Mercredi 4 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Virginie Derue (Directrice de la recherche ESG, AXA IM) , Pascal Poncet (Cofondateur, Water Connect) , Didier Livio (Président, FoodPilot) et Neil Makaroff (Directeur, Strategic Perspectives)
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00:08Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:15Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Didier Livio, le président de Foodpilot, qui accompagne le secteur agroalimentaire dans le pilotage et la mesure des actions RSE.
00:26Notre débat, il portera sur la réélection de Donald Trump, quelles conséquences pour l'environnement, à quels programmes les Etats-Unis pourraient-ils renoncer,
00:35quels projets de forage vont-ils relancer, renoncer ? Réponse tout à l'heure. Et puis dans notre rubrique Startup, vous découvrirez WaterConnect qui fabrique des oasis de fraîcheur pour nos villes.
00:48Voilà pour les titres, c'est Smart Impact. Tout de suite.
00:52Générique
00:58L'invité de Smart Impact, c'est Didier Livio, bonjour.
01:02Bonjour.
01:02Bienvenue, vous êtes le président, le fondateur de Foodpilot, donc vous travaillez avec le secteur agroalimentaire, les entreprises du secteur agroalimentaire, en leur proposant quel service ?
01:12C'est quoi Foodpilot ?
01:13Nous travaillons avec le secteur agricole et agroalimentaire, c'est-à-dire que le service que nous proposons vise à piloter la totalité de la chaîne alimentaire,
01:20depuis les pratiques agricoles à la parcelle ou dans les bâtiments d'élevage, jusqu'à les emballages et le produit final qui arrive chez le consommateur.
01:32Et ce pilotage, nous le faisons à partir de données réelles que nous téléchargeons tout au long de la chaîne pour fabriquer des calculs d'impact permettant à tous les acteurs tout au long de la chaîne,
01:41depuis l'agriculteur à sa ferme jusqu'à l'industriel final, de savoir exactement ce qui se passe sur le plan environnemental et social,
01:49et de ce point de vue-là, engager des modèles de transition vers des modèles économiques durables.
01:54Ça a demandé pas mal de recherche et développement pour aboutir au service que vous proposez aujourd'hui ?
01:59Oui, pour ma part, ça fait plus de 40 ans que je travaille sur les questions de développement durable et il y a une vingtaine d'années, chez un certain nombre de clients agroalimentaires,
02:06nous avons imaginé, à l'époque la technologie n'était pas celle d'aujourd'hui, nous avons imaginé ce que pourrait être une plateforme qui permettrait de piloter sur data réelle.
02:14Pourquoi ? Parce que si nous voulons transformer les modèles de production vers des modèles durables, il faut savoir quelles sont les actions qu'il faut mettre en œuvre pour enclencher la transition,
02:25et ces actions, chacune, quels impacts environnementaux, sociaux et économiques elles ont.
02:31Et donc la difficulté, le nœud du problème était de savoir où étaient les datas qu'on allait télécharger et comment les télécharger automatiquement, là où elles se produisent en fait.
02:40Et effectivement, on a beaucoup travaillé là-dessus, une dizaine d'années, pour finalement créer Foodpilot avec un très bon niveau de maturité en 2023.
02:50Vous parlez de data réelle, c'est quoi la différence entre données ?
02:55C'est la différence entre une data déclarée et une data réelle. La plupart des systèmes permettant de piloter la transition aujourd'hui se font sur des déclarations,
03:04qui peuvent être sujettes à caution, les acteurs sont plutôt de bonne foi et honnêtes, mais elles peuvent être sujettes à caution, par crainte du greenwashing, etc.
03:11Et tous les observateurs, que ce soit des analystes extra-financiers ou des ONG ou les pouvoirs publics, peuvent se demander si les déclarations sont bonnes ou pas.
03:19Le téléchargement de data réelle, c'est d'aller chercher la data là où elle est.
03:23Par exemple, les farm management systems, qui sont des outils informatiques qui permettent aux agriculteurs de travailler, il y en a quatre en France,
03:30dans deux d'entre eux, que sont SMAG et MEPARCEL, on peut aller chercher les pratiques agronomiques au moment où, le soir, on a les pratiques agronomiques de la journée.
03:41Dans la comptabilité, grâce à des partenariats avec des cabinets d'expertise comptable, on peut avoir accès à des factures qui vont nous donner la consommation énergétique, par exemple,
03:51ou les achats de matières premières, ou les achats d'engrais, etc. C'est ça la data réelle par rapport à une data déclarée.
04:00Et donc, à partir de ces data réelles, on va produire des indicateurs d'impact que les professionnels, tout au long de la chaîne, vont pouvoir vérifier et publier.
04:10Et dans notre plateforme, Veritas intervient pour assurer, en plus, c'est une double sécurité, la qualité de la publication de la data finale.
04:18Et alors, vous parlez aussi, parmi les innovations, de système semi-spécifique. Je pose toutes les questions de curieux, c'est quoi un système semi-spécifique ?
04:26Le système semi-spécifique, de la façon la plus simple possible, il existe des systèmes dits génériques.
04:35En particulier, l'État français a créé une base de données, avec l'ADEME, qui est formidable, qui s'appelle Agribalise.
04:40Dans Agribalise, vous avez, si vous êtes un industriel d'agroalimentaire, le poids environnemental d'un litre de lait, d'un kilo de blé, d'un kilo de tomate.
04:47Mais c'est générique au sens où le poids environnemental du kilo de tomate, il est fait sur les pratiques les plus répandues agricoles de la tomate en France.
04:57Mais comme ces pratiques sont de plus en plus variées, depuis le bio jusqu'à des pratiques agroécologiques, etc.,
05:04la question c'est comment se différencier par rapport à ces datas génériques ?
05:10Deuxième solution, les datas spécifiques. Et là, ce qu'on fait, c'est des analyses de cycles de vie, mais qui coûtent très cher.
05:16Sur chaque produit alimentaire, vous faites une analyse de cycle de vie qui va coûter entre 20 et 30 000 euros par produit.
05:21Donc quand vous avez des milliers de produits, c'est impossible. Et nous, nous avons inventé, dans le cadre du travail avec l'État sur l'affichage environnemental,
05:27le système dit semi-spécifique. Qu'est-ce que c'est ?
05:30Si vous prenez une tranche de jambon, sur une tranche de jambon, depuis l'alimentation animale qui va nourrir les porcs jusqu'aux emballages, la fabrication des emballages,
05:39si nous voulons transformer la chaîne du porc, il faudrait toucher à 850 pratiques à peu près.
05:44Or, le système semi-spécifique nous dit qu'avec 12 pratiques, nous atteignons 90% des impacts de la tranche de jambon.
05:51Donc ça permet de concentrer les acteurs sur les 12 pratiques à plus fort impact.
05:54Ça, ça demande des analyses scientifiques et techniques. Et nous le faisons sur tous les produits alimentaires et sur toutes les chaînes alimentaires.
05:59Oui, c'est ça. Vous avez identifié 12 fonctionnalités ?
06:03On a identifié... En fait, sur chaque filière alimentaire, nous identifions les pratiques à plus fort impact.
06:08C'est ça.
06:09Et ces pratiques à plus fort impact, nous les proposons aux acteurs pour concentrer leur action sur ce qui va leur permettre d'obtenir le plus de résultats et accélérer la transition.
06:17Alors, j'allais vous poser une question, mais qui est beaucoup trop générale.
06:22Le levier de durabilité le plus efficace, en fait, ça va dépendre de chaque métier, de chaque secteur.
06:27Moi, je pense par exemple souvent à la direction des achats dans une entreprise. Là, la réponse, elle ne peut être que multiple.
06:33Non, il y a deux grandes réponses que je peux vous faire.
06:36Globalement, sur tous les produits alimentaires que nous mangeons tous en France ou dans le monde, la part agricole, par rapport à la part des transports, la part industrielle, etc.,
06:45la part agricole représente, selon les filières alimentaires, carnées ou pas carnées, entre 60 et 90% des impacts.
06:53Donc déjà, quand vous avez un produit alimentaire dans votre assiette, l'agriculture va représenter 60 à 90% des impacts.
06:59Et quand on regarde ensuite qu'est-ce qui se passe au niveau de l'agriculture, les intrants vont représenter souvent quasiment la moitié, voire plus, des impacts de l'agriculture.
07:11Et puis ensuite, l'énergie. Et avec ces deux postes-là, vous avez l'essentiel des émissions.
07:17Alors, je vous le dis de façon générique parce que si on séparait maintenant les filières végétales et les filières animales, on aurait des impacts qui seraient différenciés encore plus.
07:26Mais en gros, il faut retenir ça. Les intrants, l'énergie et, par ailleurs, l'agriculture font 60 à 90% des impacts d'un produit alimentaire.
07:35Il y a l'actualité de la CSRD au niveau français et européen.
07:41Évidemment, c'est une directive européenne, ce bilan extra-financier que toutes les entreprises vont devoir publier étape par étape.
07:49Là, pour l'instant, sur les très grandes, puis les ETI, puis toutes les PME cotées. Il y a certains de vos clients qui sont dans cette démarche déjà aujourd'hui ?
07:57– Oui, bien sûr. Un certain nombre de nos grands clients sont soumis à la CSRD. Et merci de cette question, parce qu'elle est importante.
08:04Vraiment, au moment où nous voyons le gouvernement peut-être se replier sur cette question ou vouloir la retarder,
08:10vraiment, ce serait une immense bêtise. Parce que les entreprises s'y préparent depuis deux ans maintenant. Elles sont prêtes.
08:15Et quand on cumule en France et en Europe le cadre réglementaire dont nous disposons depuis 20 ans,
08:21la CSRD qui crée un cadre de reporting extra-financier qui va permettre de comparer les entreprises et qui n'est pas si compliqué à mettre en œuvre.
08:30Et les lois sur le devoir de vigilance, on a un cadre maintenant qui va nous permettre vraiment de voir les modèles économiques se transformer.
08:37Et les entreprises sont prêtes depuis 10 ou 20 ans qu'elles y bossent. Elles sont prêtes aujourd'hui. Donc, il faut laisser faire ça.
08:42– Donc, créer la CSRD, ce serait une prime à ceux qui n'ont pas bossé ?
08:46– C'est une prime. C'est exactement ça. C'est une prime à ceux qui n'ont pas bossé.
08:51Et c'est finalement mettre un coup sur la tête à tous ceux qui se préparent depuis deux ans et qui s'y préparent.
08:56Vraiment, on a beaucoup de nos clients et on accompagne ça, qui s'y préparent avec certaines inquiétudes,
09:00mais vraiment avec envie, avec le sourire. Ces chaînes-là sont en train de se transformer positivement.
09:07– Oui, en plus, on peut être dans ce discours un peu positif qu'on cherche pour embarquer le plus possible nos concitoyens dans cette transformation.
09:17– Oui, oui, moi, vraiment, qui fais ce métier depuis 40 ans, depuis 10 ans, je suis heureux de voir les choses se transformer positivement.
09:23Il n'y a plus une seule filière dans laquelle il n'y a pas 1, 2, 3, 4 leaders qui sont à l'œuvre pour transformer la filière.
09:30– Et vous pensez que la CSRD, c'est un accélérateur ?
09:32– Ah oui, c'est un accélérateur. Oui, c'est un accélérateur pour deux raisons.
09:34Parce que ça donne un cadre qui oblige à la transition et un cadre qui permet la comparaison entre acteurs dans le même secteur d'activité.
09:44Et quand il y a comparaison, il y a concurrence positive.
09:47– Effectivement. Vous avez annoncé en janvier dernier une levée de fonds de 4,5 millions.
09:52Donc vous en êtes où, là, du développement de Foodpilot ? On est à quelle étape aujourd'hui ?
09:58– Bon, nous avons bien avancé puisque première année d'exercice 2023,
10:03grâce à notre connaissance du secteur et à nos réseaux dans le secteur, nous avons fait 300 000 euros de chiffre d'affaires.
10:08Cette année, 900 000 en 2024, donc on a triplé le chiffre.
10:11On devrait faire, parce qu'on est dans des métiers où le chiffre d'affaires embarqué se prolonge,
10:16nous devrions faire 2,2 millions, je pense, l'année prochaine.
10:19Et on est sur une tendance à 5, 7 millions en 26, 27.
10:23Mais les 2,2 millions sont assez sécurisés.
10:25Donc finalement, on nous sera passé en deux ans de 300 000 à 2,2 millions, c'est pas mal.
10:29– Donc c'est effectivement une belle progression.
10:32Merci beaucoup Didier Livio et à mes collègues d'Abi Smart for Change.
10:35On passe à notre débat, les conséquences du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
10:39Retrouvez le débat de Smart Impact avec Véolia.
10:45Générique
10:52Le débat de ce Smart Impact, on analyse les conséquences du retour de Donald Trump
10:57à la Maison-Blanche en matière environnementale avec Virginie Derue, bonjour.
11:00– Bonjour.
11:01– Bienvenue, vous êtes directrice de la Recherche en investissement responsable chez AXA-IM.
11:06Naël Macarof, bonjour.
11:07– Bonjour.
11:07– Bienvenue à vous aussi, directeur stratégique perspective
11:10et expert associé à la Fondation Jean Jaurès.
11:13Bon, on va commencer en disant que la réélection de Donald Trump,
11:16c'est quand même plutôt une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le réchauffement climatique
11:20ou la préservation de la biodiversité.
11:22Peut-être en rappelant Virginie Derue ce qu'il a promis déjà pendant sa campagne électorale.
11:28En général, il essaye de tenir ses promesses.
11:30– Oui, tout à fait, c'est un peu notre souci.
11:32Donc il a promis un repeal de l'IRA, l'Inflation Reduction Act,
11:37il a promis une dérégulation tous azimuts
11:39et il a promis de forer à tout va sur le marché américain.
11:44Donc nous, on pense qu'il faut quand même nuancer un petit peu certains dossiers,
11:49certains éléments, à la fois concernant l'IRA et puis très certainement le forage à tout va.
11:57– Alors on va détailler tout ça, mais vous pensez qu'il y a des garde-fous malgré tout ?
12:01Parce que si on analyse, alors c'est plus une analyse un peu politique,
12:05mais du fonctionnement de la Maison Blanche.
12:07Le premier mandat, il ne s'était pas totalement préparé
12:10et il y a eu un certain nombre de hauts fonctionnaires dans son staff
12:14qui ont freiné un certain nombre de décisions.
12:15Là, on se dit qu'il va aller plus vite et plus fort dans ce qu'il a prévu de faire.
12:21– Alors ça, tout à fait, c'est très clair.
12:22Donc il y aura des impacts, notamment, je pense, sur le volet environnemental.
12:26Mais sur le secteur du pétrole et du gaz, je pense que c'est très différent.
12:32Sur le pétrole notamment, la situation, c'est quand même aujourd'hui
12:38une situation qui est proche de la surcapacité, d'accord ?
12:41Donc ce n'est pas du tout dans l'intérêt des producteurs américains
12:45d'aller ouvrir les vannes et de forer à tout va.
12:48Et d'ailleurs, c'est ce qu'a déclaré plus ou moins un acteur comme Exxon,
12:57qui n'est pas le plus petit des acteurs américains,
13:00qui a insisté sur le fait qu'aujourd'hui, pour le secteur,
13:04le sujet, c'était une discipline, coût, le respect de seuil de rentabilité.
13:10– On va rester sur cette thématique des forages,
13:13puisqu'effectivement, il y avait cette phrase que Donald Trump a répétée
13:16tout au long de la campagne, « drill, baby, drill »,
13:19« for, for, for, for, forer, forer, forer ».
13:22Et puis, il y a cette autre citation, lors de son discours après la victoire,
13:28« Nous avons plus d'or liquide que n'importe quel autre pays dans le monde,
13:31plus que l'Arabie Saoudite », où là, Russie, Nelmakarov,
13:35c'est donc potentiellement, on se dit, gaz de schiste ou pétrole de schiste à tout va,
13:42peut-être que ça va être un peu plus compliqué que ça, en fait.
13:45– En réalité, se retourner vers l'ancienne économie du gaz, du pétrole et du charbon,
13:49ça serait extrêmement coûteux pour l'économie américaine,
13:52parce que l'Inflation Reduction Act de l'administration Biden
13:56a investi massivement dans les nouvelles technologies vertes,
13:59les panneaux photovoltaïques, les batteries, les éoliennes.
14:02Et revenir en arrière, ça serait coûteux, notamment pour les États républicains.
14:0680% des investissements de l'IRA américain sont allés dans des États
14:10comme le Texas, par exemple.
14:12Et ça a permis de créer 330 000 emplois dans l'industrie verte.
14:15Donc revenir quelque part sur le secteur du pétrole, du charbon et du gaz,
14:22c'est un peu un non-sens économique pour l'économie américaine.
14:25– Ça veut dire que ces nouvelles usines dans le secteur du photovoltaïque,
14:30de la batterie, etc., elles seraient menacées de fermeture potentiellement
14:34si la production de pétrole repartait à la hausse ?
14:38– A priori, elles sont déjà bien implantées,
14:40donc ça risque d'être difficile de les fermer, mais elles pourraient être fragilisées.
14:44Et il faut savoir que ça laisserait quelque part le champ libre
14:47à un acteur qui est majeur dans ce domaine, qui est la Chine,
14:50qui a cette stratégie de devenir le monopole mondial des technologies vertes.
14:54Et clairement, Donald Trump risque d'offrir cela sur un plateau d'argent à Pékin.
14:59Donc il y a un vrai risque quelque part pour l'économie américaine
15:02de ne pas être dans cette course mondiale à la transition écologique.
15:05– Donc vous dites déjà sur cette première promesse,
15:07peut-être qu'il y aura, en tout cas, soit un coup de frein,
15:11soit une incapacité, parce que le marché lui rappellera la réalité.
15:16Je reste avec vous, Nelma Karouf, sur quand même cette promesse de guerre commerciale
15:21que Donald Trump veut relancer dès les premiers jours de son bonheur.
15:26Il a dit, je signerai les premiers décrets, hausse des droits de douane, etc.
15:31Quelles conséquences ça peut avoir,
15:32notamment sur ces enjeux environnementaux dont on parle ?
15:35– Il y a des conséquences très directes, en tout cas sur l'industrie européenne.
15:38Typiquement, le secteur de l'éolien en Europe
15:40exporte énormément vers les États-Unis, de même que l'automobile.
15:43Donc clairement, l'industrie européenne risque d'être d'autant plus fragilisée
15:47par ces tarifs douaniers.
15:49Et il y a aussi des conséquences très indirectes
15:51pour notre industrie verte européenne.
15:53Typiquement, si le marché américain se ferme pour les produits chinois,
15:58ces produits chinois vont devoir trouver d'autres débouchés.
16:00– Ils viennent chez nous.
16:01– En particulier sur le marché européen,
16:04ce qui risque d'accroître la concurrence vis-à-vis de l'industrie verte européenne,
16:07qui est déjà très mal en point.
16:09Si vous pensez par exemple au producteur de batteries Norsvold en Suède,
16:12qui est en train de faire banqueroute,
16:14ou aux usines, notamment de pompes à chaleur dans l'ouest de la France,
16:18qui sont en train de licencier.
16:19Clairement, la concurrence chinoise risque d'être beaucoup plus ardue
16:22à l'échelle européenne, ce qui menace aussi notre industrie.
16:25– Et Virginie Duruf, quelle réponse l'Europe peut apporter ?
16:29Parce qu'on a vu au moment de l'IRA, l'Inflation Reduction Act,
16:33qu'on est 27 pays, on a une structure de fonctionnement de l'Union européenne
16:39qui fait qu'on va moins vite pour prendre des décisions.
16:42– Je pense que, en tout cas, la vue qu'on défend chez AXA-IM,
16:45c'est que ces élections américaines, ça doit être le sursaut pour l'Europe,
16:51et que l'option A privilégiée, c'est une accélération de l'électrification
16:57de l'économie européenne, c'est très clair.
17:01Mais, c'est très clair, moi je suis d'accord avec vous,
17:03sauf qu'on a eu un Green Deal voté lors de la précédente mandature
17:12du Parlement européen, depuis il y a eu des élections,
17:14il y a eu un centre de gravité, on va dire, du Parlement
17:17qui va un petit peu plus vers la droite et l'extrême droite,
17:19et une tentation, on verra, mais une tentation d'en rabattre
17:24sur l'ambition ou les ambitions du Green Deal,
17:26donc c'est contradictoire par rapport à l'enjeu dont vous parliez à l'instant.
17:31Je pense que le monde politique n'est pas toujours à une contradiction près,
17:35mais je pense que, ne serait-ce qu'économiquement,
17:38et au-delà d'un coût qui reste considérable, qu'il ne faut pas négliger,
17:43mais à moyen terme, c'est un enjeu de toute façon de sécurité, de souveraineté,
17:50et si on regarde juste aujourd'hui la facture énergétique
17:54qui correspond aux importations quand même massives de combustibles fossiles,
18:00réintégrer ça dans l'équation, ça permet de…
18:05– Quel bilan carbone on peut faire du premier mandat de Donald Trump ?
18:08Si on se dit, tiens, bon, il revient, il y a ses craintes
18:13sur ses enjeux environnementaux, biodiversité, etc.,
18:17finalement, quel bilan carbone on peut faire de son premier mandat ?
18:19Ça a été calamiteux ou pas tant que ça ?
18:21– Non, pas du tout, enfin, globalement, quand on regarde les chiffres,
18:24depuis une dizaine d'années, les émissions carbone des États-Unis
18:29ont graduellement baissé, alors ne nous le ronds pas,
18:32le moteur principal, ça a été quand même la sortie graduelle du charbon,
18:36ça questionne également le rythme futur de cette baisse,
18:40mais en tout cas, elles ont baissé, à la fois en absolu et en intensité,
18:44y compris sous le premier mandat de Donald Trump et hors effet Covid.
18:49– Et pourtant, pendant ce premier mandat, il sort des accords de Paris,
18:52enfin, il sort les États-Unis des accords de Paris,
18:56comment ça s'est passé ? Il y a eu un effet retard en fait,
18:58ça a pris du temps avant que les États-Unis sortent vraiment des accords de Paris, c'est ça ?
19:02– Déjà, quand on annonce la sortie de l'accord de Paris, il y a quelques années,
19:05il me semble que c'est deux années avant qu'il y ait une sortie effective de l'accord de Paris,
19:09et puis, vous avez énormément d'acteurs américains
19:11qui se sont engagés à rester dans l'accord de Paris,
19:14notamment des États américains comme la Californie, New York,
19:17qui ont continué à investir dans la transition écologique,
19:20qui sont même devenus, quelque part, certains des champions des renouvelables
19:24ou même du véhicule électrique,
19:25donc, malgré la politique de Washington, quelque part,
19:29les États américains, eux, restaient dans la course à cette transition.
19:33– Et vous pensez que ça va continuer, là, pour le second mandat de Trump ?
19:37C'est un État fédéral, les États-Unis,
19:39et donc, il y a une autonomie assez forte de la Californie, de New York,
19:44pour reprendre les exemples que vous citiez.
19:45– Et même maintenant du Texas, qui a plus d'éoliennes que la Californie,
19:50donc, c'est intéressant de voir même des États républicains
19:52mobilisés sur la question de la transition écologique,
19:54non pas pour une question de climat,
19:56mais pour une question purement économique,
19:57c'est rentable d'investir dans la transition écologique.
20:00Par contre, l'effet de l'administration Trump
20:02peut être très néfaste d'un point de vue international,
20:04parce qu'évidemment, en sortant à nouveau de l'accord de Paris,
20:07il risque d'affaiblir le régime de négociation climatique
20:10au niveau international, il risque aussi de créer un effet contagion,
20:14on pense par exemple avec l'Argentine de Ravier Millet,
20:16qui a cette tentation de sortir de l'accord de Paris avec Donald Trump,
20:20donc, il y a un effet global, un effet domino,
20:23qui peut être assez néfaste quand même
20:25dans la lutte contre le dérèglement climatique.
20:27– Je veux bien entendre votre avis là-dessus aussi, Virginie Derue,
20:29le signal, d'une certaine façon, envoyé à d'autres pays.
20:31– Bien sûr, le signal, il est très clairement négatif,
20:34ça c'est certain, notamment envers des pays comme l'Inde,
20:39moi je pense aussi à l'Inde, qui aujourd'hui est déjà
20:42parmi les plus gros émetteurs et qui a encore
20:46des besoins considérables de développement.
20:48Donc, il y a le signal, mais je pense quand même,
20:52encore une fois, qu'il y a des garde-fous,
20:54au global, aujourd'hui, les renouvelables, ils sont compétitifs.
20:58Donc, c'est aussi ces réalités économiques et financières
21:02qui primeront sur le politique.
21:04– Dernier thème, il nous reste 2 minutes,
21:06je voudrais qu'on parle du rôle d'Elon Musk,
21:08qui va se retrouver à la tête d'une commission chargée
21:14de faire la chasse aux gaspilles parmi les agences fédérales,
21:18ce qui lui donne un pouvoir quand même important.
21:20Craignez-vous que les agences en charge des questions environnementales
21:24soient les premières à payer d'une certaine façon ?
21:28– Honnêtement, ça ne serait pas une nouveauté,
21:30on l'a vu dans d'autres États, typiquement l'Argentine,
21:32quand Ravier Meleï est arrivé au pouvoir,
21:34il a supprimé tout simplement des agences pour l'environnement.
21:38Il est fort probable qu'aux États-Unis,
21:40on retrouve un peu la même dynamique.
21:42Alors, peut-être pas la suppression totale,
21:44mais en tout cas, la coupe dans les effectifs,
21:46dans les budgets, dans les normes,
21:48c'est vraiment avant tout l'économie américaine,
21:50parce que si les Américains ne sont pas capables d'innover
21:53grâce à ces standards environnementaux,
21:55il y a fort à parier que ce soit la Chine
21:57qui prenne la place de leadership industriel à l'échelle mondiale,
22:01parce qu'eux investissent massivement,
22:03ils innovent et vont bien plus vite.
22:05Donc, il y a un vrai risque pour l'économie américaine,
22:07et ici, peut-être qu'Elon Musk peut tempérer un peu l'ardeur de Donald Trump,
22:14mais bon, on verra.
22:16Moi, j'en doute un peu, je ne sais pas ce que vous en pensez, Virginie Derue,
22:18parce qu'il est un peu jugé parti, Elon Musk,
22:20notamment avec sa méga-fusée SpaceX,
22:24qui a des effets sur la biodiversité autour du pas de tir
22:27qui lui valent des procédures judiciaires,
22:29notamment de la part d'agences de défense de l'environnement.
22:32Moi, ma réponse à cette question-là, elle est double.
22:37La première, c'est que moi, j'attends de voir un peu
22:40combien de temps la lune de miel va durer,
22:43parce qu'on a quand même affaire à deux fortes personnalités.
22:46Comme vous le dites, il y a des conflits d'intérêts qui sont quand même majeurs.
22:49Je suis complètement d'accord avec Neil sur le sujet
22:55réduction d'effectifs, coupe dans la recherche, tous azimuts, c'est très clair.
22:59Après, encore une fois, il y a quand même, je pense,
23:02sur le terrain des contre-pouvoirs,
23:06et les grandes sociétés internationales,
23:09elles font aussi face à la pression des investisseurs
23:12sur les allocations environnementales.
23:14Merci beaucoup. Merci à tous les deux.
23:16Et à bientôt sur BeSmart for Change.
23:18On passe à notre rubrique start-up tout de suite.
23:27Smart Ideas avec Pascal Poncet. Bonjour.
23:29Bonjour.
23:30Bienvenue. Vous êtes le cofondateur de WaterConnect.
23:32Vous l'avez créé en 2018 avec Yves Puchral.
23:35Et avec quelle idée ? Racontez-moi.
23:37En fait, Yves Puchral et moi, nous sommes deux entrepreneurs.
23:40Et donc, moi, je suis issu du monde de l'arrosage automatique et de la fontainerie.
23:44Et mon associé, lui, est né du mobilier urbain.
23:48Et l'idée, c'était de se dire, parce qu'on ne travaille que dans l'innovation,
23:50l'idée, c'était de se dire, comment est-ce qu'on peut apporter
23:53des dispositifs innovants pour lutter contre les iso de chaleur urbain
23:56face aux dérèglements climatiques.
23:58Et donc, vous proposez des oasis de fraîcheur, c'est ça ?
24:00Exactement.
24:01Alors, sous différentes formes ?
24:03Oui, parce qu'effectivement, l'idée de base, c'était de se dire,
24:05comment est-ce qu'on peut apporter des dispositifs qui soient multi-usages,
24:09qui soient accessibles à tous, et puis qui soient aussi connectés,
24:12parce que maintenant, on est effectivement dans les villes intelligentes.
24:15Donc, c'est pour ça qu'on a développé plusieurs dispositifs.
24:17Et l'idée originale, en fait, finalement, c'était,
24:20quand on luttait contre le street pooling, vous savez,
24:22c'est les enfants qui cassent les bornes à l'incendie.
24:24Et c'est à partir de là que l'idée a germé de mettre en place
24:27des dispositifs rafraîchissants et hydratants pour l'ensemble de la population.
24:31C'était ça, l'idée.
24:32Avec une étape, quand même, assez magique,
24:36là, cet été, avec les Jeux olympiques,
24:39contrat avec les Hauts-de-Paris, c'est ça ?
24:41Et pour proposer quels services ?
24:43Alors, en fait, c'est issu d'un concours national qui s'appelait
24:47La Fontaine du XXIe siècle.
24:49Donc, dans le jury, vous aviez Hauts-de-Paris, la Ville de Paris,
24:52l'Assolidio, qui font les travaux, effectivement, pour les JO,
24:55et le PT Pleine Commune, qui sont les héritiers des mobiliers urbains.
24:59Et donc, on a développé La Fontaine en collaboration, effectivement, avec Hauts-de-Paris.
25:02Et l'idée, c'était d'avoir un mobilier urbain qui prenne le moins de place sur le domaine public
25:07et qui soit multi-usage et multifonction et évolutif.
25:10Alors, c'est quoi, les usages ?
25:12Il y en a plein.
25:13Donc, en fait, vous avez un accès pour les enfants,
25:15vous avez un accès pour les personnes à mobilité réduite,
25:18mon associé paraplégique, donc c'est important, accessibilité universelle.
25:21Vous avez un accès à boire pour les adultes, comme vous et moi.
25:24Vous avez aussi un accès pour remplir votre bouteille,
25:26pour les passants, les sportifs.
25:28Vous avez aussi un dispositif brumisant.
25:31Et vous avez jusqu'à l'ombrière, puisqu'on fait aussi un dispositif
25:34pour mettre de l'ombre, pour faire pousser des plantes, etc.
25:36Le tout en fonctionnement, en totale autonomie.
25:39Et en prenant le moins de place possible, le moins d'emprise possible ?
25:42Ah oui, parce que vous savez très bien que sur le domaine public,
25:45il y a de plus en plus de publicité,
25:47donc il faut éviter qu'il y ait beaucoup d'emprise sur le domaine public.
25:50Et la contrainte technique, c'était que toute la technique, justement,
25:53puisse tenir, dans un flux le plus sain possible, 22 cm de diamètre.
25:57Donc, vous voyez, on peut tout faire.
25:59C'est effectivement une emprise très faible.
26:01Qui sont vos clients ? Les collectivités locales, principalement ?
26:03Ah oui, essentiellement, 80-90% ce sont effectivement les collectivités territoriales.
26:08Donc, c'est un peu mon travail, c'est d'aller les rencontrer,
26:10faire des salons, faire des ateliers, faire des soirées.
26:13Et donc, on est membre de beaucoup de réseaux de chaînes d'entreprise ou autres,
26:16effectivement, pour travailler sur ce sujet-là.
26:18Avec, récemment, il y a plein d'exemples de villes,
26:21mais là, j'ai vu qu'à Lyon, il y a eu aussi des installations relativement récentes.
26:27Alors, là, c'est quoi ? C'est un peu comme la Fontaine Universelle ?
26:29C'est autre chose ?
26:30C'est la Fontaine Universelle.
26:31C'est la même chose.
26:32C'est suite à un salon professionnel.
26:33On fait plusieurs salons professionnels.
26:34Celui-ci, c'était suite au salon Paysalia,
26:36qui regroupe tous les architectes paysagistes.
26:38Donc, les villes sont friandes de nouveautés.
26:40Et donc, on s'est rencontrés, sur ce salon-là,
26:42avec un distributeur que je connaissais de mon ancien milieu.
26:46Et donc, ça s'est fait tout naturellement.
26:48Effectivement, on a installé deux fontaines sur la commune de Lyon.
26:51Alors, il y a aussi des dômes végétalisés, c'est ça ?
26:53Ah oui.
26:54Ça ressemble à quoi, ça ?
26:55Vous êtes bien renseignés.
26:56Donc, effectivement, l'idée, c'était de se dire,
26:57pour faire du rafraîchissement,
26:58il faut de l'eau, de l'ombre et de la fraîcheur.
27:00Il nous manquait le végétal pour faire cette vraie fraîcheur.
27:04Et donc, l'idée, c'était de rajouter, sur cette Fontaine Universelle,
27:07des feuilles qui viennent se mettre autour,
27:11effectivement, sur des bancs pour pouvoir se reposer.
27:13Et l'intérêt, c'est que c'est alimenté automatiquement par la fontaine
27:16puisqu'en son sens, vous avez automatiquement de l'eau.
27:18Et donc, les plantes poussent automatiquement
27:20puisque vous avez des sondes qui viennent vérifier
27:22s'il y a des stress hydriques ou pas.
27:23Et à partir de là, on vient alimenter automatiquement les plantes
27:26pour qu'elles viennent créer de l'ombre toutes seules.
27:28Des kiosques aussi ?
27:30Ah oui, alors ça, c'est le premier projet.
27:33Ça a été créé, ce que je disais à l'origine, pour les street pooling
27:37et lutter dans les quartiers sensibles
27:39où les enfants ne peuvent pas partir, vous savez, en plein été.
27:43Donc, l'idée, c'était d'apporter des points d'eau.
27:45Plutôt que de faire des grosses fontaines monumentales
27:47dans mon ancien métier,
27:48l'idée, c'est de créer plusieurs points d'eau, dispositifs.
27:51Et l'idée, c'était de dire, il faut une simple arrivée d'eau potable.
27:54On se connecte dessus, c'est très solide.
27:56On le pose juste en été, on le démonte en octobre, novembre.
27:59Et puis, les enfants, ils adorent ça.
28:01Et ce qui a fait la différence, c'est que c'est très solide.
28:03Ça ne consomme rien du tout.
28:05Et puis surtout, les enfants l'ont approprié.
28:07Et ça mouille, parce que si ça ne mouille pas, il n'y a aucun intérêt.
28:09On ne s'amuse pas.
28:10Et bien oui, ils vont casser la borne d'incendie.
28:12Donc, pour éviter de le faire,
28:13il faut créer des dispositifs innovants.
28:15Et un gros impact, c'est qu'il faut savoir
28:19qu'une borne d'incendie, ça consomme entre 100 et 140 m3 heure.
28:22C'est juste phénoménal.
28:23Et c'est de l'eau potable.
28:24Et nous, quand vous mettez nos dispositifs,
28:26c'est entre 4 et 5 m3 par mois pour tout un quartier.
28:29Vous voyez la comparaison.
28:31Il y a une échelle qui est énorme.
28:33Et donc, c'est pour ça que les collectivités territoriales sont très intéressées.
28:36Le tout, c'est important.
28:38Sans électricité, ça marche tout seul.
28:40Merci beaucoup, Pascal Poncé.
28:42Bon vent à WaterConnect.
28:44Voilà, c'est la fin de ce Smart Impact.
28:46Je vous remercie très vite.
28:47Marie Billa, Alexis Mathieu à la programmation,
28:49Romain Luc, le réalisateur,
28:51Saïd Mamou, l'ingénieur du son.
28:52Salut !