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Lundi 12 février 2024, SMART BOURSE reçoit Valentine Ainouz (Responsable Stratégie Fixed Income, Amundi Institute) , Xavier de Buhren (Directeur des investissements, Otea Capital) et Xavier Patrolin (Président, Albatros Capital)

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00:00 [Générique]
00:10 Et c'est parti pour Planète Marché, une quarantaine de minutes ensemble pour
00:13 décrypter les actualités et les tendances de la Planète Marché. Trois
00:16 experts nous accompagnent ce soir sur le plateau de Smart Bourse. Xavier De
00:20 Buren nous accompagne tout d'abord. Bonsoir Xavier De Buren.
00:22 Bonsoir Nicolas. Bienvenue sur le plateau de Smart Bourse, vous êtes directeur des
00:25 investissements chez OTA Capital. À vos côtés nous avons le plaisir d'accueillir
00:28 également Valentin Enouz. Bonsoir Valentin Enouz. Bonsoir. Vous êtes
00:32 responsable de stratégie Fixed Income chez Amundi Institute. Nous avons le
00:35 plaisir d'accueillir également Xavier Patrolin. Bonsoir Xavier Patrolin.
00:38 Bonsoir Nicolas. Vous êtes président d'Albatros Capital. On va commencer avec
00:42 vous Valentin Enouz. Alors une séance qui est plutôt dans l'attente du chiffre de
00:47 l'inflation de demain que forte en actualité. On note en plus qu'une partie
00:52 des marchés asiatiques sont fermés à l'occasion du nouvel an chinois et donc
00:56 de l'année du dragon de bois. On peut commencer peut-être par utiliser ce temps
01:02 et faire un premier bilan de la saison des résultats en tout cas aux Etats-Unis
01:06 qui montre une résistance quand même d'un certain nombre d'entreprises. Alors
01:10 après il faut peut-être faire la différence entre les grandes
01:12 entreprises de la tech et le reste des entreprises américaines mais quand
01:14 même globalement on voit que les entreprises américaines résistent bien
01:17 Valentin Enouz. Oui oui. Déjà sur ce chiffre d'inflation il est déterminant
01:21 parce que jusqu'à présent les marchés, que ce soit les marchés du crédit, les
01:25 marchés actions, le moteur ça a été la baisse de l'inflation et les anticipations
01:29 des baisses de taux des banques centrales. C'est extrêmement important
01:32 parce que c'est le point très très positif pour la qualité des entreprises.
01:36 Aujourd'hui on est inquiet par rapport en tant qu'investisseurs
01:40 obligataires ou même investisseurs actions c'est l'impact de ces hausses de
01:44 taux sur l'activité économique et sur les bilans des entreprises donc on est
01:47 très rassuré par le fait que cette inflation va baisser et que les banques
01:50 centrales vont pouvoir baisser leurs taux. D'accord. Alors les résultats dans
01:54 l'ensemble sont franchement très très corrects aux Etats-Unis, corrects en
02:00 Europe. Un peu plus difficile en Europe. Mais ce qu'on voit globalement c'est que
02:03 les marges baissent un peu dans la globalité mais on partait de
02:07 niveaux qui étaient extrêmement bons pendant le Covid. Les entreprises ont
02:11 augmenté leurs marges, elles ont également accumulé du cash à leur
02:16 bilan donc on partait de fondamentaux que ce soit en termes de marge et aussi en
02:21 termes de bilan post-Covid qui était extrêmement bon. D'accord. Donc aujourd'hui
02:24 on voit que ça se détériore un peu mais à partir de niveaux très corrects donc on a
02:28 une détérioration des marges et également des besoins de refinancement
02:31 des entreprises qui vont augmenter parce que l'année dernière les besoins de
02:35 refinancement étaient très faibles parce que les entreprises ont globalement, que ce
02:38 soit en Europe ou aux Etats-Unis, avaient peu de besoin de refinancement et ont
02:42 utilisé le cash accumulé. D'accord. Là la situation elle change, on a plus de
02:46 besoin de refinancement pour cette année et l'année prochaine mais le point très
02:49 positif, alors moi je vais parler des marchés obligataires parce que je suis spécialiste en
02:53 lexical fixing, c'est votre expertise. C'est mon expertise mais ce qu'on voit depuis le début de l'année,
02:57 des bons résultats mais aussi une activité sur les marchés de la dette qui
03:02 est hallucinante, des volumes sur le marché primaire qui sont très très forts
03:06 que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. D'accord. Et en face on a un appétit des
03:11 investisseurs pour financer ces montants de dette émis qui est aussi très fort
03:14 parce que les investisseurs ils disent "ah bah nous on veut attraper ce rendement
03:18 avant que les banques centrales baissent leur taux". D'accord. Donc c'est un effet
03:23 opportunité pour les entreprises aussi qui vont chercher des financements
03:25 aujourd'hui puisque ça leur coûte plus cher mine de rien.
03:27 C'est alors que plus cher mais quand on a des besoins de refinancement, on est quand même très content de garantir une partie de ces
03:34 refinancements en amont quoi donc et surtout si on a une fenêtre qui est
03:39 ouverte sur les marchés du crédit. Donc les entreprises lèvent de la dette et
03:43 investissent, c'est ce qu'il faut comprendre en ce début d'année, que ce
03:46 soit en Europe ou aux Etats-Unis. Prudent. Prudent d'accord. Je dirais ce qui peut
03:50 marquer, ce qui peut caractériser aux Etats-Unis c'est qu'il y a quand même une
03:54 certaine volonté de gérer avec efficacité les marches. Il y a une vraie
04:00 volonté on voit dans les croissances, moi je suis beaucoup la croissance moyenne de
04:03 la dette des entreprises aux Etats-Unis, elle reste très très modérée.
04:06 Elles investissent, elles continuent d'investir mais globalement il y a une
04:09 volonté de gérer de façon très très efficace leur activité. On peut peut-être
04:15 continuer avec vous Xavier de Burennes et on reviendra sur le sujet inflation et
04:18 stratégie banque centrale ensuite dans un second temps. Si on parle de cette
04:21 saison des résultats, alors effectivement il y a le sujet résultats proprement
04:25 parlé, résultats par rapport aux anticipations de résultats, anticipation
04:29 de résultats réalisés quelques mois avant la publication du résultat et
04:32 effectivement les stratégies d'investissement ou d'emprunt, enfin ou de
04:37 crédit en tout cas des entreprises. Quelle est l'analyse que vous en avez à
04:40 l'heure actuelle Xavier de Burennes que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe ?
04:44 On peut poser les deux zones au niveau de la qualité des résultats, c'est ce qui a
04:47 été dit avant. Il est vrai qu'en Europe pour
04:51 l'instant il y a à peu près la moitié des grandes entreprises du stock 600 qui
04:55 ont publié. On a des résultats qui sont plutôt en ligne et globalement il y a un
05:01 peu de divergence sur les tailles des entreprises avec des grandes sociétés
05:05 qui ont plutôt très bien publié. Bien sûr il y a SAP, LVMH, ASML qui ont
05:10 connu des performances et des réactions qui ont été assez significatives et
05:15 à l'inverse c'est plutôt les petites et moyennes entreprises qui ont un petit
05:19 peu pâti lors de cette publication de résultats. Il y a plusieurs éléments, il y a
05:24 le premier c'est évidemment ce resserrement monétaire qui a été
05:30 extrêmement rapide et élevé, un laps de temps très très faible, on a eu des
05:37 hausses de taux qu'on n'avait pas connues donc évidemment les petites
05:41 entreprises ont plus de mal à faire face à cette nouvelle réalité en
05:45 termes de coûts de financement notamment. A noter que dans les
05:50 résultats des entreprises européennes ce qui a pesé également c'est le change
05:53 et notamment le niveau de l'euro par rapport au dollar. Un exemple assez
05:58 significatif c'est Adidas qui a revu à la baisse ses ambitions de résultats
06:02 pour cette année avec un impact négatif du change de 500 millions d'euros
06:08 que ce soit sur la couverture ou les effets de translation mais c'est quand
06:12 même assez significatif et c'est pas le seul. Du côté des Etats-Unis
06:16 on a des publications qui sont très bien passées, vous l'avez dit, 80%
06:20 des résultats sont au-dessus des attentes. Alors là aussi il faut faire un
06:24 petit peu attention et éviter de raisonner en agrégé puisqu'on a d'un
06:29 côté évidemment les 7 magnifiques qui ont rangé des profits et des
06:34 croissances absolument record. La question c'est quelle est la tendance
06:36 une fois qu'on les a sortis un peu de la baisse ? Et jusqu'en début de
06:40 semaine dernière on avait à peu près 60% des entreprises américaines du S&P
06:46 500 qui avaient publié et donc d'un côté si on prend les 7 magnifiques on a
06:51 une croissance qui était très élevée aux alentours de 14% et surtout une hausse
06:56 des marges qui a été vraiment significative puisqu'elles se sont
06:59 améliorées de 750 points de base pour atterrer en moyenne à 23%.
07:03 Ce sont des marges qui sont vraiment assez extraordinaires. Et si on enlève ces 7
07:09 magnifiques et qu'on garde le reste de la cote qui a publié, là la
07:15 photographie n'est plus du tout la même puisqu'on a une croissance qui est
07:18 quasi à zéro, 2% de croissance pour le reste des entreprises du S&P 500
07:24 qu'on publiait et quand on regarde sur les marges on a une marge qui baisse de
07:28 110 points de base et qui arrive sur des niveaux aux alentours de 9%.
07:32 Donc vous avez deux dynamiques de croissance et de rentabilité qui s'opposent
07:35 aux Etats-Unis. Est-ce qu'on peut dire finalement que les entreprises
07:38 américaines résistent quand on fait cette différence comme
07:41 vous venez de le faire ? Alors 2% de croissance mais des marges qui
07:44 se détériorent quelque part ? Le niveau reste quand même plus
07:48 élevé qu'en Europe notamment mais ça illustre quand même la bonne résilience
07:54 de l'économie américaine qui se retrouve par rapport à ces chiffres-là.
07:58 Xavier Patrolin, on rentrera peut-être dans les secteurs avant mais votre
08:03 analyse effectivement sur cette saison des résultats, est-ce que vous partagez
08:06 ce qui a été dit ? Est-ce que vous le regardez sous un angle un peu différent ?
08:09 Oui, sur le marché américain on peut avoir une approche S&P qui est
08:14 celle que tu as décrit mais aussi on peut avoir une approche comptabilité
08:17 nationale américaine et à chaque publication du PIB trimestriel il y a
08:22 les publications de l'économie américaine et on s'aperçoit que
08:29 depuis le Covid les bénéfices en masse ont progressé quasiment de 30%
08:38 alors qu'en Europe ils sont globalement stagnés. Donc la profitabilité de
08:45 l'économie américaine à l'aune des entreprises reste très élevée et même
08:49 au-delà des 7 magnifiques. Il y a les 7 magnifiques qui tirent
08:53 incontestablement, je ne suis pas contesté à ce point, mais le reste de l'économie
08:56 continue. De toute façon quand on a un marché du travail tel
09:00 qu'il est on se doute bien que ça tire. Donc on reste toujours dans une boucle
09:06 prix-profit, elle est invalidée, il y a effectivement une érosion des profits
09:11 mais c'est infinitésimale. Si on prend, pour que nos auditeurs aient
09:15 une mesure de ce qui s'est passé post-Covid, on a des niveaux de
09:19 rentabilité de marge d'exploitation en consolidé. Alors je vais parler du
09:24 marché français mais on pourrait le décliner sur d'autres marchés européens
09:26 qui sont globalement 30% supérieurs à ce qu'ils étaient pré-Covid.
09:30 C'est-à-dire qu'on avait des marges opérationnelles, on va dire sur le CAC 40
09:32 hors valeur financière qui était aux alentours de 11% et aujourd'hui on
09:37 ressort à 14, un peu plus de 14 et ce 14 on le maintient depuis 2021, de 2021, 2022,
09:43 2023, 2024, 2025 et il n'y a aucune révision sur 2025. Alors c'est à la marge, il y a des
09:49 arbitrages. Alors bon on a un indice CAC 40 qui est luxe donc il est un peu inflaté
09:53 par le CAC, mais globalement on a un très haut niveau de profitabilité, on a
09:58 effectivement un niveau de gearing, d'endettement qui reste faible. Alors
10:02 c'est moins le cas sur les plus... hors CAC 40 sur les plus petites valeurs, là ça
10:06 souffre plus de ce point de vue là. Et donc là pour moi c'est des signaux très
10:09 positifs parce que globalement les investisseurs vivaient hantés depuis 12,
10:14 18, 24 mois dans une récession bénéficiaire, le soft landing voulant dire
10:19 une récession bénéficiaire et on ne la voit pas venir.
10:21 Qu'est-ce qu'on ne voit pas venir ? La récession du coup ? Oui, la récession bénéficiaire et on voit plutôt venir une
10:27 stabilisation voire un début, alors c'est trop tôt encore pour le dire, mais un début
10:30 d'amélioration pour l'Europe, je ne parle pas des Etats-Unis, pour l'Europe
10:34 tout simplement parce que la conjoncture macro a probablement connu son point
10:38 bas sur fin 2023. Donc on voit, c'est encore trop tôt pour le dire, mais on voit
10:45 des débuts d'amélioration, de révision des chiffres d'affaires. Sur les marches
10:49 ça se discute mais sur les chiffres d'affaires ça commence à réviser. Mais ce
10:52 qui est intéressant me semble-t-il c'est ce qui s'est passé à la fin de l'année
10:56 dernière du point de vue des marchés actions et des marchés obligataires. Au
10:59 fond les marchés actions et les marchés obligataires ont évolué de concert avec
11:02 ce fameux "panic buying" sur les marchés obligataires. Mais d'une
11:07 certaine façon la translation de valorisation sur les marchés actions a
11:10 été corrélée complètement, un pour un. Mais les marchés actions n'ont pas
11:13 changé leur prime de risque intrinsèque, la prime de risque equity. Ils ont modifié
11:17 la prime de risque obligataire mais ils n'ont pas touché la prime de risque equity.
11:20 Et ce qu'on est en train de voir me semble-t-il, c'est beaucoup trop tôt pour
11:23 le dire mais j'ai le sentiment que c'est en train de se passer, c'est que la prime
11:26 de risque pure equity est en train d'évoluer. Donc il y a une espèce de
11:30 décorrélation, on voit que les marchés obligataires se sont dégradés depuis le
11:32 début de l'année et les marchés actions n'ont pas évolué de
11:36 concert avec ce qui s'est passé sur l'obligataire. Tout simplement parce que
11:39 probablement chez beaucoup d'investisseurs, au-delà du panic buying
11:42 sur la partie obligataire, qui était dû à un excès de position cash, il y a un début.
11:48 Alors c'est le début, c'est très embryonnaire, c'est lent, il y a toute une série de facteurs
11:52 qui viennent contrer ce phénomène. Mais on commence à regarder le placement
11:56 actions dans une logique de duration. Globalement sur l'année 2023 tout le
12:00 monde était court en duration, tout le monde était short, si j'ose dire, d'actifs
12:04 longs et très court en duration avec un stress sur ce qu'allait faire
12:08 la fédérale réserve, la BCE, le disant américain aurait pu aller à 5,
12:14 au-delà de 5, 6, enfin bon tout circulait. Et donc il y avait une réticence et d'un
12:19 seul coup il y a eu un énorme pivotement grégaire, comportemental à la fin de
12:24 début, fin octobre et qui s'est concentré sur deux mois. Et on observe
12:28 progressivement une translation, alors c'est très léger, mais qui commence à
12:31 aller chercher sur des... et l'annonce que j'ai entendue juste au début de ce
12:36 journal est très claire, on a une EPA, un retrait, c'était l'annonce...
12:42 C'est Pauline exactement. Et Publicis qui annonce un share buy back.
12:47 Moi j'ai rarement vu des marchés sous-évalués quand des entreprises
12:54 annoncent des programmes de
12:56 rachat d'actions et on voit ça aux Etats-Unis comme en Europe. Donc ça veut
13:00 dire que non seulement les taux sont pas si hauts que ça, les boîtes qui ont du
13:04 cash font du share buy back, mais que certaines boîtes s'endettent pour
13:07 racheter leurs actions. Et bon ben voilà, ça c'est plutôt un message qui est
13:12 plutôt positif. Valentiner nous sur les marchés obligataires peut-être ou en
13:15 réaction à ce que nous dit Xavier Patrolin. Je partage ce point de vue, on est
13:19 rentré aujourd'hui dans un cercle vertueux avec cette inflation qui baisse
13:23 et des investisseurs, même si on anticipe un peu moins de baisse de taux
13:26 que ce qu'on avait l'année dernière, on est toujours dans cette dynamique où la
13:29 trajectoire de l'inflation ne remet pas en cause les baisses de taux. Et ça pour
13:33 moi c'est le point le plus important. C'est pour ça que ce chiffre de main est vraiment
13:37 clé pour nous tous, que ce soit sur les actions ou sur les taux. Il ne faut pas que la trajectoire de
13:42 l'inflation remette en cause ces baisses de taux. Ces baisses de taux c'est
13:45 vraiment un fait, je dirais le démarrage d'un cercle vertueux où il y a les
13:50 coûts de financement, certes ils sont un peu plus, ils restent toujours très élevés
13:53 par rapport à ce qu'on avait avant le Covid, mais ils sont quand même moins élevés
13:57 que ce qu'on avait par rapport à l'année dernière et surtout on retrouve un appétit pour le risque.
14:01 Justement, des baisses de taux qui étaient anticipées en mars, qui à l'heure actuelle
14:04 sont plutôt anticipées aux alentours de mai-juin, si je ne dis pas de bêtises, par le marché,
14:08 un chiffre de l'inflation révisé vendredi, il n'y a pas eu tellement de nouvelles par rapport
14:12 à ce qui avait été anticipé avant, donc qui vient valider plus ou moins la trajectoire,
14:16 enfin la stratégie de la Fed à l'heure actuelle. Qu'est-ce qui pourrait venir invalider demain
14:21 une stratégie de la Fed telle qu'elle est actuellement ?
14:26 Nous on s'attend à ce que cette inflation américaine continue de baisser, néanmoins
14:31 qu'est-ce qu'on voit sur les derniers chiffres économiques et qui nous ont quand même surpris,
14:35 c'est une réaccélération sur le marché du travail en termes de création d'emplois
14:39 et des hausses de salaires qui réaccélèrent. Il y a un indice ISM sur les services qui
14:44 resurprend la hausse, alors ce n'est pas notre scénario, nous on est sur une économie
14:48 qui ralentit et on est sur une inflation qui baisse, mais on peut quand même s'interroger
14:53 sur ce risque aujourd'hui de voir une réaccélération sur l'économie américaine qui serait quand
14:56 même surprenante. Mais cet assouplissement sur les conditions de financement, ce soutien
15:01 budgétaire, cette dynamique de la productivité et des investissements qui est faite, est-ce
15:06 que ça ne va pas réaccélérer ? Donc ça c'est une question qui est quand même légitime
15:09 de se poser, même si ce n'est pas aujourd'hui notre scénario. Et ça, ça changerait et
15:13 ce n'est pas aujourd'hui un scénario qui est vraiment dans le marché.
15:16 Ce serait le scénario du pire quelque part, mais qui serait finalement un très bon scénario
15:20 économique.
15:21 Non, ce n'est pas le scénario du pire, après ça dépend comment on est positionné sur
15:24 les marchés. Mais non, ce serait un scénario où il y aurait une croissance qui serait
15:29 bien plus résiliente et avec une inflation qui mettrait plus de temps à revenir à 2%,
15:35 ce que le marché aujourd'hui anticipe. Parce que le marché aujourd'hui anticipe une inflation
15:38 qui revient à 2% globalement fin de l'année.
15:40 Et donc ce serait un assouplissement monétaire qui serait décalé dans le temps ?
15:43 Exactement.
15:44 Ce que dit Valentin, il y a une observation sur le marché du travail essentiel. C'est
15:49 ce que je t'ai mis dans le email que je t'ai envoyé.
15:51 Avant de venir, oui bien sûr.
15:53 Je fais juste cette observation. Il y a une façon de mesurer l'offre et la demande sur
15:59 le marché du travail américain. Avant le Covid, c'est-à-dire en décembre 2019, un
16:03 chômeur rencontrait, c'est un pur rapport, 1,2 offre d'emploi. Sur les 20, 25, 30 dernières
16:10 années, un chômeur rencontrait une demi-offre d'emploi. Donc déjà, il se passe quelque
16:16 chose.
16:17 Bien sûr.
16:18 En octobre, on était à 1,3 ou pas loin d'1,3. Donc, Jerome Powell a commencé à parler
16:27 que le marché du travail se dirigeait vers les conditions qui prévalaient pré-Covid.
16:32 Bien sûr.
16:33 Et le dernier chiffre, quand on fait les calculs sur janvier, on est à 1,47, 1,4, 1,5. Donc
16:40 ça veut dire que ça se redégrade à nouveau. On bénéficie des chômeurs. Mais du point
16:44 de vue de la Fédérale Réserve, ça veut dire qu'on est à nouveau dans un marché
16:47 du travail qui devient plus pénurique. Et donc ça, ce n'est pas bon.
16:51 Et donc plus de capacité de négociation de salaire et donc plus d'impact sur le salarial.
16:54 Voilà. Et ça veut dire que du point de vue de la Fédérale Réserve, parce qu'il y a
16:56 le cycle, le marché résonne beaucoup sur la dynamique de cycle. Mais au fond, le Covid
17:00 a été un fabuleux accélérateur de l'histoire sur les chaînes de valeur, tout ce qu'on
17:05 voudra, et notamment sur le marché du travail. Il a sorti des gens, des Américains, notamment
17:10 des femmes, mais pas que des femmes, du marché du travail. Et cette partie qui est sortie
17:14 du marché du travail n'est pas revenue dans le marché du travail. Ce qui fait qu'on a
17:17 ce décalage. Et ce décalage, du point de vue d'un gouverneur, c'est un risque inflationniste
17:22 de moyen terme. Donc ça veut dire que je ne pilote pas les
17:24 taux uniquement sur du cycle, sur de la conjoncture, mais j'intègre dans mon comportement de
17:29 banquier central ce changement sur le rail. Donc tant que je vois des paramètres qui
17:33 m'indiquent que l'offre et la demande sur le marché du travail continuent à se dégrader
17:37 en faveur des chômeurs, et en défaveur de l'inflation, si j'ose dire, et bien ça va
17:41 justifier, ça peut justifier chez les faucons de la Fédération de la Fédération de la
17:45 Réserve, une situation d'attentisme. Donc c'est vraiment la variable clé. Donc je pense
17:48 que demain le chiffre, au fond, bien sûr il va être important, mais moi je crains
17:53 qu'au fond le... Et d'ailleurs on le voit sur la core inflation, la core inflation
17:57 entre les Etats-Unis et l'Europe a pas du tout le même profil de décru. La décru
18:02 de la core inflation en Europe est beaucoup plus rapide, et d'ailleurs elle est en dessous,
18:06 alors qu'aux Etats-Unis elle est plus lente et elle a tendance à se stabiliser. Donc
18:11 le chiffre de demain, on va voir si ça rebaisse ou si ça reste sur son plateau.
18:14 Xavier de Buren, sur ce sujet inflation, stratégie, banque centrale, on a l'impression finalement
18:18 que la question c'est quand est-ce que la FED va baisser ses taux dans le scénario
18:22 en tout cas de marché aujourd'hui. Tout le monde a globalement ce scénario un peu de
18:26 soft lending. Est-ce que le chiffre de demain est si important que ça pour vous ? Comment
18:30 est-ce que vous regardez la situation ?
18:31 Je regarderais d'abord les anticipations du marché en termes de baisse des taux qui
18:35 ont été vraiment trop élevées.
18:38 Très optimistes.
18:39 Il y a sept baisses de taux, ce qui est en fait un scénario qu'on pourrait appliquer
18:44 pour un pays en récession et on voit bien, on l'a dit et redit, on a parlé du marché
18:48 de l'emploi américain et de la croissance américaine qui est vraiment extrêmement solide.
18:52 Donc ce scénario n'est pas réaliste dans la réalité économique dans laquelle sont
18:56 les Etats-Unis aujourd'hui. Donc il faut que les attentes des investisseurs commencent
19:01 à se réduire.
19:02 D'accord.
19:03 Alors, elles le font graduellement. On est encore loin du compte certainement. Maintenant,
19:08 je pense que ce soit en mars, en mai ou en juin, le resserrement monétaire a été tellement
19:15 rapide, tellement fort qu'aujourd'hui c'est l'inversion qui est importante.
19:21 Le discours et d'ailleurs les marchés obligataires et actions ont connu ce très très fort rallye
19:26 sur les deux derniers mois de l'année parce qu'il y a eu un changement de ton de la part
19:30 de la Banque Centrale Américaine et l'enjeu il est là. Et si les taux baissent, la Fed
19:36 a indiqué que les taux allaient baisser, si on prend trois mois de retard, etc. C'est
19:40 enclencher un cycle.
19:41 D'accord.
19:42 C'est extrêmement important pour les investisseurs.
19:43 Si je caricature, c'est que trois mois de plus ou de moins à un niveau élevé avant
19:46 une première baisse de taux, ça ne change pas radicalement une stratégie sur des marchés
19:51 actions ?
19:52 Oui, il peut y avoir un peu de volatilité ou en disant effectivement on en attend peut-être
19:56 trop et trop rapidement. Ça doit se réajuster, ça mettra un petit peu de volatilité dans
20:01 le marché. Mais on voit bien que toutes les baisses aujourd'hui sur les marchés ne durent
20:05 pas très longtemps et sont rachetées.
20:07 D'accord.
20:08 Et on a dit l'environnement, il y a un cercle vertueux qui est là, qui est mis en place
20:13 avec pas trop de croissance et quand même un peu avec un peu d'inflation mais des taux
20:21 réels qui sont désormais positifs. Tout ça c'est quand même favorable. Il ne faut
20:25 pas oublier qu'une baisse de l'inflation c'est autant de pouvoir d'achat qui est rendu
20:29 au consommateur et donc une consommation qui continue de très bien tenir aux Etats-Unis,
20:34 qui se stabilise et voire qui s'améliore un petit peu en Europe. Tout ça c'est des
20:38 éléments qui globalement sont très favorables pour la poursuite de la hausse des marchés.
20:44 Justement sur le sujet européen, alors si je vous écoute effectivement, l'Europe est
20:48 à la traîne par rapport aux Etats-Unis mais la situation n'est pas catastrophique non
20:51 plus. Est-ce qu'il faut s'attendre à avoir une BCE qui agisse avant la Fed cette année
20:57 justement pour soutenir une croissance économique européenne ou on resterait dans le scénario
21:03 où c'est la Fed qui la première, commencerait son assouplissement monétaire ?
21:06 Notre scénario est celui qui s'est toujours déroulé.
21:09 Historiquement.
21:11 Voilà, c'est que la Fed ouvre le bal et la BCE devrait suivre. Là encore une fois,
21:19 c'est une question de timing, à trois mois après, je ne suis pas sûr que la BCE fasse
21:25 ce premier acte avant la Fed.
21:27 Il n'y a pas de nécessité aujourd'hui de faire ce premier acte pour la BCE ?
21:31 Quand on regarde la croissance européenne et les anticipations de croissance de l'OCDE
21:37 pour l'année prochaine, c'est +0,5 pour 2023 et +0,6 pour 2024.
21:44 Ça montre bien une inflexion et que le point bas a été fait et qu'on est sur une tendance
21:49 qui va s'améliorer.
21:50 Et ça, c'est un élément encore favorable pour les marchés.
21:55 Et si on se base sur ces anticipations de croissance, la BCE peut attendre un petit
22:00 peu que la Fed baisse ses taux.
22:03 Faut-il donc s'attendre, et avant de vous passer la parole, Valentin Enouz, à avoir
22:08 un peu de croissance à fin 2024 en Europe ? Une croissance peut-être un peu plus forte
22:14 que ce qu'on aurait eu en 2023 ou c'est trop tôt pour faire des projections ?
22:18 C'est les anticipations de l'OCDE.
22:20 Quand on voit les publications de résultats et les objectifs qui ont été donnés par
22:26 certaines sociétés pour 2024, on peut s'attendre à ce que la croissance reparte quand même
22:31 en Europe.
22:32 Et quand on voit la puissance du resserrement monétaire, le choc inflationniste qui a
22:41 été celui qui a été ces deux dernières années, l'économie résiste plutôt de façon
22:47 assez remarquable en Europe, même si ce n'est pas très bon.
22:50 Mais avec ce qui a été absorbé, ça aurait pu avoir des conséquences bien plus négatives
22:57 sur l'économie européenne.
22:58 Oui, donc il ne faut pas systématiquement comparer avec les États-Unis.
23:01 Mais quand on regarde l'Europe dans l'absolu, ce n'est pas si dramatique que ça.
23:04 C'est ça qu'il faut comprendre.
23:05 Compte tenu des chocs qui ont été ceux que la croissance européenne a connus.
23:13 Valentin Hénouz, même question.
23:14 Est-ce illusoire d'imaginer la BCE "entamer un resserrement monétaire avant la Fed"
23:21 alors même que si on compare les économies, on pourrait s'attendre peut-être à ce
23:25 que la BCE commence avant ?
23:28 J'ai quand même une conviction sur le sujet.
23:30 Je ne pense pas que la BCE baisse ses taux avant la Fed, mais la BCE devrait baisser
23:36 ses taux avant la Fed.
23:38 Après, on n'est quand même pas tous convaincus quand on regarde les discours d'Isabel Schnabel
23:44 qu'ils aient une volonté très forte de baisser les taux, mais la BCE, oui, devrait.
23:48 Pour deux raisons.
23:49 On a quand même une économie en Europe, on n'est pas aux États-Unis, on a une économie
23:52 qui quand même, même si on n'est pas en récession, qui flirte quand même avec une
23:56 récession.
23:57 Et ce qui est très intéressant en Europe, c'est que l'impact du resserrement monétaire
24:01 sur l'économie est beaucoup plus fort et beaucoup plus rapide qu'aux États-Unis.
24:04 Pour la raison simple, c'est qu'aux États-Unis, les entreprises se financent via les marchés
24:09 et on voit que sur les marchés, on a eu un assouplissement des conditions de financement
24:12 très important à la fin de l'année avec les anticipations de baisse de taux, tandis
24:16 qu'en Europe, une grande partie de notre financement est via les banques.
24:20 Et si on regarde la dernière enquête de la BCE, elle suggère que les conditions de
24:25 financement continuent de se resserrer, même si c'est un rythme moins important qu'au
24:29 cours des précédents trimestres.
24:30 Donc on a vraiment des entreprises en Europe qui sont beaucoup plus impactées, plus fort
24:35 et plus rapidement, par ce resserrement monétaire.
24:38 C'est-à-dire qu'aux États-Unis, il suffit d'un peu de communication quelque part pour
24:42 que le marché anticipe des conditions meilleures et les offres aux entreprises, alors qu'en
24:46 Europe, il faut vraiment une action de la Banque centrale, c'est ça ?
24:48 Aux États-Unis, il y a l'inflation qui baisse, les marchés…
24:51 Oui, c'est vrai, ce n'est pas le même contexte.
24:53 Il faut quand même qu'il y ait une inflation qui baisse et que les investisseurs savent
24:57 que les banques centrales dépendent des données, donc les conditions de financement réagissent
25:01 très vite par rapport aux données.
25:03 Tandis qu'en Europe, il y a les banques et on voit que les banques durcissent les
25:05 conditions de financement parce qu'elles sont inquiètes sur les dynamiques économiques,
25:09 sur le risque de hausse des taux de défaut, etc.
25:11 Donc ça, premier point.
25:13 Et le deuxième point, si on regarde la dynamique d'inflation, comme l'a dit Xavier, en
25:17 zone euro, on voit que l'inflation baisse très rapidement et beaucoup plus rapidement,
25:21 surtout les éléments corps, qu'aux États-Unis.
25:24 Et que si on regarde en séquentiel sur les six derniers mois et les trois derniers mois,
25:27 on est proche de zéro…
25:28 Je ne sais pas, proche de 2% ?
25:30 Proche de l'objectif.
25:31 On est proche de l'objectif, on est à l'objectif.
25:34 Donc oui, la BCE devrait…
25:37 Après, l'inquiétude de la BCE aujourd'hui, c'est sur les salaires.
25:39 C'est le focus des membres de la BCE.
25:43 Et cette inflation qui pourrait continuer d'être tirée par les salaires, d'avoir
25:47 un rebond de la croissance parce que les salaires réels aujourd'hui sont en positif, il y
25:50 a des gains de pouvoir d'achat, ça pourrait donner une dynamique à l'économie européenne.
25:55 Sauf que l'économie européenne, moi j'ai du mal à la voir redémarrer s'il n'y
25:58 a pas de baisse de taux.
25:59 Donc pour moi, il faut avoir des baisses de taux.
26:02 Et ces salaires-là, si on regarde les dernières enquêtes, on voit quand même, et la BCE
26:06 l'admet, une modération au niveau des croissances des salaires assez forte.
26:10 Donc si je comprends bien, les conditions sont normalement réunies pour avoir des baisses
26:13 de taux de la BCE assez prochainement.
26:15 En Europe, la trajectoire me paraît assez évidente.
26:17 Aux Etats-Unis, elle est plus compliquée.
26:20 Xavier Patrolin, stratégie Banque Centrale.
26:22 Je vais légèrement différer, mais c'est bien parce que ça alimente le débat.
26:28 Il y a une partie du constat que je partage.
26:32 Ce qu'on peut noter quand même, c'est que la différence entre la Fédérale Réserve
26:36 et la BCE, c'est que la Fédérale Réserve a été beaucoup plus agressive en termes de
26:39 taux courts et de taux courts réels.
26:42 Quand on mesure les taux courts réels contemporains, si j'ose dire, quand on fait la différence
26:45 des taux courts et inflation instantanée, on voit bien qu'elle est montée beaucoup
26:48 plus vite.
26:49 La BCE est restée très en retard, en retard dans sa séquence de remontée, mais en retard
26:52 en termes d'amplitude.
26:53 Donc on voit bien que le Conseil des Gouverneurs n'a pas voulu aller taper des taux courts
26:58 trop élevés.
26:59 Là, il a quoi en face de lui ? Il a en face de lui ce que Xavier disait, c'est-à-dire
27:07 des salaires qui vont progresser.
27:09 Ce que disent tous les banquiers, sans trop, c'est des salaires qui vont progresser maintenant
27:12 plus vite que l'inflation.
27:13 Donc déjà, il y a une première mesure de stimulation qui va être une stimulation de
27:16 pouvoir d'achat.
27:17 Donc déjà, pour la BCE, il n'y a aucune raison, il n'y a pas le feu au lac.
27:22 Ce qui se passe sur l'immobilier ne l'inquiète pas tant que ça.
27:25 Ce qui se passe sur l'immobilier, c'est une bulle qui se dégonfle.
27:28 L'essentiel, c'est qu'elle n'éclate pas et qu'elle provoque des ravages.
27:32 Mais si elle se dégonfle, ce n'est pas très gênant.
27:33 Et donc, au fond, il y a une logique d'attentisme qui me semble justifiée de ne pas aller trop
27:40 vite en besogne.
27:41 Parce que l'inflation, elle a trois cases.
27:44 Elle passe ses trois cases.
27:45 Première case, c'est l'impact sur la matière première.
27:47 Deuxième case, c'est tout ce qui est prix industriel.
27:49 Et après, c'est les services.
27:50 Sur les services, c'est vrai que ça reste quand même, on le voit dans les commentaires,
27:56 y compris de la Banque de France, on voit que sur les services, ça continue.
27:59 Il continue à y avoir des hausses.
28:01 Donc du point de vue de l'orthodoxie BCE, puisqu'il y a une doctrine, on n'est pas
28:07 du côté washingtonien, si j'ose dire.
28:09 C'est cohérent.
28:12 Il n'y a pas de raison de se précipiter, même si les marchés demandent, demandent,
28:16 parce que les marchés veulent retourner à la situation.
28:18 Et enfin, dernier point, la BCE a quand même tapé des taux nominaux négatifs, ce qui
28:24 n'a jamais été le cas de la Fédérale Réserve.
28:26 Et donc, ils espèrent ne pas retourner à cette stratégie des taux négatifs.
28:31 Donc au fond, ils ont plutôt envie de ne pas rebaisser trop vite les taux courts, laisser
28:39 les taux faibles.
28:40 - De conserver un plateau, quelque part.
28:42 - Voilà.
28:43 Alors il va y avoir un peu de déperdition sur le marché du travail, mais au fond, pas
28:46 tant que ça.
28:47 Ça risque d'être transitoire, mais ça va reprendre probablement sur 2025, 2026.
28:53 Donc là aussi, il n'y a pas d'alerte massive.
28:55 Et sur les entreprises, c'est vrai qu'il faut l'avoir un petit peu à l'œil.
29:00 Mais le vrai secteur qui souffre aujourd'hui, on le voit typiquement en France, c'est l'immobilier.
29:04 - La construction.
29:05 La construction est à l'arrêt.
29:06 - Et pour d'autres, probablement, il n'y a pas que des raisons de politique monétaire.
29:10 Il y a peut-être aussi des caractéristiques très endogènes à la réglementation, à
29:15 l'organisation du marché de l'immobilier.
29:17 On ne va pas rentrer dans ce débat.
29:18 - Non, non.
29:19 - En France.
29:20 - C'est quand même aussi en Allemagne.
29:21 Il y a quand même beaucoup de pays en Europe où on a quand même le secteur de la construction
29:24 qui est...
29:25 - Oui, mais on n'a pas un immobilier aussi décalé, si j'ose dire.
29:29 - Non, non.
29:30 - Et donc, moi, j'ai plutôt l'impression que là...
29:32 Pourtant, je ne suis pas un défenseur de la BCE.
29:34 Là, je vais retrouver à la défendre.
29:36 Mais j'ai plutôt l'impression qu'au fond, le retard qu'elle a eu à l'allumage, elle
29:41 a de bonnes raisons de le garder.
29:42 Par contre, tu as raison.
29:43 Si on avait une accélération sur la corps-inflation, l'observation que tu fais sur la corps-inflation
29:47 est vraiment juste et pertinent.
29:49 Donc, si on avait une accélération de ce point de vue-là, à ce moment-là, elle pourrait
29:53 prendre...
29:54 Mais je ne sens pas avoir cette audace-là, parce qu'à ce moment-là, on verrait sur
29:56 les devises un mouvement de change.
29:58 On commence à le voir, d'ailleurs.
30:00 On voit que sur les changes, là, on le voit, sur l'euro a tendance à s'effriter et qu'on
30:06 est contre dollars.
30:07 Ça nous dit bien.
30:08 Et pourtant, les anticipations de...
30:09 On est pareil, à peu près, sur la BCE.
30:10 Oui, mais on voit que les courbes d'étau sur la partie courte se sont plus déformées
30:22 en Europe qu'aux États-Unis.
30:24 C'était resté bien rivé.
30:26 On voit que sur les anticipations 3 mois, 9 mois...
30:29 Et malgré ça, malgré le fait que les forwards ont été revus à la hausse, on a quand même
30:34 une dégradation de la parité euro-dollar.
30:36 Valentin Hénouz ou Xavier de Buren pour répondre à Xavier Patrolin, vous complétez.
30:41 Je suis complètement d'accord.
30:42 C'est une vraie question de risk management.
30:43 C'est vraiment...
30:44 Après, chacun peut choisir son corps et sa petite proposition.
30:48 Mais c'est une vraie question de risk management.
30:50 Aujourd'hui, on a une inflation qui, évidemment, plus tirée par les prix de l'énergie, plus
30:54 tirée par les perturbations sur les chaînes de production.
30:56 C'est vraiment maintenant une inflation sur les services et les salaires.
30:58 Maintenant, est-ce que les salaires, les gains de pouvoir d'achat parce que les salaires
31:03 réels sont positifs ?
31:04 Est-ce que ça va permettre de relancer l'économie ?
31:05 Est-ce que ça va soutenir l'inflation ?
31:07 Ou est-ce que...
31:08 En fait, la question, c'est est-ce que les hausses de salaire qu'on a aujourd'hui sont
31:11 le résultat d'un marché du travail qui est tendu ou est-ce que les hausses des salaires
31:15 sont le résultat d'une inflation headline ?
31:19 Bien sûr.
31:20 Et si c'est cette solution ?
31:21 Et donc, ça, c'est vraiment...
31:22 Et c'est pas évident, le débat.
31:23 Oui, bien sûr.
31:24 Débattre, je veux dire, c'est pas forcément évident de tirer une conclusion.
31:27 Et d'ailleurs, les membres de la BCE s'interrogent et essayent de savoir de quel des deux camps
31:33 se situe la croissance des salaires.
31:35 Mais si l'inflation des salaires est juste le résultat d'une hausse de l'inflation passée,
31:39 oui, la BCE devrait déjà, dès aujourd'hui, baisser ses taux.
31:42 Par contre, si c'est le résultat d'un marché de l'emploi qui est plus tendu, de conditions
31:45 structurelles, on voit les conditions structurelles sur les marchés de l'emploi qui changent
31:49 à cause, notamment, du vieillissement de la population.
31:51 Voilà.
31:52 Le débat, aujourd'hui, c'est une question de manager ce risque, et notamment au niveau
31:57 des salaires et des changements structurels sur le marché de l'emploi.
32:00 Xavier de Burennes, un mot en réaction, ou on passe aux stratégies de marché ?
32:03 Non, je suis tout à fait d'accord.
32:04 Et une autre façon de le voir, pour illustrer un peu cette dynamique, c'est du côté
32:09 du pouvoir de fixation des prix des entreprises.
32:11 Et on voit qu'au fur et à mesure des publications, la capacité à augmenter toujours les prix,
32:18 elle est en train de s'arrêter, voire de diminuer.
32:20 Donc, on voit vraiment que c'est l'effet de l'inflation passée que les entreprises
32:24 sont en train de revoir, et commencent à être obligées de baisser des prix, parce
32:28 qu'on ne peut plus justifier d'avoir des niveaux de prix comme ça, qui avaient beaucoup
32:31 augmenté pour gommer les effets de l'inflation.
32:34 Et alors, justement, en parlant de niveau de prix, je vous propose de changer de sujet,
32:37 Xavier de Burennes.
32:38 S&P 500 a 5 000 points aux États-Unis, tirés notamment par les Seven Magnificent.
32:44 On entend souvent qu'elles sont trop chères, les Seven Magnificent, mais en même temps,
32:48 elles continuent à délivrer de la performance, que ce soit en termes de résultats d'entreprise
32:52 ou en termes de progression boursière.
32:54 Sont-elles trop chères, alors qu'elles sont au plus haut, Xavier de Burennes ?
32:57 La clé est finalement dans la croissance des bénéfices par action, qui est le fondamental
33:02 des marchés actions.
33:03 Les investisseurs actions doivent acheter des entreprises qui voient un bénéfice par
33:08 action qui augmente.
33:09 C'est comme ça qu'on crée de la valeur.
33:11 Et du côté des Seven Magnificent américaines, pas toutes, parce qu'on peut mettre Tesla
33:17 de côté, mais il y a une vraie création de bénéfices qui croît d'un trimestre
33:25 à l'autre.
33:26 Et ça, c'est la clé.
33:27 Si on fait le rapport, dans l'analyse financière, il y a un ratio qui s'appelle le PEG, qui
33:33 est le PE revenu sur la croissance des bénéfices par action attendu.
33:36 Ce n'est pas très cher compte tenu de la dynamique de croissance.
33:40 On a des PE qui sont élevés, mais si vous avez vos bénéfices par action qui ont des
33:43 croissances de 50-60%, finalement, quand vous avez un PE qui est de 60 fois, votre
33:50 PEG est de 1.
33:51 Et ça, ça veut dire que vous n'êtes pas très cher compte tenu de la croissance que
33:54 vous avez.
33:55 Donc, c'est une autre façon de le voir et de se dire, finalement, quand on a cette
34:01 dynamique de croissance qui continue à être ce qu'elle est, ce n'est pas très cher.
34:05 Ce qu'il faut, c'est qu'aujourd'hui, il y en a sans doute qui sont valorisés
34:09 à la perfection et que si on voit finalement des croissances de bénéfices par action
34:15 qui ne se passent pas comme ce que le marché anticipe, c'est là où ça pourra décevoir.
34:20 Et Tesla en est le meilleur exemple.
34:21 C'est-à-dire qu'il y a des anticipations sur une croissance solide et soutenue qu'elle
34:25 va continuer trimestre après trimestre.
34:27 On voit que les difficultés que Tesla a pour tenir ses objectifs, qui s'est lancé dans
34:32 une guerre des prêts, etc.
34:34 On ne justifie plus des niveaux de valorisation qu'on pouvait avoir avant.
34:37 Je reste sur mon S&P 500 à 5000 points.
34:41 Ça pouvait être l'objectif annuel pour l'indice à fin d'année 2024.
34:46 On est à peine début février 2024.
34:49 Est-ce que la performance est faite ou est-ce qu'il faut du coup s'attendre à encore
34:52 une très belle année sur les marchés actions, notamment américains ?
34:55 C'est très difficile à dire parce qu'encore une fois, on a dit le cercle vertueux est
35:00 en place.
35:01 Donc là où on va faire de la performance, ça va être sur la sélectivité, sur le
35:05 stock picking, sur le choix des valeurs.
35:07 Il va falloir jongler entre des valorisations élevées ou d'autres sociétés qui sont
35:14 sans doute un peu en retard, qui sont sur des niveaux de valorisation qui sont très
35:17 attractifs compte tenu de leurs fondamentaux.
35:20 Et il y a toujours un moment où il y a un retour à la moyenne.
35:23 Et donc les entreprises qui sont à la traîne mais de très bonne qualité, soit elles sortent
35:27 de bourse comme vous l'avez dit, des gens qui sont très belles pour mettre la main
35:31 sur des entreprises de très bonne qualité.
35:33 Et il faut s'attendre cette année aussi à avoir des rattrapages qui vont se faire
35:37 pour gommer un peu les exagérations qu'on a dans les deux sens.
35:40 L'émission touche bientôt à sa fin.
35:43 On va continuer avec vous Xavier de Buyren.
35:44 On va faire un petit tour.
35:45 Qu'est-ce que vous regardez actuellement sur les marchés financiers ? De quoi est-ce
35:47 qu'on n'a pas parlé aujourd'hui qui mérite un intérêt particulier des investisseurs
35:51 ?
35:52 En termes d'allocations, c'est vrai qu'il y a toujours des rendements à aller chercher
35:57 sur la partie obligatoire.
35:58 On peut construire des stratégies qui permettent d'embarquer du rendement.
36:03 Ça, c'est sans doute très intéressant en termes de diversification.
36:06 Après, il y a toujours, on parlait des parties de la cote qui ne sont pas très chères.
36:12 C'est vrai que les petites et moyennes capitalisations, on avait cru à enfin un rebond.
36:16 Elles ont connu beaucoup d'optimisme ces petites et moyennes, mais la question c'est
36:21 quand est-ce que ça se matérialise ?
36:22 Quelques fois plus longtemps que d'habitude, deux mois.
36:24 En termes de flux, on voit que ce n'est pas encore là.
36:27 Mais c'est sûr qu'on peut s'interroger pour être un peu contrariant sur la Chine
36:31 par exemple, qui est sur le niveau de valorisation qui est interroge quand même.
36:36 Donc voilà, se poser la question de rester sur des valeurs de très bonne qualité qui
36:40 vont profiter encore une fois de la baisse des taux qui est favorable globalement pour
36:43 les actions, mais encore plus pour les sociétés de croissance qui avaient un peu souffert
36:47 sur ces hausses de taux.
36:49 Et ensuite, saisir des opportunités à être un peu contrariants si on a un horizon d'investissement
36:57 assez long pour aller récupérer des secteurs sur des valorisations qui sont attractives.
37:03 Valentin Hénouz, même question, qu'est-ce que vous regardez à l'heure actuelle sur
37:06 les marchés qu'on n'aurait pas déjà évoqués ou qui méritent une attention particulière ?
37:11 Moi je suis d'accord, il y a des opportunités formidables sur les marchés obligataires.
37:15 Après des années où on a parlé de la recherche de rendement désespéré, on a du rendement.
37:21 Il est là.
37:22 Il est là et là il faut quand même en profiter.
37:24 Et on voit que c'est un avis qui est assez consensuel quand on regarde les flux aujourd'hui
37:29 qui se dirigent sur la classe d'actifs du crédit, que ce soit l'investment grade, les
37:33 noms bien notés, mais aussi les noms plus risqués comme les noms du high yield.
37:36 Il y a énormément de flux.
37:37 Donc si on regarde en termes de spread, c'est vrai que c'est un peu cher, mais si on regarde
37:43 en termes de rendement, ces noms restent attractifs et ils vont être portés par les facteurs
37:49 techniques et les fondamentaux, même s'ils se détériorent, ils se détériorent comme
37:53 on a expliqué au début de l'émission, mais à partir de niveaux qui sont solides.
37:56 Donc la seule chose qui pour moi remettrait en cause cette recommandation positive de
38:01 se positionner aujourd'hui sur les noms du crédit qui ont des fondamentaux solides,
38:05 c'est s'il y a une trajectoire de l'inflation qui est moins attrayante.
38:10 Si on n'a pas une inflation qui revient à 2%, un horizon de temps proche.
38:14 D'où l'importance de ce chiffre de demain, mais évidemment des chiffres des mois suivants.
38:19 Et du marché du travail.
38:20 Et du marché du travail, exactement.
38:21 Je suis d'accord.
38:22 Xavier Patrolin, même question.
38:23 Qu'est-ce que vous regardez sur les marchés ? De quoi n'a-t-on pas parlé ? Effectivement,
38:26 la Chine, c'est peut-être un sujet aussi.
38:28 Oui, on peut parler de deux choses, Sam Altman et la Chine.
38:33 Pour moi, la Chine rentre dans un univers démographique et dont il ne faut surtout
38:38 pas y toucher parce que c'est une situation à la japonaise, mais à la dimension de la
38:43 Chine.
38:44 Donc on a une trappe à liquidité, une bulle immobilière qui se dégonfle et beaucoup
38:49 de vendeurs, d'épargnants chinois qui n'ont pas de système de retraite et qui vieillissent.
38:53 Donc qui va se mettre en face ? Je ne conseille pas aux gens d'aller se mettre en face.
38:59 Il y a le Parti Communiste Chinois qui a une seule idée en tête, c'est empêcher que
39:03 la grande révolution se déroule entre ceux qui touchent un dollar par jour et ceux qui
39:08 ont des revenus annuels de 25 000 ou 30 000 dollars par an.
39:11 Donc à mon avis, il ne faut pas y toucher.
39:14 Et par contre, Sam Altman, c'est une discussion un peu de café du commerce, mais sa déclaration,
39:21 enfin reprise dans le Wall Street Journal la semaine dernière, nous dit qu'il y a
39:24 une révolution qui est en train, la quatrième peut-être révolution industrielle ou la
39:27 troisième révolution 2.0 qui se met en mouvement et que celle-là, elle est absolument systémique
39:34 et que c'est une espèce d'affrontement entre l'empire du milieu et, si je vous
39:40 dire, le camp occidental qu'on cherche à solidifier beaucoup de choses.
39:42 Et je trouve qu'elle a une petite vertu, elle nous indique peut-être, alors il faudra
39:47 le voir dans les prochains trimestres ou prochaines années, que l'intégration verticale est
39:50 en train de revenir.
39:51 Vous savez, on a vécu pendant 30 années dans la désintégration verticale, les conglomérats,
39:57 une mondialisation heureuse où on pouvait faire du picking à internet et puis on commandait
40:01 le 747, vous livrez les pièces détachées le lendemain chez vous.
40:06 Peut-être que ça, c'est en train de changer et que les parfilières ont recréé de l'intégration
40:11 verticale pour sécuriser toute une série de processus de production industrielle.
40:15 On l'a vu chez Tesla, on l'a vu chez d'autres acteurs qui remontent dans la chaîne de valeur
40:21 pour solidifier, pour ne pas partager cette valeur ajoutée, aussi parce qu'il y a beaucoup
40:25 d'investissements.
40:26 Alors ça, Madman, c'est quelque chose de gigantesque, 7000 milliards, c'est évidemment
40:29 monstrueux, mais ça nous dit qu'il y a quelque chose qui est en train de se passer et qu'on
40:32 est au tout début.
40:33 - D'un nouveau secteur en lien avec l'intelligence artificielle du groupe.
40:36 - Mais c'est pas un nouveau secteur, ça va redessiner l'économie mondiale puisque, si
40:42 je comprends bien l'article du Wall Street Journal, c'est pas uniquement les semi-conducteurs,
40:46 c'est l'énergie, c'est le cloud, c'est toute la chaîne et on voit qu'il faut mettre tout
40:52 ça ensemble et donc c'est un vrai défi intéressant.
40:56 Après, en stratégie d'investissement, j'ai évidemment pas la réponse, mais en tout cas
40:59 il faut y réfléchir et le thème de l'intégration verticale, il faut le regarder de très près
41:03 parce que je pense que ça va redessiner des rentabilités dans toute une série de secteurs
41:08 et des sociétés qui ne sont pas assez intégrées verticalement, et c'est typiquement le cas
41:12 des petites et moyennes valeurs, qui par construction ne sont jamais intégrées verticalement,
41:18 pourraient connaître, pour certaines d'entre elles, des difficultés à l'avenir.
41:21 Donc il faut regarder, c'est un peu trop tôt pour un, ça fait pas système, mais...
41:26 On peut opposer en intégration aussi Airbus et Boeing, avec Airbus qui a réussi une
41:30 parfaite intégration de toute sa chaîne de production et de valeur avec une très
41:34 bonne maîtrise, et on voit les déboires techniques et technologiques de Boeing qui
41:38 montrent les limites d'une mauvaise intégration.
41:42 Oui, c'est un très bon exemple.
41:43 On finira là-dessus, mesdames, messieurs, Xavier de Buraine, directeur des investissements
41:47 chez OTA Capital, Valentin Hénouz, responsable stratégie Fix Income chez Amundi Institute,
41:51 et merci Xavier Patrolin, président d'Albatros Capital.
41:54 Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans Marché Athème.

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