Vendredi 1 novembre 2024, SMART IMPACT reçoit François-Xavier Henry (Cofondateur, Oé) , Simon Blaquière (Directeur de la réassurance et des risques naturels, Generali) , Myriam Merad (Directrice de recherche, CNRS) et Guillaume d'Ayguesvives (Cofondateur, Moka.care)
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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises Impact.
00:13Et voici notre sommaire. Mon invité aujourd'hui, c'est François-Xavier Henry, le confondateur d'eau et qui accompagne les vignerons
00:20depuis bientôt 10 ans dans leur transition agro-écologique et qui vient d'acheter son premier domaine dans la vallée du Rhône.
00:27Notre débat, il porte sur le modèle de l'assurance face à la multiplication des épisodes climatiques extrêmes.
00:34La France en première ligne, notamment avec ses quatre façades maritimes en métropole.
00:39Et puis dans notre rubrique start-up, je vous présenterai moca.kr et ses solutions de prévention en santé mentale dans les entreprises.
00:47Viticulture, assurance, santé mentale, trois grands thèmes. 30 minutes pour les détailler. C'est parti.
00:53L'invité de ce Smart Impact est avec nous en duplex, François-Xavier Henry, le cofondateur d'eau et. Bonjour, bienvenue à vous.
01:07Entreprise que vous avez créée il y a bientôt 10 ans en 2015. On va revenir à l'origine. C'était quoi l'idée de départ, l'ambition d'eau et ?
01:16Bonjour, l'ambition au début de créer un outil qui permet d'encourager et de favoriser des vignerons qui aient le choix de méthode de production responsable.
01:26On voit que la viticulture, c'est 3% de l'agriculture française et plus de 20% des phytosanitaires sont utilisés dans la viticulture.
01:35Et donc, comme on sait très bien faire des très bons vins sans tous ces produits chimiques.
01:39L'idée, c'était justement d'encourager des vignons qui faisaient ces choix-là. En 10 ans, on est quasiment à 10 ans d'existence d'eau et vous dites quoi ?
01:48C'est un mouvement de fond. Vous voyez de plus en plus de viticulteurs faire ses choix ou alors c'est compliqué.
01:55C'est vrai qu'il y a eu une baisse de la consommation du bio, une baisse générale. Je parle pas forcément du vin avec l'inflation.
02:02Vous vous dites, on est à quel moment de cette tendance ?
02:06Alors, vous avez raison sur les deux points. C'est à la fois un vraiment bon de fond. On voit qu'aujourd'hui, après 20%, les passions viticoles sont en bio et ça progresse au fur et à mesure.
02:19Mais en même temps, c'est assez difficile. Quand les vignes ont été traitées longtemps avec des produits chimiques et qu'il faut les sevrer des produits chimiques,
02:28il y a une baisse de rendement pendant 3-4 ans et c'est une difficulté pour les vignerons. Avec la situation actuelle et la baisse de la consommation de vin,
02:35effectivement, c'est compliqué pour des vignerons de se lancer dans ce défi-là. Mais on voit que ceux qui se lancent dans ce défi, au bout d'un certain temps,
02:42ils sont très contents de leur choix, y compris pour la notion de rendement et évidemment la notion de qualité des vins.
02:49On va rentrer un peu dans le détail. Comment vous agissez pour favoriser une culture durable en viticulture ? Parlons par exemple de l'impact sur les sols.
02:59Vous nous avez parlé des pesticides. Ça veut dire quoi ? C'est-à-dire qu'ils sont tous bannis ? Qu'il y en a certains que vous utilisez ? Comment ça marche ?
03:06Alors non, ils sont tous bannis, effectivement. Nous, on fait recherche dans tous nos vins. On recherche 480 molécules de pesticides et on n'a aucune trace de toutes ces molécules.
03:18Donc on n'a vraiment absolument aucun pesticide. Ça, c'est pour être en bio. Mais en fait, on veut aller beaucoup plus loin avec le bio et on encourage nos vignerons à aller plus loin,
03:26notamment sur tout ce qui est la biodiversité. On sait qu'en fait, un sol qui est plein de vie, c'est un sol qui sera plus adapté à tous les problèmes de réchauffement climatique.
03:37Quand on a un sol qui est très riche, très sain, les pieds de vignes sont plus résistants aux aléas climatiques. Et donc, c'est ça qu'on essaie de faire,
03:45c'est d'introduire plus de biodiversité à la fois aérienne, terrestre et souterraine.
03:50Et c'est là qu'on parle d'agroforesterie ou d'agroécologie adaptée à la viticulture ?
03:55Exactement. L'agroécologie et notamment dans les solutions qu'on préconise, il y a le fait de planter des haies, de planter des arbres.
04:03Donc ça, c'est l'agroforesterie. Et également de faire des plantations en interrant, c'est-à-dire entre deux rangs de vignes, on vient planter d'autres cultures
04:12qui vont permettre à la fois de faire des engrais, donc de l'apport azoté naturel, des engrais verts, mais également de construire un paillage qui va permettre
04:20de préserver l'humidité dans le sol et donc que la vie dans les 10 ou 15 centimètres supérieurs de la couche de terre soit préservée.
04:27Voilà, c'est tout ça qu'on englobe dans la partie agroécologique qu'on mène avec nos vignerons.
04:32Et avec une nouvelle étape dans la vie d'Oé, c'est l'achat d'un domaine dans la vallée du Rhône.
04:37Alors d'abord, double question, pourquoi ce choix ? Et puis ensuite, qu'est-ce que vous comptez en faire ?
04:43Alors le choix, en fait, il s'est porté dans la vallée du Rhône parce que c'est à la fois près de chez nous, nous, on est basé à Lyon, donc c'est assez pratique.
04:53Et c'est également un terroir qui est très intéressant par rapport à l'évolution du climat. Ce qu'on veut faire dans ce domaine, c'est en réalité un démonstrateur
05:01de tout ce qui peut être fait. On travaille avec pas mal de vignerons, on collecte beaucoup d'informations sur les méthodes qu'on doit mettre en place pour faire face au réchauffement climatique.
05:10Et toutes ces données, en fait, on les documente et on veut les mettre en place dans ce domaine, le domaine Oé-de-la-Chapelle-Saint-Pierre, qui se trouve limite Vaucluse-de-Rhône,
05:20qui va être un lieu, en fait, où on va pouvoir montrer toute la transition agroécologique qui peut être faite par les vignerons.
05:27Et donc, c'est un lieu où on va montrer ça en invitant la filière, d'autres vignerons, en invitant également même le grand public des universités, des écoles,
05:35mais également le grand public à voir, en fait, la transition agroécologique. Donc le domaine est vraiment ce que j'appelle un démonstrateur pour pouvoir montrer
05:43que cette transition agroécologique, elle est possible, elle est réalisable et quand même réalisable en un temps qui est plus court que ce qu'imaginent beaucoup de personnes.
05:51– Malgré ce que vous disiez tout à l'heure, c'est-à-dire que la perte de rendement et finalement le retour sur investissement qui est peut-être relativement long ?
06:00– Alors oui, effectivement, malgré ça, on voit que le fait de passer dans cette transition, de passer en bio et d'aller encore beaucoup plus loin,
06:07ça génère une baisse de rendement au début. Typiquement, quand on passe en bio pendant 3-4 ans, on va perdre en termes de rendement.
06:15Mais on voit, en fait, que le sol est beaucoup plus sain, il est beaucoup plus riche et du coup, va permettre aux pieds de vignes et aux vignobles
06:24d'être plus résistants à tous les aléas climatiques. Je prends un exemple très simple. Quand vous avez un sol qui est avec peu de vie, dès qu'il fait très chaud,
06:33le sol est très dur et donc s'il pleut, soit l'eau vient ruisseler, soit l'eau vient percoler dans des fentes et disparaît complètement.
06:40Quand on a un sol qui est très vivant, très aéré, on a de la vie souterraine, on a des vers d'eau, etc. Ça fait un peu une éponge.
06:47Le sol se gorge d'eau et le pied de vigne ne va pas en profiter pendant 5 ou 10 jours. Et donc, ça rend finalement le terrain plus résistant aux orages,
06:57à tous les aléas climatiques qu'on rencontre.
07:00– Est-ce que… Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur la géographie du vin ? Parce que ça, ça m'intéresse beaucoup.
07:06Comment le réchauffement climatique est en train de modifier la géographie du vin ?
07:11C'est-à-dire, on peut faire du vin là où on n'en faisait pas avant.
07:13Il y a des endroits où il faut remonter les cultures quand c'est possible pour aller chercher un peu de fraîcheur.
07:20C'est vraiment en train de beaucoup évoluer ?
07:22– Oui, oui, ça évolue énormément. En fait, il y a des gros projets qui se dessinent aussi aujourd'hui dans le nord de la France,
07:30en Normandie, en Bretagne, dans les Hauts-de-France, de manière à pouvoir planter des vignes qui seront effectivement
07:37dans des conditions de température plus faciles pour la vigne.
07:41Mais par contre, il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui, l'essentiel des vignes en France est planté en dessous d'une ligne Bordeaux-Lyon, on va dire.
07:49Il y a d'autres vignobles très beaux comme la Loire, la Bourgogne, l'Alsace, etc.
07:53Mais 80% des vignes sont situées en dessous de cette ligne.
07:57Et malgré tout, on a des pieds de vignes qui ont été plantés et qu'il va falloir continuer à faire vivre.
08:02Quand on plante un pied de vigne, c'est pour 70 ans.
08:04Et donc, les gens qui ont planté des vignes il y a 10 ans, ou il y a 15 ans, ou il y a 20 ans dans le sud de la France,
08:10eh bien, il faut adapter ces vignes-là, les pieds existants au réchauffement climatique, d'où le paillage,
08:16d'où des méthodes de palissage qui vont permettre de répondre à ça.
08:20Mais effectivement, la géographie de la viticulture change et on va pouvoir cultiver des vins,
08:26on va cultiver en tout cas des pieds de vignes plus hauts que ce qui n'était produit avant.
08:31– Est-ce qu'il faut produire moins ?
08:32On voit qu'il y a 10% des vignes du bord de l'aigle qui sont arrachées cette année.
08:37Voilà, c'est lié à une surproduction, peut-être à un modèle économique ou des choix marketing qu'il faut revoir.
08:42Mais ça, c'est un autre débat.
08:44Mais est-ce qu'on doit produire moins, finalement, pour s'adapter aussi à la demande des consommateurs ?
08:50– La consommation, elle baisse mais elle ne baisse pas tant que ça.
08:53Elle a beaucoup baissé depuis 40 ou 50 ans.
08:57Aujourd'hui, elle baisse de 2-3% par an.
08:59Donc, c'est important mais ce n'est pas non plus dramatique.
09:03Ça permet effectivement aux différents acteurs de choisir leur positionnement.
09:07Il y a des gens qui font des vins, on va dire, assez industriels,
09:11sans peut-être faire attention à certaines méthodes de production.
09:14Et puis, il y a des acteurs qui font le choix d'avoir des vins très bien produits, très propres.
09:19Et ceux-là vont toujours rencontrer une certaine frange de clientèle.
09:23Nous, par exemple, nous nous adressons beaucoup à des générations qui sont conscientes, en fait,
09:27que lorsqu'on achète un produit, il faut savoir comment il a été produit.
09:31Et donc, ils sont vigilants aux méthodes de production employées.
09:34Mais donc, il y aura toujours une rencontre avec ces clients-là.
09:38Effectivement, la consommation du vin baisse légèrement
09:41mais ce n'est pas ça qui va remettre en cause la production de vin à grande échelle.
09:45Dernier thème, il nous reste une minute pour parler de logistique.
09:49Parce que là aussi, c'est un levier d'amélioration du bilan carbone
09:54pour simplifier des entreprises viticoles.
09:57Est-ce que vous rêvez d'une bouteille mondiale unique,
10:00un peu sur le modèle des containers ?
10:03Vous voyez ce que je veux dire ?
10:04Alors oui, on en rêve.
10:07Déjà, on essaie de le faire à une échelle un peu plus restreinte.
10:10Oui, la première entreprise à avoir relancé le réemploi,
10:13c'est-à-dire la consigne sur les bouteilles de vin au niveau national.
10:16Ça, ça marche effectivement parce que c'est une bouteille standard
10:18et on rêve de le développer.
10:20Mais aujourd'hui, on travaille à lancer la consigne sur d'autres territoires.
10:24On travaille sur l'Allemagne, on travaille sur New York.
10:26Par exemple, à New York, on envoie nos vins en bouteilles consignables,
10:29on les envoie à la voile parce qu'on peut là aussi trouver des solutions
10:32avec une consommation de carbone moindre
10:34et les vins sont après réembouteillés sur place.
10:37Donc oui, on rêve d'une solution mondiale
10:39mais déjà à l'échelle de certains pays, on peut développer la consigne de réemploi
10:42et ça change tout en termes écologiques.
10:44Merci beaucoup François-Xavier Henry, à bientôt sur Be Smart For Change.
10:48On passe à notre débat, le modèle de l'assurance
10:51face à la multiplication des épisodes climatiques extrêmes.
11:01Le débat de ce Smart Impact,
11:04on parle des défis de l'assurance face au réchauffement climatique
11:07avec Myriam Merad, bonjour.
11:08Bienvenue, vous êtes directrice de recherche au CNRS
11:11et vous avez été mandatée par le gouvernement
11:13pour mener une mission sur l'assurabilité des risques climatiques
11:16rapport rendu public au printemps dernier.
11:18Simon Blakir, bonjour.
11:19Bonjour.
11:20Bienvenue à vous, vous êtes directeur de la réassurance et les risques naturels
11:23chez Générali, la France qui est confrontée à une succession
11:28d'épisodes climatiques extrêmes.
11:30Myriam Merad, l'exceptionnel devient la norme,
11:32est-ce qu'on peut dire ça, est-ce que c'est exagéré de dire ça ?
11:35En fait, tout à fait, l'exceptionnel devient la norme
11:38mais depuis longtemps, en fait, on note une accélération
11:42de la probabilité d'occurrence de ces phénomènes et de leur sévérité.
11:47Comme on a pu le constater ensemble ces dernières années,
11:51eh bien en fait, ces événements-là augmentent
11:54et se répartissent de manière importante sur le territoire.
11:57Du coup, on ne peut plus parler de risques rares,
12:00on parle de risques usuels.
12:03Et ça pose la question du modèle de l'assurance,
12:05la Caisse centrale de réassurance estime que
12:07la hausse de sinistralité du fait, du seul fait du climat
12:11serait comprise, évidemment la fourchette elle est vaste,
12:13puisqu'on se projette en 2050, elle serait comprise entre 27%
12:16et 62% en moyenne à cet horizon 2050.
12:20Est-ce que ça veut dire qu'il faut réinventer le modèle,
12:23Simon Blaquière ? Est-ce que ces risques qui deviennent récurrents
12:26deviennent impossibles à assurer, d'une certaine façon ?
12:29Alors l'assurabilité, c'est la raison d'être des assureurs.
12:32Donc collectivement, on a un enjeu à maintenir cette assurabilité.
12:37Alors cela a été dit, c'est vrai que les événements climatiques récents
12:40mettent en tension le modèle.
12:42Aujourd'hui, on parle d'une moyenne de sinistralité annuelle
12:45de 4,7 milliards d'euros d'ici 2050, c'est beaucoup,
12:49c'est plus de deux fois plus si on regarde la moyenne 1990-2010.
12:53Donc le système est en tension, mais il n'y a pas de fatalité.
12:56Je pense qu'il y a un régime public-privé qui a été cité avec la CCR,
13:01et chacun prend sa part dans le régime, chacun prend sa part
13:05pour maintenir l'assurabilité des périls naturels.
13:08On le voit peut-être pas en France, mais peut-être plus aux Etats-Unis,
13:12il y a des risques qui sont moins assurés ou plus assurés du tout,
13:17des compagnies qui décident de ne pas y aller parce qu'elles considèrent
13:20que c'est juste impossible de payer chaque année pour un événement récurrent.
13:24Est-ce qu'on en est à ce niveau de tension ?
13:27Vous voyez ce que je veux dire, Simon Bleker ?
13:28Aujourd'hui, on pense qu'il n'y a pas encore de problématique d'assurabilité.
13:32Il y a encore une offre assurancielle qui permet à tous de s'assurer.
13:36Mais effectivement, il y a un risque avec l'augmentation des catastrophes naturelles.
13:40Chacun doit prendre sa part.
13:42Effectivement, on a cité le régime public-privé avec le réassureur CCR.
13:46Les assureurs prennent leur part.
13:47Nous, on prend notre part dans la prévention, dans la mise en avant des risques,
13:52dans l'affirmation et l'instruction finalement à tous des risques naturels.
13:58Il doit y avoir des efforts de prévention au niveau individuel également.
14:01Si chacun prend sa part, public, privé et individu, on pourra maintenir l'assurabilité.
14:08Sans avoir des primes ou un coût de l'assurance pour les individus
14:14ou les entreprises d'ailleurs, qui deviennent insupportables.
14:16Vous voyez ce que je veux dire ?
14:17Oui, prenons par exemple un exemple très concret.
14:20Une des conclusions du rapport qui a été citée, c'est l'augmentation de la surprime Catenat.
14:26Elle va passer en 2025.
14:27Le régime catastrophes naturelles.
14:29Le régime des catastrophes naturelles de 1982.
14:32Cette surprime catastrophe naturelle, elle va passer en moyenne en 2025 de 25 euros aujourd'hui
14:38à 41 euros par an par bien assuré.
14:43Et cette augmentation va permettre d'équilibrer le régime,
14:47va permettre de poursuivre l'assurabilité.
14:49C'est quand même une force qu'on a dans ce régime catastrophes naturelles.
14:52Et cette augmentation de 12 euros par an, très modérée,
14:5716 euros par an, très modérée, permet de poursuivre l'assurabilité.
15:01Alors justement ce dispositif, il y a le dispositif catastrophes naturelles,
15:04il y a le fonds de prévention des risques naturels majeurs,
15:07qu'on appelle aussi le fonds Barnier, puisque c'était à l'époque
15:10ou de mémoire je crois qu'il était ministre de l'écologie Michel Barnier
15:13quand ça a été lancé.
15:15Est-ce qu'ils sont inadaptés ?
15:18Est-ce qu'ils sont caducs ?
15:20À quel point il faut les réinventer ces systèmes ?
15:23Pour le comprendre, il faut revenir à l'essence du système.
15:26Il fonctionne sur la solidarité et il fonctionne aussi sur un mécanisme
15:31d'indemnisation, de prévention et d'adaptation.
15:35Et donc ces systèmes-là font que sur la partie solidarité,
15:39il a été prévu sur les primes d'assurance
15:42d'avoir une petite surprime 4 Nats.
15:44Cette surprime aussi elle fonctionne sur un partenariat public-privé.
15:48C'est les assurances avec le système de la CCR,
15:53c'est-à-dire l'assureur public ou réassureur public.
15:56Si on veut maintenir ce système de solidarité,
15:59et au vu de ce que l'on vient de décrire,
16:01c'est-à-dire l'augmentation de la récurrence des événements,
16:04alors il faut que cette surprime permette de la maintenir sur du long terme.
16:10Il se trouve que si elle augmente, ça peut créer deux mécanismes un peu pervers.
16:17Ça peut exclure et ça peut ne plus être portable par un certain nombre d'acteurs.
16:21Du coup, soit on continue mécaniquement,
16:24et là une des solutions qui avait été proposée,
16:26en tout cas sur ce court-moyen terme, c'est d'augmenter la surprime,
16:31soit on se dit on réforme le régime.
16:33On se dit que ce qui est devenu maintenant récurrent,
16:37eh bien peut-être qu'il faut le gérer différemment.
16:38– Vous proposiez notamment dans le rapport un système de bonus-malus,
16:42je veux bien que vous nous expliquiez comment ça marche.
16:44– Alors tout à fait.
16:44– Ou comment ça marcherait.
16:46– Si on accepte que la catastrophe n'est pas que induit par le climat,
16:51c'est aussi la vulnérabilité de nos constructions,
16:54c'est aussi nos impréparations,
16:57c'est-à-dire nos manques de connaissances sur à quel guichet s'adresser
17:03pour construire, pour réduire notre vulnérabilité.
17:05Mais c'est aussi des dispositifs de prévention qui ont porté leurs fruits ou non.
17:11Alors l'idée c'est de montrer que si certains arrivent,
17:15certains que ce soit au niveau des collectivités ou des particuliers
17:18ou des entreprises arrivent à réduire à la source leur vulnérabilité
17:22et à agir sur la prévention et l'adaptation,
17:26eh bien ça veut dire qu'ils peuvent réduire cet appel à solidarité
17:30et donc aller vers ce, comme pour les voitures, un gain.
17:34– Oui ce qui serait une façon d'inciter à faire de la prévention,
17:38à évaluer sa vulnérabilité face aux risques
17:41et à prendre les décisions nécessaires, c'est ça ?
17:43– C'est ça, on devient tous acteurs au lieu de se retrouver dans la situation de victime.
17:48– C'est une bonne idée, vous y êtes favorable, Simon Blacker ?
17:50– Oui complètement, je vais prendre deux exemples concrets
17:52pour étayer le propos qui vient d'être donné.
17:56Le premier c'est la connaissance du risque.
17:58Aujourd'hui encore trop peu de Français sont au courant
18:00de leur exposition au risque naturel.
18:03– C'est vrai pour les entreprises aussi ?
18:04– C'est vrai aussi pour les entreprises.
18:06Aujourd'hui on a développé un système à Gennerly Ensemble face aux risques
18:09qui permet à tout un chacun, vous rentrez votre adresse
18:12et vous avez votre exposition au risque naturel,
18:16inondations, sécheresses, feux de forêt, tempêtes, grêles.
18:19La connaissance du risque aujourd'hui c'est le premier pilier de la prévention,
18:23je vais y venir.
18:24Le deuxième exemple concret c'est que nous sommes convaincus
18:26qu'il faut de la prévention à l'échelle individuelle.
18:29Il faut que les individus s'emparent des moyens qui sont mis à disposition,
18:34notamment via le fonds Barnier qui a été cité,
18:37pour mener des efforts de résilience climatique.
18:40Si on prend par exemple l'exemple de l'incendie,
18:42on a individuellement des moyens pour se protéger.
18:45On a depuis 2010 l'obligation de mettre un système d'alerte incendie.
18:49L'idée ce serait de transposer ces mécanismes à l'échelle individuelle
18:53face au péril naturel pour mieux se prémunir,
18:56pour mieux atténuer les conséquences du changement climatique
18:59et le fonds Barnier justement permet de financer
19:02une grande partie des travaux à l'échelle individuelle
19:05pour améliorer sa résilience.
19:06Et sur la prévention, les assurances,
19:09enfin c'est dans l'ADN des assureurs de faire de la prévention,
19:13est-ce qu'il faut changer la façon de faire pour que les messages passent mieux ?
19:18Oui, alors on a cité effectivement connaître son risque, connaître son exposition.
19:21Vous citiez l'exemple des entreprises, c'est très intéressant.
19:23Sur le risque incendie, les assureurs font de la prévention depuis des décennies
19:28pour mettre en place des systèmes d'alerte incendie,
19:31des sprinklers pour étouffer les incendies.
19:34A nous de transposer cela sur les risques climatiques,
19:37tant au niveau individuel, maisons, particuliers,
19:40qu'au niveau entreprise et à une appétence de nos clients
19:43pour les guider, pour mieux atténuer, modérer les risques naturels.
19:48Est-ce que ça marche aussi sur le phénomène de retrait, gonflement des sols argileux ?
19:52Parce que ça, ça concerne des millions de Français,
19:56un peu partout en France d'ailleurs, c'est quasiment dans toutes les régions.
19:59Et là aussi, sur le modèle de l'assurabilité, ça pose une vraie question.
20:04Oui, tout à fait. Surtout qu'on estime, via France Assureurs,
20:08à plus de 12 millions de personnes, de maisons, de pavillons
20:11exposées au risque de gonflement et de retrait des argiles.
20:15De part, le changement climatique, c'est un péril qui va croissant
20:18du fait de la hausse des températures.
20:21Il n'y a pas de fatalité, encore une fois.
20:22La première chose, c'est de comprendre et de connaître son risque.
20:25Savoir son exposition au terrain argileux, c'est la première chose.
20:29La deuxième, qu'on pourrait citer, c'est l'initiative sécheresse
20:33qui est menée avec France Assureurs, avec la mission d'Iris Naturel,
20:37avec l'ACCR, et dont l'objectif, c'est de trouver des moyens.
20:41Un, de remédiation, comment est-ce qu'on répare mieux,
20:44moins cher, les maisons qui sont fissurées du fait de la sécheresse.
20:47Et deux, de prévenir. Quels sont les moyens de prévention
20:50qui permettront, avant le dommage, d'améliorer les fondations,
20:54d'améliorer le bâti ?
20:55Il y a un message qu'on peut faire passer, Myriam Mehad,
20:56c'est que tout ce qu'on fait avant, c'est-à-dire en prévention,
21:00en anticipation, en modification, pour mieux s'adapter,
21:05coûte moins cher que ce qu'on devra faire après, c'est ça ?
21:07Tout à fait. Et l'exemple du retrait gonflement des argiles
21:13en est un exemple intéressant.
21:15Parce que c'est un phénomène, le retrait gonflement d'argile,
21:18c'est un phénomène que l'on voit venir au fur et à mesure du temps.
21:21Mais dont les effets sur les structures peuvent apparaître de manière brutale.
21:26Mais il est là, il est chronique.
21:28Donc on peut le déceler le plus tôt possible, c'est ça ?
21:30Et oui. Et l'idée, c'est d'y travailler en amont.
21:33C'est déceler les petits éléments qui viennent être perturbés dans nos structures.
21:38Et nous sommes les observateurs, nous sommes les propriétaires de nos structures.
21:42Donc on peut agir sur de la prévention,
21:44mais faut-il connaître les bons guichets et avoir les bonnes informations.
21:48Connaître les bons guichets et peut-être les outils.
21:50Est-ce que les modèles prédictifs s'améliorent,
21:52notamment avec l'intelligence artificielle aujourd'hui ?
21:55Alors, la question de la donnée.
21:59Il y a plein de données.
22:00On parlait du modèle Générali pour localiser un certain nombre d'informations,
22:04mais depuis très longtemps, le secteur public s'est organisé pour partager de la donnée publique.
22:10Alors il y a une plateforme qui est gérée par le ministère de l'Environnement
22:14qui s'appelle Géorisques, où plein d'opérateurs d'État partagent ces données publiques.
22:20Et il y a aussi des initiatives de partage du secteur privé,
22:23notamment du secteur de l'assurance.
22:25Avec ces données, on peut faire beaucoup de choses.
22:28Mais il faut que ces données soient précises.
22:30Donc l'intelligence artificielle est un moyen d'accélérer son analyse.
22:35Cependant, si la donnée est pauvre, et quand je dis de la donnée pauvre,
22:39si elle est agrégée à la maille communale, avec les meilleurs modèles,
22:44il y a une donnée pauvre, c'est-à-dire trop agrégée, et on ne peut rien y faire.
22:47Donc je dirais que le défi, c'est plutôt de trouver une solution pour le partage de données.
22:54Merci beaucoup. Merci à tous les deux.
22:56Et à bientôt sur BeSmart for Change.
22:58On passe à notre rubrique « Start-up » tout de suite.
23:07Smart Ideas avec Guillaume Deguis.
23:09Bonjour, bienvenue.
23:10Vous êtes le cofondateur de Mocha.care, créé en 2019 avec Pierre-Étienne Bidon.
23:15Il y avait quelle idée, racontez-moi ?
23:17Alors, à la toute base, on était confrontés nous-mêmes à la santé mentale au travail.
23:22On s'était rendu compte qu'il y avait un vrai enjeu de prendre en compte ces sujets
23:26et que beaucoup d'entreprises restaient les bras croisés.
23:29Pourquoi ? Parce que c'est un sujet qui est compliqué, qui est multifactoriel,
23:31il n'y a pas de solution parfaite.
23:33Et donc on s'est dit, on va essayer de créer quelque chose
23:35qui permette de faire avancer les choses dans le bon sens.
23:38Et donc on est partis avec cette idée, notre bâton de pèlerin en 2019,
23:42avec l'idée que les gens ressentent moins de stress au travail,
23:46essayer de faire changer l'organisation à la racine
23:49pour que les gens ne partent pas en burn-out, se sentent bien,
23:52ne quittent pas leur entreprise parce qu'il y a trop de stress.
23:55Et alors, vous vous adressez, quel type de solution et à qui s'adresse-t-elle ?
23:59Alors, elle s'adresse à toutes les entreprises, toutes les organisations.
24:03On va avoir une vraie diversité, on va dire.
24:06Ça va partir du groupe du CAC 40 comme L'Oréal, Engie ou Allianz,
24:10à des mondes de la tech comme Doctolib, Blablacar, Conto ou Spendesk.
24:15Et qu'est-ce qu'on va proposer concrètement ?
24:17On va proposer un accompagnement à trois niveaux.
24:19C'est-à-dire, pour les DRH, le vrai enjeu, c'est de comprendre
24:22quelles sont les priorités en termes de stress au travail, de santé mentale.
24:26C'est des sujets qui sont très larges, il y a beaucoup de raisons.
24:28Il faut comprendre qu'est-ce qu'on va adresser en premier.
24:31En fonction de l'identification de ça, on va proposer des plans d'action personnalisés,
24:35notamment des formations pour les managers,
24:37comment est-ce que j'apprends à repérer les signaux faibles dans mon équipe,
24:40comment est-ce que j'apprends à bien gérer mon stress.
24:43Et on va également proposer à tous les collaborateurs
24:46de prendre soin d'eux.
24:48Et donc là, une des idées, c'est que chaque personne dans l'entreprise
24:51peut avoir accès à un psychologue, un coach ou un thérapeute.
24:55Les sessions sont financées par l'entreprise,
24:58mais jamais l'entreprise s'est rendue au courant que « moi, Guillaume, je vais voir un psychologue ».
25:01Il y a une anonymisation du recours à un outil génétique qui s'appelle FELIX, c'est ça ?
25:07C'est l'accompagnateur en quelque sorte ?
25:10Alors exactement. FELIX, c'est un outil qu'on a développé qui est un outil de micro-learning
25:14qu'on vient directement brancher dans Microsoft Teams ou dans Slack.
25:18Qu'est-ce qu'on a voulu faire ici ? C'est répondre au problème qui est
25:21quand vous proposez une session de formation de 10 heures
25:24sur la gestion du stress le vendredi après-midi,
25:26les gens vont vous dire, souvent à juste titre,
25:28« en fait, moi, je suis stressé parce que j'ai trop de travail ».
25:31Et là, tu me prends encore plus de travail, tu vas être encore plus stressé.
25:34Alors soit on reste les bras croisés, soit on essaie de trouver quelque chose d'autre.
25:37On a développé FELIX. Là, ce sont des modules de formation de 4 minutes
25:41qui vont directement arriver sur votre outil du quotidien.
25:43Pas besoin de se créer un compte ni un mot de passe.
25:46Et là, je vais vous dire, bonjour Thomas, est-ce que vous connaissez
25:49votre point commun avec Roger Federer ?
25:51Et là, je vais vous dire…
25:52Ce n'est pas mon revers, malheureusement.
25:54Ça, je ne sais pas. Mais du coup, on va vous dire,
25:58comme Roger Federer, il y a des moments où vous devez être en match, concentré, efficace.
26:03Par contre, Roger Federer, il ne passe pas toute la journée à jouer.
26:05Entre les matchs, il récupère.
26:06Comment est-ce que vous récupérez, vous, entre deux émissions ?
26:09Donc, on ne va pas forcément prendre l'angle direct de risques psychosociaux,
26:12de burn-out, d'anxiété, qui ne va pas forcément générer beaucoup d'utilisation.
26:16Mais on va prendre un angle plus positif, plus ludique, qui intéresse ces gens.
26:20La santé mentale qui a été décrétée grande cause nationale 2025 par le Premier ministre,
26:26qu'est-ce que ça peut changer ?
26:27Qu'est-ce que vous en attendez, vous, qui êtes au cœur de ces enjeux depuis plusieurs années ?
26:31Alors, nous, ce qu'on a déjà remarqué depuis quelques semaines,
26:34c'est que de plus en plus d'entreprises se disent,
26:37en fait, si c'est un vrai enjeu sociétal, ça veut dire que si moi,
26:41je me concentre sur le sujet, ce n'est pas un aveu de faiblesse.
26:44Ça veut simplement dire que ça concerne tout le monde et que ce n'est pas uniquement mon entreprise.
26:48Le tabou est entré un petit peu de s'étioler, pas totalement disparaître, mais de s'étioler.
26:52Exactement. Les gens sont moins complexés à se dire, on peut adresser le stress au travail.
26:57Avant, il y avait quelque chose de, si on l'adresse, c'est qu'on a un problème structurel
27:01et c'est que chez nous parce que les autres ne l'adressent pas beaucoup.
27:04Donc, finalement, ça libère un peu la parole et les actions.
27:06Et on verra concrètement ce que ça peut changer.
27:09Je crois que c'est une deuxième cause d'arrêt maladie en France.
27:12Est-ce que ces chiffres-là, on va conclure là-dessus, ils sont en hausse ?
27:15Comment on peut les évaluer ?
27:17Oui, exactement. C'est des chiffres qui sont en hausse.
27:20C'est le baromètre Malakoff Humanis qui sort chaque année,
27:23qui montre que cette proportion des arrêts maladie liés aux troubles psychologiques
27:27est en constante évolution.
27:28Et aujourd'hui, c'est même devenu la première cause d'arrêt maladie de longue durée.
27:32Merci beaucoup, Guillaume Degue, vive et bon vent à moca.kr.
27:36Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:39Je voudrais remercier Alexis Mathieu et Marie Billa
27:42qui s'occupent de la programmation et de la production de l'émission.
27:46Le réalisateur aujourd'hui, c'était Romain Luc.
27:48Et l'ingénieur du son, c'était Saïd Mamou.
27:51Merci à toutes et à tous de votre fidélité à la chaîne des Audacieuses et les Audacieux.
27:55Salut !