:16Je pense qu'on va rentrer dans les clous à 2 % d'inflation les prochaines. Donc on a une banque centrale qui a maintenant la possibilité de baisser ses taux de manière plus sereine
35:26dans le cas d'un ralentissement du marché du travail, ce qu'on commence à percevoir. Même si le marché du travail reste équilibré, on a autant de demandeurs d'emploi que d'offres vacantes.
35:36On a globalement, je trouve, un marché américain qui croit à son potentiel. Et on peut avoir un élargissement du leadership. On reste long technologie.
35:44On reste long, bien évidemment, thématique intelligence artificielle. Mais je pense qu'il y a un rattrapage possible aux États-Unis via des secteurs cycliques,
35:52via éventuellement des petites capitulations, là aussi, en cas de victoire Trump, qui seraient moins impactées par les tarifs.
36:01Donc on a encore des opportunités sous la surface aux États-Unis avec un potentiel de croissance de bénéfices et de marges non exploités, je pense, et non réalisés sur une partie de la cote aux États-Unis.
36:14– D'accord. Même si les PER sont très élevés, on peut quand même aller voir ?
36:16– Les PER sont élevés pour la techno, 28, 7 points d'expansion de multiples, mais une très forte croissance, très forte marge. Donc, justifié à ce stade, il faut continuer à délivrer.
36:27Sur le reste de la cote, on a une valorisation qui est à peu près en ligne avec historique, sur une situation macro ou croissance mixte d'inflation, qui est quand même très solide.
36:35Et un marché qui est immunisé contre les risques européens, contre même pas mal de risques géopolitiques, qui est surdétenu par des ménages, 6 ménages sur 10,
36:45c'est quand même quelque chose de très, très solide. Donc, à ce stade, ça ne me semble pas irrationnel d'aller constituer une poche, effectivement, encore malgré les niveaux de valorisation sur les États-Unis.
36:57– D'accord. Valérie, qu'est-ce que vous en pensez ? Le marché US, c'est une opportunité d'investissement en ce moment ?
37:04– Oui, c'est pas possible de ne pas y être. Je suis tout à fait d'accord. Bon, après, ce qui est toujours compliqué pour les gens, c'est quand ils n'ont pas encore acheté
37:21et qu'ils doivent acheter des valeurs qui ont déjà beaucoup monté. Et là, bien entendu, ça exige quand même un petit peu de professionnalisme parce qu'il faut savoir gérer un risque.
37:30Il ne faut pas acheter et puis attendre pendant 6 mois parce qu'il faut gérer le risque. Donc, il faut acheter la bonne quantité. Il faut acheter avec un stop.
37:40Il faut réessayer si ça ne marche pas. Enfin, il faut vraiment être tactique dans ce type de situation sur les valeurs qui ont beaucoup monté.
37:46Mais on entend beaucoup dire que le marché américain ne monte que parce qu'il y a 4 valeurs – je l'exagère un peu – qui montent.
37:54Avant de venir, j'ai regardé le Dow Jones. Bon, ok, il ne fait rien, il ne monte pas. Mais ce n'est pas du tout les mêmes pondérations.
38:02Mais dans le Dow Jones, ce qui a 30 valeurs, c'est facile donc de vite comprendre le Dow Jones dans ses dynamiques individuelles.
38:10Mais en fait, il y a 14 valeurs qui sont en gros au plus haut historique. Quand je dis au plus haut historique, c'est qu'elles n'y sont pas ce soir,
38:19mais au cours des 4 dernières semaines, elles ont fait un nouveau plus haut. Et la consolidation depuis, elle est vraiment mineure.
38:26Donc cette hausse... Alors après, il y a plein de valeurs qui se sont carrément effondrées. Donc cette hausse, on ne peut pas dire qu'elle soit complètement malsaine.
38:41Le problème, c'est sur certains indices, des concentrations de pondération. Mais après ça, justement, dans la gestion, en fait, personne n'a le portefeuille indiciel.
38:53Normalement, un gérant, il ne refait pas le portefeuille indiciel. Si on veut avoir le portefeuille indiciel, on prend un ETF.
38:58Et là, il faut avoir une gestion, à nouveau, beaucoup plus tactique. Mais si on gère un peu plus correctement son choix de valeur, je ne pense pas que ce marché, pour le moment, soit particulièrement dangereux.
39:13Je pense qu'il faut en avoir.
39:15Gilles, votre avis sur le marché US ?
39:19Je regarde ça d'un peu plus loin. Maintenant, ce que je note, c'est qu'il y a une valeur dont tout le monde parle. C'est Nvidia.
39:30Et que quand je regarde les oscillations qu'on a maintenant de manière quotidienne, avec des variations qui sont assez fortes, et que je vois effectivement cette dimension retail,
39:41qui est aussi importante, y compris sur la participation à la hausse, ça m'inspire quand même un peu de prudence.
39:52Moi, j'ai commencé à travailler en 97-98 sur le marché actions. Je me souviens bien de la partie 2000. Et quand on voit ces mouvements, quand je regarde les variations quotidiennes de Nvidia,
40:04j'ai quand même l'impression qu'on est plus proche de la fin que du début.
40:08D'accord.
40:09Après, une fois qu'on a dit ça, il faut être très prudent, parce que ça peut durer longtemps, la fin.
40:15C'est ça, exactement.
40:16Et donc, vouloir être dehors avant tout le monde, c'est se tromper. Mais néanmoins, Aminima, pour moi, encore une fois, ça incite un peu de prudence.
40:25Oui.
40:26Ça incite un peu de prudence. Et on voit que, même si ce n'est pas complètement parfait, quand on regarde ce qu'a fait le succès d'Nvidia, oui, ils ont monté les volumes, mais ils ont surtout monté les prix.
40:35On regarde l'évolution de la marge brute d'Nvidia, c'est phénoménal. Aujourd'hui, ils ont des marges brutes qui sont supérieures à ce qu'on peut avoir dans le luxe.
40:41Oui, mais bien sûr, ils sont en situation de quasi-monopole.
40:43Mais on voit que derrière, c'est en train de s'organiser. Alors, on n'y est pas encore. Mais des AMD, des Microns qui essayent d'apporter des solutions.
40:51Donc, voilà. Je ne sais pas combien de temps ça peut durer.
40:57On va dire que, pour l'instant, je suis assez content de ne pas être confronté à ça au quotidien.
41:04Parce qu'effectivement, pour un gérant américain, ça ne doit pas être facile de gérer ça en portefeuille comme position.
41:09Parce que si on n'en a pas, on a tout perdu. Et en même temps, ça peut se retourner assez vite.
41:17Voilà. C'est toujours une question assez difficile à gérer.
41:23— Alors, on va passer à notre dernière question. Qu'attendre cet été sur les marchés ? On en a un peu parlé.
41:28Mais alors, à quels indicateurs vous allez être attentifs pour surveiller le marché dans les prochains mois ?
41:34Alors si on met de côté les 2 prochaines semaines, ensuite, on aura le résultat.
41:39Qu'est-ce que vous allez regarder et surveiller de près ?
41:45— Nous, au sein de l'équipe, on gère surtout des fonds actions où on fait de la sélection de titres.
41:51Et donc on va arriver en période de résultats. Donc ce qu'on va regarder, c'est les résultats d'entreprises.
41:55Et c'est ça qu'on va scruter à la loupe, parce qu'on avait quand même des attentes de rebond de l'économie.
42:02On avait eu des bonnes surprises à l'issue des premiers trimestres. — Bien sûr.
42:05— On avait eu une infliction positive sur les perspectives de résultats sur l'année, où on avait eu une révision à la hausse
42:13qui nous a ramenés peu ou prou sur les niveaux de début d'année. On avait commencé par avoir des baisses.
42:17Et on avait un message des entreprises qui était plutôt constructif sur la 2e partie d'année, en disant
42:21« On a un rebond qui se profile pour la 2e partie d'année ». — Tout à fait. Depuis, on a eu la baisse des taux de la BCE.
42:26— Voilà. Et donc... — Normalement, hors ce risque politique, il y avait un boulevard pour que tout se passe bien.
42:31— Mais donc on va voir... Il va être important de voir si ce rebond, il se confirme.
42:36Est-ce que cette reprise, cette embellie qu'on a vue, c'était lié à des effets de restockage,
42:41parce qu'on avait tellement baissé les stocks, qu'il a fallu à un moment donné réaligner les stocks avec la production ?
42:50Du coup, est-ce qu'on a eu un effet, on va dire, « one-off », comme on dit, au 1er trimestre ?
42:58Est-ce que c'est quelque chose qui se perdure ? Et donc on va vraiment regarder les messages sur le 2e trimestre.
43:04D'autant que, si on veut être un peu prudent, on voit que la consommation américaine, qui est un moteur essentiel,
43:14qui est un élément essentiel de la croissance américaine – c'est 66% du PIB américain qui vient de la consommation –,
43:19on voit que la consommation américaine... Alors on se rassure en disant « Les très riches continuent à consommer ».
43:23Oui, très bien, ils continuent. Mais les plus pauvres... — Enfin, les plus pauvres, il y a un effet de masse, quand même, qu'il faut...
43:27— Et en fait, cet effet de masse s'élargit. C'est-à-dire qu'avant, on parlait effectivement des 1ers prix.
43:32Maintenant, on s'aperçoit qu', y compris Starbucks, a fait des annonces que ça commence à ralentir.
43:39Donc en fait, la partie la plus basse, ça a tendance à percoler vers le haut. Donc je pense que ça va être intéressant
43:47de regarder les dynamiques de consommation, surtout sur la consommation discrétionnaire aux États-Unis,
43:53parce que c'est un élément essentiel de la croissance américaine. — OK. Très bien. Valérie, est-ce que vous allez
43:59surveiller, vous, sur les marchés dans les mois à venir, là ? — Bon, moi, je surveille avant tout les prix pour avoir des signaux,
44:04parce que le reste, je trouve que c'est pas un élément qui permet de solutionner une équation... — Oui, non, mais bien sûr, oui.
44:10— ...avec des tonnes d'inconnus. Au moins, sur les prix, il y a un seul truc à surveiller. Mais si on fait abstraction de ça,
44:16pour moi, une fois évacué le risque immédiat des élections françaises, et avant d'envisager les élections anglaises,
44:25qui peut-être ne nous concernent pas trop... Enfin bon. Je pense qu'on va se remettre à penser à l'inflation américaine,
44:32parce que c'est quand même le gros point d'interrogation. C'est est-ce que vraiment la Fed va baisser ses taux en 2025 ?
44:40Est-ce que cette inflation reprend le rythme ? Parce que sinon, les marchés vont se mettre à anticiper, à repousser à nouveau
44:47ses baisses de taux. Donc ça, c'est le premier truc. Et puis ça, c'est ce qui va peut-être nous faire passer l'été.
44:53Et puis après, on va penser uniquement aux élections américaines. Alors est-ce qu'il va y avoir des promesses qui vont avoir
44:59des influences économiques majeures ou pas, c'est pas sûr. Mais enfin pour moi... Donc on va surtout rester centrés, je pense...
45:08Pour moi, le vrai risque, il est sur l'économie américaine et l'évolution de l'inflation. — D'accord. L'inflation américaine.
45:13David, qu'est-ce que vous allez surveiller dans les mois à venir ? — Alors donc on a un premier débat le 27 juin entre Trump et Biden.
45:20On a une potentielle incarcération de Trump mi-juillet. — Oui, c'est vrai. Oui, non mais c'est vrai. C'est vrai, hein.
45:26— Je pense que ça va être quand même avant la tête. On va avoir la désignation des candidats. Donc je pense que l'élection américaine
45:32et l'économie américaine, effectivement, passé les troubles d'élection française, va peut-être à nouveau concentrer les regards.
45:43On a bien évidemment la saison de résultat qui est clé, qui devrait être bonne au vu de la macro et de ce que les boîtes sont capables
45:49de délivrer. Mais par rapport à cette élection américaine, il y a à nouveau un risque qui est donc les fameux tarifs, en fait,
45:56que proposent les candidats et l'impact que ça peut avoir sur le commerce mondial, sur les actions et sur les entreprises européennes,
46:02les tensions que ça peut avoir vis-à-vis des Chinois. Et je pense qu'il faut voir jusqu'où, dans le cadre des débats et des propositions,
46:10ils sont prêts à aller. Mais ça peut créer là aussi des remous, parce qu'indépendamment de ce risque d'inflation lié à ces tarifs
46:17ou aux propositions de la campagne, je pense que la trajectoire d'inflation américaine est plutôt favorable et plutôt en ligne
46:23avec des baisses de taux de la Fed d'ici la fin de l'année.
46:28C'est l'Asie générale. C'est pour ça que, pour moi, c'est survenu.
46:31Oui, mais c'est exactement ce que les chiffres nous racontent pour l'instant.
46:36Oui. On suivra ça de très près. Alors, merci beaucoup. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché aujourd'hui.
46:42Merci à Gilles Guibault, responsable des actions européennes chez AXA-IM. Merci Valérie Gasteldi, stratégiste Day by Day.
46:48Merci David Bellocq, stratégiste et géant chez Mirova.
47:02Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, c'est le quart d'heure thématique.
47:06Et aujourd'hui, marché à time est consacré à la démocratisation du private equity et des actifs privés en général.
47:12Francine Vaz vient de publier une étude pour quantifier ce phénomène qui monte en puissance depuis quelques années maintenant.
47:19Son DG Alexis Dupont est au micro de Grégoire Favet, début juin. On l'écoute.
47:26L'étude apportée en fait sur l'échantillon qui existe aujourd'hui sur le marché, je pense que l'étude est quasi exhaustive aujourd'hui
47:33sur ce qui peut toujours y avoir des petits manques, mais globalement l'étude est exhaustive.
47:37Et ce qu'on voit, c'est que ça concerne du coup essentiellement des FCPR.
47:40Oui, c'est ça. On met de côté FIP, FCPI qui ont des fonctionnements un peu différents.
47:44Qui représentent plus grand chose sur le marché aujourd'hui et qui sont plutôt le véhicule qui était utilisé dans le passé.
47:48Là, le mouvement qu'on voit et qu'on avait envie d'étudier un peu dans le détail et de commenter, c'est ce mouvement sur le moins de 100 000 euros, mais véhicule FCPR.
47:55Bon, quels sont les chiffres qu'on peut mettre là-dessus là déjà pour quantifier un petit peu ce que cette démocratisation a apporté effectivement
48:02en termes de levée, d'encours, etc.
48:04Alors, on avait déjà beaucoup de chiffres dans nos collectes antérieures sur la population au-dessus de 100 000 euros, familier-office,
48:09personnes physiques fortunées, françaises, étrangères. Tout ça, au global, c'est plus de 5 milliards d'euros.
48:13Mais là-dedans, on n'avait pas tout l'échantillon, on n'avait pas toute la diversité qu'on trouve pour les épargnants en dessous de ce seuil-là de 100 000 euros,
48:22c'est FCPR. Et on a trouvé une population qui, en fait, est à la fois très intéressante, très diversifiée et quand même déjà assez largement constituée.
48:29En encours, c'est pas loin de 8 milliards d'euros et on voit une accélération très forte puisque rien que la collègue de l'année 2023, c'est pas loin de 2 milliards d'euros.
48:37Ah oui, d'accord. Sur 8 milliards d'encours total à fin 2023.
48:40Donc les choses accélèrent assez rapidement et d'ailleurs, on le voit puisque l'âge moyen des fonds dans notre échantillon, c'est 3 ans et demi, un peu moins de 3 ans et demi.
48:46Donc ça se développe à une vitesse assez rapide.
48:50Comment on caractérise effectivement ces fonds qui sont vraiment dédiés au grand public ?
48:55Quels sont les points de différence majeurs avec la manière dont les institutionnels, eux, et depuis longtemps, se sont investis dans des stratégies, des véhicules d'actifs non cotés ?
49:08Il y a des similarités et puis il y a des vraies différences, notamment en termes de constitution.
49:12Nous, ce qui nous a quand même beaucoup surpris, c'est que c'est vraiment du non coté.
49:14C'est pas du capital d'investissement, du private equity, c'est du non coté.
49:18Au sens large ?
49:19Au sens large. Les actifs sous-jacents, en fait, sont beaucoup plus diversifiés que ce à quoi on pouvait s'attendre.
49:25Il y a une part importante d'aides privées, d'equity, du primaire, du secondaire, des liquidités, parfois des actifs cotés.
49:32Donc on a vraiment des produits, enfin c'est une classe d'actifs nouvelles qui sont en train de se déployer sous nos yeux.
49:37Et avec des différences, du coup, avec le monde institutionnel, ça fonctionne plutôt en appel immédiat, là où le monde institutionnel fait ce qu'on appelle de l'appel progressif de capitaux en fonction des besoins.
49:48Les sous-jacents sont plutôt plus matures en moyenne, avec ce qu'on appelle la courbe en J,
49:53donc la façon dont la valeur se crée dans le temps, qui sont un peu moins creusées, donc on a des choses qui sont un petit peu plus lissées.
49:59C'est quelque chose d'autre.
50:01C'est plus dérisqué, on peut le dire comme ça, Alexis ?
50:03Ça reste déplacement à risque.
50:05Oui, à risque, forcément. Non, non, mais bien sûr, tous les disclaimers s'allument, etc.
50:08Mais dans cette fameuse courbe en J, là, c'est des...
50:11Mais on voit que le mix d'actifs, le mélange entre l'equity, la dette, des actifs plus matures parfois,
50:18parce que le secondaire, on a des actifs qui sont déjà un petit peu plus loin dans la courbe de maturité,
50:21donc qui sont à un niveau de rendement risque qui est un petit peu différent.
50:24Tout ça contribue à avoir des profils d'investissement, de rendement risque qui sont un peu différents aussi pour les épargnants, donc c'est assez intéressant.
50:32Pourquoi l'industrie a fait ce choix des appels immédiats en capital pour cette population grand public
50:40par rapport à ce qui se pratique traditionnellement, j'allais dire, dans cette industrie ?
50:44Les véhicules ont été conçus pour ça, et puis c'est des problématiques assez pratico-pratiques.
50:49C'est comme un syndic de copropriété, quand il faut appeler les charges tous les mois, c'est compliqué.
50:53Ah d'accord, ah oui, c'est juste la gestion de la programmation de la trésorerie disponible, etc.
50:58Oui, il y a des problématiques techniques.
51:00Sur des véhicules avec, entre guillemets, peu d'investisseurs, plus avertis, mais qui peuvent quand même être des personnes physiques, des entrepreneurs,
51:08ça peut encore fonctionner, mais c'est vrai que quand on descend sur des véhicules qui sont commercialisés à beaucoup de gens, à des moments différents,
51:14on voit le poids des evergreens d'ailleurs dans ce paysage-là, mais on y reviendra peut-être, ce sont des schémas qui ne fonctionnent plus de façon simple.
51:22Allons-y, ils font evergreen, puisque c'est la grande majorité des fonds sur les, je ne sais plus, 90 ou 89 véhicules que vous avez regardés,
51:31la très large majorité, voire l'unanimité quasiment, sont des fonds, ce qu'on appelle evergreen, c'est ça ?
51:36Pas forcément l'unanimité, mais c'est vrai que c'est un schéma qui est vraiment surreprésenté en nombre et en poids par rapport à ce qu'on peut voir
51:43sur le marché institutionnel dans cette nouvelle offre retail non cotée qui est en train de se déployer.
51:50Ce n'est pas illogique, parce qu'un des enjeux des fonds evergreen, c'est de permettre une forme de gestion de la liquidité.
51:57Après, on ne va pas transformer des actifs liquides en actifs liquides, on crée de la valeur dans le temps, on ne sait pas faire autrement,
52:02donc on ne fera pas de miracle, mais c'est une partie de la réponse assez problématique de liquidité qui reste importante pour les épargnants.
52:08Et puis le fonds evergreen, il est non daté.
52:11Oui, c'est ça, il faut expliquer, evergreen, il n'y a pas de date de fin, enfin, il y en a eu une fois.
52:15C'est vraiment des fonds semi-liquides avec des possibilités de sorties qui peuvent être plus ou moins fréquentes selon les véhicules,
52:20donc par rapport au fonds fermés, à la flèche de capital investissement, c'est 10 ans, c'est un tunnel, on ne sort jamais.
52:27Il y a des possibilités dans ce type de fonds.
52:29Et un autre avantage que ça présente, c'est que ce sont des véhicules qui, du coup, peuvent rester longtemps sur l'étagère de réseaux de distribution.
52:35Et on voit d'ailleurs que le marché est beaucoup en train de s'intermédier par le biais de l'assurance vie en unité de compte,
52:40et donc qui présente des avantages non négligeables.
52:43Après, le marché se crée avec une diversité, il y a différentes stratégies, on n'est pas en train de dire qu'il y a quelque chose d'unique,
52:49mais c'était marquant dans ces résultats.
52:51Oui, c'est une caractéristique marquante, notamment par rapport, encore une fois, aux pratiques traditionnelles dédiées à des clients plus sophistiqués
52:57ou institutionnels en l'occurrence.
53:00Effectivement, intéressant de savoir comment le grand public et ses épargnants particuliers accèdent à ce private equity,
53:06et là aussi, l'étude réalisée montre que l'assurance vie reste l'enveloppe privilégiée pour accéder à ces unités de compte, en l'occurrence.
53:16Oui, ce qui n'est pas surprenant puisque la classe d'actifs est quand même quelque chose d'un petit peu plus complexe
53:22que ce qu'on peut trouver de façon plus traditionnelle chez un distributeur.
53:26Donc, c'est intéressant d'avoir une distribution intermédiaire par des réseaux qui sont capables d'expliquer, de présenter.
53:32D'ailleurs, il faut qu'on travaille aussi beaucoup à la formation de ces réseaux,
53:35parce qu'il faut que l'information donnée aux épargnants soit très claire, précise, non trompeuse.
53:40Donc, c'est un vrai travail pour nous, mais ce n'est pas surprenant.
53:42Et puis, voilà, l'assurance vie, c'est un élément incontournable dans le paysage.
53:47C'est un pierre angulaire, effectivement, de la gestion de l'épargne.
53:50C'est pas très surprenant, effectivement.
53:51Nous, on pense qu'il y a aussi un gros potentiel que l'étude ne reflète pas encore beaucoup, qui est sur l'épargne retraite.
53:57Parce qu'un des principaux freins ou problèmes parfois évoqués par rapport à la diffusion du non-coté dans l'épargne,
54:04c'est la liquidité au sens horizon de placement.
54:08Dans l'épargne retraite, quand vous investissez à 20 ans ou 30 ans, c'est un effet qui se gomme complètement.
54:13Donc, ça a beaucoup de sens et on pense que la loi industrie verte va beaucoup faire accès.
54:16D'autant qu'il y a eu un réel engouement pour les produits d'épargne retraite depuis leur création.
54:21Oui, parce que ça a beaucoup de sens.
54:22Quelque part, c'est un rattrapage par rapport à ce qu'on voit dans d'autres pays, aux Etats-Unis ou autres,
54:27où il y a une part de non-coté qui reste résiduelle, mais qui est beaucoup plus importante que ce qu'on peut trouver dans les produits français.
54:33Est-ce que l'adaptation de ces produits au grand public, notamment sur l'aspect liquidité, est-ce que ça s'est fait au détriment de la performance ou pas ?
54:44Qu'est-ce que vous avez pu mesurer de ce point de vue-là, sachant encore une fois qu'on est sur des historiques de performance encore jeunes en la matière ?
54:50Il faut être très prudent là-dessus. Les historiques sont relativement jeunes et les performances passées ne préjudgent pas des performances futures comme chacun sait.
54:57Donc, il faut être très prudent par rapport à ça.
54:59Nous, ce qu'on voit dans cette étude, qui est factuelle par rapport à ce qu'on identifie sur le marché,
55:07c'est qu'à âge de véhicule équivalent, ça n'a visiblement pas d'impact très important parce que la constitution des portefeuilles,
55:17le timing dans lequel ces portefeuilles se constituent peut permettre de lisser des effets différentiels.
55:22Après, évidemment, quand vous avez un fonds Evergreen dans lequel vous avez un petit peu de liquidité pour faire face à des rachats,
55:28il y a un arbitrage entre liquidité et performance qui peut se faire mais qui n'est pas si significatif que ça.
55:33Encore une fois, tout ça, il faut prendre avec prudence et apprécier dans le temps ce qu'on fera nous année après année.
55:39On a eu en revanche la satisfaction de constater que les moteurs de performance, au sens, le multiple d'investissements qu'on pouvait trouver,
55:48n'étaient finalement pas si différents dans son approche que ce qu'on peut voir dans le monde institutionnel.
55:53Bien que les actifs sous-jacents soient finalement assez différents.
55:55Et on aurait pu s'attendre à des différences qu'on n'a pas constatées aujourd'hui.
56:01Là aussi, il faut voir comment tout ça évoluera dans le temps mais c'était plutôt positif.
56:04Est-ce que les grands publics, les clients privés qui se sont intéressés à ces actifs non cotés l'ont fait aussi avec des motivations d'impact ?
56:15Je pense que c'est toujours une motivation quand on s'intéresse au capital d'investissement.
56:20D'abord aujourd'hui, il y a quand même finalement une offre qui émerge tout juste mais qui part de pas grand chose sur le marché.
56:26Et le moteur principal de ce qu'on mesure, on fait des sondages régulièrement pour voir ce qui intéresse les épargnants dans ce type de placement.
56:33Alors la performance ça revient, ça c'est assez normal.
56:37Mais ce n'est pas le seul moteur du tout.
56:39L'aspect financé des PME, des ETI ou évidemment des start-up avec une dimension locale puisque l'essentiel de nos investissements aujourd'hui pour 80% est en France.
56:49Avec un placement, je dirais, tangible qui est souvent qu'on peut expliquer à sa grand-mère.
56:54C'est-à-dire même si on ne rentre pas dans les détails techniques.
56:56C'est peut-être l'entreprise du coin de la rue.
56:58C'est peut-être la PME du coin de la rue dans laquelle d'ailleurs peut-être qu'on travaille.
57:03Il y a quelque chose qui est parlant et qui est recherché par les épargnants presque plus que les objectifs de performance.
57:10Mais on le voit à travers les véhicules qui sont proposés.
57:12Il y a toute une classification autour du degré d'impact ou du degré d'engagement extra-financier qu'on veut apporter.
57:21Est-ce que ça se retrouve ou est-ce que c'est assez blinde de ce point de vue-là ?
57:25Non. D'abord je pense que tous, mais c'est vrai au-delà du retail, tous les acteurs du capital investissement aujourd'hui
57:30quand ils investissent dans une entreprise à dix ans,
57:32aujourd'hui ne peuvent pas faire l'impasse sur le fait de la transformer sur le plan de la durabilité.
57:36Donc là ils le font tous. Après ils le reflètent plus ou moins dans leurs éléments marketing.
57:39Et là-dessus je pense que tout le monde est très prudent aussi pour rien dire d'inexact ou de trompeur.
57:44D'exagérer, oui.
57:46Mais au-delà de la durabilité, je pense que l'épargnant va chercher le sens, la cible d'investissement qu'on comprend,
57:54qu'on a envie d'aider, une forme d'affection presque dans ce qui est fait.
57:58Très intéressant. En tout cas, je retiens, c'est 8 milliards d'encours pour le grand public dans le non-coté
58:05avec le mouvement de démocratisation de ces dernières années et 2 milliards levés en 2023.
58:09Et ça grandit beaucoup. On n'a pas parlé des frais, on a quand même eu la satisfaction de constater que
58:13ce qu'on voit souvent refléter dans les publications diverses, ce sont des frais maximums qui sont dans les documents commerciaux
58:19parce que c'est la seule information qui existe publiquement.
58:21On avait cette intuition, mais quand on regarde en pratique, les frais réels sont bien en dessous des frais maximums,
58:27ce qui est bien normal, mais c'est quand même important de le dire.
58:33Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, c'est le quart d'heure thématique.
58:35Et aujourd'hui, marché à thème était consacré à la démocratisation du private equity.
58:39Alexis Dupont, DG France Invest, répondait le 17 juin dernier aux questions de Grégoire Favé.
58:45Notre émission touche à sa fin. Je vous donne rendez-vous à 17h demain pour une nouvelle édition de Smart Bourse présentée par Nicolas Pagny.
58:57Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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