Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Olivier Dartigolles, Jean-Michel Fauvergue et Gwenaël Surel, secrétaire général adjoint du SNPDEN-UNSA.
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00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04 Et donc d'après le bilan mensuel du ministère de l'éducation nationale,
00:07 le nombre de signalements d'atteinte à la laïcité a augmenté de près de 25%
00:11 au mois d'avril en comparaison au mois de mars dernier,
00:14 avec le port de tenue religieuse en tête d'effet.
00:17 La baïa, la robe traditionnelle, n'est pas interdite par la loi,
00:20 mais souvent prohibée au nom de la laïcité.
00:22 L'ambiguïté sur cette tenue traditionnelle est source de conflits filets.
00:25 Oui, Cécile, certains l'interprètent comme un signe clair d'appartenance religieuse,
00:29 d'autres y voient une avancée des normes de l'islam radical dans la société française
00:33 et une menace pour la laïcité.
00:35 A ce titre, le ministre de l'éducation nationale, Papendia,
00:38 y a réuni hier les recteurs d'académie pour tenter d'endiguer le phénomène
00:42 et affirmer sa fermeté face aux pressions communautaires dans certains quartiers.
00:46 D'où notre question, laïcité, la loi de 2004,
00:49 est-elle encore adaptée aux nouveaux vêtements communautaires ?
00:52 Vous êtes d'accord ? Vous n'êtes pas d'accord ?
00:54 Vous êtes témoin d'atteinte à la laïcité dans l'établissement scolaire
00:57 de vos enfants ou de vos petits-enfants ?
00:58 Ou dans votre propre établissement scolaire ?
01:00 Appelez-nous au 0 826 300 300.
01:02 - Donc cette question, la loi 2004, est-elle encore adaptée aux nouveaux vêtements communautaires ?
01:06 Vous dites non à 89%.
01:08 Et pour en parler, Gwenelle Surel, secrétaire générale adjointe du SNP DEN UNSA.
01:14 Bonsoir, merci d'être en direct sur Sud Radio.
01:17 - Bonsoir.
01:19 - Bienvenue, Philippe Bilger,
01:22 l'abaya, puisque c'est vraiment le sujet du jour,
01:25 vêtements traditionnels ou vêtements religieux.
01:28 Aujourd'hui, leur cœur balance.
01:30 - Alors, il est évident, j'ai lu les articles qui faisaient référence à ce vêtement traditionnel.
01:38 À partir du moment, si on s'attache à examiner cas par cas la situation
01:44 des jeunes, des personnes qui portent ce vêtement,
01:48 on n'en sortira pas.
01:50 Je veux dire, parce qu'il est impossible de sonder le cœur zélérin
01:55 et donc d'être persuadé qu'un tel n'a pas de dessein religieux et qu'une autre l'a.
02:01 Moi, je serais peut-être un peu sommaire,
02:05 mais je dirais que tous les vêtements qui ou bien réellement sont à finalité religieuse,
02:12 ou bien prêtent à une interprétation religieuse parce qu'ils demeurent dans l'équivoque,
02:18 devraient être clairement interdits.
02:20 Et je note que le ministre de l'éducation nationale, même sur ce sujet,
02:25 a beaucoup de mal à se prononcer sans équivoque.
02:29 Il dit en permanence "on va réfléchir, on va nommer une commission".
02:34 Ça n'est pas le ministre des périodes de crise, c'est le moins compliqué.
02:38 - La loi de 2004, qui est une bonne loi, ne permet pas aujourd'hui de répondre à l'actualité abaya.
02:45 La circulaire de 2004 part de tenue, mais ne détaille pas les tenues.
02:52 - Et d'ailleurs, la patate chaude, j'ai envie de le dire, est renvoyée au niveau des établissements et des chefs d'établissement.
02:59 Et d'un établissement à l'autre, vous n'avez pas la même réponse.
03:02 Et ce n'est pas le même climat dans les territoires.
03:05 Il y a des fois des pressions communautaristes, de l'islamisme,
03:10 il y a du prosélytisme, et les chefs d'établissement sont en très grande difficulté.
03:15 Et dans d'autres, ça peut ne pas être ça, c'est simplement un habit qui vient d'ailleurs.
03:22 On dit "c'est les pays du golfe".
03:24 Moi je pense qu'il faut de nouveau, au niveau national, une réflexion.
03:31 Est-ce qu'il faut aller in fine jusqu'à une nouvelle législation ?
03:35 Je ne sais pas à ce stade-là, mais en tout cas, première chose, on ne peut pas renvoyer l'arbitrage au niveau des établissements scolaires.
03:42 Ça, c'est pas possible.
03:43 - Jean-Michel Fouvergue ?
03:44 - Tout à fait d'accord avec ce qu'a dit Olivier, complètement d'accord avec ça.
03:50 La vraie question c'est "vaut-il une loi ?"
03:53 Moi je pense que ça peut se régler avant l'étape de la loi.
03:56 Je pense pas, pour avoir été législateur, encore moins,
03:59 je pense pas que chaque étape de notre vie doit être réglée par une loi.
04:03 C'est-à-dire à un certain moment, tout à l'heure on parlait des libertés, dans l'autre débat,
04:08 à un certain moment on n'aura pas à faire des lois sur tout.
04:11 Mais on peut régler cette problématique-là par une circulaire au niveau du ministère.
04:17 Une circulaire qui s'appliquerait à tous les établissements,
04:21 pour effectivement ne pas laisser la patate chaude à ces établissements-là.
04:25 On peut avoir des circulaires, mais attention,
04:27 quand on prend une circulaire, on prend une circulaire,
04:30 quand on parle de laïcité, on parle de laïcité envers toutes les religions.
04:34 Donc la manière de se vêtir, elle doit intervenir sur toutes les religions,
04:40 bien qu'aujourd'hui, notre problématique, elle est orientée dans une seule direction, bien évidemment.
04:47 - On va en parler donc avec Gwenaëlle Surel.
04:50 Pape Hendaye avait refusé en novembre dernier de dresser la liste des tenues autorisées à l'école.
04:56 Pourtant, souvenez-vous, le croc-top avait été interdit à des élèves en bas âge, à des jeunes.
05:05 C'est possible, visiblement possible.
05:08 - Alors, moi je crois qu'à un moment, il faut poser la question du contexte de la loi de 2004 et du contexte actuel.
05:16 Dans le contexte actuel, on a quand même tout un courant de nouvelles pensées
05:20 auxquelles le SNP2N n'appartient pas,
05:23 mais pour lequel il y a une vraie raison d'affirmer d'abord la liberté de tenue
05:28 avant d'exprimer la question de la laïcité.
05:31 Je rappelle qu'il y a eu un sondage en 2020, je crois que c'était un sondage IFOPS,
05:39 qui disait que chez les jeunes, et chez beaucoup de jeunes,
05:43 le respect de la liberté de tenue passait, avant la laïcité,
05:47 pratiquement à plus de 80% des jeunes de moins de 25 ans.
05:50 Je le redis parce que la question de changer la loi de 2004, on est dans un contexte différent.
05:56 Je rejoins totalement les collègues qui ont évoqué la question de la complexité.
06:02 La complexité, elle est difficile à gérer dans l'établissement pour deux raisons.
06:07 Si on applique la circulaire de 2004,
06:10 le premier point lorsqu'il y a un problème de tenue ostensible,
06:15 c'est de recevoir l'élève, puis ensuite de recevoir la famille.
06:18 Lorsque vous avez une dizaine d'élèves qui portent la BAIA,
06:22 la gestion par les conseillers principaux d'éducation,
06:25 l'équipe de direction, le proviseur et le proviseur adjoint,
06:27 peut se faire relativement facilement à raison de rendez-vous espacés.
06:33 Quand vous arrivez dans des lycées plus particuliers,
06:37 où on a plus de 200 jeunes qui arrivent avec la BAIA,
06:40 à un moment, très clairement, d'un point de vue pratico-pratique,
06:45 on ne peut pas recevoir les 200 jeunes et on ne peut pas aller à l'encontre
06:51 de certaines pressions qui peuvent exister.
06:54 Un dernier point sur cette typologie de lycée,
06:58 on est dans une complexité de la généralisation.
07:01 Je partage le point de vue de faire une loi pour tout,
07:04 je ne sais pas si ça peut répondre à tout.
07:07 On ne va pas faire un catalogue à la prévère
07:10 de l'ensemble des tenues qu'on peut porter ou pas porter,
07:13 étant ostensible ou pas.
07:17 On va être très clair, actuellement, on n'est plus sur la question de la BAIA,
07:21 mais sur la question des gants.
07:23 Est-ce un signe ostensible ?
07:25 Si on commence à évoquer cette question-là,
07:28 si vous avez dans la loi de 2004, ou la nouvelle loi qui pourrait se mettre en place,
07:32 le fait de dire qu'on ne porte plus de gants,
07:34 ça va être un peu plus complexe pendant l'hiver.
07:37 On a tout un groupe de pressions qui arrive et qui essaye de contourner la loi,
07:42 et je vais plus loin, on a nos jeunes filles qui sont parfois préparées à un discours
07:46 et préparées au discours dans le bureau du proviseur,
07:50 sur un élément très précis, un élément de consommation.
07:53 Si vous allez sur certains sites de magasins féminins,
07:57 je ne vais pas les citer, mais on vous vend des abayas sans citer le mot abaya.
08:01 Vous avez votre abaya à un prix X,
08:05 et à aucun moment, et les jeunes filles nous ont montré les sites,
08:09 elles disent avoir acheté une robe qui n'est pas écrite abaya.
08:12 Nous on sait que derrière, c'est une abaya, c'est très clair,
08:17 c'est un signe ostensible, on se doit de lutter contre,
08:20 mais on voit bien qu'il y a une organisation faite
08:23 pour que globalement le principe de laïcité soit mis à mal.
08:27 Mais Gwen Ellesurel, est-ce qu'il ne faudrait pas une nouvelle loi ?
08:30 Parce que là c'est un peu à la tête du client,
08:32 dans tel lycée ça va être tel règlement,
08:34 parce qu'il y a beaucoup de gens qui viennent en abaya,
08:37 et dans l'autre il y en a deux ou trois,
08:39 donc on va les convoquer et calmer les affaires.
08:41 Est-ce qu'il ne faudrait pas une nouvelle loi comme en 2004 ?
08:44 Moi je reste prudent sur la loi.
08:47 Si la loi c'est pour simplement citer les signes ostensibles,
08:51 elle sera à un moment ou à un autre contournée.
08:53 Si c'est pour la redéfinir totalement,
08:55 mais ça veut dire qu'il faut qu'on aille plus loin dans la loi,
08:58 et ça veut dire qu'il faut qu'on s'attaque aux vraies causes,
09:01 et clairement des éléments de quartier qui sont quand même de plus en plus importants,
09:05 où en fait les jeunes filles sont préparées à un discours rhétorique
09:09 par un certain nombre d'accompagnateurs
09:13 qui leur permettent de tenir le tête aux personnels de direction et au CPE.
09:21 Et on voit bien qu'à chaque fois on a le même discours.
09:23 Je dis juste que la loi va être complexe à mettre en place,
09:27 sur un nouveau regard chez les jeunes,
09:29 et deuxième élément, sur la question de ne pas être dans un catalogue à la pré-verve,
09:34 d'un certain nombre de tenues, parce qu'on va avoir du mal à tenir.
09:39 - Sinon, plutôt qu'une loi, un règlement intérieur ?
09:45 - Un circulaire du lycée, ça impose à tous.
09:49 - C'est pour ça que le règlement intérieur du lycée peut répondre à cela.
09:56 Il faudrait ré-étudier de plus près la proposition du ministre là,
10:02 mais elle peut aussi aller dans le bon sens sur une signature
10:08 de partenariat avec les parents pour affirmer le principe de laïcité
10:15 et donc avoir des tenues qui ne soient plus ostensibles.
10:18 Après, la question de la loi, il faudra quand même la ré-étudier
10:22 de façon beaucoup plus profonde et dans un nouveau contexte,
10:25 et pas un nouveau contexte que de quartier,
10:28 mais un nouveau contexte global de regard des jeunes sur la laïcité.
10:32 Je veux juste rappeler un dernier effet, dans certains lycées de centre-ville
10:36 où globalement il n'y avait pas obligatoirement des quartiers
10:41 qui pouvaient amener la baïa, ce sont des jeunes de catégories
10:46 socioprofessionnelles plutôt très positives qui ont manifesté devant le lycée
10:51 pour que l'on laisse rentrer les 2-3 jeunes qui avaient eu la baïa.
10:54 Je le redis, parce que ça c'est un élément nouveau.
10:57 Philippe Hilger voulait réagir.
10:59 - En effet, si on fait une loi qui se contente d'imaginer
11:03 toutes les apparences possibles et imaginables, on n'y arrivera pas
11:08 parce que chaque jour nous en apportera de nouvelles.
11:11 Mais est-ce qu'à votre avis une réflexion tranquille et pertinente
11:16 sur ce qui serait absolument inadmissible sur le plan du vêtement
11:21 dans les lycées ne pourrait pas être mise en place ?
11:24 Au fond, il faudrait qu'on soit parfaitement accordé sur ce qui est inadmissible
11:30 et parfois j'ai l'impression qu'on ne l'est même pas.
11:33 Alors je ne veux pas parler du retour de l'uniforme qui permettrait de régler tout ça.
11:38 - Tiens, vous pensez que le retour de l'uniforme réglerait ça ?
11:40 Ou pas du tout ? Appelez-nous au 0826 300 300 Gwennel Surel.
11:44 - Oui, d'abord merci M. Surel de ces précisions-là
11:49 et puis j'admire la diplomatie que vous avez pour parler de certains de vos collègues
11:53 qui râment à contresens des valeurs de la République
11:56 et évidemment c'est difficile de faire ce que dit Philippe de cette manière-là,
12:04 c'est-à-dire de fixer un certain nombre de choses
12:06 alors que certains ne sont pas du tout d'accord avec ce phénomène-là.
12:11 Je voulais juste répéter que pour moi la loi c'est un peu comme en navigation,
12:17 c'est-à-dire qu'elle doit donner le cap à la loi,
12:20 dire ça, ça sera interdit, etc.
12:22 Et après vous avez des règlements, les arrêtés d'application,
12:25 des règlements, des circulaires qui fixent et qui font bouger cette loi,
12:30 qui la font vivre.
12:32 Je pense que le circulaire au niveau du ministre,
12:35 au niveau de l'éducation nationale serait quelque chose d'intéressant
12:38 parce que justement elle s'imposerait à tous les établissements
12:42 et en s'imposant aux établissements, elle rende service justement aux chefs d'établissement
12:47 parce qu'elle serait applicable de plein droit,
12:50 elle viendrait du ministère avec toute l'autorité du ministère.
12:53 Pour ça il faudrait un ministre qui fasse preuve d'autorité dans ce domaine-là.
12:57 - Gwenel Surel, et on repart au 0826 300 300.
13:00 Court Gwenel Surel s'il vous plaît.
13:01 - Très court. La loi elle existe déjà à partir des éléments de 2004
13:06 qui dit signe ostensible par rapport à une tenue.
13:09 Il n'y a pas de débat sur la baïa.
13:11 La baïa est un signe ostensible et on se doit ou on se devrait de l'enlever.
13:16 Ce que j'ai voulu, et non pas par protection corporatiste,
13:19 mais j'ai juste voulu expliquer pourquoi dans certains lycées
13:22 on ne peut pas répondre à la loi d'un point de vue pragmatique.
13:26 Ça n'empêche pas que dans tous les cas pour le SNPD et le NUNSA
13:29 on est très au clair sur la loi de 2004
13:31 puisque c'est nous-mêmes qui avions participé à l'ensemble des éléments pour la mettre en place.
13:36 Mais il y a un moment, un élément pratico-pratique.
13:39 Vous ne pourrez pas vous opposer à 300 élèves qui veulent rentrer en baïa dans un établissement.
13:45 - Restez avec nous, 0826-300-300, une réaction de Serge qui est avec nous.
13:50 - Allo ? Oui Serge, on vous écoute.
13:53 - Je crois que Philippe Billa a raison, il dit qu'une liste exhaustive c'est impossible à faire.
14:03 Je ne vois pas comment on peut faire ça.
14:06 Parce qu'alors il va y avoir collection d'hiver, collection d'été,
14:09 et tous les 4 mois il faudrait actualiser la loi.
14:14 Est-ce que la loi de 2004 est vraiment respectée ?
14:20 - On va poser la question à Gwenaël Surel, secrétaire général du SNPD.
14:25 - Oui, allez-y.
14:26 - Elle est vraiment respectée la loi, rapidement ?
14:28 - Vous le constatez par vous-même, on vient de le dire,
14:32 certains établissements laissent passer la baïa.
14:35 Donc vous avez la réponse dans cet exemple-là.
14:39 - Mais pour quelles raisons en fait ?
14:41 C'est par peur, d'intimidation, par conviction ?
14:45 - La loi du loup ?
14:46 - C'est quoi ?
14:47 - La première raison, à nouveau, si on est dans le respect de la loi,
14:51 je répète, dans la circulaire c'est très clair,
14:53 vous recevez en priorité l'élève, vous êtes dans un dialogue,
14:56 ensuite si le dialogue n'aboutit pas, vous recevez la famille,
14:59 si le dialogue n'aboutit pas on peut aller sur des éléments disciplinaires.
15:03 A nouveau, si vous avez 150-200 élèves, et c'est le cas dans certains lycées,
15:08 qui arrivent en abaya, vous essayez de trouver 150 x 30 minutes,
15:14 plus la famille derrière, plus le conseil de discipline,
15:17 c'est pragmatiquement pas possible, c'est tout.
15:19 Et donc là, il y a une évolution dans les quartiers,
15:22 je vais le dire comme cela, mais voir une volonté très claire
15:26 d'imposer un certain nombre d'éléments,
15:29 qui font qu'au-delà de la loi, et au-delà de la probabilité professionnelle
15:34 des personnels de direction et des proviseurs en particulier,
15:37 c'est très compliqué à la mettre en œuvre et à l'appliquer.
15:40 - Oui, mais à l'époque, pardon de parler, je suis un peu plus âgée que...
15:45 Bref, peu importe, moi je serais venue à l'école à l'époque
15:48 dans une tenue qui ne correspondait pas, je ne rentrais même pas dans l'école en fait !
15:51 On me disait "vous ne rentrez pas, on appelait mes parents,
15:53 vous venez la chercher, elle est là sur le banc de touche,
15:55 et vous venez la chercher !"
15:56 Est-ce qu'aujourd'hui, c'est peut-être un peu radical ce que je vous dis,
15:59 est-ce qu'aujourd'hui c'est possible ou pas ?
16:01 - Oui, c'est possible, dans certains lycées ça se fait très bien.
16:03 - Et pourquoi ça n'est pas fait alors ?
16:04 - Alors je répète, dans certains lycées, à la mesure des possibilités,
16:08 des vies scolaires et des personnels de direction, c'est fait.
16:11 On ne peut pas dire que ce n'est pas fait.
16:12 Par contre, très clairement, dans certains lieux, c'est très compliqué, je répète.
16:16 Allez devant des lycées et essayez de vous opposer à 200 ou 300 jeunes,
16:20 qui ont l'aval d'autres jeunes qui ne sont pas sur ce port-là de signe religieux.
16:27 Voilà, je mets au défi chacun d'y aller.
16:30 - Vous restez avec nous, on prend Sissi au 0826 300 300.
16:35 - Bonsoir Sissi.
16:36 - Oui, bonjour.
16:38 Je bouillonne dans ma voiture, en vous écoutant, parce que je trouve ça inadmissible.
16:44 Ça n'a rien à voir avec l'islam, la baïa.
16:46 C'est quelque chose qui nous vient d'Arabie Saoudite,
16:51 et je trouve pas normal qu'on puisse les accepter.
16:54 On refoue le défi parce qu'elles ont un jeûne un peu trop déchiré ou en débardeur,
16:58 mais par contre on laisse rentrer des filles en baïa.
17:02 Et je trouve que les proviseurs devraient avoir plus de pouvoir,
17:06 et ne pas les laisser rentrer au sein de l'établissement tout simplement.
17:10 - Sissi, j'ai pas très bien compris votre position en fait.
17:12 Est-ce que vous êtes pour le fait de refuser la baïa ?
17:16 - Oui, oui, oui, je suis contre le port de la baïa dans les lycées.
17:21 Pour moi ça n'a rien à faire dans un lycée.
17:26 L'île marocaine, ça n'existe pas au Maroc, alors je trouve...
17:30 Pourquoi ça existe ici ?
17:32 - Mais c'est important, vous avez eu raison de rappeler ceci.
17:37 Mathilde Pannot a eu un tweet aujourd'hui indiquant que le Parisien faisait preuve d'islamophobie
17:45 puisqu'il stigmatisait les femmes musulmanes.
17:48 Le Parisien fait sa une sur la baïa.
17:51 Sauf qu'il faut rappeler que les femmes musulmanes dans notre pays ne portent pas la baïa.
17:57 Et au quotidien, peut-être dans les locaux de Sud Radio,
18:01 ou à l'hôpital, ou dans la police, la gendarmerie,
18:04 il y a énormément de citoyens français de confession musulmane
18:08 dont vous ne connaissez pas la confession.
18:11 Il faut le rappeler quand même.
18:13 - C'est comme celle qui portait des banquets, la banquette c'est à Degon.
18:16 - L'écrasante majorité des femmes musulmanes dans notre pays ne veulent pas la baïa.
18:20 - Vous restez avec nous, 0826 300 300, on continue sur ce sujet jusqu'à 19h.
18:25 On fait une petite pause.
18:27 N'hésitez pas à nous appeler 0826 300 300, ça sonne terriblement au standard.
18:30 Et merci en tout cas de votre fidélité, à tout de suite.
18:33 Et on continue ce sujet sur la baïa.
18:36 Gwenelle Surel est avec nous, toujours secrétaire générale adjointe du SNPD UNSA.
18:41 Pas facile à dire, mais surtout quand on le dit vite.
18:44 Vous êtes toujours avec nous.
18:46 Et puis ça sonne au 0826 300 300 avec Hakim qui est avec nous.
18:50 Bonsoir Hakim.
18:51 - Bonsoir les gens.
18:52 - Bienvenue sur Sud Radio.
18:54 Vous vouliez réagir sur ce sujet de la baïa.
18:58 - Moi je dis qu'il faut se déclisper un peu dans ce pays.
19:02 Il n'y a aucun vêtement qui me choque.
19:04 C'est vous qui le portez, c'est pas moi, je m'en fous en fait.
19:07 Il y a un moment où il va vraiment falloir s'arrêter de se clisper comme ça sur la façon de s'habiller des gens.
19:12 Si vraiment ça gêne, je vais vous dire un truc.
19:14 Que la loi soit nationale, alors uniforme à l'école pour tout le monde.
19:18 Comme ça on voit pas les vêtements des gamins, on arrête de les emmerder avec ça.
19:21 - Ah bah là vous prêchez des convaincus Philippe Bilger.
19:24 - Ah bah oui, je suis absolument d'accord.
19:25 - Non mais c'est vrai, moi je trouve que sincèrement, on leur prête bien des intentions à ces gamines-là.
19:29 Franchement elles sont jeunes, ça va leur passer, arrêter quoi.
19:31 - Mais l'uniforme c'est un remède qui pourrait être accepté
19:35 si certains n'y voyaient pas une régression, alors que moi ce serait un progrès.
19:40 - Mais ça concentrerait l'école sur ce qu'elle doit faire,
19:44 et ça réglerait tous nos problèmes d'apparence,
19:47 et en plus il n'y aurait pas cette inégalité entre les conditions et les fortunes.
19:51 - Et à qui me vous dit Philippe Bilger qu'il a porté l'uniforme à l'école ?
19:54 - Bah oui, vous savez, moi j'ai pas fait l'école en France, je suis libyen,
19:57 j'ai fait l'école en Libye, c'était gratuit à l'époque où Kadhafi allait bien dans sa tête.
20:01 Voilà, je l'ai dit.
20:02 Mais on portait l'uniforme, les garçons comme les filles, je veux dire.
20:05 Et puis c'est tout, en dessous de l'uniforme vous aviez, je sais pas,
20:08 moi c'était ma mère qui fabriquait mes vêtements en plus, donc on en achetait pas.
20:11 Donc voilà, en dessous j'avais les vêtements que ma mère me fabriquait pour moi.
20:14 - Jean-Michel Fauvergue, sur elle, justement, sur ce sujet, l'uniforme.
20:18 - L'uniforme, pourquoi pas ?
20:19 - Oui, alors, la question de l'uniforme,
20:22 je m'excuse mais j'ai un double retour qui est pas très agréable,
20:25 mais je vous entends quand même.
20:27 Donc j'ai un retour de la part de gens qui doivent parler en studio,
20:30 je ne sais pas, mais j'ai du mal à bien suivre.
20:34 - Alors attendez, bougez pas, bougez pas, on va juste revenir avec Jean-Michel Fauvergue,
20:37 on va vérifier, Jean-Michel Fauvergue, vous vouliez réagir.
20:40 - Non, moi sur le dernier auditeur, comment il s'appelait-il ?
20:43 - Hakim.
20:44 - Hakim, voilà, sur ce qu'a dit Hakim,
20:46 ça me pose aucun problème de ce qu'il a dit, il a raison,
20:48 en fait ça devrait être ça, c'est-à-dire que chacun fait comme il veut, et puis voilà.
20:52 Sauf que, sauf que quand même, derrière, nous soyons pas naïfs,
20:55 il y a une instrumentalisation, en particulier de ces jeunes filles,
20:58 et donc il faut que la République réagisse là-dessus, bien évidemment.
21:01 Maintenant, sur l'idée de l'uniforme,
21:05 moi je suis un homme d'uniforme, et donc ça me dérange pas.
21:10 Moi mes enfants, quand j'étais en Guyane, portaient l'uniforme à l'école,
21:15 et ça posait aucun problème, et au contraire,
21:18 on fait en sorte que tout le monde se ressemble, et c'est beaucoup mieux.
21:21 - Guenel, sur elle, le mot de la fin pour l'uniforme et pour le reste ?
21:25 - Oui, alors je pense qu'il faut quand même être attentif.
21:28 Si vous allez à Mayotte, par exemple, vous verrez qu'uniforme ne résout pas beaucoup
21:32 la question de la laïcité, pour pas dire...
21:35 Elle est toujours existentielle dans les établissements de Mayotte,
21:38 de par le fait qu'on sait très bien qu'on a un certain nombre de jeunes filles
21:42 qui mettent des semblants de voile,
21:47 alors je ne sais plus le nom précis que cela apporte,
21:49 mais qui sont clairement des signes ostensibles.
21:51 Donc je crois qu'il faut être attentif aux solutions faciles,
21:54 si c'était si simple, ça serait très longtemps que,
21:57 dans leurs règlements intérieurs, les chefs d'établissement auraient mis en place l'uniforme.
22:01 Je ne suis vraiment pas sûr que cela résoudra tout.
22:03 La vraie question est quand même aussi,
22:06 il faut s'attaquer quand même à une vraie étude politique
22:10 sur l'entrisme de certaines religions dans le lieu réfugié des valeurs de la République
22:17 et un établissement public local d'enseignement.
22:20 Et je pense que là, on est en train de faire malheureusement
22:23 soit de la stigmatisation, soit de l'angélisme,
22:25 mais il faut être très très attentif à vraiment s'apercevoir
22:29 qu'on est dans un nouvel essor d'attaque contre la laïcité.
22:33 Alors effectivement, j'entends que parfois les proviseurs ne répondent pas
22:37 comme vous le souhaiteriez.
22:39 Je vous invite vraiment à aller sur le terrain
22:41 pour aider les proviseurs à résoudre la problématique avec les collègues
22:45 et à entendre ces jeunes filles qui ont un discours très très construit.
22:49 Merci beaucoup en tout cas, Gwenaëlle Surel,
22:51 d'avoir été avec nous au secrétaire général adjoint du SNPDEN, UNSA.