La guerre secrète entre juges et politiques : explications avec Gilles Gaetner.

  • il y a 7 mois
Avec Gilles Gaetner, journaliste, auteur de "La guerre secrète entre juges et politiques" publié aux éditions de l'Artilleur.

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Transcript
00:00 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face à face.
00:06 13h08 sur Sud Radio, on vous présente ce face à face aujourd'hui.
00:09 André Bercov, vous recevez le journaliste, auteur de ce nouveau livre
00:12 "La guerre secrète entre juge et politique chez l'artilleur".
00:15 C'est Gilles Gaetner qui est avec nous. Bonjour à vous Gilles Gaetner.
00:18 Bonjour. Bonjour Gilles Gaetner. Effectivement, vous racontez quand même une saga.
00:22 D'ailleurs ça se lit effectivement, je dirais pas comme un roman policier,
00:25 mais effectivement comme un roman judiciaire.
00:28 Je pensais à ce... à ce...
00:32 Comment s'appelle-t-il ? Cet écrivain américain qui est avocat
00:35 et qui écrit de très très beaux romans sur les juges, enfin...
00:37 De toute façon, alors vous partez de 1981,
00:41 donc élection de France en 1981, jusqu'à aujourd'hui.
00:44 Et d'ailleurs aujourd'hui, on a l'impression que vous avez écrit avant hier, hein,
00:47 parce que vous avez déjà la relax du Pomoretti, hein.
00:50 C'est assez... c'est quand même très récent.
00:53 Mais ce qui est intéressant, c'est que dans votre livre,
00:56 c'est qu'on voit que cette guerre secrète, d'ailleurs pas si secrète que ça,
01:00 parce que souvent ça remonte à la surface,
01:02 mais est-ce vraiment une guerre ?
01:04 Vous avez une question que je me suis posée en lisant votre livre ?
01:06 Parce que c'est vraiment... enfin, quand on vous lit, hein,
01:09 c'est un jeu de thème, moi non plus,
01:11 il y a quand même des connivences, des rapprochements, des instructions,
01:15 on va en parler avec la Ferfillon, ou pas...
01:18 Enfin, plus ou moins dites, plus ou moins avouées,
01:21 est-ce que ce n'est pas plutôt cette espèce d'ambiguïté,
01:24 attraction, utilisation, instrumentalisation, manipulation, répulsion ?
01:29 Beaucoup de mention, mais ça veut dire qu'il y a quelque chose quand même de très trouble dans cette histoire.
01:34 - Oui, oui, vous avez tout à fait raison,
01:36 sauf que quand on regarde le temps qui a passé,
01:39 c'est-à-dire 43 ans depuis 81,
01:43 on s'aperçoit quand même qu'il y a eu périodiquement des affrontements terribles
01:47 entre les juges et le pouvoir politique.
01:49 Je pense, sous la gauche, il y a eu l'affrontement avec le juge Jean-Pierre,
01:53 les perquisitions...
01:55 - Urba et Carrefour du Développement.
01:57 - Absolument, où un certain ministre de la Justice
01:59 parlait de cambrés dans l'âge judiciaire, lorsque le juge Jean-Pierre perquisitionnait.
02:04 Et puis, en allant très très vite,
02:06 ça a continué aussi avec les affaires de la mairie de Paris, l'affaire Alfène,
02:10 et puis avec, en dernier lieu, pour faire court,
02:14 avec le garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti,
02:19 qui quand même s'est retrouvé devant la Cour de Justice de la République,
02:24 un peu à cause des juges.
02:26 C'est la première fois dans l'histoire de la République qu'on voit un tel phénomène.
02:29 - Oui, la première fois qu'un ministre de la Justice était convoqué...
02:32 - Oui, et c'était quand même surréaliste de voir le procureur général
02:36 près de la Cour de Cassation, le procureur général près de la Cour de Justice,
02:39 qui requiert contre le garde des Sceaux.
02:42 - Et qui dépend du garde des Sceaux, normalement.
02:44 - Absolument, alors je ne sais pas quels sont leurs rapports maintenant,
02:47 le garde des Sceaux a dit "la page est tournée, donc on n'en parle plus".
02:51 Je voudrais faire une petite remarque sur la relax du garde des Sceaux.
02:55 Est-ce que, c'est une question que je pose,
02:58 est-ce que si la juridiction avait été une juridiction classique,
03:02 composée uniquement de magistrats professionnels,
03:05 est-ce que M. Dupont-Moretti aurait été relaxé ?
03:09 - Oui, parce que la Cour de Justice de la République n'est pas composée...
03:12 - Eh non, 12 magistrats élus, sénateurs et députés,
03:19 plus 3 magistrats professionnels.
03:21 - Ça change la donne, ça.
03:23 - Et on voit très bien, sans entrer dans les détails et le problème du secret des délibérations,
03:26 on voit bien que les politiques l'ont emporté.
03:29 Parce que peut-être que sur les 12 juges élus,
03:32 il y avait peut-être certains qui étaient en délicatesse avec la justice.
03:37 - Donc ils se sont dit "on va quand même le soigner".
03:39 - Oui, oui. - Mais alors, non pas à contre...
03:43 Oui, à contrario, je dirais quand même.
03:45 Si on se rappelle, c'est intéressant, vous en parlez longuement dans votre livre, Gilles Gaetner,
03:49 quand même, l'affaire Fillon, je rappelle, pour les auditeurs,
03:54 articles du Cadre Enchaîné sur le fait que sa femme est employée fictivement, d'après eux,
03:59 et 2 heures après, 2 heures après, le parquet national financier déclenche les hostilités.
04:06 Bien, 2 heures après. Franchement, aujourd'hui,
04:09 est-ce que le parquet national financier n'a pas, je ne dis pas subi,
04:13 mais connu quelques instructions du côté de l'Elysée ?
04:16 - Ah ben, visiblement, il y a eu en tous les cas un dysfonctionnement,
04:21 disons une analyse différente entre la procureure générale
04:25 près de la cour d'appel de Paris et la patronne du PNF.
04:29 Ça, ça me paraît clair. Et d'ailleurs, quand Mme Oulette,
04:32 puisque c'était elle qui était la procureure nationale financière,
04:36 a été auditionnée en 2020 dans le cadre d'une enquête parlementaire,
04:41 elle l'a dit qu'elle avait eu sans arrêt des pressions,
04:44 après, elle est revenue un peu en arrière, etc.
04:46 Mais vous avez raison, l'ouverture de l'enquête préliminaire dans un premier temps,
04:52 dès le 25 janvier 2017, c'était cuit pour Fillon.
04:57 - Est-ce que, juste une chose, parce que nous allons faire une petite pause,
05:00 mais juste une chose, Guilletin, est-ce que c'était une première
05:03 qu'on attaque un candidat du présidentiel en pleine campagne électorale ?
05:08 - Alors, c'est absolument une première, d'où la question que beaucoup se posent,
05:12 des juristes et des hommes politiques,
05:14 est-ce qu'on doit organiser une trêve judiciaire pendant la campagne électorale ?
05:21 Alors, beaucoup de magistrats disent que oui,
05:23 mais le 25 janvier 2017, nous n'étions pas en campagne électorale.
05:29 Alors, on aurait pu ne pas ouvrir d'informations au mois de mars,
05:33 depuis qu'il a été mis en examen.
05:35 - La campagne n'avait pas commencé officiellement.
05:37 - Non, donc, parce qu'on se serait trouvé dans une situation ahurissante.
05:42 On n'aurait pas ouvert d'informations judiciaires.
05:45 Tout le monde, les grands penseurs, les grands sociologues, les analystes politiques,
05:50 pensent que François Fillon aurait été élu président de la République.
05:53 Alors, on se serait trouvé dans une situation complètement folle.
05:57 On aurait eu un président de la République mis en examen,
06:00 mais qu'on n'aurait pas pu interroger, puisque couvert par son statut de chef de l'État,
06:07 comme l'était Nicolas Sarkozy.
06:09 - On va continuer à en parler de ce roman d'amour, haine et autres,
06:15 entre juges et politiques, avec Gilles Gaetner, tout de suite après cette petite pause.
06:19 - Et avec vous, au 0826 300 300, pour témoigner, pour poser toutes vos questions.
06:23 A tout de suite sur Sud Radio.
06:25 - Sud Radio, votre avis fait la différence.
06:28 - J'adore vos débats. On entend des choses qui changent un peu de la doxa généraliste qu'on entend trop partout.
06:34 - Sud Radio, parlons vrai.
06:36 - Ici Sud Radio.
06:39 Les Français parlent au français.
06:44 Je n'aime pas la blanquette de veau.
06:48 Je n'aime pas la blanquette de veau.
06:50 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
06:53 - C'est un cliché, mais il faut le dire, dans le cas du livre de Gilles Gaetner,
06:57 "La guerre secrète entre juges et politiques", pendant 40 ans, 43 ans,
07:01 publié chez l'Artilleur.
07:03 C'est vrai que ça se lit comme un roman, non pas un roman policier,
07:06 mais tout au long de la lecture, Gilles Gaetner,
07:09 je me suis dit, j'aimerais avoir un peu votre sentiment, puisque vous suivez ça depuis effectivement des décennies.
07:15 On se dit, les politiques, quand même, à un moment donné, ils sont jugés.
07:18 Quand je dis qu'ils sont jugés, non pas seulement juridiquement,
07:21 mais il y a un juge qui est l'électeur.
07:23 À un moment donné, au bout de 4 ans, 5 ans, 6 ans ou autres,
07:27 ils retrouvent les électeurs qui rentrent leur verdict.
07:30 Oui, vous avez été bon, pousse en l'air ou pousse en bas.
07:33 Mais qui juge les juges ?
07:35 Qui juge les juges ? C'est une question qu'on se pose toujours,
07:38 et on se dit, parce que dans cette espèce de bras de fer
07:41 entre procureurs, juges d'instruction, magistrats,
07:44 on va en parler, effectivement, on va prendre le temps de le faire,
07:47 mais est-ce qu'il n'y a pas quand même, est-ce que c'est un jeu à somme nulle,
07:51 ou est-ce qu'il n'y a pas quand même un gagnant et un perdant ?
07:54 Alors oui, celui qui, l'organe qui juge les juges,
07:59 c'est le conseil supérieur de la magistrature.
08:01 Oui, bon, enfin, honnêtement.
08:03 Alors, c'est vrai...
08:05 On n'a pas l'impression, en tout cas de l'extérieur,
08:07 on n'a pas l'impression qu'ils sont très...
08:09 Je cite quelques exemples. Chaque année, dans le rapport du CSM,
08:13 on fait allusion aux dérives, mais ce ne sont pas des dérives,
08:16 c'est des dérives plutôt personnelles sur la façon de vivre,
08:20 c'est plutôt ça.
08:22 Mais il y a eu quand même des magistrats, je peux vous citer un cas,
08:25 à l'époque de François Léotard, quand il était ministre de la Défense,
08:29 il y avait un substitut général à la Cour d'appel de Paris
08:32 qui devait être nommé directeur de la gendarmerie.
08:34 C'est pas rien, c'est un très beau poste.
08:36 Et il était sur le point d'être nommé
08:38 quand le canard enchaîné a tout foutu par terre, autant que je me souvienne.
08:41 C'est que, preuve à l'appui, le canard a raconté
08:46 que ce magistrat entretenait des relations coupables avec des voyous.
08:50 Des vrais voyous. Donc le poste...
08:52 - Alors, je vais vous poser la question autrement.
08:55 On sait très bien aujourd'hui, que dans l'équipe Macron,
08:59 on a bien vu Bayrou, celle-là c'est tout à fait nous,
09:01 Bayrou a été blanchi, effectivement, au bout de longtemps.
09:05 - Oui, alors je vous interromps, blanchi...
09:08 On va voir si le parquet fait appel.
09:10 - C'est ça, oui. - Et vous avez vu que les attendus sont bizarres, quand même bizarres.
09:14 Il est probable qu'ils autorisent un sou.
09:18 - Il est probable qu'il n'ait pas été au courant.
09:20 - Oui, bon, voilà.
09:22 J'ai déjà dit, bon, c'est la règle du jeu, mais...
09:24 Il faut attendre... - Non mais je veux dire, par là,
09:26 Gilles Gaetner, justement, et ça m'intéresse que vous parliez de ça,
09:28 c'est-à-dire que, au fond, soyons clairs,
09:31 un certain nombre de procureurs, on parlera d'un peu d'habitude des juges d'instruction,
09:34 mais un certain nombre de procureurs, que ce soit à gauche ou à droite,
09:37 ça n'a aucune espèce... ça, vous le dites très bien, et on le sait, en fait.
09:41 Mais un procureur qui doit sa carrière au ministre de la Justice,
09:45 donc au président de la République, on connaît le pouvoir monarchique,
09:48 de notre chère Vème République,
09:51 est-ce que, franchement, il faut avoir une âme absolument d'héreux
09:58 pour se dire "écoutez, je pense quand même à ma carrière,
10:01 et je vais m'opposer à tel ou tel homme politique".
10:03 Je pense... Pourquoi je dis ça ?
10:05 - Il y a un certain nombre de ministres progressistes,
10:07 ou d'entourage de Macron, pour ne pas parler de Colère ou d'autres,
10:11 d'Alexis Colère ou beaucoup d'autres,
10:13 qui ont été soit mis en examen, soit poursuivis.
10:16 Et vous savez, on disait avant, c'est la jurisprudence baladure,
10:19 un ministre mis en examen doit démissionner.
10:22 On a l'impression que tout ça, je ne dis pas,
10:25 je ne veux pas dans la caricature des ménines de Vélasquez et l'entre-soi,
10:28 et tout le monde se tient par la barbichette,
10:30 mais il y a, même en lisant votre livre, il y a quelque chose de ça.
10:34 - Absolument, mais prenons le problème des procureurs.
10:39 Du procureur général ou du procureur d'un grand tribunal.
10:43 Il est nommé par le pouvoir en place.
10:46 Il est sûr qu'il faut avoir une dose,
10:49 en général ils sont indépendants,
10:51 mais il faut avoir une dose très forte d'indépendance pour résister.
10:55 Alors il y a eu des magistrats qui ont résisté,
10:58 en l'occurrence Van Rymbeck qui était juge d'instruction,
11:01 il a résisté au pouvoir...
11:03 - Mais Van Rymbeck n'était pas nommé par le pouvoir en place.
11:05 - Non, il a été samovi, il a dit ça.
11:07 Mais les magistrats, qu'est-ce que vous voulez, c'est...
11:10 Il faut, en réalité, il faut que les procureurs soient indépendants.
11:15 Et qu'ils soient nommés par une commission qui pourrait être composée d'élus,
11:19 de magistrats et qui décideraient...
11:23 - Pas nommés par le pouvoir, quel qu'il soit.
11:26 - Non, comme ça le procureur ou le procureur en général
11:29 pourrait décider en son âme et conscience
11:31 d'ouvrir ou de ne pas ouvrir une information judiciaire.
11:34 C'est ça le fond du problème.
11:37 Et on pourrait même aller encore plus loin,
11:39 c'est nommer un procureur général de la nation
11:42 qui s'occuperait vraiment de l'action publique
11:44 et qui lui serait totalement indépendant du pouvoir politique,
11:49 qui aurait d'une certaine façon certaines attributions du garde des Sceaux,
11:52 mais qui ne siégerait pas au Conseil des ministres.
11:55 Ce qui permettrait de lui donner encore une plus grande indépendance.
11:58 - Alors justement ça m'intéresse, et encore une fois c'est aux journalistes d'expérience que je parle,
12:03 est-ce que vous auriez jusqu'au juge élu,
12:05 ou en tout cas pour reparler, à la Cour suprême à l'américaine,
12:09 où effectivement la Cour suprême est totalement indépendante du pouvoir ?
12:12 - Oui, alors on est en train, avec l'arrêt concernant le garde des Sceaux,
12:20 on commence un petit peu à entrer dans cette thématique.
12:26 - Sauf que la Cour de justice de la République, ce ne sont pas des juges d'indépendance,
12:30 au moins qu'on puisse dire.
12:32 - Absolument, mais il faudrait, dans ce cas-là, supprimer le juge d'instruction.
12:37 - Ah oui, non mais c'est intéressant.
12:39 - Et puis laisser le parquet faire l'enquête lui-même.
12:43 Et il serait une partie, comme l'est la partie civile, ou la personne mise en examen.
12:49 C'est ça qu'on pourrait faire.
12:51 D'ailleurs, à Paris, l'expérience avait eu lieu au cours de l'affaire Drey.
12:57 Drey avait été soupçonné, l'ancien député de l'Eson, socialiste,
13:01 - Ah oui, Julien Drey.
13:03 - avait été soupçonné d'opérations financières un peu douteuses,
13:10 et le procureur de l'époque a décidé de ne pas nommer de juge d'instruction
13:14 pour aller plus vite et de résoudre le problème plus rapidement.
13:18 Et on en vient à l'affaire Beyrou, c'est vrai que 7 ans, c'est plus que pénible.
13:23 - C'est clair.
13:24 - Mais il y a des gens qui ont commis des infractions plus graves,
13:28 et qui, eux, à la longue, sont aussi relaxés et inquiétés.
13:33 - Oui, tout à fait.
13:34 - Donc c'est compliqué, parce qu'en plus, vient se mêler un pouvoir que l'on parle beaucoup,
13:42 c'est celui des journalistes.
13:44 - Bien sûr. Le fameux quatrième pouvoir.
13:47 - Il peut faire déraper beaucoup d'enquêtes, on l'a vu.
13:51 Souvenez-vous, ce n'est pas une affaire financière, mais l'affaire Dills.
13:55 - Oui, Patrick Dills.
13:57 - Ce jeune homme qui a été acquitté après 14 ans.
14:00 - Mais regardez, on va en parler après cette petite pause,
14:03 et on va continuer avec vous, encore une fois, c'est passionnant,
14:06 on va parler de certaines affaires, parce que justement, dans le livre,
14:09 il y a des affaires qui montrent bien la complexité aussi de la chose.
14:12 Et puis, c'est humain, ce sont des hommes, ce sont des femmes.
14:15 Et pour ne pas empêcher, pardonnez-moi de vous couper, ils votent.
14:18 - Ils votent, oui, bien sûr.
14:20 - Peut-être que vous aussi, il y a une histoire judiciaire qui vous a marqué,
14:23 vous nous appelez 0826 300 300 pour témoigner ou pour poser toutes vos questions.
14:28 Ne bougez pas, on revient tout de suite.
14:30 - Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, midi 14h. André Bercoff.
14:36 - Ici Sud Radio.
14:42 Les Français parlent au français.
14:45 Les carottes sont cuites.
14:48 Les carottes sont cuites.
14:50 - Sud Radio Bercoff, dans tous ses états.
14:53 - Alors, le monde judiciaire, dans tous ses états, le monde politique,
14:57 mais ça, ce n'est pas nouveau.
14:59 Gilles Gaetner fait l'inventaire, fait un inventaire très intéressant.
15:02 De ce côté, effectivement, attraction-répulsion, on l'a dit,
15:05 depuis 1981 jusqu'à aujourd'hui, et Dieu sait s'il y en a eu des choses.
15:11 Effectivement, ils ont parlé de ce qu'on pourrait faire
15:14 avec peut-être des procureurs enfin non indépendants,
15:21 mais au vrai sens du terme, parce qu'ils ne le sont pas aujourd'hui, il faut le dire,
15:25 et peut-être supprimer ou pas les juges d'instruction.
15:27 D'ailleurs, dites-moi, quand Nicolas Sarkozy, il est traité de petit pois,
15:31 ça n'a pas dû leur plaire beaucoup, ça ?
15:33 - Non, ça, c'est une profession comme beaucoup, mais surtout celle-là,
15:37 elle est très susceptible, quoi.
15:39 Et traiter les magistrats de petit pois,
15:42 ils pensaient surtout aux magistrats de la Cour de cassation,
15:45 donc les plus hauts magistrats du pays.
15:47 Donc ça a dû un petit peu les agacer.
15:50 Agacer, le mot est un peu faible, mais on voit bien que les...
15:54 D'ailleurs, pour aller...
15:56 Tous les présidents de la République depuis 1981
15:59 n'ont jamais eu une sympathie et un amour débordant pour la magistrature,
16:05 on le voit bien.
16:07 Et Nicolas Sarkozy fait partie, indontestablement,
16:10 il est un peu dans le peloton de tête des chefs de l'État
16:14 qui n'aimaient qu'à la magistrature, ou à la juge.
16:17 - Alors, je veux dire, en fait, vous parlez, il y a...
16:19 Vous parlez de cinq présidents, Mitterrand...
16:22 - Il n'aimait pas beaucoup à cause de l'affaire de l'Observatoire.
16:25 - Oui, c'est évident, oui.
16:26 L'affaire de l'Observatoire, c'est une affaire entièrement montée, on le sait, etc.
16:30 Bon. Mais alors, Mitterrand, je rappelle Chirac,
16:34 ensuite... - Il avait des raisons aussi, par exemple.
16:36 - Non, attendez, il y a eu Sarkozy, pardon, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron.
16:42 Donc vous parlez de cinq présidents...
16:44 - Giscard était un peu à l'écart de tout ça, d'ailleurs.
16:46 - Giscard, oui, on...
16:47 - Non, parce que moi, on m'a raconté que...
16:49 - Mais pourquoi ? Comment ça se fait qu'il y a eu...
16:50 - Tout ça, au Conseil supérieur de la magistrature,
16:52 ils ont été le président, comme tous les chefs de l'État,
16:54 il intervenait peu, il n'y avait pas une...
16:57 Il n'y a jamais eu...
16:59 - Coexistence pacifique ?
17:01 - Oui, non, ceux qui ont été le plus...
17:04 C'est François Mitterrand, et puis Nicolas Sarkozy,
17:08 et puis Jacques Chirac, c'est les trois...
17:10 - Oui, c'est pas mal, déjà 3 sur 5, c'est déjà pas mal.
17:12 - Alors que le président actuel, leur passe plutôt la main dans le dos,
17:15 si je peux m'exprimer ainsi.
17:17 Il n'y a pas d'agressivité, il n'y a pas de tension.
17:20 Parce qu'avec Chirac, souvenez-vous, les tensions étaient très fortes,
17:24 avec l'instruction...
17:26 - L'Amérique de Paris, l'escalade de l'Amérique de Paris...
17:28 - L'Amérique de Paris, Robert Badinter était intervenu,
17:30 avait dit "ce n'est pas M. Capet, on doit..."
17:33 - Oui, oui. En revanche, Sarkozy, mis en examen,
17:36 mis d'ailleurs en garde à vue...
17:38 - 15 ou 16 heures, autant que vous le souviennez.
17:40 Il y avait un conflit qui a toujours existé,
17:43 entre les juges et...
17:45 D'ailleurs, il l'a rappelé quand il y a eu l'arrêt
17:48 sur les fameuses écoutes téléphoniques, l'affaire Bismuth.
17:52 - Oui, l'affaire Bismuth, oui.
17:54 - Il a été formé content de l'arrêt en raison de la présence de la présidente
17:58 qui avait, quelques années auparavant,
18:01 critiqué la réforme du juge d'association.
18:03 - Mais alors, parmi les juges que vous avez côtoyés,
18:05 ou en tout cas que vous avez...
18:07 Quelles sont les personnalités,
18:09 positivement ou négativement,
18:11 les plus fortes ? C'est Yves Ajoly, c'est qui ?
18:14 Qui, qui, enfin, parmi les juges,
18:16 je dirais très, allez, très accrochés, comme ça,
18:20 au basque du pantalon qui tient le...
18:23 - Alors, bon, les juges, juge en droit,
18:26 à charge et à décharge, donc je ne le dis pas.
18:28 - Bien sûr, oui. Mais en général, c'est à charge, non ?
18:30 - Alors, ça dépend, oui...
18:32 - Je parle pour les politiques.
18:34 - Je dirais, si vous voulez, alors, j'en parlais pas le mois-charge,
18:37 j'en parlais autre chose, et je pense à l'affaire Fillon,
18:40 on prend un juge, on ne cherche pas à savoir
18:44 s'il est de droite ou de gauche, on prend un juge pugnace.
18:47 Ils n'ont pas un dormeur.
18:49 En choisissant tel juge, on sait qu'il ira jusqu'au bout.
18:53 - Il faut qu'il accroche, il lâche pas.
18:56 - Oui, bon, je ne peux pas, comme ça, donner des étiquettes,
18:58 mais il y a certains juges d'instruction
19:00 qui sont visiblement plutôt de droite
19:02 et qui ne se gênent pas pour taper sur la droite.
19:07 Ça, j'en ai connu, et inversement,
19:10 parce qu'il y a une espèce de morale...
19:13 Pour moi, c'est la pugnacité qui les motive.
19:16 - Oui, alors, la pugnacité, justement, on va parler de ça.
19:18 Est-ce que pour vous, et là, je parle aux journalistes,
19:20 comme aux citoyens, est-ce que vous êtes aussi, bien sûr, Gilles Gaetner,
19:24 est-ce que les juges devraient être syndiqués ?
19:26 Vous parlez du syndicat de la magistrature, hein,
19:29 et Dieu sait, quelles que soient les opinions qu'on peut avoir,
19:33 on peut dire, et ils le disent, qu'ils sont orientés.
19:36 Il faut se battre sur l'opprimé par rapport à l'oppresseur, etc.
19:39 Oswald Bodo. Mais, qu'est-ce que vous pensez ?
19:41 - Est-ce que les juges devraient être syndiqués ?
19:43 - Alors, moi, je n'ai pas une idée précise sur ce que je peux dire, si vous voulez.
19:47 C'est que, ils ont l'autorisation de le faire, d'être syndiqués,
19:52 constitutionnellement, donc il n'y a rien à dire.
19:55 Sauf que, lorsque, ils signent, comme le syndicat de la magistrature,
20:01 des écrits sur le fameux mur des cons,
20:05 là, il y a quand même, quand on se moque d'un général qui a perdu sa fille,
20:12 assassinée, violée, un autre identique,
20:15 on se dit que le syndicat de la magistrature n'est pas Charlie Hebdo.
20:23 On ne peut pas jouer à Charlie Hebdo.
20:25 C'est ça qui me paraît important.
20:27 Alors, après, ça déchaîne des passions, etc.
20:30 Mais, c'est là où il y a quand même...
20:33 Et puis, le syndicat de la magistrature,
20:35 il représente, vous savez, aux élections, j'avais regardé les chiffres,
20:38 c'est 22%, 22% de 9000 magistrats.
20:42 - C'est pas rien, quand même.
20:44 - Il y a un magistrat sur deux, et syndiqué, à peine.
20:48 Alors, évidemment, si ils ont...
20:50 Mais les procureurs généraux, les 20, 25 procureurs généraux,
20:54 ils ne sont pas syndicaux, le syndicat de la magistrature.
20:56 Mais ils peuvent, effectivement, être bienveillants vis-à-vis du pouvoir en place.
21:00 C'est toujours la même chose, vous savez.
21:02 - Mais, tout le problème, encore une fois, c'est vrai,
21:04 je vous ai posé la question, vous me dites "qui juge les juges ?"
21:07 Effectivement, ils sont quelques fois jugés.
21:09 Mais moi, j'ai été très frappé, alors ce n'est pas politique, quand même.
21:12 Enfin, vous connaissez, on ne voit pas son nom,
21:14 ce juge qui proposait sa fille de 12 ans à des pédophiles.
21:17 - Ok, bon. Il n'a pas été...
21:19 Il a été, si vous voulez, transféré...
21:21 - Il a été... J'en parle, il a été révoqué.
21:23 - Ah oui, oui. J'ai pas...
21:25 - Il y a eu quelques histoires comme ça, oui.
21:27 - Ça, c'est quand même hallucinant, enfin, ce truc.
21:30 Bon, ça, ce soit une extrême.
21:31 - Oui, il était au sud de la France, je ne sais pas.
21:33 C'est le conseil supérieur de la magistrature, avait statué en 2021.
21:38 - Alors, une chose qui m'a frappé, justement, dans votre livre, Gilles Gaetner,
21:41 parce qu'on parle toujours des trois pouvoirs, sans parler du quatrième,
21:44 vous dites, vous, alors ça, c'est intéressant, parce que j'aimerais que vous précisiez,
21:48 vous dites "non, non, non, il n'y a pas de pouvoir judiciaire, une autorité judiciaire".
21:52 Quelle nuance on trouve ?
21:54 C'est un pouvoir ou c'est pas un pouvoir ?
21:56 - Constitutionnellement, c'est le général de Gaulle qui l'a voulu,
21:59 lorsque il a présenté la Constitution en 1958,
22:02 c'est une autorité, c'est-à-dire, elle n'a pas de pouvoir à elle.
22:06 Elle est soumise, en quelque sorte,
22:08 pas soumise, mais disons,
22:10 elle n'a rien à voir avec le pouvoir législatif ou le pouvoir exécutif.
22:13 - Oui, mais enfin, elle a le pouvoir de condamner,
22:15 elle a le pouvoir d'emprisonner...
22:17 - Et ça, c'est le pouvoir de condamner, c'est le pouvoir de juger.
22:20 C'est la conséquence du pouvoir de juger.
22:22 - Oui, mais c'est-à-dire que les jugements sont actés,
22:25 et ce sont eux qui décident d'incarner ce jugement.
22:29 - Absolument.
22:30 - C'est pas seulement "ah, il est coupable",
22:32 mais après, à vous de voir s'il faut le mettre en prison ou pas.
22:34 - Cela dit, il y a quand même quelque chose qui fonctionne pas trop mal,
22:37 mais avec des lenteurs, je veux pas me faire le défenseur acharné,
22:41 mais quand vous êtes condamné une première fois,
22:44 vous pouvez faire appel, après vous avez la cassation.
22:47 Alors ça prend du temps, mais qui vous dit,
22:50 pour aller dans votre sens,
22:52 qui vous dit que dans l'affaire des écoutes Bismuth,
22:56 les trois personnes qui ont été condamnées,
22:59 elles ne seront pas in fine relaxées ?
23:03 - Elles sont en appel actuellement, c'est ça.
23:05 - Oui, oui, elles ont été condamnées en appel,
23:07 ça va aller devant la compte cassation.
23:09 Et Nicolas Sarkozy l'a dit, il ira jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme.
23:12 On sait pas, vous savez, il y a des affaires...
23:15 Tout le monde pensait que Bayrou allait être condamné.
23:17 - Oui, absolument.
23:19 Et là, oui, mais enfin, là on revient,
23:21 parce que c'est évidemment, ce sont des hypothèses, on ne peut pas...
23:24 Est-ce qu'il n'y a pas quand même des raisons politiques qui jouent ?
23:27 Vous avez vu qu'actuellement, on parle de lui, je ne sais pas si ça va se faire,
23:30 on sera comme l'Éducation nationale, bon.
23:33 Un placement de...
23:34 - Alors je vais vous dire la réponse, je vais vous la donner.
23:37 Il faudrait que le code pénal ait un paragraphe spécifique
23:41 pour sonder l'inconscient d'un juge d'instruction.
23:44 - Ah ah ah, oui.
23:46 - Et ça, c'est pas de malaveille.
23:48 - Oui, ce n'est pas facile, il faudrait psychiatriser.
23:51 Non, non, mais je comprends ce que vous voulez dire.
23:53 Non, parce que le problème, et c'est vrai, vous touchez à quelque chose,
23:56 c'est en fait, c'est le facteur humain, quoi.
23:58 Je veux dire, le juge décide en principe, en son âme et conscience,
24:01 s'il n'est pas trop victime de pression de part et d'autre,
24:04 et on le sait, mais encore une fois,
24:07 quand on lit votre livre, on se dit que quand même,
24:10 franchement, c'est très souvent, il y a quand même énormément...
24:14 Alors, il y a des conflits, et heureusement qu'il y ait des conflits,
24:17 c'est là pour ça, qu'il y ait des contre-pouvoirs,
24:20 mais est-ce que vous estimez, au terme de ce que vous avez écrit,
24:24 d'ailleurs, ce n'est pas votre premier livre, vous avez écrit beaucoup de livres
24:26 sur la justice et les juges, Gilles Gettner,
24:29 est-ce qu'au fond, aujourd'hui, on peut dire que
24:33 l'équilibre est là entre...
24:36 Est-ce que c'est un véritable contre-pouvoir
24:40 par rapport au pouvoir exécutif ?
24:42 Pour ne parler que de lui, il parle pour un législatif ou autre.
24:45 C'est-à-dire, est-ce que la justice agit vraiment contre-pouvoir,
24:49 ce qui est son rôle ? Sinon...
24:52 - Si vous voulez, je peux vous citer deux exemples
24:55 qui sont quand même assez intéressants,
24:58 qui ont eu lieu dans les années 99-2000,
25:02 et qui ont marqué une rupture avec les juges d'instruction.
25:06 C'est l'affaire du GIFICO, du financement du Parti Communiste,
25:09 présumé Parti Communiste.
25:11 - Rappelez l'affaire, oui, parce que...
25:12 - C'était un bureau d'études comme Urba,
25:14 qui finançait, via des commissions prises sur les marchés,
25:17 le Parti Communiste ou des satellites.
25:20 Et il y a eu des papiers,
25:23 il faut que les journalistes fassent un monde honorable,
25:25 oui, le GIFICO, le Parti Communiste est coupable, etc.
25:29 Relax !
25:31 Le tribunal avait écrit, autant que vous me souviennez,
25:34 en aucun cas, cette affaire devait franchir les portes d'un tribunal.
25:39 La deuxième affaire, et là vous en souvenez forcément,
25:42 qui a fait un bruit extraordinaire,
25:44 c'est l'affaire de la MNEF, avec Dominique Strauss-Kahn,
25:47 et la fameuse... - Le MNEF, le judiciaire, etc.
25:50 - Le judiciaire de 603 000 euros. Là aussi, etc.
25:53 Il a été contraint de démissionner de son poste,
25:55 et il ne fut né, relax.
25:57 Et c'est ça qui, à mon avis, est important,
25:59 il faut trouver un système où, quand vous êtes mis en examen,
26:03 vous n'êtes pas forcément coupable.
26:05 Or, dans l'opinion... - C'est le gros problème.
26:08 - Dans l'opinion, vous êtes mis en examen,
26:10 moi j'ai déjà été mis en examen,
26:12 pas pour escroquerie ou sur le manteau public,
26:14 mais pour diffamation, ça ne vous fait pas le même effet
26:16 que quand vous êtes mis en examen,
26:18 pour escroquerie, ou en bande organisée, ou...
26:21 - Et c'est vrai que, dans l'inconscient du public,
26:25 on peut le comprendre, je ne dis pas que le justifier, bien sûr que pas,
26:28 mais mis en examen, c'est déjà...
26:30 - Oui, alors que jadis, c'était un culpé,
26:32 où il y avait la racine latine "culpa" = "la faute".
26:35 Là, mis en examen, ça veut dire qu'on regarde.
26:38 - Oui, on regarde, et on ne juge pas.
26:40 - Mais c'est vrai, pour revenir à ce que vous disiez,
26:42 il y a des juges qui instruisent, qui instruisent à charge.
26:45 - C'est évident. - Oui, ça se voit.
26:48 - On le voit, moi j'ai suivi un peu l'affaire Tapie,
26:51 pour le meilleur et pour le moins bon,
26:53 mais enfin, c'était assez frappant, ça.
26:56 - On prend juste une petite pause,
26:58 et on retourne avec Gilles Gaetner,
27:01 les juges et les politiques,
27:03 vastes mariages, vastes paxes,
27:06 ou ruptures, avec communauté rédite aux accueils, on en parle.
27:09 - 0826 300 300 pour réagir,
27:12 pour poser toutes vos questions.
27:14 A tout de suite sur Sud Radio.
27:16 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
27:19 appelez maintenant pour réagir, 0826 300 300.
27:25 Ici Sud Radio.
27:28 Les français parlent aux français.
27:32 Je n'aime pas la blanquette de veau.
27:36 Je n'aime pas la blanquette de veau.
27:38 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
27:41 - 13h46 sur Sud Radio, nous sommes toujours avec Gilles Gaetner,
27:45 qui est avec nous pour son livre "La guerre secrète entre juges et politiques",
27:48 c'est aux éditions de l'artilleur.
27:50 - C'est le cas de le dire, l'artilleur, hein,
27:52 car les juges tirent à vue.
27:54 Justement, Gilles Gaetner, c'est vrai,
27:57 c'est plein de conflits, etc.
28:00 mais je voudrais que vous racontiez justement François Hollande,
28:03 qui a eu quand même, et qui a fait beaucoup de livres lui-même,
28:08 mais le livre qui a peut-être signifié la fin de sa carrière,
28:11 je ne sais pas s'il aurait été réélu ou pas,
28:13 mais quand même, quand il a reçu les journalistes du monde,
28:16 pendant cent heures, "David et l'homme",
28:19 pour un président, ne devrait pas dire ça.
28:23 Et vous racontez, enfin, vous en parlez dans votre livre.
28:26 - Oui, à la suite, bon, dans ce livre,
28:28 François Hollande taxe les journalistes de lâche.
28:33 Et lorsqu'ils lisent le livre,
28:36 le premier président de la cour de cassation
28:38 et le procurant général,
28:40 on est en 2016, au juin 2016, si je me souviens,
28:42 sont évidemment fous furieux.
28:44 Traiter de lâche quand même les deux plus hauts magistrats britanniques,
28:47 c'est quand même lourd.
28:49 - Oui, il le dit, oui, ouvertement,
28:51 il le dit clairement dans le livre.
28:53 - Oui, oui, dans le livre.
28:55 Et donc, ils veulent avoir ses explications.
28:57 Ils sont reçus dans la soirée, tout de suite, vers 20h,
29:01 à l'Élysée.
29:03 - Il était encore président, si vous vous rappelez.
29:05 - Oui, oui, absolument, il était encore président.
29:07 Alors, l'entretien va durer peu de temps.
29:11 Il s'explique, tout le temps s'explique,
29:14 enfin bref, c'est un peu confus.
29:16 Et lorsque les magistrats l'interrogent,
29:18 il regarde, il est un peu gêné,
29:20 il regarde ses chaussures,
29:22 et il y a la secrétaire, "ah bon, j'ai écrit ça,
29:24 j'ai dit ça, moi ?"
29:26 Et la secrétaire lui dit "oui, monsieur le président,
29:28 vous avez été enregistré,
29:30 donc vous le savez."
29:32 Et évidemment, le président reste muet.
29:36 - Il n'en a pas trop voulu, après ?
29:38 - Non.
29:40 - Je crois, nous avons un auditeur.
29:42 - Oui, pas mal, ça fait réagir sur le standard 0826-300-300.
29:46 On a Julien, qui nous appelle depuis Créteil.
29:48 Bonjour Julien.
29:50 - Bonjour, mon cher André,
29:52 bonjour à votre invité.
29:54 Des débats très intéressants, effectivement,
29:56 que celui de la justice et des juges.
29:58 Moi, ça m'a fait penser, c'est pour ça que
30:00 je vous souhaitais réagir,
30:02 à l'affaire des frégates de Taïwan,
30:04 qui est quand même un des plus gros scandales du XXe siècle.
30:06 Et quand on réécoute Christine Leviez-Joncourt,
30:09 qui d'ailleurs, au passage, vous devriez l'inviter André,
30:11 je pense qu'elle a beaucoup de choses à dire sur le Covid,
30:13 la guerre en Ukraine et le pouvoir des juges.
30:15 Rappelez-vous, vous avez connu ça certainement
30:18 beaucoup mieux que moi,
30:20 le fait que les juges voulaient faire tomber Roland Dumas.
30:23 On se souvient, il y avait quand même
30:25 une collision énorme,
30:27 et on avait à l'époque, en tout cas c'est ce que dit
30:29 Madame Leviez-Joncourt, une Eva Jolie
30:31 qui harcelait Madame Leviez-Joncourt.
30:34 Et le but, effectivement, c'était d'atteindre Roland Dumas.
30:37 Parce que, rendez-vous compte André,
30:39 il y avait des liens qui s'entendaient très bien
30:41 avec les dirigeants iraniens, les dirigeants russes,
30:43 mais c'était vraiment un sacrilège,
30:45 si je veux le dire comme ça.
30:47 Et donc, c'est vrai que cet exemple,
30:49 je trouve, des frégates de Taïwan,
30:51 même si elles ne parlent pas peut-être à la nouvelle génération,
30:53 il y a beaucoup d'autres affaires,
30:55 elle révèle vraiment la collusion
30:57 et le lien qui est absolument énorme.
30:59 Et en fait, quand on nous dit
31:01 l'indépendance de la justice,
31:03 on vient de le voir, vous en avez très bien parlé
31:05 avec l'affaire Bayrou, moi personnellement,
31:07 je n'étais pas étonné
31:09 quand on sait que c'est un macroniste +++.
31:11 Moi, j'avais aucun doute
31:13 qu'effectivement, il serait blanchi.
31:15 Voilà, c'est hélas,
31:17 on est dans une justice qui est quand même,
31:19 je ne vais pas dire bananière,
31:21 mais enfin, c'est quand même très politisé,
31:23 il ne faut pas se raconter de l'histoire.
31:25 - Alors Julien, c'est intéressant parce que
31:27 beaucoup de nos auditeurs reçoivent beaucoup de messages
31:29 qui ont encore une fois l'impression,
31:31 c'est intéressant votre livre,
31:33 non pas qu'il rétablit, qu'il refait l'équilibre,
31:35 mais que justement,
31:37 comme Julien, ils disent "oui, mais regardez,
31:39 la justice est soumise aux politiques,
31:41 même si de temps en temps, il y a des accrochages,
31:43 mais auparavant, les frégates de Taïwan,
31:45 vous avez suivi cette affaire ? - Oui, oui, j'ai suivi,
31:47 autant que je me souvienne, Christine de Villéjeancourt
31:49 jouait les intermédiaires
31:51 pour que le contrat se réalise,
31:53 et elle voulait passer par Sirven.
31:55 - Ah oui, Alfred Sirven.
31:57 - L'indamné de Loïc Lefloque-Prigent.
31:59 Mais juridiquement,
32:01 ce qu'elle a fait,
32:03 ce que faisait Sirven,
32:05 ça s'apparente à de la corruption.
32:07 Vous touchez une...
32:09 - Oui, vous touchez une commission.
32:11 - Une commission sur un marché, alors,
32:13 le rôle de Roland Dumas, là, il a été très...
32:15 On ne peut pas être informé,
32:17 affirmatif, d'autant plus qu'il n'a pas été condamné.
32:19 Il a été relaxé dans toutes ses procédures.
32:21 - Tout à fait.
32:23 - Il a été condamné que dans une petite procédure,
32:25 en façon d'intérêt.
32:27 - Non mais, en général,
32:29 je vous dis, il y a quand même une espèce,
32:31 je ne dirais pas d'impunité, mais
32:33 dans les affaires qui sortent,
32:35 par rapport à l'affaire qui ne sort pas,
32:37 je pense non seulement aux fausses factures,
32:39 je pense aux retours, vous savez,
32:41 Elf-Gabon et compagnie,
32:43 toutes les histoires de financement de partis politiques,
32:45 où vous avez les rétrofactures,
32:47 qui reviennent, comme ça,
32:49 c'est quand même...
32:51 Il y a eu, je ne dirais pas un océan,
32:53 il y avait quand même beaucoup de choses.
32:55 Alors, certaines sont sorties, mais d'autres...
32:57 - Oui, parce qu'il y a quand même,
32:59 il ne faut pas oublier qu'il y a une instruction en cours,
33:01 mais elle va durer, elle dure déjà depuis 5-8 ans.
33:03 - Ils seront tous morts.
33:05 - Les bien mal acquis, de toutes ces...
33:07 - De Boccassa et compagnie.
33:09 - Oui, Bongo,
33:11 Obiang,
33:13 pour la Guinée,
33:15 bon, c'est vrai,
33:17 mais c'est tellement énorme.
33:19 Alors, en plus, ce qui se passe, et là on revient dans ce que vous disiez,
33:21 c'est que l'instruction est longue, parce qu'au bout de 4 ans,
33:23 le juge d'instruction qui a instruit,
33:25 il s'en va, il est nommé ailleurs, il va avoir une promotion.
33:27 Donc, son successeur,
33:29 il reprend 4 ans.
33:31 - Il reprend, pas à zéro, mais il reprend.
33:33 - Il reprend 4 ans, donc il perd du temps.
33:35 On n'en finit plus.
33:37 - Alors, vous avez raconté hors antenne,
33:39 l'histoire de ces centenaires,
33:41 racontée parce qu'elle est fabuleuse.
33:43 - Oui.
33:45 - Parce que ça dit tout ce que dit Julia Haydon,
33:47 c'est-à-dire qu'on peut attendre.
33:49 - Absolument, c'est l'affaire de la chaufferie de la Défense.
33:51 - C'était quoi cette affaire ?
33:53 - C'est un marché public
33:55 qui concernait
33:57 les quelques municipalités
33:59 autour de la Défense
34:01 qui devaient
34:03 organiser le marché
34:05 de chaufferie, de chauffage.
34:07 C'est un truc énorme.
34:09 Il y avait plusieurs villes,
34:11 limitrophes à la Défense
34:13 qui étaient mêlées.
34:15 C'est un marché qui portait sur plusieurs
34:17 dizaines de millions.
34:19 Il y a eu effectivement une corruption assez forte.
34:21 Le résultat
34:23 des courses, c'est que
34:25 il y a le juge à changer,
34:27 un autre est venu...
34:29 - Alors il a été mis en examen et congagné en 1972.
34:31 - Personne n'avait été mis... Il n'y a pas eu de procès.
34:33 Au bout de...
34:35 - Il n'y a pas eu de procès ?
34:37 - Non, au bout de 20 ans, l'instruction. C'est faute de combattants.
34:39 L'instruction a été terminée
34:41 parce qu'il se trouve que l'un des inculpés
34:43 avait été mis en examen
34:45 avec 101 ans et l'autre 99.
34:47 Donc le combat, c'est ça, faute de combattants.
34:49 - Faute de combattants, oui.
34:51 - Alors il y a quelques...
34:53 On dit qu'au Parquet national financier
34:55 il y a une ou deux affaires
34:57 qui datent de plus de 10 ans.
34:59 - Non mais c'est ça qui est fabuleux aussi.
35:01 Vous en parlez. La longueur.
35:03 La longueur de ces affaires.
35:05 C'est-à-dire qu'on peut attendre tranquillement
35:07 même si l'on est coupable.
35:09 - La prescription.
35:11 - La prescription, voilà.
35:13 - Le juge est maître. S'il ne bouge pas, prescription.
35:15 - Et la prescription, elle est dans des dates très fortes.
35:17 - Alors on arrive à reculer
35:19 s'il y a quelqu'un qui participe.
35:21 - Oui, c'est ça.
35:23 - C'est un petit peu les poupées gigognes.
35:25 - Oui. Alors est-ce que vous
35:27 vous souscrivez complètement
35:29 à l'immortelle assertion de La Fontaine
35:31 selon qu'on vous serait puissant
35:33 ou misérable et jugement de courbe ou randon blanc ou noir ?
35:35 C'est toujours ça ?
35:37 - Oui, oui.
35:39 - Ça n'a pas changé ça ?
35:41 - Oui, oui. Je pense que ce ne serait pas...
35:43 Certains ne seront pas contents, mais votre formule...
35:45 La formule de La Fontaine.
35:47 - Randon à La Fontaine, c'est qui est à La Fontaine.
35:49 - Elle est assez juste, on voit bien.
35:51 - Merci Gilles Gaetner, merci beaucoup.
35:53 - C'est moi qui vous remercie.
35:55 - C'est vraiment très intéressant de voir
35:57 à quel point, encore une fois,
35:59 dans cette guerre secrète des juges et des politiques,
36:01 il y a une chose qui me frappe,
36:03 effectivement, je voudrais rappeler
36:05 et c'est sur votre prière d'insérer,
36:07 enfin sur la quatrième de couverture,
36:09 c'est très joli,
36:11 savez-vous, M. le juge,
36:13 quel est... alors c'est
36:15 François Molin
36:17 qui parle à un juge, c'est ça ?
36:19 Savez-vous, M. le juge, quel est le point commun
36:21 qui nous unit ? Non, mais je serais heureux de le savoir.
36:23 M. Dupond-Moretti
36:25 nous déteste tous les deux, c'est François Molin,
36:27 ex-procureur général, près de la Cour de cassation,
36:29 effectivement.
36:31 À votre avis,
36:33 quand un homme politique, je voudrais finir là-dessus, justement,
36:35 quand un homme politique a eu bail
36:37 à partir, les haines recuites
36:39 durent, ou après, ils disent vraiment
36:41 "la page est tournée" ? - Le problème, c'est qu'il n'y aura plus
36:43 de haines recuites, parce que le procureur général
36:45 est parti très vite.
36:47 - Oui, c'est ça. - Donc, il n'y a pas de problème.
36:49 - Donc, il n'y a pas de problème. - Il n'y a pas de problème. - Donc, il est parti
36:51 et chacun va à ses occupations.
36:53 - C'est ça. - Voilà.
36:55 Qui juge les juges ? Qui juge les politiques ?
36:57 En tout cas, un livre à lire
36:59 de Gilles Gaetner, "La guerre secrète
37:01 entre juge et politique",
37:03 44 ans, et puis vous ferez
37:05 le tome 2 dans 10 ans. - Oui, oui, oui.
37:07 - Au moins. - Et dans... sur les
37:09 réseaux sociaux, beaucoup de commentaires sur...
37:11 on aurait pu parler du cas Balkany, nous dit tout.
37:13 - Oui, c'est vrai, ça. - Merci beaucoup
37:15 Gilles Gaetner d'avoir été avec nous. Je rappelle
37:17 ce livre, "La guerre secrète entre juge
37:19 et politique", aux éditions L'Artilleur.
37:21 Merci à tous de nous avoir écoutés. On se retrouve
37:23 demain, André Bercoff, entre midi et
37:25 14h, tout de suite. C'est Brigitte Leï, sur Sud Radio.
37:27 ...

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