• il y a 10 mois
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Tom Connan, Joseph Thouvenel et Jean-Christophe Couvy, secrétaire national d’Unité SGP Police FO

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2024-02-21##

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Transcription
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04 On voit bien aujourd'hui que la délinquance, elle touche les grandes métropoles, les villes moyennes et les petites villes.
00:09 La délinquance est plus réservée aux grandes villes.
00:12 Si on a un phénomène qui se diffuse dans les villes moyennes, ça veut dire que très très clairement, soit on a une généralisation, soit on a une mutation, la violence.
00:18 Des règlements de compte, il y en a toujours eu.
00:20 C'est l'intensification et c'est la violence qui passe immédiatement aux armes.
00:25 On peut parler d'une sous-estimation à l'État.
00:28 Les villes moyennes ont moins de capacités et ont moins d'aide de l'État pour régler ces problèmes-là.
00:33 Écoutons très normalement, donc, aux idées reçues, les violences ne se limitent pas aux grandes métropoles.
00:38 Les statistiques de la sécurité publique révèlent une augmentation de 7% des incidents,
00:43 telles que la torture, les actes de barbarie, les agressions ou encore les menaces des petites et moyennes communes au cours de l'année écoulée.
00:48 Ce qui indique aussi que le Loire-et-Cher se distingue par l'escalade de violences, avec une hausse de 40% l'an dernier, Philippe.
00:55 Alors parlons vrai, est-ce que ces chiffres vous surprennent ?
00:58 Est-ce qu'on est enfin en train d'ouvrir les yeux sur le drame de la délinquance,
01:02 qui ne touche pas que les banlieues et les grandes villes, mais également les zones rurales ?
01:05 Est-ce que vous pensez que les politiques ont le courage de prendre les choses à bras-le-corps ?
01:08 Venez nous donner votre avis au 0826 300 300.
01:11 Et à cette question, explosion de la délinquance dans les villes moyennes, l'insécurité gangrène-t-elle maintenant la France rurale ?
01:16 Vous dites oui à 95%, on attend vos témoignages.
01:19 Et Jean-Christophe Couville est avec nous, un secrétaire national d'Unité SGP, police force ouvrière.
01:24 Merci d'être avec nous.
01:25 Philippe Bilger, on entend régulièrement cette phrase de dire "oui, c'était comme ça déjà avant".
01:33 Heureusement, je le dis en plaisantant, qu'Alain Bauer n'est pas là,
01:37 sinon il arriverait à me démontrer que l'augmentation des statistiques négatives montre que l'insécurité diminue.
01:45 Mais ça c'est un autre...
01:48 Plus sérieusement, il n'y avait malheureusement aucune raison pour que l'insécurité contre laquelle on ne se bat pas assez.
01:57 Et je parle aussi bien de la police, de la gendarmerie que de la justice,
02:01 et bien sûr du pouvoir présidentiel n'atteigne pas des villes moyennes, des petites villes.
02:09 Deuxième élément, c'est mon obsession,
02:13 même avec un état très fortement régalien, on n'arrivera jamais à éradiquer totalement les malfaisances personnelles.
02:23 Il y a malheureusement dans notre société, à la campagne comme dans les grandes villes,
02:28 des êtres pour lesquels la violence est le seul langage possible.
02:33 Et donc ça ne veut pas dire qu'il faut baisser les bras,
02:36 comme le disait notre ami Jean-Christophe, il faut que les villes d'une certaine manière soient mises à égalité
02:43 pour que chacune ait les moyens de lutter contre une insécurité qui est partout maintenant.
02:50 - Il est indéniable que ça a progressé, moi je le rappelle il n'y a pas si longtemps,
02:54 dans l'Aveyron où les portes étaient ouvertes, les clés de contact sur la voiture,
02:59 et il y avait un article dans le journal Centre-Presse quand il y avait un vol de mobilette.
03:04 On n'en est plus là.
03:06 Et puis en zone rurale il y a aussi la violence,
03:10 mais il y a aussi les biens des agriculteurs de plus en plus,
03:13 ou leur matériel qui est volé la nuit, voire les animaux.
03:16 - Oui les races, enfin les taureaux.
03:18 - Et donc il y a aussi des phénomènes locaux, il y a des bandes qui viennent notamment d'Europe de l'Est,
03:25 organisées, et qui dépouillent en une nuit ce qu'ont fait les agriculteurs en une vie.
03:31 - Moi je suis plutôt un expert de ces questions,
03:34 mais en tout cas dans ce que j'observe, je vois aussi que le terreau de la violence
03:38 il est quand même assez fertile aussi, la société est quand même très dure.
03:41 Même quand on discute avec des gens d'autres générations, on le constate ça,
03:44 sur le plan économique, social, sur le plan même indépendamment de ça,
03:48 par exemple des types de contrats de travail que les gens ont,
03:51 les gens restent beaucoup moins longtemps dans une même entreprise par exemple,
03:54 c'est vrai aussi dans la vie familiale, les gens ont aussi des relations,
03:58 on n'a pas été à l'heure de relations amoureuses, ils ont des relations familiales,
04:01 des relations maritales qui peuvent durer moins longtemps également,
04:05 donc les gens sont après un peu disséminés, les sociétés, les familles se fracturent,
04:10 les gens vivent seuls de plus en plus aussi, vous le savez.
04:13 Donc en fait toutes ces questions-là nourrissent, en tout cas pas forcément la violence en elle-même,
04:18 mais en tout cas nourrissent une société extrêmement difficile à affronter.
04:22 - Jean-Christophe Couille.
04:24 - En fait les citoyens aujourd'hui ont une grosse exigence aussi sur la sécurité, c'est normal,
04:29 donc il y a des grandes attentes et c'est toute la différence souvent entre les attentes
04:32 qu'on attend du pouvoir, d'un pouvoir, d'un gouvernement et de ce qu'on est capable de donner.
04:37 Et plus ça va et plus ce gap, cette différence se creuse.
04:40 Après ce que nous on remarque en ce moment c'est les homicides et les tentatives d'homicides qui explosent.
04:46 L'année dernière il y a eu 1010 homicides, mais il y avait 4 tentatives d'homicides
04:51 pour un homicide réalisé, donc c'est-à-dire qu'il y a eu 4000 tentatives d'homicides.
04:55 Et en fait ça explose et on revient dans les chiffres à peu près des années 70,
04:58 où c'était pareil, on a eu une séquence très violente dans la société.
05:01 Après effectivement on arrive aujourd'hui à sauver plus de gens aussi,
05:05 parce que la médecine a fait beaucoup de progrès, donc en fait là où avant on aurait eu énormément d'homicides,
05:10 aujourd'hui ça se transforme en tentative d'homicide parce que la personne n'est pas décédée.
05:14 N'empêche qu'on voit cette montée de la violence, là j'étais en contact avec mes collègues de Périgueux,
05:21 moi je suis originaire de Périgueux, j'ai connu Périgueux, j'ai été élevé là-bas.
05:24 Là par exemple vendredi, un petit règlement de compte,
05:27 il y a un gamin de 21 ans qui en a tué un autre de 22 ans pour une dette de stup de 20 euros.
05:32 Votre vie elle tient maintenant pour 20 euros.
05:34 Donc il a pris des coups de couteau, il est mort, il est décédé.
05:37 Donc en fait c'est deux vies gâchées et des familles autant gâchées.
05:40 Et ce qu'on constate aujourd'hui c'est qu'on a une jeunesse qui est désinhibée dans la violence,
05:44 qui a un environnement très violent, et en fait ça vient aussi du tissu familial,
05:49 de ce qu'on appelle la racine éducative qui est complètement délitée.
05:53 Et on se rend compte que ces gamins-là sont livrés à eux-mêmes et n'ont pas d'autre dialogue
05:58 et que de la violence, ils règlent tout par la violence et les coups de couteau.
06:01 Est-ce que les réseaux sociaux sont responsables aussi de ça, le mimétisme ?
06:05 Pour moi les réseaux sociaux c'est un des vecteurs parce qu'effectivement aujourd'hui
06:10 les jeunes prennent les informations sur les réseaux sociaux, style TikTok etc.
06:15 Et en fait il n'y a pas de contradicteur.
06:17 Donc on vous sort une vérité, vous scrollez, c'est-à-dire vous passez d'une information à une autre,
06:21 vous consommez de l'information mais vous ne vous formez pas.
06:24 Et on voit ça aussi d'ailleurs dans l'école, on donne de l'information mais plus de formation.
06:29 Et on a besoin de la formation et on a besoin justement à ces gamins de leur expliquer les choses.
06:33 Aujourd'hui en fait on consomme, donc on consomme des images violentes.
06:36 Effectivement l'informatique fait qu'elle vous ramène toujours sur les mêmes images
06:41 parce qu'une fois que vous restez quelques secondes sur une thématique,
06:44 eh bien après l'algorithme va vous ramener tout le temps.
06:47 Et c'est comme ça d'ailleurs qu'on tombe dans la délinquance,
06:49 c'est comme ça qu'on tombe aussi dans la radicalisation dans une religion.
06:54 Et vous n'avez qu'une vérité, c'est celle de l'écran.
06:56 Vous voulez témoigner sur la montée de l'insécurité en zone rurale ?
06:59 Au datant de vos appels au 0826 300 300.
07:02 L'exemple que vous avez donné est révélateur mais je lui donnerais un autre sens.
07:07 Quand on voit un meurtre pour 20 euros, ça veut dire qu'en réalité le grand changement depuis des années,
07:14 moi je l'avais vu modestement en tant qu'avocat général,
07:17 c'est le fait qu'à une certaine époque, et je ne la loue pas cette criminalité-là,
07:23 eh bien elle était d'une certaine manière rationnelle tout de même.
07:27 C'est-à-dire qu'elle commettait le pire avec des finalités qu'on pouvait comprendre.
07:33 On voulait voler, on voulait faire un braquage, que sais-je encore, avoir une vie plus facile.
07:39 Aujourd'hui c'est complètement déconnecté à cause d'une passion de la violence qui remplace le langage,
07:47 de la finalité que 20 euros ça n'est même plus envisagé.
07:52 Je veux dire c'est le désir de s'en prendre à l'autre quel que soit le but.
07:57 Et il me semble aussi quand même que, c'est la violence c'est vrai,
08:00 mais encore une fois sur les causes, il me semble qu'il y a aussi une question qui est la frustration.
08:04 Il y a une espèce de haine parfois effectivement qu'on peut percevoir dans plusieurs groupes,
08:08 parce qu'il y a une frustration qui est la racine de tout ça il me semble,
08:11 et les réseaux sociaux ne sont pas vraiment une caisse de résonance de la haine en tant que telle,
08:16 mais en réalité aujourd'hui tout se sait.
08:18 On connaît par exemple le train de vie extrêmement précis des classes dominants, des milliardaires,
08:23 de qui vous voulez, il y a eu des émissions de télévision qui étalent comme ça le patrimoine des gens
08:28 et tout le monde s'est extasié là-dedans, mais en réalité ça développe quand même des ressentiments,
08:31 des frustrations voire des jalousies.
08:33 Parfois elles sont parfaitement infondées, parfois elles peuvent l'être éventuellement,
08:36 quand on a le sentiment d'être exclu, de ne pas être suffisamment aidé,
08:39 en tout cas de ne pas avoir les mêmes chances que son voisin,
08:42 même si ce voisin peut être extrêmement lointain.
08:44 Et tout ça j'ai l'impression fait bouillir un petit peu les gens,
08:48 et dans certaines situations peut les pousser au pire.
08:50 Est-ce que ce glissement des grandes villes, avant c'était propre aux grandes villes,
08:54 et aux banlieues des grandes villes, aujourd'hui on part en ruralité,
08:57 est-ce que ça veut dire qu'il y a plus de bleus finalement dans les grandes villes,
09:00 et plus de présence policière, et donc du coup on va au plus facile ?
09:04 En fait c'est une combinaison de plusieurs facteurs,
09:05 c'est-à-dire que dans les grandes villes il y a aussi la vidéoprotection maintenant,
09:08 et donc les enquêtes, les gens sont plus facilement identifiés,
09:11 les enquêtes sont mieux menées, parce qu'on a des preuves,
09:13 et donc ça aussi la délinquance s'adapte,
09:15 et quand on est mieux protégé aussi,
09:17 il y a plus effectivement de moyens policiers,
09:20 parce qu'on a mis quand même le paquet sur quand même des grosses villes,
09:23 et en fait on a délaissé les petites agglomérations, les moyennes villes,
09:27 on a des commissariats, nous les collègues nous disent,
09:29 la nuit par exemple, tiens je prends Angoulême,
09:31 il y a quelques temps les collègues disaient,
09:32 on a une voiture de patrouille et une bac jusqu'à 2h du matin,
09:36 et après on se retrouve à aller maximum à deux voitures de patrouille
09:38 pour une agglomération de plus de 100 000 habitants.
09:40 Je veux dire à un moment donné c'est...
09:42 Et d'ailleurs quand il y a des bagarres de discothèques à la fin sur les parkings,
09:45 les collègues nous disent, c'est ce qu'on craint le plus,
09:47 parce que là on est seul, et quand on a appelé des renforts,
09:50 ça doit arriver de Bordeaux.
09:51 Et donc Bordeaux, Angoulême, c'est pas à côté.
09:54 Donc voilà, en fait on se trouve dans cette problématique-là d'effectifs,
09:58 on a mis pour des raisons politiques, et puis stratégiques,
10:02 des effectifs plutôt sur des grosses agglomérations,
10:04 et en fait on a délaissé complètement les villes moyennes.
10:06 Et aujourd'hui la délinquance s'adapte,
10:08 et la délinquance elle va là, où il y a moins de bleus,
10:11 et elle va là aussi où le marché s'étend,
10:13 parce qu'elle a touché, notamment pour les stups, un plafond de verre.
10:15 A un moment donné vous êtes...
10:17 Enfin, il faut prendre ça comme une entreprise.
10:19 Vous avez vos clients, vous pouvez pas aller plus vite, plus haut,
10:22 et avoir plus de clients, votre plafond de verre est atteint,
10:24 ben vous allez chercher des clients ailleurs.
10:26 Et ils se sont rendus compte aussi que c'était plus facile dans les villes moyennes,
10:29 parce que vous êtes tranquilles.
10:30 Bref, Lionel Verralli.
10:32 - Il y a aussi un problème d'éducation à la frustration.
10:36 Il y a eu la mode de cette éducation,
10:38 où l'enfant roi, on lui laisse à tout faire.
10:40 L'enfant n'est pas un roi,
10:42 comme tout le monde, il faut apprendre,
10:44 la frustration c'est apprendre à vivre avec les autres,
10:48 c'est savoir qu'il y a des limites.
10:50 Quand on n'a pas d'éducation sur les limites,
10:52 on dit "ben tu peux tout faire",
10:54 et bien ensuite ça devient des adolescents et des adultes,
10:57 c'est dans la violence, dans la montée de la violence,
10:59 et dans le ressenti sur l'époque,
11:01 je suis pas sûr que notre époque soit...
11:03 On a toujours su qu'il y avait des riches et des très riches, etc.
11:06 - Oui mais on les voyait pas en permanence,
11:08 8 heures par jour sur les réseaux sociaux.
11:10 - Quand j'habite en province,
11:12 et que je suis dans une ferme,
11:14 et que j'ai pas beaucoup d'argent,
11:15 mais je sais que le notaire a une belle maison,
11:17 mais je le vivais plus normalement,
11:21 maintenant c'est une frustration,
11:23 pourquoi moi j'y ai pas le droit ?
11:25 - Bienvenue dans la société de consommation.
11:28 - Ça me rappelle quelque chose que j'avais lu il y a quelques années,
11:31 c'est répété par un psy je crois,
11:33 il disait "la frustration chez les enfants,
11:35 on a plus le droit de les frustrer, il faut tout accepter,
11:37 et quand ils sont atteints 15, 16, 18 ans,
11:40 c'est "je le veux, je le vole, je la veux, je la viole".
11:43 J'avais lu ça, et on me l'a répété,
11:45 est-ce que c'est pas finalement les dérives de l'enfant roi,
11:48 aujourd'hui on parle notamment de la délinquance des mineurs,
11:50 où tout le réduit ?
11:51 - Ah bah si, c'est le manque de...
11:53 J'allais dire, c'est évident, on le voit,
11:55 les gamins en fait sont livrés, sont dans la rue,
11:57 les parents s'en occupent plus,
11:59 pas par nécessité, j'allais dire,
12:01 parce qu'ils doivent aller travailler,
12:02 ils sont pas là pour s'occuper des enfants,
12:03 ce qui est vrai aussi dans certaines familles,
12:05 il y a aussi les familles monoparentales,
12:07 les pères sont complètement absents,
12:08 et après on a aussi des parents qui désarment complètement,
12:11 parce que les gamins les gênent, faut le dire,
12:13 ils ont envie d'avoir leur vie à eux,
12:15 les enfants les gênent, ils les mettent dehors,
12:17 et en fait les enfants s'élèvent
12:19 en fonction de leur environnement,
12:21 et vous construisez en fonction de votre environnement,
12:23 et quand vous êtes dans un environnement où c'est la rue qui commande,
12:25 c'est la violence qui commande,
12:27 et vous réglez vos comptes en bande
12:29 contre d'autres personnes,
12:30 et bien vous vivez comme ça.
12:31 Et un enfant, effectivement les psy disent
12:33 que jusqu'à 14 ans, entre guillemets, on peut le sauver,
12:35 on peut lui redonner une autre trajectoire dans la vie,
12:39 mais après c'est fini,
12:41 malheureusement il a pris des réflexes,
12:43 et c'est très dur d'en sortir.
12:45 On voit nous dans des trajectoires,
12:47 et des trains de vie souvent,
12:48 mais on voit aussi dans les trajectoires de vie,
12:50 qu'il n'y a qu'une personne des fois qui peut les sauver,
12:52 c'est les femmes.
12:53 C'est à dire, ils rencontrent une belle personne,
12:55 qui leur dit "Maintenant t'arrêtes tes bêtises,
12:57 je vais fonder un foyer, avoir un enfant",
12:59 et on voit des gens qui se rangent,
13:01 et qui ont envie de rentrer dans la vie active,
13:03 et ceux-là s'en sortent.
13:05 - Comment voyez-vous Jean-Christophe,
13:07 vous avez évoqué tout à l'heure le problème
13:09 entre Angoulême et Bordeaux,
13:11 l'espèce de cercle vicieux,
13:14 qui fait que la police est un magnifique métier,
13:17 mais qu'en réalité,
13:19 il est de moins en moins voulu,
13:21 parce que les conditions d'exercice
13:23 deviennent intenables,
13:25 et que l'Etat n'en prend pas conscience.
13:27 Comment voyez-vous une possibilité de sortie
13:30 de cette impasse terrifiante ?
13:33 - Ça passe, je vais me répéter,
13:35 mais ça passe souvent déjà par le nombre d'effectifs,
13:37 c'est à dire qu'aujourd'hui, la procédure pénale a changé.
13:39 Il y a de plus en plus d'actes à produire,
13:42 et en fait un policier qui mène une enquête,
13:44 il va faire 80-90% de paperasse,
13:47 pour 10% de terrain, de planques, etc.
13:49 Et donc plus on fait de la procédure,
13:51 plus il y a des moyens d'avoir des nullités,
13:53 des procédures qui sont à journée,
13:56 et donc du coup, il faut de plus en plus de technicité.
13:59 Or, en fait, vous êtes noyé par le flux.
14:01 Et quand vous êtes enquêteur aujourd'hui,
14:03 nos collègues au PJ nous le disent,
14:05 dans nos bureaux, on n'a même plus de place
14:07 pour pouvoir stocker les dossiers,
14:09 on est obligé de créer des bureaux annexes,
14:11 et vous avez 200 à 300 dossiers en portefeuille.
14:13 Et souvent, les collègues ne veulent plus aller en procédure,
14:17 et on envoie des jeunes sortis d'école,
14:19 qui arrivent, ils pensent apprendre le métier,
14:21 et on leur dit tout de suite,
14:23 "Tiens, tu vas faire de la procédure, tu vas prendre des plaintes,
14:25 tu vas mener des enquêtes", c'est pas du tout ce qu'ils attendent.
14:27 Donc en fait, on a un gros problème par rapport à ça.
14:29 Donc déjà, on baisse les bras.
14:31 - D'attractivité du métier ?
14:33 - D'attractivité du métier, bien sûr !
14:35 Et puis regardez, dès qu'il se passe quelque chose,
14:37 vous faites le 20h dans les médias,
14:39 et puis tout de suite, vous avez une chape de plomb,
14:41 et on colore des dossiers, et en fait, on vous pardonne rien.
14:43 - Présumé coupable !
14:45 - Oui, c'est souvent comme ça.
14:47 - On peut aussi passer d'un déterminisme social,
14:49 d'une certaine façon, à un déterminisme qui est encore plus brutal
14:51 qu'un déterminisme géographique.
14:53 Moi, effectivement, je ne suis pas du tout dans l'idée
14:55 que, dans un pays comme la France,
14:57 le fait d'être pauvre,
14:59 d'être né dans une famille pauvre,
15:01 vous empêche de gravir l'échelle sociale,
15:03 comme on dit, et d'accéder à l'école,
15:05 ensuite à faire des études supérieures, etc.
15:07 Donc ça, je pense effectivement
15:09 que c'est faux, dans un pays comme la France,
15:11 en tout cas dans une certaine mesure.
15:13 Mais il y a un déterminisme géographique,
15:15 c'est quoi concrètement ? C'est le quartier,
15:17 c'est la ville dans laquelle on est,
15:19 c'est de l'habitat,
15:21 c'est les types de sociabilité qu'on peut avoir autour de chez soi,
15:23 c'est les opportunités de sortir également,
15:25 est-ce qu'on peut aller dans un endroit
15:27 sympa, facilement, à pied,
15:29 ou est-ce qu'il faut prendre un bus
15:31 ou un métro pendant une demi-heure, etc.
15:33 ou une ligne de RERB à moitié pourrie.
15:35 Tout ça, quand même, ça participe
15:37 aussi des logiques de ségrégation,
15:39 qui ensuite, sans doute, renforcent,
15:41 en tout cas, j'imagine, pour fréquenter certains endroits,
15:43 que ça renforce ensuite ce ressentiment,
15:45 ce sentiment de frustration, d'isolement,
15:47 et qui après, effectivement, peut...
15:49 - Il y en a beaucoup qui s'en sortent très bien.
15:51 - Oui, il y en a beaucoup qui s'en sortent très bien.
15:53 - Je suis venu voir ceux qui prennent le RER le soir pour rentrer chez eux,
15:55 bon courage à ceux qui prennent la ligne D
15:57 du RER, puisque, tap, ça s'arrête,
15:59 c'est des bus, c'est des machins, etc.
16:01 - Précisément, c'est environnement, ça.
16:03 - Et en même temps, on voit l'évolution de la société,
16:05 enfin, je crois qu'on n'avait jamais vu,
16:07 en tout cas dans la Ve République,
16:09 des parlementaires crier "personne n'aime la police".
16:11 C'est tout à fait terrifiant
16:13 de voir ça, et quand on leur dit...
16:15 - Ça n'a pas aidé.
16:17 - Vous vous rendez compte de ce que vous dites,
16:19 de la haine que vous faites pour des gens
16:21 qui nous protègent ?
16:23 - Et qui les protègent eux aussi.
16:25 - En fait, effectivement, on se rend compte
16:27 qu'il y a une partie de la politique qui est en train
16:29 d'armer psychologiquement, j'allais dire,
16:31 une partie de la jeunesse,
16:33 qui les montre contre les policiers,
16:35 on les dénommant carrément en tant qu'ennemis,
16:37 on nous montre du doigt en tant qu'ennemis,
16:39 alors qu'on est là justement pour aider les citoyens,
16:41 et tous les citoyens, peu importe l'origine sociale,
16:43 raciale, tout ce que vous voulez,
16:45 mais surtout c'est qu'on leur infuse cette idée-là.
16:47 Et ces jeunes-là, aujourd'hui, vont devenir adultes.
16:49 Eux aussi vont enlever des enfants.
16:51 Et qu'est-ce qui va leur inculquer à ces enfants ? La haine du flic.
16:53 Et donc on a compris que cette petite graine
16:55 qu'on plante là, justement, un jour ou l'autre,
16:57 nous on va la prendre dans la figure.
16:59 Donc, effectivement, il y a eu dans les quartiers,
17:01 parce qu'on pointe souvent du doigt des quartiers,
17:03 mais il y a eu aussi beaucoup d'efforts de fait dans les quartiers.
17:05 Vous avez aussi beaucoup de propriétés.
17:07 C'est juste que quand on vous donne quelque chose de propre,
17:09 il faut aussi l'entretenir au quotidien.
17:11 Et quand vous voulez changer les choses dans la vie,
17:13 il faut déjà changer par vous-même et par votre attitude.
17:15 - Mais après on sait que c'est plus complexe que ça,
17:17 c'est pas que la question des moyens.
17:19 - Merci beaucoup les amis,
17:21 merci beaucoup Jean-Christophe Couville d'avoir été avec nous.
17:23 - Merci à vous.
17:25 - Secrétaire général de SGP,
17:27 police force ouvrière.

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