SMART BOURSE - Nvidia : l'action la plus importante au monde

  • il y a 7 mois
Mercredi 21 février 2024, SMART BOURSE reçoit Xavier Chapard (Stratégiste, LBP-AM) , Edmund Shing (Global CIO, BNP Paribas Wealth Management) et Wilfrid Galand (Directeur stratégiste, Montpensier Finance)

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00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Edmund Sching est à nos côtés, directeur monde des investissements de BNP Paribas Wealth Management.
00:17 Bonsoir Edmund.
00:18 Bonsoir.
00:19 Merci d'être là. Merci à Xavier Chappard de nous accompagner également.
00:22 Bonsoir Xavier.
00:23 Bonsoir.
00:24 Stratégiste chez LBP AM et Wilfried Galland à nos côtés également.
00:27 Bonsoir Wilfried.
00:28 Bonsoir Grégoire.
00:29 Grégoire, directeur stratégiste chez Mon Pensier Finance.
00:32 Pourquoi est-ce que NVIDIA est l'action la plus importante du monde,
00:35 nous disent les traders de Goldman Sachs aujourd'hui.
00:37 Je crois qu'ils ne sont pas les seuls à le penser.
00:39 Et comment cette action est devenue la plus importante du monde
00:42 quand il y a encore un an ou un an et demi,
00:46 NVIDIA n'était qu'une action technologique parmi d'autres ?
00:49 En fait, NVIDIA c'est l'intelligence artificielle.
00:53 C'est un des moteurs des marchés depuis 18 mois.
00:58 Et c'est le représentant d'un écosystème assez extraordinaire.
01:02 C'est-à-dire que NVIDIA est aujourd'hui dans une position assez incroyable,
01:06 une espèce de triptyque magique,
01:08 où vous avez des produits qui sont indispensables pour développer
01:12 le service que tout le monde veut développer,
01:15 qui sont uniques en termes de performance,
01:18 et pour lequel vous avez des clients qui sont les plus riches du monde.
01:21 En termes de triptyque, vous êtes pas mal.
01:24 Et en fait, le poids désormais de la thématique intelligence artificielle
01:29 autour non seulement des marchés, mais globalement,
01:32 on en reparlera probablement, de l'économie, de l'impact sur la productivité,
01:36 fait que d'une certaine manière,
01:38 Jensen Wang is the new Jérôme Powell.
01:40 C'est-à-dire en fait, jusqu'à présent, on s'attendait à ce que...
01:43 - Plus fort que Jérôme Powell !
01:45 - C'est ça, jusqu'à présent, on attendait les conférences de presse de la Fed et de son président
01:50 pour nous donner la thématique générale, l'environnement,
01:54 comment est-ce qu'on allait pouvoir se positionner de façon économique, financière
01:57 dans le monde un peu incertain dans lequel on vit.
01:59 Et aujourd'hui, ce qu'on regarde, c'est effectivement les résultats d'NVIDIA.
02:04 C'est assez exceptionnel.
02:06 Ce qui va être très intéressant à voir, c'est effectivement,
02:09 non seulement pour l'entreprise, comment est-ce qu'elle compte encore se développer
02:13 par rapport à des performances qui sont exceptionnelles.
02:16 On attend entre 4, 5, 6, 7 fois les résultats en termes de chiffre d'affaires,
02:22 marge de ce qui a été anticipé l'an dernier.
02:25 Ce qu'on attend également, c'est de voir comment est-ce que justement l'écosystème réagit
02:31 un peu dans la durée, et comment est-ce qu'on pourra interpréter
02:36 ce qui a été communiqué il y a quelques jours par NVIDIA
02:40 comme étant une bonne nouvelle, mais le marché s'est interrogé.
02:43 C'est-à-dire que le délai nécessaire à l'obtention des fameuses puces graphiques
02:49 les plus utilisées pour l'intelligence artificielle,
02:52 était passé, je schématise, de entre 9 et 12 mois à 3 mois.
02:56 Donc soit effectivement, on a des capacités opérationnelles
02:59 qui se sont développées de façon exceptionnelle,
03:02 soit c'est la pression commerciale qui a baissé.
03:04 Évidemment, l'interprétation ne sera pas tout à fait la même.
03:07 - Moins de tensions offrent demande.
03:09 La question c'est de quel côté ça va peser,
03:13 et comment est-ce que NVIDIA, et je terminerai par là,
03:16 va nous emmener dans l'avenir de l'intelligence artificielle.
03:19 C'est-à-dire qu'au-delà de ce qu'ils ont été capables de faire,
03:22 comment est-ce qu'ils se positionnent par rapport à leurs concurrents,
03:25 par rapport à leurs différentes offres.
03:27 On en entend parler beaucoup d'une offre qui est GROC aujourd'hui,
03:30 avec des puces très particulières, avec une conception très différente
03:34 par rapport aux puces graphiques d'NVIDIA.
03:36 Comment est-ce qu'ils réagissent également par rapport à toutes les offres concurrentielles
03:40 que veulent développer leurs clients, les fameux clients les plus riches du monde.
03:43 Ça, ça va être intéressant, mais le plus important, c'est vraiment
03:45 comment est-ce que cette thématique se diffuse réellement.
03:48 Pour l'instant, c'est le seul de ces acteurs-là qui a démontré
03:51 pouvoir être capable de transformer une hype en compte de résultats.
03:55 Comment est-ce que ça se développe ? - En 18 mois.
03:57 - En 18 mois. Comment est-ce que ça se développe ?
03:59 Comment est-ce que ça va se diffuser également ?
04:01 C'est tout l'enjeu de ce soir, et c'est vrai que c'est un enjeu très important.
04:04 - Comme on attendait effectivement les réunions des banquiers centraux dans notre temps très long.
04:08 - Avant, c'était avant ça.
04:10 - C'était avant. - Ne perdez pas votre temps avec les minutes de la Fed.
04:13 C'est à 22h que tout se jouera.
04:16 Edmund, vos commentaires sur ce qui est quand même une emprise fascinante de NVIDIA aujourd'hui.
04:22 - Je vois déjà qu'il soupire. - Allez Edmund, on a ici.
04:24 - Tous les jours, on discute la même chose. Pas possible.
04:27 Tous mes clients me posent la même question.
04:29 - Je n'ai marre de cette question. - Quelle est la question ?
04:32 - Est-ce qu'il faut en acheter encore aujourd'hui ? - Voilà !
04:34 Est-ce qu'il faut toujours acheter la magnifique 7 NVIDIA, la Bullya ?
04:37 Moi j'ai une Docteronia, j'ai aucune idée moi !
04:40 - Les français attendent des réunions. - Non, non, non.
04:43 Franchement, personne ne sait pour l'instant.
04:48 Tout ce qu'on sait, ça va être une révolution. Oui, certainement.
04:53 Mais dans quelle période de temps ?
04:57 Ça prend combien de temps ?
04:59 Ça prend toujours plus de temps qu'on pense.
05:02 Pour que les sociétés comprennent la technologie.
05:07 Et en plus qu'elles comprennent comment utiliser la technologie
05:10 pour améliorer leur business model, leur travail.
05:14 C'est difficile. Ça prend du temps.
05:17 Ça prend énormément de temps.
05:19 Donc oui, NVIDIA est le grand gagnant aujourd'hui.
05:22 Mais on sait aussi avec la technologie,
05:25 c'est la technologie d'aujourd'hui, la meilleure technologie d'aujourd'hui pour l'IA, c'est NVIDIA.
05:29 Demain ? Peut-être, peut-être pas.
05:32 Pour l'instant, ils ont 90% de parts de marché sur leur fameux GDU.
05:36 On regarde la concurrence qui s'organise,
05:38 que d'ailleurs les clients de NVIDIA font sans doute monter également.
05:42 Je te rappelle, Grégoire, qu'en 2006,
05:45 Nokia avait une part de marché mondiale dans les portes de cellulaires, 44%.
05:51 Et ça n'existe plus aujourd'hui.
05:54 Donc d'un jour à l'autre, on va avoir des disruptions de technologies énormes qui arrivent de nulle part.
06:00 En 2007, c'était Apple avec l'iPhone.
06:03 Peut-être que ça va être AMD ou une autre société qu'on ne connaît même pas
06:08 qui arrive, ou peut-être Google, qui arrive avec le quantum computing,
06:11 avec une puissance de calcul mille fois plus que les GPUs d'NVIDIA.
06:15 Je ne sais pas, OpenAI, vous l'avez dit quoi ? 7000 milliards ?
06:17 Je me suis demandé si j'avais mis un zéro de trop
06:20 pour développer des capacités qui seraient capables de rivaliser
06:24 avec les capacités de production d'NVIDIA dans le monde.
06:26 Google, c'est toujours possible.
06:28 Il travaille sur le quantum computing depuis très longtemps.
06:31 Mais on ne sait pas si ça va arriver demain, après-demain, on ne sait pas.
06:35 Peut-être jamais, mais on ne sait pas.
06:38 Mais moi, acheter NVIDIA aujourd'hui, il faut être fort.
06:44 Si ça baisse de 20% ce soir, après les résultats...
06:49 Mais Grégoire, regarde, Super Micro Computer,
06:52 le truc qui flambe de 200 dollars à 1000 dollars,
06:55 qui baisse déjà de plus de 30% en deux jours.
06:58 20% de baisse, rien pour NVIDIA, rien.
07:02 Ce qui me marque quand même, et c'est ce qu'on m'a expliqué hier,
07:04 c'est que quand je parle de l'emprise d'NVIDIA sur les marchés,
07:07 c'est que déjà c'est 25% de la hausse du S&P 500 depuis le début de l'année,
07:11 et puis surtout que NVIDIA a un impact en cascade sur toutes les classes d'actifs du monde.
07:16 Si vous êtes gérant crédit à yield en Europe,
07:19 vous êtes forcément concerné par ce que va publier NVIDIA ce soir,
07:23 qui aura un impact sur la volatilité des marchés américains,
07:26 sur le VIX, et donc sur le crédit aux Etats-Unis,
07:28 et donc sur le crédit en Europe derrière.
07:30 Et peut-être c'est ça qu'il faut faire,
07:32 il faut acheter la vol implicit sur la NAS d'Axon.
07:35 Parce que je ne sais pas si ça va monter encore beaucoup plus,
07:38 ou baisser plus, encore beaucoup,
07:41 mais ça va bouger, d'un sens ou de l'autre,
07:43 avec les publications d'NVIDIA, avec tout ce qui se passe en ce moment,
07:46 et tous les investisseurs, surtout les investisseurs retail,
07:49 ils ont déjà acheté massivement les fonds technologiques aux Etats-Unis.
07:54 Donc ils ont toujours un max, max, max en termes de poids,
07:57 et ici, la moindre déception, le marché des options est positionné
08:02 pour un mouvement historique, alors à la hausse ou à la baisse,
08:05 sur NVIDIA, de plus de 10%.
08:07 Je rappelle que les deux derniers price actions post-publication d'NVIDIA,
08:10 sur les deux résultats précédents, c'était zéro, voire légèrement négatif.
08:15 Il ne s'était pas passé grand-chose.
08:17 Sur NVIDIA et sur l'IA en général, vous savez,
08:22 ce que ça implique sur les marchés, moi c'est ça qui me fascine.
08:25 On a connu Apple, moi je me souviens, les trimestriels d'Apple,
08:28 c'était le métronome mondial, je veux dire, à l'iPhone Press,
08:31 c'est Apple qui dictait la tendance des marchés,
08:35 je parle bien de la tendance des marchés.
08:37 C'est un problème pour un économiste comme moi,
08:40 parce qu'on sait que les actions, ce n'est pas l'économie.
08:45 Le problème, c'est que là, ça impacte l'économie tellement c'est gros,
08:48 ça impactera les conditions financières, comme vous disiez, d'un peu tout.
08:53 Après, je ne serais pas d'accord sur l'idée que ça a remplacé Powell,
08:56 parce que, ça joue encore.
09:00 Là, le truc, c'est que depuis le début de l'année,
09:02 on a eu une hausse des taux qui, c'est vrai, n'a pas impacté les marchés actions,
09:05 on avait des révisions à la hausse des prévisions de croissance un peu partout,
09:08 enfin, surtout aux US.
09:11 Si on a un frein sur l'économie ou tout ça,
09:14 on remettra au goût du jour...
09:16 - Powell reprendra le leadership sur la scène mondiale, d'accord.
09:19 - Exactement, avec un impact plus durable que Nvidia.
09:22 Mais c'est vrai que là, à court terme,
09:24 c'est le plus gros impact sur les conditions financières globales.
09:28 - Oui, globales, oui, oui.
09:31 Comment vous réfléchissez à la diffusion de cette technologie,
09:34 notamment par rapport à l'histoire ?
09:36 Edmund nous dit que c'est toujours plus lent que ce qu'on rêve, que ce qu'on espère.
09:40 Néanmoins, est-ce que, partant d'une base numérique, informatique, mondiale,
09:46 installée largement depuis les années 2000,
09:49 est-ce qu'il y a quand même l'idée que,
09:51 si cette technologie est pertinente, et elle semble l'être,
09:54 est-ce qu'on peut imaginer quand même des résultats,
09:57 peut-être même y compris sur le plan macroéconomique,
10:00 ou en tout cas sectoriel, peut-être,
10:02 des résultats déjà assez rapides ?
10:05 - Alors, on le voit, enfin, je ne pense pas, en fait, à court terme.
10:09 C'est quelque chose qu'il faudra voir dans 5-10 ans.
10:11 - D'accord. C'est 5-10 ans pour vous, le rendez-vous, le moment de rendez-vous.
10:14 - Je pense. C'est beaucoup plus rapide que, historiquement,
10:16 les révolutions industrielles et tout ça.
10:17 Mais quand même, ça prend du temps.
10:19 Aujourd'hui, on voit une productivité qui est très forte aux États-Unis.
10:23 À mon avis, c'est plus lié au fait que les gens soient équipés pendant le Covid.
10:28 Enfin, surtout les PME.
10:30 On avait vu des investissements dans l'informatique,
10:34 dans les nouvelles technologies qui étaient énormes pendant le Covid.
10:37 Et donc, ça, potentiellement, ça a un impact maintenant.
10:39 - Mais c'était avant IA, avant NVIDIA.
10:41 - Avant IA, exactement.
10:42 Il faut voir qu'au niveau des PME,
10:45 enfin, ce qui fait le tissu économique et donc le PIB,
10:48 ce n'est pas l'essai de magnifique.
10:50 C'est vraiment la diffusion de tout ça au niveau de l'économie,
10:53 dans les petites entreprises, les commerces et tout ça.
10:57 Et ça, à mon avis, on voit là l'impact de l'investissement qu'on a fait pendant le Covid.
11:01 Ce qui fait qu'on a de la productivité qui n'est pas si mal que ça, surtout aux US.
11:06 - Et d'avoir justement ce relais de l'IA devant,
11:09 est-ce que ça permet de prolonger un peu la tendance qu'on a observée
11:14 sur les gains de productivité aux États-Unis,
11:17 sur deux, trois trimestres maintenant, Xavier ?
11:20 - Je pense que ça mettra plus de temps que ça.
11:23 Et il faut que ça soit un essai transformé pour l'économie.
11:27 Ce qu'on a vu, c'est que, par exemple, les smartphones,
11:30 ça n'a pas créé de productivité économique.
11:33 Ça a créé plus de services personnels.
11:36 On passe beaucoup de temps dessus, donc on sait que...
11:39 - Ou on n'a pas réussi à le mesurer.
11:41 - Ou on n'a pas réussi à le mesurer, mais en tout cas, ce n'est pas marchandisé...
11:44 - Monetisé, oui.
11:46 - Et donc l'IA, pour l'instant, on voit qu'il y a des...
11:49 Ce qui se développe très vite, c'est ce qui n'est pas monétisé, en fait.
11:52 On joue beaucoup avec.
11:54 A priori, ça va avoir des implications très importantes aussi pour les business,
11:59 mais ça, ça met plus de temps à venir.
12:01 - Je dirais que ça commence un peu dans certains secteurs...
12:05 - On a des anecdotes partout autour de nous.
12:07 - Dans certains secteurs, comme par exemple, clairement,
12:10 on a vu des grands cabinets d'audit aux États-Unis
12:13 qui ont annoncé des suppressions d'emplois,
12:15 clairement mis au regard de développement d'outils d'intelligence artificielle
12:19 où ils avaient moins besoin de personnel.
12:21 Et donc on a un certain nombre de secteurs, la presse aussi en fait partie,
12:26 mais effectivement, pour l'instant, c'est relativement réduit.
12:29 En fait, ce qui pourrait accélérer les choses,
12:31 et c'est moi ce qui me rend un peu plus optimiste,
12:33 c'est que cette nouvelle technologie arrive dans un contexte
12:36 de marché de l'emploi aux États-Unis extraordinairement tendu.
12:39 Et donc, quand vous avez un marché de l'emploi extraordinairement tendu
12:42 avec des employeurs fortement sous pression,
12:44 et je dirais que les employeurs sont un peu comme tout le monde,
12:47 ils détestent être sous pression,
12:49 et ils détestent être dans une position d'infériorité
12:51 par rapport à ceux qui peuvent offrir leur force de travail,
12:54 vous cherchez des alternatives.
12:56 Donc l'une des premières alternatives, ça a été effectivement
12:58 des investissements massifs précédents dans la productivité,
13:01 ce qui explique probablement la hausse de productivité
13:05 qu'on a vu ces derniers trimestres aux États-Unis,
13:07 mais l'arrivée de l'intelligence artificielle
13:09 est capable effectivement, dans un marché de l'emploi...
13:12 - C'est une aubaine dans ce contexte.
13:14 - ...d'être particulièrement rentable et de pousser effectivement
13:16 beaucoup d'entreprises, c'est-à-dire, je vais tester des choses,
13:18 parce que comme je n'arrive pas à recruter,
13:20 ou que les candidats sont tellement pénibles
13:22 par rapport à ce que je souhaite,
13:24 effectivement, autant le tenter.
13:26 Et donc ça, je pense que ça peut accélérer les choses,
13:29 contrairement malheureusement à l'Europe,
13:31 où en fait on a un marché de l'emploi qui est beaucoup plus laxe,
13:34 beaucoup moins tendu qu'aux États-Unis,
13:36 donc vous êtes beaucoup moins tenté, puisque...
13:38 - Il y a moins de citations, quoi.
13:40 - En fait, c'est beaucoup plus facile de rajouter des gens supplémentaires
13:43 ou de rajouter des capacités supplémentaires que vous n'êtes pas tendu.
13:45 Donc vous n'avez pas besoin de prendre un risque,
13:47 parce qu'effectivement, là où je rejoins totalement ce qui vient d'être dit,
13:49 l'intelligence artificielle, compte tenu de la nouveauté de la technologie,
13:53 c'est un risque, parce qu'on sait qu'il y a encore des hallucinations,
13:55 on sait qu'il y a encore des choses qui sont un petit peu compliquées.
13:57 Mais quand vous êtes véritablement tendu,
13:59 et d'une certaine manière vous n'avez pas beaucoup d'autres solutions,
14:01 vous tentez la chose.
14:03 C'est ça qui va être intéressant à regarder,
14:05 y compris d'ailleurs dans les résultats d'NBA ce soir.
14:07 Est-ce que d'autres entreprises commencent à se positionner
14:09 sur des développements qui ne sont pas des développements
14:11 uniquement de second niveau, mais peut-être déjà de premier niveau ?
14:13 On peut penser effectivement que certaines grandes entreprises,
14:16 grandes entreprises, grandes donneurs d'ordre,
14:18 pourraient effectivement commencer à travailler très sérieusement sur ces sujets-là.
14:20 Bon, après, ça a déjà des impacts sectoriels,
14:22 notamment sur le plan des marchés, j'entends.
14:24 Tout ceux qui travaillent à fournir des équipements pour les data centers,
14:28 par exemple, sont directement corrélés aujourd'hui,
14:31 non seulement au résultat d'NVIDIA, mais à la course du titre NVIDIA.
14:35 Il y a une corrélation qui s'est créée quand même entre NVIDIA
14:37 et des secteurs périphériques qui participent,
14:40 comme vous disiez tout à l'heure, à cet écosystème.
14:42 Tout à fait, et en fait, ce qui est très intéressant,
14:44 c'est de voir effectivement les différents niveaux de travail,
14:49 de travaux autour de l'intelligence artificielle,
14:51 de voir effectivement que vous avez ceux qui fournissent le matériel.
14:55 Ça, aujourd'hui, c'est NVIDIA, ils essaient de faire autre chose
14:57 que de fournir du matériel, pour l'instant, c'est essentiellement ça.
14:59 Après, vous avez ceux qui fournissent les outils d'intelligence artificielle,
15:02 c'est essentiellement les GAFAV, les Anthropic, les Mistral AI,
15:07 les Alpha Sensors en Europe.
15:09 Et puis, vous avez aussi des acteurs qui sont beaucoup plus spécialisés
15:11 et qui vont développer des couches logicielles
15:14 qui vont s'intégrer à ces outils globaux.
15:17 Donc, on est en train de construire tout un écosystème.
15:20 Certains sont évidemment les gagnants, aujourd'hui, on parle d'NVIDIA,
15:23 il y en aura d'autres, mais effectivement, c'est un secteur
15:25 qui se développe tellement vite qu'en fait, c'est très difficile
15:27 de savoir qui va gagner par rapport à la jeunesse globalement,
15:30 non seulement de la technologie, mais de tout l'écosystème
15:33 qui est en train de se bâtir autour de ça.
15:35 Est-ce qu'il faut poser la question de la bulle, Edmund ?
15:38 Et si oui, la bulle a toujours une connotation très négative
15:43 dans l'esprit des gens et des investisseurs, évidemment.
15:46 - Sauf quand on en profite.
15:48 - Mais voilà, j'allais dire, il ne faut pas omettre
15:50 toute la phase de construction de la bulle.
15:52 Et si on se pose la question de la bulle, à quel stade on en est ?
15:56 - De nouveau, les Français ont le droit de savoir.
15:59 - Vous avez des questions difficiles.
16:02 - Effectivement, c'est quand même intéressant de regarder la bulle de 2000,
16:06 parce que c'est aussi une bulle technologique,
16:08 mais ce n'est pas la même chose du tout.
16:10 Pourquoi ? Parce qu'à cette époque-là, on parlait d'une bulle
16:14 autour des sociétés basées sur Internet,
16:18 mais on n'a aucune rentabilité, pas de profit à ce stade-là.
16:23 Même Amazon, en 2000, ne faisait pas grand-chose au niveau du profit.
16:28 Donc, effectivement, on avait beaucoup de sociétés
16:31 avec des sites en ligne pour vendre n'importe quoi,
16:35 qui perdaient de l'argent, tous, et beaucoup d'argent.
16:40 Aujourd'hui, ce n'est pas la même chose.
16:44 Ils gagnent de la magnifique cette, ils gagnent énormément d'argent.
16:49 Donc, oui, peut-être que c'est une bulle, mais ce n'est pas du tout la même bulle.
16:54 Et donc, le problème pour moi, c'est que si on regarde les manges de rentabilité,
16:58 si on regarde l'évolution des bénéfices nets par action de ces sociétés,
17:03 ils justifient au moins en partie la surperformance de ces titres par rapport au marché.
17:08 Parce que les bénéfices nets, ils ont évolué de manière extraordinaire ces derniers temps.
17:15 – Oui, non, mais c'est vrai, si on prend, je regardais avant de venir,
17:18 si on prend les 7 magnifiques, la performance depuis un an, c'est 2/3, 66% ou quelque chose comme ça.
17:24 Il y a 80% de cette performance, c'est les prévisions à court terme des bénéfices.
17:29 Et la valorisation, c'est 20%. Donc, on est beaucoup moins, ce n'est pas une bulle de valorisation.
17:33 – C'est assez équilibré, finalement.
17:35 – Pour l'instant, oui, c'est pour ça qu'on a tendance à dire que ce n'est pas la fin de la bulle,
17:39 s'il doit y avoir une bulle.
17:40 – Mais peut-être la vraie question, est-ce que cette évolution des bénéfices nets
17:44 peut continuer à l'infini ? Parce que déjà, les manges de rentabilité
17:47 sont à un niveau historiquement haut.
17:50 On a toujours ces questions, par exemple, de réglementation en Europe et aux États-Unis,
17:54 peut-être qu'il va quand même, à un moment donné, être introduit,
17:58 qui va quand même calmer les manges un peu, parce que les sociétés vont avoir des contraintes,
18:04 enfin, les contraintes légales.
18:07 Et si ça existe en Europe et aux États-Unis, ils ne peuvent pas continuer à augmenter
18:11 leurs manges de rentabilité parce que, par exemple, avec Apple, dans les services,
18:15 avec l'App Store, ils prennent 30 centimes sur chaque dollar.
18:20 – Oui, oui. – 30%.
18:21 – On a vu le dossier Spotify contre Apple, qui est réglé aujourd'hui au niveau européen
18:26 avec une amende précédemment record pour Apple.
18:28 – Et on a le même souci avec Google, avec Meta, avec les marchés de pub en ligne.
18:33 Donc, effectivement, les régulateurs commencent à regarder comment ils font les bénéfices.
18:38 – En Europe surtout.
18:39 – En Europe, mais aussi aux États-Unis, ça commence aussi.
18:42 Donc, attention.
18:44 – La question, c'est qu'effectivement, dans ces valeurs-là,
18:47 on se rend compte qu'il y a un phénomène qui se développe énormément,
18:50 qui embête beaucoup le régulateur, mais il a beaucoup de mal à voir
18:53 par quelle face il peut l'aborder, c'est le vainqueur capte tout.
18:58 – Exact.
18:59 – Et ça, c'est effectivement… j'ai trouvé ça très intéressant,
19:03 en particulier dans la publicité en ligne, en fait, on voit que, en termes de plateforme,
19:07 vous avez un écart maintenant qui se crée, qui est extraordinairement fort
19:11 entre les 2-3 gagnants, et sur les réseaux sociaux, le gagnant c'est Meta,
19:15 et les autres réseaux sociaux ne captent quasiment rien.
19:18 Sur la publicité, concernant effectivement le commerce, c'est Amazon,
19:25 les autres ne gagnent quasiment rien.
19:27 À chaque fois, on a, sur un domaine particulier, le gagnant prend tout,
19:30 "the winner takes all".
19:32 Et donc la question, c'est comment est-ce qu'on s'occupe de ça
19:36 – On en laisse un peu aux autres.
19:37 – On s'occupe de ça pour continuer à générer de la concurrence.
19:39 Qu'est-ce qui est en fait cohérent avec les règles de marché,
19:43 et qu'est-ce qui n'est pas cohérent, et donc qui veut dire
19:45 que le marché ne fonctionne pas bien ?
19:47 Et tous les régulateurs râment énormément là-dessus,
19:49 parce qu'en fait on est sur des marchés qui se constituent au fur et à mesure,
19:52 donc le régulateur court après à chaque fois,
19:55 en voulant évidemment ne pas casser des élans économiques.
19:59 Et donc là on se retrouve effectivement avec beaucoup de points d'interrogation,
20:02 on voit qu'à chaque fois que le régulateur s'intéresse à ces questions-là,
20:05 il y a quand même moins, mais de temps en temps, un temps de retard,
20:09 ça devient de plus en plus compliqué de contrer ce phénomène-là.
20:12 - Si je ramène Jérôme Poel sur le devant de la scène,
20:16 Xavier, le retour de Jérôme Poel.
20:20 On parlait de la productivité tout à l'heure,
20:23 l'histoire de la productivité américaine est d'autant plus fascinante
20:26 qu'elle n'existe qu'aux États-Unis aujourd'hui, Xavier.
20:30 Cette divergence ou ce divorce transatlantique sur le plan de la productivité,
20:34 est-ce que c'est un divorce grandissant devant nous ?
20:37 Est-ce qu'on peut imaginer, vous le disiez tout à l'heure,
20:39 il y aura peut-être un moment où les gains de productivité vont se tasser aux États-Unis ?
20:43 Est-ce qu'on peut imaginer une reconvergence de ce point de vue-là ?
20:46 Et puis on en viendra bien sûr à la politique monétaire,
20:49 est-ce que ça peut impliquer ?
20:50 Parce que pour l'instant, j'ai l'impression que cette productivité,
20:52 elle explique une grande partie du confort actuel de la réserve fédérale américaine.
20:56 - Oui, et surtout par rapport à la BCE.
20:58 - Et surtout, toujours par rapport à la BCE, bien sûr.
21:01 - Qui parle de malentendement des salaires, un problème de productivité et donc de coût.
21:04 Alors je regardais aussi, c'est vrai que si on regarde par rapport à la période avant Covid,
21:10 les États-Unis, là, ont une productivité qui a beaucoup augmenté,
21:14 6 points alors qu'en zone euro, c'est zéro.
21:17 Le truc, c'est que c'est mesuré très très différemment.
21:19 En fait, si on prend les mêmes mesures, on est à 2 en zone euro et 6 aux US.
21:24 - D'accord.
21:25 - Parce que ce n'est pas le même secteur public.
21:27 - C'est bien de le rappeler alors.
21:28 - Donc voilà.
21:29 Et en fait, du coup, si on prend ça en compte, ça fait 4 ans,
21:31 on a pris 2 points de productivité dans la vue en Europe par rapport aux États-Unis.
21:36 Sur 4 ans, ça fait 0,5 point par an.
21:39 Et c'est la moyenne des 30 dernières années.
21:42 - D'accord.
21:43 L'Europe est à sa place, quoi.
21:45 Derrière.
21:46 - Derrière.
21:47 Pour l'instant, on ne voit pas de rattrapage de l'Europe,
21:49 on ne voit pas non plus de décrochage par rapport aux États-Unis.
21:51 - D'accord, je comprends.
21:52 - C'est graduellement moins bien en Europe.
21:55 Et malheureusement, on ne voit pas de gros changements là-dessus.
21:58 - Alors, spécifique fait de l'inflation,
22:02 donc Jérôme Pau, elle nous dit, il faut regarder le Corsi-PI 3 mois annualisé.
22:07 C'est la mesure de momentum qui nous intéresse en ce moment.
22:10 Ben, on en est là, oui.
22:12 À bas le Year on Year Economics, on regarde le 3 mois annualisé.
22:16 Cette mesure-là, elle a marqué un point bas en août.
22:19 Depuis, elle n'arrête pas de remonter.
22:20 Elle est encore remontée sur la marque de janvier qui a été publiée la semaine dernière.
22:24 - Elle est surtout remontée en janvier.
22:25 Parce qu'en fait, sur la seconde partie de l'année dernière, c'est la partie énergétique.
22:29 Mais hors partie énergétique, on avait un gros ralentissement sur l'inflation core.
22:34 Même en momentum, 3 mois, 6 mois, vous prenez la mesure que vous voulez.
22:39 Par contre, en janvier, il y a vraiment eu un...
22:41 - Est-ce que c'est l'effet saisonnalité de janvier qui est toujours un mois plus volatile que les autres ?
22:45 Est-ce que c'est un simple blip ?
22:47 Ou est-ce que ça peut être une remise en cause plus structurelle de ce qui porte les marchés aujourd'hui ?
22:54 À savoir le Goldilocks de la bonne croissance et de la désinflation.
22:58 - À mon avis, c'est un peu des deux.
22:59 Il y a un effet janvier et puis un effet sur des composantes, les loyers.
23:03 On n'a pas bien compris pourquoi il réaccélérait en janvier.
23:05 Enfin, il y a quelques éléments qui sont comme ça un peu troublants.
23:09 Mais en fait, ce que ça montre quand même, c'est qu'on a fini la baisse de l'inflation des biens.
23:15 - Il n'y a plus à attendre de ce point de vue-là.
23:18 - C'est derrière nous.
23:19 On est revenu à zéro de l'inflation.
23:20 Et ça se stabilise là.
23:22 On a eu aussi la baisse de l'inflation dans les transports aériens.
23:26 Enfin, tous les effets de second tour, du Covid, de l'hôtellerie, tout ça.
23:29 Ça a fait énormément baisser l'année dernière.
23:31 Ça aussi, c'est plutôt derrière nous.
23:32 Et donc, ce qu'on voit, c'est qu'une fois que ces éléments sont derrière nous,
23:35 l'inflation dans les services-coeur, ce dont on a beaucoup parlé,
23:38 on nous a un peu moqué, les économistes, parce qu'évidemment, si on enlève tout ce qui baisse,
23:42 le reste ne baissait pas.
23:43 Mais c'est vrai quand même que la partie de l'inflation, services domestiques, liés au salaire,
23:48 tout ça, ça ralentit beaucoup, beaucoup moins vite aux Etats-Unis.
23:52 Et donc, le risque, pour nous, ce n'est pas que l'inflation réaccélère à court terme.
23:58 C'est qu'on commence à stagner avec une inflation un peu en dessous de 3,
24:02 ce qui n'est pas horrible, mais ce n'est pas 2.
24:05 D'où la prudence dans les baisses de taux des banques centrales.
24:11 - Et le marché s'étant réaligné à peu près sur la Fed,
24:16 partant du mois de juin, est-ce que juin, c'est au minimum au mois de juin qu'on baisse les taux ?
24:24 Ou est-ce que ça veut dire que ça peut être beaucoup plus tard ?
24:26 - Ça peut être plus tard.
24:28 - Le risque principal de ce scénario, c'est que ce soit plus tard que juin ?
24:32 - D'après les derniers chiffres qu'on a eus, oui.
24:34 Après, il y a pas mal de chiffres à venir d'ici là.
24:38 Et donc, je pense que mai ou juin, ça reste le scénario central.
24:42 Mais oui, le risque se décale.
24:44 - Edmung, sur le fait déjà que le marché s'est réaligné avec les projections du dot plot,
24:51 alors ça a bougé un peu sur le marché obligataire,
24:54 mais sans sortir du range, et sur les marchés actions,
24:57 j'allais dire, ça n'a défrisé personne.
24:59 Personne n'a vu ce qui s'était passé sur le marché obligataire.
25:01 - Non, mais c'est un peu bizarre, parce que c'est peut-être aussi grâce au marché actions
25:05 qu'on a ce problème, parce que si on regarde les États-Unis,
25:08 le marché d'emploi, on a quand même un excédent de retraités aux États-Unis
25:12 depuis la pandémie Covid qui est maintenant à 2,5 millions de retraités.
25:18 De plus ! Plus que prévu.
25:20 - Ah d'accord, au-delà de la tendance.
25:22 - Donc si on parle de... effectivement, un marché d'emploi...
25:25 - Oui, des gens qui sont partis plutôt du marché du travail.
25:27 - Voilà, mais on parle d'un marché du travail qui est peut-être 160, 170 millions.
25:32 2 et demi, c'est beaucoup.
25:34 2 et demi millions de plus ! C'est énorme !
25:37 Il faut les trouver quelque part.
25:39 Et c'est pour ça qu'on a des problèmes avec les augmentations de salaire.
25:42 La bonne nouvelle, quand j'aurai par exemple les sites web comme Indeed.com,
25:46 c'est que les augmentations de salaire se calment.
25:48 - Oui. Ceux qui changent de job ne sont pas forcément mieux payés que ceux qui restent.
25:52 - Et voilà, pas comme avant.
25:54 - Pas comme avant.
25:55 - Donc j'espère que dans les prochains mois, on va commencer à voir ça dans les statistiques officielles.
26:00 - Mais est-ce qu'il faut considérer dans les scénarios de risque, le risque que la Fed...
26:04 Alors, je veux dire, ne baisse pas ses taux.
26:06 C'est ce qu'on m'a dit un peu de manière provocante cette semaine.
26:08 Non mais ne les baisse pas aussi rapidement que ce qu'on imagine aujourd'hui,
26:13 c'est-à-dire juin et peut-être juillet, voire septembre, je ne sais pas.
26:17 - Non, je pense qu'il faut commencer en juin.
26:19 Mais peut-être la réalité, c'est que la tendance baissière va être un peu lissée,
26:24 et donc ils ne vont pas aller à toute vitesse.
26:28 Ils vont baisser les taux progressivement.
26:31 Parce qu'à long terme, le taux des Fed Funds, c'est à 4,2%, à très long terme, sur 70 ans.
26:38 Donc il y a 5-5 ans.
26:40 Donc on peut baisser vers 4%, mais 4%, c'est peut-être le taux plutôt neutre, le moins long terme.
26:45 Donc on peut descendre vers ça. Après, on verra.
26:48 - Oui, l'idée est pas de redevenir accommodant aujourd'hui, du point de vue de la politique monétaire.
26:52 On me dit souvent, le timing des baisses de taux, on s'en fiche, ce qui compte, c'est la séquence, etc.
26:57 Bah ! Moi je trouve que le timing est quand même toujours important,
27:01 parce que le timing des baisses de taux et le timing pour les marchés,
27:03 ça a une implication sur toute la suite de la séquence.
27:07 - Absolument. Je pense que ça, c'est effectivement important.
27:11 Et ce que je trouve très intéressant, c'est qu'on voit qu'au sein même des comités de politique monétaire,
27:15 on a maintenant vraiment les deux approches qui se développent.
27:20 Quand on regarde la Fed, récemment, on a eu quasiment le même jour,
27:23 on avait Raphaël Bostic de la Fed d'Atlanta qui nous disait,
27:27 il faut aller vers deux baisses de taux au maximum et attendre l'été.
27:31 On a vraiment tout le temps nécessaire, ça n'est vraiment pas la peine de se presser.
27:35 Et le même jour, on a Austin Goldsby, là aussi membre du comité de politique monétaire de la Fed,
27:40 qui nous disait, il est vraiment important de commencer plus tôt plutôt que plus tard,
27:43 parce que sinon on va vraiment être en difficulté sur le volet de notre deuxième mandat, qui est l'emploi.
27:47 Et donc on voit que... - Et on devra en faire plus.
27:49 - Et on devra... - Si on commence plus tard, on en fera plus.
27:51 - Exactement. Et donc on a véritablement ces deux approches qui sont en train de se développer.
27:55 Moi, ce qui m'intéresse quand même, c'est, pour revenir sur le débat qui a été levé,
28:00 c'est qu'on a cette augmentation de la productivité aux Etats-Unis,
28:03 qui fait qu'on a les augmentations de salaires aux Etats-Unis
28:06 qui font en sorte que les salaires réels aux Etats-Unis progressent moins vite que la productivité.
28:10 Ça, c'est désinflationniste.
28:11 Vous avez un problème, et je comprends le problème de la BCE,
28:14 quand vos augmentations de salaire réel sont supérieures à vos gains de productivité.
28:17 Là, c'est l'inverse.
28:18 Et donc, en fait, quand vous regardez d'un point de vue strictement froid,
28:21 il n'y a aucun problème lié aux salaires aux Etats-Unis. Il n'y a aucun problème.
28:24 Le problème, c'est effectivement, est-ce que vous considérez que vous avez
28:27 une partie de l'inflation liée aux services qui peut durer très longtemps ?
28:31 C'est largement lié aux interprétations qu'on fait du marché de l'emploi.
28:34 Et c'est là où, en fait, on voit les deux analyses qui se répondent.
28:38 Certains disent effectivement que le marché est extrêmement solide.
28:41 Et regardez les dernières cas sans emploi, ils sont beaucoup plus forts que prévus.
28:44 D'autres, et moi je fais plutôt partie de ce camp-là, disent "Attention,
28:46 on a une baisse déjà depuis quelques mois du nombre d'emplois à temps plein aux Etats-Unis".
28:51 Ça s'effrite.
28:52 Le nombre d'emplois à temps plein aux Etats-Unis est en train de baisser.
28:54 Et effectivement, comme le disait justement Edmund,
28:56 quand on regarde l'indicateur Webtracker de la fête d'Atlanta,
28:59 normalement il suit avec retard l'indicateur de Indeed.
29:02 Donc, on va avoir cette baisse.
29:04 On a des signaux de fragilité qui sont en train de se monter.
29:07 Et donc, moi, le signal de prudence que je donnerais, c'est, en fait,
29:11 les banquiers centraux ont tendance toujours,
29:13 une fois qu'ils ont enclenché un mouvement, à aller beaucoup plus vite que ce qu'on pense.
29:16 Et donc, une fois que le mouvement sera enclenché,
29:18 je ne serais pas étonné qu'on aille par palier de 50 plutôt que par palier de 25.
29:22 Donc, ça peut effectivement commencer en juin ou en juillet,
29:26 mais aller relativement vite au fur et à mesure que le marché de l'emploi se dégrade.
29:29 Si, effectivement, on a de bonnes nouvelles macroéconomiques,
29:31 et que finalement ça dure très longtemps,
29:33 ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui, les bonnes nouvelles au niveau de la croissance
29:37 font que la fête peut attendre la procrastination et l'avenir de Jerome Powell aujourd'hui.
29:41 Donc, il n'y a aucun problème.
29:43 Mais, ça ne veut pas dire que ça peut durer jusqu'à après l'été.
29:48 Je pense qu'ensuite, ça peut aller quand même relativement vite.
29:50 Il faut faire très attention aux détails du marché de l'emploi.
29:54 Qu'est-ce que vous comprenez de la fonction de réaction des banques centrales aujourd'hui,
29:58 à ce stade-là, Xavier ?
30:00 Et c'est vrai qu'on voit aussi le débat au sein de la Banque Centrale Européenne.
30:04 C'est un peu le trade-off que Ville-Roi-de-Galop, par exemple,
30:07 propose au faucon de la BCE.
30:09 Vous, qui n'aimez pas baisser les taux, dites-vous bien que si on commence à les baisser le plus tôt possible,
30:14 quand le moment sera venu et qu'on aura la confiance suffisante dans la baisse de l'inflation,
30:18 après la publication de la série des salaires négociés du premier trimestre 2024,
30:23 une fois ce moment venu, partons le plus tôt possible,
30:26 car on pourra être beaucoup plus progressif dans nos baisses de taux
30:30 et surtout maintenir à l'arrivée un taux terminal beaucoup plus élevé.
30:33 Vous, les orthodoxes, c'est ce que vous aimez.
30:36 Oui.
30:39 Je trouve que le trade-off est intelligent pour essayer d'amener les faucons à converger vers cette idée
30:46 qu'il faudra quand même baisser les taux et peut-être plus tôt, plus tard.
30:50 J'espère que les faucons vont l'écouter.
30:53 D'un point de vue risque économique, ça fait tout à fait sens de commencer à baisser graduellement,
30:59 ce que vous disiez pour la Fed.
31:01 Le fait de commencer tôt permet d'être assez souple,
31:07 sachant qu'on a du mal à estimer quel sera le taux terminal.
31:10 Donc autant y aller doucement vers le taux terminal que de façon abrupte.
31:14 J'ai une crainte que la BCE soit plus, au niveau global, plus attentiste que ça.
31:22 L'histoire a montré que c'était un peu compliqué pour les membres au quiche de la BCE.
31:28 Vous ne représentez pas encore le baril cent de ce point de vue-là.
31:31 Exactement. Il y a encore l'opposition entre les pays du Nord et du Sud en Europe sur tous ces sujets-là.
31:38 Alors qu'économiquement, contrairement aux États-Unis, nous avons plus de raisons de penser
31:42 que l'inflation va revenir assez vite vers les 2% et que le risque sera à peu près équilibré
31:47 entre une inflation plus élevée et plus basse que ça.
31:49 La croissance nous donne beaucoup moins de temps qu'aux États-Unis.
31:52 De toute façon, on stague déjà depuis un an et demi en euro.
31:55 Il y a plus de raisons de commencer à baisser les taux un peu plus tôt.
32:00 Une fois qu'on a dit ça sur la politique monétaire et l'inertie historique de la BCE,
32:05 quand on regarde le policy mix tel qu'il se dessine dans son ensemble, avec la partie budgétaire...
32:10 C'est une des raisons de plus pour lesquelles la BCE pourrait avoir à baisser les taux.
32:14 Ça peut aider la BCE à baisser les taux.
32:17 Avoir un peu de restrictions budgétaires qui reviennent dans le pipe,
32:20 c'est quelque chose qui peut à un moment pousser la BCE vers une accommodation un peu plus rapide.
32:24 Si les gouvernements freinent un peu par eux-mêmes, la GUEL a besoin de freiner.
32:29 On bascule dans un truc un peu plus austère ?
32:31 Je ne dirais pas qu'on bascule, mais on est dans une légère austérité,
32:35 que ce soit en Allemagne à cause de la décision de la Cour allemande
32:38 qui a annoncé un peu plus de restrictions budgétaires.
32:41 En France, en tout cas, on essaye de tenir notre cible de déficit à 4,4 %,
32:46 ce qui n'est déjà pas une cible très orthodoxe, très rigoureuse.
32:52 Donc, évidemment...
32:54 Oui, enfin, aucun ne font remarquer que les jauges ont augmenté un peu de partout dans le monde
32:58 et que si les États-Unis sont une économie leader,
33:01 elles tournent avec un niveau de déficit que la France n'a pas à envier.
33:06 Oui, mais la France a la politique monétaire de la BCE et l'euro,
33:10 donc elle doit s'aligner sur les Européens, pas sur les États-Unis.
33:13 Après, c'est pour ça qu'ils ont annoncé le gouvernement français 10 milliards d'économies
33:20 et c'est avec une prévision de croissance qui, à 1 %, reste plutôt dans la partie optimiste du consensus.
33:28 Donc, on pourrait avoir encore un peu plus de réductions.
33:31 Ce n'est pas une austérité comme on a pu le connaître dans les années 2010-2011,
33:34 mais c'est clairement une politique...
33:38 Ce schéma-là, on l'écarte quand même, Xavier ?
33:40 Oui, c'est pas tenu politiquement.
33:42 On a des élections européennes en juin.
33:45 Donc, une dose, oui, mais revenir au schéma qui prévalait 2010-2012, c'est pas le sujet.
33:51 Non, c'est pas le sujet.
33:53 Par contre, comme vous le disiez, aux États-Unis, là, il n'y a pas d'ajustement.
33:58 Voire même, on voit encore des chèques annoncés liés à l'IRA, tout ça.
34:03 Mais en même temps, jusqu'aux élections...
34:05 Et impossible shutdown le 1er mars.
34:07 Oui.
34:08 Compte tenu de la configuration politique aux États-Unis, c'est pas impossible.
34:11 C'est pas impossible.
34:12 Enfin, les débats budgétaires vont être compliqués.
34:14 Et il n'y aura pas de grandes décisions avant l'année prochaine.
34:17 Donc, pour l'instant, on est toujours avec un État américain qui met de l'huile sur le feu.
34:21 J'ai l'impression que les investisseurs globaux préfèrent quand même le policy mix américain au policy mix européen aujourd'hui, Edmond.
34:28 Ah ben, c'est sûr.
34:30 Quand l'État perd de l'argent...
34:32 On parle des bons vigilantes, on me dit quand même que...
34:36 Le monde est de rétard, tout le monde.
34:38 L'Istrus, octobre 2022...
34:40 Il ne faut pas comparer avec l'Irani. L'Iran, c'est à part.
34:44 C'est vraiment un cas à part.
34:47 Donc, même avec Trump à la Maison Blanche en novembre 2024, un scénario à l'Istrus sur les trésoriers, ce n'est pas quelque chose auquel on réfléchit.
34:57 Non, mais c'est une crainte. C'est une crainte pour nos clients.
35:00 C'est une crainte énorme pour nos clients.
35:02 Ils me posent cette question.
35:04 Est-ce qu'il faut acheter Nvidia ? Et est-ce que je dois continuer d'avoir des trésoriers américains ?
35:07 Et voilà.
35:08 Et ça ne vous dit pas, là ?
35:10 Pour l'instant, oui.
35:12 Mais je pense que, honnêtement, si on regarde le marché des obligations souveraines aux États-Unis, je préfère largement acheter les TIPS, ça veut dire les...
35:22 Indexations sur l'inflation.
35:24 Indexations sur l'inflation, au cas où.
35:26 Parce que c'est vrai que si Trump passe le mois de novembre, il va quand même essayer de réduire encore les impôts, à un moment donné.
35:34 Et s'il réussit à faire ça, la conclusion pour la politique fiscale, ce n'est pas top.
35:42 Ça me rappelle l'Istrus.
35:44 Non, non, non, pas l'Istrus quand même.
35:46 Non, mais...
35:47 La grande différence, la grande différence, c'est que le dollar américain reste quand même la monnaie de réserve du monde, pour l'instant.
35:54 Pour l'instant.
35:55 Ça peut changer, mais pas d'un jour à l'autre.
35:58 Voilà. Ça prend du temps.
36:00 Et l'autre, c'est que les États-Unis restent le thermomètre. Et donc, casser le thermomètre, on ne sait pas exactement ce que ça fait.
36:04 On ne saura plus quelle température il fait.
36:07 Si on parle de la Chine, c'est maintenant, Wilfried.
36:11 Oui, non, mais on en parle du coup.
36:13 Moi, je suis frappé par...
36:15 Alors bon, les mesures s'accumulent, donc là, maintenant, c'est les grands investisseurs institutiels.
36:18 Ils ne peuvent plus vendre d'action les 30 premières minutes de la séance, ni les 30 dernières.
36:24 Bon, bref.
36:26 Il y aurait des surveillances pour savoir qui vend.
36:28 Moi, je suis frappé de voir qu'il y a des mesures de soutien.
36:31 Les marchés d'action chinois ne baissent plus.
36:34 Mais je suis frappé de voir qu'il n'y a pas de rebond.
36:36 En tout cas, il n'y a pas une réaction de marché forte et dynamique.
36:43 Disons que c'est quand même compliqué d'avoir confiance dans le marché structurellement en Chine,
36:48 quand on voit ce qui est en train de se passer dans l'organisation de ce marché par les autorités.
36:52 C'est très difficile pour un investisseur international de décider de dire que c'est le bon moment.
36:58 Après, effectivement, tactiquement, on peut penser qu'il y a des ratios de valorisation qui sont extrêmement faibles.
37:03 Mais y aller de façon structurelle, c'est quand même extraordinairement compliqué aujourd'hui.
37:07 Moi, ce qui me frappe beaucoup, je m'en suis déjà longuement expliqué, mais je pense qu'il faut le redire,
37:12 ce qui me frappe énormément, c'est la différence de tenue depuis 15 ans entre les marchés d'action chinois et les marchés obligataires.
37:19 Le marché obligataire chinois se porte très très bien.
37:22 Celui qui a investi depuis 15 ans dans le marché obligataire chinois va très très bien,
37:26 il va beaucoup mieux que celui qui a investi dans les marchés obligataires occidentaux.
37:29 Et ça me fait dire qu'en fait, le modèle chinois, c'est véritablement financièrement un modèle allemand.
37:34 C'est-à-dire être une réserve de valeur, être une réserve de solidité,
37:38 pour essayer d'être ce pôle d'alternatifs financiers par rapport au pays du sud.
37:45 Le problème, c'est qu'à force de vouloir absolument ça, on appauvrit le tissu économique chinois,
37:52 et donc on s'empêche de faire cette fameuse relance de demande intérieure que tout le monde demande.
37:57 Et ça, ça finit par poser un certain nombre de problèmes.
38:01 Vous ne pouvez pas vous positionner uniquement sur la solidité financière sans avoir une croissance économique forte,
38:08 et le modèle allemand ne fonctionner que parce qu'il y avait à la fois l'ouverture du marché européen et l'ouverture globale des marchés mondiaux.
38:14 Là aujourd'hui, quand vous avez une espèce de fermeture, en particulier aux produits chinois, ça ne fonctionne de moins en moins.
38:20 Donc là, la problématique chinoise, elle est là.
38:23 Elle est comment est-ce que j'équilibre mon souci d'être extraordinairement fiable d'un point de vue financier,
38:30 mais de quand même consolider ma croissance.
38:32 Pour l'instant, ils n'ont pas trouvé la solution. Peut-être que ça va venir.
38:35 J'ai l'impression qu'en fait, ils font quand même des efforts sur la partie justement taux d'intérêt,
38:39 des efforts quand même très importants.
38:41 Le travail pour l'achat, j'ai vu, de programmes immobiliers chinois par les entreprises d'État directement,
38:47 ça peut contribuer à solidifier le marché.
38:50 On n'est pas encore dans des situations qui donnent, je pense, structurellement confiance.
38:53 Est-ce que vos clients vous demandent s'il faut acheter des actions chinoises ?
38:56 Non. Non, pas pour l'instant, parce que les investisseurs étrangers ont énormément su faire.
39:01 Ces derniers temps, ils ont tous vendu. Normalement.
39:04 Sauf nos clients asiatiques, évidemment, qui regardent de très près le marché.
39:08 Notre conseil, c'est très, très simple. Si on achète des actions chinoises aujourd'hui,
39:13 il faut faire ça avec un produit structuré pour protéger à la baisse.
39:16 Première chose. Et deuxième chose, il faut quand même favoriser le marché domestique,
39:21 les fameux A-Shares, parce que si le gouvernement va soutenir un marché,
39:28 ça veut dire le marché où les investisseurs domestiques investissent,
39:33 qui est quand même les A-Shares et son fiche de Hang Seng.
39:37 Les internationaux, ça les... Ah oui. Je ne sais pas, le marché est tellement déserté.
39:41 J'ai même vu qu'ils avaient musclé leur réglementation ESG pour essayer de coller à ce que fait l'Europe,
39:46 en se disant "Tiens, ça va peut-être réattirer quand même des investisseurs étrangers".
39:51 Ça pourrait être intéressant pour être quand même les grandes boîtes technologiques chinoises comme Alibaba
39:56 qui peuvent quand même racheter leurs propres actions.
39:59 Cashflow record chez Alibaba. Et l'action est au plus bas.
40:02 Et voilà, c'est peut-être le moment, le meilleur moment.
40:05 Les dernières décisions montrent pour moi deux choses.
40:09 La première, c'est qu'ils ne veulent pas faire une relance généralisée.
40:12 On voit qu'ils ont baissé le taux 5 ans, celui qui sert à pricer les prêts immobiliers,
40:16 pas le taux 1 an qui sert à pricer les autres crédits.
40:18 Donc on voit que c'est vraiment ciblé. Il faut stabiliser l'immobilier et le marché domestique.
40:23 Et les banques derrière.
40:24 Du coup, les banques derrière. Et puis les ménages, qu'il n'y ait pas trop de remous là-dedans.
40:30 Ça, a priori, ils peuvent encore le faire et pour le faire.
40:33 Ce qu'on voit aussi, c'est que si le président continue sa stratégie de reprendre le contrôle,
40:38 même s'il continue à dire qu'il veut libéraliser les marchés et tout ça.
40:43 Le grand papier du FTI retourne des milices de l'armée rouge dans les entreprises chinoises.
40:48 Des services de sécurité fournis par l'armée rouge dans les entreprises chinoises.
40:52 Et ça, c'est pas de nature à donner très confiance à l'extérieur.
40:55 Moyennement, moyennement.
40:56 Merci beaucoup messieurs. Bon Nvidia à vous trois.
41:00 On se retrouvera dans le monde d'après.
41:03 Edmund Sching était avec nous.
41:05 Le directeur mondial des investissements de BNP Paribas Wealth Management.
41:08 Wilfried Galland, directeur stratégiste de Mon Pensier Finance.
41:10 Et Xavier Chappard, stratégiste chez LBPAN.

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