Vendredi 8 décembre 2023, SMART BOURSE reçoit Valentine Ainouz (Responsable Stratégie Fixed Income, Amundi Institute) , Marc Riez (Directeur général, Vega Investments) et Christopher Dembik (Conseiller en stratégie d’investissement, Pictet Asset Management)
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00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché
00:13 et tirer le bilan de cette première semaine du mois de décembre.
00:17 Valentine Hennouz est à nos côtés, responsable de la stratégie Fixed Income chez Amundi Institute.
00:22 Bonsoir Valentine.
00:23 - Bonsoir.
00:23 - Marc Riez est avec nous également ce soir. Bonsoir Marc.
00:26 - Bonsoir.
00:27 - Je suis ravi de vous retrouver, vous êtes directeur général de Vega IM et Christopher Dembik autour de la table également.
00:32 Bonsoir Christopher.
00:32 - Bonsoir.
00:33 - Merci d'être là.
00:34 Conseil en stratégie d'investissement chez Piquet, Asset Management.
00:37 Valentine, le chiffre du jour, le chiffre mensuel sur l'emploi américain,
00:41 le chiffre peut-être le plus regardé de la planète finance, comme je le dis à chaque fois.
00:46 Qui nous dit quoi ? Qui nous dit soft lending ou no lending ?
00:49 - Qui nous dit que l'économie américaine aujourd'hui se porte très très bien
00:53 et continue de créer des emplois à un rythme qui reste solide
00:58 et on continue d'avoir des croissances au niveau des salaires qui restent fortes
01:02 et qui vont permettre de maintenir les revenus réels en territoire positif
01:06 et donc ça, ça va être un support pour la consommation.
01:09 Donc on se rend compte, ça se confirme, que le décalage avec lequel la politique monétaire
01:14 impacte l'économie aux Etats-Unis est beaucoup beaucoup plus long qu'attendu.
01:19 À cause de ce marget de l'emploi qui est quand même très très particulier
01:22 parce qu'il y a une asymétrie très forte, il y a toujours un décalage important,
01:25 même si le nombre d'emplois vacants a baissé, on a toujours beaucoup plus d'emplois vacants
01:29 que de personnes en recherche de job et puis on a toujours un déficit budgétaire
01:34 qui reste important et on voit que les hausses de taux n'ont que peu d'impact sur l'investissement.
01:40 Et je trouve la troisième raison, c'est qu'il ne faut pas oublier qu'on sort d'une décennie de taux bas
01:46 et que si on regarde le coût moyen de la dette pour les ménages et pour les entreprises,
01:51 il est à des taux très très bas. Et pour les ménages, on est en taux fixe,
01:55 donc sur la partie mortgage, les ménages sont aujourd'hui très peu impactés.
02:00 Avant ce rapport, le discours des derniers jours était, et je le titrerai dans l'émission,
02:08 la course aux baisses de taux, aux anticipations de baisses de taux s'enflamme pour 2024.
02:13 On voyait les 125 points de base de baisse de taux de la Fed,
02:16 qui commençaient d'ailleurs assez tôt au tournant du premier ou du deuxième trimestre peut-être.
02:22 Ce rapport mensuel sur l'emploi va amener les investisseurs à recalibrer encore un petit peu
02:27 ces anticipations en les reportant ou en les décalant peut-être dans le temps ?
02:30 Alors déjà, les marchés ont anticipé presque dès mois de mars une baisse de taux de la Fed,
02:36 mais c'était pour des bonnes raisons. C'est parce qu'on avait une inflation qui baissait très très fortement.
02:41 Donc je pense que la Fed va quand même être amenée à être un peu prudente
02:46 et peut-être essayer de repousser les attentes du marché en termes de baisse de taux.
02:51 Mais je m'attendais quand même à voir les communications de la part des membres du FOMC
02:56 beaucoup moins accommodantes que celles qu'elles n'ont été.
02:59 J'étais un peu surprise du ton très accommodant, notamment de Walker, qui a dit que les taux pourraient baisser
03:06 si l'inflation continuait de baisser. Il n'y avait pas de raison qu'on ne rebaisse pas les taux dans ce scénario-là.
03:11 Donc ils n'ont pas essayé de repousser de façon très très très franche jusqu'à présent les anticipations de marché.
03:17 Mais peut-être que cette solidité de l'économie, enfin cette solidité du marché de l'emploi
03:21 va peut-être les amener à une certaine prudence. On verra la semaine prochaine.
03:24 Moi je m'attends à ce que, bon, il y ait un petit rappel, un petit rappel alors pour les marchés de la part de la Fed.
03:30 On verra, ils auront aussi un rapport sur l'inflation qui sera publié mardi prochain pour le mois de novembre.
03:35 Pendant la réunion et avant la décision de la réserve fédérale américaine,
03:39 qui pourra apporter peut-être un peu de nourriture supplémentaire au discours.
03:43 Christopher, sur l'économie américaine, sur ce rapport sur l'emploi, est-ce que ça implique pour la réserve fédérale américaine ?
03:48 Alors peut-être à court terme sur le chiffre même. Effectivement c'est une bonne donnée.
03:52 On avait eu les deux mois précédents qui avaient été révisés à la hausse.
03:55 Et ça s'explique en partie notamment par le fait qu'on a plusieurs secteurs d'activité qui sont en situation de rattrapage.
04:00 Donc on a des créations d'emplois qui sont très importantes dans la restauration, dans l'hôtellerie,
04:03 dans la santé, dans le secteur public également. Donc il y a un phénomène de rattrapage.
04:07 Donc de bons chiffres étaient fondamentalement attendus.
04:09 Après, au-delà de cela, effectivement, je pense qu'on se rejoint.
04:12 L'état aujourd'hui de l'économie américaine et même les projections pour 2024 sont quand même très très bonnes.
04:17 On a effectivement en termes de consommation, ça a bien été dit, je ne vais pas revenir sur ça,
04:21 c'est évident qu'on a une consommation qui tient du côté américain.
04:24 Vous avez aussi le levier de l'investissement qui tient plutôt bien.
04:26 On a des indicateurs avancés. Regardez par exemple les commandes de biens durables hors défense et aéronautique.
04:31 C'est un bon indicateur des perspectives d'investissement.
04:33 On est supérieur de 17,5 % à leur niveau d'avant Covid. Donc c'est plutôt très positif.
04:39 Vous avez effectivement le déficit budgétaire américain et heureusement qu'avec un tel niveau de déficit budgétaire,
04:43 on a quand même de la croissance des créations d'emplois. C'est quand même assez rassurant, j'oserais dire.
04:47 Mais l'année prochaine, on aura aussi un déficit budgétaire qui sera probablement encore très élevé,
04:52 peut-être pas 7 %, mais plutôt 5 %. Donc ça, ça va aussi favoriser l'activité.
04:57 Donc on est quand même sur un scénario macroéconomique ou en tout cas sur le pan croissance.
05:01 C'est plutôt très résilient.
05:03 Non landing quoi !
05:05 Tout à fait. On peut discuter des fins de cycle, vous savez, mais il faut forcément constater qu'aujourd'hui,
05:09 la fin de cycle, on ne la voit pas se mettre en place.
05:12 Et du côté inflation, vous avez le processus de désinflation qui continue, qui n'est pas trop inquiétant.
05:17 Certainement que les chiffres de mardi vont le confirmer d'ailleurs. Ça se poursuit de manière assez nette.
05:22 Je pense que la politique monétaire de la Fed est aujourd'hui optimale.
05:26 On peut avoir un débat sur la BCE, est-ce que c'est trop restrictif ?
05:29 Mais en revanche, du côté de la Fed, finalement, ça semble être parfait.
05:32 Même si elle le souhaite, elle a une marge de manœuvre supplémentaire pour augmenter les taux.
05:36 Ce n'est pas le débat, mais en tout cas, elle peut le faire vu l'état de l'économie.
05:39 En revanche, là où je pense effectivement qu'il y a un gros, gros sujet, c'est du côté marché,
05:43 sur les anticipations de baisse de taux.
05:46 En l'espace de deux semaines, trois semaines au maximum, on est passé de 3 à 4 baisses de taux des deux côtés de l'Atlantique
05:52 à parfois même 6 baisses de taux pour la BCE.
05:55 À mon avis, le sujet n'est pas tant le timing, parce qu'effectivement, ce sera probablement au deuxième trimestre,
06:00 voire un peu plus tard, mais ce n'est pas le vrai sujet.
06:02 C'est plutôt l'ampleur de la baisse des taux qui est attendue pour l'année prochaine.
06:05 Est-ce que le marché réagit comme si on était dans un cycle qui correspondait au précédent cycle ?
06:11 Alors qu'aujourd'hui, on n'est pas du tout certain déjà que ce soit la Fed qui entame le cycle de baisse des taux.
06:15 C'est le premier sujet.
06:16 Ça peut être la BCE, je pense que c'est assez cohérent.
06:18 Ça peut même être d'autres banques centrales.
06:20 On peut débattre sur la Banque d'Angleterre typiquement.
06:22 Et de l'autre côté, est-ce qu'on va avoir des baisses, 6 baisses de taux de 25 points de baisse chacune en un an,
06:28 par exemple du côté de la zone euro ?
06:30 Je suis quand même très, très dubitatif à cet égard.
06:32 Le quantum peut être plus large que 25.
06:34 On l'a vu dans les hausses de taux, ça peut être du 50, du 75.
06:37 Là, le marché anticipe que ce seront des pas à la baisse de 25.
06:40 Ça peut être un pas de 50.
06:42 Mais est-ce qu'aujourd'hui, on a la nécessité, même côté zone euro, d'aller aussi loin sur un laps de temps aussi court,
06:48 sachant que le marché n'anticipe pas de récession ?
06:50 Moi, 6 baisses de taux dans un contexte de récession, pourquoi pas ?
06:53 Mais dans un contexte de croissance, alors plutôt très soutenu côté américain, et raisonnable, on va dire, zone euro, c'est assez aberrant.
07:01 Donc il y aura ce rappel du marché qui a été évoqué.
07:03 Ça va être intéressant, après ce chiffre de l'emploi, voir effectivement comment les anticipations sont recalibrées, décalées peut-être, adoucies.
07:10 Et après les chiffres et les communications de Banque centrale la semaine prochaine.
07:14 Valentine et puis Marc, bien sûr.
07:15 Je pense que c'est là le point très important.
07:17 C'est si la Banque centrale, la Fed ou la BCE baissent ces taux pour un sujet inflation, forte baisse de l'inflation, et pas un sujet récession,
07:24 les baisses de taux seront beaucoup plus graduelles, moins gravelées.
07:28 Pour accompagner la désinflation.
07:30 Voilà, donc on n'aura peut-être pas des baisses de taux aussi précipitées que ce sont dans les...
07:34 Voilà, c'est ce que disait Chris Waller, que vous citiez le gouverneur de la Fed.
07:37 La Fed sera en position de baisser ses taux parce que l'inflation sera plus basse l'année prochaine.
07:43 Rien à voir avec l'idée qu'il faudra sauver l'économie de la récession.
07:47 Il y a deux approches philosophiques en matière de baisses de taux aujourd'hui.
07:52 Et la Fed, en tout cas certains du côté de la Fed, pensent que la recalibration est simplement quelque chose d'assez doux et pas un besoin d'accommoder pour soutenir l'économie.
08:04 Mais ne pas oublier que c'est pas parce que jusqu'ici on n'a pas eu l'impact des hausses de taux qu'on ne peut pas l'avoir.
08:08 Oui, oui, on le voit.
08:09 Il faut quand même réfléchir dans l'indicatif.
08:12 Oui, oui, mais je vous rends hommage Valentin parce que c'est une formule que j'ai réutilisée à de nombreuses reprises.
08:17 Higher for longer, c'est pas higher forever.
08:21 Et ça, je vous rends hommage parce que c'est la formule clé je trouve de cette fin d'année 2023.
08:28 Marc, vos commentaires.
08:29 C'est quand même la plus belle récession de l'histoire des Etats-Unis.
08:34 Moi ce qui me frappe quand même par rapport à tout ça, c'est la manière dont le marché réagit finalement à ces chiffres meilleurs qu'attendus de création d'emploi ou en tout cas de création d'emploi assez importantes.
08:45 Parce que finalement, n'oublions pas que le mois précédent, il avait beaucoup monté sur le prétexte justement qu'il y avait beaucoup moins de création d'emploi.
08:55 Donc en fait, on voit qu'il a une capacité à vraiment vouloir monter quelle que soit la nature des chiffres puisque que le chômage baisse comme ça a été l'année où il remonte,
09:07 ou qu'il rebaisse comme aujourd'hui, et bien effectivement la lecture qu'en fait le marché c'est qu'il faut aller plus haut.
09:12 Donc on sent vraiment typiquement un marché qui a envie de monter et de lire les données économiques dans un sens qui lui plaît.
09:21 Il se réjouissait le mois précédent du fait que l'activité décélérée en se disant "ça va permettre de baisser les taux plus vite que prévu, passons de 4 à 6 baisses de taux attendues pour 2024"
09:33 et aujourd'hui il se réjouit que l'économie marche bien. Merveilleux !
09:37 Alors effectivement, je reviens sur ce qui a été dit là, c'est vrai que des taux 5,25, 5,50 ça ne va pas permettre quand même de caracoler très longtemps.
09:48 Parce que même si on se dit que le sentiment des ménages est meilleur, leur appétence à consommer est toujours là, etc.
09:56 Je ne pense pas qu'on va rééditer les 5,2% de croissance du T3 par la suite.
10:03 On a vu qu'une grande partie était composée quand même de restockage.
10:07 Le restockage on sait que c'est quand même une chose qui se produit une fois mais qu'on ne fait pas tous les trimestres.
10:13 Alors c'est vrai que la conso peut éventuellement tenir encore mais bon je pense qu'il y a un moment donné dans l'année 2024 où quand même la croissance va marquer le pas.
10:26 Ce n'est pas effectivement le cas en ce moment mais voilà.
10:28 Mais peut-être plus tard que ce qu'on imaginait, il y a encore trois jours pour dire les choses.
10:33 Le sujet c'est effectivement peut-être plus tard et ça, le gros problème des marchés pour moi c'est que ça peut venir percuter le calendrier politique aux Etats-Unis
10:41 parce qu'effectivement si ce ralentissement n'arrive que très tard dans l'année, la Fed pourra-t-elle dans un contexte de présidentiel un peu tendu baisser massivement ses taux ?
10:52 À ce moment-là, ce n'est pas du tout évident. C'est quelque chose qu'il n'aime pas trop faire quand même en période électorale.
10:57 Petite parenthèse sur ce sujet, ça se passe en Pologne aujourd'hui.
11:01 Je sais que vous connaissez bien ce pays. J'ai cru comprendre que Donald Tusk, récemment élu, une victoire pro-européenne dans un pays européen,
11:13 on n'a pas que des victoires pro-européennes partout, est très mécontent du banquier central polonais qui avant l'élection a bougé ses taux à la baisse.
11:24 Ça crée une tension énorme au point que Christine Lagarde a été obligée de s'exprimer en disant que si Tusk renvoyait le banquier central polonais, ça ne se passerait pas comme ça.
11:35 C'est intéressant parce qu'on sent que ça peut prendre du temps.
11:41 Elle a complètement raison, surtout que si vous regardez tous les banquiers centraux polonais qui se sont succédés depuis 2008,
11:47 et donc ils étaient de différents partis politiques, ont tous eu comme même et ont tous été plébiscités.
11:53 Ils ont eu une gestion qui était parfaite, notamment la Pologne pendant la crise financière de 2007-2008.
11:58 Vous avez eu un banquier central qui est décédé dans l'accident d'avion, mais précédemment qui avait très bien géré la situation de crise.
12:04 L'actuel banquier central aussi, peu importe son affiliation politique, parce qu'effectivement ils sont affiliés politiquement en Pologne, a fait un très bon rôle.
12:11 Il a très bien géré la phase de baisse des taux et notamment évité que les investisseurs étrangers fuient le pays.
12:16 Je pense que Christine Lagarde a eu raison de rappeler cela.
12:19 On ne doit pas politiser au maximum ce rôle, surtout quand le job est en plus très bien fait.
12:23 Non mais ce n'est pas anodin, je trouve qu'on en vienne à ce niveau de politisation.
12:28 C'est un rôle qui par nature est politique de toute façon, ce n'est pas qu'on le politise ou pas.
12:33 C'est un impact considérable.
12:36 En plus, si on prend le cas local polonais, c'est ultra politisé.
12:39 C'est ça, en plus.
12:40 Ça peut être comparé aux Etats-Unis.
12:42 Aux Etats-Unis, ça l'est clairement très fort.
12:46 On sent aussi que le dialogue bipartisan a quand même pris un gros coup d'enlèle aux Etats-Unis.
12:50 Le statut un peu indépendant de la réserve fédérale est quand même par nature abîmé.
12:56 Mais c'est intéressant, parce que vous dites que si l'économie américaine tient encore trop longtemps, ce sera compliqué pour Jean-Antoine Toulouse et la FED d'entamer un cycle trop près de l'élection.
13:10 Je pense que c'est pour ça d'ailleurs que le marché avait un peu anticipé ces anticipations en se disant "ils ne pourront pas le faire en fin d'année".
13:20 Il n'est pas inimaginable que s'ils en ont la possibilité, dès fin mars, ils commencent déjà à baisser.
13:26 Je pense que ça a joué aussi dans le swift des anticipations du marché.
13:32 Comme on regarde la zone euro en miroir de ce qu'on vient de décrire pour l'économie américaine et pour la réserve fédérale américaine.
13:38 Oui, mais si, Christopher a commencé à lever un peu le débat.
13:42 Il faudrait que, de ce que je comprends de la macroéconomie européenne aujourd'hui, il serait pertinent que la BCE n'attende pas trop longtemps pour entamer son pivot.
13:52 Et peut-être n'attende pas aussi longtemps que ce que pourrait se permettre la réserve fédérale américaine.
13:57 Je pense qu'on peut regarder simplement l'impact. Alors on a dit aux États-Unis que l'impasse des hausses de taux m'était beaucoup plus longtemps que prévu.
14:03 En zone euro, c'est très simple. L'impact des hausses de taux sur l'économie est beaucoup plus rapide que prévu.
14:09 Et nous ne sommes qu'au début de l'impact des hausses de taux sur l'économie. Plus c'est encore à venir.
14:13 Donc une fois qu'on a dit ça, je pense que ça amène à une certaine prudence.
14:17 Si on regarde l'inflation, on a quand même vraiment tous été surpris par la très forte baisse de l'inflation.
14:22 Alors l'inflation totale, ça s'explique évidemment par les prix de l'énergie.
14:25 Mais il y a quand même l'inflation sous-jacente, cor, qui a énormément baissé.
14:30 Et si on regarde mois sur mois, elle a même reculé.
14:34 On est à moins de 1% sur 1 en Italie. On est négatif dans des pays comme les Pays-Bas, Hollande, etc.
14:41 Dans un contexte où si on regarde l'économie, bon, c'est assez divisé.
14:45 Si on regarde la conso, ça tient parce que même schéma qu'aux États-Unis, on a les revenus réels qui sont positifs.
14:50 Mais si on regarde l'activité de crédit dans la zone euro, elle s'est très fortement contractée.
14:56 Et dans l'ensemble de la zone euro, on a une contraction de l'activité du crédit pour les ménages et pour les entreprises.
15:02 Donc ça amène une certaine prudence. Moi je m'attends quand même à ce que la BCE soit assez prudente.
15:07 Moi je suis très inquiète.
15:10 Très prudente, c'est dans quel sens ? Très prudente, c'est réticente à entamer le cycle de baisse de taux par elle-même ?
15:17 C'est ça que vous voulez dire ?
15:18 Exactement. Ma conviction c'est que la BCE devrait, mais je ne suis pas forcément convaincue qu'elle va le faire.
15:24 Parce qu'ils sont sûrement plus dogmatiques que pragmatiques.
15:27 Et puis très suiveurs. On a l'impression qu'il n'y a quasiment pas d'autonomie de la BCE et qu'elle attend que la Fed agisse pour se mettre dans sa roue.
15:34 Et là c'est vrai que je suis tout à fait d'accord.
15:36 On a passé la vingtaine quand même.
15:38 Elle devrait normalement anticiper...
15:40 On est presque adultes.
15:42 Je ne sais pas en fait Grégoire, j'espère.
15:46 Mais en tout cas, ce qui s'est passé dans la phase précédente où elle a attendu beaucoup plus longtemps que la Réserve fédérale pour démarrer, en faisant beaucoup plus timidement, etc.
15:56 C'est-à-dire qu'à un moment l'état de dégradation macro-économique sera tel qu'elle n'aura peut-être plus le choix d'y aller.
16:03 Il m'a semblé entendre le mois dernier qu'elle parlait encore de hausse.
16:06 C'est assez terrifiant.
16:09 Et mon inquiétude c'est qu'ils sont très focalisés sur les salaires. Et les salaires c'est une donnée lagging.
16:13 Et ça c'est effectivement l'argument.
16:16 C'est que l'argument de la Banque Centrale pour 2024 c'est de dire qu'effectivement on a ce risque de boucle prix-salaires qui pourrait se mettre en place.
16:23 Mais effectivement c'est en retard.
16:25 Et surtout aujourd'hui vous avez une myriade d'enquêtes qui vous montrent les enquêtes salariales dans plein de pays.
16:30 Qui vous montrent effectivement les hausses de salaires qui sont attendues sont supérieures en moyenne à l'inflation.
16:35 Mais ça ce sont des anticipations.
16:37 Et lorsque les entreprises vont voir quand même que la demande ne suit pas, il y aura un ajustement à cet égard.
16:41 Et surtout parler de boucle prix-salaires même dans cette situation là, ça semble assez exagéré.
16:46 Mais ça peut être l'excuse pour justement ne pas agir.
16:49 Et malheureusement ça aura des dommages en termes de timing.
16:53 Après on sent quand même que les choses sont en train de changer.
16:56 Il y a ce discours clé cette semaine, c'est une interview même plus précisément d'Isabelle Schnabel.
17:00 Qui est, j'allais dire, membre très influente du directoire, allemande, avec une position allemande, orthodoxe, c'est une économiste.
17:08 Et elle est capable quand même de dire, citant Keynes, que quand les faits changent, je change d'avis.
17:14 Non mais pour un banquier central c'est quand même un exercice intéressant.
17:18 Surtout s'il est allemand.
17:20 D'autant plus quand il est allemand, si vous le souhaitez, pourquoi pas.
17:23 Mais le message que vous voyez c'est plutôt de dire, parce que certains militaient pour des hausses de taux,
17:29 ou en tout cas laissaient la porte ouverte à des hausses de taux, de dire finalement il n'y a plus de hausses de taux qui se justifient.
17:33 Donc on n'est plus sur un scénario pause qu'on va faire du pivot.
17:36 Après bien évidemment il y a aussi tout un consensus, elle ne pouvait pas aller au-delà des discussions qui sont internes, indéniablement.
17:42 Mais c'est la politique des petits pas qui parfois peut être un peu dommageable,
17:47 surtout si on considère, et c'est un peu mon point de vue, que la politique déjà monétaire en zone euro, je pense qu'elle est vraiment trop restrictive.
17:53 Donc attendre trop pour justement donner un peu d'aide à l'économie, ça va se payer en points de croissance.
17:59 De toute façon il suffit de regarder la croissance potentielle en zone euro ou dans les pays, par exemple en France.
18:05 Elle n'a pas augmenté ?
18:07 Non, elle n'a pas augmenté, ça c'est sûr.
18:09 La productivité, contrairement aux États-Unis où elle augmente, la productivité chute très très nettement.
18:13 Malheureusement la France est particulièrement touchée à cet égard.
18:16 Il y a quand même de vrais sujets que la BCE ne regarde pas suffisamment.
18:22 Bien évidemment elle ne doit pas se fier de près de la productivité, etc.
18:24 Mais c'est quand même des baromètres pour savoir comment se situe l'économie aujourd'hui.
18:28 Et c'est pour ça, comme je vous disais, finalement la Fed a fait le job, elle l'a bien fait.
18:32 Elle a une marge de manœuvre dans les deux sens, ce qui est assez inédit quand même, sans récession, alors que le consensus était très négatif.
18:38 Du côté de la BCE, elle n'aura certainement pas de récession, mais c'est le scénario de la croissance très très molle et de la destruction de valeur aussi qui suit.
18:45 Enfin, elle n'aura pas de récession, c'est-à-dire qu'une BCE trop lagging, qui voudrait rester trop collée à la Fed,
18:53 on augmente énormément le risque de récession.
18:55 C'est vraiment pour moi, pour surveiller la dynamique de croissance dans la zone euro, c'est est-ce que la BCE aura ou pas le bon timing pour baisser ses taux rapidement.
19:03 Parce qu'on est quand même en zone euro beaucoup plus dépendant du crédit bancaire qu'aux Etats-Unis, où on dépend beaucoup plus du financement de marché.
19:10 Donc la transmission des hausses de taux à l'économie est extrêmement rapide.
19:14 Puis on voit même sur le secteur de la construction en Europe.
19:16 Le secteur de la construction en Europe, dans les différents pays européens, est très impacté par les hausses de taux.
19:21 Alors qu'aux Etats-Unis, on est quand même dans un cadre plus différent.
19:24 Dans ce contexte, comme on explique, oui, les indices sont au sommet quand même.
19:30 Moi je pense que l'une des grandes explications de ce qui me semble, c'est que beaucoup de gens n'ont pas du tout cru au rebond des marchés depuis un mois.
19:38 Et que là, on voit vraiment avec la photo au finish de l'année qui approche, des gens qui courent un peu derrière le marché et qui viennent se racheter.
19:47 Beaucoup de hedge funds par exemple, étaient très sombres fin octobre.
19:50 Très short.
19:51 Rappelons dans quel état d'esprit on entamait 2023.
19:56 La récession la plus télégraphiée de l'histoire pour les Etats-Unis.
19:59 Pour l'Europe, c'était plié. L'Allemagne allait s'enfoncer.
20:03 Donc tout au long de l'année, des investisseurs ont été prêts à contre-pied par rapport à un scénario sur lequel ils avaient établi leur position, leur stratégie.
20:14 Absolument.
20:15 Donc là, c'est vrai que je pense que c'est vraiment les rachats de short qui tractent le marché.
20:20 Et j'ai peur que ça se poursuive encore un petit peu.
20:23 Alors, moi j'en suis ravi puisque nous on est surinvesti.
20:27 Mais c'est vrai que les 7500 que pas mal de gens imaginaient pour la fin d'année, pour le coup on y est déjà aujourd'hui.
20:36 Il reste encore un peu plus de deux semaines avant la fin d'année.
20:39 Et on peut aller plus haut d'ici là.
20:42 Phénomène d'exagération, c'est ça ?
20:44 On rentre dans une séquence où l'exagération est possible ?
20:47 D'exagération, je ne sais pas.
20:48 Parce que si vous voulez, en dépit des 7500 auxquels on est sur le cac, on est quand même sur des PER de l'ordre de 11,7 fois des résultats attendus sur les 12 mois qui viennent.
20:59 Donc ce n'est pas non plus une bulle de valorisation boursière à laquelle on fait face aujourd'hui.
21:04 Alors, avec des taux à 4,25, pourquoi pas avoir des PER de cette nature ?
21:10 Mais on voit bien que si on imagine que les taux peuvent rebaisser, on pourrait très bien envisager des PER moyens autour de 13,5.
21:18 Et là on aurait encore 10, 15 %...
21:20 Phénomène d'expansion multiple possible l'an prochain.
21:22 Voilà, exactement. Et ça, ça peut nous porter encore au moins sur le début de 2024.
21:27 Oui, parce que tout ce qu'on consomme là, c'est quand même aussi de l'upside potentiellement en moins pour l'année prochaine.
21:32 Et oui, pour la perte de 2024.
21:34 Là, c'est vraiment le cas, oui.
21:37 Sur les marchés obligataires ?
21:39 Alors, c'est du rattrapage de 2022 quand même.
21:42 Mais il faut regarder ces deux années en miroir, c'est sûr.
21:45 On a envie de montrer qu'on a rectifié le tir, redressé la barre après les dommages de 2022 sur les marchés,
21:52 notamment d'actifs risqués, enfin les marchés en général d'ailleurs, sur la partie obligataire valentine.
21:58 Alors là aussi, en fonction du narratif, donc on était à 5 % et plus sur le disant américain fin octobre,
22:03 on allait à 6, voire à 7, le monde n'était pas prêt pour les taux à 7 %, qui a pu dire ça ?
22:08 Jamy Diamond ?
22:10 Non mais peut-être qu'à terme il n'aura pas tort, j'en sais rien.
22:13 C'est juste une question d'horizon.
22:15 Voilà, c'est une question d'horizon.
22:16 Mais en tout cas, sur la séquence, on a rebaissé quasiment son point de base quand même sur le disant américain.
22:19 Il y a beaucoup de choses aujourd'hui qui sont déjà dans les prix, sur le marché obligataire,
22:23 ce retour à l'inflation à 2 %, à un horizon proche,
22:27 et des banques centrales qui baissent de façon ordonnée leurs taux.
22:31 Donc c'est ce qui aujourd'hui, dans les prix du marché obligataire, sur les taux souverains,
22:35 ne sont pas dans les prix, le risque d'une récession.
22:39 Donc si on veut résumer ça.
22:41 Autrement, on est dans ce bas de fourchette au niveau des taux pour une inflation qui revient de façon modérée.
22:47 Donc là, on est allé au maximum de ce qu'on peut raisonnablement imaginer sur un taux long américain
22:53 dans le cadre d'un atterrissage en douceur piloté par la réserve fédérale américaine.
22:59 Maintenant, c'est ce qu'anticipe le marché.
23:01 Voilà, si on a un risque de récession qui se dessine,
23:05 évidemment que la Fed devra baisser ses taux beaucoup plus bas que le 3 %,
23:09 ou la BCE plus bas que le 2 %.
23:13 Et dans un schéma ou dans l'idée d'une récession,
23:16 est-ce qu'on peut avoir un ordre de grandeur de ce que serait le 10 ans américain par exemple,
23:20 par rapport au 4, 4, 10, 4, 25 qu'on a aujourd'hui ?
23:23 C'est plutôt sur 3, 6 quoi.
23:25 D'accord. Non, c'est pour donner un peu les ordres de grandeur.
23:29 En cas de vraie récession, ça peut mettre plus bas que 3, 6.
23:33 Un peu l'ampleur du sujet.
23:35 Sans vouloir donner l'élu, on est entre 3, 2, 3, 6.
23:38 Parce qu'on était à 6 avant.
23:41 Ça dépend de ce qu'on appelle comme récession.
23:43 Il y a beaucoup de choses qui se cachent aussi derrière ce mot de récession.
23:46 Parce que si on regarde l'économie américaine, même si elle a ralentissé,
23:49 je trouve qu'elle a des fondamentaux très bons qui permettraient un rebond assez rapide.
23:53 Et puis comme tu disais, ils en ont sous la patte,
23:55 parce que partons de 5, 25, ils ont quand même beaucoup de marge de manœuvre
23:58 pour lutter contre une récession éventuelle.
24:02 Ça c'est un point extrêmement important.
24:04 Ça veut dire qu'il y a moyen de rebaisser les taux très rapidement
24:08 pour redonner de l'air, d'oxygène à l'économie.
24:11 Et notamment sur le marché immobilier et résidentiel.
24:14 Il y a un potentiel de rebond et de soutien à la croissance dans cette phase 2 qui est important.
24:19 Parce qu'ils ont des munitions.
24:21 Ce qui est intéressant aussi Christopher,
24:23 c'est qu'on parle des taux, des taux directeurs.
24:25 Il y a aussi toute la question de la politique de bilan des banques centrales
24:28 qui va jouer avec l'idée qu'à un moment, on va quand même se retrouver
24:33 avec des banques centrales qui pourraient baisser les taux ou signaler des baisses de taux,
24:37 tout en continuant peut-être de gérer une politique de réduction de leurs bilans.
24:43 En tout cas, il n'y a pas de communication officielle qui nous dirait
24:45 que les banques centrales faites des baisses pourraient pas réduire le bilan
24:49 tout en baissant les taux.
24:51 Le bilan est un élément clé.
24:53 C'est d'ailleurs un facteur explicatif aussi de ce qui se passe sur les marchés à action aujourd'hui.
24:57 Le fait que la Fed réduit moins rapidement son bilan que prévu.
25:00 Mais bien évidemment pour 2024, finalement, au-delà,
25:04 on se focalise beaucoup sur les baisses de taux d'intérêt bien évidemment.
25:08 Mais la réalité c'est qu'en termes d'outils efficaces pour avoir une transmission
25:12 sur les conditions financières, vous avez beaucoup d'études et plus du côté de la Fed
25:15 qui vous montrent que si vous voulez influencer sur les conditions financières,
25:18 le meilleur outil ça reste quand même le bilan.
25:20 Parce que c'est beaucoup plus rapide encore en termes de transmission,
25:23 c'est beaucoup plus efficace.
25:25 On a effectivement cette réduction du bilan des deux côtés de l'Atlantique
25:28 qui a été bien menée, un peu plus rapidement d'ailleurs du côté de la BCE
25:31 que du côté de la Fed.
25:32 Donc point qui est intéressant à marquer.
25:34 Mais l'enjeu ça va être de savoir qu'est-ce qui va être fait.
25:36 Mon point de vue sur la Fed, tant qu'on a des taux effectivement,
25:41 nous on a une cifre de taux à 10 ans autour de 4% l'année prochaine,
25:44 sans scénario de récession, mais tant qu'on est autour de 4%
25:47 on va avoir grand maximum 5%, probablement que la Fed trouvera
25:50 que c'est un niveau qui est gérable pour l'économie.
25:52 Donc elle peut potentiellement poursuivre sa réduction du bilan.
25:55 Mais il y a un point d'incertitude sur l'évolution du bilan et sur les taux.
25:58 C'est tout simplement qu'aujourd'hui vous avez quand même
26:00 deux acheteurs historiques principaux de dettes américaines qui s'en délestent.
26:03 Alors vous avez le Japon, c'est probablement plutôt conjoncturel.
26:06 Ils essayent d'aider, bon ça ne marche pas très bien, mais le Yen japonais.
26:09 Mais bon en tout cas c'est conjoncturel, pas amené à durer.
26:11 En revanche, la Chine, elle on voit que c'est structurel.
26:14 Il y a tout un processus de plus long terme de réduction de l'exposition aux actifs américains.
26:18 Elle a vendu, alors on a simplement les chiffres malheureusement du mois d'août.
26:22 Mais on voit qu'on a des ventes qui sont très massives, 22 milliards de dollars.
26:25 Alors à la fois des obligations mais aussi des actions américaines.
26:28 Donc il y a cette stratégie de long terme.
26:30 Et bien sûr ça c'est le point clé pour savoir comment aussi vont évoluer les taux.
26:33 Les taux longs aux Etats-Unis la prochaine.
26:35 Si on a ces deux acheteurs qui continuent, et surtout la Chine, de se délester.
26:38 Et bien ça pourrait avoir une influence sur l'évolution du bilan de la Fed.
26:41 Et elle pourrait justement arrêter cette réduction du bilan pour éviter que les taux n'augmentent.
26:45 Donc après, bien évidemment, ça peut être un processus de long terme.
26:48 Mais il y a quand même une question sur le niveau de dette et la capacité d'empreinte des Etats-Unis.
26:52 Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui le service de la dette aux Etats-Unis,
26:55 c'est le premier poste au niveau du budget fédéral.
26:58 Vous êtes à des niveaux de déficit qui sont complètement anormaux en période d'expansion.
27:04 Et oui, de croissance, de plein emploi.
27:06 Et ça ne va pas se réduire.
27:08 Donc il y a quand même un vrai sujet fondamentalement de cette dette américaine.
27:12 Et on n'est pas sur un scénario de crise de la dette américaine.
27:15 Mais en revanche, comment vous refinancez ça ?
27:17 Quels sont les arbitrages qui vont être faits ?
27:19 Et notamment, comment vous faites si effectivement c'est structurel
27:22 que la Chine réduit durablement son exposition, même si c'est lent.
27:25 Mais elle le fait en tout cas, et ça aura un impact à long terme.
27:27 Mais la Fed sera pragmatique.
27:29 Il faut que la Fed… Voilà.
27:30 Vous avez un peu de l'acheteur en dernier ressort sur le marché,
27:32 qui sera éventuellement la Fed, si les conditions, bien sûr, sont favorables.
27:36 C'est ça, Valentine ?
27:37 Surtout que c'est important dans un contexte où les montants d'émissions de coupons
27:41 l'année prochaine vont être explosifs.
27:43 Ils vont très fortement augmenter par rapport à ce qu'on a eu cette année.
27:46 Cette année, il y avait des montants d'émissions extrêmement importants,
27:49 mais ils ont émis énormément de TV, du très court.
27:51 Et l'année prochaine, ils vont devoir émettre…
27:53 On va loquer les taux à long terme, là, pour l'année prochaine.
27:55 Exactement. Donc on va émettre du plus long.
27:57 Et dans un environnement où il y a un changement sur la composition des acheteurs.
28:00 Donc bon, ça, c'est un mémoire à pas oublier.
28:03 Au passage, Valentine, la Banque du Japon, on en est où de l'idée d'une normalisation ?
28:08 J'ai vu que Ueda disait que ce serait "challenging".
28:11 Nous, on reste sur cette idée que la Boche va normaliser.
28:16 Mais c'est vrai que ça peut être "challenging" dans un environnement
28:18 où les taux sont restés extrêmement bas sur plusieurs décennies au Japon.
28:23 Mais c'est… Enfin, je ne sais pas, parce que c'est tellement inimaginable
28:28 de penser que la Boche va normaliser sa politique monétaire, Marc.
28:32 Je ne sais pas, ça fait combien d'années, de décennies, que des positions sont accumulées, shortiennes ?
28:37 À peu près 45 ans.
28:39 Je veux dire, est-ce que ce n'est pas le risque, alors j'aime pas utiliser ce genre de mot,
28:44 mais le risque d'un armageddon financier ?
28:46 Si on cherche le black swan, si on cherche le truc qu'on n'aurait pas vu venir,
28:50 il y a bien un truc auquel les marchés ne se sont jamais préparés depuis 30 ans,
28:53 c'est l'idée que la Boche pourrait monter ses taux.
28:55 Et surtout avec l'impact que ça aurait sur toute la détention par les Japonais de dettes hors Japon.
29:01 Et notamment d'emprunts d'États américains, mais aussi français, etc.
29:05 Ah oui, bien sûr, bien sûr, pour stock !
29:07 Très très gros porteurs du stock, voilà, de dettes d'États étrangers.
29:11 Donc c'est sûr que ça, ce ne serait pas du tout, du tout une bonne nouvelle pour les émetteurs occidentaux.
29:16 Au-delà de la Chine que citait Christopher, le Japon, effectivement, est un gros client.
29:21 Et alors, est-ce que vraiment ce sera quelque chose de possible,
29:25 cette idée que les taux de la Banque centrale du Japon soient à des niveaux similiers européens ?
29:32 J'en suis quand même pas très très convaincu, je ne vois pas ce qu'ils pourraient rebousser comme ça.
29:37 Je ne sais pas, il y a un an on disait que la BCE ne pourrait pas monter ses taux au-delà de 0 ou 0,5.
29:42 On est à 4, tout dépose.
29:44 Voilà, 4,25, donc voilà.
29:45 Non mais je ne sais plus moi.
29:46 Là-dessus.
29:47 Non mais tout, tout peut se passer, mais c'est vrai que ce serait surprenant.
29:51 Alors, je pense que nous aussi on est sur un scénario de normalisation, mais alors vraiment très très lent, c'est vraiment politique des petits pas.
29:57 On a un débat quand même sur quand ça surviendra.
30:00 Vous avez la réunion le 18-19 décembre, on commence à avoir des rumeurs de marché sur le fait que ça pourrait être annoncé à ce moment-là,
30:06 mais on est un peu dubitatif, il n'y a pas de signaux qui vont dans ce sens.
30:09 En revanche, il y a une certitude, c'est si la Banque du Japon souhaite un tout petit peu normaliser, la fenêtre d'opportunité elle se réduit.
30:16 Parce que vous avez quand même d'autres banques centrales qui vont rapidement au niveau des pays développés assouplir, les pays émergents s'est déjà arrangé.
30:21 Ce n'est pas quand la Fed baissera ses taux que la Banque du Japon pourra monter les siens.
30:26 Donc vous avez un timing quand même qui se réduit un peu, ça va être très compliqué,
30:30 mais ils n'ont pas aussi en même temps au niveau local d'incitation particulière à le faire pour normaliser.
30:35 Donc pour moi c'est un peu la grande incertitude, même si on est tous un peu convaincus, on se dit c'est le moment où ça va être normalisé.
30:41 Mais est-ce que foncièrement ça sera le cas ? On peut être assez déçu.
30:45 Moi je me souviens d'anticipations de marché qui dataient quasiment d'il y a un an,
30:48 c'est-à-dire à ce moment-là les marchés vous disaient janvier 2023 c'est plié, on va avoir les premières hausses de taux.
30:55 Bon on se retrouve, on est en décembre et on en discute toujours.
30:58 Et puis ils ont à leur convoyant du hausse du Yen.
31:00 Là ça remonte un petit peu le Yen.
31:02 Ça pourrait faire s'envoler le Yen et ce ne serait vraiment pas pour eux.
31:06 Il leur maintient la pression.
31:08 Ils se font peut-être ce qu'ils savent mieux le faire, c'est rien quoi.
31:10 La Banque du Japon, ben non mais elle ne fait rien de plus.
31:13 Oui, oui, voilà, ça peut être la meilleure solution.
31:16 Le temps joue pour eux.
31:18 Marc, ne rien faire sur les marchés actions, est-ce que c'est une option ?
31:21 Non, ma question c'est comment on anticipe ou quelle réflexion on a pour 2024 sur la logique de marché ?
31:29 Cette année, en dehors des 7 magnifiques et d'une poignée de grandes méga-cap, y compris en Europe, du ASML, du Novo, etc.
31:37 En dehors de ces valeurs-là, on était assez peu récompensé quand on allait chercher du risque.
31:42 En dehors de ce groupe de valeurs et associé ou assimilé, est-ce que 2024 peut être une année différente de ce point de vue-là ?
31:49 Écoutez, je vais vous décevoir sans doute Grégoire, mais en tout cas concernant le début de 2024,
31:56 je n'ai pas l'impression qu'il va y avoir quelque chose de très nouveau dans ça.
32:00 Parce que le sentiment, c'est quand même que cette croissance économique aux Etats-Unis va un peu décélérer.
32:05 Même si effectivement on peut débattre sur dans quelles proportions, quand, etc.
32:10 La croissance économique en Europe, on n'est pas sûr qu'elle soit quand même si forte que ça.
32:16 Pour le coup, je me dis que comme la croissance va être plutôt rare, le marché risque encore de chercher des dossiers dans lesquels il y a encore de la croissance, etc.
32:27 Et le problème des valeurs que vous citez, que ce soit ASML avec les relocalisations en Europe, aux Etats-Unis,
32:34 d'usines de fabrication d'épices ou Novo Nordisk avec le développement incroyable de ses traitements contre l'obésité,
32:41 j'ai quand même l'impression que malheureusement, c'est des thèmes qui ne vont pas s'arrêter du jour au lendemain.
32:49 Alors après, on peut dire que c'est cher. C'est vrai que c'est cher.
32:52 Mais après, si on regarde le cas de Novo Nordisk dont on prévoit par exemple que les bénéfices sont de 30% par an pendant 3 ans,
32:58 on se dit qu'on le paye 31 fois au jour du lit, mais en fait dans 3 ans, on se dira qu'on l'a payé 15 fois.
33:05 Donc bon, voilà. C'est quand même... Moi, je n'ai pas l'impression qu'il y a une grande révolution.
33:12 Oui, mais je ne parlais pas de shorter ses valeurs. A quelle distance on a envie d'être de ce groupe de valeurs,
33:19 ou encore une fois de ce profil de valeurs ? On a envie d'y être aujourd'hui.
33:24 Enfin nous, en tout cas, notre plan, c'est d'y rester.
33:26 Oui, mais c'est votre ADN aussi.
33:28 C'est notre ADN. Ça n'aide pas, vous me direz.
33:30 Non, mais on peut prendre de la distance. On peut parfois prendre de la distance.
33:33 Mais pour l'instant, voilà. Alors on a été obligé d'en prendre quand il y a eu les hausses de taux très brutales,
33:38 mais là, si on regarde le fait que la croissance serait plutôt orientée à la baisse et que les taux eux-mêmes pourraient pousser à une expansion des PE,
33:47 on se dit qu'en fait, on risque d'avoir au moins sur le premier trimestre de 2024 les mêmes gagnants, si j'ose dire, qu'on a eus en 2023.
33:56 Bon, après, on n'est jamais à l'abri d'une surprise épouvantable, mais c'est le sentiment que ça nous donne.
34:01 On le voit avec le luxe aujourd'hui, par exemple.
34:03 Oui, ça repart bien. Non, mais parce qu'on a vu quand même ces dernières semaines les small cap,
34:08 on a vu quand même deux, trois mouvements de marché qui laissaient entendre que peut-être en dehors des 7 magnifiques,
34:14 il y avait aussi d'autres valeurs qui méritaient d'être retrouvées un peu d'intérêt.
34:19 Un peu, mais c'est vrai que ce qui est cyclique, pas trop.
34:22 Et alors dans les small cap, ça rebondit un peu sur ce qu'il disait ma voisine, c'est qu'on est un peu au sommet du marché du crédit.
34:33 Voilà, on a des trucs qui... Et donc, on ne sait jamais, est-ce qu'ils n'ont pas des difficultés à se refinancer ?
34:41 S'il y a une récession, s'il y a des difficultés économiques, etc. Est-ce qu'il peut y avoir des faillites ?
34:46 Je ne suis pas sûr que les gens aient si envie que ça d'aller sur les small.
34:49 Non, je vous confirme. Effectivement, il faut avoir le cœur bien accroché.
34:54 Mais j'ai entendu quand même, il y a des tickets d'instit qui reviennent.
34:57 C'est ça, absolument.
34:58 Voilà, à suivre. On n'ira pas.
35:01 Oui, effectivement. Et puis les instits, ils en mettent toujours un peu de temps en temps.
35:04 C'est quoi l'allocation un peu type pour vous, 2024 ?
35:08 On ne va pas être très heureux, IGNO.
35:11 L'important, c'est que ça marche.
35:13 Voilà, c'est ça, exactement. La fin, c'est du rendement.
35:15 Donc, effectivement, on reste convaincu que tout le sujet des niveaux de valorisation, etc. sur le luxe et sur les valeurs tech,
35:22 pour nous, ce n'est pas fondamentalement un sujet.
35:24 On parle typiquement, et vous le savez, qu'on a toujours cette gestion aussi thématique.
35:28 Mais on parle, par exemple, beaucoup d'intelligence artificielle.
35:30 Vous savez, ça revient aussi bien sur le travail techquity que sur les valeurs cotées.
35:33 Et aujourd'hui, force est de constater que si vous voulez capturer l'intelligence artificielle,
35:39 ce sont les valeurs du digital.
35:41 Quand vous avez Microsoft qui met sur la table 45 milliards de dollars dans l'intelligence artificielle,
35:45 vous pouvez vous dire assez sereinement qu'ils vont quand même aboutir à quelque chose d'assez solide.
35:49 Quand vous voyez Gemini, notamment la nouvelle technologie d'intelligence artificielle,
35:55 vous voyez aussi que c'est plutôt positif.
35:57 Et les flux, à la toute fin, je pense que c'est tout le débat sur les small cap, les large cap, etc.
36:02 Où vont les flux ? Les flux vont sur ces valeurs-là.
36:04 Ils continuent d'aller sur les valeurs du luxe, même s'il y a eu des phénomènes de déception après l'été.
36:10 Mais la réalité, c'est que ce sont des valeurs qui sont résistantes, peu importe le cycle économique,
36:14 qui ne seront pas confrontées justement à tout le débat.
36:16 Normalement, on va se refinancer l'année prochaine dans les valeurs du digital ou du luxe.
36:20 On anticipe par exemple dans le luxe des fusions acquisitions.
36:22 Ils le feront directement en cash. En tout cas, c'est ce qu'ils veulent faire.
36:24 Ils n'ont pas besoin d'emprunter. Donc, ce sont des valeurs qui sont intéressantes.
36:27 Sur l'aspect small et mid cap, alors oui, bien évidemment, on commence à voir que ça surgit un tout petit peu.
36:33 Mais tout simplement parce que vous avez une telle hausse sur les grandes valeurs, sur les indices aujourd'hui,
36:37 qu'on se dit qu'on va prendre un peu de risque.
36:39 Mais est-ce que vous êtes prêts à prendre du risque le 1er janvier ou le 2 janvier,
36:42 quand on revenait des fêtes de fin d'année, et que vous avez quand même un environnement économique
36:47 qui n'est pas non plus le plus réjouissant du monde ?
36:49 J'en doute très fortement, sans compter qu'il y a des contraintes aujourd'hui.
36:52 Il y a un problème de couverture par les analyses de beaucoup de small cap, etc.
36:55 C'est tout ce truc structurel qui s'aggrave et qui ne va pas changer le jour au lendemain.
37:00 Aujourd'hui, le phénomène sur les small cap, c'est quoi ?
37:02 C'est que vous faites un délisting. Ce n'est pas que vous allez vous coter en bourse.
37:06 C'est plutôt que vous sortez de la bourse.
37:08 Donc, pour nous, c'est plutôt malheureusement, j'aurais dit, en termes d'originalité.
37:10 Mais aujourd'hui, là où il y a du rendement, c'est sur ces grandes valeurs.
37:13 On se retrouve effectivement sur les grands secteurs.
37:16 Sur la partie taux, crédit, où est-ce qu'on est encore à l'aise ?
37:20 Donc, 5 %, c'était un magnifique point d'entrée sur le disque américain.
37:24 Oui, je pense qu'on peut dire.
37:25 C'est facile à dire, oui, un mois après.
37:28 Je pense que les marchés de taux, aujourd'hui, sont revenus à des niveaux très attractifs.
37:31 Je pense qu'on retrouve le sourire.
37:33 Et notamment, surtout le crédit.
37:35 Le marché monétaire, évidemment, aujourd'hui, offre un rendement extrêmement intéressant.
37:40 Mais après, je pense que l'intérêt aujourd'hui, c'est de bloquer sur une période plus longue, sur quelques années.
37:45 Et là, je trouve que l'investment grade, les crédits, la dette d'entreprise bien notée, offre aujourd'hui une alternative.
37:54 Oui, ce qu'il faut bien comprendre sur le monétaire, vous me corrigez, Valentine.
37:58 Mais quand ? On verra.
38:00 Mais à partir du moment où la fête baissera ses taux, le rendement du monétaire,
38:03 et donc tout le surplus d'argent qui est allé sur ces fonds monétaires,
38:08 va sortir, et peut sortir assez vite, peut-être d'ailleurs à un moment.
38:11 Et ce qu'il ne faut pas oublier, 2024, on est quand même dans un environnement où il y a la croissance qui ralentit,
38:16 l'inflation qui baisse, et 2024, ça va quand même être l'année où on va avoir l'impact des hausses de taux sur l'économie.
38:21 Je pense que même si après, on voit, on a des petits moments où on est plus positif, etc.,
38:25 je pense qu'il ne faut quand même pas oublier et garder cette image en toile de fond.
38:31 Merci à vous trois. On s'arrêtera là-dessus pour ce soir.
38:36 Merci beaucoup d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
38:38 Valentin Hénouz, responsable de la stratégie Fixed Income chez Amundi Institute.
38:42 Marc Riez, directeur général de Vega IM et Christophe Erdemby, conseiller en stratégie d'investissement de Pictet Asset Management.