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Vendredi 23 février 2024, ART & MARCHÉ reçoit Sydney Chiche-Attali (avocat) et Amaury Chaumet (CEO, The Packengers)

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00:00 *Générique*
00:08 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Art et Marché, votre émission hebdomadaire consacrée au marché de l'art.
00:13 Et aujourd'hui, elle est consacrée à 100% à l'intelligence artificielle et son lien avec le marché de l'art.
00:18 Pour l'actualité, nous revenons sur le projet de règlement européen, l'AI Act.
00:23 L'intelligence artificielle a été validée à l'unanimité par les pays de l'Union Européenne.
00:28 Et Signechish Attali, qui est avocat spécialisé en propriété intellectuelle et en art numérique,
00:33 va nous décrypter son impact sur les droits d'auteur.
00:36 Pour l'interview de la semaine, nous nous intéressons à l'IA comme outil pour les professionnels du marché de l'art,
00:42 utilisé bien sûr pour les plateformes e-commerce et le transport d'oeuvres d'art.
00:46 Amori Chomey, CEO de The Packager, sera notre invité.
00:49 Bienvenue à tous et à toutes qui nous rejoignez tout de suite, c'est Art et Marché.
00:54 *Générique*
00:58 La question de l'IA et des droits d'auteur a inquiété le monde de l'art depuis plusieurs mois.
01:03 L'AI Act a été validée à l'unanimité par les pays de l'Union Européenne et apporte un cadre réglementaire
01:09 salué par l'ADHGP, la Société des auteurs des arts graphiques et plastiques.
01:13 Et Signechish Attali est avocat, il est avec nous en visio, il est spécialisé dans la propriété intellectuelle et l'art numérique.
01:20 Il va nous donner quelques détails sur ce cadre.
01:22 Bonjour, donc rapidement, est-ce que vous pouvez nous donner les contours de ce cadre réglementaire validé ?
01:28 Par les pays de l'Union Européenne.
01:30 Bonjour et merci pour votre invitation.
01:34 Effectivement, un projet de règlement européen sur l'intelligence artificielle a été voté par les 27 pays membres de l'Union Européenne
01:42 et par le Parlement européen il y a une semaine maintenant.
01:45 L'accord n'a pas été évident à trouver.
01:48 Il a fallu prendre en considération plusieurs enjeux, la sécurité, l'innovation technologique,
01:55 mais aussi la protection du droit d'auteur qui a été débattue.
02:00 Et quand on parle d'IA et de protection du droit d'auteur, on parle de deux sujets en réalité.
02:05 C'est le droit d'auteur sur les œuvres utilisées par l'IA pour apprendre à créer
02:12 et le droit d'auteur pour les œuvres générées avec l'aide d'une IA.
02:17 Est-ce que vous pouvez nous donner plus de détails sur ce premier volet qui concerne les fournisseurs de modèles IA,
02:23 ces machines qui utilisent des œuvres d'art comme données, comme data ?
02:29 Bien sûr. Sur ce premier point, on le sait, les intelligences artificielles génératives n'apprennent pas toutes seules, ce n'est pas magique.
02:37 Elles apprennent en utilisant des bases de données de millions d'œuvres,
02:41 ce qui a été regardé comme problématique, on le comprend, par les créateurs, par les auteurs,
02:47 dès lors qu'on n'a pas demandé leur consentement et qu'ils ne sont pas rémunérés à ce titre.
02:53 Aux USA, on a vu des « class actions » contre les sociétés d'IA générative,
03:00 notamment les écrivains contre OpenAI avec chaque GPT ou encore les artistes contre l'IA générative mid-journée,
03:08 qui est cette intelligence artificielle créatrice d'images qui a en réalité développé son style
03:14 sur la base du style de 4 700 artistes qu'on peut identifier dans une liste aujourd'hui.
03:20 On comprend la crainte et la frustration des artistes et l'IA Act, en tout cas le projet qui a été voté,
03:27 propose des solutions là-dessus, notamment l'obligation pour ces entreprises qui proposent des IA génératives
03:36 de respecter le droit d'auteur, de s'assurer et de vérifier que les auteurs ne sont pas opposés à cette utilisation.
03:43 Il y a aussi la publication d'un résumé détaillé des données utilisées pour entraîner l'IA
03:49 et sa transmission à un tiers de confiance, qui devrait être le Bureau européen de l'IA,
03:56 qui est cet organe créé par l'IA Act.
04:02 Tout ça a pour but de permettre aux auteurs et aux ayants droit de faire valoir leurs droits
04:08 auprès de ces sociétés qui proposent des IA génératives.
04:12 L'autre volet concerne les œuvres 100% créées par de l'IA, mais plus du côté des artistes, des auteurs.
04:21 Les personnes qui les utilisent, effectivement. Le texte qui a été voté, les IA Act dans sa forme actuelle,
04:30 impose l'identification de ces contenus générés par l'IA, donc son identification pour les humains,
04:39 mais aussi pour les machines, c'est-à-dire pour les algorithmes, notamment des moteurs de recherche,
04:45 pour qu'ils puissent identifier ce qui a été généré par l'IA, dans un but de protéger les droits d'auteur,
04:52 mais également dans un but d'éviter les fake news, qui est un des gros enjeux de ce texte.
04:59 Le texte ne se prononce pas en tant que tel sur oui ou non les œuvres générées par l'IA sont protégées par le droit d'auteur,
05:08 parce qu'en réalité, le cadre juridique actuel permet déjà de traiter cette question.
05:13 En droit français, par exemple, le droit d'auteur protège les œuvres au titre du droit d'auteur dès lors qu'elles sont originales,
05:21 c'est-à-dire qu'elles portent l'empreinte de la personnalité de leur auteur.
05:25 Et donc, même un auteur qui aurait utilisé une intelligence artificielle pour révéler cette personnalité,
05:31 par le choix des outils, des modèles, des bases de données, par les promptes, les instructions, les itérations,
05:37 les retouches, etc.
05:39 S'il révèle sa personnalité en utilisant l'outil, on peut s'imaginer qu'on pourrait reconnaître un droit d'auteur sur les œuvres générées par l'IA.
05:48 Mais en tout cas, la jurisprudence devra se prononcer dans les prochains mois sur notamment les critères à prendre en compte
05:54 en la matière pour accorder ou non la protection du droit d'auteur.
05:59 Merci beaucoup, Sidney Shishatali.
06:01 Je rappelle que vous êtes avocat dans votre propre cabinet spécialisé en propriété intellectuelle et arts numériques.
06:06 Merci à vous pour votre intervention et on passe tout de suite à l'interview de la semaine.
06:10 Et pour l'interview de la semaine, je suis en compagnie d'Amaury Chaumet, qui est CEO de The Packager.
06:18 Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous.
06:20 Bonjour, Sibylle.
06:21 Donc, vous êtes CEO de The Packager, une startup dédiée à la logistique dans le monde de l'art.
06:25 Est-ce que vous pouvez nous expliquer en plus, avec plus de précision, ce que fait votre startup
06:30 et aussi, surtout, en quoi, comment est-ce que vous avez intégré l'IA dans votre solution ?
06:36 Alors, The Packager, c'est une entreprise qu'on a créée il y a quatre ans maintenant.
06:41 Et l'idée principale était de proposer une offre de transport sur des plateformes e-commerce
06:47 qui vendaient des objets vintage, d'art, de collection,
06:50 des objets qui n'étaient pas emballés à l'origine, qui n'avaient pas d'emballage industriel.
06:55 Et donc, il n'y avait pas de proposition de transport, puisque pour pouvoir calculer un transport,
06:59 il faut que l'objet, d'abord, soit emballé pour avoir ses dimensions définitives et ensuite calculer le transport.
07:05 Moi-même, j'étais dans le transport de Renard depuis de nombreuses années,
07:08 donc j'ai eu cette idée et on a monté un algorithme qui permettait de calculer cette transformation.
07:15 La transformation de l'objet entre un objet à nu ou non emballé et un objet emballé.
07:21 Donc, avec cette idée, on a créé The Packagers, on est allé voir les plateformes e-commerce,
07:25 on leur a proposé de les intégrer, ça a eu un succès assez rapide puisqu'aujourd'hui, on a intégré...
07:32 Vous avez beaucoup développé là.
07:33 Oui, on a intégré les plus grandes plateformes existantes en Europe et aux Etats-Unis
07:40 et on va encore en intégrer d'autres cette année, donc on déroule assez vite.
07:48 Et donc voilà, aujourd'hui, on est installé en France, aux Etats-Unis, en Italie, en Angleterre.
07:53 Vous avez signé avec Drur, Inter-Rancher notamment.
07:54 Voilà, Invaluable, LiveAuctioneer, il y a pas mal de plateformes avec qui on travaille.
08:00 On est le seul à avoir cette proposition et finalement, ça permet de massifier tous ces flux.
08:06 Nous, on est vraiment un acteur indépendant neutre.
08:09 Il faut comprendre que les commissaires-priseurs utilisent plusieurs canaux de vente.
08:13 Ils peuvent utiliser une plateforme, deux plateformes, parfois trois plateformes.
08:16 Mais finalement, en termes de logistique, nous, on va chercher toujours chez un commissaire-priseur.
08:21 Et le fait de massifier ces flux permet d'avoir des prix très compétitifs,
08:25 des prix qui se rapprochent au prix du e-commerce et non plus à des prestations unitaires.
08:31 Et ce qui favorise bien sûr le développement des ventes, le commerce en général.
08:36 Et donc l'aspect intelligence artificielle dans cette solution, pour permettre que ce soit plus efficace ?
08:43 Alors, il y a plusieurs domaines sur lesquels on avance avec l'intelligence artificielle.
08:49 Il y a deux éléments qu'on a déjà actés, développés
08:54 et qui sont déjà utilisés dans notre système.
08:57 Le premier, c'est le traitement des données.
09:00 Puisqu'on reçoit énormément de données, de catalogues, d'objets, de descriptifs,
09:05 mais qui sont parfois difficiles à exploiter parce que ce n'est pas dans le bon sens, dans le bon ordre, etc.
09:12 où les données ne sont pas complètes.
09:13 Sur des dimensions, vous pouvez avoir, si on parle d'une statue, vous allez avoir la hauteur.
09:18 C'est tout. Mais pour nous, un transporteur, il nous faut la hauteur, la largeur et la profondeur.
09:23 Donc on s'est servi finalement de toute notre base de données,
09:29 on a monté les data sets en IA et aujourd'hui on est capable de traiter les millions de données qu'on reçoit
09:37 pour avoir une donnée définitive utilisable pour nous, afin de donner un pricing.
09:42 Que ce soit encore plus précis, une autonomisation aussi ?
09:46 Puisque là, c'est instantané.
09:48 On est capable de cleaner, d'ailleurs cet outil on l'a appelé le cleaner.
09:52 On est capable de cleaner des centaines de milliers de données de manière quasi immédiate.
09:59 Donc ça c'est sur le prédictif des dimensions des objets.
10:04 Et ensuite, on a monté d'autres data sets qui permettent également de donner de la prédiction sur la typologie d'emballage.
10:11 Parce que la typologie d'emballage, elle va changer par rapport à la taille de l'objet,
10:16 par rapport à son poids prédit, par rapport à sa valeur, par rapport à sa complexité, par rapport aux matériaux de l'objet.
10:25 Et évidemment par rapport à la destination.
10:28 Ce n'est pas la même chose d'envoyer un objet en Australie que de le livrer de Paris à Paris.
10:32 Donc aujourd'hui, avec l'IA, on est capable nous en interne de tout de suite pouvoir définir la typologie d'emballage.
10:39 Donc ça c'est les deux choses qu'on a réalisé l'année dernière, qui est déjà fonctionnelle chez nous et qui marche très bien.
10:49 Puis on a d'autres idées en cours de développement.
10:53 Comme l'IA est en cours de développement.
10:55 Et l'enjeu derrière, c'est vraiment un enjeu e-commerce que les plateformes de vente aux enchères ou de vente d'objets
11:02 se mettent au même niveau que des grosses plateformes qu'on connaît tous de vente en ligne.
11:08 C'est ça aussi l'enjeu derrière ?
11:09 Je ne vais pas parler pour elles, mais évidemment, plus les plateformes e-commerce pourront se rapprocher des standards
11:16 de prix d'expédition faible, de rapidité de lévraison, etc.
11:23 Enfin, toute une expérience client, plus elles augmenteront leur vente et elles pourront attirer de nouveaux clients.
11:29 Je pense que c'est intéressant que vous utilisiez le terme d'harmonisation.
11:34 C'est vraiment qu'en fait, on n'est plus dans des mondes séparés.
11:36 Là, maintenant, c'est vraiment chaque plateforme e-commerce se fait concurrence.
11:41 On doit tous jouer dans le même cours.
11:43 C'était ça, je trouve que c'était intéressant.
11:45 Oui, sans doute.
11:46 Et nous, on est l'acteur qui est un peu au milieu.
11:48 Et je pense qu'on est un acteur qui, je dirais, pour le bien commun, puisque cette massification,
11:53 le volume qu'on draine de par le fait de travailler pour tout le monde fait qu'au final, on est capable de financer des projets de développement
12:00 comme les nôtres et de donner des prix très compétitifs avec un service de qualité et un service qui va aller de plus en plus vite
12:08 au bénéfice du client final de l'acheteur.
12:10 Et un volume qui est voué à augmenter, vous pensez ?
12:14 Oui, nous, on a une croissance en double chaque année.
12:17 On a fait 300 000 opérations l'année dernière.
12:20 On a un pipe qui est très important.
12:22 Après, c'est de la logistique puisque nous, on fait physiquement les opérations de collecte et d'emballage.
12:28 Donc tout ça, notre développement doit aussi l'accompagner par, je dirais, une qualité physique de ramasse, d'emballage, etc.
12:38 Merci beaucoup à Maurice Chemin.
12:39 Je rappelle que vous êtes CEO de The Packager.
12:41 Merci beaucoup pour votre intervention.
12:44 Et quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Art et Marché.
12:47 [Musique]

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