• il y a 7 mois
En avril 2024, nous fêtons les 80 ans du droit de vote des Françaises. Le 21 avril 1944, la France accordait le droit de vote aux femmes, bien après l'Australie, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Allemagne, la Birmanie ou même l'Azerbaïdjan. Pourquoi la France, patrie des droits de l'Homme, a-t-elle attendu si longtemps pour accorder aux femmes ce droit fondamental déjà accordé par 58 pays ou états dans le monde ?

Si dès 1893, la Nouvelle-Zélande adopte le suffrage universel, permettant aux femmes, y compris les femmes Maori, de voter lors des élections législatives, pour la plupart des pays européens il faudra patienter jusqu'à la fin de la guerre de 14/18 pour que les gouvernements adoptent la loi, la médaille des retardataires européens revenant au Lichtenstein et à la Moldavie, qui attendent respectivement 1984 et 1993.

Pourquoi donc cette longue valse-hésitation qui a freiné une décision politique qui semble aujourd'hui si évidente ? Quelles étaient donc les craintes des réfractaires ? Comment, depuis le XVIIIème siècle, les Européennes ont-elles pris part à la vie politique et sociale ? Comment ces « citoyennes sans citoyenneté » se sont-elles inscrites dans la longue marche vers la reconnaissance de leurs droits civils et politiques ? Où et quels ont été les combats et qui les a menés ?

Documentaire écrit et réalisé par : Jean-Frédéric Thibault & Stéphanie Thomas
Année : 2024 / Durée : 53'
Coproduction : Illégitime Défense / LCP-Assemblée nationale

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Transcription
00:00 L'histoire du droit de vote des femmes européennes n'a rien d'un long fleuve tranquille.
00:14 De la Révolution française à la fin du XXe siècle, des groupes de femmes, aidées de quelques hommes,
00:20 se sont engagées pour faire valoir leur statut de citoyennes.
00:24 Elles l'ont obtenue en battant le pavé, se sont fait rayer, humilier, emprisonner, torturer.
00:31 Elles l'ont arrachée aux législateurs, quelquefois par la force, toujours par conviction.
00:36 Pourquoi les pays européens ont-ils tant hésité à prendre cette décision politique qui semble aujourd'hui si évidente ?
00:43 Comment, depuis le XVIIIe siècle, ces citoyennes sans citoyenneté ont-elles pris part à la vie politique et sociale ?
00:51 Quels ont été leurs combats et qui les a menées ?
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01:35 L'histoire de ces femmes combattantes, elle remonte presque à l'histoire des femmes,
01:38 puisque ça commence en vérité au Moyen-Âge avec les saintes, les preuves en armes.
01:45 La plus célèbre, évidemment, c'est celle qui a ensuite été récupérée par le roman national, c'est Jeanne d'Arc.
01:50 Mais en fait, il y en a eu plusieurs centaines, ce qu'on ignore un petit peu.
01:53 Et puis, il y a eu les militantes depuis toujours, et en particulier à partir de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle.
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02:03 Les aristocrates et grandes bourgeoises tiennent des salons littéraires et scientifiques,
02:07 et offrent ainsi aux femmes la possibilité de débattre sur un pied d'égalité avec les hommes.
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02:14 Dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, l'individualisme est à la mode,
02:18 et les écrits de Jean-Jacques Rousseau, qui remet l'homme au premier plan dans la société, font l'actualité.
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02:25 On est dans un mouvement qui est plutôt humaniste, finalement, et qui milite pour un droit fondamental,
02:30 quelque chose qui fera partie bientôt des droits de l'homme.
02:33 Et puis ensuite, on a évidemment un moment très important, qui est la Révolution française,
02:36 avec les premières militantes, au sens propre du terme.
02:39 On a notamment des femmes de milieux plutôt petites bourgeoisies et populaires, qu'on appelle les Dames de la Halle.
02:46 Pourquoi ? Parce qu'elles tiennent les marchés, finalement, au centre de Paris.
02:49 Ou les Poissardes, puisqu'il y a parmi elles beaucoup de marchandes de poissons.
02:53 Et les Haranguères, puisqu'elles vont apostropher les gens.
02:56 Et surtout, c'est les premières pétitionnaires.
02:58 C'est celles qui vont aller, à plusieurs reprises, pendant tout le XVIIIe siècle, à Versailles, plaider la cause du peuple.
03:04 Alors, on ne peut pas vraiment parler d'un mouvement féministe,
03:07 c'est plutôt un mouvement féminin, qui milite pour du pain pour le peuple, du pain pour leurs enfants.
03:13 [Cris de la foule]
03:19 On pense notamment aux citoyennes tricoteuses.
03:22 C'est les femmes qui allaient assister aux procès nombreux à cette période,
03:26 et qui, dit-on, tricotaient en fond de salle pendant qu'elles écoutaient les gens se défendre.
03:33 Et le mot "tricoteuse", ça désigne à l'origine, très concrètement, ces femmes qui n'avaient pas le droit de parole,
03:38 elles avaient juste un droit d'écoute.
03:40 Donc, tout à coup, dans la propagande royaliste, on va dire que ces femmes,
03:43 elles ne se contentent pas d'assister aux délibérations en faisant du tricot.
03:46 Elles vont aussi aller au pied de la guillotine, se délecter du spectacle de la mise à mort des victimes.
03:51 C'est l'un des espèces de figures vampiriques, en fait.
03:54 Ce qu'on voit surtout, c'est quelques groupes de femmes qui essayent d'avoir accès à plus d'éducation,
04:01 à quelques droits, avoir accès à la parole publique, ce qui n'est pas une évidence pour beaucoup d'hommes,
04:06 mais alors encore moins pour les femmes, dont on attend malgré tout qu'elles restent dans la famille,
04:12 pour ne pas la déstabiliser.
04:14 Une des figures évidemment marquantes, c'est Olympe de Gouges,
04:17 qui s'est mobilisée en France au moment de la Révolution,
04:21 donc bien avant beaucoup d'autres, qui a été guillotinée pour cela.
04:25 Et ce qui est intéressant aussi dans son cas, c'est qu'elle s'est aussi beaucoup mobilisée,
04:29 notamment contre la misère, pour d'autres droits que le suffrage féminin,
04:34 et ça montre que souvent, cette lutte était au carrefour de plein d'autres.
04:39 On ne retient qu'Olympe de Gouges, à juste motif, puisqu'elle est quand même l'autrice de la Déclaration des droits de la femme,
04:45 qui est vraiment le premier manifeste féminin.
04:48 Je n'utilise toujours pas le mot féministe, mais il y en a bien d'autres autour d'elle.
04:51 Manon Roland, Théroine de Méricourt, qui est plutôt une figure de femme d'action,
04:57 Claire Lacombe, Pauline Léon, qui sont elles aussi à l'origine d'une pétition très importante à l'Assemblée nationale,
05:03 pour cette fois-ci, le droit des femmes à assurer leur propre défense, leur autodéfense,
05:08 et en particulier donc à s'armer pour pouvoir faire face à la violence de genre,
05:12 qui s'exprime aussi bien par la réaction royaliste que par un certain nombre de républicains misogynes.
05:18 Et donc c'est ça qui va être finalement un moment de rupture très important dans l'histoire du mouvement révolutionnaire français,
05:24 puisqu'on considère qu'elles vont trop loin.
05:27 Les femmes ne gagnent pas beaucoup de choses avec la Révolution française de 1789,
05:35 et donc qu'est-ce qui se passe après ce mouvement, ces émotions de 1789 et des années qui suivent ?
05:43 On va chercher à se rassurer en remettant en valeur cette cellule familiale.
05:50 Donc il y a une sorte de grand renfermement des femmes qui préfigure la révolution conservatrice de Napoléon Bonaparte,
05:58 puisqu'en 1804 on va même créer un cadre légal à cet enfermement des femmes,
06:03 qui vont être dès lors complètement cantonnées à la sphère domestique.
06:07 Donc on resserre les écrous, et notamment en laissant moins de liberté aux femmes.
06:13 Ce qui va être traduit en fait en texte avec le Code civil de Napoléon en 1804.
06:20 Néanmoins, ce Code civil n'apparaît pas complètement de nulle part.
06:25 Il est aussi la traduction des mœurs et des us et coutumes de l'époque.
06:30 À partir du moment où on donne le droit de vote à tous les hommes,
06:33 il y a quand même quelques femmes qui se disent "mais super, pourquoi pas nous ?"
06:38 La Révolution de 1830 va ouvrir les consciences.
06:42 Les femmes commencent à s'organiser en groupe afin de défendre leurs droits.
06:46 Des suffragistes, des femmes qui, à partir des années 1830, en France, en Angleterre,
06:53 dans d'autres pays européens, avec des tactiques militantes qui vont être différentes voire opposées,
06:57 mais qui vont en tout cas toutes militer deux droits fondamentaux.
07:01 D'abord le droit de participer à l'élection, le droit de vote, le suffrage,
07:05 mais également le droit d'être élue démocratiquement,
07:08 c'est-à-dire de présenter des femmes à des fonctions électives.
07:11 Donc là, on va avoir un petit noyau de femmes avec certaines figures,
07:17 et notamment Jeanne de Rouen qui va être, en 1849,
07:21 la première française à se présenter à une élection législative.
07:25 Donc là, on a ce petit noyau de femmes qui militent, qui fait des pétitions,
07:29 qui va voir le maire de Paris pour réclamer le droit de vote, qui fait des journaux.
07:33 Donc elles sont très actives.
07:35 À partir de 1848, le sujet est posé sur la table.
07:40 C'est-à-dire qu'on voit quand même apparaître cette revendication dans la presse.
07:45 Et donc des auteurs féminins et masculins s'en emparent.
07:51 Georges Sand, c'est un cas particulier, c'est vraiment la figure féminine du 19e siècle.
07:57 Georges Sand qui s'habille en pantalon, qui fume le cigare,
08:00 qui revendique des amours homosexuels, lesbiennes, etc.
08:05 Bon voilà, il y a une provocation sur le plan des mœurs.
08:07 Et pour autant, elle est très contre le vote des femmes.
08:11 Elle dit que les femmes ne sont pas assez éduquées,
08:13 elles ne veulent pas le droit de vote, ça ne les intéresse pas.
08:16 Et de toute façon, la priorité, ce doit être les droits civils.
08:20 Et il n'est pas impossible qu'elle pense la même chose pour les hommes.
08:23 Elle considère que ce n'est pas un combat prioritaire,
08:26 et que c'est même un combat probablement prématuré,
08:29 au motif que la femme du 19e siècle est une femme sous emprise,
08:34 et que son vote ne pourrait qu'au mieux redoubler le vote de son mari,
08:38 ou au pire, subir l'autre influence importante de l'époque, celle de l'Église,
08:44 et donc s'opposer à la mise en place d'une république laïque
08:48 qui puisse se démarquer justement de tout pouvoir de l'Église.
08:51 Victor Hugo est favorable au droit des femmes, et il le dit, et il l'écrit.
09:00 Il est notamment invité à un banquier républicain en 1872,
09:05 et lors de ce banquier républicain, il fait un discours pour le vote des femmes.
09:11 Et là où c'est très intéressant, c'est que ce discours est imprimé,
09:15 et que c'est probablement un des éléments qui est tombé sous les yeux
09:21 d'une jeune orpheline qui est dans l'allié, qui s'appelle Hubertine Auclair,
09:24 et qui est libre de ses mouvements, prend ses affaires,
09:28 et arrive à Paris en 1873 avec l'ambition de rejoindre ses groupes
09:34 pour militer en faveur des droits des femmes.
09:37 Hubertine Auclair est la première militante à se déclarer féministe.
09:45 Elle rejoint en 1877 la Ligue française pour le droit des femmes
09:49 avec Victor Hugo comme ancien président d'honneur.
09:52 Elle dira "Une république qui maintiendra les femmes dans une condition d'infériorité
09:57 ne pourra pas faire les hommes égaux".
10:00 Elle s'attaque aux droits de vote, à l'indépendance financière des femmes,
10:04 à la séparation des biens dans les contrats de mariage,
10:07 et même à la féminisation de certains mots.
10:10 En avril 1910, elle se présente comme candidate aux élections législatives,
10:16 imitée par deux autres femmes.
10:18 Leur candidature n'est pas retenue.
10:21 Ses actions de revendication sont largement relatées dans les médias
10:25 qui la font connaître davantage, mais qui la marginalisent.
10:28 De l'autre côté de la Manche, les femmes, organisées depuis le milieu du 19e siècle,
10:36 font entendre leur voix.
10:38 Le mouvement des femmes pour le vote a commencé à prendre de l'ampleur,
10:44 surtout à partir de 1865,
10:47 lorsque John Stuart Mill avait campagne pour être élu au Parlement
10:51 et que le vote des femmes a fait partie de son discours.
10:55 Certaines féministes de la première heure lui ont alors demandé
10:59 de présenter une pétition au Parlement en faveur des femmes.
11:03 John Stuart Mill, qui est un philosophe bien connu,
11:07 va prendre le sujet en main.
11:09 Il est élu au Parlement anglais
11:11 et il va profiter d'un texte de loi sur la réforme du vote
11:17 pour essayer d'intégrer le vote des femmes.
11:20 Et donc, en 1865, il se lance, il dépose ce texte-là.
11:24 Il a alors bien sûr compris qu'il avait le pouvoir de faire bouger les choses.
11:29 Mais l'année 1865 a été très importante,
11:33 car par la suite, des petits groupes de femmes se sont constitués
11:37 dans toute la Grande-Bretagne pour faire campagne
11:40 en faveur du droit de vote des femmes.
11:42 En 1897, elles se sont regroupées
11:45 pour former la National Union of Women's Suffrage Societies,
11:51 la NUWSS.
11:53 Et John Stuart Mill va remettre encore et encore le texte
12:03 à chaque session parlementaire, et ça ne marche pas.
12:07 Inspiré par les Anglaises et les Françaises,
12:09 le mouvement féministe gagne bientôt toute l'Europe.
12:13 A l'autre bout du monde, la Nouvelle-Zélande est le premier pays
12:17 à accorder le droit de vote aux femmes.
12:20 Les femmes ont pu voter en Nouvelle-Zélande dès 1893.
12:26 Il ne faut pas oublier que c'était une jeune nation
12:29 et qu'il y avait beaucoup d'émigrés.
12:31 Je pense donc que tout cela a joué un rôle,
12:34 alors qu'en Grande-Bretagne, c'était une société très ancienne,
12:38 avec de vieilles traditions.
12:40 Et vous aviez certains parlementaires
12:43 qui cherchaient à tirer profit du vote des femmes.
12:46 Les femmes ont obtenu le droit de vote en Nouvelle-Zélande en 1893
12:56 et en Finlande en 1906.
13:00 Ce que beaucoup de gens connaissent de la Finlande,
13:03 c'est qu'il s'agit d'un pays aux milles lacs.
13:05 C'est un pays magnifique, avec beaucoup de forêts,
13:08 des gens sympathiques et de longs hivers.
13:10 Mais ce que la plupart des gens ignorent,
13:12 c'est que nous avons été le premier pays en Europe
13:14 à accorder aux femmes le droit de voter
13:16 et de se présenter aux élections.
13:18 Cela a été possible grâce à des femmes,
13:20 des régions rurales et des villes qui se sont réunies et qui ont dit
13:23 « Nous avons une opportunité, nous sommes en bonne santé,
13:26 nous avons une opportunité, nous sommes en train d'écrire l'histoire,
13:29 nous nous détachons lentement de l'Empire russe,
13:32 faisons en sorte que cela compte, pour tout le monde. »
13:35 Ce moment critique de l'histoire,
13:37 où la Finlande a commencé à se libérer de l'Empire russe,
13:40 a réellement créé un sentiment d'unité entre les hommes et les femmes.
13:44 Parce que nous avions déjà eu notre mot à dire,
13:47 au niveau de la communauté,
13:49 en organisant la charge de travail, en jouant différents rôles.
13:52 Les femmes ne travaillaient pas seulement dans les zones rurales
13:55 ou dans des emplois spécifiquement féminins.
13:57 Elles avaient également une certaine égalité ou équité
14:00 entre les différents rôles qu'elles occupaient dans la société.
14:03 Une des hypothèses pour le caractère très précoce du droit de vote des femmes
14:07 en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Finlande,
14:10 c'est peut-être que justement on est dans des mondes
14:12 qui sont imprégnés d'une culture plutôt des affaires.
14:15 On est chez des hommes qui ont été des pionniers,
14:17 qui ont été des découvreurs, qui ont été aussi des pilleurs,
14:20 qui sont mêlés à toutes sortes d'affaires
14:23 et qui peut-être considèrent que le vrai lieu de pouvoir
14:27 ce n'est pas le lieu de la représentation politique,
14:30 mais précisément celui des affaires.
14:32 Ce qu'on voit aussi en particulier dans le nord de l'Europe.
14:35 Dans le nord de l'Europe, on dit,
14:37 où il y a aussi beaucoup de femmes à la fois élues à des postes parfois importants,
14:41 on dit, c'est bien, elles gèrent les affaires courantes
14:43 et puis pendant ce temps-là, nous on fait vraiment les affaires sérieuses
14:46 que sont le commerce, le business, etc.
14:51 Les Finlandais et les Finlandaises ont compris qu'ils seraient plus forts s'ils s'unissaient.
14:55 Ce principe de solidarité a vraiment été l'argument principal
14:58 pour justifier de l'importance de la participation des femmes en politique
15:02 et de son intérêt pour l'ensemble de la société finlandaise.
15:06 C'est arrivé assez vite.
15:10 C'est à cette époque que ce sentiment s'est développé de plus en plus,
15:13 notamment en Europe.
15:15 Et nous l'avons saisi parce qu'une fenêtre d'opportunité s'est ouverte.
15:20 Si en Finlande, la loi est passée en douceur,
15:23 dans le reste de l'Europe, on considère encore ces féministes comme une incongruité,
15:28 voire un danger extrême pour les hommes.
15:31 Une véritable chasse aux sorcières est organisée.
15:34 Le film "Les conséquences du féminisme", réalisé en 1906
15:46 par la première femme cinéaste, Alice Guy,
15:49 entre pamphlet antiféministe et charge contre le machisme,
15:53 présente un monde inversé,
15:55 sorte de grand remplacement des hommes par les femmes.
15:58 Une femme qui cherche à faire valoir ses droits,
16:02 c'est forcément une femme dans le discours masculiniste,
16:05 misogyne, qui va remettre en question
16:08 la personnalité et l'intégrité de la personne du masculin.
16:12 Elle ne cherche pas simplement à conquérir un droit,
16:15 mais elle cherche à spolier le reste de la société de ce même droit.
16:19 D'où cette image très forte visuellement d'un retournement de situation
16:23 et des hommes qui deviendraient en quelque sorte
16:25 les esclaves de ces femmes affranchies ou émancipées.
16:28 Il y a une sorte de passage à l'action directe,
16:38 à l'action violente et à la rue,
16:40 avec les suffragettes anglaises qui vont être les plus radicales dans cette action
16:46 au début du XXe siècle.
16:48 On a une grande figure qui s'appelle Emeline Ponkhurst,
16:51 qui a trois filles qui elles-mêmes vont toutes s'impliquer dans le mouvement
16:54 et qui vont donc incarner ce combat,
16:57 qui commence avec des manifestations spectaculaires,
17:01 très théâtralisées,
17:03 avec un grand renfort de femmes artistes issues des écoles d'art
17:06 qui vont faire des slogans magnifiques,
17:08 organiser des processions assez incroyables.
17:11 Je pense que les femmes radicales qui voulaient voter
17:34 avaient généralement des maris qui les soutenaient,
17:37 mais elles étaient très peu nombreuses.
17:39 Et il est important de se rappeler que c'est pour cette raison
17:42 que l'Union sociale et politique des femmes a été fondée
17:45 par Emeline Ponkhurst et sa fille aînée Christabel
17:48 et quelques femmes médecins socialistes dans leur maison de Manchester en 1903.
17:53 Emeline et Christabel étaient l'as de faire campagne depuis 1865
18:04 pour l'obtention du droit de vote au Parlement
18:07 pour n'avoir en retour que des belles paroles.
18:10 Maintenant, elles voulaient des actes.
18:13 Donc, elles ont créé ce slogan "Des actes, pas des mots".
18:18 Le pacifisme n'ayant pas été payant, les suffragettes partent en guerre.
18:23 Armées de bidons d'essence et de bâtons de dynamite,
18:26 elles incendient, font exploser ponts et bâtiments d'État.
18:32 Ces pétroleuses iront jusqu'au suicide politique,
18:35 comme Emily Davidson qui n'hésite pas en 1913
18:38 à se faire piétiner par un cheval de l'écurie du roi George V
18:42 lors du derby de Londres.
18:44 Ces obsèques, presque nationales, secouent toute l'Angleterre.
18:50 Les suffragettes anglaises sont régulièrement arrêtées
18:55 et violentées par les forces de l'ordre.
18:58 Et certaines d'entre elles apprennent le jujitsu
19:01 afin de pouvoir terrasser les policemens trop zélés.
19:04 C'est la première fois qu'on utilise le mot "terroriste"
19:14 pour autre chose que la violence de l'État.
19:16 Les actions se multiplient,
19:18 on a un certain nombre de monuments publics incendiés,
19:21 notamment des églises très célèbres,
19:23 la résidence d'un représentant de l'État.
19:26 Une attaque menée au moment d'un derby sur le cheval du roi
19:31 qui entraîne la mort de la suffragette.
19:34 On a toutes ces actions qui se mettent en œuvre.
19:36 Et parallèlement à ça, une violence d'État dans les prisons
19:40 qui va pour le coup choquer l'opinion
19:43 puisque les femmes qui sont capturées à l'occasion de ces actions d'éclat
19:47 vont revendiquer le fait d'être des prisonnières politiques
19:50 et non pas des prisonnières de droit commun
19:52 puisqu'elles sont arrêtées au motif du trouble à l'ordre public.
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20:01 À partir de mars 1912,
20:04 une campagne massive de bris de vitres a été menée dans l'Est de Londres
20:09 qui s'est poursuivie par des actions
20:11 comme incendier des immeubles vides,
20:14 couper des fils téléphoniques,
20:16 brûler des tracts à l'acide sur des terrains de golf réservés aux hommes
20:22 car n'oubliez pas que les femmes n'étaient pas admises dans les clubs de golf à l'époque.
20:27 Elles ont aussi mis le feu aux boîtes aux lettres.
20:31 C'est ainsi qu'elles ont poussé la forme la plus extrême du militantisme
20:36 ce qui ne les a pas rendues très populaires en Europe.
20:41 Elles entament une grande grève de la faim
20:43 qui conduit au bout de quelques semaines à du gavage forcé,
20:47 c'est-à-dire un médecin qui va user de toute son autorité
20:50 pour pratiquer à l'aide d'un entonnoir
20:54 le dépôt de mie de pain mélangé à du lait dans le gosier de ces femmes.
20:59 Donc aujourd'hui on appellerait ça un viol finalement
21:01 puisque c'est l'intrusion violente d'un corps étranger
21:05 dans le corps d'une femme sans son consentement.
21:07 Il s'agissait d'un procédé horrible.
21:13 Il existait deux méthodes principales pour l'alimentation forcée.
21:17 La première d'elles comportait un tube d'environ 1 mètre, 1,20 mètre
21:21 que l'on faisait rentrer dans la narine jusqu'à l'estomac.
21:25 La méthode la plus douloureuse consistait à l'enfoncer dans la gorge
21:29 et dans ce cas la bouche était maintenue ouverte par des baillons en acier
21:35 qui coupaient le côté des joues.
21:43 Comme le montre l'un des journaux du mouvement des suffragettes
21:47 au début de l'année 1914,
21:50 certaines de ces femmes étaient droguées pour faciliter l'introduction des tubes.
21:59 Et ça, ça va faire complètement basculer la majorité silencieuse
22:03 qui n'avait pas d'avis particulier ni pour ni contre finalement ces mouvements de femmes
22:07 et qui va dire voilà ce n'est pas possible qu'en Angleterre au début du XXe siècle
22:10 on continue à pratiquer une violence institutionnelle à l'égard des femmes.
22:15 Les militantes américaines organisées depuis les années 1840
22:21 manifestent en nombre devant la Maison Blanche en 1913 et en 1917.
22:27 Comme leurs consoeurs anglaises, elles sont arrêtées.
22:32 Certaines d'entre elles entament une grève de la faim
22:35 et connaîtront elles aussi la prison et l'alimentation forcée.
22:42 L'extrémisme anglo-saxon n'est pas du goût des françaises
22:46 qui choisissent pour plaider leur cause des femmes issues de la bourgeoisie
22:50 conscientes de la piètre condition de leurs consoeurs moins privilégiés.
22:55 Comment ces femmes-là arrivent sur ce combat pour le vote des femmes ?
22:58 Tout simplement parce que dans leurs œuvres charitables
23:02 elles accompagnent des femmes qui sont en difficulté
23:05 parfois à cause de l'alcool, à cause des jeux d'argent, à cause des maladies
23:10 et elles vont avoir un impact réel.
23:13 Pourquoi ? Parce qu'elles vont rendre ce sujet, disons, acceptable.
23:20 Tout d'un coup on va voir que là c'est raisonnable
23:23 et qu'on peut réfléchir à cette idée-là parce que
23:27 ces femmes qu'on ne peut pas accuser d'être d'extrême-gauche
23:32 ou de vouloir la fin de la société se portent garantes du sujet.
23:36 Donc là, tout d'un coup, aux yeux du grand public
23:41 on arrive sur une idée qui peut même être peut-être souhaitable.
23:46 Déjà en 1790, Condorcet, aux côtés de l'impe de Gouges,
23:50 s'était prononcé en faveur du vote des femmes.
23:53 C'est donc en son honneur que les suffragettes manifestent le 5 juillet 1914
23:58 dans les rues de Paris à l'appel de Séverine,
24:01 journaliste libertaire, féministe et pacifiste.
24:04 Mais la déclaration de guerre, un mois plus tard, va tuer leurs espoirs.
24:11 Il y a évidemment une union sacrée entre les femmes et les hommes pour partir en guerre.
24:17 Les femmes vont symboliquement déposer les armes,
24:20 en tout cas déporter la violence civile sur le terrain armé,
24:25 participer à l'effort de guerre en étant notamment munitionnettes.
24:28 Les fameuses munitionnettes, c'est ces femmes qui travaillent dans les usines d'armement,
24:31 en remplaçant les hommes dans la plupart des fonctions économiques importantes
24:35 pour pouvoir les libérer pour partir au combat.
24:37 On est en 1916, il y a eu des massacres énormes
24:41 et une bonne partie de la jeunesse française qui est décédée.
24:46 Maurice Barès, leader de la droite nationaliste française,
24:51 va tout d'un coup proposer ce qu'on appelle le vote des morts.
24:55 Maurice Barès se dit que ce n'est pas normal que tous ces jeunes hommes
24:59 qui auraient porté la France, la nation aux élections,
25:03 ne puissent plus être représentés.
25:06 Et donc, qui est-ce qu'on peut aller chercher pour voter à leur place ?
25:10 Ça peut être le vieux père, éventuellement,
25:12 mais la mère, la sœur, la femme.
25:16 Et là, c'est vraiment très important parce qu'on vient imaginer
25:21 que la femme puisse aller devant l'urne et déposer un bulletin.
25:26 Si la France abandonne bientôt le projet,
25:28 le vote des morts est adopté au Royaume-Uni et en Belgique.
25:32 En 1914, Emmeline a suspendu le type d'action militante dont nous avons parlé
25:40 lorsque toutes les suffragettes emprisonnées ont été libérées.
25:45 Elle a donc attendu qu'elles soient libérées pour suspendre ces activités.
25:52 Mais il ne faut pas oublier que pendant la Première Guerre mondiale,
25:57 elle a encouragé les femmes à soutenir l'effort de guerre.
26:02 C'était très patriotique, mais elle a également intégré dans ses discours
26:06 l'idée que si les femmes s'engageaient dans ce travail,
26:09 elles ne pourraient pas se voir refuser le droit de vote.
26:13 En 1918, le storytelling raconte que le roi,
26:25 pour remercier les femmes pour leur engagement dans la guerre,
26:28 va leur accorder ce vote pour service rendu à la nation.
26:32 C'est une supercherie politique intéressante
26:35 puisqu'on fait oublier pendant ce temps-là les 10-15 années de lutte armée
26:40 à l'intérieur de la société civile de ces suffragettes
26:43 et ont faim de ne pas avoir cédé à la rue,
26:47 alors même qu'au début de la guerre, l'opinion majoritaire est devenue favorable à ces femmes.
26:53 Il est important de souligner, je crois, qu'en 1918,
27:00 certaines catégories de femmes de plus de 30 ans ont eu accès au droit de vote.
27:05 Elles étaient soit chefs de famille, soit épouses de chefs de famille,
27:10 propriétaires d'un bien immobilier d'une valeur d'au moins 5 livres par an,
27:15 ou diplômées de l'université.
27:18 Et les femmes ont dû attendre encore 10 années supplémentaires jusqu'en 1928
27:23 pour enfin obtenir le droit de vote sur le même pied d'égalité que les hommes.
27:30 Et là, on a des grands pays, la Russie, l'Allemagne,
27:36 beaucoup de pays du centre de l'Europe qui accordent le droit de vote aux femmes.
27:42 Ce qui s'explique par le fait que ces pays-là ont tous changé de régime à ce moment-là.
27:48 L'Allemagne n'existait pas avant 1918.
27:51 Donc ce sont à chaque fois des pays qui sont nés de l'éclatement des empires,
27:57 de l'Empire austro-hongrois et puis du Saint-Empire germanique,
28:01 qui font qu'au tout d'un coup, on a une tyrielle de pays qui naissent,
28:05 qui n'existaient pas avant.
28:07 Entre les deux guerres, les pays européens, en grande majorité,
28:13 accordent aux femmes le droit de vote, certains sous condition.
28:19 Reste encore quelques irréductibles,
28:22 qui rechignent à traiter les femmes comme des citoyennes à part entière.
28:26 Au cœur de l'Europe, les militantes poursuivent le combat.
28:30 Alors il y a évidemment beaucoup de Suisses qui se sont mobilisées dès le XIXe siècle,
28:38 qui ont revendiqué avec des méthodes différentes, des arguments différents,
28:43 mais je pourrais en citer une,
28:45 qui est en plus assez représentative de l'esprit suisse,
28:48 c'est Antoinette Kinsch, une vaudoise,
28:51 qui disait qu'il fallait modifier la loi en faveur des femmes
28:55 pour pouvoir la respecter, contrairement aux suffragettes anglaises, par exemple,
28:58 qui prenaient une forme de désobéissance civile
29:00 et qui disaient que quand les lois sont injustes, finalement, on peut les contourner.
29:05 Antoinette Kinsch est devenue avocate,
29:07 l'une des premières avocates du canton de Vaud.
29:09 Elle a défendu les femmes, très souvent gratuitement,
29:12 et puis elle s'est engagée en faveur du suffrage féminin,
29:15 avec cet argument que d'après la constitution suisse de 1848,
29:21 tous les Suisses sont égaux en droit,
29:24 et donc les Suissesses sont aussi des Suisses,
29:26 donc elles devraient avoir également les mêmes droits que les hommes,
29:30 et donc le droit de vote.
29:31 Et pendant ce temps-là, en France,
29:33 on assiste à une série de rendez-vous manqués,
29:36 puisque plusieurs textes vont être déposés,
29:40 mais à chaque fois, le Sénat, finalement, va débouter les tentatives de réforme.
29:45 Le texte qui est voté en 1919 à la Chambre des députés
29:49 arrive au Sénat en 1922.
29:51 Il arrive lentement, très lentement.
29:54 Il a été confié à un sénateur qui s'appelle Alexandre Bérard
29:59 et qui va mettre trois ans à sortir un petit rapport d'une vingtaine de pages
30:06 qui est extrêmement négatif,
30:10 qui remet évidemment les femmes sur un piédestal,
30:12 indiquant que leurs mains sont faites pour être baisées,
30:15 dévotement, amoureusement, etc.,
30:17 mais certainement pas pour mettre un bulletin dans une urne.
30:34 Si fait qu'en 1922, en 1928 et à nouveau au début des années 30,
30:40 ça bloque et on n'arrive jamais à avoir vraiment une décision
30:44 qui potentiellement serait négative de toute façon.
30:46 C'est à cette période qu'apparaît un personnage incontournable
30:51 de l'histoire du vote féminin, Louise Weiss.
30:54 Elle entend bousculer l'inertie des élus nationaux par des méthodes radicales
30:59 et fonde en 1934 l'association La Femme Nouvelle.
31:03 En 1935, elle se présente symboliquement aux élections municipales.
31:07 J'avais posé ma candidature aux élections municipales
31:13 dans les sept circonscriptions de la butte Montmartre,
31:17 arrondissement aux idées généreuses et par tradition acquis aux nobles causes.
31:22 Pour le jour du scrutin, nous avions organisé 36 sections de vote officieuses
31:29 à l'aide de 100 volontaires.
31:32 La police, ayant dispersé nos installations,
31:37 nos sections de vote se sont réfugiées sous les portes cochères et dans les cafés
31:43 grâce à l'obligence de commerçants et de concierges féminins.
31:48 Cependant, j'ai cru devoir tenir jusqu'au bout une urne symbolique de notre droit
31:54 et pour la défendre, j'ai manié la poudre.
31:57 La poudre de riz, s'entend.
32:00 On dirait qu'elle est très forte en marketing,
32:03 parce qu'elle va réutiliser tout ce qui se fait par ailleurs,
32:07 par d'autres associations qui sont très bien ancrées
32:10 et qui ont vraiment labouré le terrain pendant des années et des années
32:14 et qui fait que depuis les années 1920,
32:17 toutes ces associations réussissent enfin à être entendues.
32:21 Louise Weiss arrive en disant qu'il faut tout révolutionner,
32:24 il faut faire différemment, il faut communiquer différemment.
32:27 Et en ça, en fait, elle reprend un petit peu ce qu'avait fait Hubertine Auclair
32:31 dans les années 1880.
32:33 Les militantes du groupement La Femme Nouvelle
32:36 donnent une aubade burlesque à M. Merlin, sénateur.
32:39 Elle a finalement développé une forme d'action qui était des apnides.
32:45 Et donc, par exemple, en 1935,
32:49 elle s'est portée candidate aux municipales de Montmartre,
32:51 alors qu'elle n'avait pas le droit de le faire.
32:53 Elle a fabriqué des urnes avec des boîtes à chapeaux,
32:56 les boîtes à chapeaux de l'époque.
32:57 Elle a quand même obtenu 18 000 votes, ce qui n'est pas rien.
33:01 Un autre jour, avec ses compagnes de l'association La Femme Nouvelle,
33:05 elles ont organisé une grande distribution de tracts
33:08 pendant la finale de coupe de football français,
33:11 donc au-dessus du stade.
33:12 Elles ont accroché leurs tracts à des ballons
33:14 et puis balancé les ballons dans le stade de football.
33:18 Louise Weiss, elle s'enchaînait aussi parfois avec ses compagnes
33:21 pour bloquer la circulation dans les rues.
33:24 Et donc, elle avait finalement des modes d'action hyper modernes
33:27 qu'on a pu voir ensuite utiliser par des groupes
33:30 comme Greenpeace ou les Femen.
33:32 Et voilà, je trouve qu'elle était d'une modernité assez incroyable
33:36 pour les années 30.
33:37 Et puis, elle faisait aussi ça avec de l'humour.
33:40 Jusqu'à l'aube de la Deuxième Guerre mondiale,
33:45 on n'a quasiment rien,
33:46 à l'exception d'un court épisode
33:48 qui a été parfois d'ailleurs un petit peu surévalué,
33:51 c'est le Front populaire.
33:52 Pendant le Front populaire,
33:53 on a effectivement trois femmes qui rentrent au gouvernement,
33:56 mais attention, elles ne sont pas ministres,
33:58 elles sont secrétaires d'État.
33:59 Madame Léon Brunchvic, sous secrétaire d'État,
34:02 l'Éducation nationale.
34:04 Suzanne Lacord, sous secrétaire d'État,
34:11 la Protection de l'enfance.
34:14 Madame Joliot-Curie, sous secrétaire d'État,
34:16 aux Recherches scientifiques.
34:18 Trois femmes, pour la première fois dans l'histoire de la France,
34:21 figurent dans un ministère.
34:23 J'ai été pressentie la première par Léo Blum,
34:31 qui avait promis de prendre des femmes ministres
34:34 dans son gouvernement,
34:36 s'il devenait en effet le chef du gouvernement.
34:39 Alors, il m'a demandé, après la campagne que j'avais faite,
34:43 si j'étais disposée à entrer dans son cabinet.
34:46 L'idée me séduisait,
34:50 mais Léo Blum a ajouté,
34:53 il est bien entendu,
34:55 qu'il ne sera plus question du vote des femmes.
34:58 J'ai compris qu'il craignait beaucoup ce vote,
35:03 parce qu'il n'y avait pas de vote pour les femmes.
35:07 Parce qu'il n'y avait pas énormément de Français socialistes.
35:12 En principe, il était pour le vote,
35:16 mais en fait, il y voyait de très graves inconvénients.
35:19 Accepter d'être ministre dans ces conditions
35:23 me semblait faire acte de renega.
35:27 Je ne voulais pas être désignée, je voulais être élue.
35:32 Léo Blum va se heurter à son propre camp.
35:35 Les femmes au pouvoir, c'est le début de la décadence.
35:38 C'est le déclin de la civilisation.
35:40 Il y a plein de textes qui racontent ça.
35:42 Mais à l'intérieur du groupe majoritaire,
35:45 à savoir les communistes, les radicaux socialistes,
35:48 on a aussi une très grande hostilité
35:50 à l'égard de ce vote des femmes.
35:52 Si les radicaux socialistes sont persuadés
35:55 que les femmes pencheraient vers un vote catholique,
35:58 le régime de Vichy du maréchal Pétain
36:00 voit d'un très mauvais oeil ce nouveau privilège
36:02 qu'on pourrait leur accorder.
36:05 On peut considérer que cette expérience malheureuse
36:09 dans les suites qu'elle a eues du Front populaire
36:11 a dressé, a désinhibé une droite et une hyper-droite dures
36:17 qui vont cibler dans une espèce d'amalgame
36:20 les juifs, les femmes, les homosexuels,
36:22 comme toutes les parties de la population
36:25 qui sont responsables du déclin de la civilisation
36:28 que Vichy est censé contrarier
36:30 en refondant sur des bases nouvelles
36:32 la République, enfin la Révolution nationale.
36:36 Mesdames, Messieurs,
36:38 nous avons le regret de vous informer
36:40 que nous sommes dans l'obligation de suspendre le spectacle.
36:42 La région parisienne venant d'être mise en état d'alerte.
36:45 La déclaration de guerre en 1939
36:52 va encore une fois reléguer le vote des femmes au second plan.
36:56 A partir de 1943,
36:59 la France pense au futur régime d'un pays libéré.
37:02 La République française s'est réfugiée à Londres
37:07 et surtout en Algérie.
37:09 Le général de Gaulle signe le 21 avril 1944 à Alger
37:13 une ordonnance du Comité français de la Libération nationale
37:16 confirmée le 5 octobre
37:18 donnant officiellement aux femmes majeures, sans restriction,
37:21 le droit d'être élues et électrices.
37:24 C'est absent des débats.
37:28 C'est arrivé tardivement dans le discours du général de Gaulle
37:31 qui va promettre ce droit de vote aux femmes,
37:35 qui va signer l'ordonnance
37:37 et qui va leur permettre un an plus tard, en 1945,
37:40 d'avoir une double implication
37:42 à la fois aux élections municipales en mai 1945
37:45 puis aux élections législatives
37:47 ce qui conduira même à la nomination des premières femmes députées
37:51 représentantes du peuple, en petit nombre à l'époque.
37:54 [Musique]
37:57 Pour la première fois depuis 9 ans,
37:59 le peuple français a fait entendre sa voix.
38:02 Pour la première fois depuis toujours,
38:04 ce cœur de 20 millions de voix
38:06 comportait voix d'hommes et voix de femmes.
38:09 On a fait la queue sans grenier.
38:11 On a glissé deux bulletins dans deux urnes.
38:14 Les français et les françaises les plus variées
38:16 ont dit leur mot oui ou non.
38:18 C'est indiscrédible que les femmes votent.
38:21 Une nécessité absolue.
38:23 Normale. Un droit.
38:26 Parce que beaucoup d'hommes avaient été prisonniers de guerre.
38:30 Certains blessés.
38:32 Donc il y avait des places à prendre
38:34 et les femmes se sont imposées volontairement.
38:37 [Musique]
38:39 Dans la Deuxième Guerre mondiale,
38:41 elles sont au cœur de l'action,
38:43 puisque c'est une guerre, en tout cas pour la France,
38:45 qui se porte principalement à l'intérieur de la société civile.
38:48 Elles sont victimes à parts égales,
38:50 d'un certain point de vue,
38:52 elles sont victimes autant que les hommes des rafles,
38:54 elles sont victimes autant que les hommes des bombardements.
38:58 Donc il y a une sorte d'égalité devant la mort
39:00 qui n'a jamais existé dans aucune guerre précédente.
39:03 [Musique]
39:06 Je me souviens bien la première fois que j'ai voté.
39:09 Ah oui, je m'en rappelle.
39:11 C'était à la place Doménil et on descendait la rue.
39:15 Oh, comment elle s'appelle cette rue ?
39:17 Et c'était au bout d'une école.
39:20 Et il y avait beaucoup de femmes.
39:23 Je pense qu'elles ont quand même compris
39:27 la valeur, oui, de leur vote.
39:30 Certaines ne savaient pas ce qu'elles pouvaient en faire,
39:33 mais petit à petit, on leur a donné l'éducation
39:36 qu'elles ont pris.
39:38 Et elles se sont affirmées par la force des choses.
39:41 Elles se sont avérées compétentes.
39:43 [Musique]
39:48 Une fois que j'ai eu le droit de vote, j'en ai utilisé.
39:52 J'avais l'impression de servir à quelque chose.
39:56 La politique, c'est important
39:59 parce qu'on peut imposer ses volontés.
40:02 On peut choisir ce qu'on espère de la vie future.
40:08 [Musique]
40:15 On peut s'étonner que la patrie des droits de l'homme
40:17 arrive en queue de peloton.
40:19 Le viril coq gaulois aurait-il réussi à supplanter
40:22 les représentations féminines pourtant combattantes
40:25 de la République, de la liberté ou de la justice ?
40:28 [Musique]
40:31 Il faut des figures d'incarnation.
40:33 Et donc la femme allégorisée,
40:35 c'est-à-dire une femme très érotisée aussi, en général.
40:38 Le rôle de la poitrine est central.
40:40 Ce qu'on retrouve d'ailleurs dans les bustes de Marianne jusqu'à aujourd'hui.
40:43 [Musique]
40:45 Quand vous allez vous promener dans les couloirs de l'Assemblée nationale
40:49 ou quelques lieux phares comme ça de la République,
40:52 il y a beaucoup de statuts de femmes assez dénudées par ailleurs, fort jolies.
40:57 Et ça rejoint un petit peu cette idée de Marianne
41:00 qui vient incarner la France
41:02 et qui vient incarner la France à un moment
41:04 où les Français n'ont pas le droit de vote.
41:06 La République ou la Nation, c'est toujours des figures très généreuses
41:09 et qui arrivent à fédérer tout le monde
41:13 puisque on peut y voir soit cette maternité heureuse et épanouie
41:18 ou au contraire une figure stylisée de l'engagement
41:21 puisque ces figures, généralement, elles ont aussi des armes.
41:24 Pour le volet un peu révolutionnaire, on lui rajoute un bonnet phrygien.
41:28 Mais on est vraiment de cet ordre-là.
41:31 La France est un pays qui n'a jamais dénigré les femmes,
41:36 qui leur a même laissé une vraie place dans une vie intellectuelle.
41:41 Donc ça existe.
41:43 Mais de là, en effet, à aller jusqu'au bout
41:47 et à se calser des droits politiques, c'est autre chose.
41:51 Je pense que l'omniprésence de ces figures féminines
41:54 dans l'ordre symbolique républicain,
41:56 c'est une façon de faire oublier leur absence
41:59 dans l'espace public démocratique.
42:01 C'est un système de compensation, en fait.
42:03 Je me suis souvent demandé pourquoi la France
42:06 avait autant tardé à donner le droit de vote aux femmes.
42:09 Parce que vous aviez eu la Révolution en France.
42:11 Et alors pourquoi ? Pourquoi est-ce arrivé si tard ?
42:13 Pouvez-vous me l'expliquer ?
42:15 Comme on l'a vu pour d'autres pays,
42:18 c'est au moment des changements de régime que le déclic s'est fait.
42:22 Et en France, ça se révèle aussi exact,
42:25 puisque 1944, c'est la fin de la Troisième République.
42:29 Et donc on va partir sur un nouveau régime.
42:31 Parmi les retardataires européens, la Suisse,
42:35 toujours sous la même constitution depuis 1848,
42:38 et malgré les revendications des mouvements féminins,
42:41 refuse à ses concitoyennes le droit de voter.
42:44 Je suis contre le suffrage féminin.
42:49 Monsieur ?
42:50 Oui, moi aussi.
42:51 Contre le suffrage ?
42:52 Oui, je suis contre.
42:53 Oui, je suis pour.
42:54 Oui.
42:55 Je suis contre.
42:57 Ça dépend la personne.
42:59 Je suis pour le suffrage féminin,
43:00 parce que les femmes ont autant le droit de voter que les hommes.
43:02 Pour le suffrage féminin.
43:04 Je m'appelle Marius, oui.
43:07 La particularité de la Suisse,
43:08 c'est qu'on est un des derniers pays du monde
43:10 à avoir octroyé le droit de vote aux femmes.
43:13 Donc ce n'est vraiment pas une histoire glorieuse.
43:15 Ça a été long, ça a été très très long.
43:17 Entre 1919 et 1990,
43:20 il y a eu plus de 5 ans de votation sur ce sujet,
43:24 donc au niveau communal, cantonal et au niveau national.
43:27 Je pense qu'il y a vraiment trois raisons principales,
43:30 en tout cas, qui expliquent le fait que la Suisse
43:32 ait donné si tardivement le droit de vote aux femmes.
43:35 D'abord, notre système politique,
43:37 donc cette démocratie semi-directe
43:39 qui fait que le peuple est consulté très souvent
43:41 sur tout un tas de sujets.
43:42 La Suisse, c'est le seul pays au monde
43:44 dans lequel on a demandé au corps électoral,
43:47 donc aux hommes, si oui ou non,
43:48 ils avaient envie finalement de partager le pouvoir avec les femmes.
43:53 Qui ne veut pas voter pour le droit de vote aux femmes,
44:00 je vous en prie,
44:01 faites-le avec la main.
44:02 Le deuxième plus est le plus grand.
44:07 Laissez-moi vous en parler.
44:09 Donc, ils ont répondu non, en tout cas, pas mal de fois,
44:14 avant qu'on en arrive à l'ultime votation sur le sujet.
44:18 Une autre raison, c'est que la Suisse est un pays
44:21 quand même relativement conservateur,
44:24 assez influencé par le modèle germanique,
44:27 et donc dans lequel on a longtemps considéré
44:29 que la place des femmes était à la cuisine,
44:31 auprès des enfants,
44:32 plutôt qu'au bureau ou dans une assemblée politique.
44:35 Et puis peut-être une dernière raison,
44:37 il y a plusieurs pays dans lesquels finalement
44:40 le droit de vote a été octroyé aux femmes
44:42 suite aux guerres mondiales,
44:43 je pense notamment à la France,
44:45 où elles l'ont obtenue en 1944,
44:47 en récompense notamment de leur participation à la résistance,
44:51 de leur participation au monde du travail.
44:53 La Suisse a été épargnée par les guerres
44:56 et donc cette dimension-là n'a pas à jouer pour nous.
44:59 La Suisse, c'est à plusieurs titres intéressant d'abord
45:01 parce qu'on est vraiment dans une société très patriarcale,
45:04 pour le coup, avec des stéréotypes de gens
45:06 qui restent extrêmement marqués,
45:07 plus une culture politique globale,
45:09 pas seulement sur la question du féminisme,
45:11 qui est plutôt justement celle du consensus,
45:13 de la concertation, de la voie réformiste,
45:16 du temps long finalement de l'évolution des mentalités.
45:19 Et donc le pari des femmes suisses,
45:21 ça a été encore plus radicalement que les françaises
45:24 de se démarquer justement de toute action violente.
45:26 L'action violente est vraiment considérée
45:28 comme contre-productive politiquement
45:30 et donc un suffragisme de pétitionnaires.
45:33 C'est des femmes qui vont aller régulièrement
45:36 monter des pétitions, les porter
45:38 dans les assemblées délibératives,
45:40 dans les différents cantons,
45:42 essayer de convaincre, communiquer,
45:44 persuader, fabriquer des tracts.
45:46 On est vraiment dans un féminisme extrêmement pacifique.
45:50 Oui, c'est-à-dire qu'on aime bien entendre
45:53 parler du soufrage féminin, mais moi ça m'intéresse pas.
45:56 - Ça vous intéresse pas du tout ? - Non, pas du tout.
45:58 Parce que je connais pas beaucoup la politique.
46:00 Beaucoup de femmes n'ont pas osé voter tout de suite.
46:03 Elles savaient pas toujours très bien
46:05 quoi faire de ce bulletin.
46:06 Ça a été un apprentissage,
46:08 mais pour énormément d'autres,
46:11 ça a été une victoire incroyable,
46:13 un plaisir, une joie, une fierté
46:15 de pouvoir aller mettre ce premier bulletin dans l'urne.
46:19 En Europe, il faudra que les habitantes
46:21 du Liechtenstein et de la Moldavie
46:23 attendent respectivement 1984 et 1993
46:27 pour exercer leur droit de vote
46:29 et que la carte de l'Europe puisse enfin être complète.
46:32 Et si en France, les femmes peuvent désormais
46:36 s'exprimer dans les urnes,
46:37 d'autres combats restent à mener.
46:39 Si on atteint le sommet de la vague
46:44 avec l'obtention du droit de vote en 1944,
46:47 on n'a pas encore tout à fait fini,
46:49 notamment sur la question des droits civils.
46:51 On va devoir attendre 1965 et 1970
46:55 pour qu'il y ait des réformes
46:57 qui viennent donner un statut d'adulte
47:00 aux femmes mariées et aux femmes mères,
47:03 puisque c'est à ce moment-là
47:05 qu'elles vont avoir accès à l'autonomie
47:08 sur leur compte en banque,
47:09 qu'elles ne vont plus avoir besoin
47:11 de l'autorisation de leur mari
47:12 pour accepter un travail, par exemple.
47:15 J'aimais le métier que j'avais,
47:17 mais mon mari m'a dit
47:20 « Si nous avons des enfants,
47:22 j'aimerais que tu les élèves toi-même. »
47:24 C'est ce que j'ai accepté.
47:26 Donc je ne travaillais pas.
47:29 Et à la maison, je faisais du travail
47:31 plus que n'importe qui.
47:33 Bah oui !
47:34 Je n'ai pas de mari.
47:36 Je n'ai pas de mari.
47:39 Ça donne du travail à Marie.
47:42 Il y a souvent des discussions
47:45 où on n'est pas toujours d'accord.
47:47 On ne pouvait pas prendre aucune initiative
47:51 sans avoir vu le mari avant.
47:55 J'ai fait ce que j'avais de mon argent.
47:59 Je me suis acheté un appartement déjà.
48:03 Je faisais les voyages que je voulais.
48:07 Je restais libre.
48:11 Et à partir de 1970,
48:13 on reconnaît l'autorité parentale
48:15 et plus l'autorité paternelle.
48:17 Là aussi, ça avait des incidences
48:19 sur la vie familiale assez importante.
48:21 C'est la fin de cette question
48:24 des droits civils.
48:40 C'est le début de l'approche intersectionnelle.
48:43 Les formes de domination se cumulent.
48:46 Les formes de handicap se cumulent.
48:49 Les femmes ont une capacité
48:51 à se défendre.
48:53 C'est une capacité à se défendre.
48:55 C'est une capacité à se défendre.
48:57 C'est une capacité à se défendre.
48:59 C'est une capacité à se défendre.
49:01 C'est une capacité à se défendre.
49:03 C'est une capacité à se défendre.
49:05 C'est une capacité à se défendre.
49:07 C'est une capacité à se défendre.
49:09 Les droits de la population se cumulent
49:11 et les privilèges aussi se cumulent.
49:13 Donc, en gros, il vaut mieux être un homme blanc
49:15 dans la force de l'âge
49:17 qu'une femme racisée,
49:19 comme on dit aujourd'hui, jeune
49:21 ou issue des quartiers sensibles, etc.
49:23 Les femmes ont pris leur place progressivement.
49:29 Une place qu'elles avaient déjà, en principe.
49:32 Elles se sont affirmées
49:34 en tant que responsables de la société.
49:36 Ce qui était secondaire pour elles avant,
49:38 et qui est devenu la rôle principale.
49:40 Le rôle des femmes.
49:42 Oui, bien...
49:44 Et maintenant,
49:46 qu'est-ce que vous en pensez?
49:48 Vous ne croyez pas que
49:50 c'est un peu pareil,
49:52 le sort des femmes?
49:54 Je ne sais pas si c'est une réussite.
49:56 Je ne sais pas si c'est une réussite.
49:58 Parce qu'il y aura encore des choses
50:00 à changer pour la femme.
50:02 Nous, on avait du travail,
50:06 mais on travaillait chez nous.
50:08 Alors que maintenant,
50:10 les femmes, elles travaillent à l'extérieur.
50:12 Et chez elles, il faut quand même
50:14 qu'elles fassent encore.
50:16 Qu'est-ce qu'il faudrait faire de plus?
50:18 Je ne vais pas vous dire,
50:20 on va faire la révolution.
50:34 Et alors, sur la question de savoir
50:36 si on va vers une quatrième vague,
50:38 je crois qu'aujourd'hui,
50:40 on a deux évolutions majeures.
50:42 Tout d'abord, le mouvement #MeToo,
50:44 qui est un mouvement mondial.
50:46 C'est la première fois qu'on a
50:48 un mouvement féministe d'une telle globalité,
50:50 qui est comme une sorte de traînée de poudre
50:52 depuis le milieu du cinéma américain
50:54 jusqu'à l'ensemble du monde occidental.
50:56 Il ne faut pas non plus se leurrer.
50:58 C'est aussi une troisième limite
51:00 de l'analyse en termes de vagues.
51:02 C'est un mouvement qui est
51:04 très important pour l'Europe.
51:06 C'est un mouvement qui est
51:08 très important pour l'Europe.
51:10 C'est un mouvement qui est
51:12 très important pour l'Europe.
51:14 C'est un mouvement qui est
51:16 très important pour l'Europe.
51:18 C'est un mouvement qui est
51:20 très important pour l'Europe.
51:22 C'est un mouvement qui est
51:24 très important pour l'Europe.
51:26 C'est un mouvement qui est
51:28 très important pour l'Europe.
51:30 C'est exclusivement un combat féministe,
51:32 plutôt un combat humaniste.
51:34 On parle beaucoup
51:36 aujourd'hui de masculinité.
51:38 On a quand même pendant
51:40 très longtemps encadré
51:42 très fortement la masculinité
51:44 en en faisant une norme
51:46 de performance,
51:48 de violence, de non-émotion.
51:50 Et à mes yeux,
51:52 je pense que c'est là-dessus
51:54 qu'il faudrait qu'on travaille aujourd'hui collectivement
51:56 pour autoriser les hommes à avoir
51:58 finalement cette liberté d'être soi-même.
52:00 Après avoir libéré les femmes,
52:02 je pense qu'il faudrait libérer les hommes.
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52:24 à
52:26 la fin de la semaine. Au revoir.
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