Jeudi 21 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Thibault Morel (Analyste en recherche Actions, SILEX) , Nicolas Carlési (CEO, IADYS) , Bastien Drut (Responsable de la stratégie et de la recherche économique, CPR AM) et Sebastian Paris Horvitz (Directeur de la recherche, LBPAM)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart4Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez
00:15en direct à la télévision via vos box, émission que vous retrouvez chaque soir en replay sur
00:20bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24Au sommaire de cette édition ce soir, nous reviendrons en détail sur le cas Nvidia,
00:29bien sûr après la publication de la première capitalisation boursière mondiale hier, après
00:34la clôture des marchés américains, les chiffres sont bons évidemment, la réaction de marché
00:40reste quand même assez incertaine encore à ce stade avec un titre Nvidia, un cours
00:44de bourse qui tourne autour des 145 dollars, on a eu une ouverture en fanfare mais très
00:50vite le titre a rendu les 4% de hausse à l'ouverture et pour l'instant est en train
00:57de céder un peu de terrain, une baisse limitée à 1% autour pour le titre Nvidia.
01:02Dans cette première partie d'échange à Wall Street, nous y reviendrons en détail
01:07avec nos invités de Planète Marché dans un instant et un spécialiste notamment de
01:10la recherche action qui nous en dira un peu plus sur la qualité et le contenu de la publication
01:16de Nvidia hier soir.
01:18Nous reviendrons également plus largement sur l'effet Trump, quelles sont les limites
01:23de l'effet Trump vis-à-vis de la sphère financière, quels peuvent être les avantages,
01:29coûts d'une politique ou d'une doctrine Trump qui serait mise en place dans les grandes
01:35largeurs avec évidemment des marges de manœuvres politiques importantes pour la future administration
01:41de Donald Trump qui s'installera à partir du 20 janvier prochain, on a déjà deux semaines
01:46à peu près de bourse derrière nous pour jauger un petit peu des interrogations que
01:50le marché peut avoir sur la doctrine Trump et notamment sur la partie économique.
01:56Là aussi ce sera notre sujet de discussion avec nos invités de Planète Marché dans
02:00un instant.
02:01Puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, nous reviendrons ce soir à nouveau
02:04sur les lauréats des trophées de l'innovation qui étaient organisés par LBPM au début
02:09du mois de novembre, nous recevrons les lauréats de la Greentech de l'année, Yadis qui est
02:14à l'intersection de l'intelligence artificielle et de la robotique avec pour ambition de nettoyer
02:20et de préserver les écosystèmes, notamment la partie maritime des écosystèmes et de
02:30la biodiversité aujourd'hui, le PDG et fondateur de Yadis sera avec nous en plateau à partir
02:35de 17h45.
02:36Mais d'abord, tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse les infos
02:50clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel.
02:52Bonsoir Pauline.
02:53Bonsoir.
02:54NVIDIA donc à la une et des investisseurs qui sont en train d'arbitrer justement les
02:58résultats publiés hier par le groupe.
03:00Oui et le marché ne sait pas trop sur quel pied danser.
03:03NVIDIA fait état de meilleurs résultats que prévu au troisième trimestre avec un
03:07chiffre d'affaires à 35 milliards de dollars.
03:09Le marché en attendait 33 milliards et un bénéfice net à plus de 19 milliards de
03:14dollars, des chiffres qui ont doublé en un an.
03:16NVIDIA qui effectivement depuis de nombreux trimestres maintenant a habitué les investisseurs
03:22à battre très largement les attentes du consensus.
03:26Oui et du coup les investisseurs en attendaient encore plus.
03:28Le chiffre d'affaires augmente certes de plus de 90% sur un an au T3 mais c'est moins
03:33que les trois trimestres précédents où l'entreprise avait fait plus 265, plus 262 et plus 122%.
03:41Par ailleurs la prévision pour le trimestre en cours est légèrement inférieure à l'estimation
03:45la plus élevée des analystes.
03:47La réaction de marché a montré beaucoup de volatilité avec une baisse du titre hier
03:51soir après clôture puis une ouverture sur un niveau record cet après-midi avant un
03:55renversement en territoire négatif.
03:58Que dire de la tendance des marchés après cette publication majeure Pauline ?
04:02Côté européen les grands indices évoluent en ordre dispersé.
04:05En France le CAC 40 évolue sans réelle tendance toujours autour des 7200 points.
04:09Côté américain les indices ouvrent globalement à l'équilibre.
04:12Qu'en est-il du marché obligataire ?
04:14Le rendement américain à 10 ans est stable aujourd'hui autour de 4,40%.
04:18En Europe le rendement de l'obligation allemande de même échéance l'est également autour
04:22de 2,30%.
04:24Cet écart pousse à nouveau l'euro-dollar à la baisse en direction de 1,05.
04:28Et puis le bitcoin qui fait partie quand même des mouvements et des actifs.
04:32A observer en ce moment le bitcoin dont l'envolée ne s'arrête plus.
04:37Oui la question c'est à quand les 100 000 dollars ?
04:39Le bitcoin a en effet atteint les 98 000 dollars en début d'après-midi.
04:43Cela porte sa progression à 40% depuis la victoire de Trump et à plus de 120% depuis
04:49le début de l'année.
04:50Bon si le marché hésite encore à arbitrer les résultats de Nvidia, en revanche ceux
04:56de Soitech ont largement été salués par les investisseurs.
05:00Oui l'entreprise fait état d'une baisse de son chiffre d'affaires de 15% en organique
05:03au premier semestre de son exercice 2024-2025.
05:07Mais c'est ce qui était prévu, le fricage flot a progressé pour atteindre 35 millions
05:11d'euros.
05:12Et Soitech en profite pour réaffirmer ses objectifs annuels.
05:15Le titre a gagné plus de 15% pendant la séance.
05:18Quels sont les événements qui marqueront la séance de demain Pauline ?
05:20Les investisseurs prendront connaissance de la deuxième estimation du PIB allemand pour
05:24le troisième trimestre.
05:25Une série de PMI préliminaires pour le mois de novembre seront publiées en zone euro
05:29et aux Etats-Unis.
05:30Et Christine Lagarde s'exprimera également demain matin.
05:33La présidente de la Banque Centrale Européenne, je crois qu'aujourd'hui on a eu 13 discours
05:37de membres de la Banque Centrale Européenne, donc en attendant celui supplémentaire de
05:41Christine Lagarde demain.
05:42Pauline Grattel avec nous chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
05:46les marchés.
05:47Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète,
06:00Marché, Sébastien de Paris-Sorvides, c'est avec nous le directeur de la recherche de
06:03LBP Asset Management.
06:04Bonsoir Sébastien.
06:05Bonsoir.
06:06Merci d'être là.
06:07Merci à Bastien Dreux de nous accompagner également.
06:09Bonsoir Bastien.
06:10Bonsoir.
06:11Le directeur de la recherche et de la stratégie de CPR Asset Management est Thibault Morel
06:14qui est également avec nous autour de cette table.
06:17Bonsoir Thibault.
06:18Bonsoir.
06:19Ravi de vous accueillir.
06:20Vous êtes analyste recherche-action chez Silex, parlons action notamment de NVIDIA
06:24avec vous Thibault.
06:25Qu'est-ce qu'on peut dire de la qualité du contenu de la publication de NVIDIA et
06:30pourquoi est-ce que le marché a du mal à savoir sur quel pied danser ? Je le rappelle,
06:34il y a eu la réaction de Marché IR après Bourse dans les échanges électroniques qui
06:37étaient plutôt négatives.
06:39A l'ouverture ce matin aux Etats-Unis, le titre bondit de 4% et en quelques secondes
06:44voire quelques minutes, il repart assez vite à la baisse.
06:49Une baisse qui reste somme toute limitée.
06:51On parle d'une baisse de 1% pour le titre NVIDIA autour de 145 dollars aujourd'hui.
06:55Qu'est-ce qui rend compliqué visiblement l'arbitrage du marché Thibault ?
06:58C'est vrai que c'est une publication qui est difficile à lire.
07:02C'est une publication qui est difficile à lire pour plusieurs raisons.
07:04Les marchés hésitent entre deux faits saillants sur cette publication.
07:08La première c'est bien que les résultats soient excellents comme d'habitude avec NVIDIA
07:13qui battent toutes les attentes, ça bat un petit peu moins les attentes sur ce qui comptait
07:18vraiment c'est-à-dire la guidance du prochain trimestre.
07:22Et pourquoi est-ce que ça bat moins bien les attentes que d'habitude ? Principalement
07:29parce qu'il y a des problèmes de production et en tout cas la cadence de production augmente
07:33moins vite qu'attendu.
07:34En revanche, il y a un côté extrêmement positif sur cette publication, c'est la demande.
07:39Et en particulier la demande pour les prochaines générations de puces de NVIDIA qui sont
07:44cruciales pour le développement de l'intelligence artificielle et ça les investisseurs l'ont
07:48aussi aux têtes.
07:49Donc ils balancent entre ces deux éléments.
07:52On parle donc c'est le nouveau GPU Blackwell, c'est ça ?
07:56Tout à fait.
07:57Qui est aujourd'hui au cœur des enjeux, qui est la nouvelle puce.
08:00Jensen Yong veut sortir un nouveau modèle par an, c'est le rythme qu'il a édicté,
08:04c'est ça Thibault ?
08:05Tout à fait ça.
08:06Donc c'est un vrai premier test, j'allais dire, pour la capacité de l'entreprise NVIDIA
08:10à gérer ces montées en puissance de nouveaux produits aujourd'hui.
08:14Oui, c'est tout à fait ça.
08:15Et on sent que dans le narratif, l'entreprise est challengée là-dessus.
08:18Juste avant la publication, il y avait des rumeurs notamment de surchauffe des puces,
08:23comme il y en a souvent dans le semi-conducteur, qui ont été démenties par pas mal de personnes,
08:28notamment des fournisseurs de NVIDIA, des clients aussi.
08:32Donc effectivement, il y a ce challenge d'augmenter la cadence, qui est crucial aussi pour les
08:36clients, parce que les clients, ce dont ils s'aperçoivent, c'est qu'il y a potentiellement
08:40énormément d'applications en jeu, mais pour ça, il faut qu'économiquement, il y ait
08:46encore des gros sauts technologiques qui soient faits, notamment sur l'efficacité énergétique
08:50des puces.
08:51Donc il y a aussi cet enjeu-là dans le fait d'accélérer la cadence de production de
08:55nouvelles puces.
08:56Ça reste une course de vitesse pour tout le monde dans cette industrie.
08:58Qu'est-ce qui pose problème dans la partie production pour NVIDIA ? Où sont les points-clés
09:06peut-être auxquels NVIDIA va devoir répondre ?
09:09Oui, alors le point-clé, ça va être son principal fabricant, c'est TSMC, l'entreprise
09:14leader de la fabrication de puces, notamment les puces les plus avancées à Taïwan.
09:18Et en fait, la fabrication de puces d'IA requiert plein de nouveaux processus de fabrication
09:25très, très avancés qui n'existaient pas avant.
09:27Pour ça, il faut des nouvelles machines, il faut tester de nouveaux processus de fabrication
09:32et pour TSMC, ça va très vite aussi.
09:34Donc il y a cet enjeu-là du côté de TSMC, il y a l'enjeu aussi, si on remonte encore
09:41la chaîne de valeur, d'acquérir les bonnes machines pour fabriquer ces puces-là.
09:44C'est vraiment toute la chaîne de valeur en amont qui est au centre du jeu.
09:48Sur la partie demande, quel est le discours du moment de Jensen Huang et de ses équipes ?
09:54Jensen Huang nous dit que l'âge de l'intelligence artificielle est encore au-dessus de nous.
09:59Ce sera une période large et diverse.
10:03Est-ce qu'il est encore dans l'idée d'acquérir de nouveaux clients, toujours plus de nouveaux
10:09clients ? C'est vrai qu'on a des poids très concentrés du chiffre d'affaires chez
10:13les GAFAM, pour faire simple.
10:15Est-ce que cette demande est en train de pénétrer d'autres secteurs, d'autres profils de
10:22clients également, Thibault ?
10:24Oui, les GAFAM aujourd'hui représentent entre 40 et 50% du chiffre d'affaires, donc
10:27effectivement c'est très concentré.
10:29En revanche, ce qu'on observe, c'est une diversification de la clientèle, notamment
10:33vers des acteurs gouvernementaux.
10:35C'est important aussi, parce qu'il y a un enjeu de souveraineté également.
10:41Il y a les deux, il y a vraiment cette concentration GAFAM.
10:46De plus en plus d'États achètent directement, sont des clients directs de Nvidia aujourd'hui.
10:50Pas forcément en direct, via des fonds d'investissement, mais oui, globalement il y a cet enjeu de
10:56souveraineté numérique.
10:57Concernant la demande, aujourd'hui on ne voit pas la fin de l'augmentation de la demande.
11:02Il l'a cité, il y avait un chiffre qui était particulièrement frappant pendant ce conf
11:05call, c'est qu'on n'attend pas de digestion de la demande avant au moins 4 ans.
11:10Et ça, pour un cycle semi-conducteur, c'est assez inhabituel.
11:14On est plutôt sur des cycles de 1-2 ans, c'est assez nerveux les cycles semi-conducteurs.
11:19Donc c'est dire la profondeur de la demande, mais c'est à la hauteur de l'enjeu qu'il
11:23y a derrière sur l'intelligence artificielle et toutes ses possibilités.
11:25Est-ce que ça soulève la question d'un risque de bulles sur ou autour des valorisations
11:33boursières de ceux qui construisent les infrastructures de l'IA aujourd'hui Thibault ?
11:37Alors ce risque, il faut toujours le garder en tête.
11:39On n'a pas envie de réitérer l'expérience bulles.com.
11:43En revanche, ce qu'on observe, il y a quand même un fait extrêmement différent aujourd'hui
11:47par rapport au début des années 2000, c'est que les fondamentaux suivent spectaculairement
11:52l'augmentation des cours de bourse.
11:55C'est-à-dire ?
11:56Si on regarde les multiples, la bulle.com, c'était une augmentation des multiples déraisonnable
12:01jusqu'à 200 fois le price earning.
12:03Là, sur Nvidia, si on regarde avant chaque publication, on est toujours autour de sa
12:07moyenne 10 ans, qui est certes élevée, 35, mais c'est sa moyenne 10 ans.
12:10Et à chaque fois, ce qui est très sain aussi, c'est que le marché challenge à chaque fois
12:15la croissance de Nvidia.
12:16Chaque publication, le marché challenge en disant quand est-ce que ça va se terminer,
12:19où est-ce que ça va s'arrêter ?
12:20Il y a une vigilance.
12:22Il y a une très forte vigilance.
12:24Très forte vigilance et plutôt sain.
12:25Et donc, vous avez dit en termes de cas d'investissement, ça reste encore un cas d'investissement
12:31« sain ».
12:32Oui, aujourd'hui, ça reste un cas d'investissement « sain », sauf énorme surprise, il y a
12:40toujours des inconditionnels.
12:41Par exemple, s'il y a un problème avec Taïwan, là, il y a un problème direct, ce ne sera
12:46pas que Nvidia et on pensera à autre chose que Nvidia à ce moment-là.
12:49En premier lieu, sans doute, oui.
12:51Même si, oui, c'est majeur.
12:53Mais ça pourrait être la chose qui ferait déraper.
12:55Mais aujourd'hui, sinon, sur les fondamentaux, notamment sur la demande, on s'aperçoit
12:59que les modèles sont toujours de plus en plus puissants avec toujours plus d'applications.
13:02Aujourd'hui, c'est toujours un cas intéressant.
13:05Trump et Nvidia, je veux dire une future administration Trump pour les grandes valeurs technologiques
13:12américaines, Nvidia étant l'emblème aujourd'hui de ces valeurs-là, c'est positif, ça rend
13:18les choses plus compliquées, ça ne change rien ?
13:20C'est ambigu, on va dire.
13:24Le premier fait, il est plutôt positif, c'est que la tech a acquis une influence extrêmement
13:31grande auprès de la politique américaine.
13:33On le voit avec Elon Musk qui s'affiche partout avec Trump, qui intervient dans des calls
13:37avec d'autres acteurs de la tech, qui est présent aussi dans des calls avec des dirigeants
13:42étrangers.
13:43Ça, c'est un fait totalement nouveau et ça montre l'influence de la tech.
13:46Sachant que Musk, c'est vraiment un transhumaniste, accélérationniste de la tech, son objectif
13:52c'est d'aller sur Mars, voilà pour l'objectif, donc ça c'est plutôt positif.
13:56Ça veut dire qu'il va y avoir une dérégulation, une déréglementation qui peut favoriser l'innovation
14:03tech.
14:04Ce qui est plus ambigu, c'est à qui va profiter cette déréglementation finalement, parce
14:08que Trump, sur sa ligne, et vu les gens avec qui il s'est entouré, notamment J.D.
14:14Vance, son VP, c'est plutôt une ligne anti-establishment économique, notamment anti-gafame.
14:21Il y a tech et tech, il y a la tech portée par Elon Musk qui est peut-être aujourd'hui
14:25le nouveau symbole pionnier américain, etc., et puis il y a la tech de l'ancien monde,
14:31celui de la Silicon Valley bonte.
14:34Tout à fait, alors qu'elle n'a pas dit son dernier mot, ça c'est sûr, mais effectivement
14:39on peut penser qu'elle va être mise sous pression sur un certain nombre de segments
14:44dans les mois, dans les années à venir, avec un Musk qui va s'attaquer clairement à leur
14:50marché, il l'a annoncé, et autrement qui va s'attaquer aussi aux agences de régulation
14:55directement.
14:56Je me pose la question toujours de savoir, alors ce que Musk vient faire dans cette affaire,
15:01ça ok, mais surtout quels vont être ses marges de manœuvre, ses leviers d'action,
15:05et quel va être son titre et sa fonction exacte, et son rôle exact, explicite, auprès de
15:13la Maison Blanche.
15:14Pour l'instant on est un peu dans un flou artistique qui permet à Elon Musk de faire
15:18évidemment ce qu'il veut, en tout cas de dire ce qu'il veut.
15:20Oui, tout à fait, c'est une situation assez particulière d'avoir des intérêts business
15:25comme ça, et en même temps une influence sur les organisations qui vous régulent.
15:29Il faut voir ce qu'il va se passer.
15:32Oui, on va suivre ça, je crois qu'on n'aura pas le choix, de toute façon beaucoup de choses
15:36auront été dites.
15:37Non, mais il y a plein d'angles intéressants, je ne sais pas ce qui peut vous intéresser
15:40là-dedans, Bastien, Trump et la tech, la diffusion de l'IA, Nvidia étant évidemment
15:45la partie peut-être émergée, très émergée de l'iceberg, mais il y a tout ce qui se
15:50passe autour, tous les investissements que ça implique, jusqu'aux investissements logiciels
15:57qui sont quand même le cœur de l'innovation, de la productivité, etc. depuis déjà des
16:02années aux Etats-Unis.
16:03Il y aurait plein de choses à dire.
16:04Oui, oui, on peut !
16:05Peut-être sur Trump et la tech, moi j'ai mon sentiment, je ne suis pas dans la tête
16:11de Trump, évidemment, je pense que personne ne l'est, même dans ses proches conseillers
16:16et ils ne savent pas forcément très bien ce que lui veut faire sur tous les sujets.
16:20En tout cas, on a l'impression que ça n'est quand même pas sa priorité, tout ce qui
16:25concerne les dossiers antitrust de la tech, ce n'est pas du tout la priorité, peut-être
16:30qu'il a pu en parler à un moment ou à un autre, mais c'est vraiment quelque chose
16:34qui vient très très loin dans l'agenda et ses conseillers disent que de toute façon
16:39l'antitrust tech, ça prend vraiment beaucoup de temps et donc c'est des dossiers qui
16:44prendront pas mal de temps à être étudiés.
16:47Et peut-être quand même la différence avec 2016, c'est qu'il avait un discours
16:50qui était assez négatif sur la tech quand même à l'époque, il était assez virulent
16:54et je pense que c'était en partie parce que les dirigeants des méga-cap, des plus
17:00grosses entreprises de la tech, ne le prenaient pas forcément au sérieux.
17:03Alors que là, dans la campagne électorale, on a bien vu que tout le monde le prenait
17:07au sérieux, qu'il avait pris une autre dimension, qu'il avait de réelles chances
17:11d'être élu.
17:12On l'a vu notamment avec des prises de parole de Jeff Bezos, mais aussi il y a des
17:18PDG comme celui de Microsoft qui ont pris contact avec lui, donc on voit qu'il est
17:25beaucoup plus pris au sérieux et je pense que du coup, ça peut flatter peut-être
17:31un peu son égo et qu'il a peut-être moins envie de mettre son nez là-dessus, alors
17:35qu'il y a tout un tas d'autres dossiers qui sont complètement prioritaires pour
17:39lui comme l'immigration, les droits de douane par rapport à la Chine, ça c'est
17:44vraiment les dossiers les plus importants, la baisse des impôts, la dérégulation,
17:47ça c'est vraiment des dossiers qui sont très importants.
17:49Et peut-être pour compléter ce que disait Thibault sur le potentiel de l'IA, c'est
17:55qu'il y a une petite enquête qui est assez sympa, je crois, qui est faite toutes les
18:00deux semaines par le bureau du recensement aux Etats-Unis, et qui, auprès des entreprises
18:05et qui leur demandent, est-ce que vous utilisez l'intelligence artificielle générative,
18:08et on voit que ça monte constamment, mais le niveau, il est relativement bas, on est
18:13à 8 ou 9% quelque chose comme ça d'utilisation de l'IA générative par les entreprises,
18:18mais c'est vraiment en forte croissance, et on voit vraiment là, le potentiel énorme
18:24qu'il peut y avoir, parce que tout le monde, et ces entreprises elles-mêmes le disent
18:28que de toute façon il y a pas mal de potentiel d'utilisation dans leurs activités, et je
18:34crois que Thibault mentionnait les 4 ans à venir pour la demande qui continuerait
18:39à progresser sur l'IA et sur les semi-conducteurs, ça c'est tout à fait ce qu'on pense aussi,
18:43qu'il reste un potentiel très important sur ce génération.
18:46Donc ça reste un potentiel, et il n'est pas temps de s'inquiéter ou de trop s'inquiéter
18:50de l'écart qu'on peut constater entre les dizaines, voire peut-être centaines de milliards
18:55de dollars qui sont alloués à l'infrastructure, au GPU, et la faiblesse des recettes, des
19:03usages qu'on trouve aujourd'hui à l'arrivée, c'est normal qu'on ait cet écart à ce stade
19:08du cycle ?
19:09Oui, c'est des choses qui vont être amenées à évoluer sur les années qui arrivent,
19:12donc nous on ne s'inquiète pas du tout pour ça, et on pense vraiment que l'utilisation
19:17de l'IA va vraiment être de plus en plus forte pour les entreprises américaines.
19:21Sébastien ?
19:22Sur ce qui vous intéresse ?
19:23Oui, je sais pas, j'essaie de trouver ce qui m'intéresse, parce qu'on vit à une période
19:31très particulière, l'IA est une révolution, on le sait depuis les années 70, mais cette
19:37accélération est extraordinaire, et on se retrouvait tout à coup dans quelque chose
19:41qui est assez surprenant, c'est-à-dire qu'on a aujourd'hui des énormes monopoles qui couvrent
19:48sur la technologie et d'autres secteurs, si vous prenez Apple, Amazon, etc., c'est des
19:53vrais monopoles, et une puissance financière incroyable, et tout à coup, et c'est une
19:59surprise, il y a le développement de l'IA, d'abord parce que la recherche sur comment
20:05utiliser l'énormité de données que nous avons, aujourd'hui, on sait comment le faire,
20:11et il nous fallait la puissance de calcul, les ordinateurs, etc., et il se trouve, surprise,
20:17qu'il y a une seule boîte au monde qui s'est mise là-dessus et qui développe, encore une
20:22fois, une puce, la puce c'est très important, ça requiert de l'innovation, etc., mais c'est
20:27que la puce, c'est-à-dire que la vraie matière grise, elle vient d'ailleurs, même si pour
20:33faire des puces, c'est compliqué, nous on fait les machines en Europe, dont on a besoin
20:37TSMC, avec ASML, et TSMC fait la puce créée par NVIDIA, n'empêche qu'ils ont un monopole,
20:47et on se dit, c'est quoi la barrière à l'entrée ? Aujourd'hui, la première barrière, c'est
20:51que les autres, les fameuses, on exclut NVIDIA, toutes les autres monopoles, ce qu'on appelle
21:01les 7 magnifiques ou les 6 magnifiques, c'est eux qui investissent, tu l'as dit, c'est
21:0750% de la demande, et donc c'est extrêmement concentré, et ces gens-là ont une puissance
21:14aujourd'hui d'absorption des données et de monopole aussi de la donnée, et qui vont
21:19l'utiliser, on ne sait pas comment, et à côté, il y a les gens qui pensent, les
21:24autres pensent aussi, mais ceux qui vont créer, donc OpenIA, nous on a Mistral, c'est ça
21:30? C'est les gens qui vont aider les puces à penser comme nous, c'est quand même extraordinaire
21:40de penser comme nous, aujourd'hui les gens utilisent, tu le disais, d'interroger la
21:47machine, lui dire qu'est-ce qui va se passer demain, et la machine peut sortir quelque
21:51chose, maintenant il faut structurer ça, est-ce que ça va faire des gains de productivité,
21:56est-ce que cette réponse va m'aider à mieux fonctionner, comment nous on va s'adapter
22:01à ça, comment le travail va changer, parce que quelqu'un qui fait quelque chose que
22:05la machine peut faire aujourd'hui, et avant on ne pouvait pas, qu'est-ce qu'on va faire
22:09avec cette personne, comment on va l'éduquer, il y a plein de sujets énormes, et j'arrive
22:16à Trump, donc ces personnes qui, aujourd'hui on ne saurait pas quoi en faire, vu qu'il
22:22faudrait inventer leur travail, Trump est un populiste, Trump ne s'intéresse pas à
22:28l'innovation, à la technologie, jamais, il ne s'est jamais intéressé, il veut être
22:31puissant, il veut avoir le pouvoir, donc il se trouve que certains de ces grosses fortunes
22:37dont Musk, il veut le pouvoir aussi, il veut le pouvoir, et il est comme Trump, si tu n'es
22:43pas avec moi, attention, tu es contre moi, et ça c'est un peu effrayant, malgré l'argent
22:49qu'il a mis, c'est l'homme le plus riche de la planète, il met de l'argent dans beaucoup
22:53d'endroits, et beaucoup de choses qui ont été extrêmement innovantes, donc ce qui
22:57peut faire peur avec Trump, vu qu'il n'a pas d'idée je pense, à aucun moment il a
23:02dit comment l'Amérique elle l'écroite, l'Amérique elle l'écroite d'abord parce
23:06que là elle ne s'intéressait qu'à elle, et donc pour les grands de la tech, ce qui
23:10faisait peur de Trump, c'est qu'eux ils ont besoin du reste du monde, parce qu'il
23:14y a des gros marchés, Trump leur dit non, c'est nous, et je pense qu'aujourd'hui c'est
23:21quand même lui qui a le pouvoir, c'est lui qui régule, donc on est obligé d'être gentil,
23:26mais on ne sait pas comment ce cocktail va fonctionner, mais encore une fois, la révolution
23:31de l'intelligence artificielle c'est pour, je ne sais pas, 50 ans, et forcément il y
23:37a beaucoup de choses qui vont changer de la façon dont on travaille, pour ce qui est
23:41de Trump c'est d'abord 4 ans, voire 2, voire 2, parce que, non mais il y a les mi-termes,
23:47c'est à dire que pour l'instant la première séquence c'est, oui oui, non mais il sera
23:50là pendant 4 ans, mais les mi-termes peuvent changer aussi un peu, c'est pas grave, il
23:54va bien le faire sur la technologie, en revanche il veut transformer nos relations commerciales,
23:59etc., et peut-être de la façon dont la tech avance, même si encore une fois, la chance
24:05d'Invidia, ils ne vont qu'aux Etats-Unis, c'est à dire aux 50% des grosses autres
24:11compagnies.
24:12On va parler un peu plus largement de l'agenda Trump, mais si on dit encore un mot de la
24:15tech, spécifiquement avec vous Thibault, effectivement, l'idée de conflictualité
24:21avec la Chine elle n'est pas nouvelle, mais elle peut monter encore d'un cran sous Trump,
24:26l'idée simplement des tarifs, etc., des chaînes de valeur, de la régionalisation,
24:32etc., ça altère un petit peu le cas d'investissement quand même de ces grandes valeurs technologiques
24:37américaines, comme le disait Sébastien, qui ont besoin du monde comme terrain de jeu.
24:41Je pense que ça le renforce pour une raison précise, c'est que l'IA représente une
24:47nouvelle guerre froide technologique, c'est la course à l'armement, l'IA, vu les conséquences
24:53de l'avènement d'une telle technologie, à la fois sur les économies et même sur
24:58certaines parties des pouvoirs régaliens, comme les armées, on le voit avec potentiellement
25:02des armes autonomes, il y a un réel enjeu à être le premier à acquérir cette technologie,
25:08et les Américains...
25:09Et en priver les autres ? Enfin, essayer d'en priver les autres ?
25:12Essayer d'en priver les autres, mais ça c'est très dur à faire, donc ils veulent surtout
25:15être les premiers à le faire, et on voit les Chinois font énormément de progrès
25:19dans les modèles les plus avancés, le dernier modèle qu'OpenAI a sorti qui s'appelle
25:24O-One, qui est un modèle qui résonne, ce qui est tout à fait nouveau et qui a beaucoup
25:28de conséquences, et bien les Chinois, en deux mois, ont réussi à répliquer ce modèle.
25:34On a eu l'info hier, ça s'appelle DeepSeek, et c'est exactement, c'est une copie conforme,
25:40donc on voit bien cet enjeu de parvenir à maîtriser la technologie en premier pour
25:46éviter qu'une utilisation qui soit faite par les Chinois qui soit contraire finalement
25:51au principe américain, mais ça c'est pas nouveau, c'était déjà le cas sur les
25:54puces avec les sanctions d'exportation des machines à SML, là ça passe une étape,
25:59on passe une vitesse supérieure avec ça.
26:02Mais les Chinois n'ont pas les puces ? Alors, les Chinois, ils ne sont pas censés
26:08avoir les puces, mais ce qu'on voit, c'est que dans les faits, ils les ont, alors on
26:15sait pas très bien par où ça passe, par le Moyen-Orient, par Singapour, on sait pas
26:20très bien, mais ce qu'on constate, c'est qu'il y a des clusters avec des puces Nvidia
26:26sur le territoire chinois.
26:27Et ça, l'administration américaine va vouloir patcher ces failles, ces fuites dans les tuyaux,
26:32dans les circuits ? Très certainement, ils vont certainement
26:35essayer.
26:36Est-ce qu'ils vont y arriver ? C'est extrêmement compliqué de maîtriser une chaîne d'approvisionnement
26:39mondiale comme ça, où ça peut passer par plein de pays, ça va être un vrai challenge
26:43pour eux.
26:45Bastien, si on change un petit peu de terrain, mais toujours en lien avec Donald Trump et
26:50ses deux semaines qui sont déjà derrière nous, depuis les résultats de l'élection,
26:55il y a eu beaucoup d'annonces de nomination, c'est allé très très vite, on a très vite
26:59trouvé le secrétaire de la Défense, le secrétaire d'État, le futur ministre de la Justice,
27:03on verra de tous ces gens-là ceux qui restent après validation ou élimination par le Sénat.
27:09En revanche, il y a un nom qui a du mal à sortir, et je trouve ça assez intéressant,
27:12c'est celui du secrétaire du Trésor.
27:14Ça montre bien quand même que dans l'agenda Trump, dans la doctrine économique de Donald
27:19Trump, il y a quand même une vigilance particulière qui va être apportée à cette question fiscale
27:23et budgétaire, et aux conséquences de ce que pourrait être la doctrine Trump sur la
27:28partie budgétaire.
27:29Alors il y a plein de choses à dire là-dessus, sur les nominations, il y a eu des nominations
27:33assez disruptives, on va dire, pour aller vite, mais pour l'instant, pour le secrétaire
27:38du Trésor, on ne sait pas encore.
27:40Ce qu'on peut noter sur les noms qui ont été mentionnés, c'est qu'il y a souvent
27:47des directeurs de hedge funds, ou de fonds d'investissement, de provêtés coûtilles,
27:52et en fait, une interprétation qu'on pourrait faire ici, c'est que Trump, avant tout, il
27:58aime les marchés actions, il aime les marchés et il veut que les marchés montent.
28:03C'est le KPI de Trump, c'est le Dow Jones.
28:05Il a déjà dit, pendant son premier mandat, que c'était sa boussole, et quelque part,
28:12on peut y voir quelque chose de rassurant, parce que ça veut dire qu'il n'est pas prêt
28:18à prendre des mesures qui pourraient casser le marché actions l'année prochaine, qui
28:22pourraient être complètement disruptives.
28:25C'est un élément.
28:27Mais c'est un point clé, parce que pour que le marché actions aille bien, il faut que
28:33le marché obligataire soit sous contrôle aussi, j'imagine, Bastien.
28:38Oui, il y a un peu de ça.
28:41Et sur ce point-là, de toute façon, ils ne peuvent pas se permettre d'avoir non plus
28:45des déficits qui augmentent trop.
28:47Donc, ça, on verra comment ça se passe.
28:51On entend circuler des idées disruptives, on va dire, comme Elon Musk qui veut faire
28:56baisser le budget fédéral de 2 000 milliards de dollars.
28:59Donc, le budget fédéral, c'est aux alentours de 7 000 milliards.
29:03Donc, le faire baisser de 2 000 milliards, j'ai pas fait le calcul, mais c'est quelque
29:07chose comme 6, 7, 8 % du PIB.
29:10C'est énorme.
29:11Sachant qu'il y a à peu près 3,5 trillions qui sont dédiés aux dépenses et au filet
29:17de sécurité sociale, qui n'est pas déjà un filet très large aux Etats-Unis, et si
29:22vraiment il faut taper là-dedans, c'est très compliqué d'aller y trouver 2 trillions.
29:26Donc, en réalité, on ne sait pas trop.
29:28Il y a, je pense, quand même une volonté d'être plus sérieux pour ce poste-là que
29:36pour les autres postes.
29:38Ça, ça me paraît assez clair.
29:39Mais je pense que c'est la période vraiment actuelle, les jours aujourd'hui, cette semaine,
29:44la semaine prochaine, c'est quand même clé parce que de ce qu'on peut lire, c'est qu'il
29:49teste avec les candidats possibles la faisabilité de ces hausses de droits de douane.
29:55La faisabilité, oui, c'est faisable.
29:57De ces baisses d'impôts reconduites, des droits de douane, du renversement des flux
30:01migratoires, qu'est-ce que ça donne sur le plan économique ? Qu'est-ce que ça veut
30:04dire pour les trésories dédiées à Paul Dow Jones ?
30:06Et les différents candidats qui ont été interviewés chez lui en Floride ont pu peut-être
30:12lui dire, écoutez, faire tout ça sur les droits de douane, c'est peut-être trop fort,
30:16ou les baisses d'impôts, on peut en faire, mais peut-être pas tout, peut-être pas les
30:20baisses d'impôts sur les tips par exemple.
30:23Donc voilà, je pense que même si on ne connaît pas la teneur des débats, c'est sans doute
30:28en ce moment qu'est en train de se jouer finalement la politique qui sera mise en œuvre
30:33l'année prochaine.
30:34Donc ça sera vraiment intéressant d'avoir évidemment le nom et de savoir un petit peu
30:39quels ont été les termes des conversations, sur quoi ils se sont mis d'accord, parce
30:43que là, c'est évidemment très structurant pour l'année prochaine, parce qu'aujourd'hui,
30:49même s'il y a eu beaucoup d'idées qui ont circulé sur plein de sujets, sur les baisses
30:53d'impôts, etc., les différentes baisses d'impôts, les hausses de droits, etc., on
30:57n'a pas de précision, on n'a rien d'extrêmement concret dont on peut être vraiment sûr qu'il
31:02le fera l'année prochaine.
31:03Même si on a eu un travail de préparation du programme avec différents think tanks,
31:08qui a été très approfondi par rapport à 2016, où on était dans la vibe Trump plus
31:14qu'autre chose.
31:15Là, il y a eu un travail de fond qui a été fait.
31:16Maintenant, vous dites, qu'est-ce qui va rester à la fin de la journée de tout ce
31:20qui a été prévu et programmé par les équipes de réflexion autour de Trump ?
31:24Trump ne se différencie pas quand même de tous les autres politiciens.
31:28Pendant la campagne, on dit qu'on peut faire tout ça, et après, on regarde ce qu'on peut
31:32vraiment faire.
31:33Qu'est-ce qu'il va choisir entre renverser les flux migratoires, monter les droits de
31:37douane pour tout le monde, prolonger, reconduire, approfondir peut-être même les baisses d'impôts
31:43et le Dow Jones ? Qu'est-ce qu'il reste à la fin pour vous Sébastien ?
31:48Je pense que, comme Sébastien l'a dit, c'est sûr que la boussole de la bourse est très
31:51importante pour Trump.
31:52Mais lui, il n'a pas de modèle qui boucle sur la bourse, et donc, il peut faire des
31:57choses qui malheureusement ne permettent pas que la bourse continue à monter.
32:01Alors, sur les personnes, je crois qu'il est assez pragmatique dans ce sens.
32:07Il cherche à trouver des gens qui fassent quelque chose d'impossible, c'est-à-dire
32:12vraiment suivre son programme, mais en même temps éviter les problèmes, ce qui ne peut
32:17pas arriver, évidemment.
32:18Et donc, il y a la question peut-être de la séquence.
32:21Donc, la bonne nouvelle, si on en a une, c'est qu'on voit bien que ceux qui semblent favoris,
32:27mais bon, tous les jours, il y a un nouveau favori, donc je ne sais pas si c'est…
32:29Bon, là, je ne sais pas, ça tourne.
32:30On a parlé de Kevin Walsh, ancien membre de la FED, je donne les noms.
32:33Alors, Scott Besant, on en parle depuis un moment, gérant de Hedge Fund, qui a travaillé
32:36notamment pour Soros, c'est d'ailleurs assez intéressant de voir que Trump est assez pragmatique
32:41de ce point de vue-là.
32:42Et puis, c'est Mark Kovane, bien sûr, là, dont on parle depuis quelques jours, fondateur
32:46d'Apollo Global Management.
32:47Alors, Walsh, quand il est passé par la FED, ce n'était pas le plus impressionnant.
32:52Kovane, je ne sais pas quelles sont ses idées économiques.
32:55En revanche, Besant, il a présenté son programme il y a quelques mois déjà, parce que comme
33:02il était proche, apparemment, il a un lien familial avec les Trumps, et il a présenté
33:06son histoire des trois flèches, parce que c'est un copain, apparemment, d'après lui,
33:13le Premier ministre Abe était un copain de Trump, selon ce qu'il dit, et donc, le programme
33:21était très simple à résumer, c'était 3% de croissance, 3% de déficit public, et
33:32enfin, 3 millions de barils jour, en plus de production de pétrole.
33:39En plus des 10 millions qui produisent, le dernier 3, il pensait que c'étaient les trois flèches.
33:45Et donc, il n'empêche qu'il a présenté ça, et lui, il était pour, en fait, les
33:52hausses de tarifs, à ceci près que, pour lui, c'était, Trump dit ça, mais en fait,
33:58pour lui, c'est une bonne façon de négocier, de négocier avec les autres.
34:02Et c'est vrai que, lors de son premier mandat, il a utilisé ça, on n'a pas monté du montant
34:12qu'il voulait, et ça s'est fait de façon graduelle, il y a des gens qui l'ont fait
34:16de façon graduelle.
34:17Donc, il n'empêche que ça reste un truc très important, donc la séquence, c'est vrai,
34:21elle peut être très importante, mais je pense que, surtout, il va faire quelque chose.
34:25Lui, il faut qu'il montre que, à chaque fois, on ne peut pas faire partie...
34:29Il faut qu'il ait les marges de manœuvre au Congrès pour le faire, sans compter tout
34:32ce qu'il peut faire par décret, executive order, etc.
34:34Ça, c'est le truc qu'on ne sait pas vraiment, et c'est pour ça que c'est un grand test,
34:38les nominations, parce que les nominations, notamment le ministre de la Justice, il va
34:42passer devant le Sénat, on va voir.
34:44Oui, il y restera, il ne passera pas.
34:47Peut-être, on ne sait pas, c'est un bon test.
34:49Mais, en revenant à l'économie, lui, il faudra faire quelque chose sur chaque sujet.
34:55Chaque point, chaque dimension.
34:57L'immigration, il faut 11 millions, il faudrait, il voulait tous les illégaux, ça fait 11
35:03millions.
35:04Bon, imaginons qu'il en fait 3, déjà 3 millions pour les sortir.
35:07Donc, il y aura, je pense, un jour, 100 bus qui partent vers le Mexique.
35:11Et les gens, ah oui, il est en train de le faire.
35:14C'est comme le mur, on s'arrête au bout de quelques kilomètres.
35:18Et rien ne change, mais c'est fait, je tique de boxe.
35:24Et après, sur les tarifs, il va faire quelque chose, mais peut-être, et ce sera une bonne
35:29nouvelle, d'ailleurs, nous, on a ce scénario, je ne sais pas le scénario sur lequel vous
35:33travaillez, mais qui est un scénario raisonnable.
35:36Est-ce qu'on peut être raisonnable à l'extrême, vous allez me dire, je ne sais pas.
35:38C'est un peu ce que laissant Don Bastien.
35:40Il faut être raisonnable.
35:41Et donc, je pense que, déjà, il y aura un peu de gradualisme dans ces hausses de taxes.
35:45Nous, on a des hausses de taxes, de droits de douane, qui sont relativement faibles
35:50pour l'Europe.
35:51Il n'empêche qu'il y en aura pour la Chine, ça sera un peu plus élevé.
35:53Et ce sera gérable ?
35:54Alors, si vous me dites, pour 2025, je pense que c'est gérable et qu'on peut vivre avec.
36:02Après, je ne sais pas.
36:04En fait, je pense qu'on est dans un brouillard compliqué.
36:07On a de la croissance avec beaucoup de brouillard, mais ça va.
36:11Et sur les baisses d'impôts, donc, il prolonge ?
36:13Sur les baisses d'impôts, oui, il va prolonger.
36:16Et le seul problème, c'est les recettes.
36:17Et donc, les recettes.
36:18Je ne sais pas si vous avez vu la liste, parce que lui, 2 000 milliards d'impôts de Moscou,
36:25et il a mis une liste, une première liste, regardez comment il y a 900 milliards qui
36:30sont gaspillés.
36:31Et vous lisez la liste, vous rigolez, parce que c'est n'importe quoi.
36:34Et ce qu'il a mis là-dedans, c'est des choses, même sur la recherche.
36:37Comment il s'appelait, celui qui dirigeait la recherche, c'était l'expert médical
36:43qu'avait Trump.
36:45Fauci.
36:46Fauci.
36:47Fauci.
36:48Et qui, évidemment, avait lancé pas mal de recherches.
36:50Et là, il dit, mais comment on peut…
36:53Ils avaient appelé l'île des singes, je crois.
36:56Et donc, on a dépensé je sais pas combien de millions sur…
36:59C'est de la recherche.
37:00Mais ça n'arrivera pas.
37:01Donc, c'est pas possible.
37:02C'est plus d'un tiers du budget d'aujourd'hui.
37:05Mais deux semaines après, on est en train de se dire, finalement, on pensait à un Trump
37:10en mode Fast and Furious qui allait avoir et pouvoir délivrer un maximum de son agenda,
37:17deux semaines après vous dites ouh là là.
37:18Parce que vous comme moi on veut être raisonnable.
37:21On veut être raisonnable.
37:22On veut être raisonnable.
37:23Et on dit déjà c'est pas possible mais on veut être raisonnable.
37:27Maintenant si on fait beaucoup plus que nous ce qu'on met des choses raisonnables mais
37:31qui seront quand même pas forcément bonnes pour le reste du monde, bah si c'est plus
37:35bah ça sera pas bon.
37:36Qu'est-ce que ça implique pour les banques centrales, à commencer par la Fed ? Alors
37:40je comprends qu'on est dans le flou et Jérôme Powell a calmé tout le monde, on n'est pas
37:44là pour spéculer, on n'est pas là pour deviner, on n'est pas là pour anticiper
37:48ou faire des hypothèses sur ce que fera Trump à partir du 20 janvier.
37:53Quand même.
37:54Il y a quand même des éléments en place, il y a un sens du voyage sous Trump au moins
37:58qui est assez clair.
37:59Ce que Powell a essayé de faire comprendre c'est que la Fed elle est jugée sur pièce
38:03quoi.
38:05Et c'est la meilleure option pour la Fed j'imagine ?
38:07Oui, parce qu'on est en train de le dire, on ne sait pas exactement ce qui va être
38:12fait.
38:13Donc vous imaginez la Fed, elle ne peut pas faire ouais, ça sera peut-être ça, ça
38:16sera peut-être ça.
38:17Donc ils sont obligés de juger sur pièce.
38:19Après, comment la Fed va réagir aux hausses de droits de douane ? Et ce qui est intéressant
38:25c'est de voir comment la Fed elle-même avait réfléchi à ce sujet-là en 2018-2019.
38:29Et les décommisses de la Fed, pour chaque FOMC, ils produisent un petit rapport pour
38:33les membres du FOMC.
38:34Et ce qu'ils avaient dit c'était qu'il fallait probablement voir les hausses de
38:40droits de douane comme une hausse temporaire de l'inflation.
38:43On remonte le niveau général des prix, mais les prix montent d'un coup, ça marche dans
38:47l'inflation.
38:48C'est un one-off.
38:49C'est ça, c'est dans l'inflation, c'est calculé dans l'inflation pendant 12 mois.
38:52Enfin s'il le fait d'un seul coup, après ça sort au bout de 12 mois.
38:56Et en revanche ça a des conséquences négatives sur l'activité.
38:59Donc ce que les décommisses de la Fed suggéraient c'était de négliger cette hausse temporaire
39:06de l'inflation et de se focaliser sur la baisse de l'activité.
39:10Et c'est exactement ce que la Fed avait fait en 2019, parce que sur la fin de l'année
39:132019, la Fed baisse trois fois cette hausse, si je ne me trompe pas.
39:16Et notamment parce qu'il y a eu un choc négatif de confiance consécutif aux hausses de droits
39:22de douane qu'avait pris Trump.
39:24Et d'ailleurs, et ça c'est intéressant, c'est qu'à la fin de l'année 2019, Trump
39:28quand il a vu que ça faisait baisser le marché d'action, il remet...
39:33Fin 2018, c'est ça ?
39:35Il y avait 2018 et 2019.
39:36Et 2019 aussi, d'accord, autant pour moi.
39:37Et fin 2019, il voit qu'il y a des moments où ça fait baisser la bourse et là il dit
39:40finalement j'annule tout, j'annule une partie.
39:44Et là le marché d'action était reparti.
39:47Bref, tout ça pour dire que globalement pour la Fed, ça serait plutôt des baisses de
39:53taux, paradoxalement, qui pourraient être consécutives aux hausses de droits de douane.
39:58Mais ce qu'a expliqué quand même Jérôme Powell sur les derniers jours, c'est qu'il
40:02y a cette idée, de toute façon qui circule à la Fed, mais il faut juger le net.
40:08Parce qu'il n'y aura pas que cette mesure, il y aura aussi probablement des baisses d'impôts,
40:12il y aura peut-être des petits stimulus budgétaires, je ne sais pas s'il remontera les allocations
40:18familiales.
40:19Il y a encore un flou là-dessus, on ne sait pas s'il va le faire.
40:22Donc toutes ces différentes mesures, et puis l'immigration, donc il faudra les sommer
40:27et voir à la fin ce que ça fait sur la croissance et sur l'inflation.
40:31Et c'est en fonction de ça que la Fed prendra une décision.
40:33Mais les hausses de droits de douane, c'est plutôt des baisses de taux directeurs.
40:35C'est plutôt récessif, à la fin de la journée, c'est plutôt un aspect récessif
40:38sur l'activité économique.
40:39Pour la réunion des 17-18 décembre, c'est la baisse qu'on attendait de 25 points de base.
40:46Elle est très en jeu, un peu, beaucoup, elle peut se faire encore.
40:51Elle peut se faire.
40:52Et là, quand on regarde un peu les poids lourds du FOMC, il y a encore Williams aujourd'hui,
40:56le président de la Fed de New York, qui disait que le chemin est clair sur la désinflation
41:00et cette désinflation permet à la Fed de continuer à baisser un peu les taux directeurs
41:04sur les mois qui arrivent.
41:05Un mot rapide sur l'enjeu monétaire, banque centrale, sur la Fed, et puis par voie de conséquence,
41:10comment la BCE peut réagir ?
41:12La Fed, franchement, l'histoire le dit, elle est prématique.
41:15Il doit voir ce qui va se passer.
41:17L'interprétation des baisses de taxes, etc.
41:20Des droits de l'EU, d'accord.
41:22Ça sera inflationniste, ça poussera la prudence.
41:25Il n'empêche qu'elle sait que c'est surtout récessif et elle verra.
41:29Donc, en tous les cas, pour le court terme, nous, on est toujours sur 25 points de base.
41:33L'inflation est les sticky aux Etats-Unis.
41:36Et donc, pour 2025, je pense qu'il y aura beaucoup moins que ce que les gens prévoyaient.
41:41Et en Europe ?
41:42Et en Europe.
41:43En revanche, on doit continuer.
41:45On doit continuer.
41:46Nous, on pense que la croissance, elle reste molle.
41:48On a une croissance assez molle encore pour l'année prochaine.
41:51Même si on a une reprise par rapport à cette année.
41:54Et je pense que la BCE doit baisser ses taux pour arriver à un taux d'équilibre.
42:01Que nous, on voit toujours avec un taux réel un peu positif.
42:04Beaucoup le voient...
42:06Autour de 2 quand même ?
42:07Taux de dépôt terminale autour de 2 ?
42:09De 25.
42:11C'est peut-être exigeant, mais on se dit qu'il faut beaucoup de pression.
42:15Et qu'il faut arriver au moins à ça.
42:17Et c'est important pour l'Europe.
42:19Parce que sans la BCE, on n'aura pas autant de croissance qu'on peut imaginer.
42:24On est toujours, nous, dépendant d'un cycle, comme vous le savez, de crédit.
42:28On a besoin de cette aide pour croître.
42:31L'autre partie du polycymix, en tout cas la partie pilotée par les gouvernements,
42:36en l'occurrence la partie budgétaire, souffre un peu d'un vide politique un peu généralisé,
42:41en tout cas dans différents pays clés d'Europe.
42:43Nous, ça ne s'appelle pas Trump, mais ça s'appelle effectivement vide politique.
42:48C'est vrai, c'est un vrai problème.
42:52Mais qui est très important parce qu'il y a une dimension stratégique que veut l'Europe.
43:00Et surtout, tout le monde parle de ce qu'on voudrait, à quoi on ne se fait pas parler.
43:04On parlait de l'intelligence artificielle, etc.
43:07Et on n'a pas de plan.
43:09Il y a peut-être le plan Draghi, mais on peut le dire.
43:13Oui, c'est un rapport.
43:16Bastien, sur la Banque Centrale Européenne, comment vous tranchez ?
43:20Je vois de plus en plus des stratégistes, des économistes qui sont venus ces derniers jours dire
43:24« Ah, moi, taux de dépôt 1,5 à l'arrivée pour la Banque Centrale Européenne,
43:28ça veut dire un taux réel neutre négatif. »
43:31Moi, je veux bien, parce que ce sont des gens qui nous disent
43:34« L'ABCE aille vite, fort, c'est la seule institution qui peut accommoder, qui peut réagir. »
43:39En même temps, quand j'entends que pour eux, le taux de dépôt à l'arrivée, c'est un taux réel neutre négatif,
43:44ce n'est pas un message, franchement, enthousiasmant non plus.
43:47Nous, on pense que l'ABCE va, un peu comme vous disiez Sébastien,
43:51on arrive vers les 2% vers la fin de l'année 2025, peut-être un petit peu en dessous.
43:56Mais encore une fois, je suis complètement en ligne avec ce que vous disiez,
44:01c'est qu'il n'y a que l'ABCE qui peut vraiment refaire réaccélérer la croissance européenne.
44:07Au moins jusqu'à février 2025, ça c'est les élections allemandes.
44:11Oui, mais je ne pense pas que ça joue vraiment comme ça, je ne suis pas convaincu là-dessus.
44:16Après, peut-être, ce qu'on peut souligner, peut-être ce qui est un peu négligé sur les droits de douane,
44:21c'est l'évolution du marché d'échange.
44:24Et en fait, quand on regarde, par exemple,
44:27si jamais les hausses de droits de douane sur les importations de produits européens augmentaient de 10 points de pourcentage,
44:32l'euro a déjà baissé de 4%.
44:34Donc, en réalité, il y a déjà une partie du chemin qui serait faite.
44:40Il faut vraiment faire attention à ça.
44:42Et quand on regarde le côté américain cette fois-ci, pour juger l'impact sur l'inflation,
44:48étant donné que le dollar s'est déjà apprécié pas mal,
44:52finalement, l'impact sur l'inflation importée ne sera peut-être pas aussi fort que ça en provenance des droits de douane.
44:59Thibault, pour conclure avec vous sur la partie actions,
45:02qu'est-ce que Trump, qu'est-ce que l'arrivée de l'administration Trump telle qu'on la voit se dessiner aujourd'hui ?
45:07Qu'est-ce que ça change à la dynamique du marché actions américain en premier lieu ?
45:11Est-ce que ça reste le marché à détenir avant tout ?
45:152024 va montrer qu'effectivement, l'exceptionnalisme américain s'est parfaitement reflété
45:21dans la performance des actions américaines par rapport aux actions du reste du monde.
45:24Est-ce que c'est le chemin qui est encore écrit, au moins pour les prochaines semaines, les prochains mois ?
45:29Est-ce qu'il peut y avoir des logiques un peu différentes aussi à un moment ?
45:33Chez Silex, on a vraiment ce biais positif sur les US pour les prochains mois, très clairement.
45:39Au-delà de Trump, on pense vraiment que le marché actions US
45:44est porté par une dynamique de croissance des EPS qui va vraiment au-delà de la politique
45:49qui est portée par des très forts fondamentaux.
45:52En particulier, il y a la tech, évidemment, où on voit ce différentiel de croissance d'EPS
45:57et qui porte un peu ce différentiel de croissance d'EPS entre les Etats-Unis et l'Europe.
46:01Puis après, il y a d'autres sujets.
46:04On revoit certains débats sur un play entre large cap et small cap, par exemple,
46:12avec les small cap qui concerneraient d'autres secteurs, des financières, des pétrolières.
46:17En tous les cas, nous, c'est vrai que ce biais US, on compte le garder sur les prochains mois, très clairement.
46:24On aura des écarts majeurs à l'arrivée de cette année 2024.
46:27En dollars, je crois que les actions US marquent 25 points d'écart par rapport aux actions européennes.
46:32On n'a jamais vu autant.
46:34Une année historique.
46:36Merci beaucoup, messieurs, d'avoir été des invités de Planète Marché ce soir.
46:39Thibault Morel pour Silex, Bastien Dru pour CPR Asset Management et Sébastien Paris-Sorvitz pour LBPM.
46:46Le dernier quart d'heure de Smartboard.
46:57Chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
46:59Et nous revenons à nouveau ce soir sur les trophées de l'innovation organisés par LBPM au début du mois de novembre.
47:06Nous avons reçu déjà la Fintech de ces trophées de l'innovation.
47:10Nous avons reçu le coup de cœur du jury.
47:12Et nous recevons ce soir la Greentech Yadis, en l'occurrence, qui a été primée à l'occasion de cette troisième édition des trophées de l'innovation.
47:19Le PDG fondateur d'Yadis est avec nous, Nicolas Carlesi.
47:22Bonsoir, Nicolas.
47:23Bienvenue.
47:24Merci d'être là.
47:25Vous allez nous expliquer ce que fait Yadis.
47:27On est aux confins, à l'intersection de ce que peut produire de mieux la robotique et l'intelligence artificielle aujourd'hui.
47:34Avec des applications green, puisque c'est quand même l'enjeu de ce trophée que vous avez reçu, Nicolas.
47:41Boîte d'ingénieurs, vous êtes vous-même docteur en robotique, je crois, Nicolas.
47:47Vous êtes le fondateur de la boîte.
47:49Quel est donc le rôle et la raison d'être de Yadis aujourd'hui ?
47:53Yadis développe et commercialise des solutions robotisées pour dépolluer les plans d'eau de partout dans le monde.
48:01L'idée initiale, on a constaté que c'était d'avoir ces robots qui vont pouvoir intervenir à l'interface entre la terre et la mer, là où il y a les sources de pollution.
48:14Il faut imaginer des robots de forme catamaran.
48:17Je crois qu'on a peut-être des petites images qu'on peut voir de vos robots.
48:21Ça va tourner, là, effectivement.
48:22Ça, c'est le Jellyfish Boat, c'est ça ?
48:24C'est ça, le nom du robot, c'est Jellyfish Boat.
48:26Le robot méduse.
48:27Super.
48:28Et donc, ça ramasse.
48:29Et donc, ce sont des robots de forme catamaran, entièrement électriques, autonomes.
48:32L'utilisateur va définir un périmètre de mission et le robot va automatiquement ramasser les déchets et les hydrocarbures à la surface de l'eau, en évitant les obstacles hors de l'eau, mais aussi les obstacles sous l'eau.
48:42On parle des déchets visibles.
48:43Là, ce qu'on voit, ce qu'il ramasse, c'est de la canette, c'est du sac plastique, etc.
48:47C'est ce type de déchets que vous ramassez aujourd'hui ?
48:49Alors, on descend sur des déchets aussi très fins, jusqu'à 50 microns.
48:52Au départ, quand j'ai créé ce robot, l'idée m'est venue parce que je suis plongeur, je pratique la voile depuis que j'ai 6 ans.
48:58J'ai fait des études, un doctorat en robotique sous-marine.
49:01Et sorti de ces études, je me suis dit pourquoi pas essayer d'inventer un système qui permet de nettoyer, au départ, les ports, parce que c'était fait soit à l'épuisette, soit il y avait des gros bateaux.
49:10Et j'avais l'idée d'automatiser ça, de façon à le faire de façon plus fréquente et éviter que les déchets qui finissent dans le port se dispersent en mer.
49:18C'était l'idée initiale.
49:20Et puis, nous avons développé une large gamme, je dirais, de collecte de déchets.
49:25Au départ, c'était des canettes, des bouteilles, ce qu'on peut retrouver, ce qu'on peut voir visuellement.
49:29Mais nous avons différents types de filets qui sont tractés derrière le robot.
49:33Et nous descendons maintenant jusqu'à 150, 50 microns, ce qui permet de collecter notamment des microplastiques.
49:38Quels sont un enjeu majeur ? On peut redonner un peu les enjeux autour de cette pollution plastique, notamment dans les milieux maritimes ?
49:46Tout ce qui est plastique plutôt industriel, c'est 250 000 tonnes de plastique industriel qui finissent dans les milieux aquatiques chaque année.
49:56C'est l'équivalent de 60 milliards de bouteilles plastiques.
49:58Et maintenant, c'est ce type de pollution que nous adressons, ainsi que les hydrocarbures.
50:02Et l'idée, c'est d'aller équiper effectivement tous les sites industriels quelque part du monde entier,
50:08pour ramasser ces déchets avant qu'ils ne finissent finalement dans les rivières, dans les océans et que ça se retrouve finalement dans nos assiettes.
50:14Parce que chacun d'entre nous consomme 5 grammes de plastique par semaine.
50:17C'est l'équivalent d'une carte de crédit.
50:18Oui, c'est ça. J'ai toujours en tête qu'on mange une carte en plastique.
50:21Industriel. Vous l'avez dit, c'est le mot-clé. Et j'ai l'impression, là, vous avez levé 10 millions d'euros.
50:26Ça s'est bouclé, je crois, il n'y a pas très longtemps, je crois, Nicolas.
50:29C'est ça. On l'a annoncé la semaine dernière.
50:31Le déclic qui vous fait passer... Alors, les ports, les marinas, ça, c'était l'idée de départ. Parfaitement louable.
50:38Le déclic, c'est quand vous avez rencontré des gros industriels, notamment aux Etats-Unis, qui vous ont dit
50:43« Moi, le jellyfish boat, ça m'intéresse. J'ai une pression énorme de la réglementation, de mes actionnaires,
50:50des parties prenantes autour de mon site industriel pour que je puisse au moins nettoyer ce que je pollue. »
50:56C'est ça, Nicolas. Et là, ça change un peu la dimension, quand même.
51:00Exactement. C'est un secteur que nous ne connaissions pas, moi non plus.
51:03Ce sont ces usines, finalement, toutes ces usines dans le secteur de l'énergie, de la pétrochimie, de la plasturgie,
51:10qui vont utiliser de l'eau dans leur procédé de fabrication.
51:13Ils sont souvent à côté d'une rivière, vont pomper l'eau, l'utiliser dans leur procédé de fabrication,
51:18et finalement vont polluer cette eau.
51:20Il faut essayer de traiter ces eaux avant que ça soit rejeté dans les rivières et que ça n'atterrisse en mer.
51:25C'est vraiment venu au départ de demandes entrantes qui sont venues des Etats-Unis,
51:30parce que ce sont des industriels qui commencent à se prendre des amendes,
51:33qui commencent à avoir une mauvaise réputation, des problèmes aussi de notoriété,
51:37et qui ont testé nos solutions et qui sont revenus vers nous en nous disant
51:42que finalement c'était une solution facilement implémentable dans leur bassin industriel,
51:46qui fonctionnait sans aucune intervention humaine et qui leur permettait de nettoyer en permanence,
51:52mais aussi d'acquérir des données sur la qualité de l'eau, faire des mesures de profondeur de bassin,
51:56tout un tas de choses qui n'étaient pas faites jusqu'à présent.
51:59L'idée, c'est véritablement d'éviter d'avoir du personnel humain qui va nettoyer ces bassins ou faire des mesures.
52:06Qui peut être exposé à des risques d'ailleurs, c'est pas juste le fait de se dire j'ai pas besoin de personne pour le faire,
52:12c'est que c'est des personnes qui peuvent aussi s'exposer à des milieux risqués à travers ce type de tâches.
52:17Tout à fait, donc on veut éviter qu'ils s'exposent justement à ces milieux risqués,
52:22mais surtout que quand ils interviennent, souvent on est obligé d'arrêter les process de fabrication aussi.
52:26Donc là ça coûte très cher aussi pour un industriel,
52:28il vaut mieux faire intervenir des robots dans ces environnements pour éviter d'arrêter la production,
52:33donc c'est là-dessus aussi qu'ils sont intéressés.
52:36Là vous avez ouvert le marché américain, donc avec ces industriels américains,
52:39sous la pression des amendes, de la réglementation qui sont venus vous chercher,
52:44dans les 10 millions d'euros que vous avez levés, c'est une partie sert justement à aller conquérir encore plus ce marché américain Nicolas ?
52:52C'est ça, c'est une grosse partie, je dirais un peu plus, quasiment la moitié qui va servir à aller conquérir ce marché américain,
53:00que nous avons déjà commencé, je dirais depuis 2 ans, nous sommes présents aux Etats-Unis,
53:04mais nous y allons de façon intermittente.
53:06Là le but, nous avons créé une filiale le mois dernier à Houston pour être sur place,
53:10au contact de nos clients, assurer le SAV et poursuivre la prospection commerciale.
53:14Vous avez quel type de concurrence face à vous ?
53:17Alors je dirais dans le domaine, nous avons de la concurrence mais plutôt des systèmes fixes jusqu'à présent,
53:24c'est-à-dire des systèmes qui sont amarrés par un tuyau pour apporter l'énergie,
53:28qui vont venir collecter par aspiration souvent les pollutions.
53:32C'est le truc qu'on a dans la piscine ?
53:34En beaucoup plus gros, ou alors nous avons des camions aussi d'hydrocureurs,
53:39c'est-à-dire qu'on va faire venir des camions qui vont permettre de pomper l'eau,
53:43qui remplit soit de résidus, soit d'hydrocarbures.
53:46La problématique qu'il y a, c'est qu'on pompe énormément d'eau par rapport à la quantité de pollution qui est véritablement collectée.
53:52Généralement c'est 85% d'eau, 15% de pollution, soit d'hydrocarbures, soit d'autres natures.
53:57Après il faut traiter l'eau.
54:00Bien sûr.
54:01Là, nous, nos systèmes permettent de collecter avec une grande sélectivité,
54:05que ce soit des plastiques, que ce soit aussi des hydrocarbures,
54:08pour éviter d'avoir à retraiter cette eau et finalement on récupère de la matière quasi pure aussi,
54:12qui peut être facilement recyclée.
54:14Le marché américain va devenir un marché, est un marché stratégique clé pour vous.
54:19Qu'en est-il du marché domestique français et européen ?
54:22Vous l'avez dit, c'est les Américains qui sont venus nous chercher,
54:25mais derrière, le terrain de jeu est mondial pour Jellyfish Boat.
54:30Oui, les États-Unis représentent plus de 50% de notre chiffre d'affaires actuellement.
54:36L'Europe commence à, je dirais, quelque part se réveiller.
54:39Alors on a moins d'industries, pétrochimiques, plastiques malgré tout,
54:42mais il y a d'autres types d'usines, aciéries, des usines d'aluminium,
54:47qui vont utiliser aussi par exemple de l'huile et qui va falloir collecter.
54:50Donc ça arrive progressivement.
54:52Quand on est comme ça, une boîte d'ingénieurs, encore une fois,
54:56à la frontière de l'intelligence artificielle, de la robotique,
54:59des domaines qui connaissent des révolutions majeures aujourd'hui,
55:03comment on cadre les choses ?
55:04On part de votre histoire, la plongée, le port, les marinas, aujourd'hui les industriels,
55:10mais j'imagine que pour des ingénieurs et des docteurs chez vous,
55:14le champ est très vaste.
55:18Comment, quand on est patron, qu'on doit donner un cap,
55:21comment on fixe des limites ?
55:22Votre terrain de jeu, ça reste le milieu aquatique avant tout ?
55:26Ça peut être autre chose demain ?
55:28Comment vous réfléchissez à ce que l'IA et la robotique
55:31peuvent apporter comme solution demain ?
55:33Alors oui, dans le domaine aquatique, avant tout, pour le moment.
55:37Demain, nous verrons, parce que nous développons tout ce qui est
55:40système d'intelligence embarquée dans nos robots,
55:42les systèmes de supervision, bientôt aussi la capacité de superviser
55:46et de coordonner des flottilles de robots,
55:48notamment dans ces espaces industriels.
55:50Toutes ces technologies-là peuvent être vendues par ailleurs.
55:52Maintenant, nous sommes très pragmatiques aussi chez Yadis.
55:55C'est un peu, je dirais, on veut des choses qui fonctionnent.
55:59On part sur la base au départ.
56:00Moi, je suis parti sur un robot extrêmement simple, catamaran,
56:03avec un filet derrière.
56:04C'est extrêmement rudimentaire.
56:06L'idée de base est très rudimentaire.
56:08Et puis après, petit à petit, on ajoute de la techno.
56:10On ajoute de la navigation autonome,
56:13puis la capacité de reconnaître des déchets, d'éviter des déchets.
56:17Donc là, on utilise de l'IA pour détecter des nappes aussi,
56:20de déchets, de petits déchets.
56:21On va pouvoir utiliser toutes ces technologies-là,
56:23mais c'est de façon très incrémentale, finalement.
56:25On veut que la base fonctionne, et c'est ça qui est important.
56:28Et puis petit à petit, l'idée, c'est quand même de cadrer.
56:31Donc nos clients nous aident aussi à ça.
56:33On est une petite société pour l'instant.
56:35Vous êtes dans 18 ?
56:36Voilà, 18.
56:37Nous allons passer 30, 40 très prochainement avec la levée de fonds.
56:41Il y a beaucoup d'idées qui fusent.
56:43C'est vrai que 50 % des personnes sont des ingénieurs,
56:46des docteurs en robotique, en intelligence artificielle.
56:48Maintenant, l'idée, c'est quand même l'efficacité avant tout.
56:51Et voilà, c'est vraiment de cibler à chaque fois.
56:54Pas perdre de vue l'usage et l'efficacité d'usage du produit.
56:59Tout à fait, du robot.
57:00Innover, dépolluer, mesurer, préserver.
57:02J'ai repris les quatre mots clés
57:05qui sont effectivement la raison d'être de Yadis aujourd'hui.
57:08Merci beaucoup, Nicolas.
57:09Merci d'être venu nous voir.
57:10Et félicitations à vous et à toutes les équipes de Yadis
57:14et ceux qui vont vous rejoindre dans les prochains jours,
57:16les prochaines semaines et les prochains mois
57:18après cette levée de fonds.
57:19Félicitations pour ce trophée de la Green Tech de l'année
57:22qui vous a été remis début novembre
57:24à l'occasion des trophées de l'innovation organisés par LBP AM.
57:28Nicolas Carlesi, PDG et fondateur de Yadis,
57:30était avec nous dans ce dernier quart d'heure de Smartboard ce soir.