SMART BOURSE - LVMH : quelles leçons pour le luxe ?

  • il y a 13 heures
Mercredi 16 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Ariane Hayate (Gérant actions européennes, Edmond de Rothschild Asset Management) , Valentine Ainouz (Responsable Stratégie Fixed Income, Amundi Institute) et Laurent Deydier (Directeur Général Délégué, Hottinguer Banque Privée)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Valentinet nous est avec nous, responsable de la stratégie Fixed Income chez Amundi
00:16Institute.
00:17Bonsoir Valentin.
00:18Bonsoir Grégoire.
00:19A vos côtés, Laurent Dédier, directeur général délégué en charge des gestions
00:21chez Autungre Banque Privée.
00:23Bonsoir Laurent.
00:24Bonsoir Grégoire.
00:25Et Ariane Hayat qui nous accompagne également, gérante d'Action Europe chez Edmond Rothschild
00:28Asset Management.
00:29Bonsoir Ariane.
00:30Bonsoir Grégoire.
00:31Bienvenue, ravie de vous retrouver tous les trois.
00:33Ariane, je commence avec vous sur la partie action et sur le luxe spécifiquement.
00:38C'est un univers que vous connaissez bien.
00:40Qu'est-ce qu'on retient de la publication de LVMH ? Qu'est-ce qu'il y a de conjoncturel
00:45dans cette publication par rapport à des problèmes peut-être structurels que peut
00:48rencontrer un groupe comme LVMH dans le secteur du luxe ? Et qu'est-ce qu'il y a de spécifique
00:53à LVMH dans cette publication ? Et qu'est-ce qu'il peut faire l'objet d'une observation
00:57un peu plus large pour d'autres groupes du secteur qui n'auraient pas encore publié
01:01?
01:02Alors c'est vrai que tout le monde a été surpris déjà par cette publication-là.
01:05Historiquement, c'est vrai qu'on a été habitué à de très très bons chiffres de
01:08la part d'LVMH.
01:09Mais finalement, je pense que le marché a oublié que LVMH était une société cyclique.
01:13Il y a des cycles dans le luxe, alors même s'il n'en est pas sur les cycles des semis
01:17conducteurs, mais on a déjà eu des amplitudes allant de moins 1, moins 5, moins 1% parfois
01:24jusqu'à des plus 20, plus 30 sur certaines années.
01:27C'est vrai que Pauline le rappelait, la dernière fois qu'on avait vu une baisse, c'était
01:30lors du Covid et l'autre baisse qu'on avait vu notamment, c'était en 2009.
01:35On avait effectivement aussi une baisse de cet ordre-là, enfin un petit peu moins, il
01:39faut l'avouer.
01:40Mais aujourd'hui, ce qui se passe chez LVMH, c'est évidemment le consommateur chinois.
01:45On en a parlé cet été, on continue à en parler, qui est beaucoup plus morose.
01:50On a vu qu'il portait la croissance du groupe sur la première partie d'année.
01:54On était quand même sur une croissance du consommateur chinois, plus spécifiquement
01:58sur la partie mode et marocainée, en croissance de 5%.
02:02Maintenant, sur le troisième trimestre, on est en baisse de moins 5% sur ce consommateur
02:07chinois, qui ne consomme plus sur son territoire et qui consomme moins au Japon notamment.
02:13On avait vu que le Japon avait explosé, on était sur des croissances de l'ordre de 60%.
02:19Là, on a un vrai décalage puisqu'on est en croissance de 20%.
02:22Et un Yen qui s'est apprécié tout au long du troisième trimestre, qui a pu contribuer
02:25à pénaliser le voyageur chinois au Japon.
02:29Aussi.
02:30À cela s'ajoute évidemment pourquoi ce consommateur chinois consomme moins.
02:34Et finalement, on a aussi cette confiance du consommateur qui est sur des plus bas finalement.
02:38Et donc, ça se reflète aussi dans ses achats, même si historiquement, le consommateur chinois
02:43a une proportion à consommer le luxe beaucoup plus importante que dans les autres marchés.
02:49Et ça, ça reste vrai ? Qu'est-ce qui ressort des échanges que vous pouvez avoir avec l'entreprise
02:53sur une publication, mais aussi précédemment ? Ils ont confiance dans l'idée que le schéma
02:58de consommation en Chine reviendra ? Ou est-ce qu'il y a quelque chose qui a changé en profondeur
03:04dans le schéma du consommateur chinois aujourd'hui ?
03:06Alors c'est vrai que ça fait quand même plusieurs années qu'on parle de cette fameuse
03:10« common prosperity ». On a eu des mesures à l'encontre des employés d'État dans
03:18le secteur financier qui ont été rabotés, enfin on a eu leurs salaires rabotés.
03:22Tout ça, c'est un impact.
03:23On a demandé à des gérants d'actifs de rendre le salaire, c'est ce que j'ai vu, oui, oui, oui.
03:26Tout ça, c'est un impact, c'est un impact en cacherelle, mais aussi un impact psychologique.
03:31Après, quand on parle directement avec la société, ils nous disent que malgré tout,
03:36il y a cette envie de consommer du luxe qui est toujours là.
03:39Donc on aura ces cycles et on l'a d'autant plus sur le marché chinois qui, finalement,
03:44jusque-là, était un marché de croissance structurelle.
03:47Maintenant, ce qu'on découvre aujourd'hui, c'est que finalement, le marché chinois
03:49est aussi un marché qui a ses propres cycles et donc on le voit actuellement chez LVMH.
03:55Est-ce qu'ils parlent d'un point bas aujourd'hui ?
03:57Alors, ils ne se prononcent pas là-dessus plus spécifiquement, en tout cas pas sur
04:02le consommateur chinois.
04:04Quand on leur pose même les questions, par exemple sur ce qui se passe actuellement sur
04:08la Golden Week, ce qu'ils ont vu la semaine dernière, on dit que c'est ni plus ni moins.
04:12Ils ne préfèrent pas se prononcer.
04:15En revanche, ce qui commence à être un peu plus positif, ce sont les consommateurs européens
04:21et surtout le consommateur américain.
04:23Donc ça, c'est la petite bonne nouvelle, si on veut.
04:26Si on regarde le consommateur américain dans le marché du luxe, c'est lui qui a commencé
04:32à couper ses dépenses, finalement, en mi-2022.
04:37Donc c'était la première cohorte de consommateurs du luxe qui a coupé.
04:44Pourquoi ? Parce qu'en fait, c'était aussi des consommateurs, notamment le fameux consommateur
04:48aspirationnel, donc celui qui aspire à acheter du luxe, qui a un certain statut mais qui
04:53n'en a pas forcément les moyens, qui avait aussi bénéficié de certains chèques et
04:57qui, à ce moment-là, a commencé à baisser ses dépenses.
05:01Donc c'était eux qui ont ralenti en premier.
05:02Et là, on voit un petit peu les prémices.
05:04On est toujours en faible baisse, on est peut-être tout juste stable maintenant.
05:09Oui, ça ne compense pas la baisse en Chine.
05:10Et ça ne compense pas la baisse en Chine.
05:11D'où le fait qu'on finisse avec un LVMH avec moins 3% de croissance organique et surtout
05:17ce qui est très regardé par les marchés, c'est cette fameuse croissance, en l'occurrence
05:21décroissance sur la partie mode et maroquinerie, Louis Vuitton et Dior, à moins 5%, pas uniquement
05:26mais aussi.
05:27Si le numéro mondial du luxe, LVMH, avec son emprise mondiale, son portefeuille de
05:3475 marques, se retrouve aujourd'hui en difficulté au point d'afficher une baisse de ses ventes,
05:39je ne crois pas que c'était le consensus attendu, on attendait un peu de croissance,
05:44flat, plus.
05:45Ça veut dire que d'autres groupes vont être dans des difficultés bien plus importantes ?
05:48Oui, tout à fait.
05:49Je pense que ce qu'on a vu sur les dernières années, c'est-à-dire cette polarisation
05:52dans le secteur du luxe entre des très bons acteurs de forte qualité, on peut citer Hermès,
05:59on a Brunello Cuccinelli, on a Ferrari, qui en fait, finalement, sont des acteurs qui
06:04ont une offre assez contrainte.
06:07Donc on a ces acteurs-là de ce côté, et les autres qui sont nettement moins qualitatifs.
06:10J'ai l'impression que le gap est en train de s'élargir.
06:13Donc à ce stade, je ne suis pas très inquiète pour des groupes comme Hermès, d'autant
06:18plus qu'ils ont peu augmenté leurs prix par rapport à d'autres sur les précédentes
06:22années.
06:23Donc là, ils vont avoir un effet pricing beaucoup plus important, enfin ils continuent
06:26à avoir sur l'année 2024.
06:28Ferrari, qui ne produit que 14 000 véhicules par an, il n'y a pas de sujet de demande.
06:34Pour des groupes qui peuvent choisir leur client, effectivement, c'est une situation
06:37assez différente.
06:38En revanche, évidemment, quand on regarde les performances de groupes comme Burberry
06:42ou Kering, c'est beaucoup plus délicat.
06:47Et d'autant plus dans un marché qui se retourne, des sociétés en restructuration ont d'autant
06:53plus de mal dans ces marchés-là.
06:54Donc là, les attentes sur un Kering sont autour de moins 20, moins 25% sur des marques
07:02comme Gucci.
07:03Bon, pour le coup, on verra si les attentes sont correctement ajustées, mais c'est déjà
07:07sévère.
07:08Rien que les attentes sont déjà sévères sur une marque comme Gucci.
07:11Au global, comment on investit dans le luxe aujourd'hui et demain ? Est-ce qu'il faut
07:18quand même changer la manière de faire par rapport à ce qu'a été l'investissement
07:21dans le luxe ? Sans même parler juste des années d'hyper-croissance Covid et post-Covid,
07:28mais même tout le cycle précédent qui a été un cycle séculaire de croissance du
07:33consommateur chinois, etc.
07:35Ces vents structurels-là, il faut moins compter dessus pour l'avenir ?
07:41Je ne parlerai pas de vents structurels, en fait, on a eu surtout un long cycle, un revenge
07:47buying.
07:48On a été enfermé chez nous pendant les années Covid et derrière, en 2021, 2022, 2023, on
07:57a vraiment eu des croissances exposibles, mais qu'on n'avait pas vues dans le secteur
08:00du luxe depuis.
08:01Les cours de bourse ont doublé sur la période.
08:04On ne parlait pas de croissance, la croissance du secteur est estimée autour de 6%, c'était
08:08des croissances à 20 à 25% plus.
08:10Donc là-dessus, c'est vrai qu'on ne peut pas imaginer qu'on retournera à courte, moyenne
08:17échéance sur ces niveaux de croissance.
08:19En revanche, revenir à un certain moment sur des croissances 5, 6, 7%, oui, ça…
08:26C'est ce qu'on connaissait précédemment, c'est ça, d'accord.
08:28Tout à fait, c'est quelque chose de tout à fait possible et en l'occurrence, ce sera
08:31déjà amorti par le consommateur américain.
08:34Après, quand on est investisseur, c'est vrai qu'on va regarder ce qu'on a envie
08:40de faire.
08:41Est-ce qu'on a envie de rester sur les best-in-class, les acteurs les plus défensifs, Hermès par
08:47exemple, on a cité d'autres.
08:50Certains qui ont un très bon momentum sur leurs marques, c'est aussi ce qu'il faut
08:52regarder sur les marques de luxe, par exemple, un groupe comme Prada, alors tout le monde
08:57ne peut pas en faire parce que c'est coté à Hong Kong, mais…
09:00Il y a une histoire de restructuration, il y a une histoire…
09:02Il y a eu une histoire de restructuration sur Prada, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
09:06On est sur la fin des sujets de restructuration, mais en fait, chez Prada, on a une marque
09:10qui s'appelle Miu Miu et qui explose littéralement, qui est sur ce qu'on appelle les hit maps,
09:17le mapping de marques qui est tout en haut.
09:20Quand on tape ballerines, Miu Miu, mini-jupes ou sacs, c'est vrai que c'est tout en haut
09:28de la liste et c'est vraiment les produits qui ont la plus forte désirabilité en ce
09:33moment.
09:34Donc là, un Miu Miu, on tape plutôt sur des croissances entre 50 et 70 %, des croissances
09:39explosives et ça porte le groupe Prada.
09:40Sur des marques plus petites, effectivement, des retournements de marques, alors pas dans
09:45le secteur du luxe, mais Adidas, il y a 12-18 mois, c'était très compliqué et on voit
09:50que le repositionnement de la marque, l'idée d'aller chercher d'anciens modèles, de les
09:55remettre au goût du jour, ça fonctionne, ça marche.
09:56Pour l'instant, ils sont dans le bon positionnement par rapport à la demande du client lifestyle.
10:03En fait, sur un acteur comme Adidas, on est sur des cycles longs aussi sur les produits
10:11qu'ils vendent.
10:12Donc aujourd'hui, c'est la Samba et la Gazelle qui marchent extrêmement bien.
10:15C'est ce que j'ai cru comprendre.
10:16Et normalement, ça devrait continuer.
10:18À l'inverse, il faut toujours regarder au sein du secteur.
10:23Un acteur comme Nike aujourd'hui a beaucoup plus de mal sur ses fondamentaux, c'est-à-dire
10:28sur ses Air Force One, sur ses Jordan et sur ses Dunk.
10:32C'est vraiment les modèles qui, dans le passé, ont explosé et qui sont fragilisés aujourd'hui.
10:39Donc c'est vrai qu'avoir un Adidas qui tape sur du 10 % de croissance, ça reste intéressant.
10:45Il y a souvent un système de basse communiquance, c'est ça ?
10:47Il y a un sujet sur la valorisation du titre aujourd'hui.
10:49Je pense que c'est aussi pour ça que le titre rend un petit peu aujourd'hui.
10:52Qu'est-ce que ça nous dit, l'histoire LVMH ? Avec le facteur chinois, bien sûr.
10:57Est-ce qu'il y a une lecture presque un peu macro à faire derrière la communication
11:01d'un groupe mondial comme LVMH, Valentine ?
11:04La Chine ralentit.
11:05Et cela de façon structurelle.
11:09Il y a quand même des vrais sujets structurels en Chine qui sont la démographie, qui sont
11:15le dégonflement de l'immobilière et qui sont également tous les problèmes de tension
11:20au niveau des échanges commerciaux qui vont peut-être monter en puissance si Donald Trump
11:24apparaît au pouvoir aux Etats-Unis.
11:25Donc on a ces problèmes structurels en Chine.
11:29Ces dernières semaines ont été annoncées une série de mesures de soutien à l'économie chinoise.
11:34Je ne pense pas que ces mesures de soutien soient de mesure à changer cette histoire structurelle,
11:39mais elles sont plutôt là pour contrecarrer les dommages collatéraux
11:45de ce ralentissement chinois, notamment d'éviter qu'il y ait des pressions sociales trop fortes.
11:51Ces mesures de soutien vont à l'égard, seront dirigées sur les collectivités locales,
11:56sur les entreprises pour les aider à racheter leurs actions, sur les ménages immobiliers
12:01qui sont trop endettés pour baisser le coût moyen de leurs dettes, mais ce ne sont pas
12:06des mesures qui sont destinées à changer l'histoire structurelle de ce ralentissement chinois.
12:13Donc pour l'instant, on a ce ralentissement en Chine.
12:16Et comme ça a été évoqué, le vrai sujet, c'est qu'on a évidemment un ralentissement.
12:21La Chine veut changer de modèle économique et être beaucoup plus dépendante de la consommation,
12:27de la demande intérieure, et moins d'investissement mais plus de la consommation.
12:31Et on voit que le ménage chinois ne consomme pas.
12:34Le ménage chinois épargne, notamment au ménage américain.
12:3870% de son patrimoine, c'est de l'immobilier.
12:40Il est déjà ruiné depuis trois ans de ce point de vue-là.
12:43Un jeune sur quatre est au chômage, le logistique qu'on avait à l'époque.
12:46Donc ils sont obligés d'épargner.
12:49Ils sont vraiment toujours dans une démarche de prudence.
12:52Le package par le marché a été reçu différemment des tentatives de soutien précédentes,
13:01qui étaient peut-être trop faibles, pas assez globales, pas assez holistiques.
13:04Là, on essaie quand même d'en mettre un peu partout.
13:07Il y a beaucoup de promesses, de ce que j'ai compris.
13:10Mais on a vu quand même une réaction de marché assez violente.
13:13Alors ça s'est un peu dégonflé sur le luxe.
13:15Il y a eu l'effet sur le luxe.
13:16Mais LVMH est revenu aujourd'hui sur les niveaux qui prévalaient avant les annonces chinoises.
13:20Mais sur les marchés chinois, il y a quand même l'idée qu'un plancher peut-être a été mis, quand même, Valentine.
13:25Un plancher a été mis.
13:27Et surtout, les attentes étaient très faibles.
13:29Et on voit qu'aujourd'hui, le gouvernement va prendre des mesures pour éviter un impact très fort
13:34de ces problématiques structurelles sur les marchés.
13:36Et s'il faut en prendre plus demain, on en remettra au pot demain ?
13:41On en remettra, mais je ne crois pas à une annonce bazooka, comme c'est un peu attendu par le marché.
13:47Je ne crois pas à ce genre d'annonce.
13:49Parce que de toute façon, on adhère à une dynamique où le gouvernement chinois veut se désendetter.
13:54Et le niveau d'endettement, que ce soit au niveau des collectivités locales
13:57et des grandes entreprises publiques, est extrêmement élevé.
14:00Et en plus, ce qu'il faut savoir, c'est quand même que la Chine, aujourd'hui,
14:03veut garder sûrement des billes en cas d'une détérioration des relations commerciales avec les Etats-Unis.
14:09Donc ils n'ont pas intérêt, à mon avis, à annoncer tout tout de suite
14:12pour, dans six mois, ne plus avoir de marge de manœuvre pour pouvoir de nouveau soutenir son économie.
14:19Laurent, sur ce qui vous intéresse, la Chine.
14:22Mais je veux bien qu'on revienne sur LVMH et puis il y a aussi ASML.
14:25Deux mégacaps européennes, quand même.
14:27Enfin, je veux dire, à notre niveau, c'est quand même 200-300 milliards de market cap, ces boîtes-là.
14:34Qui démarrent très mal la saison de publication.
14:36Ça marque un peu les esprits, quand même.
14:38Je pense qu'on n'attendait pas cette saison de résultats comme une saison plutôt florissante.
14:41On imaginait que ça allait être plutôt éviter les balles pour faire de la performance.
14:45Les balles ont commencé à être tirées. Malheureusement, elles ont touché deux grands candidats.
14:50Ce qui m'intéresse, au-delà des chiffres, c'est plutôt d'essayer d'identifier quels sont les mots
14:54et est-ce qu'on peut trouver des mots communs aux différents sujets.
14:56Parce qu'on parle de technologie, on parle de luxe, on parle tout à l'heure de Rexel.
15:01C'est de la distribution, c'est de l'équipement, etc. électrique, industriel.
15:04Et j'ai envie de dire que les stigmas des uns et des autres sont un peu les mêmes.
15:08Globalement, le message, c'est de dire que la Chine ralentit.
15:10Et clairement, c'est ce que Valentine vient de préciser.
15:13Le modèle doit être transformé et je n'achète pas du tout l'histoire promise par le gouvernement.
15:18J'achèterais la Chine dans l'esprit si demain on adresse le problème chinois.
15:22Le problème chinois, c'est qu'il faut continuer à accélérer la montée des salaires.
15:25Aujourd'hui, c'est ce que les ménages demandent.
15:27Et il faut se poser la question de la protection de la santé, le médical.
15:31Et si demain on ne fait pas ça, toutes les promesses, tout l'argent qui sera mis sur la table,
15:35c'est du fiscal, c'est du budgétaire, mais ça ne répond pas à la problématique.
15:39Et donc ce modèle ne peut pas évoluer.
15:41Donc nous, aujourd'hui, on est plutôt très prudent sur la Chine.
15:45Donc on a une Chine qui se réinvente, mais très graduellement.
15:47Et aujourd'hui, on n'est pas capable de dire si elle est capable de se réinventer totalement.
15:51Et on a une Europe qui est dans une phase, malheureusement, d'attentisme total,
15:55liée probablement à une conjoncture politique qui est illisible pour un investisseur.
15:59Et quand je parle d'investisseur, c'est un corporate.
16:01Demain, si je mets du CapEx au travail et que je veux monter une nouvelle usine,
16:05une nouvelle centrale, quelle que soit la ligne de production ou de sujets,
16:08mon consommateur final européen, est-ce qu'il est aujourd'hui gourmand ?
16:12Lui aussi, il épargne. Il épargne de plus en plus depuis quelques années.
16:16Et il est à des niveaux records qu'on n'a jamais vus.
16:17Et ça, ce n'est pas un biais franco-français, ça, Normand ?
16:19Non, clairement, c'est le même message partout.
16:22Ce qui veut dire que l'Europe, elle a un sujet à adresser parce qu'elle a tenté,
16:26avec Mario Draghi, pendant dix ans, d'avoir une politique monétaire hyper accommodante
16:30avec des taux à zéro négatifs et la stimulation monétaire, elle ne fonctionne pas.
16:34Donc, si on veut stimuler l'économie européenne et l'amener vers une croissance pérenne,
16:38ce qui serait, je pense, un peu l'objectif, il faut réfléchir différemment.
16:42Et d'ailleurs, notre ami Super Mario a publié un rapport en début du mois de septembre
16:46sur la compétitivité européenne et je trouve qu'il a probablement donné des pistes de réflexion
16:51qui sont très intéressantes en donnant 170 propositions.
16:54Il y a trois grands sujets qui reviennent.
16:55Bien sûr, c'est la sécurité, réduire les dépendances, c'est avoir une politique commune
17:02sur l'énergie et la décarbonation et bien évidemment, investir dans la technologie
17:06en essayant de réduire notre retard, si on peut le combler, sur les technologies.
17:10Globalement, ce qu'il nous dit, c'est une seule chose, il faut que les Etats favorisent
17:15l'investissement des entreprises dans un environnement où il faut du CapEx.
17:21Et quand il y a du CapEx dans les marchés financiers, dans l'économie réelle,
17:25on a ce qu'on appelle, on se souvient tous de nos cours d'économie,
17:27moi malheureusement encore un peu, le multiplicateur.
17:30Et quand ce multiplicateur se met au travail, ce qu'on a tous douté,
17:34quand Trump est arrivé au pouvoir, il a dépensé, on s'est dit mais c'est un miroir aux alouettes,
17:37dans quelques mois ou quelques trimestres, c'est fini.
17:40D'ailleurs, si cette économie a été si résistante, c'est peut-être que M. Trump,
17:43à travers toutes ses relances et M. Biden, ont démontré que l'aide fiscale et le CapEx,
17:49c'est un multiplicateur très positif.
17:51C'est quoi une manière réaliste de s'appuyer sur ça, Laurent ?
17:57Parce que moi, je veux bien le rapport Draghi,
17:59mais on peut remonter jusqu'au rapport des cinq présidents il y a dix ans.
18:02Tout est écrit, la feuille de route, elle est claire pour tout le monde.
18:07Mario Draghi reformule, alors il dit des choses de manière très brillante.
18:11Mais je veux dire, encore une fois, prenez des risques.
18:14Le problème, c'est toujours la même histoire,
18:16c'est quelle est la volonté politique d'avancer, de mettre en place des systèmes peut-être plus communs,
18:22plus fédéraux, sans forcément que ça coûte beaucoup d'argent.
18:25Parce que moi, je pense que le chiffre de 800 milliards qui a été cité,
18:27qui n'est pas un chiffre avancé par Mario Draghi,
18:29je pense qu'il effraie aussi un peu peut-être des partenaires qui se disent
18:33« il faut refaire 800 milliards de dettes communes avec des partenaires budgétaires et fiscaux
18:38dans lesquels je n'ai pas vraiment confiance ».
18:39On sait qu'on n'y arrivera pas.
18:41Donc, comment on est réaliste par rapport à cette idée-là ?
18:43Alors, comment on est réaliste ?
18:45Il y a des choses à faire quand même, c'est ce que je veux dire.
18:48Si on fait un peu de prospection à 12 mois,
18:50pour moi, il y a un catalyseur très fort,
18:52qui sont les élections législatives en Allemagne, septembre prochain.
18:55Si l'Allemagne ne change pas sa politique,
18:58parce qu'aujourd'hui, c'est eux aussi qui souffrent,
19:00alors on peut dire que c'est un meilleur élève.
19:02C'est sûr, quand on se compare aux autres, on est beau,
19:04mais quand on se regarde tout seul, on est peut-être un petit peu en difficulté aujourd'hui.
19:07Je pense que l'Allemagne est clairement en difficulté.
19:10J'ose espérer que l'évolution politique allemande
19:13autour des législatives de septembre 2025,
19:15malheureusement, ça nous fait 12 mois d'attente,
19:17sera peut-être un tournant dans l'orthodoxie budgétaire
19:22et la volonté allemande de ne pas, entre guillemets,
19:25dévier d'une trajectoire qui, depuis 20 ans,
19:27ne leur a pas vraiment réussi au groupe commun.
19:30Alors après, il y a des exceptions.
19:32Donc, ça pourrait être le tournant.
19:33Et après, il y a beaucoup de choses qu'on peut faire.
19:35Harmoniser les politiques.
19:37D'ailleurs, dans ses propositions,
19:39il proposait de nommer un commissaire à la simplification.
19:43Ça veut tout dire, c'est QFD.
19:45Je me méfie de ce genre d'idée, mais si j'en faut un, pourquoi pas ?
19:50Les deux messages dans ces deux entreprises,
19:52c'est que le problème chinois est conjoncturel plus plus,
19:55peut-être qu'il peut devenir structurel,
19:57et l'Europe, si on ne la réveille pas par du capex,
20:00ce n'est pas le consommateur qui prendra le rôle.
20:02On avait, Valentin, juste avant l'émission,
20:04cette discussion sur les élections allemandes de 2025.
20:06Là, je voyais Olaf Scholz, aujourd'hui encore,
20:08qui proclame que,
20:10alors, moi, je ne suis pas contre,
20:13mais qui proclame qu'il faut toujours plus d'accords de libre-échange pour l'Europe.
20:18L'Europe a besoin de beaucoup plus de free trade agreements encore aujourd'hui.
20:23Il n'y a plus qu'Olaf Scholz qui porte cette voie,
20:25j'ai l'impression, aujourd'hui, en Europe.
20:27Ce n'est pas forcément évident,
20:29parce que c'est quand même des intérêts qui sont assez divergents en Europe.
20:31On a une Allemagne qui est aujourd'hui extrêmement dépendante de ses exportations.
20:3550% sont des exportations.
20:37Et l'Allemagne ne va pas très bien,
20:39parce que l'Allemagne, aujourd'hui,
20:41est pénalisée par le ralentissement structurel de la Chine,
20:43par le fait qu'aujourd'hui, on a plus de volatilité
20:45au niveau des prix de l'énergie
20:47et le gaz pas cher russe.
20:49C'était quand même la compétitivité de l'industrie allemande.
20:52Et les industries allemandes perdent des parts de marché en Chine.
20:56Donc, l'Allemagne a aujourd'hui vraiment intérêt à renforcer
21:00ses liens avec ses partenaires commerciaux,
21:04mais à quel prix ?
21:06Alors que nous, en Europe, on devrait peut-être construire des industries,
21:08mettre des CAPEX,
21:10et peut-être avoir une certaine protection pour nos industries naissantes.
21:14Donc, on se rend bien compte que là, il y a...
21:16Le discours politique va dans ce sens-là de plus en plus, quand même.
21:18Je dois le dire, sans qu'on fasse le débat sur le Doliprane,
21:22mais le discours politique va dans ce sens-là aujourd'hui, quand même.
21:24On doit mettre des CAPEX,
21:26on doit essayer de stimuler certaines industries,
21:30mais les jeunes industries, il faut les protéger.
21:32Et ce qu'on se rend compte en Chine,
21:34c'est qu'il y a une consommation qui ralentit,
21:36ce qui veut dire qu'ils ont toujours des capacités très importantes
21:38dans de nombreux secteurs.
21:40Et si on ne protège pas un peu le marché européen,
21:44on peut être envahi,
21:46et c'est ce que craignent les Etats-Unis,
21:48par les produits chinois,
21:50et ce qui contribue à une certaine déflation.
21:54Est-ce qu'au moins sur le plan conjoncturel,
21:58l'idée d'une Chine stabilisée,
22:00d'une économie ou d'une croissance chinoise stabilisée,
22:04est-ce que ça peut se retrouver quelque part en Allemagne,
22:06à travers l'industrie et la croissance allemande ?
22:10Pour l'instant, on parle plus de stabilisation,
22:14mais de voir la Chine encore comme relais de croissance,
22:16source de croissance pour l'Allemagne,
22:18comme ça a été depuis 10-15 ans,
22:20la dernière décennie, ce n'est plus l'idée.
22:24Et l'Allemagne aujourd'hui, oui,
22:26ils doivent quand même se réinventer.
22:28Après, il ne faut pas être trop négatif,
22:30ils ont de la marge de manœuvre.
22:32Ils ont de l'argent, surtout, pour le faire.
22:34Leur endettement, la dette sur du,
22:36c'est 75%.
22:38S'il veut les mettre de la dette, il y a de la place.
22:40Il y a de la marge de manœuvre pour faire quelque chose.
22:44Mais moi, ce que je trouve qui n'est pas encore un risque,
22:48qui n'est pas bien mesuré aujourd'hui par les marchés,
22:52c'est que le scénario, en gros, sur l'Europe,
22:54on tourne tous autour, avec une croissance autour de 1%,
22:56avec une reprise de la consommation,
23:00grâce aux revenus réels positifs,
23:02c'est-à-dire des gains de pouvoir d'achat,
23:04avec la baisse de l'inflation.
23:06Moi, je m'interroge quand même sur la dynamique
23:08du marché de l'emploi en Allemagne.
23:10Il faut quand même penser que 24% des emplois,
23:12c'est du secteur manufacturier.
23:14Jusqu'à présent, si on regarde la dynamique
23:16de la production industrielle
23:18par rapport aux dynamiques qu'on avait avant Covid,
23:20en gros, on est 20% inférieur à ce qu'on devrait être.
23:24Et l'impact sur le marché de l'emploi,
23:26jusqu'à présent, a été vraiment peu visible.
23:28Alors qu'on voit Volkswagen,
23:30c'est le premier employeur industriel du pays.
23:32Nous ne sommes plus compétitifs.
23:34En Allemagne.
23:36Garantir les emplois l'année prochaine,
23:38ce n'est pas aussi évident qu'auparavant,
23:40parce qu'avant, ces emplois étaient garantis
23:42avec les gains de compétitivité.
23:44Un pacte séculaire qui est en train d'être refondu.
23:46Cette histoire a changé.
23:48Mon inquiétude, c'est cette dynamique
23:50sur le marché de l'emploi,
23:52qui s'améliore généralement par ce ralentissement.
23:54Aujourd'hui, ce n'est pas visible.
23:56L'histoire du risque déflationniste,
23:58c'est une histoire devant nous.
24:00En Europe, à nouveau, Laurent ?
24:02C'est vrai qu'on est sortis un peu de cette histoire
24:04avec le Covid, mais est-ce qu'on n'est pas
24:06en train d'y revenir assez vite ?
24:08Ça peut être une hypothèse dans le scénario central,
24:10mais j'ai envie de dire que c'est probablement
24:12l'hypothèse la plus faible aujourd'hui.
24:14Pourquoi ? Parce que, bien sûr,
24:16qu'on a probablement encore une vague
24:18de diminution de l'inflation, 6-9 mois.
24:20Les bases de comparaison vont nous amener jusqu'à l'été prochain
24:22probablement à une trajectoire
24:24plus faible et retourner vers les 2,
24:26voire en dessous. Mais j'ai quand même à l'esprit
24:28deux éléments. C'est que j'ai la Chine qui veut,
24:30entre guillemets, essayer de se protéger,
24:32et donc ça peut créer peut-être artificiellement
24:34des petits sujets, sans parler du géopolitique
24:36qu'on ne maîtrise pas, mais qui peut créer, bien sûr,
24:38de manière éphémère de l'inflation.
24:40Mais j'ai surtout, quand même,
24:42de l'autre côté de l'Atlantique, une élection
24:44imminente, et quoi qu'il arrive,
24:46que ce soit
24:48les bleus ou les rouges, Trump ou Harris,
24:50on est dans la dépense budgétaire.
24:52Donc les deux ont des trajectoires
24:54de déficit qui ne sont pas soutenables.
24:56C'est du n'importe quoi
24:58à du peu probable.
25:00Mais ça veut dire que cette économie
25:02va encore se restimuler à partir de 2025.
25:04D'ailleurs, quand on regarde un petit peu
25:06les grands agrégats,
25:08l'année prochaine, le budgétaire, c'est 0-0+,
25:10aux Etats-Unis. L'année dernière, c'était
25:12moins 1, donc ça a pénalisé la croissance.
25:14L'impulsion, c'est ça ?
25:16Ce qui veut dire que
25:18si les Etats-Unis repartent un peu,
25:20la volonté de poursuivre le CapEx
25:22et un consommateur qui, lui, sera probablement
25:24toujours au rendez-vous parce que l'effet salaire
25:26réel va continuer,
25:28j'exclue pas que l'été prochain
25:30ou l'automne prochain, alors c'est super loin en termes de
25:32fiction, mais les marchés, c'est aussi intéressant
25:34de se projeter à 12 mois, parce qu'on est trop souvent
25:36dans le court terme et le trimestre d'après,
25:38que la question qui soit
25:40posée aux banquiers centraux, c'est qu'est-ce qu'on fait avec une inflation
25:42qui se réveille ? Et je suis
25:44dans les partisans de considérer que l'inflation
25:46peut se réveiller à partir de l'été prochain
25:48ou pour l'hiver prochain.
25:50Et se réveiller, c'est quoi ? C'est une inflation qui remonte
25:52à 5 ou qui remonte à 10 ?
25:54Non, non, 10, j'y crois pas,
25:56mais si demain, elle repasse entre
25:583,5 et 4,5, ça devient très désagréable
26:00pour Montréal, pour ma gamme Lagarde,
26:02et donc là, tout d'un coup, le scénario change.
26:04En Europe, peut-être un peu
26:06moins, non ? Enfin, je veux dire,
26:08c'est plutôt un sujet américain. Certainement.
26:10Le sujet budgétaire sera plutôt aux Etats-Unis.
26:12J'ai quand même l'espoir que l'Europe
26:14se réveille
26:16sur le soutien budgétaire.
26:18Ariane, qu'est-ce que vous attendez des entreprises
26:20puisqu'on commence la saison de publication ?
26:22On regarde la discussion qu'on a.
26:24Qu'est-ce qu'on attend
26:26du discours, du message des entreprises
26:28européennes ? Est-ce qu'il y a des secteurs
26:30qui sont plus à risque que d'autres
26:32que vous avez identifiés par rapport aux
26:34attentes du marché aujourd'hui ?
26:36Et puis, en termes de gestion,
26:38comment ça se traduit ?
26:40Oui, c'est vrai qu'il y a eu ce moment un peu estival
26:42où on a vu la partie défensive revenir
26:44assez fort.
26:46C'est vrai que depuis quelques semaines,
26:48bon, il y a eu quand même un rebond un peu
26:50de la partie cyclique avec l'histoire chinoise,
26:52la baisse des taux, etc. Mais bon, on voit
26:54que c'est pas forcément
26:56quelque chose de très solide encore aujourd'hui.
26:58Alors c'est vrai que sur cette saison de publication,
27:00déjà en amont de la saison de publication,
27:02on a tous ces pré-close call
27:04que font les analystes
27:06avec les sociétés,
27:08qui déjà avaient fait pas mal baisser les attentes.
27:10Donc on se retrouve avec des attentes
27:12sur le troisième trimestre qui étaient déjà
27:14assez faibles. On craignait les warnings.
27:16Bon, ben voilà, on est servis.
27:18On est servis dès le début
27:20des publications et donc aujourd'hui,
27:22c'est vrai qu'on dit qu'on risque
27:24d'en avoir quelques-uns dans un certain nombre de secteurs.
27:26C'est vrai que c'est déjà arrivé sur l'automobile.
27:28Les attentes sur l'automobile
27:30ont baissé de 20%.
27:32Pour le trimestre, là ?
27:34Voilà, pour certains secteurs,
27:36encore plus.
27:38On a eu aussi des effets négatifs
27:40des révisions à la baisse
27:42sur l'énergie, prix du pétrole oblige.
27:44On l'a vu aussi sur les matières premières.
27:46Donc voilà, là c'est les secteurs cycliques
27:48qui, nous le savons, vont souffrir.
27:50Et donc on ne s'attend pas
27:52à de bonnes perspectives de ce côté-là.
27:54À l'inverse,
27:56on a deux secteurs sur lesquels
27:58on a vu plutôt des révisions bénéficiaires
28:00à la hausse, toujours les financières
28:02finalement, même avec...
28:04Bien qu'on ait déjà
28:06ces baisses de taux
28:08qui ont commencé, on attend toujours
28:10plutôt des bonnes nouvelles du côté des banques.
28:12Et le deuxième,
28:14c'est le real estate, l'immobilier.
28:16Effectivement,
28:18depuis finalement
28:20la fin du premier semestre, on commence
28:22à avoir des valeurs d'actifs
28:24qui se stabilisent ou qui baissent
28:26un petit peu moins. Donc là, voilà, on est sur la fin
28:28de ces baisses de valeur d'immobilier.
28:30Et donc on attend plutôt
28:32de bonnes nouvelles aussi de ce côté-là.
28:34Sur le sujet
28:36cyclique-défensif, c'est vrai que c'est toujours
28:38la grande question.
28:40Nous, on essaie plutôt de l'évacuer.
28:42Dans nos portefeuilles, on est plutôt assez équilibrés.
28:44Et c'est vrai que c'est avant tout un sujet
28:46de stock-picking. Non seulement stock-picking
28:48entre cyclique et défensif, mais
28:50d'autant plus au sein d'un secteur.
28:52Parce que c'est vrai que quand on regarde le secteur, on parlait du luxe tout à l'heure...
28:54Ou Nike, Adidas...
28:56On l'a vu, par exemple,
28:58dans les biens
29:00de consommation de base,
29:02on a un
29:04Lean qui doit faire autour de 10%,
29:06un Univers à plus 30%,
29:08un Nestlé à moins 30%.
29:10Des écarts monstrueux.
29:12On essaie plutôt de faire les choix au sein des secteurs.
29:14Le cas d'investissement
29:16actions Europe, là, comment
29:18vous le placez dans l'échiquier global aujourd'hui ?
29:20C'est quoi les forces
29:22du cas d'investissement européen,
29:24Ariane ? Parce que la décote
29:26de valorisation, je crois, reste gigantesque
29:28entre l'Europe et les Etats-Unis.
29:30On est à plus de 35% de décote de PE
29:32aujourd'hui.
29:34Et c'est des niveaux qui durent.
29:36Je crois qu'on est même à 38%
29:38d'écart.
29:40Donc on est là, quoi.
29:42Les valorisations, c'est effectivement monstrueux.
29:44C'était des niveaux qu'on avait en octobre
29:462022 aussi. Je me suis mis au point bas du marché.
29:48On avait déjà cette décote de l'Europe
29:50de plus de 30% ou 35%
29:52par rapport aux US.
29:54La valorisation, on va dire que c'est
29:56du côté du positif.
29:58Les mauvaises nouvelles, côté politique,
30:00on les a aussi.
30:02On a ces sujets-là
30:04qui sont plutôt aussi côté négatif.
30:06Les warnings, on les a aussi.
30:08Maintenant, comment se repositionner
30:10à partir de
30:12ces niveaux-là, finalement ?
30:14On a finalement les impacts
30:16de baisse des taux qui vont finir
30:18par avoir un impact positif
30:20sur nos sociétés.
30:22Donc ça, c'est le premier élément.
30:24Le deuxième, je dirais, c'est aussi
30:26le retour à l'actionnaire.
30:28Pour la première fois, on a un retour à l'actionnaire
30:30pour l'investisseur européen
30:32qui est supérieur à celui de l'investisseur américain.
30:34On a 5% de retour à l'actionnaire
30:36en Europe.
30:38Donc c'est dividende et rachat d'actions complets.
30:40On a 3,5% de rendement
30:42du dividende et 1,5%
30:44sur le rachat d'actions. Alors qu'aux US,
30:46on est plutôt à 4.
30:48On a cet élément-là aussi
30:50qui joue favorablement
30:52pour les marchés européens.
30:54Sur les histoires de Banque centrale,
30:56oui, Valentine,
30:58la BCE, c'est demain, donc ils vont faire 25.
31:00Est-ce qu'à un moment,
31:02ils feront plus que 25 ?
31:04Est-ce qu'ils peuvent
31:06prendre la responsabilité
31:08d'aller plus vite, plus fort
31:10face aux incertitudes ?
31:12C'était le discours d'une
31:14Marie Dely de la fête de San Francisco hier.
31:16Dans un climat d'incertitude,
31:18en tant que banquière centrale,
31:20on vient d'avoir une approche graduelle aussi.
31:22Oui, mais on n'est quand même pas là.
31:24On est trop graduel, nous, en Europe.
31:26Ce qui est vraiment très amusant,
31:28c'est ce qu'anticipent les marchés.
31:30Globalement, les marchés anticipent la même chose
31:32pour la BCE et pour la fête,
31:34pour cette année et l'année prochaine.
31:36Alors que si on regarde les dynamiques économiques
31:38des deux zones, elles sont quand même
31:40totalement différentes. Aux Etats-Unis,
31:42si on regarde les estimations de croissance
31:44pour Streamas, autour de 3%.
31:46La zone Europe, on reste sur une croissance assez faible
31:48même si on peut être positif,
31:50mais les risques sont quand même
31:52aujourd'hui baissiers sur la croissance.
31:54Et puis l'inflation, elle est 1,8%.
31:561,8%.
31:58Donc 1,8%, c'est en dessous de 2%.
32:00Et ça va continuer.
32:02Et si on regarde plus important,
32:04parce que là, on a tous discuté d'avenir,
32:06mais plus important, si on regarde
32:08la dynamique d'investissement,
32:10aux Etats-Unis, on a une dynamique d'investissement
32:12qui reste solide grâce à un budgétaire
32:14qui reste solide et qui va être encore
32:16très très fort l'année prochaine.
32:18Par contre, la dynamique d'investissement en Europe,
32:20on est toutes en train de se plaindre
32:22qu'elle est faible, mais un des facteurs de soutien
32:24qu'on aurait pour cet investissement,
32:26peut-être du budgétaire, mais c'est aussi du monétaire.
32:28On a aujourd'hui une marge de manœuvre
32:30importante au niveau du monétaire
32:32pour relancer l'investissement.
32:34Donc il est urgent pour moi que la BCE
32:36aujourd'hui baisse ses taux
32:38et le risque d'être
32:40derrière la cour.
32:42Déjà, elle va le faire à chaque meeting.
32:44C'est attendu.
32:46Donc si on veut surprendre les marchés, c'est 50 points de base.
32:48Mais je pense qu'elle va faire 25, comme tout le monde.
32:50Mais elle fera 50 en décembre, peut-être.
32:52Peut-être qu'elle aura suffisamment de données
32:54en décembre pour se dire 50.
32:56Mais surtout,
32:58le risque aujourd'hui que la BCE soit
33:00derrière la cour ou maintienne ses taux
33:02trop élevés trop longtemps, et quand même, aujourd'hui,
33:04c'est souligné par Philippe Leyne à de nombreuses reprises,
33:06un risque qui est bien réel.
33:08Aujourd'hui, si on maintient les taux élevés,
33:10c'est pour l'inflation sur les services,
33:12c'est pour les pressions qui sont encore élevées
33:14sur les salaires, mais attention,
33:16les variables du marché de l'emploi
33:18sont des variables retardées de l'économie.
33:20Donc, bon...
33:22Ce serait un coup dur pour la BCE si la Fed
33:24devait en faire beaucoup moins que ce qui est prévu
33:26aujourd'hui, pour de bonnes raisons, parce qu'elle a peut-être
33:28moins besoin d'en faire.
33:30Oui, ça jouerait sur la parité
33:32euro-dollar, mais il y a quand même une marge
33:34de manœuvre aujourd'hui pour que la BCE en fasse
33:36plus que la Fed.
33:38Une dose supplémentaire que ce que la Fed pourrait faire.
33:40Après, ce qui est aussi amusant, je trouve,
33:42dans les économies, c'est les différents modes
33:44de fonctionnement en termes de financement.
33:46Les Etats-Unis se financent via les marchés.
33:48Donc, les conditions de financement,
33:50ce sont aujourd'hui, aux Etats-Unis,
33:52considérablement assouplies,
33:54parce que le marché
33:56attend des futures baisses de taux.
33:58Tandis que les conditions de financement, même si on voit
34:00la dernière enquête sur les prêts de la BCE,
34:02ça améliore légèrement, mais on reste quand même
34:04sur des conditions d'octroi de prêts très strictes,
34:06on reste quand même sur une demande très déprimée
34:08pour les crédits de la part
34:10des entreprises.
34:12Le mode de financement dépend des banques.
34:14Donc, si on veut vraiment avoir un assouplissement
34:16des conditions de financement en Europe,
34:18il faut baisser les taux.
34:20J'ai cru voir passer la demande de crédits immobiliers
34:22en France, notamment, et repartir,
34:24mais comme une flèche,
34:26en 2-3 mois.
34:28Une réactivité, une sensibilité,
34:30je trouve, à quelques baisses de taux,
34:32qui montre aussi que pour un banquier central,
34:34peut-être qu'il faut être prudent.
34:36Ce serait quand même une bonne nouvelle
34:38de voir repartir l'immobilier,
34:40de voir repartir l'investissement en Europe,
34:42de voir la demande domestique déprimée,
34:44je ne sais pas si on peut se réjouir de ça.
34:46Non, je pense aux prix, c'est tout.
34:48Les prix, oui, restent élevés
34:50sur les services,
34:52mais globalement,
34:54ils sont quand même en train de baisser, les prix.
34:56Une fois qu'on a dit ça,
34:58on n'a pas parlé de SML,
35:00non plus spécifiquement,
35:02on va parler d'IA dans le dernier quart d'heure,
35:04en termes de logique d'investissement
35:06et de gestion, pour le compte des clients,
35:08qu'est-ce qui prévaut pour cette fin d'année
35:10chez Ottinger, Banque privée, Laurent ?
35:12Je pense qu'à très court terme, il faut rester
35:14neutre, neutre légèrement,
35:16exploiter peut-être encore aux actions,
35:18en faisant assez attention quand même,
35:20parce qu'il y a des échéances électorales très importantes
35:22et donc on ne veut pas partir avant.
35:24Aujourd'hui, sur les marchés obligataires,
35:26on trouve que le marché américain est intéressant,
35:28parce que c'est une économie qui est robuste,
35:30donc on aime bien le Aïl, mais on aime bien aussi l'IG.
35:32Pour le rendement, hein ?
35:34Voilà, exactement, sur le rendement,
35:36parce qu'on se trouve que cette économie, globalement,
35:38elle a une physionomie qui est intéressante
35:40et les taux de défaut, ils n'ont pas vocation
35:42à progresser l'année prochaine,
35:44très honnêtement, avec les nouvelles administrations,
35:46donc on trouve que c'est un bon compartiment,
35:48aujourd'hui, pour venir un peu sécuriser
35:50du rendement et protéger peut-être des actifs
35:52pour trouver le bon point d'entrée sur les marchés d'action.
35:54Les marchés d'action, les points d'entrée,
35:56ils seront certainement, probablement,
35:58au tournant de cette saison et de la saison prochaine,
36:00quand on aura peut-être, entre guillemets,
36:02dissipé une partie du brouillard politique,
36:04bien sûr, il y aura toujours le risque
36:06monétaire et budgétaire,
36:08mais clairement,
36:10on aurait envie de refavoriser progressivement,
36:12juste sur cette histoire de décote,
36:14un peu les actions européennes,
36:16en se disant que si ça se stabilise en Chine,
36:18peut-être qu'à un moment, il pourrait y avoir des décisions...
36:20Vous comptez sur un réveil de l'Europe, vous l'avez dit, c'est ça ?
36:22C'est une question d'unité personnelle,
36:24mais il peut y avoir cette idée...
36:26Logiquement, l'Europe a un tournant très important
36:28en 2025, et si elle ne se réveille pas,
36:30j'ai peur que ça reste une endormie malade
36:32très longtemps derrière, donc il faudra à un moment
36:34faire bouger les choses, donc on a toujours
36:36l'espoir qu'elle se réveille. Après, la définition
36:38du mandat de la Banque Centrale, malheureusement,
36:40européenne, parce que j'entendais la discussion tout à l'heure,
36:42le problème, c'est que c'est une absurdité de dire que
36:44leur mission, c'est uniquement l'inflation.
36:46Monsieur Powell, avec Jackson Hole, est derrière,
36:48ça bascule, il nous a dit, l'inflation, c'est une chose,
36:50mais j'ai un double mandat,
36:52et mon deuxième mandat, c'est la croissance et l'emploi.
36:54Tout d'un coup, la bascule s'est opérée, parce que
36:56quelques indicateurs ont commencé à
36:58montrer un petit effritement,
37:00voire des signes d'inquiétude, et tout de suite, ils réagissent.
37:02Voilà, que nous, malheureusement,
37:04on est, et en plus, on est à 1,8,
37:06donc les 2%, on est tranquille, on sait que ça continue
37:08à baisser, pourquoi on ne va pas plus fort ?
37:10On est moins rapide, et structurellement,
37:12au quiche, pour la Banque Centrale
37:14européenne. Sur les actions,
37:16Ariane, est-ce que le facteur
37:18taille est en train d'évoluer ? Est-ce que,
37:20dans l'idée d'avoir une approche équilibrée,
37:22on essaie de sortir du match classique
37:24cyclique défensif, de s'extraire
37:26un peu de ce genre de clivage ?
37:28Sur les tailles,
37:30est-ce que
37:32privilégier les large caps, ça reste
37:34une bonne idée ? Ça a été une bonne idée
37:36jusqu'à présent, ou est-ce qu'on peut
37:38se permettre de regarder des univers d'investissement
37:40de taille un peu plus petite ?
37:42Effectivement, c'est une question
37:44qu'on s'est posée,
37:46et aujourd'hui, on a
37:48un certain nombre de small et mid-cap dans les portefeuilles.
37:50On est plutôt surpondérés
37:52sur la partie small-mid-cap.
37:54C'est vrai qu'on parle d'une période
37:56extrêmement compliquée pour les small-mid-cap.
37:58On est sur des décotes
38:00extrêmes. On parlait tout à l'heure de la décote du marché
38:02européen. On est à plusieurs écarts types
38:04de ce qui se fait normalement.
38:06C'est encore plus impressionnant du côté des small-mid-cap.
38:08C'est vrai que quand on a
38:10ces dynamiques sur les taux d'intérêt,
38:12c'est quand même bénéfique pour
38:14les small-mid-cap, tout simplement parce que
38:16dans l'imaginaire,
38:18on imagine
38:20les small-mid-cap comme des PME.
38:22Finalement, les small-mid-cap cotés
38:24sont quand même des sociétés assez saines.
38:26Ils ne sont pas si en dette extra.
38:28Souvent, ce sont des acteurs de
38:30niche avec des positions
38:32de leader qui arrivent
38:34malgré tout à faire de la croissance.
38:36Effectivement, c'était plus évident que ça
38:38sur les dernières années.
38:40Il y a eu une panne de croissance bénéficiaire pour ces boîtes-là.
38:42Parce qu'on a eu les méga-cap
38:44qui ont eu une croissance extraordinaire sur les dernières années.
38:46Et là, quand on regarde les attentes
38:48de croissance bénéficiaire
38:50sur 2025,
38:52ça pourrait être révisé à la baisse,
38:54aujourd'hui, on attend plutôt 13%
38:56de croissance bénéficiaire.
38:58Un régime de croissance bénéficiaire supérieur à celui des large-cap.
39:00Quand on en attend du 7-8%
39:02pour les large-cap.
39:04C'est quelque chose qu'on a plutôt envie
39:06de renforcer aujourd'hui dans les portefeuilles.
39:08Merci à vous trois.
39:10Merci d'avoir été les invités de Manette Marché ce soir.
39:12Ariane Hayat, gérante Action Europe
39:14et responsable de la stratégie Fixed Income
39:16chez Amundi Institute.
39:18Et Laurent Dédier, DG délégué
39:20en charge des gestions
39:22chez Ottingre Banque privée.

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