• l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Françoise Degois, Jean Doridot et François Pupponi, ancien maire de Sarcelles et ancien député, et président de l’ANRU.

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2023-11-28##

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Transcription
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04 Un ensemble d'individus qui sont issus de parents qui étaient déjà délinquants.
00:09 Donc quelque part c'est une culture qui se transmet.
00:12 Un peu plus de 150 millions d'euros ont été injectés dans le quartier de la Monet,
00:18 indique la maire de Romand-sur-Isère dans la Drôme,
00:21 face à la montée de la délinquance sur fonds de trafic de drogue et de radicalisation.
00:25 Marie-Hélène Thoraval appelle à des réponses plus fermes de l'État.
00:29 Et vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:31 Le premier plan banlieue, il date de 1977, il y a bientôt 47 ans.
00:36 C'était Lionel Stolérud qui était ministre,
00:38 et Montbart à Matignon et Valéry Giscard d'Estaing à l'Élysée.
00:40 Et pourtant la situation a empiré malgré des milliards et des milliards déversés.
00:45 Est-ce que vous pensez que ça ne fait pas beaucoup d'argent quand même ?
00:48 150 millions d'euros pour un quartier d'une ville de 33 000 habitants,
00:52 c'est-à-dire ce qu'on appelle, et ce n'est pas du tout péjoratif, une ville moyenne.
00:56 Comme le dit la maire de Romand-sur-Isère, faut-il en finir avec la culture de l'excuse
01:00 et arrêter de mettre de l'argent pour passer à autre chose ?
01:03 Les 150 millions d'euros dépensés pour le quartier de la Monnaie ont-ils servi à quelque chose ?
01:07 Vous dites non à 98%. On attend vos appels au 0826 300 300.
01:12 Et les 2%, merci de nous appeler tout de suite.
01:14 Je suis là moi.
01:15 François Puponi est avec nous, ancien maire de Sarcelles et ancien député,
01:19 et surtout ancien président de cette agence nationale de rénovation urbaine.
01:23 François Puponi, bonsoir, merci d'être avec nous.
01:25 Philippe Bilger, forcément vu de la fenêtre de la maire, de madame le maire,
01:31 ça fait beaucoup d'argent pour assez peu de résultats.
01:34 J'ai scrupule à donner un point de vue, je dirais, non pas provocateur,
01:40 mais pas forcément classique sur la question de Sud Radio.
01:45 Moi j'ai l'impression, je n'irai pas soutenir une absurdité,
01:50 qu'il ne faut pas donner de l'argent dans ces cités.
01:53 Mais je me demande si parfois, cette focalisation sur l'argent qu'on verse,
01:58 n'est pas une manière très subtile de s'excuser de son impuissance véritable.
02:05 Est-ce que c'est l'argent qui va permettre à ces cités de restaurer une vie de qualité ?
02:13 Ou est-ce qu'au fond, il ne faut pas plutôt accentuer, j'allais dire,
02:19 l'ordre régalien, premier point, et d'autre part,
02:22 mettre en oeuvre une certaine philosophie éducative,
02:27 qui renvoie évidemment à des approches plus personnelles, plus familiales.
02:32 Je ne crois pas à l'importance de l'argent pour restaurer ce qui ne va pas.
02:37 Je le dirais de la même manière pour la magistrature,
02:40 et dans d'autres institutions qui vont mal.
02:44 - Françoise de Gouin.
02:45 - Moi je crois à la force de l'argent et à l'importance de l'argent.
02:48 Là on parle, j'entends, je vois bien ce que veut dire Madame le maire,
02:51 mais enfin, opposer 150 millions d'euros à une poignée d'individus
02:56 qui vont faire le coup de poing, tragique,
02:58 ça n'a aucun sens en réalité.
03:00 De quoi parle-t-on de culture d'excuse ?
03:02 Je ne comprends même pas ce que dit la maire.
03:04 Je pense qu'elle est prise sous le coup de l'émotion,
03:06 mais je pense que c'est des choses qui ne vont pas ensemble dans la même phrase.
03:10 Bien sûr qu'il faut ajouter de l'argent dans ces endroits
03:12 qui ont été construits n'importe comment dans les années 70,
03:15 ne serait-ce que pour véritablement les rénover.
03:17 Vous avez un travail extraordinaire de rénovation
03:19 qui est fait maintenant dans beaucoup de cités en France.
03:22 Ce ne sont pas deux choses qui sont opposables.
03:26 Bien sûr qu'il faut mettre de l'argent,
03:27 bien sûr qu'il faut encourager les associations,
03:30 mais où je rejoins Philippe Bigère,
03:32 c'est bien sûr comment est-ce qu'on fait pour avoir un traitement adapté.
03:35 Je pense bien sûr à la police de proximité,
03:37 mais François Puponi, qui est le grand spécialiste,
03:40 nous dira certainement mieux que nous tous réunis.
03:42 Mais la police de proximité, l'éducation des parents,
03:45 je crois beaucoup à des choses comme l'école des parents,
03:47 c'est très important.
03:49 Je crois à des expériences novatrices,
03:51 et je ne comprends pas du tout le discours de la maire de Romain Surizer,
03:55 sauf si elle veut faire de la politique,
03:56 et là c'est de la mauvaise politique pour moi.
03:58 - Jean Dorudo.
03:59 - C'est une question essentielle en fin de compte.
04:04 La question c'est comment est-ce qu'on peut améliorer les choses,
04:07 et c'est un fait, il y a une espèce de réflexe très libéral dans le fond,
04:12 de se dire avec l'argent on achète tout,
04:13 on règle tous les problèmes,
04:15 et manifestement ça ne marche pas comme ça.
04:17 Regardez l'éducation nationale typiquement,
04:19 c'est le plus gros budget de l'État,
04:21 ça coûte un pognon de dingue, comme dirait le président,
04:24 et on n'a jamais eu un niveau aussi bas,
04:26 il y a des élèves qui arrivent en sixième,
04:29 qui ne savent ni lire ni écrire,
04:30 - Même en quatrième.
04:31 - Et c'est fou, vous savez,
04:33 c'est un truc, une blague de psy,
04:36 où plus ça change, plus c'est la même chose.
04:38 Et quand vous avez une solution qui ne marche pas,
04:40 vous faites la même en plus fort.
04:42 Donc on met de l'argent, ça ne marche pas,
04:43 alors on dit quoi ?
04:44 On va mettre plus d'argent,
04:45 alors ça ne marche toujours pas,
04:46 on dit mais vous savez quoi ?
04:47 On va en mettre encore plus.
04:48 Mais en fait non, je rejoins Philippe Bilger,
04:51 il y a manifestement des pas entiers de solutions
04:54 qui ne sont pas examinées ni investiguées,
04:56 et donc ça marche de moins en moins bien en réalité.
05:00 - François Puponi, vous avez été président de l'ANRU,
05:02 l'Agence Statuelle de la Rénovation Urbaine,
05:04 - Qui a 20 ans cette année.
05:05 - Qui a 20 ans cette année,
05:06 on a un peu l'impression que les plans banlieues,
05:08 c'est comme les gosses plans dans l'ex-URSS,
05:10 ça ne marchait pas,
05:11 mais on continue encore et toujours
05:12 pour faire un peu du Jean Dorido.
05:14 - Non, malheureusement,
05:16 l'ANRU avait un objectif qui a été rempli,
05:19 c'est reconstruire, rénover,
05:22 restructurer les banlieues.
05:24 Là ça a bien fonctionné,
05:27 il suffit de se promener dans ses quartiers,
05:28 moi je l'ai fait quand j'étais président de l'ANRU,
05:30 ils ont été repensés, bien pensés,
05:32 et les grands immeubles qui eux avaient été mal conçus,
05:35 mal pensés à la fin des années 50 ou début des années 60,
05:38 ont été bien restructurés.
05:40 Mais si à l'intérieur de ces quartiers,
05:42 vous ne réglez pas les politiques éducatives,
05:45 culturelles, sécuritaires,
05:47 ou autres, vous ne réglez rien.
05:49 Et surtout,
05:51 si vous ne changez pas la politique de peuplement,
05:53 si vous continuez à mettre dans ces quartiers
05:55 les populations les plus fragiles,
05:56 les plus déshéritées,
05:57 ce que fait la France,
05:59 ce que fait l'État,
06:00 vous avez rénové le quartier,
06:02 mais les problématiques sociales sont les mêmes.
06:04 Alors pourquoi on en est là ?
06:05 Parce que l'État,
06:07 c'est plus facile de mettre les pauvres avec les pauvres,
06:09 l'État ne veut pas de mixité,
06:11 mais parce que les Français ne veulent pas de mixité.
06:13 Moi j'ai été maire de Sarcelles,
06:14 et quand j'ai voulu casser des barres,
06:17 et transférer une partie de la population
06:19 dans des villes qui sont moins en difficulté,
06:22 aucun des...
06:23 Les maires me disaient "Mais François, écoute, on t'aime bien,
06:25 mais garde tes pauvres,
06:27 garde tes immigrés,
06:28 garde tes délinquants,
06:29 et entre guillemets, viens pas nous embêter."
06:31 Et c'est ça la France d'aujourd'hui.
06:33 C'est qu'elle ne veut pas partager la difficulté.
06:36 Et donc comme on est un pays de l'entre-soi,
06:38 on a rénové les quartiers,
06:40 mais les problématiques sociales,
06:42 culturelles, sécuritaires,
06:43 sont restées les mêmes.
06:44 - Jean Dorion.
06:45 - Oui, non pardon,
06:46 je vous écoute attentivement,
06:48 monsieur François Puponi,
06:50 je trouve ça pas très juste,
06:53 si je comprends bien,
06:53 d'accuser les Français finalement
06:56 de ne pas vouloir accueillir
06:58 la misère des uns et des autres.
07:00 L'être humain...
07:00 - De ne pas vouloir y aller, Jean.
07:02 - C'est un mammifère à l'instinct grégaire,
07:04 c'est une réalité,
07:06 chacun a tendance à se rapprocher
07:09 des personnes auprès de qui il se sent bien,
07:11 des personnes qui lui ressemblent,
07:13 et il me semble qu'accuser les Français
07:16 de ne pas faire le job,
07:17 alors que c'est quand même une population
07:19 extrêmement généreuse,
07:19 extrêmement solidaire,
07:21 vraiment, peut-être j'ai compris de travers,
07:23 et puis, pardon,
07:24 je vous écoute attentivement sur l'enrue
07:29 qui aurait très bien rénové,
07:30 si vous voulez,
07:31 je vous fais part de ma difficulté
07:33 à accorder un 100% de crédit
07:37 à ce nom de propos,
07:38 c'est que les spécialistes assurent toujours
07:41 que ce qu'ils font, c'est génial.
07:43 Les urbanistes qui ont créé
07:45 la dalle d'Argenteuil à l'époque,
07:46 ça devait être,
07:47 c'était le summum de l'urbanisme.
07:49 On allait faire une dalle comme ça
07:51 pour justement assurer le fameux vivre ensemble,
07:53 une espèce comme ça de truc
07:55 comme dans la Grèce antique,
07:56 un agora où tout le monde se parle,
07:58 la dalle d'Argenteuil,
07:59 c'est un concours,
08:01 c'est un truc,
08:02 c'est sordide, pardon,
08:03 pour les personnes qui habitent à Argenteuil,
08:05 je veux dire,
08:06 c'est quand même un endroit
08:07 vraiment coupe-gorge
08:08 et on écoutait à l'époque les spécialistes,
08:10 "Ah, vous allez voir, c'est génial,
08:11 vous avez fait un truc, la dalle d'Argenteuil,
08:13 il faut laisser l'urbanisme se battre pour y aller."
08:15 - Deux choses, si je peux me permettre.
08:17 Oui, la France, c'est le pays de l'entre-soi.
08:19 Les Français veulent vivre entre eux
08:22 et ne veulent pas se mélanger
08:23 avec d'autres classes sociales,
08:24 personnes...
08:25 Oui, c'est une réalité.
08:26 Et l'État n'a fait que amplifier cela.
08:29 C'est une réalité.
08:30 Mais donc, après, il ne faut pas se plaindre
08:32 qu'il y ait des ghettos
08:33 qui contribuent à des ghettos sociaux
08:35 avec des gens en grande difficulté,
08:36 des problèmes d'insécurité.
08:37 Il ne faut pas s'en plaindre.
08:38 Il faut l'assumer.
08:39 - Il y a des ghettos de riches aussi, pardon.
08:41 Vous n'en pensez pas avoir de problème ?
08:43 - On ne veut pas de mixité sociale,
08:45 on n'en veut pas.
08:46 Vous avez tout à fait raison de le dire
08:48 et j'en suis tout à fait convaincu.
08:50 Et donc, il ne faut pas se plaindre après
08:52 qu'il y ait des ghettos de riches, de pauvres ou autres.
08:55 Ça, c'est bon.
08:55 Sur le deuxième point,
08:56 l'enrue, justement,
08:58 était là pour éviter tout ce qui avait été mal fait dans les 60.
09:03 L'enrue n'a pas demandé aux architectes
09:06 de repenser les quartiers.
09:07 Ce sont les élus, les habitants,
09:10 et les architectes,
09:11 et les bailleurs qui ont réfléchi ensemble.
09:13 Parce que, vous savez, moi j'ai voulu en tant que député
09:16 déposer un amendement
09:18 qui obligeait un architecte de vivre dans les immeubles qu'il avait imaginés.
09:21 - C'est vrai, c'est vrai, je m'en souviens.
09:22 Et il avait bien raison.
09:24 - C'est bien.
09:24 - C'était pour dire,
09:26 voilà, venez voir.
09:27 Et pour éviter cela, l'enrue disait
09:30 il faut des réunions publiques,
09:31 il faut des conseils de citoyens,
09:33 il faut de la conservation,
09:35 il faut demander aux habitants ce qu'ils en pensent
09:38 pour éviter les erreurs.
09:40 - Hum.
09:40 - Philippe, François,
09:43 même si les pays ne sont pas comparables,
09:47 est-ce qu'on n'aurait pas pu
09:50 prendre un peu comme exemple ce que le Danemark a fait pour les cités ?
09:56 - Oui, mais le problème c'est qu'à la fin des années 50,
09:59 devant la crise du logement,
10:00 la France a décidé de construire des grands ensembles.
10:03 - Hum.
10:04 - En pensant que ça allait être la panacée
10:06 et qu'on allait régler, voilà.
10:08 Et on a laissé déraper ces grands ensembles
10:11 en y concentrant quelque part toute la misère du monde.
10:14 Au début, moi j'ai grandi à Sarcelles,
10:16 c'était le symbole de la mixité sociale, Sarcelles.
10:19 Il y avait des...
10:20 Toutes les classes sociales étaient représentées.
10:22 Et puis petit à petit ça s'est paupérisé
10:24 pour une raison très simple,
10:26 c'est à cause des APL,
10:28 ce qu'on appelle les aides à la personne.
10:30 Puisque l'État donnait de l'argent aux bailleurs,
10:33 et bien les bailleurs avaient intérêt à loger les plus fragiles
10:36 parce que le loyer était en fait payé par l'État à travers l'APL.
10:39 Et donc c'est comme ça qu'on a
10:41 plateauisé et appauvri ces grands ensembles.
10:44 Et que la mixité sociale a disparu.
10:47 Voilà, donc ça c'était l'échec d'une politique de peuplement en France.
10:50 - François Puponi, on n'arrête pas de lire partout,
10:53 il faut une politique de la ville forte.
10:55 Ça veut dire quoi une politique de la ville forte ?
10:58 - On reprend l'exemple du quartier où il y a eu ce drame.
11:04 Si vous rénovez les immeubles,
11:06 mais que vous n'éradiquez pas le trafic de drogue qu'il y a dans l'immeuble,
11:09 vous aurez des magnifiques immeubles, mais avec du deal.
11:13 Donc il faut bien à la fois une politique urbaine,
11:16 et une politique sécuritaire et une politique sociale.
11:18 Et ce que n'a pas fait l'État,
11:20 et moi je l'ai toujours condamné,
11:22 - Oui mais si ce sont toujours les mêmes populations,
11:24 ce sera toujours la même chose.
11:26 - Oui mais il faut bien les changer les populations,
11:28 ou en tout cas les partager avec d'autres.
11:31 Mais comme personne ne veut les accueillir,
11:33 vous êtes obligé de les remettre au même endroit.
11:34 - Je suis d'accord François avec ce que vous dites à 100%.
11:37 Moi je sais qu'en plus, pourtant j'ai la dent dure souvent,
11:40 mais vous avez été un très bon président de l'ANRU,
11:42 et ça on ne peut pas mettre en doute le travail exceptionnel
11:44 qui a été fait sur l'ensemble, vraiment sur le pays, l'ensemble du pays.
11:47 Il y a aussi les villes, mais ça vous ne le dites pas,
11:49 parce que vous n'avez peut-être pas pensé,
11:51 il y a toutes les villes qui ne jouent pas le jeu
11:53 du pourcentage de logements sociaux.
11:56 C'est très important.
11:58 Moi je connais très bien Marseille pour y avoir commencé,
12:00 je vois bien toute la difficulté qu'a eu la mairie de Marseille
12:02 pour faire de la mixité à l'intérieur, au centre-ville de Marseille,
12:05 et ça n'a pas marché.
12:07 Ça ne fonctionne pas parce que les gens ne veulent pas se mélanger.
12:09 Moi je me demande, et je vous pose la question,
12:11 est-ce qu'on n'est pas passé à côté d'un truc formidable avec le plan Borlo,
12:14 parce que je l'avais vu, et on l'avait tous épluché de A jusqu'à Z,
12:19 et il y avait quelque chose qui donnait le sentiment
12:21 que pour la première fois on prenait en compte
12:23 l'ensemble du problème dans sa complexité.
12:26 Est-ce que ça ce n'est pas un rendez-vous manqué du quinquennat de Macron ?
12:30 - C'est évident, j'ai participé au plan Macron, à l'élaboration,
12:34 et j'ai participé à la fameuse réunion à l'Elysée
12:38 où le président Macron a dit non.
12:40 Oui je pense que c'est un rendez-vous manqué parce que...
12:43 - Il y avait tout dedans.
12:44 - Oui il y avait tout dedans je pense.
12:45 - C'est-à-dire, on en fait l'urbain,
12:48 il ne faut pas oublier que c'est Jean-Louis Borlo
12:50 qui a créé l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine.
12:52 Et pourquoi il a créé l'ANRU ?
12:55 C'était une manière de sortir la politique de Rénovation Urbaine
12:57 des griffes de Bercy,
12:59 puisque ce n'est même pas l'État qui payait,
13:00 c'était l'action logement, la cotisation des entreprises.
13:05 Et il voulait faire la même chose avec le fameux plan Borlo,
13:08 c'est-à-dire on va sortir ça des griffes de Bercy,
13:11 et on va mettre en fin des politiques éducatives, sociales, naturelles et sécuritaires.
13:16 Et malheureusement ça n'a pas été fait.
13:18 - Jean Dorido.
13:18 - Oui alors moi j'avais une question,
13:19 parce que je vous entends bien sûr expliquer que ça ne sert à rien,
13:23 je vous rejoins d'ailleurs, de rénover des logements
13:26 si rien n'a fait pour le trafic de drogue.
13:28 Toutefois, j'ai quand même le sentiment qu'on arrive à un niveau de trafic
13:32 dans beaucoup de municipalités qui est absolument effrayant,
13:35 et vous qui avez été élu,
13:37 vous connaissez vos collègues, vos confrères qui se sont élus aussi,
13:41 il y a eu pendant de longues années
13:43 une espèce de clientélisme autour de certains trafics
13:48 avec dans certaines communes,
13:50 que ce soit en région parisienne ou à Marseille,
13:52 où il y a quelques familles qui sont très bien identifiées,
13:56 qui fonctionnent de façon réellement mafieuse autour du trafic,
14:00 et ces personnes-là, non seulement ne sont pas inquiétées,
14:03 sont presque parfois protégées,
14:05 on a même eu le cas en Seine-Maritime
14:07 d'une municipalité qui est tombée quasiment sous la coupe d'une famille mafieuse.
14:11 Alors comment faire ?
14:12 Qu'est-ce que vous proposez comme solution, François Pipponi ?
14:14 - Vous avez entièrement raison.
14:16 Ces familles-là, elles ont besoin,
14:19 qui vivent du trafic,
14:21 elles ont besoin de diriger la ville,
14:23 et elles sont attirées par le politique.
14:26 Et effectivement, dans un certain nombre de villes,
14:28 en Ile-de-France en particulier, dans le nord de l'Ile-de-France,
14:30 elles essaient de prendre en main les élus, c'est une réalité.
14:34 Mais c'est un principe, enfin j'allais dire,
14:37 en central de la rue de Paris.
14:39 Une ville comme Marseille était historiquement sous la coupe réglée
14:44 d'un certain nombre de grands voyants.
14:46 - Et Toulon, on peut toutes les citer.
14:48 - Beaucoup le sud, et c'est maintenant beaucoup l'Ile-de-France,
14:51 ou d'autres villes qui ne sont pas forcément de l'Ile-de-France,
14:53 et qui sont des villes moyennes.
14:55 Donc c'est un processus que l'on connaît bien,
14:57 et si les élus ne sont pas extrêmement forts,
15:00 extrêmement solides, et s'ils ne sont pas aidés par l'État,
15:03 parce que quand vous êtes élu,
15:05 quand vous êtes élu, vous n'avez pas un diplôme,
15:08 qui vous explique comment on résiste à des voyous.
15:11 - Absolument.
15:12 - Vous êtes capable seul de le faire,
15:14 mais il n'y a pas de mode d'emploi.
15:16 Et si l'État, la police et la justice
15:19 ne sont pas là pour aider l'élu et l'accompagner,
15:21 il peut sombrer.
15:22 - Pourquoi Macron ne vous appelle pas comme ministre de la Ville, Puponi ?
15:25 Je lance un appel.
15:27 Merci beaucoup François Puponi.

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