• il y a 8 mois
Eliot Deval reçoit Gilles-William Goldnadel et Julien Dray, deux éditorialistes aux idées diamétralement opposées, dans #FaceaFace le dimanche à 19h.

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Transcription
00:00 *Générique*
00:10 J'ai jamais vu, je l'ai jamais vu regarder en fait.
00:12 Quasiment 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour le face à face.
00:16 Julien Drey, Gilles William, Golnadel, bonsoir.
00:18 Bonsoir.
00:19 A tous les deux.
00:20 Hier soir, l'Iran a donc franchi un cap historique en attaquant pour la première fois directement Israël
00:28 avec des missiles, avec des drones. 90% de ces frappes ont été interceptées.
00:34 Je me tourne tout de suite vers vous William, puisque vous revenez d'Israël.
00:40 Vous étiez présent sur place hier.
00:42 Oui.
00:43 J'ai le souvenir que dans votre livre "Journal de guerre" que vous commencez au 7 octobre
00:50 et vous revenez jour après jour et le 7 octobre vous dites, vous écrivez rien.
00:55 Rien ne ressort du 7 octobre, le jour du 7 octobre.
00:58 Oui.
00:59 Qu'est-ce qui ne ressort d'hier soir en Israël ?
01:02 Là j'étais quand même sur place, ça n'a strictement rien à voir.
01:06 C'est pour ça que je vous demande.
01:07 Non, ça n'a rien à voir.
01:09 Je suis sur place. Je dois partir le lendemain matin de très bonne heure avec mon petit-fils
01:20 qui doit passer quelques jours à Paris.
01:24 Et donc c'était une grande joie.
01:28 Et il arrive ce qu'il arrive et pendant toute la soirée, on a attendu les drones et les missiles balistiques.
01:45 C'est ça qu'on attend.
01:46 Et donc on sait que les drones vont mettre plusieurs heures
01:50 et on sait que les missiles balistiques vont aller très vite.
01:55 Donc je dors juste à côté d'un abri dans mon appartement, vraiment juste à côté.
02:04 Mais il n'était pas question de pouvoir trouver le sommeil puisque le missile pouvait arriver d'un instant à l'autre.
02:11 Donc il n'était pas question dans mon esprit de pouvoir repartir le lendemain.
02:17 Je pensais que j'allais être vraiment, j'allais devoir rester.
02:22 Ce qui, entre nous, soit dit, si ça s'était mal passé, je dis franchement que je n'étais pas mécontent de rester de ce point de vue-là.
02:29 Bon, et puis contrairement à tout ce...
02:33 J'échangeais avec mon fils qui connaissait assez bien.
02:38 Contrairement à ce que l'on a craint, 99% des missiles ont été arrêtés.
02:50 Donc ça change tout.
02:54 Ça change tout.
02:56 Maintenant, ne me demandez pas si j'étais dans le désespoir.
02:59 Je n'étais pas dans le désespoir.
03:01 Je n'étais pas dans la crainte.
03:04 Je n'avais aucune crainte.
03:06 J'étais dans la colère.
03:09 J'étais dans la colère.
03:11 J'étais dans le souci du lendemain, pour le pays et pour les miens.
03:16 Mais rien à voir de ce point de vue-là, rien à voir avec le 7 octobre.
03:21 Parce que là, on savait qu'il y avait une armée, on savait qu'il pouvait y avoir une riposte.
03:28 On savait ce qui se passait.
03:30 C'est un anti-7 octobre d'une certaine manière.
03:34 Rien à voir, vraiment.
03:36 Donc voilà ce que je peux vous dire encore à chaud.
03:39 Et le lendemain matin, alors même que l'espace aérien avait été fermé,
03:45 à ma grande surprise, il a rouvert.
03:50 Et nous sommes partis.
03:52 Et vous êtes sur ce plateau, et on est très heureux de vous avoir sur ce plateau, cher William.
03:56 Julien Dray, vous l'avez vécu comment cette nuit-là ?
04:02 Je sais que vous avez des proches qui sont en Israël, que vous avez des amis là-bas.
04:06 Je me permets de, juste, et on y reviendra dans un instant sur Israël et sur l'Iran,
04:12 mais de tous les invités que nous avons depuis le 7 octobre, depuis des mois donc,
04:17 je crois que vous êtes le premier à avoir dit sur ce plateau
04:22 que la menace prioritaire existentielle pour Israël était le Hamas,
04:29 pouvait être le Hezbollah, mais que tout cela était piloté, peut-être,
04:35 ou très certainement, par une menace beaucoup plus forte et plus importante qui est l'Iran.
04:40 Vous avez la confirmation de cela ?
04:43 Alors, moi je l'ai vécu comme, je pense, l'ensemble de toutes les personnes
04:51 qui sont aujourd'hui impliquées dans ce qui est en train de se passer,
04:55 que ce soit juive ou pas juive d'ailleurs, comme un drame,
04:59 parce que je veux bien que, comme me dit M. Malbruno,
05:03 dans un commentaire qu'il a fait cet après-midi,
05:05 c'était une chorégraphie bien organisée, c'est-à-dire un simulacre,
05:10 mais quand vous voyez les fusées partir, quand c'est des missiles balistiques,
05:14 je ne vois pas en quoi ça peut être une chorégraphie organisée.
05:17 Donc il y avait vraiment intention de tuer, et de tuer le plus possible.
05:22 Alors il y a eu quelque chose qu'il n'avait pas prévu,
05:25 d'abord une grande solidarité internationale,
05:27 ce qui fait que les informations ont circulé énormément,
05:30 mais que les choses soient claires, 90% des drones et des missiles qui ont été détruits
05:36 ont été détruits par l'armée israélienne, contrairement à tout ce que je lis,
05:39 aussi sur Twitter, on dit c'est l'Amérique, etc. 90%.
05:42 Et les Jordaniens ont été informés par les Israéliens et ont abattu des drones,
05:46 parce que les Israéliens leur ont fait savoir que ces drones risquaient de tomber en Jordanie.
05:51 Et c'est pour ça aussi qu'ils les ont abattus.
05:55 Alors on a évité un drame parce que l'armée israélienne était préparée depuis longtemps,
06:00 par contre, à ce type d'agression, parce qu'elle a une technologie extraordinaire
06:04 que le monde entier va lui envier maintenant,
06:07 qui a été mise au point, mais c'est quand même dramatique ce qui s'est passé.
06:12 Vous regardez les images, les images des salves qui partent,
06:19 et vous vous dites "Ces gens-là, ils font une chorégraphie, c'est une mise en scène,
06:22 c'est calibré, ils font ça juste pour sauver l'honneur de l'Iran ?"
06:26 Mais qui se moque du monde ? Qui se moque du monde ?
06:30 Et dans les heures qui suivent, j'ai vu sur Twitter des gens me dire
06:32 "Mais tout ça, c'est encore la faute d'Israël, parce que vous comprenez,
06:35 ils ont attaqué une ambassade en Syrie, au passage, et je le dis pour France Info,
06:40 parce que j'espère que la directrice de France Info va le corriger."
06:43 Oui, voilà, je me permets de le faire ça.
06:45 C'est beau l'espoir.
06:47 C'est contagieux, c'est-à-dire que vous faites du con.
06:50 Toute la journée d'hier, j'ai fait exprès d'écouter, la rédaction de France Info disait
06:55 "Israël qui a attaqué une ambassade, l'ambassade iranienne au Liban."
06:59 En Syrie.
07:00 En Syrie.
07:01 Ce n'est pas une ambassade qui a été attaquée, c'est un local athenant
07:05 dans lequel se trouvaient les coordinateurs des opérations du 7 octobre.
07:09 Et d'ailleurs, ils le font ça exprès, parce que comme ils cachent les armements
07:13 dans les maternités et dans les écoles, ils font la réunion des tueurs
07:17 à côté des ambassades pour faire croire qu'eux.
07:20 Donc, je dirais que ce n'est pas une riposte à quelque chose qui s'est passé auparavant.
07:25 Je veux ajouter quelque chose là-dessus.
07:28 J'en parlais déjà la semaine dernière dans Le Figaro,
07:31 alors que je n'étais pas au courant de ce qui allait arriver.
07:33 On fait de la pub pour tout le monde, France Info, Le Figaro.
07:36 Le Figaro, j'ai rien à dire.
07:38 - Je lis Le Figaro avec un peu plus de plaisir que je n'écoute France Info.
07:43 Non, la réalité, c'est que quand j'entends que c'est une première
07:49 d'avoir attaqué une légation diplomatique, c'est un immense mensonge.
07:56 D'abord, comme le dit très bien Julien Drey, c'était l'annexe d'un consulat
08:02 où il n'y avait que les gardiens de la Révolution, d'accord,
08:06 et dans un pays, la Syrie, avec lequel Israël est en état de belligérance.
08:14 D'accord ? Il s'est passé quelque chose.
08:17 J'en avais parlé dans Le Figaro, mais ce jeudi, jeudi 10 avril,
08:21 c'est dommage que la presse ne soit pas intéressée à ça,
08:24 jeudi 10 avril, la justice argentine a enfin condamné l'Iran
08:33 pour avoir attaqué l'ambassade d'Israël à Buenos Aires.
08:43 L'Iran n'était pas en état de belligérance avec l'Argentine.
08:47 Il y a eu 75 morts, et je vous promets que ces 75 morts,
08:50 ils étaient moins innocents que les gardiens de la Révolution.
08:52 Donc en réalité, alors c'était il y a 30 ans, mais ça n'est pas prescrit,
08:57 puisque la justice, la réalité, c'est que l'Iran n'a pas cessé.
09:02 L'Iran qui a juré la destruction de l'entité sioniste.
09:09 L'Iran qui passe son temps à commettre des attentats terroristes partout.
09:14 L'Iran qui a tenté de faire un attentat à Villepinte, en France.
09:19 Écoutez-moi, regardez la paresse intellectuelle de nos médias.
09:24 Il y a deux ans, l'Iran a tenté de faire un attentat à Villepinte
09:32 contre la principale organisation d'opposants iraniens.
09:36 Les terroristes, ils ont été arrêtés par les Belges.
09:41 Les terroristes iraniens ont été condamnés par la Belgique.
09:45 Les Iraniens ont arrêté quelques étrangers en Iran,
09:51 ils en ont fait des otages, et du coup, la justice belge,
09:55 alors qu'ils étaient condamnés, les a échangés contre les otages.
10:01 Vous avez entendu quelque chose contre la Belgique ?
10:04 Vous avez entendu la France protester, alors même que l'attentat avait été commis à Villepinte ?
10:09 Donc, s'il vous plaît, il y a une absence d'esprit critique,
10:13 sur le plan médiatique, invraisemblable, par rapport à la tyrannie islamique,
10:19 qui n'a d'égal que l'esprit critique envers un certain pays que je ne nommerai pas.
10:24 Vous avez parlé de ces images qui ont évidemment mis Israël en alerte,
10:30 l'angoisse sur le territoire, mais je dirais même le monde en alerte hier soir,
10:35 lorsque l'Iran décide de lancer ses missiles de croisière, et également des drones.
10:42 Regardez.
10:44 (Vidéo)
10:47 (Vidéo)
11:16 Et je vous propose une autre séquence à présent, ça se passe au Parlement iranien,
11:21 et les responsables politiques scandent "à mort Israël, à mort les États-Unis".
11:27 (Vidéo)
11:52 Vous l'avez dit à juste titre, 99% des frappes, des missiles ont été interceptés.
11:58 Mais en l'état, quand on voit que le monde a retenu son souffle le temps de 24 heures,
12:04 et que la pression n'est absolument pas retombée, bien au contraire,
12:08 aujourd'hui après les appels au calme, est-ce que l'offensive iranienne est un échec ?
12:14 Non. Si vous voulez, on va essayer d'expliquer maintenant que tout ça n'était qu'un simulacre
12:19 pour sauver l'honneur des molas.
12:21 La vérité c'est que si cela avait été que des drones, à la limite on aurait pu se dire
12:25 peut-être qu'ils ont fait ça.
12:26 Mais les missiles balistiques, ce n'est pas de la rigolade.
12:29 Les missiles balistiques, c'est capable, ça va dans l'atmosphère,
12:34 et quand ça tombe, en général ça peut détruire au minimum 500, 600 personnes du premier coup.
12:40 Et personne n'a la capacité d'être certain de savoir où ça tombe,
12:44 justement parce que ça va dans l'atmosphère, etc.
12:47 Donc ce n'était pas de la rigolade, ce n'était pas une mise en scène.
12:50 Il y avait une volonté délibérée.
12:51 Et donc tous ceux qui depuis quelques heures essayent de justifier pour,
12:54 évidemment, comme toujours, appeler Israël à la modération,
12:58 pour dire qu'il ne faut pas créer de riposte, il faut essayer d'attendre,
13:01 ceux-là, excusez-moi, sont des imbéciles de l'histoire.
13:05 Et je le dis comme tel.
13:06 Des imbéciles de l'histoire parce qu'ils ne comprennent pas l'adversaire qui est en face d'eux.
13:10 Parce que là c'était des missiles balistiques.
13:12 Mais si c'est demain des bombes atomiques, ils diront quoi ?
13:15 Donc oui, la réponse, l'offensive iranienne, elle est là.
13:20 Elle a essayé, elle cherche à impressionner le monde.
13:23 Donc est-ce que c'est une réussite ou un échec ?
13:25 C'est un premier échec parce qu'ils ne s'attendaient pas à une telle organisation
13:30 et un tel déploiement.
13:31 Ils espéraient saturer l'espace aérien et que donc finalement,
13:35 il y aurait des trous et que ça tomberait.
13:37 Mais attendez, comment voulez-vous ?
13:38 C'est quand même pas des crétins, pas des crétins.
13:41 Comment voulez-vous, un seul instant, qu'ils aient pensé que c'était un coup de génie,
13:47 un coup de maître pour eux, d'envoyer autant de drones
13:51 et envoyer autant de missiles balistiques, sans en vérité réussir quoi que ce soit
13:56 et en permettant au contraire à Israël de faire montre de sa capacité à pouvoir les détruire ?
14:04 C'est quand même au contraire un échec cuisant.
14:08 Je ne dis pas qu'ils voulaient détruire, je ne dis pas du tout qu'ils voulaient entrer en guerre totale avec Israël
14:14 parce que dans ce cas-là, ils auraient demandé aussi au Hezbollah d'intervenir en même temps,
14:19 de noyer complètement le dôme de fer des deux côtés.
14:23 Non, mais ils voulaient faire une opération militaire en faisant des dégâts importants.
14:29 Ils n'ont pas réussi.
14:31 C'est un échec cuisant.
14:33 Mais oui, sauf qu'ils viennent de montrer au monde qu'ils sont capables de frapper.
14:37 Et là, il y a une image qui est extraordinaire.
14:39 Vous avez la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.
14:43 J'essaye de la donner.
14:45 Et vous avez au-dessus les missiles iraniens qui s'apprêtent à tomber.
14:49 Et c'est l'armée israélienne qui détruit ces missiles et empêche la destruction de la mosquée Al-Aqsa.
14:55 Je vais demander à un régime.
14:57 Voilà la réalité.
14:58 Vous savez ce que ça veut dire ?
15:00 Ça veut dire qu'une grande partie du monde musulman n'attend qu'une chose, c'est que ce régime tombe.
15:04 Il attend qu'une force se mette en mouvement pour faire tomber ce régime, y compris en Iran.
15:09 Parce que moi, je peux vous dire que j'ai pas mal d'amis iraniens, de l'opposition iranienne,
15:12 qui hier soir disaient "cette fois-ci, vous allez y aller quand même, vous n'allez pas nous laisser tomber".
15:17 Dans cette offensive, vous en avez parlé historique, s'est construite une coalition inédite
15:22 avec des États comme la Jordanie qui ont intercepté des drones iraniens.
15:27 D'ailleurs, la Jordanie a communiqué ce matin.
15:29 La Jordanie a intercepté et neutralisé des engins ayant pénétré dans notre espace aérien la nuit dernière.
15:33 Des débris sont tombés dans plusieurs endroits sans faire de blessés.
15:37 Les forces armées jordaniennes feront face à toute menace ou violation mettant en danger la sécurité et la sûreté du pays,
15:43 de ses citoyens, de son espace aérien, de son territoire, d'où qu'elles proviennent, et avec tous les moyens disponibles.
15:50 On reviendra dans un instant sur la coalition occidentale, puisqu'il y a eu une intervention britannique,
15:55 une intervention américaine, une intervention peut-être française,
15:59 mais sur cette intervention française, les autorités sont très discrètes.
16:02 Mais là, on parle des pays comme la Jordanie, l'Égypte qui était en état d'alerte maximale.
16:07 Elle avait beaucoup d'informations.
16:08 On dit que l'Irak aurait prévenu les États-Unis il y a quelques jours de cette offensive.
16:13 Comment vous décodez tout cela ?
16:16 Écoutez, les chiites iraniens et les sunnites des autres pays arabes ne s'adorent pas, ils ne s'aiment pas.
16:27 Le Hamas a mis beaucoup de temps lui-même à se faire une raison et d'accepter une alliance,
16:34 qu'il rend d'ailleurs un peu vassale, de l'Iran.
16:36 Il n'y m'est pas au départ, le Hamas sunnite non plus.
16:39 Donc c'est une explication, une autre explication.
16:42 Je vous avoue que moi, je suis quand même surpris par la réaction jordanienne.
16:49 Je suis assez surpris aussi par la réaction séoudienne.
16:52 Et je suis même surpris agréablement par la réaction politique des nations européennes.
16:58 J'ai tellement été habitué ces derniers mois à un anti-israélisme terrible que vraiment, je suis surpris.
17:07 Pour autant, je sépare complètement les réactions des politiques avec la réaction médiatique.
17:16 Je peux vous dire que Julien a fait allusion à ce qu'on entend sur France Info.
17:23 Je n'ai pas eu l'occasion de lire par exemple ce soir dans le journal Le Monde,
17:30 un éditorial aussi sentencieux, voyez, dont celui-ci a l'habitude,
17:36 lorsqu'il s'agit de m'originer l'adversaire des mollahs iraniens.
17:40 Je pense à l'État d'Israël.
17:42 Là, vous avez une analyse géostratégique, mais complètement découplée de la notion de morale internationale.
17:50 Il y a une maladie de l'idéologie médiatique, c'est qu'elle est d'une sévérité aiguisée,
17:58 comme vous n'imaginez pas, envers un État-nation occidental du Proche-Orient,
18:04 et une manière d'indulgence bienveillante envers un État oriental, fut-il la pire tyrannie islamique de tous les temps.
18:12 La réalité, elle est là.
18:14 Surpris, Julien Dray, par cette coalition inédite, je le disais, face à une attaque historique ?
18:20 Surpris, non, mais pas naïf.
18:25 Parce que je pense que derrière cette intervention, qui a aidé évidemment l'armée israélienne à éliminer les drones,
18:34 il y avait aussi une idée.
18:35 Laquelle ?
18:36 Empêcher la riposte.
18:38 Empêcher que, pour une fois, on fasse ce qu'il faut faire.
18:43 Et j'espère que cette fois-ci, la main ne va pas trembler.
18:47 Moi, vous savez, j'ai assisté à la fin des négociations aux côtés de François Hollande et de Laurent Fabius
18:54 sur l'accord nucléaire iranien.
18:56 Et il faut être honnête, c'est la France qui, jusqu'au bout, a essayé d'empêcher une signature
19:01 que souhaitait M. Obama à n'importe quelle condition.
19:04 Et cette question, elle n'a pas été résolue.
19:07 Et tant qu'elle ne sera pas résolue, on n'avancera pas.
19:10 Pour libérer le monde musulman de la tutelle qui représente aujourd'hui le régime des mollahs,
19:16 le régime des mollahs, pas les iraniens, pas…
19:20 Il faut que la main ne tremble pas.
19:24 Oui, malheureusement, l'explication de Julien, en ce qui concerne au moins les États-Unis,
19:31 je la trouve malheureusement assez convaincante.
19:34 Les États-Unis sont d'accord pour protéger Israël jusqu'à un certain point.
19:43 C'est-à-dire qu'on explique à Israël, par exemple, qu'on va effectivement,
19:47 si ça tourne mal, si ça tournait mal là, on va le défendre.
19:51 Mais si jamais Israël avait la prétention de vouloir aller bombarder les centrales nucléaires,
19:57 parce que le vrai problème est là, de bombarder les centrales nucléaires,
20:01 et si ça tournait mal, alors dans ce cas-là, dans le cadre d'une alliance entre le Hezbollah et l'Iran sur le terrain,
20:10 il n'est pas sûr qu'il ferait le travail.
20:12 Le chantage, il est un petit peu là dans le discours de Biden.
20:16 Mais justement, venons-en aux États-Unis, parce que l'intervention militaire occidentale,
20:22 les États-Unis ont publiquement annoncé il y a quelques jours le risque d'une offensive iranienne,
20:28 et cette alerte qui a été lancée justement par Joe Biden.
20:31 Vous avez, je le disais, la Grande-Bretagne qui, ce matin même,
20:35 encore avec Richie Sounak, a annoncé avoir intercepté des missiles.
20:38 La France reste plus discrète.
20:40 Stéphane Séjour en est, le ministre des Affaires étrangères,
20:43 qui sera l'invité du 20h de France 2, peut-être que là il annoncera qu'effectivement,
20:47 la France est intervenue pour faire tomber des drones.
20:51 La question qu'on peut se poser aussi, c'est,
20:55 est-ce que l'attaque, l'offensive iranienne est le symbole d'une perte de vitesse,
21:02 d'une puissance en faiblesse qui est les États-Unis ?
21:06 C'est ce que dit Donald Trump par exemple.
21:10 Ça c'est la campagne électorale américaine, j'en sais rien.
21:13 Ce qu'on sait, c'est qu'on a une Amérique qui est très hésitante.
21:15 Elle est d'autant plus hésitante qu'à la veille d'élections qui sont très disputées,
21:20 qu'il y a des États où il y a des blocs de population
21:24 qui peuvent se déplacer à un moment donné et peuvent faire gagner les uns et les autres.
21:27 Mais on a une Amérique qui est très hésitante.
21:29 Vous l'avez vu, M. Biden, un jour, il dit "vous allez voir ce que vous allez voir",
21:32 puis le lendemain il dit "attention, je gronde M. Netanyahou" mais en même temps.
21:36 Donc on a une Amérique hésitante.
21:38 Mais on a une Amérique hésitante depuis M. Obama.
21:42 Pour vous, et ce n'est pas la première fois que vous le dites d'ailleurs,
21:46 la bascule s'est faite avec Barack Obama.
21:49 Oui, parce que pour moi, Barack Obama a été une énorme déception
21:52 par rapport à tout ce qu'il représentait.
21:54 Et que dans la confrontation internationale, M. Obama n'a pas tenu le rôle qu'il aurait dû tenir,
22:01 déjà dans la confrontation avec le régime de Faisal Assad.
22:04 Je vous rappelle qu'à deux heures de l'intervention, il a tout annulé,
22:08 mettant en péril des dizaines de soldats français qui étaient pré-positionnés.
22:12 Vous n'avez pas l'air si déçu que ça par Barack Obama, comme si vous n'attendiez pas grand-chose.
22:18 Ah non, non, non, non, je sais bien que c'est un face-à-face,
22:20 mais là ça risque d'être un côte-à-côte, parce que je suis,
22:22 j'abonde complètement dans le fait que Obama a une très grande responsabilité.
22:27 Il avait édicté une ligne rouge.
22:31 Vous vous souvenez de la ligne rouge ?
22:33 Oui.
22:34 La ligne rouge d'Obama, si jamais les Syriens allaient au-delà, etc.
22:39 Au grand dam de François Hollande, qui était très ferme sur la question, c'est vrai aussi,
22:46 Obama n'a pas respecté ses propres lignes rouges,
22:51 et les Iraniens et les Syriens en ont profité, ça c'est la réalité.
22:56 Mais je voudrais ajouter une dimension supplémentaire dans la position de Biden.
23:02 C'est qu'il n'y a pas que le fait de ne pas vouloir en découdre,
23:07 et que je suis encore un petit peu obamesque, non, il n'y a pas que ça.
23:10 C'est que malheureusement, au sein de l'opinion américaine démocrate,
23:17 vous avez une partie wokiste qui regarde, encore une fois,
23:23 avec beaucoup plus de sévérité, un État-nation occidental que des anti-urbanais.
23:28 La réalité, elle est là.
23:30 Et donc, ça n'est pas pour rien s'ils n'ont pas pleuré,
23:35 les femmes qui violaient des kibbutz, parce qu'elles avaient été violées
23:42 par des non-mâles blancs qui ne pouvaient donc pas être tout à fait détestables.
23:47 Et M. Biden, il fait les comptes, il sait qu'il peut perdre le Michigan à cause de ça,
23:54 il est obligé de faire attention.
23:56 On est parti sur les États-Unis, on revient juste après la publicité, s'il vous plaît, Julien.
24:00 On revient dans un instant avec la France, parce que le président Emmanuel Macron a réagi,
24:05 strict minimum, c'était une réaction sur Twitter à 10h ce matin.
24:11 Donc, on en parlera, peut-être que là aussi, il y a un enjeu de politique intérieure.
24:15 Il ne faut pas diviser la nation sur ces questions-là.
24:19 On en parle juste après ?
24:20 D'accord.
24:23 À un peu moins de 19h30 sur CNews, on poursuit le face-à-face Julien Dray, Gilles-William Golnadel.
24:29 Un face-à-face particulier après cette attaque historique de l'Iran contre Israël
24:34 et ses missiles et drones envoyés hier soir.
24:38 Je voudrais qu'on en revienne à l'intervention militaire occidentale.
24:41 Je le disais, les États-Unis ont prévenu, les États-Unis ont renforcé leur armée dans la région.
24:48 Ils sont intervenus cette nuit, ils l'ont annoncé également,
24:51 tout comme la Grande-Bretagne.
24:53 Et pour l'instant, la France est très discrète.
24:57 On ne sait pas exactement ce qui s'est passé du côté de l'armée française dans la région.
25:02 Écoutez, Daniel Alevi, c'est le ministre conseiller à l'ambassade israélite de Paris,
25:05 qui nous dit que la France a effectivement eu une action directe pour venir à bout de ces drones.
25:14 Alors tout d'abord, je voudrais remercier la France pour les messages qui ont été publiés ce matin par monsieur Macron
25:21 et plus tôt cette nuit par le ministre des Affaires étrangères, monsieur Sejournet,
25:26 qui ont condamné sans appel évidemment cette attaque de l'Iran
25:30 et qui ont exprimé leur solidarité avec Israël.
25:34 D'autre part, ce que je pourrais dire pour vous répondre plus directement à la question,
25:38 c'est que la France a été active, a été impliquée dans le système mis en place pour protéger Israël.
25:48 Je ne voudrais pas rentrer plus en détail sur ce qu'elle a fait cette nuit.
25:53 Active et impliquée.
25:56 Voilà les déclarations d'un diplomate, pas besoin de faire une grande traduction.
26:01 Il parlait de la déclaration d'Emmanuel Macron, qui est d'ailleurs la seule depuis hier.
26:05 "Je condamne avec la plus grande fermeté la taxe en précédent lancée par l'Iran contre Israël,
26:09 qui menace de déstabiliser la région.
26:11 J'exprime ma solidarité avec le peuple israélien et l'attachement de la France à la sécurité d'Israël,
26:16 de nos partenaires et la stabilité régionale.
26:18 La France travaille à la désescalade avec ses partenaires et appelle à la retenue."
26:24 Depuis le 7 octobre, vous êtes assez dur concernant Emmanuel Macron.
26:29 Vous dites "je ne le crois plus, je n'écoute plus".
26:31 C'est-à-dire qu'un jour il dit "ah le con", il fait le contraire.
26:34 Oui, là c'est un gentil petit communiqué, encore qu'à la fin quand même...
26:39 Ah ben rien à la fin !
26:41 À la fin oui, je dis que c'est un gentil petit communiqué, mais à la fin quand même, dans la queue le venin,
26:46 c'est-à-dire qu'il explique quand même la retenue, ça veut dire qu'il n'est pas question
26:51 qu'Israël réplique, notamment en bombardant les centrales nucléaires iradiennes.
27:00 C'est ça, c'est tout.
27:03 Je voudrais vous dire autre chose aussi, en passant.
27:06 Je ne sais pas ce qui explique peut-être la retenue, mais je le dis quand même.
27:10 Vous savez que l'Iran détient des otages français dans les geôles iraniennes en ce moment.
27:19 Vous ne le savez sans doute pas, vous êtes excusables, personne n'en parle.
27:22 Les journaux s'en moquent totalement.
27:24 C'est des gens qu'on va chercher, on les accuse d'espionnage et puis on les garde comme ça en échange.
27:30 Tout le monde s'en fout, pardon pour l'expression.
27:33 La presse française a commencé, il y a, pardon de le dire, je ne le répéterai jamais assez,
27:41 une indulgence invraisemblable envers la tyrannie islamique parce qu'elle est islamique.
27:47 D'accord ? Voilà la réalité.
27:49 Je vous donne la toute dernière dépêche qui vient de tomber.
27:51 Les États-Unis ne participeront pas à une éventuelle riposte israélienne contre l'Iran.
27:57 Voilà ce que dit un haut responsable américain.
28:00 Traduction.
28:02 Ils ne participeront pas à l'opération militaire ?
28:05 Mais d'un certain point de vue, je vais être très provocateur ce soir.
28:08 Je pense que l'armée israélienne est prête pour cette opération.
28:11 Elle n'a pas besoin de l'Amérique.
28:13 Parce que c'est ça depuis le 7 octobre, la question qui est posée.
28:16 Contrairement à ce que pense une certaine gauche, contrairement à ce que prend un certain nombre d'observateurs,
28:21 c'est la survie de l'État israël qui est en cause.
28:24 Et c'est ça que le peuple juif a compris partout où il est dans le monde.
28:28 Partout.
28:29 Il n'y a pas un juif qui n'a pas compris que quelque part l'histoire pouvait recommencer.
28:34 Et que donc, cette fois-ci, on devait être à côté, aux côtés du peuple israélien.
28:39 Qu'on ne pouvait pas douter une seule seconde de cela.
28:42 Et donc Israël va se défendre.
28:44 Parce que c'est son droit.
28:46 C'est le droit à l'existence.
28:47 C'est le droit à une existence millénaire d'un peuple qui a subi tout dans l'histoire.
28:51 Et quand il a un État, on lui conteste encore le droit de cet État.
28:55 Alors qu'aux autres, tout est permis.
28:57 Benny Gantz qui en a parlé cet après-midi et qui dit "le prix à payer à l'Iran, le moment venu".
29:03 Face à la menace iranienne, nous mettrons en place une coalition régionale
29:10 et ferons payer le prix à l'Iran de la manière et au moment qui nous conviennent.
29:14 Et surtout, face à la volonté de nos ennemis de nous nuire, nous continuerons à nous unir et à devenir plus forts.
29:19 Benny Trazek.
29:21 Julien Dray disait "l'Israël est prêt".
29:24 Quelle réponse doit apporter Israël à cette attaque historique ?
29:29 Ah non mais...
29:31 La formulation américaine, comme l'a souligné Julien, n'est pas inquiétante.
29:39 Il n'est pas indiqué que l'Amérique réprouverait une réponse israélienne.
29:46 Et quand ils ne partiront pas, ça tombe bien, on ne leur demande pas.
29:49 La réalité, elle est là.
29:51 Après, ce qui se passera, c'est autre chose.
29:53 La manière dont ensuite ça pourrait flamber.
29:56 Non, donc...
29:58 C'était quoi votre question ?
30:02 La question c'était "quelle pouvait être la réponse israélienne ?"
30:05 Ah non mais, écoutez-moi, je pense même que Benjamin Netanyahou a eu tort,
30:14 ça fait longtemps qu'il est au pouvoir,
30:17 a eu tort de ne pas éliminer le danger, le péril nucléaire iranien depuis des années.
30:28 Alors je ne dis pas que c'était forcément facile,
30:31 sans les Américains, sans les bombes, certaines bombes, mais il a eu tort.
30:35 Mais là, réellement, c'est maintenant ou jamais.
30:39 On est dans les derniers mètres.
30:42 Pourquoi croyez-vous également que les Iraniens font quand même attention aussi ?
30:46 Encore une fois, ce n'est pas des stupides.
30:49 Je peux vous dire que les Mollahs n'auront pas la même tête,
30:52 ils n'auront pas le même discours, ils n'auront pas la même attitude.
30:56 Le jour d'après, le fait qu'ils auront la bombe nucléaire,
31:01 je ne vous dis pas par exemple qu'ils enverront immédiatement des missiles nucléaires sur Israël,
31:08 mais ils pourront par exemple, ils ont du monde,
31:11 ils pourront par exemple mettre 100 000 soldats en Syrie,
31:16 le long de la frontière, ils pourront tout faire.
31:19 Pour l'instant, il y a encore Israël à cette possibilité-là, ils le savent.
31:24 Donc, pardon, donc bien entendu que c'est maintenant ou jamais.
31:29 La réalité, elle est là, donc je n'ai pas un seul instant d'hésitation sur ce qu'il faudrait faire.
31:35 Mais d'un certain point de vue, pour Israël, aujourd'hui,
31:39 c'est mieux de s'occuper de ce qu'elle doit s'occuper, sans l'appui des Américains.
31:43 Parce que sinon on aurait dit encore, c'est les Américains,
31:46 c'est l'impérialisme américain, dans la région, etc.
31:50 Là, on est dans un schéma clair, net et précis, et chacun choisit son camp.
31:57 Quand il est un progressiste, quand il est attaché aux valeurs de la République,
32:01 il est contre les Mollahs, et il est pour la liberté des peuples arabes
32:04 qu'il doit se libérer des Mollahs.
32:06 Et donc il faut faire tomber ce régime.
32:08 Et pour faire tomber ce régime, il faut lui enlever sa puissance militaire,
32:12 qui réside dans sa capacité, dans les mois à venir, à avoir l'arme nucléaire.
32:17 Et moi, je peux vous dire qu'il y a beaucoup de capital arabe
32:19 qui, en ce moment, ont passé des messages.
32:21 Parce que n'oubliez pas que l'attaque du 7 octobre,
32:24 c'était aussi pour casser la dynamique des accords d'Abraham.
32:27 – Mais vous impliquez, en cas de conflit entre l'Iran et Israël,
32:33 une réposte militaire à la hauteur des enjeux,
32:38 vous pouvez impliquer un conflit régionalisé avec d'autres pays,
32:42 comme la Russie par exemple, qui n'a peut-être pas été discrète,
32:46 la Russie après la Terrorisme, la Chine, les États-Unis, l'OTAN ?
32:50 – C'est pour ça qu'il faut que l'opération militaire, si elle a lieu,
32:54 je n'ai pas d'informations particulières, j'essaye d'analyser,
32:58 reste une opération israélienne.
33:00 Parce que vous verrez que la Russie, comme elle a été très modérée hier soir,
33:04 comme la Chine, considérons que c'est une affaire régionale.
33:08 C'est pour ça que d'un certain point de vue,
33:10 Israël doit pouvoir se passer de la tutelle américaine.
33:13 – Non mais il faut dire aussi qu'il y a un enjeu extrêmement important,
33:18 c'est pas si simple.
33:20 D'abord on n'est pas sûr de pouvoir totalement anéantir
33:23 le potentiel nucléaire iranien, la manière dont c'est enterré,
33:26 et d'autre part aussi l'enjeu c'est le Hezbollah.
33:29 Le Hezbollah plus l'Iran sont capables de saturer
33:34 la faculté de réaction israélienne et de faire peut-être 10 000 morts en Israël.
33:42 C'est pas une décision qui se prend facilement.
33:45 – Non, c'est une décision qui a été déjà discutée à plusieurs reprises,
33:49 tous les observateurs vous disent qu'il y a eu des tensions,
33:53 y compris même, à un moment donné, l'armée israélienne a empêché
33:57 M. Netanyahou, a déconseillé, et a fait même passer des informations
34:01 aux américains en disant "attention M. Netanyahou"
34:03 parce qu'ils n'étaient pas sûrs de l'efficacité,
34:07 et donc ils avaient peur des conséquences.
34:09 Mais là, moi mon sentiment c'est qu'on est en tournant.
34:11 D'abord je pense qu'hier soir, le fait que la Jordanie, l'Egypte,
34:16 l'Arabie Saoudite aient donné des informations, voilà.
34:19 Et puis, contrairement à ce qu'on dit en France,
34:22 pourquoi l'Iran franchit une étape ?
34:24 Parce qu'elle est en train de perdre la bataille à Gaza,
34:27 parce que le Hamas est à bout,
34:29 et c'est pour ça qu'ils essayent de franchir une nouvelle étape,
34:32 et parce que le Hezbollah qui fait les grands discours
34:35 ne se sent plus en capacité, aujourd'hui,
34:38 de pouvoir mener la bataille comme il veut.
34:40 Donc c'est tout le danger, il est là maintenant,
34:42 c'est que si vous commencez à reculer,
34:44 tout ce qui a été fait aura été inutile,
34:47 et la fois prochaine, ça sera encore plus terrible.
34:49 Je voudrais qu'on revienne maintenant aux conséquences en France.
34:52 On l'a bien vu depuis le 7 octobre,
34:54 il y a eu des conséquences aussi sur notre sol,
34:56 avec des attaques terroristes,
34:58 avec une menace terroriste qui est à son niveau le plus élevé,
35:02 avec des actes antisémites qui ont augmenté de 1000% en quelques mois.
35:08 On va parler de la France insoumise,
35:11 qui a pondu un communiqué cet après-midi pour condamner,
35:14 c'est très intéressant, les mots ont un sens,
35:16 la riposte iranienne hier soir.
35:21 La riposte iranienne,
35:23 ça voudrait dire que c'est Israël qui est attaqué,
35:26 et donc l'Iran a riposté.
35:29 Je vais vous proposer une séquence,
35:31 c'était au meeting de la France insoumise à Montpellier cet après-midi.
35:34 (Applaudissements)
35:39 (Protestations)
36:08 (Applaudissements)
36:33 C'était donc en meeting à Montpellier,
36:35 et à présent on va écouter l'une des candidates
36:38 qui est sur la liste des européennes et de Manon Aubry,
36:41 à savoir Mme Rima Hassan.
36:43 La Palestine est un sujet européen,
36:47 car nous sommes tous, d'une manière ou d'une autre, des Palestiniens.
36:53 (Applaudissements)
36:58 Alors camarades insoumis, je compte sur vous,
37:01 je compte sur votre mobilisation le 9 juin prochain,
37:05 pour qu'on reconnaisse enfin l'état de Palestine,
37:07 comme va le faire l'Irlande et l'Espagne.
37:10 Et Rima Hassan est allé un peu plus loin, je me permets,
37:13 parce que ce n'est pas toute la déclaration.
37:16 Rima Hassan, donc, nous sommes tous Palestiniens,
37:20 nous sommes le camp de la paix,
37:22 la paix est un programme politique, c'est le nôtre,
37:25 ce racisme contre les Palestiniens,
37:28 c'est les restes du colonialisme, pardonnez-moi,
37:31 l'Europe arme le régime génocidaire israélien.
37:35 Mais là, il s'est passé quand même quelque chose,
37:38 ils essaient de rattraper le coup.
37:39 Si on peut remonter le souci.
37:40 Non mais ils ont essayé,
37:42 la déclaration que vous avez faite,
37:44 qui condamne la riposte iranienne,
37:46 pour rattraper le coup,
37:48 parce que hier, ça a été extraordinaire ce qu'ils ont fait.
37:52 Les déclarations de messieurs Portes, de monsieur Guiraud,
37:59 de monsieur Coquerel et aussi de l'inénarrable Hercilia Soudé,
38:04 étaient pour condamner Israël lors de l'attaque iranienne.
38:12 Il n'y avait même plus la Libye palestinienne,
38:15 il n'y a pas la Palestine.
38:18 Il y a la détestation de l'État juif d'un côté,
38:23 et la vénération de la tyrannie des mollas de l'autre.
38:28 Alors, quelle est l'explication là-dessus ?
38:31 Qu'est-ce qui se passe ?
38:33 Alors, dans leur tête,
38:36 bien entendu qu'il y a de l'antisémitisme de toujours,
38:41 l'obsession d'Israël,
38:45 et je persiste à le dire en ce qui me concerne,
38:48 il y a la détestation de l'Occident,
38:52 la détestation du monde judéo-chrétien.
38:57 Et moi, je peux vous dire, les Français,
39:00 ils le comprennent parfaitement,
39:02 parce que, en tout cas, les Français qui pensent, par exemple,
39:08 que de souhaiter d'expulser des violeurs étrangers,
39:19 ce ne soit pas xénophobe,
39:22 ils peuvent comprendre complètement
39:25 que ceux qui pensent que c'est xénophobe,
39:27 ce sont les mêmes qui sont dans la détestation
39:30 de l'État-nation occidentale en Orient.
39:32 La réalité, elle est là.
39:34 Il y a bien sûr de l'électoralisme sordide,
39:37 mais il y a au fond une détestation d'une certaine manière,
39:42 je parle toujours crûment,
39:44 il y a ce racisme anti-blanc qui les lie tous entre eux.
39:49 - Je crois que...
39:51 J'ai toujours été réticent, vous l'avez remarqué,
39:53 à cette notion de racisme anti-blanc.
39:55 - Enfin une divergence !
39:56 - Oui, parce que je pense que c'est une rupture politique
40:00 qu'ils sont en train de consommer.
40:02 Ils sont en train de revenir à ce que
40:04 un penseur allemand a appelé le socialisme des imbéciles,
40:07 ce socialisme antisémite.
40:09 C'est ça, ce à quoi ils sont conduits aujourd'hui.
40:12 À considérer que dans la lutte contre l'impérialisme américain,
40:16 Israël n'est que la pointe avancée de cela,
40:19 et que donc la cohérence pour eux,
40:21 c'est d'être contre les Juifs,
40:23 parce que ce sont les Juifs qui manipulent le monde.
40:25 - Pas seulement les Juifs.
40:26 - Je pense que c'est contraire à toutes les valeurs,
40:29 pas simplement de l'Occident judéo-chrétien,
40:31 c'est contraire à toutes les valeurs de la République.
40:33 Parce qu'en Iran, le peuple iranien,
40:36 quand il va se mettre en mouvement,
40:38 et quand il se met en mouvement,
40:39 quand il se bat,
40:40 il se bat autour des valeurs d'universalité
40:43 que la République a inventées.
40:45 - Et encore une fois, vous étiez l'un des premiers,
40:47 je me souviens très bien de l'année dernière,
40:49 à vouloir parler de cette révolution iranienne,
40:54 de la jeunesse iranienne, lorsqu'on faisait ça, ce dispute.
40:57 Vous étiez face à chaque fois à Geoffroy Lejeune,
41:01 bien plus compétent que votre...
41:03 - Non, mais parce que, je voudrais, si vous me permettez,
41:06 répondre deux secondes.
41:07 Moi, je suis pour que les Palestiniens aient un État.
41:10 Je ne sais pas comment on va y arriver,
41:11 ça ne va pas être simple.
41:12 Parce qu'il va falloir digérer ce qui s'est passé.
41:14 Je suis pour que la Palestine puisse vivre.
41:16 Et je suis malheureux quand un Palestinien meurt.
41:19 Parce que je n'ai pas de haine.
41:21 Je n'ai aucune haine à l'égard de personne.
41:24 Mais aujourd'hui, les meilleurs alliés du peuple palestinien
41:28 ne sont pas ceux qui crient dans cette salle.
41:31 - Je vous propose d'écouter justement,
41:33 puisque c'est Mona Jafarian,
41:35 elle était l'invité de Punchline tout à l'heure.
41:38 C'est la présidente de l'association des femmes azadis.
41:41 Et elle disait, notamment sur Europe 1,
41:43 le peuple iranien est le premier à condamner ces attaques.
41:46 - Bien sûr.
41:47 - C'est intéressant parce que, vous savez, ces dernières heures,
41:51 on a pu voir arriver via les agences
41:53 des images de liesses dans certaines villes.
41:56 Mais ces images, elles ne représentent pas toute la population.
41:59 - Rien.
42:00 - Elles ne représentent pas la jeunesse.
42:02 - Non, c'est les Pasdharam qui ont organisé des défis en voiture.
42:05 - Qui ne représentent pas cette jeunesse qui se bat,
42:07 ces jeunes femmes au courage extraordinaire,
42:09 qui luttent pour avoir un semblant de liberté,
42:12 retrouver leur liberté.
42:13 - Il y a en Iran, tous les jours, deux exécutions.
42:16 Deux exécutions, en moyenne.
42:18 - Je voudrais l'entendre sur ce qu'elle pense
42:22 des politiques et de la gauche aujourd'hui,
42:25 qui s'est alliée avec ses responsables
42:30 et avec une forme d'islam politique.
42:34 - Sincèrement, si je devais parler sans langue de bois,
42:37 je vous dirais que j'ai l'impression aujourd'hui
42:39 de voir la France comme l'Iran de 1979.
42:41 C'est-à-dire qu'on a une espèce d'alliance contre nature
42:45 entre une extrême gauche,
42:47 qui à la base aurait été censée être laïque,
42:49 mais qui s'allie avec l'islamisme,
42:52 et qui, au nom d'un pseudo-anti-impérialisme,
42:57 mène un combat commun.
43:00 C'est vrai que dans ces moments-là,
43:02 on a quand même envie de leur rappeler
43:04 que les premières personnes à avoir été massacrées
43:06 par les ayatollahs une fois au pouvoir,
43:08 ça a été cette extrême gauche
43:09 qui les a aidées à prendre le pouvoir en Iran.
43:12 Je pense qu'aujourd'hui, en tout cas en tant qu'Iranienne,
43:15 en tant que Française et en tant qu'Iranienne,
43:18 à chaque fois que je vois un communiqué de la France Insoumise,
43:21 qui a besoin de RP ou de com'
43:23 quand on a la France Insoumise à ses côtés ?
43:25 Ramenei devrait leur envoyer des bouquets de fleurs.
43:28 Encore une fois, vraiment, je le dis,
43:30 on était en septembre 2022,
43:32 et Julien m'appelle pour l'émission "Ça se dispute"
43:36 en me disant "Il se passe quelque chose en Iran,
43:39 tu ne sais pas ce qui est en train de se passer,
43:40 il faut absolument le traiter,
43:41 personne ne le traite,
43:42 la mort de Masha Amini,
43:44 parce qu'elle portait mal le voile,
43:46 et chaque week-end,
43:47 on parlait de cette mobilisation iranienne.
43:50 Je me permets, il nous reste trois minutes,
43:52 puisqu'on parlait de Rima Hassan,
43:54 son tweet avant-hier,
43:56 je ne sais pas si vous l'avez vu son tweet,
43:58 "Nous vaincrons, n'en doutez pas,
43:59 les opprimés finissent toujours par vaincre l'oppression,
44:02 nous vaincrons le génocide,
44:04 nous vaincrons la colonisation,
44:06 nous vaincrons l'occupation,
44:07 nous vaincrons l'apartheid,
44:08 nous vaincrons l'injustice",
44:10 et puis c'est son second tweet qui a fait beaucoup parler,
44:13 "Pour ceux qui en doutent,
44:14 nous sommes prêts à tous les sacrifices pour vaincre,
44:18 absolument tous les sacrifices".
44:20 Qu'est-ce que ça veut dire ?
44:22 - Ça, alors là, on est dans le discours islamiste,
44:26 propitiatoire, sacrificiel du Hamas.
44:30 C'est le chef du Hamas qui se félicite
44:37 que de voir ses enfants sacrifiés comme des chahides.
44:43 Mais réellement, alors elle est d'une sincérité parfaite,
44:48 mais elle est d'une dangerosité totale.
44:51 Mais c'est Pari Mahassan qui est intéressante.
44:54 C'est le fait que la France Insoumise ait décidé
44:59 de la mettre à la 7ème place éligible sur sa liste.
45:04 Ça montre à quel point ces gens-là
45:06 ont complètement franchi tout espace possible, si vous voulez.
45:14 Ils ont brûlé leur vaisseau.
45:17 Et quand on regarde les sondages,
45:20 je n'ai qu'une seule explication,
45:23 c'est qu'ils jouent le grand soir.
45:26 Et je ne suis pas sûr que ce soit complètement stupide.
45:30 - En tous les cas, il y a une chose qui est certaine,
45:33 c'est que désormais, la gauche va être obligée
45:36 de clarifier les choses.
45:38 On ne peut plus s'allier avec des gens comme ça.
45:40 - Mais elle ne le fait pas.
45:41 - On ne peut plus s'allier avec des gens comme ça.
45:43 - Pardon, mais elle ne le fait pas.
45:44 - Parce que ce n'est pas la gauche,
45:46 parce que ce n'est pas l'idéal de la République.
45:48 Et que maintenant, il va falloir, je vous l'ai dit,
45:50 que chacun choisisse.
45:51 - Vous avez vu les déclarations de monsieur,
45:53 comment il s'appelle, Glucksmann ?
45:54 - Glucksmann.
45:55 - Vous trouvez qu'il avait là une balle de match au filet
45:59 pour se différencier des Insoumis.
46:02 Il n'était pas sur la Palestine, il est sur l'Iran.
46:06 Il ne trouve même pas le moyen de critiquer
46:10 la position des Insoumis.
46:12 Très sincèrement, même en termes d'efficacité,
46:16 je ne comprends pas.
46:19 - Je crois que vous avez raison.
46:21 - Je relance le débat à 30 secondes de ma fin.
46:22 - C'est toujours le meilleur.
46:23 - On le voit bien, la direction du Parti socialiste,
46:26 qui, il y a moins d'une semaine,
46:27 pondait un communiqué pour dire qu'il ne faut pas
46:29 vendre d'armes à Israël.
46:30 - Voilà.
46:31 - C'est une pratique.
46:32 - Il paraît que votre Hollande a fait la même chose.
46:35 - Pareil.
46:36 - C'était ce dimanche sur France 3.
46:39 - Je pense que la clarification va avoir lieu.
46:41 Je pense qu'il y a beaucoup de responsables politiques
46:43 de gauche qui sont en train de le comprendre.
46:45 - Je n'ai pas vu ça beaucoup.
46:48 - J'en ai beaucoup qui m'appellent en me disant
46:51 qu'ils sont d'accord avec toi.
46:52 - Merci pour cette émission.
46:54 C'était une émission particulière parce que vous avez
46:57 des points communs, idéologiques, sur ce qui est en train
47:01 de se passer en Israël, mais c'est aussi passionnant
47:03 de vous entendre.
47:05 Et malheureusement, il s'avère que vous avez parfois raison
47:09 sur ces sujets-là.
47:10 - Ça peut nous arriver.
47:11 - Si j'avais le sourire et que j'avais envie de rire
47:14 aussi un peu, cher William, c'est que ça me fait plaisir
47:16 de vous avoir sur ce plateau.
47:18 Et que j'étais inquiet pour vous hier.
47:19 - Merci.
47:20 - En plus, je pense qu'il était totalement sincère.
47:22 - C'est vrai.
47:24 La publicité en revient dans un instant.
47:26 Et dans un instant, c'est l'heure des promes.
47:29 Sous-titrage Société Radio-Canada
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