Mercredi 3 janvier 2024, SMART BOURSE reçoit Julien Nebenzahl (Administrateur, Advize) , Hervé Goulletquer (Senior Economic Advisor, Accuracy) et Vincent Juvyns (Stratégiste, JP Morgan Asset Management)
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00:00 *Musique*
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Hervé Goulettecaire nous accompagne, seigneur Economic Advisor d'Accuracy.
00:17 Bonsoir Hervé.
00:18 Bonsoir.
00:18 Merci beaucoup d'être là, ravi de vous retrouver en ce début d'année 2024.
00:22 A nos côtés également Julien Nebenzal. Bonsoir Julien.
00:25 Bonsoir Grégoire.
00:26 Vous êtes administrateur d'Advise et Vincent Juvins qui complète ce trio, ce tour de table stratégiste chez JP Morgan Asset Management.
00:33 Bonsoir et bienvenue Vincent.
00:34 Bonsoir Grégoire.
00:35 Merci d'être là, vous n'êtes pas venu les mains vides.
00:37 Vincent, vous m'avez apporté ce petit guide des marchés 2024, c'est ça ?
00:42 Réalisé au 31 décembre 2023 à peu près, pendant vos vacances de Noël.
00:47 Petite attention pour les téléspectateurs de Bismarck, sachez en tout cas que cette recherche est disponible gratuitement pour tous les auditeurs.
00:53 Donc voilà, profitez-en, en tout cas, ça permettra de vous guider tout au long de l'année 2024.
00:57 Je le dis très sérieusement, c'est un travail colossal quand même qui est réalisé.
01:03 Non mais ça permet de montrer aussi un peu l'envers du décor.
01:06 Alors JP Morgan n'est pas une petite banque, donc il y a des moyens effectivement qui sont mis à disposition.
01:10 Mais ça on le trouve gratuitement déjà ?
01:13 Alors gratuitement sur notre site, mise à jour tous les jours et en français.
01:16 J'ai envie de dire, utilisez-le, il ne faut pas, c'est pas du JP Morgan, c'est quand même une mine d'informations.
01:21 Il n'y a pas d'offre bundle pour acheter des...
01:25 Voilà, raison pour laquelle est merci de le mentionner, je pense que c'est le but de décoller la qualité économique et financière.
01:29 Très très très intéressant, bon c'est très très macro, c'est ça ?
01:32 Macro et marché.
01:33 Macro marché, donc un recueil d'informations, autant obligataire, alternatif, equity, tout s'y trouve, sauf le CAC, on en discute.
01:40 Je demandais s'il y avait la clôture du CAC fin 2024 qui était dans les slides, mais non, on ne trouve pas la clôture des marchés fin 2024.
01:47 Malheureusement.
01:48 Ce serait trop facile.
01:50 C'est le sujet en fait de ces débuts d'année, ça fait je crois peut-être 15 ans que je commente les premières séances de l'année.
01:59 Maintenant je retourne vers vous Julien, parce qu'il y a la psychologie de fin d'année, il y a la psychologie de début d'année,
02:05 et je crois que depuis 15 ans c'est toujours un peu la même question qui revient au terme de la première ou des premières séances de l'année.
02:11 Quelle signification est-ce qu'on peut donner au premier mouvement de marché qu'on observe, au démarrage d'une nouvelle année,
02:18 notamment par rapport à ce qu'on observait à la fin de l'année précédente ?
02:22 Oui.
02:23 A l'école, on m'a demandé de lire le Hamon-Jaquia, ce que j'ai fait, et donc en analyse financière classique, j'ai appris qu'il y avait un effet janvier.
02:33 Et ça c'est une réalité montrée en fait statistiquement.
02:38 Puis dans ma carrière j'ai fait d'abord de l'analyse technique, ensuite de la finance comportementale,
02:43 et c'est en travaillant avec un stratégiste tout à fait orthodoxe, qui faisait des prévisions basées sur de l'économie,
02:50 enfin vraiment sur des choses très sophistiquées, et qui m'a dit "je regarde toujours les trois premiers jours de l'année".
02:55 Ah !
02:56 Voilà. Un moment comme ça, semi-astrologique. Donc je me suis intéressé à ça, je me suis dit "tiens, j'ai pas vu passer ce sujet".
03:04 Donc le premier jour de l'année peut donner le ton à l'année, les trois premiers jours de l'année donnent statistiquement encore plus le ton à l'année,
03:11 et les cinq premiers jours viennent compléter tout ça.
03:14 Mais quand on regarde sur des séries longues, non pas 10-15 ans, ce que faisait mon ami stratégiste,
03:19 mais sur des séries longues, on est un petit peu au-dessus d'une chance sur deux d'avoir raison.
03:24 D'accord, oui, donc ça reste un peu la pièce en l'air.
03:27 Voilà, l'extrapolation des premières séances sur l'ensemble de l'année.
03:31 Non, je ne pourrais pas souscrire à cette hypothèse, cette théorie plutôt.
03:37 Mais vous dites là on arrive à avoir le plus de fiabilité sur la statistique, c'est les trois premières séances de l'année peut-être ?
03:42 Sur les trois chiffres premiers, un jour, trois jours, cinq jours, c'est sur trois jours que c'est le plus intéressant.
03:47 Et là ils seront négatifs, donc...
03:49 Tant mieux, on a encore une chance alors !
03:51 On a une petite probabilité que l'année soit négative en soi.
03:54 Mais ce qu'on est en train de voir là est assez probablement la conséquence de ce qui s'est passé en novembre-décembre.
04:00 C'est-à-dire ?
04:02 C'est cette espèce de... cette forme de hausse qui peut prendre l'apparence en fait de ce qu'on appelle des rachats de ventes à découvert,
04:13 ou des positions extrêmement sous-exposées en action,
04:17 que pour ma part je n'avais pas diagnostiquées en regardant toutes les données de comportement,
04:23 mais qui à mon avis ont une origine qui n'est pas action mais obligation.
04:26 Je crois que là où le pessimisme a été beaucoup trop forcé sur le marché obligataire,
04:30 c'est que la conséquence est arrivée comme un déversement sur les marchés d'action.
04:35 Et que donc un mouvement de cette ampleur, c'est significatif, sans consolidation à l'intérieur,
04:41 n'est pas en soi un mouvement construit.
04:43 Alors ça, là je reviens sur des éléments d'analyse.
04:45 Et donc on peut s'attendre dès la formation d'un sommet.
04:48 La formation d'un sommet c'est relativement simple, c'est non franchissement de plus haut, baisse des volumes, etc.
04:54 Donc c'est classique.
04:55 Il se trouve que la période de fin d'année Noël,
04:57 enfin trèfle des confiseurs, n'est pas dans la lecture des volumes.
05:00 Mais tout ce qu'on voit là était quand même, je ne vais pas dire très probable, mais s'explique très bien.
05:04 Donc en ce moment, lorsqu'on est en train de voir, puisqu'on parle des toutes premières séances de l'année,
05:09 on est dans quelque chose qui s'apparente très simplement à une consolidation du mouvement antérieur
05:14 qui était particulièrement brusque et non construit.
05:17 Et alors quand vous dites que le mouvement antérieur était non construit,
05:20 ça veut dire que c'est difficile d'y voir le démarrage de quelque chose de nouveau
05:24 sur le plan boursier, sur le plan des marchés, qui pourrait nous animer tout au long de 2024, Julien ?
05:30 Alors à l'intérieur d'un marché action haussier pour moi, à peu près de l'automne 2022
05:36 jusqu'à très probablement fin 2025, ça c'est ma lecture, rien ne change pour le moment là-dessus, je la garde.
05:43 A l'intérieur de ça, ce qu'on vient de voir là me montre que ça va être une année compliquée.
05:47 En tout cas, au moins les mois qui sont devant nous, ça va être assez difficile à lire.
05:52 En quel sens ? Compliqué ? On peut caractériser, définir ?
05:56 Il y a quelque chose qui n'est donc pas du domaine d'une construction normale,
06:01 notamment un manque, à mon sens, d'excès de pessimisme en octobre.
06:05 Donc ne pas aller chercher des points forts de rupture.
06:08 Le vix restait très bas, c'est ça, même à ces moments-là.
06:11 Oui, ce qui fait que ce qui se passe derrière, c'est quelque chose qui n'a pas de corps.
06:16 On le voit bien dans la forme de la hausse et on le voit bien aussi dans le discours
06:19 puisque la seule chose qui a été dite sur toutes les chaînes américaines, européennes, ici même,
06:24 c'est finalement qu'il y a un changement de politique monétaire à venir.
06:27 C'est tout ce qu'on a dit.
06:29 Mais est-ce qu'un changement de politique monétaire à venir emporte ça en soi ?
06:34 Si on le complémente d'autres choses, je ne sais pas, baisse de l'inflation,
06:38 mais quand c'est-on réellement amélioration de la croissance ?
06:43 Qui aujourd'hui est assez convaincu qu'il y aurait une amélioration de la croissance ?
06:47 Il y a un ensemble de choses qui n'existent pas tout autour de cette espèce de mythologie,
06:53 enfin de ce nouveau récit qu'il y a un changement de politique monétaire.
06:57 Donc on voit bien que c'est creux et je vous le dis du point de vue de l'analyse technique, graphique,
07:01 que ce mouvement n'a pas de construction.
07:03 Donc ce qui est devant nous, ça va être très probablement, là je parle des semaines...
07:07 On va déconstruire ce mouvement ?
07:09 Non, on va faire ça à plusieurs reprises.
07:11 Je pense que le marché va rester haussier, je ne change pas d'avis, mais ça ne va pas être quelque chose...
07:16 Et l'amplitude de ces mouvements d'oscillation, de drawdown, vont être un peu plus importants peut-être que ce qu'on...
07:21 Pas nécessairement.
07:23 Mais la lecture ne va pas être simple.
07:26 Donc si on raisonne sur l'ensemble de l'année, tout va très bien se passer, je pense.
07:30 Au 31 décembre 2024, on se dira finalement tout s'est bien passé.
07:35 Comme cette année.
07:37 Oui, cette année, c'était même plus que ça.
07:39 Entre le port 2024 et peut-être même encore 2020.
07:42 Mais entre temps, on se sera fait peur.
07:45 Ça va être difficile à lire.
07:48 Bon, du coup, je me tourne vers vous Hervé.
07:52 Question très ouverte, mais qu'est-ce qui va caractériser pour vous cette année 2024 ?
07:57 Sur le plan des marchés, mais aussi sur le plan de la macroéconomie.
08:00 Encore une fois, on est resté fin 2023 avec l'idée du soft landing parfait, Goldilocks, etc.
08:07 Je vais reprendre un mot de Julien, mythologie.
08:10 Mythologie, ça fait penser à Roland Barthes, évidemment.
08:13 Et donc, Roland Barthes, il doit dire une phrase, vous dit le totalitarisme, c'est pas empêcher de dire, c'est forcer à dire.
08:21 Et finalement, on voit bien que le marché en est un peu là.
08:24 Il faut dire qu'on aura de la détente monétaire.
08:27 Il faut dire qu'on aura de la désinflation et que tout ça va nous construire notre environnement de marché pour les prochains mois, les prochains trimestres.
08:37 Et la charge de la preuve est sur celui qui n'y croit pas.
08:40 Donc voilà, c'est assez Barthien.
08:42 Et pourquoi on n'aurait pas ça ?
08:45 Après, une référence à Julien, je me tourne vers Vincent, ou plutôt vers sa maison, JP Morgan.
08:53 Il y avait un graphique drôlement intéressant, je pointe du doigt Vincent, un graphique drôlement intéressant de la recherche économique, je crois, de Morgan.
09:01 C'est quand ils ont sorti leur scénario, je pense, 2024.
09:05 En fait, ils disaient, et je pense qu'ils ont raison là-dessus, il y a un scénario central et puis il y a des scénarios alternatifs.
09:12 Et ça va bien à un moment où, en fait, le degré d'incertitude est extrêmement élevé.
09:18 Et en fait, ils disaient, le scénario de l'atterrissage en douceur, on le pondère à 60 %, ce qui veut dire qu'il y a 40 % ailleurs.
09:27 Et le 40 %, c'était un mélimélo assez intéressant, soit de récession, soit d'inflation qui ralentit plus lentement qu'on imagine,
09:36 et donc de taux d'intérêt qui reste plus élevé, soit d'une inflation qui a scotché à un niveau qui n'est pas celui de la cible des banques centrales.
09:46 Et je pense qu'il faut garder cela à l'esprit, c'est-à-dire qu'en fait, on ne sait pas très bien dans quel monde on est.
09:54 Par exemple, il y a eu un article de Stiglitz, le professeur à l'université de New York, à Columbia, qui a fait un article pendant la période des fêtes.
10:05 Alors, on peut penser ce qu'on veut de l'article, mais il dit, scrogne-gneu-gneu, il y a de l'inflation qui est forte, il y a un Moyen-Orient avec une température extrêmement élevée.
10:17 Lui, qui a un certain âge, il dit « ça me rappelle les années 70 », quoi. Et donc, on n'aura pas. Évidemment qu'on n'en sait rien.
10:26 Mais je pense que l'idée de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, de ne pas acheter cette ancienne « voilà, on est à deux doigts d'avoir ralentissement de l'inflation, baisse des taux des banques centrales »,
10:39 je pense que c'est sage, parce qu'en fait, on n'en sait rien. Alors après, on peut éplucher les chiffres comme on veut. Moi, je vais dire que je les épluche bien, les autres le font mal, et donc il faut mieux penser comme ça.
10:49 Mais en fait, je pense que l'honnêteté intellectuelle fait dire « on ne sait pas très bien ». Donc aujourd'hui, ça ne commence pas très bien, Julien nous l'a rappelé.
10:57 Moi, j'ai envie de dire que j'y vois un peu un épuisement de l'histoire qu'on a sans doute poussée trop loin en fin d'année dernière. Parce que sortir d'une banque centrale américaine qui dit « il y aura peut-être trois baisses de taux directeurs dans le courant de l'année prochaine et en extraire, il y en aura six et ça va commencer en gros maintenant »,
11:19 on voit bien qu'il y a une exagération. Donc les anticipations inflationnistes exprimées par le marché corrigent un peu, les taux longs remontent un peu. Ils ont pris 15...
11:30 4% sur 10 ans, là !
11:31 Oui, oui, oui, c'est quand même... ça fait un peu mal qu'on était exposé sur ces engins-là. Et donc je pense que voilà, c'est ça l'expression. Il faut sans doute revenir à quelque chose de plus réaliste,
11:45 c'est-à-dire faire attention et se préparer à on ne sait pas quoi. Juste pour finir, il y a quelque chose qui me plaît bien aujourd'hui, c'est la relation entre taux longs et marché action.
11:58 En fait, on est dans un environnement où on croit qu'il n'y a plus d'inflation. Dans ce cas-là, les taux longs montent, les actions montent, les taux longs baissent, les actions baissent.
12:07 Or, aujourd'hui, on reste dans un environnement où les taux longs remontent, ce n'est pas bon pour les actions. Donc on voit bien que la crainte de l'inflation, elle n'a pas encore disparu.
12:17 Les minutes ce soir seront importantes et intéressantes. Je rappelle l'exercice des minutes. Elles sont rédigées après le meeting, alors conformément à ce qui s'est dit au meeting, bien sûr.
12:27 Mais voilà, tout ça est écrit et validé par le board post-meeting. Donc il y a aussi l'idée qu'on essaye de faire passer peut-être des messages dont on estime qu'ils ont été mal perçus par le marché entre-temps.
12:39 C'est possible.
12:40 C'est possible. Vincent, si je prends l'image du cohorte de haies, quelles sont les premières haies de l'année pour les marchés, pour les investisseurs ?
12:50 Si vous permettez, on a déjà abordé ces premières séances sous un prisme technique avec Julien, sous un prisme plus philosophique avec Hervé.
12:58 Moi, je veux l'aborder d'un point de vue diététique, c'est le dry January. C'est vrai qu'on a eu finalement un mois de décembre…
13:03 C'est la gueule de bois.
13:04 Ou en tout cas…
13:05 La détox de début d'année, c'est ça. D'accord.
13:08 Le mois de janvier à l'eau est plus au bulle comme au mois de décembre.
13:10 On a besoin de passer par une phase de détox.
13:12 Et sans doute, comme l'évoquaient Hervé et Julien d'ailleurs aussi, les taux jouent un rôle clé en la matière.
13:18 Et par rapport à votre commentaire sur la fête, je pense qu'il y a eu, en effet, suite à la dernière réunion de Politique Monétaire de la fête, du rétropédalage.
13:26 En tout cas, on en a vu, certains ont fait naître de fortes attentes, ce pivot de la fête par rapport à 2024.
13:34 Or, il faut s'être constaté que si on a de telles baisses de taux, finalement, c'est qu'on a une situation économique qui sera vraisemblablement plus dégradée que ce que les marchés anticipent.
13:43 Donc c'est vrai que sur les marchés de taux, où les marchés de taux ont raison et on se dirige vers une récession, ce que les chiffres économiques, en aucun cas, en une fois, ne montrent pas,
13:52 on est bien d'accord, où, je dirais, les marchés de taux se trompent. Et j'ai plutôt envie de croire cela.
13:58 On est plutôt dans ce scénario soft lending aux États-Unis. Et on va voir ce mouvement, en tout cas, de taux qui remontent comme on le voit depuis le début de l'année.
14:03 Oui, c'est ce qu'on voit. C'est ça.
14:05 Dieu sait que j'ai été positif sur la duration en 2023, peut-être trop tôt. On en a bien profité fin de l'année.
14:12 Objectivement, au niveau actuel des taux, je pense qu'on n'est pas à l'abri d'une remontée vers, si je prends les taux américains, moi, je mettrais 4,5. Je serais vraiment pas surpris.
14:19 Je comprends.
14:20 Et aujourd'hui, je ne suis plus...
14:21 Tomber à 3,80 sur le 10 an américain, comme on l'a vu, ce n'est pas des zones d'achat, vous dites-là.
14:25 Ce n'est pas des zones d'achat. Certainement, quand on connaît le calendrier d'émission du Trésor américain,
14:29 qu'objectivement, aujourd'hui, il n'y a plus que l'industrie de la gestion d'actifs qui achète des bons du Trésor.
14:34 Les étrangers ne le font plus. La Fed ne le font plus.
14:36 Il y a vraiment... Tout le monde se presse aujourd'hui pour émettre sur les marchés d'action même chose.
14:40 Les IPOs, tout le monde essaie de revenir. Les gens émettent du crédit.
14:43 Il y a vraiment beaucoup d'actifs financiers absorbés par le marché.
14:46 Tout ça vient... Il y a une fenêtre d'opportunité maintenant, ce que la pétance pour le risque était importante.
14:50 Mais ça fait quand même peser des risques sur 2024.
14:54 Alors moi, je crois en effet dans ce soft lending, ce qu'évoquait Hervé et...
14:57 Américain.
14:58 Américain. En Europe, je serai évidemment beaucoup plus prudent.
15:01 Je crois en effet, comme le soulignait Hervé, qu'il y a quand même encore des scénarios alternatifs qui sont pour la plupart négatifs.
15:07 On a du mal à entrevoir un scénario alternatif très positif de réaccélération de la croissance.
15:12 Donc ça, c'est vraiment statistiquement irrelevant dans les perspectives.
15:16 Donc préparons-nous quand même à une remontée des taux, alors qu'il ne sera pas dramatique pour les investisseurs à long terme.
15:21 Je pense qu'encore, les épargnants qui nous écoutent font une bonne action en complétant leur livret à
15:27 jusqu'où ils peuvent le faire.
15:28 Mais à côté de ça, ça vaut toujours la peine d'acheter des obligations, même au niveau actuellement.
15:32 Même s'ils perdent un petit peu d'argent sur les mois qui viennent, d'ici 2-3 ans, ça restera quand même historiquement un bon point d'entrée.
15:38 Donc le message reste valide.
15:40 Par ailleurs, ça jouera évidemment l'effet amortisseur.
15:44 S'il y a des craintes qui ressurgissent, et Dieu sait, on en parlera plus tard dans cette émission, le Moyen-Orient aujourd'hui.
15:50 Finalement, le discours de Nouvelle-Ande de Xi Jinping n'était pas hyper rassurant non plus.
15:54 Donc c'est vrai, on sait que le calendrier politique européen, américain, indien, mondial est chargé cette année.
16:01 Donc c'est vrai que les opportunités de voir la volatilité remonter seront nombreuses.
16:07 Donc je pense que l'obligataire a toujours cette vertu, certainement au tout actuel, de jouer l'amortisseur.
16:12 Donc préparons-nous, et je pense que c'est un peu globalement le consensus ici sur ce plateau, à une volatilité qui remonte,
16:18 à une année qui soit moins facile.
16:20 Néanmoins, on peut l'espérer positive.
16:23 Alors même si j'évoque un dry janvier, et si le mois de janvier est important pour les performances des prochains mois,
16:29 je pense quand même qu'il y a pas mal de choses à faire sous les marchés cette année.
16:32 Action comme obligataire, et on va détailler ça dans quelques instants.
16:35 Oui, oui, il y a des poches de valeur.
16:37 Certainement, même où les marchés sont chers, objectivement.
16:40 Les États-Unis ont caracolé en tête l'an passé, à la fois économiquement, mais sur les marchés financiers.
16:46 Je pense qu'il y a encore des raisons de rester exposés, notamment sur le marché américain, et notamment sur la tech américaine.
16:52 Je veux bien qu'on dise un mot du cycle politique.
16:56 Julien, le cycle c'est votre domaine, et on en parle régulièrement.
17:00 Et c'est vrai que j'ai pris conscience il y a quelques mois, quand on a commencé à regarder un peu les agendas de 2024,
17:05 enfin j'ai pris conscience en même temps que tout le monde,
17:08 de l'agenda politique des élections 2024.
17:12 C'est historique.
17:13 Depuis les débuts de l'histoire de la démocratie, notamment,
17:18 il n'y a jamais eu en 12 mois autant de gens dans le monde qui seront appelés à voter,
17:23 qui auront la possibilité et le choix de pouvoir aller voter.
17:27 C'est plus de 2 milliards d'individus, c'est 60% du PIB mondial,
17:31 c'est 9, 8 des 10 plus gros pays du monde qui sont appelés à des élections.
17:38 Bref, c'est massif.
17:40 Et en même temps, je me dis, est-ce que c'est le genre d'année,
17:42 est-ce que c'est le genre de paramètres, de dimensions,
17:45 qui peuvent avoir et qui vont avoir, qui auront un impact sur la course des marchés,
17:49 telle qu'on la suit nous dans cette émission ?
17:53 Alors, l'élection, dans l'ordre d'importance, l'élection américaine,
18:02 je ne suis pas convaincu, on ne connaît pas exactement le programme du candidat républicain,
18:07 qu'on ne connaît pas exactement non plus,
18:09 mais il y a peu de chances que ça a un impact majeur sur la valeur des actifs en soi,
18:14 que ça ait un impact géopolitique, oui, mais sur la valeur des actifs, je ne pense pas,
18:19 sauf à ce qui est du côté démocrate, parce qu'on ne le rend pas du côté républicain,
18:24 une accentuation du recours à la dépense publique dans le cadre de transition, etc.
18:29 Ce qui peut avoir un impact localement sur une typologie d'actifs.
18:32 L'Inde, c'est très important aussi, mais là encore, économiquement,
18:39 je ne suis pas sûr que ce soit significatif.
18:41 Et la troisième masse qui arrive, économique, c'est l'Europe, mais c'est le Parlement,
18:46 et c'est juste la question de réglage et de vitesse de développement de l'Europe pour elle-même,
18:50 selon sa composition politique, donc là encore, je pense, peu de conséquences.
18:56 Il y a une vraie chance que ce ne soit pas des "game changers" pour les marchés,
19:03 quel que soit le résultat.
19:06 L'impact 2024, éventuellement un peu 2025, ne me semble pas fort,
19:12 en tout cas je n'anticipe pas grand-chose.
19:15 En revanche, la partie dans laquelle nous sommes depuis 2016 et pour encore quelques années,
19:21 c'est la partie de la hausse de l'inflation qui se produit depuis le début du 19ème,
19:27 parce qu'on a des données assez fiables, mais on peut remonter en utilisant des données anglaises
19:31 encore un peu avant, tous les 55 à 57 ans.
19:34 Toujours à peu près avec les mêmes thématiques, un petit peu de conflit,
19:38 une ou plusieurs zones économiques ou politiques qui s'étant détait.
19:43 Donc on est en plein dedans, et l'inflation qui a surgi là,
19:48 elle appartient à cette répétition historique, qui en plus a deux temps,
19:54 un premier qu'on a certainement vécu, parce qu'une inflation quasiment à deux chiffres,
19:58 on peut dire qu'on a vécu un premier événement, mais qui a un deuxième pic,
20:01 qui en général est plus fort, et qui est devant nous.
20:04 Et qui en temps peut-être quelque part, c'est très difficile d'évaluer,
20:07 mais mettons 2027 pour donner une date, ça peut être plus ou moins deux ans.
20:11 Oui, mais quelques années, au raison du temps visible, on ne parle pas de 50 ans.
20:16 Ces choses-là, quand elles se produisent, ont pour origine un désordre politique interne,
20:21 et participent à un désordre politique interne.
20:23 Après, il y a eu une grande discussion d'économistes et de philosophes là-dessus,
20:28 au niveau de la géopolitique, est-ce que ça participe au désordre géopolitique ?
20:32 La réponse est oui. La grande chose, c'est de savoir, est-ce que c'est en amont ou en aval ?
20:35 Est-ce que c'est la cause ou la conséquence ? Et c'est probablement les deux.
20:38 Maintenant, ça c'est un des grands blocs de répétition.
20:42 L'autre bloc qui est encore plus important, mais nous n'avons que 5 séries de données,
20:46 c'est un bloc de 110 ans, c'est toujours la règle du jeu, déconstruction du leader mondial,
20:53 monde fragmenté, multipolaire géopolitiquement, qui aboutit à un conflit,
20:58 qui aboutit à la définition d'un nouveau leader.
21:00 Et le conflit commence à peu près en 2001, on va dire, d'une certaine manière,
21:04 c'est la fin de l'hégémonie du leader, c'est la séquence des tours aux Etats-Unis.
21:08 Et 2016, c'est le début de la déconstruction complète,
21:11 avec justement Trump qui est un des grands acteurs de la déconstruction,
21:14 le Brexit c'est un témoignage de ça.
21:16 Et ça, ça dure 10-15 ans.
21:19 Et cette déconstruction au niveau géopolitique participe des problématiques externes de chaque nation.
21:26 Donc si vous mettez tout ça bout à bout, le fait que par exemple le populisme ait surgi,
21:32 ressurgisse peut-être à un moment, soit moins présent, mais reviendra après, c'est tout à fait normal.
21:37 Donc s'il n'y a pas de conséquences de ces élections, évidentes pour moi,
21:41 sur la valeur des actifs en 2024, ça participe d'un mouvement qui de toute façon va poser des problèmes.
21:47 - Et qui n'est pas terminé, qui est amené à se prolonger loin d'être terminé.
21:50 - Qui ne se résoudra malheureusement, en tout cas à l'aune de l'histoire,
21:54 et évidemment les états-unis qui travaillent là-dessus disent bien,
21:57 on ne peut pas dire que toutes les résolutions se ressemblent,
21:59 et surtout pas celles d'aujourd'hui avec notamment les bombes nucléaires, l'arme nucléaire,
22:04 mais ça ne se résout que quand même par une forme de drame,
22:07 soit économique, soit politique, soit militaire, enfin voilà.
22:11 Donc on doit voir pointer très régulièrement des problèmes.
22:15 - Je ne serais pas surpris que ça continue.
22:17 - Oui, on comprend.
22:19 - Moi je suis fasciné par ce calendrier électoral, on a déjà parlé aussi avec vous Hervé,
22:23 il y a des raisons, Julien avec la théorie des cycles, l'analyse, l'étude des cycles,
22:28 nous dit que non, on n'est pas du tout sortis,
22:31 moi je me demande quand est-ce qu'on aura atteint le pic populisme d'une certaine manière.
22:35 Il y avait le pic inflation, voilà.
22:37 Est-ce qu'il y a un pic populisme devant nous en 2024, au moins temporaire,
22:41 ou est-ce que non, c'est quelque chose avec lequel les marchés s'habituent à vivre,
22:45 et pour longtemps peut-être ?
22:47 - Si on prend comme entrée dans la réflexion le thème du populisme,
22:53 en fait on voit bien que les réponses sont différentes par continent.
22:59 Aux Etats-Unis, monde fermé, peu ouvert.
23:05 Le populisme à mon avis a les moyens de se développer,
23:10 surtout avec une organisation qui est en fait sur deux grands partis,
23:18 les républicains et les démocrates,
23:20 et qui a beaucoup de mal à évoluer, à se remettre en cause.
23:25 Et donc il y a tout pour que le populisme prospère aux Etats-Unis,
23:30 sur fond d'une économie qui certes est plus dynamique que la nôtre,
23:36 mais tout de même l'est moins que par le passé,
23:39 donc qui mêle des insatisfactions,
23:42 parce que le rêve américain finalement ne sert pas tout le monde,
23:45 et ça on l'a vu depuis plusieurs décennies,
23:48 et finalement d'un pays qui n'intègre pas les changements du monde
23:54 dans son comportement, dans sa vision.
23:58 En Europe, il y a un certain rationnel, qu'on a vu peut-être en Pologne,
24:03 qui est de dire finalement l'Europe aujourd'hui n'est pas organisée
24:09 pour faire face aux tempêtes qui attendent peut-être le monde,
24:13 Julien nous en parle,
24:15 et donc dans ce cas-là il faut se repenser, il faut s'intégrer plus,
24:19 et c'est peut-être l'exemple de Tusque en Pologne,
24:23 c'est peut-être l'exemple italien aussi,
24:26 et donc on peut se dire que si ce n'est un point haut du populisme
24:33 qui aurait été atteint, c'est sans doute une démarche du populisme
24:38 qui évolue, qui s'atténue.
24:40 Voilà pour ces deux grandes régions.
24:42 Moi j'ai envie de dire que si on veut relier la politique et les marchés,
24:47 il y a deux choses, oui il y a d'abord les finances publiques,
24:50 avec ce trop-plein, si on peut dire, d'élections,
24:54 il y a une tentation évidemment pour les gouvernants en place
24:58 à jouer un an de plus la carte des finances publiques très généreuses,
25:05 et ça en termes de taux longs, il y a quand même une vraie question.
25:10 Moi je reste persuadé que dans la remontée des taux d'intérêt à long terme
25:15 qu'on a vu l'année dernière, il y avait aussi une prime
25:19 autour de cette question des endettements publics qui ne ralentissent pas.
25:24 Alors ça fait très longtemps qu'on dit qu'il faudrait être sage
25:27 et qu'on n'est pas sage, et donc qu'il y ait une prime,
25:29 ma foi, ça se comprend, donc il y a cet aspect-là.
25:33 Et le deuxième aspect, c'est que finalement, je pense que le marché
25:37 ne s'intéresse pas à la géopolitique, parce qu'il se dit, certes,
25:41 le monde est en train de se fragmenter, mais finalement,
25:46 les Etats-Unis, leurs alliés, et une partie des non-alignés,
25:50 dans lequel on va mettre l'Inde, dans lequel on va mettre la Turquie, par exemple,
25:54 bon, tout ça forme un ensemble qui est beaucoup plus lourd,
25:58 qu'on raisonne en termes de croissance économique, d'investissement,
26:01 que l'autre groupe centré sur la Chine.
26:04 Mais en fait, c'est bien la question des non-alignés qui est absolument essentielle,
26:09 et quand on voit l'Inde de M. Modi, alors, bon, il aurait tout, je dirais,
26:15 en termes comportementaux, pour se rapprocher de la Chine,
26:19 sauf que la Chine et l'Inde, ça ne fonctionne pas,
26:23 ils ont des relations compliquées, des problèmes de frontières,
26:27 depuis très très longtemps, mais imaginons que l'Inde,
26:31 qui aujourd'hui joue habilement de la neutralité entre les deux camps,
26:36 finalement, pour des raisons ou d'autres, peut-être que Trump est brutal,
26:41 et serait brutal demain avec l'Inde, pousse l'Inde à se rapprocher de la Chine.
26:47 Il ne faut quand même pas oublier que le premier pays qui fournit des armes à l'Inde,
26:55 c'est la Russie, la Russie qui est clairement dans le camp chinois.
26:58 Donc, il y a quand même des éléments qui pousseraient,
27:01 et dans ce cas-là, notre équilibre géopolitique, où nous, on se dit,
27:05 on a un tampon, finalement, la géopolitique, ce n'est pas très grave,
27:08 parce qu'avec ce que les Etats-Unis ont réussi à faire comme alliance autour d'eux,
27:15 c'est écrasant au niveau mondial, même s'il y a la Chine en face.
27:19 Si tout ça est un peu remis en cause, même sur les marchés, on finira peut-être par le voir.
27:24 Je ne sais pas ce que ça vous inspire, Vincent, la question politique, géopolitique,
27:29 avec, au-delà de l'avenir de la relation Chine-Inde, déjà l'affrontement Etats-Unis-Chine,
27:37 il n'y a pas de réplique à attendre, j'imagine, de ce point de vue-là.
27:41 Sur la Chine, qu'est-ce qu'il y a de nouveau aujourd'hui ?
27:45 L'année a très mal terminé, les actions chinoises ont terminé l'année au plus bas,
27:49 et elles sont déjà au plus bas de l'année 2024, après deux séances.
27:53 On a l'impression que, de ce point de vue-là, il n'y a pas de changement de psychologie
27:56 des investisseurs vis-à-vis des actifs chinois.
27:59 Non, de manière générale, et pour revenir sur ce que vous avez dit,
28:02 on estime, généralement, sur les marchés, le contexte politique n'a pas d'influence
28:05 jusqu'au jour où il en a. Enfin, je dirais, on attend un peu cette période de tension.
28:09 Mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de sujets sur 2024 qui n'auront peut-être aucun impact
28:13 sur les marchés, et ils s'en accommoderont assez bien. Dans le cas chinois, maintenant,
28:16 on force à constater qu'on commence à mesurer l'impact économique et financier.
28:19 La bourse chinoise, vous l'évoquiez à l'instant. Mais économiquement, il y a eu ce passage de flambeau,
28:24 on l'a vu l'an passé, dans l'origine des importations américaines,
28:27 on a vu le Mexique et le Canada supplanter la Chine.
28:30 Donc ça, c'est quand même lourde conséquence. Partout dans le monde,
28:33 on voit qu'au niveau des entreprises, s'affranchir du moins en partie de la Chine,
28:39 se désensibiliser est devenu tout à fait important. Alors c'est vrai pour les entreprises
28:44 qui investissent en durde. On voit que la Chine, le modèle de croissance chinois,
28:48 avait été soutenu par les investissements, notamment étrangers,
28:50 et que ceux-ci sont clairement en berne aujourd'hui. On l'a vu sur les marchés.
28:54 Aujourd'hui, c'est difficile de trouver les investisseurs qui ont envie même d'acheter
28:57 de bœufs de dip, comme on dit. On parle de value trap aujourd'hui
29:01 quand on évoque le marché chinois. - 60% de baisse.
29:04 - Voilà. Malgré les bonnes prestations d'un certain nombre de secteurs locaux,
29:08 qui continuent à bien fonctionner, mais il est certain qu'on ne voit pas de catalyste aujourd'hui.
29:12 Alors la Banque centrale essaye, je dirais, tant que bien, enfin tant que faire se peut,
29:16 de relancer la machine, avec des baisses de ratio de réserve obligatoire multiple.
29:20 Je rappelle qu'en Chine, on ne gère pas le coût de l'argent,
29:23 on met le volume d'argent dans l'économie. Donc elle octroie la capacité
29:28 au secteur bancaire de prêter davantage. Le problème est qu'on essaie de faire
29:33 un choc d'offre de crédit, mais il n'y a pas de demande derrière.
29:36 Les consommateurs n'ont pas confiance, les entreprises n'ont pas confiance,
29:39 donc ce crédit n'est pas aujourd'hui utilisé. Donc cette politique monétaire
29:43 ne fonctionne pas. Et alors, d'un point de vue politique gouvernemental,
29:47 on a évidemment le discours de Nouvelle-Anne, Xi Jinping,
29:49 alors je ne suis pas du tout un expert en géopolitique, mais c'est vrai qu'il est peu présent
29:53 sur des terrains économiques. On le voit notamment, en tout cas,
29:56 d'exciter les experts, notamment dans son langage, affirmer en tout cas
30:00 cette importance de Taïwan dans le giron chinois plus que jamais.
30:04 Dans le même discours, évidemment, il y a quand même cette évocation
30:07 de la nécessité de coopérer avec les États-Unis, mais néanmoins,
30:09 on sent que Taïwan reste un objectif qui est de plus en plus présent,
30:12 évidemment, au niveau de la Chine, ce qui, pour nous occidentaux,
30:15 signale qu'il y a quand même un risque à monitorer.
30:18 Donc là aussi, ce n'est pas un catalyste pour faire revenir les investisseurs
30:21 immédiatement sur le pays. Donc le malaise économique chinois,
30:24 pour toutes ces raisons auxquelles s'ajoute évidemment un problème immobilier
30:27 qui fera se dissoudre dans le temps, et un discours qui n'est pas du tout
30:32 à rassurer les occidentaux, fait qu'aujourd'hui, nous, c'est certainement
30:35 un marché qu'on évite encore pour 2024, en tout cas en ce début d'année.
30:39 Donc il n'y a pas de changement de ton. On l'a vu d'ailleurs notamment
30:42 sur les entreprises technologiques actives dans le secteur des jeux vidéo
30:46 et ainsi de suite. Il y a des tour-de-vise qui continuent.
30:48 Évidemment, il n'y a pas de tentative de calmer les marchés par rapport à ça.
30:53 Il y a eu la grande répression 2021 contre les big tech chinoises.
30:57 Et c'est vrai que là, ils ont visiblement voulu en remettre un coup
31:00 en fin d'année sur les jeux vidéo. Alors là, le petit rebondissement
31:03 de ce matin, c'est que visiblement, le patron du régulateur chinois
31:06 des jeux vidéo, qui a délivré ce nouveau projet de réglementation
31:09 de l'industrie des jeux, vient de se faire remercier.
31:12 Et donc, les observateurs du pouvoir à Pékin, semblent dire que c'est peut-être
31:19 allé un peu trop loin. Parce qu'il y a eu quand même 80 milliards
31:21 de market cap évaporés sur le secteur Tencent en premier lieu.
31:24 Et qu'à un moment, peut-être qu'à Pékin, on se dit "attention,
31:28 il faut prendre en considération également les interrogations
31:33 des investisseurs et les doutes des investisseurs".
31:36 Dans la balance, c'est aussi quelque chose peut-être qui pèse un peu plus aujourd'hui.
31:40 Espérons que ce soit un point d'inflexion. Je veux dire, malheureusement,
31:42 vous le savez, je suis un éternel optimiste sur la Chine.
31:45 Donc, j'essaierai généralement de le faire à moitié plein.
31:47 Mais force est de constater que depuis juillet dernier, où on a eu
31:50 à peu près ces nouveaux espoirs. Juillet a été caractérisé par une suractivité
31:54 d'un point de vue diplomatique. Tous les CEOs de Wall Street étaient partis
31:57 en Chine visiter. On avait une intense activité diplomatique.
32:00 Il y avait encore Kissinger qui était passé. Il y avait Kerry,
32:03 il y avait Yellen, il y avait Blinken. Enfin, tout le monde y était allé.
32:06 On s'était dit "c'est reparti". Et pour le coup, on a revenu.
32:09 On a eu San Francisco. Enfin, ils se sont vus aussi quand même.
32:11 Voilà. Par contre, vous, experts de communication dans la presse,
32:15 avez-vous vu finalement à l'issue de ce sommet de San Francisco
32:18 un beau communiqué actant les différences d'environnement et autres ?
32:21 C'est finalement passé relativement discrètement.
32:24 On a remis un téléphone rouge. Pour des questions de défense au plus haut niveau
32:27 des armées, on se parle à nouveau.
32:29 Voilà. La finalisation de ce sommet a été relativement réalisée,
32:33 à minimo. Ce qui m'a quand même un petit peu surpris et fait
32:36 qu'on reste évidemment prudent sur le sujet.
32:38 Hervé, sur les enjeux chinois ou ce qu'on peut attendre de la Chine en 2024.
32:43 Tout le monde a été suffisamment déçu pour ne plus attendre grand-chose.
32:47 Oui, je pense qu'il y a eu un optimisme excessif sur la Chine.
32:52 En fait, ce qu'il faut comprendre, en politique intérieure,
32:57 la politique l'emporte sur l'économique.
33:00 Ça, il faut bien le comprendre. Et dans l'économique,
33:03 les entreprises publiques sont le cheval.
33:06 Les entreprises privées sont là pour aider.
33:09 Elles sont indispensables, mais elles sont là pour aider.
33:13 Le tout dans un contexte où il ne faut pas que la croissance flanche.
33:18 Donc, il faut s'assurer qu'on ait un minimum de croissance.
33:21 En fait, c'est la fameuse barre des 5% ou à peu près 5%.
33:26 Mais il faut que l'intendance suive.
33:29 Donc, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'économie,
33:32 c'est l'intendance qui sert les ambitions politiques intérieures
33:38 et extérieures de Monsieur Xi.
33:40 Voilà, ça, je pense qu'il faut le comprendre.
33:42 Alors, après, on peut se dire, je vais réussir à gagner de l'argent,
33:45 moi, investisseur occidental en Chine.
33:48 Il va falloir être habile.
33:50 Alors, les gens se disent qu'ils le seront. A voir.
33:54 Je pense que la trame, elle, est là.
33:57 Alors, après, je pense qu'il y a une dimension de temps à prendre en compte.
34:03 La Chine, aujourd'hui, n'est ni économiquement, ni militairement
34:09 à même de contester les États-Unis.
34:11 Elle se prépare, sans doute, à pouvoir le faire, peut-être, un jour.
34:17 Mais ce n'est pas le cas.
34:18 Donc, en fait, il faut à la fois avancer sur les ambitions politiques
34:23 affirmées du président Xi, qui seraient là pour longtemps.
34:27 Il faut gérer la relation avec les États-Unis,
34:32 parce que le moment de la confrontation, s'il doit venir,
34:35 dans tous les cas, ce n'est pas aujourd'hui.
34:37 Et moi, je pense qu'il faut lire 2023 en la matière comme une année
34:41 qui a plutôt été constructive en matière de relation.
34:45 C'était tombé très bas avec le président Trump.
34:48 Avec Biden, il a fallu un peu de temps pour que les choses s'améliorent.
34:52 Mais finalement, on voit aujourd'hui qu'il s'agisse de militaires,
34:58 qu'il s'agisse de finances, qu'il s'agisse d'économie, on se parle.
35:03 Et donc, il y a un dialogue qui est réapparu.
35:05 C'est une excellente chose.
35:07 Ça veut dire qu'au moins pour les quelques mois qui viennent,
35:10 on n'aura pas, à mon avis, de montée de tension.
35:13 Je pense que l'histoire de Taïwan, oui, la Chine va maintenir la pression.
35:17 Oui, mais pas le 14 janvier.
35:19 Il ne se passera quand même pas grand-chose.
35:22 Mais voilà, la Chine, c'est un monde à part.
35:25 Et quand on dit que la géopolitique est mal menée aujourd'hui,
35:29 c'est bien parce qu'on a un ensemble centré sur la Chine là-bas.
35:33 On a notre ensemble centré sur les États-Unis.
35:36 Ça va continuer à échanger.
35:38 Mais croire qu'il y a une convergence et que donc,
35:41 dans une stratégie d'investissement, on considère la Chine
35:44 comme on considère l'Union européenne, non.
35:47 Oui, je crois que cette idée-là a quand même disparu
35:51 ou s'est considérablement dissipée depuis quelques années et quelques mois encore.
35:55 Bon, Julien, concrètement, comment on navigue dans les marchés
35:59 pour ces prochains mois qui pourraient être compliqués,
36:02 comme vous le disiez ?
36:04 Est-ce que le risque d'action en vaut quand même le coup ?
36:07 Est-ce qu'il faut être beaucoup plus défensif, obligataire, cash encore ?
36:11 Alors, sur les obligations, il faut bien se souvenir qu'on est passé aux États-Unis,
36:18 si on prend les taux longs de 0 à 5, une fraction d'un clignement d'œil,
36:24 -1, 3 sur le taux allemand, enfin sur la référence européenne.
36:30 Moi, cet événement appartient au cycle de l'inflation, était donc pour moi prévisible.
36:40 Et pour cette raison et aussi parce que je pense qu'acheter des taux à 0%
36:45 ça ne fait pas de sens, j'ai été quand même à l'écart du marché obligataire
36:48 pendant des années. Et quand à peu près à 3,5 au USA,
36:51 on est arrivé sur le seuil de 3,5, j'ai commencé à reproposer un petit peu,
36:57 tout doucement, mais plutôt parce que les gens veulent avoir des obligations.
37:01 Ce côté rassurance, stabilisateur, etc. Alors, c'est un effet stabilisateur dans un portefeuille.
37:06 Mais il ne faut pas non plus qu'on passe de 0 à 5 et à 10.
37:09 Et là, notamment, le passage 4,5/5 a été particulièrement problématique.
37:16 Ça a créé des tensions et à mon avis, c'est l'origine, comme je le disais tout à l'heure,
37:20 c'est à mon avis l'origine principale du mouvement de hausse qu'on a vu sur les marchés.
37:24 - En fin d'année, novembre-décembre ? - Voilà, en fin d'année.
37:27 - Ça a commencé pile quand le taux de 10 ans a tapé les 5%.
37:30 - Et là, depuis 3,5, je pense qu'on peut en avoir et je pense toujours qu'on peut avoir des obligations en portefeuille.
37:37 Donc je ne change pas d'avis. Il y a juste ce que je préfère dire aux gens,
37:40 ça apportera un peu de stabilisation, c'est vrai, mais ça risque de perdre à peu près autant en valeur
37:45 que ça gagnera en taux, assez régulièrement.
37:48 Donc n'attendez pas non plus mon zémerveille d'un investissement obligataire.
37:52 Mais quand on a, par exemple, on gère des profils de risque,
37:55 on a des profils qui sont sédants, défensifs ou modérés, on est obligé de tenir compte de ça.
38:00 Et si on ne parle que de cash, on ne répond pas aux attentes parce que les obligations ont toujours un sens.
38:06 Donc les obligations, oui, dans une proportion la plus mesurée possible,
38:10 en se disant qu'on ne va rien gagner dessus pendant longtemps, sauf pendant trois mois.
38:13 - Oui, je comprends. - On ne gagnera rien là-dessus.
38:16 Et sur les marchés d'action, même raisonnement que depuis l'automne 2022,
38:20 la période actuelle, donc 2022, point bas de cycle,
38:23 trois ans plus tôt 2019, 2018-2019, trois ans plus tôt 2015,
38:27 ensuite 2011, ensuite 2008, et je peux remonter, etc.
38:30 On connaît ce cycle, il fonctionne relativement bien depuis 150 ans, autant l'exploiter.
38:36 Sauf que la particularité du cycle qui a commencé en 2022, c'est qu'il est à la fin,
38:40 alors cette fois-ci, d'un autre cycle d'environ 10-11 ans,
38:43 qui s'appelle le cycle du jugular, qui lui, la fin de ce cycle-là est très faible.
38:47 Donc, 2022 jusqu'en 2025, une amélioration relative de l'économie,
38:52 je dis bien, pas une expansion forte, une amélioration relative de l'économie,
38:56 qui permet normalement de laisser les entreprises faire leurs bénéfices,
39:00 et donc le marché d'action a une voie, à mon avis, dégagée encore.
39:03 - D'accord. - Donc oui, toujours détenir des actions.
39:06 - D'accord. Rester en position. - Prévoir simplement qu'on ne va pas gagner,
39:09 globalement, donc peu sur les obligations, voire pas,
39:13 et sur les actions, ce sera modeste. - Plus modéré.
39:16 - Modéré, sinon modeste. - Sinon modeste.
39:19 En une minute, le tour de raison. - Oui, non, non, certainement.
39:22 - Le risque d'investissement, pour l'instant. - C'est ce que vient dire Julien,
39:24 je pense qu'il faut toujours être en action, je serai plutôt en action américaine,
39:27 je serai plutôt en large cap qu'en small cap, quelque part,
39:29 le mouvement de marché nous donne un petit peu raison réellement.
39:31 - T'as envie d'être contrariant sur l'idée de quitter un peu le Nasdaq
39:34 pour aller acheter le Rosset 2000. - Pour l'instant, en tout cas,
39:36 elle nous offre de la croissance, c'est corrigé par la trajectoire bénéficiaire,
39:40 ce sont des valeurs qui sont finalement pas si chères que ça,
39:42 donc tant qu'il n'y a pas de risque, en tout cas de durcissement de la régulation,
39:45 on est à l'aise avec les large cap américaines et avec la tech notamment.
39:48 Peut-être contrariant, ou c'est plus depuis 2023, mais en tout cas,
39:51 le marché est moins valorisé, le Japon a été finalement ce beau marché asiatique
39:54 qu'on a redécouvert l'an passé, qui reste également bien soutenu,
39:58 donc là, c'est également quelque chose qu'on aime bien.
40:01 Là, cette allocation est un jeu à somme zéro,
40:03 donc plus d'actions, c'est forcément pour l'instant un petit peu moins d'obligations,
40:06 chose qui est ce que vient d'évoquer Julien,
40:08 on a été également, nous, très optimistes sur la duration au début,
40:11 pas trop tôt, et demain, un tas de mesures, mais là,
40:14 on s'attend quand même à ce que tactiquement, les taux puissent continuer à pouvoir remonter,
40:17 peut-être toucher le 4,5 et revenir à ce moment-là là-dessus.
40:20 Donc voilà, une année où en effet, plutôt de belles perspectives,
40:23 belles perspectives pour les marchés d'action, alors si on doit reprendre le fait,
40:25 les cycles longs, les marchés ont signé plus de 20% de performance l'an passé.
40:29 Et historiquement, alors ça s'est passé, l'année qui suit est toujours positive,
40:32 pour ce que ça vaut, mais en tout cas, je pense économiquement, ça justifie,
40:36 il faut évidemment modérer nos attentes, mais voilà, des larges caps de qualité
40:39 aux US, au Japon, je pense qu'il y a quelque chose à faire avec ça.
40:42 On suivra avec intérêt la troisième séance de l'année demain,
40:45 après une deuxième séance négative.
40:47 Merci beaucoup messieurs d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir,
40:50 dans Smart Bourse sur Bsmart.