• il y a 9 mois
Colère des Agriculteurs : le Président de la FNSEA Arnaud Rousseau est l'invité de Amandine Bégot dans RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL du 15 février 2024 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, la colère des agriculteurs va-t-elle reprendre ?
00:11 Amandine Bégaud, vous recevez ce matin le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.
00:14 Arnaud Rousseau, vous avez dit dimanche soir, s'il n'y a pas de mesures concrètes d'ici au salon de l'agriculture, les actions reprendront.
00:21 C'est du bluff ou c'est vraiment le cas ?
00:24 Non, ça n'est pas du bluff. Vous savez, on a eu un mouvement sans précédent avec les agriculteurs qui sont venus dire qu'ils voulaient
00:31 produire pour nourrir, qu'ils voulaient une juste rémunération de leur travail et qu'ils ne comprenaient pas le nombre important d'injonctions paradoxales,
00:37 notamment des importations massives de produits qui ne respectaient pas nos normes.
00:40 On est maintenant, vous l'avez dit, à neuf jours du salon. On continue à travailler avec
00:44 le gouvernement pour que des annonces très concrètes, qui changent la vie dans nos exploitations, puissent être prises d'ici là.
00:50 On va revenir sur ce que vous attendez comme annonce très concrète. Mais quel type d'action
00:55 pourrait-on imaginer dans les prochains jours si ça n'avance pas ? De nouveaux barrages routiers par exemple ?
01:00 Là, écoutez, on a d'abord eu des rencontres avec les préfets dans les départements pour regarder tout le sujet de la simplification.
01:06 On a ensuite, depuis quelques jours, des contrôles dans les grandes surfaces pour vérifier que
01:11 la protection de ce fameux prix en marche avant, de ces prix qui respectent la matière première agricole, soit au rendez-vous.
01:18 Dans quelques jours, on va probablement aller à la rencontre
01:21 des politiques, puisqu'on sait qu'il y a une loi en préparation. Donc tout ça va se
01:25 cristalliser aujourd'hui, puisqu'on a un conseil d'administration à la FNSEA.
01:29 Et enfin, on attend qu'avant le salon, le président de la République donne la direction
01:33 avec cet accueil le samedi, puisqu'il est prévu qu'il vienne inaugurer le salon. Donc d'ici là, on va continuer
01:39 à exercer ce qu'on avait dit, c'est-à-dire à la fois du travail et à la fois de la pression sur ceux qui sont censés prendre
01:44 les décisions, pour faire en sorte que les solutions attendues soient au rendez-vous.
01:48 - Mais ce que vous nous dites, c'est qu'il n'y aura pas de blocage routier
01:50 dans les prochains jours avant le salon, on est d'accord ?
01:53 - Nous, on a dit qu'on continuait à travailler. Mais encore une fois, vous savez, c'est le terrain qui décide.
01:57 Pour le moment, l'état d'esprit, c'est
01:59 on a suspendu le mouvement sur le terrain, on travaille, on fait le point,
02:02 et en fonction de ce qui sera annoncé, on prendra des décisions.
02:05 - Et quand vous voyez ces blocages, ces opérations qui ont eu lieu, par exemple hier dans Lotte et Garonne, contre certaines agences bancaires,
02:12 vous soutenez ce type d'action ou non ?
02:15 - Oui, mais vous savez que c'est la coordination rurale qui est un autre syndicat.
02:19 Encore une fois, moi je considère que dans le moment dans lequel on est, ce ne sont pas des querelles de boutique.
02:23 Le moment est trop important pour l'agriculture, pour commenter.
02:27 Nous, on ne fait pas ce genre d'action. Après, c'est leur décision, vous les interrogerez sur le sujet.
02:31 - Bon, venons-en à ces mesures concrètes que vous réclamez.
02:34 Vous avez été à nouveau reçu par Gabriel Attal avant-hier.
02:38 Le Premier ministre qui avait fait un certain nombre d'annonces, c'est d'ailleurs pour ça que les barrages avaient été levés.
02:43 Il y a deux ministres de l'agriculture, ce qui n'est quand même, je crois, jamais arrivé depuis le début de la Ve République.
02:51 On ne peut pas dire que rien n'a été fait, on est d'accord ?
02:55 - Encore une fois, je constate que depuis quelques jours, nous avons une ministre déléguée.
03:01 C'est une bonne nouvelle. On a dit qu'avec deux ministres, on irait deux fois plus vite.
03:04 Et vous l'avez compris qu'il y a aussi une forme de course contre la montre.
03:06 Nous, ce qu'on dit, c'est que les décisions doivent se concrétiser.
03:10 On est conscient qu'il y avait des mesures d'urgence, elles ont été annoncées.
03:13 On a maintenant besoin de mesures, notamment sur la simplification, qui montre que le logiciel est en train de changer.
03:19 - Mais alors ça veut dire quoi, très concrètement ? Que des décrets soient pris ?
03:24 - Ça veut dire par exemple que quand le président de la République ou le ministre de l'écologie disent qu'on va curer les fossés,
03:29 les fameuses "watering" dans le Nord Pas-de-Calais où les gens ont les pieds dans l'eau, maintenant depuis le mois de novembre,
03:33 et bien ça se traduit concrètement. Or, ce qu'on constate aujourd'hui, c'est qu'entre ce qui est annoncé et ce qui se déroule concrètement,
03:38 on n'est pas au rendez-vous. Et donc il faut aller plus loin pour que
03:42 on ait sur le plan réglementaire et dans un temps un peu plus long sur le plan législatif des avancées.
03:47 - On entendait tout à l'heure dans le journal de Sector 30 le président de la coordination rurale du Lot-et-Garonne dire "c'est l'administration qui déconne".
03:54 - Non mais c'est plus profond que ça, pardonnez-moi.
03:57 L'administration, elle ne fait qu'exécuter ce qu'est le cadre.
04:00 Donc soit le cadre est législatif, ça relève de la loi et il faut faire bouger la loi ou la faire évoluer. C'est ce qu'on a demandé
04:05 dans cette fameuse loi d'orientation agricole avec un volet "installation transmission".
04:09 Nous on veut y voir un volet compétitivité et un volet souveraineté. Soit c'est d'ordre réglementaire, ce sont des décrets. Donc encore une fois,
04:15 c'est vrai que les agriculteurs ne supportent plus les contrôles qui sont faits en permanence et ce sentiment d'être fliqués au quétidien.
04:22 Mais pour autant il faut faire porter les responsabilités où elles doivent être portées, c'est-à-dire dans le cadre qui
04:27 permet aux fonctionnaires de faire leur travail. Nous ce qu'on constate aujourd'hui c'est que c'est devenu
04:33 tellement diffus, tellement complexe, tellement illisible qu'entre deux représentants de la fonction publique, on peut avoir
04:39 même parfois des avis qui sont opposés. Donc ça, ça n'est plus tenable.
04:43 L'agriculteur ce qu'il veut c'est pouvoir faire son métier, pouvoir entreprendre, pouvoir avoir la liberté d'entreprendre.
04:47 C'est ce qu'il anime. - Mais juste pour qu'on comprenne bien ce que vous demandez,
04:51 il faut quoi ? Que Gabriel Attal prenne, je sais pas, dix décrets ou
04:55 supprimant telle chose, telle chose, telle chose, c'est ça ? - Oui absolument d'ailleurs. Il l'a dit, si je puis me permettre, il a dit "je vais
05:00 prendre dix décrets de simplification". Certains ont été pris, tous ne le sont pas. - Il faut qu'il soit pris pour le 24 février ?
05:07 - Il faut que les dix décrets qu'il a annoncés pour le salon, c'est lui qui a donné le timing. Donc ça, il faut évidemment que
05:12 ce soit respecté, au même titre qu'un certain nombre de choses. Je pense au grand plan élevage qu'on attend, je pense à des sujets...
05:16 - Donc les aides n'ont pas été versées ?
05:18 - Sur le plan élevage ? - Encore, sur le plan élevage. - Non, attendez, sur la MHE, on va essayer d'être précis. Le grand plan élevage, c'est une vision à
05:23 dix ans pour l'élevage. La MHE, là, les guichets sont en train de s'ouvrir et les premiers versements auront lieu avant la fin du mois, mais
05:30 surtout, ce qu'on a obtenu de Gabriel Attal, du Premier ministre, il y a deux jours, c'est l'idée d'un rendez-vous mensuel.
05:36 Parce que tout le monde sait très bien que cet exercice, c'est d'abord un exercice
05:39 de gouvernance, c'est un exercice de conduite du changement et qu'il faut un chef pour le mener.
05:44 - Et que ce n'est pas en neuf jours que ça se fait ? - Et que ce n'est pas en neuf jours qu'on va profondément
05:47 réformer ça. Il y a des mesures qui peuvent être prises ici le salon, il y a une direction très claire qui peut être donnée,
05:52 il y a des mesures qui peuvent être annoncées, par exemple, sur la réforme de l'OFB, l'Office français de la biodiversité,
05:57 avec lequel la relation est extrêmement tendue. Il peut y avoir des mesures annoncées, encore une fois, sur des simplifications, sur les sujets qui concernent
06:04 l'eau, sur les sujets, par exemple, sur les phyto,
06:07 il y a une première réunion, on pense qu'on peut aller plus loin, qu'on peut engager des moyens pour que demain on en utilise moins.
06:12 Sur la viticulture, il y a un grand plan qui a été annoncé, il faut maintenant qu'il se décline. Donc, vous voyez, il y a
06:17 une multitude de schémas, il y a des sujets bruxellois qui viennent d'avancer,
06:20 notamment, on a eu une bonne nouvelle, et moi je veux dire aussi, quand il y a des bonnes nouvelles,
06:25 on a obtenu que les 4%, la dérogation aux 4% puisse se mettre en place.
06:29 Elle n'est pas parfaite, mais elle permet en tous les cas d'obtenir des résultats court terme. Il y a d'autres décisions qui sont attendues de Bruxelles,
06:35 et puis, encore une fois, il y aura des décisions de plus long terme,
06:37 sur lesquelles on veut cranter des rendez-vous.
06:39 En fait, ce que vous dites au gouvernement, c'est "attention, on vous surveille".
06:41 Ce qu'on dit au gouvernement, c'est que, de toute façon, on ne fera pas retomber la pression aussi longtemps que les engagements ne seront pas tenus,
06:48 et je le dis parce que, parfois,
06:50 il peut y avoir des déclarations ou des grandes phrases. Ce qu'on veut, nous, c'est que ça se concrétise, encore une fois, dans nos fermes.
06:55 - Arnaud Rousseau, depuis le début de cette crise agricole, on a reçu à RTL, ici, des représentants de la grande distribution, des industriels,
07:01 et tous nous disent "oui, bien sûr, il faut que les agriculteurs soient rémunérés au juste prix".
07:08 Tout le monde a l'air d'accord sur ce point-là. Où est le problème ? Je pense notamment à Michel-Edouard Leclerc,
07:14 qui, la semaine dernière, me disait "je ne sais pas combien j'achète le lait au producteur de lait".
07:19 Il se moque de nous ou pas ? - Ecoutez, d'abord, c'est une bonne nouvelle que les représentants de la grande distribution
07:24 veuillent prendre en compte le coût de production, parce que c'est ce qu'on réclame depuis des mois.
07:29 - Sauf qu'ils le disent, mais ils le font pas. - Je vais répondre à Michel-Edouard Leclerc, que, par ailleurs, je n'invective pas, parce que je considère
07:35 que, dans ce moment-là, ce qu'on a besoin, c'est de tirer tout le monde vers le haut, et que les Français consomment à 90% dans la grande distribution,
07:42 on a besoin de trouver des solutions qui protègent la matière première agricole et le coût de production des agriculteurs.
07:48 Et donc, ce que je dis, c'est que, d'abord, il vendait du lait chez lui, il y a quelques jours, à 75 centimes
07:54 la brique de lait en marque de distributeurs, et que ça, ça n'est pas tenable.
07:58 Nous, ce qu'on veut aujourd'hui, c'est que... - Ça coûte 49 centimes à produire, hein, de lait, juste le redit pour les auditeurs.
08:04 - Il faut 50 centimes du litre au producteur. Ensuite, on comprend qu'il puisse y avoir un débat entre l'industrie
08:10 agroalimentaire et la distribution, en fonction des volumes, en fonction
08:14 de tout un tas de sujets, on le comprend, et que l'entente n'est pas possible. Mais nous, ce qu'on dit,
08:18 et on attend une initiative, puisque ils ont l'air tous d'accord, après tout, passons aux actes,
08:22 une initiative d'ici le salon pour dire "on a reçu le message 5 sur 5",
08:26 on est d'accord
08:28 chacun dans nos entreprises pour montrer qu'on veut aller de l'avant,
08:32 et faire en sorte qu'on ne se concurrence pas sur l'achat de la matière première agricole, parce qu'encore une fois, on ne peut pas la payer
08:37 en dessous du coût de revient. Nous, les indicateurs de coût de production en marche avant, on y tient beaucoup.
08:42 Vous demandez des initiatives d'ici le salon à la grande distribution, mais ça pourrait être quoi ? Par exemple, afficher la couleur sur
08:48 les produits ? Je pense toujours à mon litre de lait, dire "je l'ai acheté tant à mon producteur".
08:53 Ça paraît, par exemple, de dire "on fera tous les trimestres des rendez-vous tripartites" pour dire quel est le coût de
08:58 production, et comment on se met d'accord pour ne pas acheter en dessous. C'est également ce que dit le Premier ministre quand il dit "on va d'abord
09:06 négocier dans le cadre des galimes entre les
09:10 représentants des producteurs, ce qu'on appelle les organisations de producteurs et l'industrie, pour qu'ensuite la négociation avec la grande distribution ne se fasse pas
09:17 au détriment
09:18 des éleveurs". Et donc, on peut le faire sur le lait, mais on peut le faire sur la viande bovine, on peut le faire sur la
09:23 viande ovine, qui en ce moment a aussi besoin qu'on l'aide, on peut le faire sur le porc, on peut le faire sur la volaille,
09:28 on peut le faire sur toutes les productions d'élevage qui encore une fois ont besoin
09:31 d'un vrai geste en ce moment. Et ce geste, il peut être fait très rapidement.
09:35 Il y a une initiative qui a été prise, je veux le souligner, par le président de Lidl France, qui pourtant sait faire,
09:41 qui dit "on peut se regrouper et faire". - Donc vous dites à tous les autres ce matin "faites comme Lidl".
09:46 - Je dis en tous les cas "mettez-vous d'accord pour que la matière première agricole ne soit pas attaquée".
09:51 Merci.
09:52 [SILENCE]

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