Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Jean-Michel Fauvergue, Loïc Guérin et Christophe Seltzer, directeur du think-tank GénérationLibre
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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2024-02-12##
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NewsTranscription
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le grand débat du jour.
00:04 Et le gouvernement s'engage de nouveau dans la simplification des procédures.
00:08 La colère des agriculteurs a remis au cœur des débats ces normes qui pèsent sur notre quotidien et sur toute l'économie en général.
00:14 Le gouvernement a donc lancé un énième chantier pour alléger ces charges administratives,
00:19 des tentatives tentées déjà dans le passé mais qui n'ont rencontré aucun succès.
00:23 Parlons vrai ! Face à la paperasserie administrative,
00:27 n'avez-vous pas l'impression de vous retrouver pris dans des sables mouvants ?
00:30 Parlons vrai ! Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande l'avaient défié en vain !
00:34 Macron parviendra-t-il à faire tomber le mammouth ? Parlons vrai !
00:37 Allons-nous, je pèse mes mots, périr de nos réglementations ?
00:41 Avec cette question, la France peut-elle en finir avec les normes ?
00:45 Vous dites non en majorité. Ah ben non, vous dites non à 50-50-50.
00:49 C'est devenu équivalent.
00:51 On va voir de l'importance !
00:53 Christophe Selzer est avec nous, directeur du groupe de réflexion Génération Libre.
00:58 Bonsoir, merci d'être avec nous. D'abord une réflexion, Philippe Bilger, sur ces normes.
01:02 La multiplication des projets de simplification sous tous les régimes
01:07 montre à quel point cette cause n'est pas ridicule.
01:10 Que tout le monde, quel que soit le bord politique, perçoit le désastre français sur ce plan.
01:17 Mais pour le reste, pour l'essentiel, je ne crois pas que le macronisme,
01:23 comme les régimes précédents et comme ceux qui suivront,
01:27 sauront s'attaquer aux problèmes dans ces tréfonds.
01:31 C'est lequel ? C'est le fait que profondément, notre pouvoir français, sous toute latitude,
01:38 ne veut pas faire confiance aux citoyens.
01:41 Et que derrière la liberté et la responsabilité de chacun, il a une sorte d'effroi.
01:47 Parce qu'il se dit, si on ne l'encadre pas, si on ne l'emprisonne pas,
01:52 mon Dieu, que va-t-il se passer ? Peut-être qu'on aura soi-même moins de pouvoir.
01:57 Loïc Guérin, le Premier ministre dit, notamment sur l'agriculture,
02:02 on dirait une chanson déverrouillée, libérée, simplifiée.
02:05 Vous choisissez quoi, les trois ?
02:07 Surtout, j'ai le même constat désastreux qui vient d'être fait.
02:11 Je serais même peut-être encore plus dur.
02:13 Les textes qui sont pondus, sont pondus à une vitesse telle que,
02:16 dans la matière qui est la mienne, modestement en droit pénal ou en procédure pénale,
02:20 les réformes succèdent aux réformes.
02:22 Elles n'ont même pas le temps d'être appliquées, elles sont sans qu'une tête.
02:25 On gère le fait divers, on produit de la législation, de la réglementation,
02:29 des décrets plus vite qu'il n'a le temps de sécher lui-même.
02:33 Tout ça, sans sens absolu, c'est-à-dire une fois plus répressif, puis moins répressif.
02:38 On crée des exceptions sur les exceptions.
02:40 C'est illisible. Il y a une dizaine d'années, une quinzaine d'années,
02:43 l'Europe, des organisations internationales,
02:45 qui font en général le bilan des différents pays, un à un,
02:48 disait de la France qu'elle avait rencontré le trauma des professionnels du droit,
02:52 y compris les magistrats, qui ne savaient plus comment appliquer nos lois
02:56 parce qu'elles étaient trop complexes, contradictoires et inapplicables.
02:59 Ça n'a pas bougé d'un iota.
03:01 - Moins de normes environnementales, par exemple,
03:04 moins de taxes, plus de sanctions financières, c'est ce qu'a redit encore
03:08 Gabriel Attal, Jean-Michel Fauvergue.
03:11 Mais quand il nous dit ça, soutien financier, par exemple,
03:14 il va falloir obtenir quoi pour les soutiens financiers ?
03:17 En fait, ça ne s'arrête jamais.
03:19 - C'est le principe.
03:21 - Je vous remercie, on essaie de trouver une solution.
03:24 - Je vais rajouter à ce qui a été dit, que je partage, une chose importante.
03:29 Tout le monde dit que le politique est là, rajoute des choses, etc.
03:33 Mais pas que le politique, les administrations qui pourraient exister
03:36 rajoutent des normes aux normes,
03:39 et le simple guichetier à l'intérieur d'une administration
03:42 peut être tout à fait bloquant.
03:44 Il y a quand même des contre-exemples intéressants.
03:47 Moi, je me rappelle que ça remonte à quelques temps.
03:50 Quand j'ai acheté ma première bagnole, je suis allé à la préfecture de police
03:52 pour faire la carte grise, avec le fameux certificat de langage.
03:55 - Vous n'avez pas fait la queue par études ?
03:57 - Non, je faisais l'épreuve.
04:00 J'ai passé toute l'après-midi.
04:03 Récemment, j'ai fait une carte grise pour un véhicule,
04:06 j'ai passé 10 minutes sur internet,
04:08 et je l'ai reçu en deux jours par la voie postale.
04:11 Donc il y a des choses qui ont évolué.
04:14 Mais évidemment, les agriculteurs nous ont mis le doigt sur quelque chose
04:17 qui est important, que l'on connaissait déjà.
04:19 Et c'est non seulement l'administration française,
04:22 mais aussi l'administration européenne et d'autres types d'administrations
04:25 qui nous bloquent.
04:26 - Christophe Selzer, directeur du groupe de réflexion génération libre,
04:31 quand on voit tout ça, par quoi on commence ?
04:34 Par quel sujet, quelle filière, quelle thématique ?
04:37 Qu'est-ce qu'on peut dégraisser rapidement ?
04:40 - Oui, c'est une très bonne question, parce que je crois que le gouvernement...
04:43 - Elle est accoutumée du fait.
04:45 - Non mais c'est la seule de l'année.
04:47 - ... saute comme un cabri sur ses bancs de ministres
04:50 en criant "simplification, simplification".
04:52 Et pour l'heure, pour reprendre la formule de Gérard De Gaulle,
04:55 ça signifie rien et ça n'aboutit à rien.
04:58 Je pense qu'il faut surtout un changement de méthode, en fait,
05:01 si on veut simplifier.
05:02 C'est pas seulement un catalogue de mesurettes aussi intéressante soit-elle.
05:06 On prend ce qu'on peut dans ce pays qui finalement n'est pas très libre.
05:09 Donc tant mieux, il y a de bonnes petites choses dans ce qu'on entend.
05:12 Mais on n'est absolument pas à l'heure d'un choc de simplification.
05:15 Et d'ailleurs, ça fait presque au moins depuis le début de la Ve République
05:18 qu'on l'attend, et depuis le fameux "arrêtez d'emmerder les Français" de Pompidou.
05:23 Donc la simplification, c'est pas un catalogue de petites mesures,
05:26 c'est pas non plus un laisser-faire abstrait ou un grand ménage pougesadiste.
05:31 Sur l'écologie, moi j'ai quand même trouvé assez désastreux
05:34 l'abandon d'un certain nombre de choses qui étaient pas forcément absurdes.
05:38 Mais en fait, la simplification, c'est dicter une norme simple, claire,
05:42 qui du coup est rigide pour tout le monde.
05:44 Pourquoi pas au niveau européen ?
05:45 Pourquoi pas se dire du point de vue de la cause animale
05:47 "on veut aller vers l'élevage intensif".
05:49 Pourquoi pas se dire "on veut pas au moins d'un tranc,
05:52 il faut une norme très claire qui soit applicable, appliquée,
05:55 cohérente, compréhensible et cohérente même d'un point de vue mondial
05:59 vis-à-vis de l'extérieur".
06:01 Et la simplification, c'est pas non plus un catalogue des post-its
06:04 qu'on fout sur la Constitution, sur l'IVG par exemple.
06:07 Nous on se bat pour plus de liberté, c'est une norme générale.
06:11 Donc la propriété de soi pourrait être intéressante.
06:14 Vous voulez une simplification ?
06:16 Sud Radio l'a fait.
06:17 Vous voulez répondre ?
06:18 Vous appelez au 0826 300 300
06:20 et vous intervenez. La preuve, Baptiste.
06:22 Baptiste, comment vous vivez ça vous ?
06:24 Qu'est-ce que vous faites dans la vie ?
06:26 Et surtout, est-ce qu'au quotidien, cette administration,
06:29 pardonnez-moi, vous gonfle ?
06:31 Alors non, au quotidien, cette administration ne gonfle pas
06:36 pour deux raisons très simples.
06:38 La première, c'est que bien souvent les normes,
06:41 elles protègent les consommateurs, ou les salariés, ou l'environnement.
06:46 Et qu'on voit très bien qui veut le moins de normes possible.
06:49 Et c'est souvent les mêmes.
06:51 La deuxième chose, c'est que moi j'ai 38 ans,
06:53 et depuis que je suis en âge de comprendre un petit peu
06:56 comment on met les normes et comment évolue la société,
06:59 je n'ai vu qu'une seule doctrine.
07:01 On veut le moins possible de normes,
07:03 on veut libérer les énergies,
07:05 on veut sortir des carcans.
07:07 Ma seule question,
07:09 quel est le résultat concret obtenu
07:11 en libéralisant toujours plus les énergies ?
07:14 C'est important ce que vous dites, Baptiste,
07:16 parce que les auditeurs de Sud Radio disent ça à 50/50.
07:19 Ce n'est pas aussi tranché qu'on veut bien le penser, ce débat.
07:22 - Allez, Philippe.
07:23 - En fait, la pensée de Baptiste est celle d'un quelqu'un d'éminent,
07:27 c'est l'accord d'air.
07:29 Il donne une importance décisive à la loi pour libérer et protéger.
07:33 Mais si vous le permettez,
07:35 dans la suite de votre question, Cécile, tout à l'heure,
07:38 je suis frappé par un paradoxe français, tout de même.
07:42 On se plaint de la complexité de notre monde,
07:46 notamment administratif,
07:48 parce que les normes dénoncées par les agriculteurs,
07:51 on les retrouve dans la bureaucratie judiciaire.
07:54 Mais en même temps,
07:56 on est très fiers d'accumuler une véritable inflation législative,
08:01 c'est-à-dire ce qu'on prétend supprimer,
08:04 on le crée dans le même mouvement.
08:06 Il y a quelque chose d'un peu étrange
08:09 dans le plan de la schizophrénie à la tête de l'État.
08:12 - Comme on rend hommage à Robert Badinter,
08:17 ces jours-ci, j'aimerais rendre hommage à autre chose aussi,
08:20 qui est un petit ouvrage qu'il avait commis en 2015 de mémoire,
08:23 où il appelait à simplifier le Code du travail,
08:27 qui à ce moment-là était déjà, je crois, à 8000 articles.
08:30 Pour mémoire, en 1974, c'était seulement 600 articles,
08:33 donc je ne sais même pas depuis 2015 à quel point on en est,
08:36 et qui proposait de le réduire à 50 grands principes généraux,
08:40 y compris avec des principes protecteurs en termes de liberté,
08:43 mais renvoyant ensuite la déclinaison,
08:46 soit à l'administration, soit tout simplement à l'économie de liberté.
08:48 - Et c'est repris par Emmanuel Macron, par Gabriel Attal,
08:50 qui disent "le gouvernement souhaite déverrouiller l'accès au travail".
08:53 - Oui, mais ça c'est joli.
08:54 - Ça fait partie des thématiques qui restent d'actualité.
08:57 - Absolument, mais ça fait trois mois qu'on parle de simplification
09:00 dans les couloirs de ministères,
09:01 c'est venu maintenant sur les plateaux,
09:03 et maintenant c'est dans les expressions publiques.
09:05 - Mais encore une fois, ça n'aboutit à rien.
09:07 Il faut un projet, il faut une méthode de simplification.
09:10 Il faudrait avoir un gouvernement qui se dit "aujourd'hui on simplifie tout,
09:14 on rassemble dans des codes très très simples un certain nombre de choses,
09:18 et conduire des politiques publiques très simples,
09:20 sur le RSA conditionné, indépendamment même de ce qu'on en pense".
09:24 Si on veut une loi applicable et appliquée,
09:26 en plus il en va de la clarté de la parole politique aujourd'hui,
09:30 puisqu'on n'y croit plus,
09:31 on est en train de mettre 15 heures d'activité,
09:33 on fait comment ?
09:35 On va piocher dans les poches des Français 2 milliards d'euros
09:38 pour vérifier que chacun va bien faire.
09:40 Tous ceux qui sont bénéficiaires du RSA vont travailler leurs 15 heures dans des entreprises.
09:45 Les entreprises, comment ça marche ?
09:47 C'est quand même dingue.
09:48 Nous on a une proposition de Cléen Moins,
09:50 je la rassure, qui s'appelle le revenu universel,
09:52 avec un système d'impôt négatif,
09:54 où on fait tout dans le cadre du prélèvement à la source,
09:57 et c'est une opération fiscale au début de chaque mois, très simple,
10:00 et on enlève toute la bureaucratie sur un certain nombre d'aides.
10:02 On fait payer tout le monde un impôt au premier euro,
10:05 et en même temps on insure un filet de sécurité pour se vêtir,
10:08 pour manger, à tous les Français.
10:12 Donc on peut faire du social aussi,
10:14 mais l'enjeu c'est la méthode, comment est-ce qu'on fait ?
10:16 Là, sur le RSA, j'ai juste l'exemple inverse.
10:19 - Loïc Guérin, à quoi ça sert en fait de rajouter, de rajouter, du rajouter ?
10:27 C'est quoi le but en fait ?
10:30 - Je vais vous livrer quelque chose qui n'est que ma...
10:33 - Perception ?
10:35 - Ma perception, très subjective, très personnelle,
10:37 qui n'est pas nécessairement tendre pour notre monde politique,
10:39 quelle que soit la couleur politique d'ailleurs,
10:41 parce que les stigmates en général sont les mêmes.
10:43 C'est que pour exister, je produis.
10:45 Pour donner l'illusion que j'ai de l'importance, je produis.
10:48 - Que je travaille, d'accord.
10:49 - Voilà, donc je fais des lois, je fais des textes,
10:51 et puis pour exister dans l'opposition, je fais des amendements,
10:54 qui vont rajouter encore aux textes déjà larges,
10:56 et puis comme en plus je suis issu d'un milieu
10:58 qui n'a jamais vraiment eu d'emprise pour beaucoup dans le vrai monde,
11:02 celui des entreprises, celui du privé,
11:05 celui du contact avec la population, parce que parfois aussi c'est ça,
11:08 je suis déconnecté des réalités,
11:10 je suis avec un raisonnement très technocratique,
11:13 donc comme le disait tout à l'heure Philippe Bigère à très juste titre,
11:15 en plus j'ai une défiance parce que je suis meilleur que tout le monde,
11:18 je me défie de l'application qui sera faite par les gens d'en bas
11:21 parce que nécessairement ils n'y a que moi qui sait,
11:23 donc je ne laisse pas de marge de manœuvre.
11:25 - C'est le meilleur texte.
11:26 - Je parle, je parle, jusqu'à ce que j'ai enfin trouvé quelque chose à dire.
11:30 - L'exemple des textes, j'ai une illustration, c'est le code civil.
11:34 Quelques phrases ciselaient l'intégralité de notions qui étaient parfaites.
11:39 Qu'est-ce qu'on fait nos gouvernements derrière ?
11:41 Par arrogance, par manque d'humilité,
11:43 on a réformé le code et on a rajouté des phrases.
11:45 Elles sont moins claires que celles qui fonctionnaient depuis plus d'un siècle,
11:48 elles sont sujettes à interprétation,
11:50 elles sont sujettes à amplification encore administrative,
11:53 pour les expliciter par des décrets, des circulaires, etc.
11:56 De l'humilité, de l'humilité, ce sera déjà un bon début.
12:01 - Jean-Michel Fauvergne.
12:03 - Je suis d'accord avec ça, mais l'explication n'est pas complète du tout.
12:06 Parce que là on s'attaque aux politiques et à ceux qui font la loi et ceux qui font les règlements.
12:10 Ce n'est pas suffisant, il faut s'attaquer, je le redis,
12:13 à tous ceux qui le font aussi, aux positions où ils sont,
12:17 où ils ont une petite autorité,
12:19 dans les administrations, dans les administrations centrales, dans les administrations territoriales, etc.
12:24 - C'est-à-dire qui ? Les fonctionnaires ?
12:27 - Tous ceux qui ont un pouvoir quelconque et qui rajoutent de la norme à la norme.
12:31 Et des manières de faire qui sont bloquantes pour le citoyen.
12:37 - Ils le font pour se protéger, souvent ?
12:38 - Ils le font pour exister, ils le font pour se protéger,
12:40 ils le font parce qu'ils en veulent toujours plus, etc.
12:45 Mais il y a aussi une autre catégorie de personnes qu'il faut...
12:47 C'est les Français eux-mêmes !
12:49 Parce qu'on est dans un État hyper protecteur et les Français demandent à être protégés.
12:53 Et si vous demandez à être protégés, il faut créer des règles derrière.
12:56 C'est ça, on se fait nous-mêmes notre propre mal.
12:59 On n'est pas dans un pays libéral, c'est faux de dire ça, on n'est pas dans un pays libéral.
13:02 Et donc on se fait nos propres règles et c'est tout ce système-là.
13:06 Alors il faut arrêter d'accuser les hommes politiques, que les hommes politiques,
13:09 il faut s'accuser tous ensemble, tous.
13:11 - Responsabilité partagée, Baptiste, je ne sais pas dans quel métier vous êtes,
13:16 mais est-ce que vous, vous subissez aussi ces normes,
13:19 en tout cas ces réglementations qui changent tout le temps ?
13:22 - Non, moi je ne les subis pas. Je suis responsable de la communication dans une ONG.
13:27 Et mon job, c'est de rappeler le plus souvent possible
13:30 que bien souvent les normes, ça sert à protéger l'environnement,
13:33 le client, le consommateur et le salarié.
13:35 - D'accord. Philippe Bilger ?
13:38 - C'est très intéressant et la réflexion de Loïc Guérin tout à l'heure
13:42 et celle de Baptiste, parce qu'on a la contradiction intéressante
13:48 entre Baptiste qui nous dit "la loi protège",
13:52 il en faut dans des secteurs en souffrance, probablement frappés d'inégalités,
13:59 mais en revanche, là où je rejoins ce qu'a dit Loïc tout à l'heure,
14:03 la loi en France, dans beaucoup de secteurs,
14:06 est devenue le signe exclusif de l'action politique.
14:10 Alors que c'est une illusion de faire des lois,
14:14 puisqu'après on ne s'en préoccupe plus profondément.
14:18 Combien de décrets d'implication ne sont pas mis en oeuvre ?
14:22 - Il y a quelques grands spécialistes de la justice autour de cette table.
14:26 Dites-moi ce qu'est une bonne loi.
14:28 Est-ce que c'est une loi qui est suffisamment générale
14:31 pour ne pas, on va dire, imposer des réflexions qui vont nous faire perdre du temps ?
14:37 Ou est-ce qu'une bonne loi, c'est aussi celle qui prend en compte des spécificités,
14:41 et auquel cas, sur les détails, ça prend un peu plus de temps,
14:45 mais on ne risque pas de passer à côté d'autre chose ?
14:47 C'est le cœur de la question.
14:49 - Une bonne loi ne rentre pas dans les détails.
14:51 - Pour ça, il y a les décrets.
14:53 - Et une bonne loi, c'est surtout une loi qui est appliquée après.
14:57 Il y a des tas de lois, on l'a vu récemment avec les agriculteurs,
15:01 les lois Egalim. Moi, la loi Egalim, je l'ai votée.
15:04 C'est une bonne loi. J'affirme que c'est une bonne loi.
15:07 En particulier pour le revenu de l'agriculteur.
15:10 Sauf que c'est une bonne loi qui n'est pas appliquée,
15:12 qui a été détournée et qui n'est pas appliquée.
15:14 Donc, finalement, cette bonne loi, elle ne sert à rien.
15:17 Mais elle doit être simple. Vous êtes tous d'accord ?
15:19 - Je le pense. Les grands principes.
15:22 Et après, on laisse les sources d'application du droit prospérer.
15:27 - Je ne comprends plus.
15:29 La loi qu'on critique, c'est visiblement la quantité de décrets derrière.
15:35 - Non, la loi aussi est devenue invisible.
15:38 Parce que non seulement on a une masse de textes,
15:41 inflation pratiquement continue,
15:43 mais leur contenu lui-même est devenu catastrophique.
15:46 Il faut admettre, on est mauvais.
15:49 C'est pour ça que j'appelle la puce d'humilité.
15:51 Quand on ne sait pas rédiger des textes, on ne les rédige pas.
15:53 On laisse la loi en l'état. Mieux vaut en général laisser le système
15:56 qu'il est, essayer de l'améliorer dans son application concrète,
15:59 plutôt que d'essayer et d'avoir la prétention de le réformer par le haut
16:02 et de nous mettre foutus ensuite de l'appliquer en bas.
16:04 Parce que c'est ce qui se passe aujourd'hui.
16:06 Mais c'est plus gratifiant pour les personnes qui prennent la peine.
16:09 - Mais est-ce que ça veut dire que ça met en danger votre métier par exemple ?
16:11 - Bien sûr, en permanence.
16:13 On n'a plus aucune visibilité en matière pénale.
16:17 Les réformes sont telles, dispersées dans des textes
16:20 qui parfois n'ont rien à voir avec la procédure pénale,
16:23 qu'on n'arrive plus du tout à en retrouver l'application.
16:25 - Et c'est là que vous perdez du temps ?
16:27 - Plus que ça, c'est qu'on n'a plus de visibilité sur ce qui va se passer.
16:30 - Donc vous n'avancez pas ?
16:31 - On n'avance pas, on a des textes inapplicables pour tout le monde.
16:33 Pour les exécutants, police, pour les garants du droit,
16:36 qu'on est aussi, on n'y retrouve pas.
16:38 On vous parle de simplification, généralement, c'est l'atteinte au droit.
16:41 Ça c'est la simplification, summum. C'est génial.
16:44 C'est pratique, c'est très vendeur, c'est très démagogue.
16:46 On vous dit "ce qu'on va faire, c'est qu'on va dématérialiser tout ça,
16:49 signature, pas signature, c'est pas grave".
16:51 Donc la règle en général en ce moment, toute simplification,
16:54 est une entorse au droit.
16:56 Au droit de la défense, au droit des victimes, au droit tout le monde.
16:58 Ça, c'est la règle en ce moment. Ça coûte pas cher, c'est facile.
17:00 Les bons textes, qui sont des garants à la fois de la procédure du côté policier,
17:04 des magistrats et de ceux qui sont mis en cause,
17:07 ça, on en manque.
17:09 - Allez, le mot de la fin avec vous, Christophe Selzer, justement sur ces normes.
17:15 - Il y a eu quelques bonnes lois dans les 15 dernières années,
17:19 notamment celle de, je reviens sur le travail,
17:22 j'avais pas prévu d'ailleurs, mais sur l'auto-entrepreneur,
17:25 qui était quelque chose de beaucoup plus simple pour tout le monde.
17:28 Il y a des droits associés qui ne sont pas encore là, sur la retraite, etc.
17:31 Donc on peut améliorer ce truc.
17:33 Mais l'idée géniale de Novelli et de la bande à Madeleine à l'époque,
17:37 ça avait été de recréer avec ce nid-l'eau quelque chose de nouveau,
17:40 de simple, qui fonctionne aujourd'hui.
17:42 Il y a des millions de gens qui en ont bénéficié,
17:44 encore plus d'un million aujourd'hui.
17:46 En fait, il faudra faire revenir le code du travail
17:49 sur ce nouveau droit qu'on a créé, qui est beaucoup plus simple.
17:52 Donc voilà, il y a des sources d'espoir, et si on peut simplifier, ça sera par la loi.
17:56 - Merci beaucoup, Christophe Selzer, d'avoir été avec nous,
17:59 à directeur du groupe de réflexion Génération Libre.
18:02 Et puis une belle surprise.
18:04 - Oui, bonjour !
18:06 - Du bonheur, du bonheur, du bonheur.
18:08 - C'est le moment de jouer avec Sud Radio.
18:10 A l'occasion de la Saint-Valentin,
18:12 vous allez pouvoir tenter de gagner votre séjour au Château de Courcelles.
18:16 C'est en région de France, une demeure imprégnée d'histoire,
18:19 qui a accueilli des figures illustrelles que
18:22 Philippe Bilger, non, Jean Cocteau, Christian Dior,
18:26 dans un environnement de rêve, comprenant
18:28 une nuit dans une chambre prestige,
18:30 incluant les petits-déjeuners et un dîner gastronomique.
18:33 Avec Philippe Bilger, peut-être !
18:35 En cinq services, concoctés par le célèbre chef doublement étoilé,
18:38 ce n'est pas Philippe Bilger, mais Benjamin Columba.
18:41 Voilà de quoi passer une Saint-Valentin inoubliable.
18:44 On joue, donc vous nous appelez dès maintenant
18:47 au 0826 300 300 pour participer au tirage au sort
18:50 qui aura lieu vendredi, le 16 février.
18:53 Vous aurez eu le temps, entre temps, bien sûr, de dire "je t'aime".
18:56 C'est pas à vous, je dis ça, Cécile.
18:58 - Mais si, vous me regardez, je t'aime, je t'aime.
19:00 - Je t'aime moi non plus.
19:02 - En tout cas, vous allez avoir la possibilité de gagner
19:05 et de vous sélectionner, 0826 300 300.
19:09 A tout de suite les amoureux !