Eliot Deval et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité dans #HDPros2WE à 20h du vendredi au dimanche
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00:00 Quasiment 20 heures sur CNews, merci d'être avec nous pour l'heure d'épreuves.
00:04 On est avec Franck Tapiero, avec Geoffroy Lejeune, avec Gabriel Cluzel.
00:08 Bonsoir à tous les trois. Amine Elbaïe est avec nous également et c'est un plaisir de vous avoir, cher Amine.
00:13 Romain Gauglin, rédacteur en chef CNews.
00:16 Bonsoir.
00:17 Merci d'être avec nous. Romain, en sachant que vous avez passé un peu plus d'une décennie en Russie,
00:22 c'est pourquoi votre témoignage est très important, votre éclairage sera très important ce soir sur ce plateau.
00:27 Avant cela, on fait un point sur l'information et on reviendra en longueur sur les dernières actualités concernant l'attentat à Moscou.
00:35 Mathieu Devesse pour l'information.
00:37 Les Républicains ont lancé leur campagne des Européennes.
00:40 C'était cet après-midi à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis lors du premier grand meeting du parti.
00:45 Le président Éric Ciotti a appelé les électeurs de droite à revenir au sein de sa famille politique.
00:50 La tête de liste François-Xavier Bélami a taclé ses adversaires politiques du RN en disant
00:55 "leurs élus n'auront pas déplacé une seule virgule dans un seul texte européen".
01:01 Un adolescent de 14 ans est soupçonné d'avoir projeté un attentat à Lille.
01:05 Le parquet national antiterroriste évoque un projet d'attentat contre un centre commercial.
01:10 Il lui est également reproché d'avoir partagé de la propagande de l'État islamique.
01:14 Interpellé mercredi, l'adolescent a ensuite été mis en examen.
01:18 Enfin, le vote sur un nouveau projet de résolution exigeant un cessez-le-feu à Gaza a été reporté à lundi.
01:24 Prévu aujourd'hui au Conseil de sécurité de l'ONU, hier, la Russie et la Chine ont mis leur veto
01:29 à un projet de résolution des États-Unis.
01:32 Merci beaucoup Mathieu Devese.
01:36 Je le disais, le bilan ne cesse de s'alourdir avec plus de 133 morts qui ont été désormais recensées
01:42 à 24 heures après l'attaque terroriste dans une salle de concert en banlieue de Moscou.
01:46 On vous en parle bien évidemment depuis hier.
01:48 Attentat revendiqué par l'État islamique, ça aussi j'essaie de le répéter régulièrement.
01:55 Que l'attentat soit revendiqué ne veut pas dire forcément que c'est une certitude.
02:00 Il peut y avoir parfois des revendications d'opportunité.
02:03 Il faut forcément constater qu'il y a des faisceaux d'indices et une communication du côté de l'État islamique
02:07 qui rarement se dédie ou utilise un fait qui finalement s'avère être le contraire.
02:16 Vous vouliez m'interpeller Geoffroy ?
02:18 Vu le contexte, il y a beaucoup de spéculation autour de l'origine de l'attentat.
02:22 Les Russes accusent les Ukrainiens et les Ukrainiens accusent les Russes.
02:24 On va en parler, oui.
02:25 Mais on a rarement remis en cause une revendication de l'État islamique.
02:28 C'est-à-dire qu'il revendique finalement, il n'a pas beaucoup revendiqué depuis la décennie
02:32 qui vient de passer, des attentats qu'il n'avait pas commis.
02:35 C'est ça que je veux dire.
02:36 Vous avez entièrement raison de le dire, mais je préfère prendre toutes les précautions.
02:40 Il est bien normal de prendre ces précautions-là.
02:42 Je constate que chez certains médias, certaines thèses sont plus appuyées que d'autres.
02:49 Voilà, sans préciser lesquelles.
02:52 En revanche, il y en a un qui a parlé, c'est Vladimir Poutine.
02:54 Il n'avait pas parlé hier soir, il n'a pas parlé ce matin, il a parlé cet après-midi.
02:58 C'est très intéressant ce qu'il a dit, écoutez.
03:00 Sur l'enquête, je peux dire que selon les éléments dont nous disposons,
03:05 les quatre assaillants ont été trouvés.
03:10 Tous ceux qui ont tiré sur les civils ont été arrêtés.
03:12 Ils essayaient de s'enfuir vers l'Ukraine.
03:17 Selon les informations préliminaires, un passage avait été préparé du côté ukrainien
03:23 pour traverser la frontière.
03:24 Je me tourne évidemment vers vous, Romain Goglin.
03:30 On ira voir Claude Moniquet dans un instant.
03:32 Mais certains y voient dans cette allocution, qui est très courte,
03:37 dure un peu plus de cinq minutes, une manière de maintenir un certain narratif,
03:41 à savoir que le terrorisme est lié aussi au territoire ukrainien.
03:45 C'est ce qu'on craignait dès hier soir.
03:48 Vladimir Poutine a repris les informations qui étaient distillées par le FSB hier soir,
03:54 avec des soi-disant contacts entre le groupe terroriste en Ukraine.
04:00 Et puis, dans son allocation ce soir, cet après-midi,
04:05 le président russe ne fait pas mention de l'État islamique.
04:09 Il n'en parle pas à ce moment.
04:10 En revanche, il dit que les coupables seront punis où qu'ils se trouvent.
04:15 Ils seront châtiés et que rien ne fera vaciller la volonté de la Russie.
04:18 Là encore, ça fait penser, même s'il y a 25 ans d'intervalle,
04:23 à sa déclaration après la vague d'attentats en 1999 à Moscou,
04:28 où à l'époque il n'était pas encore connu.
04:30 C'était quelqu'un qui arrivait sur la scène politique.
04:32 Et les attentats à Moscou, lui, ont permis de lancer la deuxième guerre en Tchétchénie
04:37 et ensuite d'être élu comme le sauveur de la Russie après Eltsine.
04:43 Donc il y a une crainte en Russie d'une répétition du même scénario.
04:49 Il y a une crainte aussi...
04:50 En Russie, les gens, au lendemain de l'attentat, se posent des questions.
04:57 Vous avez vu sans doute les interrogatoires qui sont diffusés sur les chaînes Télégramme du Kremlin,
05:03 avec ces ressortissants du Caucase qui semblent être tajiks,
05:08 qui ont été tabassés et répondent aux questions sous la vue de...
05:12 Ils ont été... Ils sont effrayés.
05:14 L'un d'entre eux, le plus jeune...
05:17 Ce n'est pas ces personnes qui ont été interpellées,
05:19 c'était les mêmes personnes qui étaient armes à la main pour tuer des civils juste avant.
05:24 J'essaie juste de recontextualiser.
05:26 Exactement.
05:27 Et c'est ce qui pose question, parce que l'attentat était très bien organisé.
05:31 Ils sont venus, ils ont fait ce qu'ils avaient à faire.
05:34 Ils ont tué 133 personnes et peut-être que le bilan sera encore plus lourd.
05:39 Quatre heures après, au petit matin, ils sont arrêtés à 140 km de l'Ukraine.
05:45 Et celui qu'on voit interrogé après avoir été tabassé, visiblement, tremble comme une feuille.
05:50 Ça ne ressemble pas à un terroriste qui a assassiné de sang-froid des dizaines de personnes un peu plus tôt à Moscou.
05:56 Autre question qu'on se pose, si demain des preuves tangibles montreraient...
06:01 Mais on va se poser vraiment toutes les questions, parce que c'est vrai qu'il y a plusieurs pistes qui sont abordées.
06:06 Montrent que ces terroristes auraient un rapport de près ou de loin avec le régime de Kiev.
06:11 Et je me tourne une nouvelle fois vers vous Romain.
06:13 Ça pourrait changer la face de la guerre, évidemment.
06:17 C'est ce qu'on peut craindre. On peut craindre que ces dernières semaines, en Russie,
06:26 on s'attendait à une nouvelle vague de mobilisation.
06:30 Pour une vague de mobilisation importante, il faut pouvoir s'appuyer sur un prétexte suffisamment lourd.
06:35 Un attentat qui semblerait être, il est d'ores et déjà, le deuxième le plus important après Beslan, avec 133 morts à Beslan.
06:45 - Ils ont prié depuis 20 ans.
06:47 - Voilà. Ça peut être un prétexte sur lequel le président russe pourrait s'appuyer pour justifier cette deuxième vague de mobilisation
06:55 qui lui permettrait peut-être d'engager de nouveau une nouvelle offensive sur Kharkiv.
07:00 - Je vous propose de revoir, parce qu'on est 24 heures après ce drame, cet enfer absolu qu'ont vécu les moscovites hier soir.
07:08 Et c'est vrai qu'au gré des heures qui ont défilé, des nouvelles vidéos ont pu être diffusées.
07:16 Retour en images, sans... Les images parlent d'elles-mêmes, malheureusement, sur cet attentat terroriste.
07:25 Il était à un peu plus de 18 heures à Moscou hier. Regardez.
07:30 (Explosions)
07:41 (Cris)
07:43 (Explosions)
07:52 (Cris)
08:07 - On est toujours avec Claude Moniquet. Je viendrai vous voir dans un instant, cher Claude Moniquet.
08:11 Et vraiment, on essaiera de vous avoir tout au long du week-end, parce que là aussi, votre expertise du terrorisme est essentielle.
08:19 Je vous propose qu'on avance, parce qu'en marge de cette allocution de Vladimir Poutine,
08:24 l'État islamique a diffusé notamment la photo des quatre terroristes qui auraient mené, selon le groupe terroriste, cette attaque.
08:31 Des vidéos de leur interpellation circulent. On voit le sujet de Sarah Varnier.
08:36 - Au lendemain de l'assaut, le Kremlin a annoncé avoir interpellé 11 personnes,
08:42 dont quatre assaillants suspectés d'avoir directement participé à l'attaque armée dans la banlieue de Moscou.
08:48 Selon le ministère de l'Intérieur russe, ces quatre auteurs présumés seraient tous des citoyens étrangers,
08:53 sans préciser leur nationalité, et leur identité reste encore inconnue.
08:57 Le comité d'enquête, encore au stade des constatations, a indiqué avoir saisi ces armes automatiques,
09:02 qui auraient été utilisées par les auteurs de l'attaque.
09:05 Les assaillants auraient également fait usage d'un liquide inflammable pour mettre le feu à la salle de concert, où se trouvaient des spectateurs.
09:12 Selon plusieurs agences de presse russes, c'est ce véhicule blanc que les assaillants auraient utilisé pour fuir le lieu de l'attaque.
09:18 Sur une chaîne Telegram, proche du Kremlin, ces vidéos d'arrestations ont été diffusées.
09:23 Le comité d'enquête précise que ces personnes ont été arrêtées dans la région de Bryansk, frontalière de l'Ukraine et du Bélarus.
09:30 Selon le média Medusa, ces arrestations se seraient produites à Katsoun, dans la région de Bryansk.
09:35 Dans une allocution, Vladimir Poutine affirme que les suspects se dirigeaient vers l'Ukraine.
09:40 Daesh, de son côté, publie une photo des assaillants à visage fouté et revendique l'attentat.
09:46 Claude Moniquet, je rappelle qu'hier, aux alentours de 20h, vous étiez en direct chez nous et que vous alertiez déjà en disant
09:57 "le mode opératoire, la manière dont l'attentat s'est déroulé me fait penser à une attaque terroriste islamiste".
10:07 Vous aviez signé énormément de précautions. Une heure plus tard, communiqué de Daesh, qui expliquait que les combattants de l'État islamique
10:15 avaient attaqué un grand rassemblement de chrétiens dans la périphérie de Moscou, tuant et blessant des centaines de personnes
10:22 et causant de grandes destructions avant de se retirer en toute sécurité.
10:26 Il s'avère qu'il y a eu un nouveau communiqué aujourd'hui de Daesh, avec ces photos qui ont été publiées.
10:32 Claude Moniquet, est-ce que vous avez, avec l'expérience que vous avez de ce sujet-là, déjà vu, entendu, des fausses informations
10:41 circulées du côté de l'État islamique ?
10:44 Écoutez, j'ai essayé de m'en souvenir toute la journée. Il y a peut-être eu parfois des abus, il y a peut-être eu des récupérations un peu limites.
10:55 Par exemple, je pense à l'attentat de Nice. Ce n'est pas d'une clarté absolue, mais en l'occurrence, le terroriste de Nice,
11:01 même s'il n'était pas un membre de Daesh, avait prêté un serment d'allégeance à Daesh.
11:05 Donc il y avait quand même un élément de rattachement, même si ce n'était pas Daesh qui avait organisé l'attentat.
11:10 Non, je n'ai pas le souvenir que sur un attentat important, Daesh ait revendiqué quelque chose qu'il n'avait pas fait.
11:15 Ce n'était pas dans les habitudes de l'organisation. Et effectivement, depuis 2017, depuis qu'on n'assistait plus en Europe
11:23 qu'à des attentats individuels, Daesh aurait pu revendiquer tout ce qui se passait, et ça n'a pas été le cas.
11:28 Dans les cas où il y a eu des revendications, on s'est très vite rendu compte qu'il y avait effectivement un élément de rattachement
11:36 qui souvent était un peu ténu, mais qui existait, comme le serment d'allégeance.
11:40 L'État islamique qui serait capable de nouveau d'attaques projetées sur un pays comme la Russie, montre à quel point aujourd'hui
11:49 le danger est omniprésent. Nous, au quotidien en France, on en est peut-être conscients.
11:56 Et peut-être qu'à l'échelle internationale, à l'échelle mondiale, il n'y avait plus cette prise de conscience-là ?
12:03 Alors, je pense effectivement qu'on s'est un peu rapidement dit, après la perte de territorialité de Daesh en 2017,
12:13 quand ils ont perdu Raqqa puis Mossoul, qu'on s'est probablement dit un peu rapidement que le danger était écarté,
12:19 ou en tout cas avait fortement diminué. Et effectivement, depuis 2017, ce qu'on a eu, c'était essentiellement des attentats individuels.
12:26 Là, effectivement, ce qu'on voit, c'est le retour d'une menace terroriste structurelle organisée avec des réseaux.
12:33 Mais si vous le permettez, je voudrais revenir une seconde, ou une petite minute, sur la déclaration de Vladimir Poutine.
12:40 Allez-y, bien sûr. Allez-y, allez-y.
12:43 Pour moi, il y a deux réflexions. Quand Vladimir Poutine nous dit que ces terroristes ont été arrêtés à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne,
12:51 ce qui, de toute façon, pour le moment, n'est pas vérifiable indépendamment, on ne nous dit pas comment ces gens seraient rentrés en Ukraine.
13:00 Parce que, sauf erreur de ma part, à la frontière ukrainienne, entre les forces russes et les forces ukrainiennes,
13:05 il y a plusieurs lignes de défense russe qu'il fallait franchir, plusieurs stades de contrôle,
13:11 entre 5, 6, 7, peut-être 8 lignes à certains endroits de défense russe.
13:15 Comment ces terroristes l'auraient-ils franchi ?
13:17 Deuxième remarque, qui est une remarque de bon sens, il est possible que ces terroristes aient eu des liens avec des personnes résidentes en Ukraine,
13:25 et pas des terroristes ukrainiens.
13:27 Je prendrais un seul exemple. Quand on a eu les attentats du 13 novembre 2015 à Paris,
13:32 les terroristes étaient venus de Bruxelles, et le 14 novembre, Salah Abdeslam est reparti se réfugier à Bruxelles.
13:39 Est-ce que cela signifie que la Belgique était derrière les attentats du 13 novembre ?
13:44 Évidemment pas. Il est possible que ces terroristes aient eu, mais ça reste à prouver, des liens avec des complices,
13:51 des individus liés à leur groupe en Ukraine, mais en aucun cas, pour le moment, ça n'implique l'État ukrainien.
13:59 Je crois qu'il faut être extrêmement prudent avec tout ce que nous recevons comme informations, et qui vient aujourd'hui de Moscou.
14:05 Et c'est ce que nous tâchons de faire depuis maintenant 24 heures, Claude Moniquet, grâce également à votre expertise.
14:12 On avance un tout petit peu, parce qu'on a dit évidemment, s'il y a des liens concrets, directs ou indirects,
14:18 entre le régime de Kiev et ses terroristes, la guerre peut prendre un autre tournant, bien évidemment.
14:25 Ça peut bousculer la guerre. En revanche, aujourd'hui, si c'est avéré qu'il y a bien l'État islamique qui a frappé Moscou,
14:35 qui est capable de nouveau d'opérer et d'effectuer des attentats projetés sur des territoires comme la Russie,
14:44 l'Europe, demain, on est à quatre mois des Jeux olympiques, là aussi ça pourrait changer la face de la guerre.
14:48 Parce que certes, la Russie est un adversaire pour la France, mais la Russie pourrait être, comme elle l'a été précédemment,
14:56 un allié pour lutter contre le terrorisme islamiste.
14:59 Et d'ailleurs, Vladimir Poutine l'a rappelé dans son allocution, il a dit "il faut une unité internationale pour lutter contre le terrorisme".
15:06 Écoutez.
15:08 Tous les commanditaires seront punis de façon stricte.
15:13 Tous ceux qui ont perpétré ces actes terroristes contre notre peuple seront punis.
15:19 Nous connaissons la menace terroriste et je compte sur la coopération de tous les pays qui partagent notre sentiment.
15:26 J'appelle à l'union internationale pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes.
15:32 Ces assassins, peu importe leur nationalité, ne connaîtront aucun avenir et seront punis.
15:38 Ils seront punis par les plus difficiles et parfois inattendables tests.
15:43 Il y a quelques semaines, on invoque l'esprit muniquois dans la politique française.
15:47 J'ai le souvenir qu'en 1941, Winston Churchill avait dit "si Hitler avait envahi l'enfer, je chercherais à construire une alliance avec le diable".
15:56 Donc peut-être qu'il y a une hiérarchisation dans les priorités et une hiérarchisation dans la menace existentielle qui a frappé Moscou hier et qui pourra frapper Paris demain.
16:10 Il y a quand même aussi une obsession terrible ukrainienne de la part de Poutine.
16:15 D'ailleurs, il n'est pas le seul à avoir cette obsession puisque j'ai lu une déclaration de Medvedev, vous savez son alter ego,
16:21 qui a dit carrément, il a été encore plus loin en disant que si la responsabilité de l'Ukraine était organique,
16:26 il fallait éliminer les dirigeants de l'Ukraine. Il était encore plus loin, encore plus ferme.
16:29 Donc je crois que c'est assez bien organisé cette obsession.
16:32 Et puis le paradoxe, c'est de voir que dans le même temps où, on le sait, Poutine a soutenu le Hamas d'une façon ou d'une autre,
16:40 dans ses exactions du 7 octobre, il se retrouve avec un attentat sur le dos.
16:45 Donc ça montre à quel point, vous savez que les terroristes, c'est très très compliqué, on les soutient d'un côté mais on est fragilisés de l'autre.
16:52 Donc si ça pouvait donner une petite leçon à beaucoup de dirigeants dans le monde par rapport à comment est-ce qu'on gère des États terroristes ou des États qui protègent le terrorisme,
16:59 je pense au Qatar et à d'autres, ça serait aussi peut-être une leçon.
17:03 Je ne sais pas si on peut parler de leçon, je vous laisse mettre de vos propos.
17:06 Ah je suis totalement...
17:07 Évidemment, Franck Potapiro.
17:08 Et puis permettez-moi de rééquilibrer ce que vous avez dit. Vous parliez évidemment des propos de Medvedev.
17:13 Il s'avère que quelques minutes plus tôt ou quelques minutes plus tard, je ne me souviens pas,
17:18 mais je crois que c'est le régime de Kiev, les autorités ukrainiennes, qui avaient expliqué que cet attentat avait été orchestré par les autorités russes.
17:27 Mais on est dans une guerre entre deux pays voisins et avec une guerre également de communication.
17:32 Revenons sur la menace existentielle, sur peut-être ce tournant que pourrait être l'attentat de Moscou. Gabriel Puzel.
17:39 Déjà, je pense qu'il faut quand même dire et exprimer une pensée pour les moscovites.
17:43 Parce que nous, nous avons connu le Bataclan et nous savons l'émotion que ça suscite dans une population.
17:49 Donc je pense que ces 133 victimes, on n'est pas sûr de grand chose là ce soir, mais on est sûr d'une chose, c'est qu'il y a eu 133 victimes.
17:56 Donc je pense que c'est important.
17:58 Dans des enfants.
17:59 Dans des enfants. Donc c'est quand même important de le souligner.
18:03 C'est vrai que c'est difficile de trier le bon grain de livret dans l'information, parce que les deux côtés, chacun tire la couverture à soi.
18:10 Et j'ai envie de dire, ils ont tous été à la même école, parce que c'est celle du KGB, du reste.
18:17 Et c'est vrai que c'est difficile de se faire une idée juste.
18:21 Mais si c'est bien l'État islamique qui a frappé, ça nous remet un peu les idées à l'endroit, si j'ose dire.
18:28 Ou c'est en tout cas un grand verre d'eau froide dans le visage.
18:33 Parce que c'est une menace que nous avions oubliée.
18:35 Alors il y a certains experts quand même depuis quelques semaines qui jouent les Cassandres.
18:38 Et qui disent, et on n'aime jamais les Cassandres, on ne les écoute pas beaucoup.
18:41 Et qui disent, là, il y a des vrais réseaux.
18:45 Autre chose que des loups solitaires, ou plus ou moins solitaires, ou des gens radicalisés sur Internet.
18:52 Il y a vraiment des vrais réseaux qui sont en train de se reconstituer.
18:55 Certains disent, on a eu vent de passage par des voies migratoires, là aussi de vraies cellules.
19:02 Donc ce qui s'est passé, si c'est bien l'État islamique, n'est pas tout à fait improbable.
19:10 Et puis dans l'espèce de surenchère dans la guerre dans laquelle nous sommes passés,
19:16 je pense aussi que ça nous remet un petit peu les idées à l'endroit.
19:18 C'est que, vous l'avez dit, nous avons quand même un ennemi commun.
19:22 Moi je vois que le message de l'État islamique c'était de dire, voilà, on a tué des chrétiens.
19:26 C'est toujours ce même message.
19:29 À chaque fois, quand ils frappent sur notre sol, quand ils frappent sur le sol russe, etc.
19:33 Si leur objectif est de tuer des chrétiens, nous dans notre surenchère, dans la guerre occidentale,
19:38 avec les russes, on va finir par faire le boulot de l'État islamique
19:43 et se tuer entre chrétiens, ce qui n'est pas forcément une bonne idée.
19:45 J'ai dû manquer quelque chose, mais je reçois un message.
19:47 Rien ne dit, Poutine ne le dit pas, que les terroristes ont pénétré la Russie par l'Ukraine.
19:52 Non, il a accusé l'Ukraine d'avoir préparé un coup de main pour sortir.
19:55 Voilà, d'avoir une ouverture à la frontière ukrainienne.
20:00 Geoffroy Lejeune, quel regard vous portez ?
20:03 C'est vrai que c'est très compliqué aujourd'hui.
20:05 On arrive à un stade où on doit décrypter, décoder un attentat terroriste
20:13 dans un territoire, disons, très opaque, avec une guerre de communication qui peut se jouer,
20:19 avec un groupe terroriste qui le revendique, et puis un autre enjeu qui est le conflit russo-ukrainien.
20:26 En fait, je pense que ce qui est en train de se jouer, peut-être qu'on n'aura jamais les réponses à toute la question que vous posez.
20:32 Oui, c'est pour ça que c'est perturbant.
20:34 En revanche, il y a quelque chose qui est en train de se jouer sous nos yeux, et ça on en est certains,
20:38 c'est qu'on sent tous que ça peut être une bascule dans le conflit entre l'Ukraine et la Russie.
20:42 Vous avez entièrement raison.
20:43 Et je vais répondre à votre question que vous la posez depuis le début de l'émission, en demandant qu'est-ce que ça peut faire changer.
20:48 Vous savez, toutes les semaines, je viens ici à cette heure-là pour vous parler du contenu du journal du dimanche du lendemain.
20:53 Et là, je vais le faire de manière un peu particulière ce soir.
20:56 On a des confidences d'Emmanuel Macron demain qu'on a accompagnées à Bruxelles cette semaine
21:01 sur le conflit Ukraine-Russie justement dans le JDD de demain,
21:05 et qui ont été recueillies avant l'attentat de Moscou.
21:08 Et donc depuis l'attentat de Moscou, on a repris contact avec l'Elysée pour obtenir des réactions supplémentaires, etc.
21:15 Et j'ai compris pendant cette journée de travail à l'heure où on est en train, comme on dit dans le jargon de "maître sous presse",
21:20 j'ai compris que, en réalité, la pire crainte d'Emmanuel Macron, c'est que vous savez, ça fait trois semaines, même quatre semaines,
21:26 qu'il parle d'envoyer des troupes, qu'il essaye de mobiliser l'opinion publique française et les opinions publiques européennes
21:31 contre la Russie pour le soutien à l'Ukraine, etc.
21:34 Le sommet européen dont je vous parlais, où le JDD était jeudi-vendredi,
21:38 c'était justement pour aplanir toutes les différences entre les pays de l'Union européenne,
21:42 pour les mettre tous d'accord sur un plan de soutien à l'Ukraine, le réarmement, l'Europe de la défense, etc.
21:46 Il était plutôt content du résultat en revenant, et il y a l'attentat.
21:49 Que peut changer l'attentat ? C'est tout.
21:51 Parce que, justement, c'est le moment où les opinions publiques peuvent se dire "mais en fait, comme disait Gabriel,
21:56 on est en train de se battre entre chrétiens alors qu'on a cette menace islamiste qui n'a jamais disparu,
22:00 et finalement, est-ce que l'Union sacrée, ça ne devrait pas être contre ces gens-là qu'on l'a fait ?"
22:03 C'est la phrase de Churchill que je vous donnais juste avant.
22:06 Absolument. Et on peut vraiment parier, sans trop crainte de se tromper, que ça peut arriver avec ce qui s'est passé.
22:12 Et c'est la crainte d'Emmanuel Macron, parce qu'il sait qu'à ce moment-là, il se retrouverait lâché par son opinion,
22:16 lâché par les opinions européennes, et que probablement, c'est le temps de faire l'eau.
22:19 Eh bien, écoutez, ça va être absolument passionnant de décoder tout cela demain matin, mais c'est très intéressant.
22:26 Je pense aux téléspectateurs qui nous regardent. Il y avait déjà 86% des Français qui étaient contre l'envoi de troupes françaises en Ukraine
22:32 avant l'attentat, et je pense qu'aujourd'hui, ces mêmes Français se disent "la menace existentielle, ma menace, mon intégrité physique,
22:40 la menace pour mes enfants, pour mes proches aujourd'hui, j'imagine pas que c'est l'armée rouge qui va arriver en bas de chez moi,
22:47 c'est qu'en allant au cinéma, en allant au restaurant, en allant aux Jeux Olympiques, je pourrais arriver avec quelqu'un
22:54 qui, au nom d'une idéologie mortifère comme l'État islamique, voudrait me tuer."
22:59 Romain Gauguelin, 30 secondes, cher Romain.
23:01 Sur ce sujet de la lutte contre le terrorisme, la collaboration n'a jamais cessé.
23:06 Les Américains avaient justement alerté les Russes d'un risque d'un attentat de grande ampleur sur leur territoire,
23:13 une semaine avant qu'il n'ait lieu.
23:15 Bien évidemment, mais si vous envoyez des militaires, si vous envoyez des troupes hors d'un territoire,
23:21 par exemple les Français qui envoient des troupes en Ukraine pour lutter, disons, contre l'extrémisme et Vladimir Poutine,
23:31 vous enlevez, vous réduisez quelques forces qui pourraient rester sur votre sol pour aussi protéger une population.
23:37 Vous mettez des moyens dans l'armée, vous en mettez peut-être un peu moins dans le resseignement.
23:40 C'est toutes ces questions que les Français sont en droit, je crois, de se poser.
23:45 La publicité, Amine Elbaïy, je pense qu'ils ont voulu contrôler votre temps de parole à l'Arkham.
23:50 Et vous avez gagné devant le Conseil d'État.
23:52 Mais enfin, l'Arkham, ils devaient être contents, ils n'avaient même pas de boulot,
23:55 parce que vous n'avez pas dit un mot, vous aurez la primeur dès la publicité, au retour de la publicité.
24:00 A tout de suite.
24:01 20h30, l'Information, Mathieu Deveze, à vous Mathieu.
24:08 Le bilan ne cesse de s'alourdir après l'attaque terroriste en Russie.
24:12 Au moins 133 personnes sont mortes dans cette attaque armée hier contre une salle de concert dans la banlieue de Moscou.
24:19 Une attaque revendiquée par l'État islamique.
24:21 11 personnes ont été arrêtées, dont les 4 assaillants présumés.
24:24 Et selon Vladimir Poutine, il se rendait en Ukraine, où il disposait de contacts devant les aider à passer.
24:30 Des images impressionnantes.
24:32 Au Brésil, une violente tempête a touché le sud-est du pays,
24:35 et notamment la région montagneuse de l'État de Rio de Janeiro.
24:38 Les autorités locales qualifient la situation de critique.
24:41 Au moins 9 personnes ont perdu la vie.
24:44 Allez, du sport pour terminer, et du football.
24:47 L'équipe de France affronte ce soir l'Allemagne à Lyon.
24:50 Il s'agit d'un match amical, coup d'envoi dans 30 minutes, emmené par Kylian Mbappé.
24:54 Les Bleus veulent faire le plein de confiance à 3 mois désormais de l'Euro.
24:58 La compétition qui aura d'ailleurs lieu en Allemagne.
25:01 Continuons de parler de cet attentat à Moscou,
25:05 parce qu'évidemment, il y a des répercussions en France,
25:08 que ce soit sur la sécurité et même la vie politique.
25:13 Emmanuel Macron a réagi sur Twitter.
25:15 La France condamne avec fermeté l'attaque terroriste revendiquée par l'État islamique à Moscou.
25:19 Solidarité avec les familles des victimes, les blessés et le peuple russe.
25:23 Déclaration sur Twitter, c'était ce midi hier.
25:27 Il n'avait pas tweeté, c'était le Quai d'Orsay qui avait réagi, si je ne m'abuse.
25:31 Certains responsables politiques ont également réagi,
25:34 notamment Jordan Bardella, qui revient sur l'attentat.
25:39 Que tous les États sont en guerre contre une idéologie islamiste,
25:45 qui a fait couler beaucoup de sang en France, sur le sol européen.
25:50 Je tiens évidemment à adresser ma compassion, ma solidarité la plus totale
25:57 avec le peuple russe et avec les moscovites qui sont endeuillés par cette attaque barbare,
26:03 qui rappelle un mode opératoire que nous avons connu sur le sol européen et sur le sol français.
26:09 Ce qui est intéressant, c'est qu'il revient aussi sur cette menace islamiste
26:14 qui n'a ni frontières et qui n'a ni limites.
26:18 C'est-à-dire qu'un attentat terroriste islamiste, ça peut frapper un village au Niger,
26:24 un marché à Kaboul, une salle de concert à Moscou,
26:28 comme des Jeux olympiques et une cérémonie le 26 juillet prochain à Paris.
26:33 On écoute Jordan Bardella.
26:35 L'islamisme est probablement l'un des plus grands totalitarismes du XXIe siècle
26:41 que nous allons encore devoir affronter.
26:44 Je pense que cette attaque ignoble doit aussi sonner pour nous comme une sommation
26:50 et nous rappeler que l'ennemi est aussi chez nous et qu'il nous faut le combattre.
26:56 Est-ce que vous partagez cette position à Amine Elbaïde Diar ?
27:00 Ce qui s'est passé à Moscou doit nous alerter une nouvelle fois
27:05 sur le fait que la menace islamiste est aussi chez nous.
27:09 D'abord, je voudrais adresser ce soir, Eliott, mes pensées les plus profondes
27:14 envers les Moscovites et aussi le peuple russe.
27:16 Vous savez que pour moi, le combat face à l'islamisme et face au terrorisme
27:20 est quelque chose de très fort.
27:22 Je veux vous dire simplement qu'aujourd'hui, tout n'est pas dit aux Français.
27:29 Pourquoi ? Parce que depuis plusieurs semaines, depuis plusieurs mois maintenant,
27:33 on a effectivement adhéré à un discours unique,
27:37 c'est celui du président de la République Emmanuel Macron
27:40 qui nous a effectivement présenté la Russie comme l'ennemi à abattre.
27:43 Sauf qu'avec la Russie, nous avons partagé au cours des dernières années
27:46 des combats communs, des fronts communs, en Syrie, bien sûr,
27:50 mais aussi au Sahel, face aux factions terroristes armées.
27:54 Je veux dire aujourd'hui que les Français doivent savoir une chose,
27:57 c'est qu'ils ont peut-être plus de chances de mourir demain
28:00 sous les balles de l'État islamique qui est déjà présent sur le territoire,
28:03 par son idéologie, sur les réseaux sociaux, par des factions armées dormantes
28:09 que sous les balles de Vladimir Poutine dont l'armée devrait d'abord passer,
28:13 pardonnez-moi l'expression, plus de huit États au sein de l'Europe
28:16 avant d'intégrer le territoire national.
28:18 Je me permets juste de rééquilibrer une nouvelle fois,
28:20 je ne suis pas sûr qu'au Mali, les militaires français
28:23 entretenaient des relations cordiales avec les mercenaires de Wagner.
28:29 Oui, oui, simplement un point.
28:30 Je me permets juste de dire ça. En revanche, sur la menace terroriste islamiste
28:35 et notamment sur la chute du califat en Syrie et en Irak,
28:41 effectivement, il y a eu une coopération internationale en 2014.
28:47 Où vous vouliez réagir ?
28:48 Oui, parce que vous avez posé en début d'émission la question
28:51 de qu'est-ce que cet attentat peut changer dans le conflit entre l'Ukraine et la Russie.
28:56 Après, vous avez montré le tweet d'Emmanuel Macron,
28:57 il y a un changement déjà notable, c'est que dans ce tweet,
29:00 Emmanuel Macron adresse sa solidarité et sa compassion au peuple russe.
29:05 Jusqu'à présent, ce n'est pas la première fois qu'il l'a fait,
29:07 mais jusqu'à présent, il y avait vis-à-vis des Russes,
29:09 non pas de l'État russe, mais des Russes, un comportement un peu différent.
29:13 C'est-à-dire qu'en gros, la France, par exemple, a refusé qu'il concourre aux Jeux olympiques,
29:17 que les athlètes russes concourent en tant qu'athlètes russes aux Jeux olympiques.
29:20 Sur bannière neutre.
29:21 Absolument.
29:22 En revanche, je crois qu'ils ne pourront même pas participer à la cérémonie d'ouverture.
29:27 Il y a eu aussi des débats, pour le coup, ce n'était pas le président de la République qui les avait lancés,
29:32 mais des débats sur le fait d'arrêter d'écouter des œuvres russes,
29:36 de lire des œuvres russes, de célébrer des artistes russes, etc.
29:39 au tout début du conflit.
29:40 Là, il y a une nouveauté, et en fait, elle est intéressante,
29:42 parce que son tweet est sans ambiguïté sur le soutien apporté aux Moscovites et au peuple russe.
29:47 Et c'est aussi une manière, en tout cas, je pense que Vladimir Poutine
29:50 a essayé de capitaliser sur cette compassion d'États qui, eux aussi, ont été frappés par le terrorisme
29:55 pour faire changer l'image portée sur la Russie.
29:57 En ce moment, en tout cas, c'est sûr et certain que la Russie acquiert un statut de victime,
30:01 alors que depuis deux ans, elle n'était que l'agresseur.
30:04 J'ai le souvenir également, je crois que c'était en janvier 2015,
30:10 après l'attentat de Charlie Hebdo, il y a eu cette grande marche Place de la République
30:13 avec la réunion de tous les chefs d'État du monde entier.
30:16 Et il n'y avait non pas Vladimir Poutine, mais c'était Sergueï Lavrov qui était présent pour représenter la Russie.
30:24 Vous voyez cette image avec Francois Hollande, Nicolas Sarkozy, Netanyahou,
30:30 qui étaient notamment en première ligne, accompagnés d'Angela Merkel.
30:36 Éric Ciotti, parce que là aussi, on en revient aux précédentes déclarations
30:40 du président de la République ces dernières semaines,
30:43 avec cette escalade verbale entre les Russes et les Français.
30:48 Éric Ciotti qui a interpellé le président Macron,
30:51 et sur l'attentat et sur ses précédents propos ces dernières semaines.
30:55 Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, notre voix s'est marginalisée.
31:01 Nous l'avons vu encore récemment avec les déclarations "Va t'en guerre" sur l'Ukraine,
31:07 "Aventurisme irresponsable" rejetée par tous nos partenaires,
31:13 qui nous confinent dans un humiliant isolement.
31:18 On ne s'improvise pas, chef de guerre, avec des gants de boxe.
31:23 La guerre,
31:32 la guerre, cher Christophe, ce n'est pas la recherche du buzz sur TikTok ou sur Instagram.
31:40 La guerre, c'est du sérieux, la guerre, c'est du sang.
31:45 Ce sont des drames, ce sont des larmes. Ne jouons pas avec elles.
31:50 Et c'est peut-être ce discours "Va t'en guerre" qui sera reproché à terme
31:56 au président de la République, qui a été déjà reproché,
31:59 par des Français qui n'étaient pas raccords avec ce qu'avait pu dire Emmanuel Macron.
32:02 Je pense qu'il n'est pas du tout compris.
32:04 On parle souvent du décalage entre les élites et la base,
32:07 mais là, sur ce sujet-là, il n'est vraiment pas compris.
32:09 Il instaure un décor de guerre, martial, qui fait un peu "Guerre froide".
32:14 On peut se demander d'ailleurs s'il ne parle pas qu'à son électorat historique.
32:18 Vous savez qu'on dit "contracté", des personnes vulgairement appelées "boomer",
32:23 mais un peu âgées, pour lesquelles la guerre froide a été leur univers.
32:27 Donc ils comprennent les répliques, tout le contexte.
32:30 Mais en réalité, beaucoup de Français sont très inquiets d'une autre guerre
32:34 qui se joue déjà sur notre sol.
32:36 Il dit "Il y a une guerre à 1500 km de nos frontières, elle est à nos portes".
32:39 En fait, c'est aux portes de l'Europe, quand il dit "à nos portes".
32:42 Mais en réalité, il y a une guerre qui est sur le sol français,
32:45 celle-là, avec laquelle il est visiblement beaucoup moins à l'aise.
32:49 Et ce qui est compliqué, évidemment, et je crois que le jeune l'a dit,
32:51 c'est qu'hier, cette guerre finalement occultée,
32:55 parce qu'on ne sait pas comment la traiter, on va le dire très franchement,
32:59 elle est revenue sur le devant de la scène et a fait passer au deuxième plan
33:03 cette guerre dont il avait bien établi le décor qui lui sert aussi pour les Européennes.
33:07 Et ça n'empêche pas que les Français ont beaucoup de compassion pour les Ukrainiens,
33:10 ils les ont accueillis, etc.
33:12 Mais néanmoins, ce n'est pas cette guerre-là qui les inquiète, évidemment.
33:16 Et justement, on en vient à l'État islamique.
33:19 Est-ce que l'État islamique représente encore un peu plus ?
33:22 Elle était déjà une menace pour la France.
33:25 Il y a un truc de Thibaud de Montbrial qui m'a marqué.
33:28 Si vraiment l'État islamique a les capacités de frapper aussi rudement
33:31 la capitale aussi surveillée, quadrillée que les Moscou et la Russie,
33:38 c'est que ses capacités de projection, action,
33:41 ont de nouveau atteint un niveau extrêmement préoccupant.
33:46 Je vais vous donner un seul exemple qui montre que la menace terroriste est toujours là
33:50 et qu'elle n'est pas anticipée par le président de la République.
33:53 Un seul exemple.
33:54 C'est le traitement, la question du sort.
33:57 Des dyadis français partis combattre la France, partis combattre en Syrie,
34:01 rejoignent les rangs de Daesh, qui se trouvent toujours aujourd'hui détenus
34:05 et dont le sort n'est toujours pas fixé.
34:08 Vous avez des Kurdes en Syrie qui vous disent "on ne va pas les garder bien longtemps".
34:11 Et aucun État européen ne sait encore, pour le moment, pencher sur leur sort.
34:16 À tout moment, ils peuvent s'échapper des camps, à tout moment ils peuvent revenir commettre des attentats.
34:20 Et un dernier point.
34:21 Vous avez un attentat qui est déjoué tous les mois et demi en France,
34:24 vous avez des services de sécurité qui travaillent 24h/24 avec un effort important qui a été effectué,
34:32 notamment dans la cybersécurité qui a été effectuée.
34:35 Il ne faut pas non plus expliquer aux Français que rien n'est fait dans la lutte contre le terrorisme.
34:43 Je trouve ça un peu caricatural.
34:45 Ce n'est pas caricatural ce que je vous dis.
34:47 Ce que je vous dis c'est que vous avez aujourd'hui plus de 300 combattants de l'État islamique,
34:51 français, partis combattre en Syrie, qui se trouvent en Syrie
34:55 et qui peuvent à tout moment s'échapper et venir frapper le sol français.
34:58 Et un dernier point, vous citez Thibaud de Montbrial.
35:00 Permettez-moi de souligner l'excellent travail de Thibaud de Montbrial à l'occasion des Jeux Olympiques.
35:05 On va mobiliser des forces de l'ordre, en nombre, des réservistes, protéger la capitale.
35:11 Mais pendant ce temps, qui va protéger ?
35:14 Qui va protéger toutes les autres petites villes, les petites campagnes,
35:17 où il n'y aura malheureusement pas un service public en capacité de pouvoir répondre à la menace terroriste
35:24 qui n'est pas propre à la ville de Paris, mais qui pourra frapper demain tout le territoire national.
35:28 Revenons sur Daech à présent, sa résurgence, parce qu'on pensait que la menace d'un attentat,
35:32 on le disait projeté, était un lointain cauchemar.
35:35 Il s'avère que si les faits sont avérés, on retombe dans cette idée
35:40 que depuis un pays étranger, les terroristes réfléchissent, pensent, récupèrent, recrutent,
35:46 forment et ensuite projettent des djihadistes sur un sol occidental ou donc russe cette fois-ci.
35:54 On voit le sujet de Solène Boulan et on en parle juste après.
35:56 Après la chute de Mossou, l'Héraca en 2017, deux bastions de l'État islamique,
36:03 les derniers combattants de Daech se retranchent à Baghouz en Syrie.
36:07 Le 23 mars 2019, les djihadistes sont forcés de se rendre.
36:11 Cet événement est annoncé comme la fin de l'État islamique.
36:14 Mais l'idéologie persiste au sein de cellules dispersées dans différentes régions du monde.
36:19 Le califat qui était à cheval sur la Syrie et l'Irak a disparu, je dirais, administrativement.
36:26 Mais ils sont toujours très présents, les activistes sont toujours présents sur ces deux pays.
36:32 Deuxième zone où ils sont extrêmement actifs pour le moment, c'est le Sahel.
36:36 Selon les spécialistes, en frappant au cœur de la Russie avec sa branche afghane,
36:40 l'État islamique souhaiterait affirmer sa présence et regagner la confiance des combattants.
36:45 L'ouverture, je dirais, d'un énième front en Russie,
36:50 qui peut laisser penser qu'il pourrait avoir d'autres actions sur zone,
36:55 eh bien ça va leur permettre de regagner en crédibilité, je dirais, vis-à-vis de leur public
37:03 et essayer de recruter de nouveaux militants.
37:08 Un recrutement opéré en grande partie via Internet et les réseaux sociaux
37:12 que les pouvoirs publics peinent à contrer.
37:14 Aujourd'hui, ce qui est le plus inquiétant et le plus difficile à repérer,
37:19 c'est l'individu qui passe à l'acte tout seul sans avoir besoin d'ordre de l'extérieur,
37:24 en adhérant au projet islamiste et en décidant lui-même de passer à l'action.
37:31 En France, la menace persiste. Le niveau 2 du plan Vigée Pirate est activé,
37:35 correspondant à un niveau élevé de la menace terroriste.
37:38 J'avais une dernière question à vous poser rapidement, s'il vous plaît.
37:43 Parmi l'État islamique, il y a plusieurs branches,
37:46 et ce serait une branche afghane qui serait la principale suspecte
37:50 d'avoir orchestré, organisé cet attentat.
37:54 Oui, à l'époque de sa splendeur, quand il contrôlait une grande partie
37:59 des territoires syriens et irakiens, l'État islamique avait sémé des provinces,
38:03 comme ils disent, des "villayats", c'est-à-dire des espèces de filiales,
38:07 en Asie du Sud-Est, dans le Sahel, en Afrique de l'Est,
38:13 et aussi également en Afghanistan et en Asie centrale.
38:18 Cette province de… pardon, EIK, l'État islamique au Khorasan,
38:26 cette province afghane donc, ne se limite pas au territoire afghan.
38:30 Elle a vocation à englober une vaste région qui regroupe les pays d'Asie centrale,
38:36 qui regroupe une partie du Pakistan, qui peut même aller jusqu'à l'Iran.
38:40 Et c'est très important de le souligner, parce que ça veut dire que,
38:43 si par exemple cette province de Khorasan voulait agir en France,
38:48 elle n'aurait peut-être pas projeté des éléments depuis l'Afghanistan
38:52 ou l'Asie centrale, puisque nous avons en France des communautés,
38:56 entre autres de réfugiés de Tchétchène, de refugiés caucasiens,
39:01 de réfugiés d'Asie centrale, de Pakistanis, etc.
39:03 Donc il est tout à fait possible que nous ayons déjà en France,
39:06 aujourd'hui, des cellules dormantes de l'État islamique version Khorasan.
39:11 Merci beaucoup Claude Meuniquet pour votre disponibilité.
39:15 Vous étiez avec nous hier soir, ce matin, vous l'êtes encore ce soir.
39:19 Si on peut, dans ces moments un peu lourds, avoir un petit sourire.
39:24 Remettez-moi l'image de Claude Meuniquet, s'il vous plaît,
39:26 parce que je regarde tout le temps sa bibliothèque,
39:28 qui est absolument magnifique avec tous ses livres.
39:30 Il s'avère qu'en plus d'avoir beaucoup de livres, vous avez un très joli chat
39:33 derrière vous, Claude Meuniquet.
39:36 Absolument, une jeune mène-coune qui aime beaucoup la télévision.
39:41 Merci beaucoup Claude Meuniquet.
39:43 Il nous reste quelques minutes, le temps pour nous de revenir sur…
39:47 Non, je voulais simplement faire un tout petit commentaire de ce qui a été dit.
39:51 Souvenez-vous qu'au moment du départ des Américains de l'Afghanistan,
39:57 la France a été la première à dire qu'il faut accueillir
40:00 tous ceux que les talibans mettent en danger.
40:02 Mais ce n'est pas parce que les talibans sont méchants
40:05 que ceux qui sont opposés à eux sont gentils.
40:08 On a une vision extrêmement manichéenne de la géopolitique
40:12 et sans précaution de l'accueil que nous faisons des réfugiés.
40:15 Et je crois que ce qui a été dit en donne l'illustration.
40:17 Information qui vient de tomber, je me tourne vers vous Romain Gauguelin.
40:20 Volodymyr Zelensky qui accuse Vladimir Poutine
40:23 de vouloir rejeter la faute sur l'Ukraine.
40:26 Il s'est exprimé tout à l'heure, le président ukrainien,
40:29 Volodymyr Zelensky, il déclare que Vladimir Poutine
40:34 n'est un rien du tout, qu'il a attendu une journée
40:37 pour s'exprimer et pour, comme on s'y attendait,
40:40 et comme nous l'avions évoqué hier soir,
40:42 commencer à rejeter la faute sur l'Ukraine.
40:45 Le président ukrainien dit aussi que selon lui,
40:49 les centaines de milliers, il parle de centaines de milliers de Russes
40:54 qui sont tués aujourd'hui en Ukraine,
40:59 pourraient être mieux utilisés à défendre leur pays
41:03 pour éviter ces actes terroristes.
41:05 On écoute Vladimir Poutine également qui a réagi cet après-midi
41:10 en disant "personne ne peut renverser la Russie"
41:14 et c'est cet appel à l'unité, cette fois-ci non pas internationale
41:18 contre le terrorisme, mais nationale,
41:20 qui découle de cette déclaration.
41:23 J'appelle tous nos combattants et tous nos citoyens à s'unir.
41:28 Il faut rester soudés.
41:30 Rien ne peut faire vaciller la Russie.
41:36 Personne n'ébranlera notre peuple multinational.
41:41 La Russie a souvent fait face à des défis,
41:43 mais elle a toujours réussi à les surmonter.
41:45 Ce sera le cas cette fois aussi.
41:48 Est-ce que c'est un président qui est fragilisé Romain Gauguelin ?
41:53 Factuellement, quand un attentat comme ça survient,
41:57 on peut imaginer une semaine après des élections
41:59 où il a quasiment eu 87% de succès.
42:02 Le timing renforce ces soupçons, ces craintes qu'on peut avoir
42:06 sur l'instrumentalisation de ce terrible attentat à Moscou.
42:11 A priori, il ne sera pas fragilisé, bien au contraire.
42:16 C'est ce qui a toujours été le cas.
42:18 A chaque fois qu'il y a eu un attentat sanglant en Russie,
42:22 les Russes se sont rassemblés autour de leur président,
42:25 comme ça a été le cas aussi chez nous après les vagues d'attentats en France.
42:29 Franck Tapiero, quel regard vous portez sur ces déclarations de Vladimir Poutine ?
42:33 Il appelle à l'unité, qu'il soit à l'unité internationale contre le terrorisme
42:38 et l'unité nationale pour éviter que le pays ne cède,
42:41 et à la panique et à la colère.
42:43 Et la panique, mais justement c'est l'instrumentalisation,
42:45 cette unité qui va être intéressante à observer.
42:47 Je le disais tout à l'heure, c'est tout pour l'instant contre l'Ukraine,
42:50 que ce soit lui ou ses lieutenants, entre guillemets,
42:53 comme Medvedev, avec leurs déclarations complètement délirantes.
42:56 Donc c'est de voir justement, est-ce qu'il va continuer sur ce biais-là,
43:00 pour s'abuser de ses comprétextes, pour accélérer,
43:02 pour aller faire ses démarches contre l'Ukraine,
43:04 ou alors revenir sur une coalition internationale contre le terrorisme.
43:07 Et on voit bien que les deux sont paradoxales,
43:10 alors qu'elles partent exactement d'un même fait.
43:12 Ce qu'il y a d'extraordinaire aujourd'hui, c'est de voir comment aujourd'hui,
43:15 il va réussir peut-être à réunifier, peut-être même certains
43:18 qui étaient un peu en distance en Russie,
43:20 sur le côté "nous allons nous défendre" avec cette grande Russie,
43:24 vous savez qu'il veut et qu'il appelle le CVE depuis maintenant.
43:27 - Mais j'ai le souvenir qu'on a un chef de l'État, Emmanuel Macron,
43:30 qui a appelé en Israël à créer une coalition internationale
43:35 pour lutter et éradiquer, mettre un terme au Hamas.
43:40 - Absolument, il l'a fait assez vite, c'était d'ailleurs le premier qui a réagi.
43:44 - Oui, mais d'ailleurs ça a fait pchit puisque tout le monde a dit...
43:46 - Peut-être que ce fait-là, justement ce qu'on disait tout à l'heure,
43:49 c'est peut-être le moment de réinitialiser cette coalition internationale
43:52 contre le terrorisme et de montrer que s'il y a un ennemi dans le monde aujourd'hui,
43:56 c'est l'islamisme radical, que ce soit Daesh ou le Hamas.
43:59 - Je constate également que du côté des réactions politiques françaises,
44:04 il n'y a pas eu de débat ces 24 dernières heures
44:08 pour qualifier cet acte de terroriste.
44:11 Le 7 octobre il y avait eu un débat, il y en a encore un débat, c'est menti,
44:14 c'est-à-dire que certains ont parlé de résistants,
44:16 là ils ont tous parlé d'attaques terroristes,
44:19 certains n'ont pas dit un mot. Et maintenant, qu'est-ce qui peut se passer ?
44:22 Vous n'avez évidemment pas de boule de cristal, Geoffroy Lejeune,
44:25 mais sur ces tensions qui peuvent monter d'un cran
44:30 ou alors justement être un tournant dans ce conflit.
44:33 - Je pense que ça... Mais encore une fois, vous avez raison, je n'ai pas de boule de cristal.
44:37 Je pense que la tension va monter encore entre l'Ukraine et la Russie
44:40 qui vont s'accuser, il y a deux propagandes qui s'affrontent en réalité.
44:44 Donc là pour le coup on est témoins impuissants de ça.
44:46 En revanche, je pense que chez nous en France, le jeu qui est en train de s'ouvrir en ce moment,
44:50 c'est la bataille de l'opinion publique pour savoir si l'opinion publique française
44:53 reste dans l'état dans lequel elle est aujourd'hui,
44:55 c'est-à-dire plutôt distante vis-à-vis de ce sujet
44:57 et à ne pas vouloir embarquer le pays trop loin dans le soutien à l'Ukraine
45:00 ou alors est-ce qu'Emmanuel Macron réussit ce qu'il tente aujourd'hui ?
45:03 Et encore une fois, vous verrez dans le JDD, il essaie d'embarquer en même temps que ses alliés européens,
45:06 il essaie d'embarquer aussi les Français avec, en expliquant que ça les concerne, la guerre en Ukraine.
45:10 Est-ce qu'il va réussir à empêcher que les Français soient plus inquiets, ce que vous disiez tout à l'heure,
45:14 par la Russie que par le terrorisme ? C'est pas gagné, on en est loin.
45:17 - Eh bien merci à tous les cinq. En tous les cas, on a essayé de décrypter ces derniers faits d'actualité
45:22 concernant l'attentat à Moscou en toute transparence, en faisant très attention, avec beaucoup de précaution
45:28 parce que, je le disais, c'est un territoire où peu d'informations circulent
45:33 et il est difficile de séparer le grain de l'ivraie.
45:37 Merci à tous, on se retrouve demain matin.
45:41 matin.
45:43 [SILENCE]