Lundi 4 novembre 2024, SMART IMPACT reçoit Cannelle Gaucher (Responsable communication, Unseenlabs) , Michel Gioria (délégué général, France Energie Eolienne) et Nicolas Sdez (Cofondateur et PDG, Pronoe)
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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif et voici notre sommaire du jour.
00:15Mon invité, c'est Canel Gaucher, responsable communication chez Unseen Labs, entreprise renaise dont la constellation de satellites permet de traquer la pêche illégale et de protéger l'océan.
00:27Dans le zoom de cette émission, on fera le point sur le déploiement des énergies renouvelables en France en décortiquant les résultats du premier observatoire du système électrique renouvelable.
00:37Et puis dans notre rubrique start-up, je vous présenterai Pronoé qui met en place des systèmes de traitement des eaux industrielles pour les rendre moins acides avant leur rejet en mer.
00:47Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer, c'est parti.
00:57L'invité de ce Smart Impact, c'est Canel Gaucher, responsable communication chez Unseen Labs, elle est avec nous en duplex, bonjour, bienvenue.
01:07Unseen Labs, entreprise renaise créée en 2015 par les frères Gallic, une décennie plus tard, on fait un peu le point, où en est l'entreprise aujourd'hui ?
01:15Bonjour Thomas, merci de nous accueillir sur le plateau de Bismarck. Donc oui, c'est vrai qu'on est passé plusieurs fois sur Bismarck et ça a pas mal changé ces derniers mois, ces dernières années.
01:27Donc là, on est toujours en train de déployer notre constellation de surveillance maritime, donc constellation qui aujourd'hui est dotée d'une quinzaine de satellites.
01:37On a lancé deux satellites en août dernier avec SpaceX sur une Falcon 9 et là, on continue toujours à déployer cette fameuse constellation,
01:45donc une constellation de satellites qui est dotée d'une technologie vraiment spécifique, capable de détecter les signaux radiofréquences et qui nous permet de détecter
01:54tous les navires en mer, même ceux qui ne veulent pas être vus. Donc c'est là l'intérêt de la technologie, détecter tous les navires, même ceux qui veulent être invisibles
02:01pour commettre des infractions en mer comme la pêche illégale, les dégazages, la piraterie, toutes sortes de trafics illicites. Donc aujourd'hui, on continue de déployer
02:12cette fameuse constellation et on a annoncé il y a quelques mois une levée de fonds de 85 millions d'euros qui va nous permettre de déployer une seconde constellation
02:23qui cette fois-ci ne sera pas simplement focalisée sur la surveillance maritime, mais qui fera aussi de la surveillance spatiale, terrestre, aérienne et maritime.
02:34On prévoit la déployer en 2026.
02:37On va reprendre tous ces éléments les uns après les autres, mais ça posait très bien le décor d'Unseen Labs pour celles et ceux qui ne connaissent pas forcément l'entreprise.
02:48Qui sont vos clients aujourd'hui ? Ce sont des professionnels de la pêche ? Qui sont vos clients ?
02:56Alors nos clients, ils sont dans le secteur public et dans le secteur privé. Dans le secteur public, ça va être les gouvernements, ce qu'on appelle l'action de l'État en mer.
03:05Par exemple, notre premier client, ça a été la Marine nationale française. C'est eux qui ont testé en premier nos données et qui les ont validées.
03:12Et en fait, on travaille avec les gouvernements pour les aider à surveiller leur zone d'intérêt, pour détecter tous les navires, ceux qui sont impliqués dans la pêche illégale,
03:22dans la piraterie, comme je le disais tout à l'heure. Et on va leur permettre d'avoir une meilleure visibilité sur les activités qu'il y a sur leur zone d'intérêt.
03:33Ce qui, avant, n'était pas possible avant que la technologie d'Unseen Navs existe, puisque beaucoup de navires pouvaient éteindre leur balise coopérative et devenir invisibles.
03:45Ce qui, aujourd'hui, nous, avec Unseen Navs, on peut détecter ces navires invisibles et aider les États à voir tous les navires, qu'ils soient coopérants ou non.
03:57Donc ça, c'est le secteur public. Et on a aussi des clients dans le secteur privé, donc des assureurs, des armateurs, des acteurs dans le monde de l'offshore,
04:05mais aussi des associations, des ONG. C'est vraiment un scope très large d'acteurs du domaine maritime.
04:12Alors, ils ressemblent à quoi, vos satellites ? Ce sont des petits satellites, c'est ça ?
04:16Voilà, c'est ça. On dit que c'est des cubes satellites, donc des huit unités. Donc, c'est huit cubes assemblés qui permettent d'avoir un satellite opérationnel
04:23et de mettre une charge utile à l'intérieur. Et ça fait la taille d'une boîte à chaussures.
04:28La taille d'une boîte à chaussures. Oui, on n'est pas dans l'imagerie du très grand satellite qu'on pouvait avoir.
04:34Peut-être, vous l'avez expliqué un peu, mais si on rentre dans le détail de cette surveillance maritime par radiofréquence, comment ça marche ?
04:42Alors, en fait, nos 15 satellites, ils sont à une orbite de 500 km en orbite. Et nos clients, par exemple, s'ils veulent qu'on collecte des données,
04:53qu'on aille regarder quelle activité il y a sur une zone d'intérêt, on va programmer nos satellites pour aller collecter les données sur cette zone-là.
05:02Donc, nos satellites vont détecter les ondes électromagnétiques, ce qu'on appelle aussi les signaux radiofréquences.
05:07Donc, c'est les ondes qui sont émises par les systèmes électroniques qu'il y a à bord des navires.
05:12Nos satellites, une fois qu'ils vont passer au-dessus de la zone, ils vont pouvoir pointer la position de chaque émetteur, chaque onde qu'ils vont capter.
05:20Et ça va nous permettre de pointer la position de chacun de ces navires et pouvoir ensuite livrer la position de tous les navires sur la zone d'intérêt des clients
05:29directement sur leur ordinateur.
05:33Alors, on va prendre deux aspects. Il y a la lutte contre la pêche illégale, puis il y a aussi la protection de l'océan.
05:37Sur la lutte contre la pêche illégale, quels sont vos résultats depuis une petite dizaine d'années, puisque la date de création de l'entreprise, c'est 2015 ?
05:45Alors, la pêche illégale, c'est vrai que c'est, on va dire, notre cas d'application le plus fréquent, puisque les États avec lesquels on travaille
05:53veulent avoir la visibilité sur l'activité des navires en mer. Et on peut les aider, justement, à lutter contre la pêche illégale.
06:01Après, aujourd'hui, non, on travaille publiquement avec la Marine nationale française. Pour les autres clients états, on ne peut pas forcément
06:10divulguer leur nom, mais c'est la pêche illégale, le crime contre lequel on peut lutter le plus facilement grâce à nos données aujourd'hui.
06:21Il y a différents cas d'application qu'on a publiés ces dernières années, notamment un cas d'application en mer d'Arabie, où on a pu suivre un navire
06:30qui se rendait en mer d'Arabie et qui, le jour 1, avait sa balise coopérative activée. Et une fois rentré dans la zone économique exclusive,
06:38éteignit sa balise coopérative pour pouvoir sûrement, on le suspecte, faire de la pêche illégale. Et le jour 3, il sortait de la zone économique exclusive
06:47pour réactiver sa balise coopérative, comme si on ne l'avait pas vue. Sauf que nous, pendant ces 3 jours, on a pu voir son chemin et voir qu'il est rentré
06:56dans une zone dans laquelle il n'avait pas le droit d'être. – C'est un peu le jeu du gendarme et du voleur appliqué à l'océan. Est-ce que les voleurs
07:06travaillent à un moyen de contourner, finalement, cette nouvelle difficulté que vous représentez ? – Alors, c'est une bonne question. Aujourd'hui,
07:18je pense qu'il est vraiment difficile pour eux de contourner notre technologie, puisqu'on vient vraiment détecter les ondes électromagnétiques.
07:26Donc, dès qu'il y a un navire, quelle que soit sa taille, en mer, forcément, il va utiliser toutes sortes de moyens électroniques qui va émettre des ondes.
07:35Donc, c'est très difficile, je pense, pour un bateau de ne plus se faire détecter aujourd'hui, en tout cas à ce jour.
07:45Ou en tout cas, il faudrait qu'il se déplace sans système électronique. Et ça, je pense que ce serait périlleux. – Oui, effectivement.
07:53Sur la protection de l'océan, comment vous pouvez intervenir ? Alors, moi, je vais penser spontanément à des pollutions ou des dégazages sauvages.
08:03Ça fait partie des cas d'usage de vos satellites ? – Voilà, c'est ça. Donc, au niveau de la protection de l'environnement, nous,
08:10on travaille par exemple avec des associations. Notamment, on a travaillé avec Global Fishing Watch. On leur avait livré des données
08:20pour leur indiquer la position de navires en mer dans une zone précise. Et ça leur a permis d'alimenter leur plateforme.
08:26Une plateforme dédiée qui montre l'activité réelle des navires sur tous les océans et qui a pour but d'identifier chaque navire
08:37et de savoir s'il y a des navires impliqués dans la pêche illégale ou non. Donc là, c'est un des exemples dans lesquels
08:44Unseen Labs est impliqué au niveau de la protection de l'environnement. – Vous nous l'avez dit, vous avez annoncé une levée de fonds
08:50de 85 millions d'euros. C'était en février dernier. Je crois que c'était la plus importante du New Space français.
08:57Nouvelle étape évidemment importante. Avec quoi ? Des nouveaux marchés que vous visez, c'est ça ? – Voilà, c'est ça, exactement.
09:05Donc on a fait une levée de fonds de 85 millions en série C qu'on a annoncée en avril dernier.
09:11Ça va nous permettre déjà d'ouvrir des bureaux aux États-Unis et en Asie. Et ça va surtout nous permettre de lancer
09:19une nouvelle constellation. Donc là, on a une constellation opérationnelle qui est dédiée à la surveillance maritime.
09:24Et la seconde constellation qu'on lancera en 2026 sera dédiée non pas que à la surveillance maritime, mais aussi à la surveillance spatiale,
09:32terrestre et aérienne. Donc ça va être 4 domaines vraiment mélangés dans une constellation dédiée.
09:41– Mais avec quel cas d'usage dans ce cas-là ? – Alors les cas d'usage, je pense que ce sera comme pour la surveillance maritime.
09:48On va en découvrir tous les jours. Déjà, on travaillera forcément avec des acteurs du secteur public.
09:56Mais on découvrira tous les jours qu'il y a énormément d'acteurs du secteur privé qui ont aussi besoin de nos données.
10:03Ce sera vraiment un service qui se construira aussi en 2026 au fur et à mesure.
10:09Et on a hâte de déployer ces fameux nouveaux satellites qui feront une taille 10 fois plus grande que nos satellites actuels.
10:17– Ah oui, donc c'est un gap aussi technologique. Dernière petite question, est-ce qu'il y a des usages militaires de votre technologie ?
10:24– Alors forcément, il y a des usages défense. Nous, on n'est pas dans le militaire.
10:31On est vraiment aujourd'hui dans le secteur public et privé.
10:35Donc dans le secteur public, c'est vraiment l'action de l'État en mer.
10:39Aujourd'hui, c'est comme ça que l'on travaille et on verra par la suite l'évolution de l'entreprise.
10:47– Merci beaucoup, merci Canel Gaucher et à bientôt sur Be Smart For Change.
10:51On passe au Zoom de l'émission, les résultats du premier observatoire du système électrique renouvelable.
10:58– Générique –
11:04– On décortique les résultats du premier observatoire du système électrique renouvelable dans ce Zoom avec Michel Gloria.
11:12Bonjour, bienvenue, vous êtes délégué général de France Renouvelables.
11:16On repose le décor, c'est combien d'entreprises représentées et puis peut-être aussi les différentes filières ?
11:22– Donc France Renouvelables, c'est 370 entreprises qui interviennent en France
11:26pour développer les énergies renouvelables électriques,
11:29donc notamment l'éolien en mer, l'éolien sur terre et le photovoltaïque au sol.
11:33Donc on représente aujourd'hui 15% de la production française d'électricité,
11:37c'est considérable et au regard des perspectives de développement,
11:41qui d'ailleurs vont être discutées dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l'énergie prochainement,
11:45on devrait être autour de 30% d'ici 10 ans.
11:49– D'ici 10 ans et on va beaucoup se projeter comme ça sur l'horizon 2035 dans notre entretien
11:55avec ce premier observatoire du système électrique renouvelable qui a été réalisé avec Capgemini Invent.
12:01Peut-être la leçon principale avant de rentrer dans le détail.
12:04Quelle leçon vous en tirez de cet observatoire ?
12:06– Alors il y a 3 leçons essentielles.
12:08La première c'est que ça y est, les énergies renouvelables électriques,
12:11notamment l'éolien sur terre, l'éolien en mer et le photovoltaïque
12:15sont installés dans le paysage électrique français et dans le paysage énergétique français.
12:20Ça représente aujourd'hui 15% de la production d'électricité,
12:24ça veut dire que cumuler éolien sur terre, éolien en mer et photovoltaïque font plus que l'hydraulique.
12:30C'est historique, c'est la première fois.
12:32Ça c'est le premier enseignement.
12:34Deuxième enseignement qui est important, c'est que quand on regarde les perspectives de développement,
12:38donc on va aller progressivement vers 25-30% de production d'électricité,
12:42il va falloir faire évoluer le fonctionnement de nos systèmes électriques
12:46pour faire rentrer plus de flexibilité.
12:48Donc qui dit plus de flexibilité, ça veut dire déplacer la consommation,
12:52l'heure pleine, l'heure creuse.
12:54Ça veut dire faire rentrer des systèmes de stockage dans le fonctionnement du réseau électrique.
12:58– On en parlera évidemment.
12:59– On reviendra dessus.
13:00Et la troisième chose, ça veut dire rendre pilotables les énergies renouvelables.
13:04Et ça c'est un vrai défi sur lequel il faut qu'on s'attache collectivement.
13:07Et le troisième enseignement qui est important,
13:11c'est qu'en fait, quand on regarde ce qui se passe au niveau des pays européens
13:14et puis au-delà de nos frontières, notamment aux États-Unis,
13:17il y a les choix que l'on fait en matière de modalité de développement
13:21des énergies renouvelables électriques, notamment la taille des projets,
13:24sont des choix qui ont des conséquences en matière de coût du système électrique.
13:28Et nous on pense qu'il est important de garder ce critère coût du système
13:33comme un critère essentiel parce que c'est un élément clé
13:36pour la compétitivité des entreprises,
13:38pour la réussite de la réindustrialisation,
13:40pour la protection du pouvoir d'achat des Français.
13:42Et il faut aller vers des parcs de production d'électricité
13:46qui sont des parcs d'une certaine taille,
13:48qu'on peut qualifier de dimension industrielle,
13:50pour optimiser la compétitivité.
13:52– Alors on va reprendre tous ces éléments,
13:55mais je vais redonner d'abord des chiffres issus de l'Observatoire
14:00qui nous parlent effectivement de cet horizon 2035
14:03avec l'électrification massive des usages.
14:05Vous l'avez dit tout à l'heure, objectif plus d'être à 30%
14:09de consommation d'électricité en 2035,
14:11non, plus 30% de consommation d'électricité en 2035 par rapport à 2023, j'y arrive,
14:15plus 270% de production renouvelable à cet horizon 2035
14:21et plus 15% de production nucléaire à cet horizon.
14:24Ces chiffres, comment vous les obtenez ?
14:26Ce sont les prévisions des entreprises du secteur ?
14:28Quelle a été la démarche pour arriver à cette perspective ?
14:32– A cette perspective, en fait on s'est appuyé sur deux exercices
14:35qui ont été conduits conjointement.
14:37Premier exercice qui a été un exercice de prévision,
14:39le bilan prévisionnel 2035 de RTE.
14:42Vous savez que RTE légalement, régulièrement, fait des prévisions,
14:46c'est sa mission législative d'évolution, la consommation à des horizons 2035
14:51et dit voilà, moi ce que je vois en matière
14:53de développement de la mobilité électrique,
14:55ce que je vois en matière de développement des pompes à chaleur dans le bâtiment,
15:00ce que je vois en matière d'électrification des procédés industriels
15:03me font penser qu'à l'horizon 2035,
15:05on devrait être autour de 600 TWh de consommation d'électricité.
15:10Et à partir de ces 600 TWh,
15:12on regarde quels sont les moyens de production disponibles
15:15que l'on peut mettre en face de cette consommation
15:17pour satisfaire l'équilibre fondamental en permanence
15:20puisque c'est ça le défi du système électrique.
15:22Et en fait ce qu'on constate c'est qu'au cours des 10 à 15 prochaines années,
15:26les seuls moyens de production additionnels que l'on peut avoir
15:29pour produire plus d'électricité,
15:31c'est l'éolien sur terre, l'éolien en mer et le photovoltaïque.
15:35Le nouveau nucléaire va arriver après 2035.
15:39Et donc c'est pour ça qu'on est parti de cette consommation.
15:42On dit ben voilà, pour atteindre cette consommation à l'horizon 2035,
15:45voilà les moyens de production que l'on doit mettre en face.
15:48Et qui prendra la plus grande part ?
15:50L'éolien terrestre, l'éolien en mer, le solaire, le photovoltaïque ?
15:54Ça va être un peu équilibré ?
15:56On sera à cet horizon de temps là, on sera quasiment sur du 1 tiers, 1 tiers, 1 tiers.
16:00À quelques TWh près j'allais presque dire.
16:04Donc on aura 1 tiers de production issue de l'éolien en mer,
16:09puisqu'on aura atteint 18 gigawatts à l'horizon,
16:12ce qui a été annoncé avec la planification spatiale il n'y a qu'un jour.
16:16C'est celui qui va le plus...
16:17C'est celui qui va le plus progresser.
16:19Aujourd'hui on est à 1,5 TWh de production,
16:22on sera autour de 70-80 TWh.
16:25Donc là ça va véritablement exploser.
16:27La production d'électricité à partir d'éolien terrestre va à peu près doubler en 10 ans.
16:36Et la production d'électricité à partir de photovoltaïque va être multipliée par 4 à 5.
16:41Et ça va équilibrer ?
16:44Et ça va équilibrer, on sera à 1 tiers, 1 tiers, 1 tiers.
16:46Alors vous l'avez évoqué, il y a une autre leçon importante de cet observatoire,
16:52et autre enjeu à l'horizon, disons, c'est le stockage de l'électricité.
16:57Déjà, est-ce que la technologie existe ?
16:59Est-ce qu'elle est mature aujourd'hui ? On en est où ?
17:01Elle a énormément mûri au cours des dernières années,
17:05puisqu'aujourd'hui on a des voitures qui fonctionnent à l'électricité,
17:09et ce sont des voitures qui ont une très belle autonomie,
17:11puisqu'on a régulièrement des véhicules qui font 500, 600, 700,
17:14voire, je voyais une publicité il n'y a pas très longtemps, autour de 1000 km.
17:17Donc on est sur des équivalences.
17:19Il ne faut pas trop accélérer quand même.
17:21Mais bon, ce n'est pas grave, ce n'est pas notre débat.
17:23Mais on a ces technologies qui sont là aujourd'hui.
17:25Et en fait, avec la hausse de la production d'électricité à partir d'éoliens sur terre,
17:31en mer et de photovoltaïque, effectivement on a besoin de plus de flexibilité du système.
17:35Donc c'est des batteries stationnaires, c'est ça ?
17:37C'est ça, c'est des batteries stationnaires qu'on va positionner aux endroits du réseau
17:41où ça va être nécessaire.
17:42Et là, il y a un travail très fin qui est en cours avec les opérateurs de réseau,
17:46donc notamment Enedis et RTE,
17:48et qui nous disent, ben voilà, moi on regarde ce que je vois en matière de production,
17:51voilà les endroits où mon réseau va en avoir besoin.
17:54Donc on connaît le volume global, 6 gigawatts à l'horizon 2030,
17:58il y a à peu près 9 gigawatts à l'horizon 2035,
18:01de capacité de stockage qu'il va falloir développer.
18:03Aujourd'hui on est à un peu moins de 1 gigawatt,
18:05donc vous voyez, multiplication par 6 d'ici 2030 et par 9 d'ici 2035.
18:10Et RTE et Enedis sont en train de nous dire, ben voilà,
18:13moi je regarde comment va évoluer mon réseau, je regarde les besoins,
18:15il va falloir en mettre en tel endroit, tel endroit, tel endroit,
18:18et je vais lancer les dispositifs d'appel à projets.
18:20Ça prend quelle place, une batterie stationnaire ?
18:22C'est une petite usine ?
18:24Non, ça va dépendre, en fait, en fonction des capacités, ça dépend,
18:29mais imaginez que ça fait à peu près 3 fois la taille du studio.
18:333 fois, oui, donc c'est pas si grand que ça,
18:36parce qu'il y a aussi tous ces enjeux d'artificialisation des sols, etc.,
18:41et on se retrouve avec des injonctions un peu contradictoires.
18:45Oui, il faut pousser la consommation et la production d'électricité,
18:49et son stockage, et de l'autre, moins artificialiser les sols.
18:52Tiens, un petit zoom sur ce que représente le business des énergies renouvelables.
18:57C'est combien d'emplois aujourd'hui en France, et là aussi,
19:00quelle perspective pour 2035 ?
19:03L'éolien et le solaire, aujourd'hui en France, c'est à peu près 50 000 emplois.
19:07À l'horizon de 2035, on devrait être autour de 80 000 emplois,
19:11notamment des emplois qui sont liés à la maintenance et à l'exploitation des parcs,
19:15ça, c'est extrêmement important,
19:17et puis tous les emplois liés à la construction, au transport, au raccordement, etc.
19:22Donc, on devrait être autour de 80 000 emplois à l'horizon de 2035.
19:26Ce qui fait, en fait, progressivement, des emplois,
19:30et ça, c'est quelque chose qui est très marquant dans les énergies renouvelables électriques,
19:34c'est que ce sont des emplois qui sont souvent localisés, majoritairement localisés dans les territoires ruraux.
19:38Donc, dans des territoires où, j'allais presque dire, structurellement,
19:42on a un peu plus de mal à faire venir de l'emploi et à localiser des jeunes ménages.
19:46Et c'est vrai que les personnes qui travaillent dans les énergies renouvelables sont souvent des personnes jeunes,
19:50la moyenne d'âge est inférieure à 35 ans,
19:52et donc, du coup, quand elles arrivent sur un territoire rural, elles arrivent souvent avec leur famille.
19:56Donc, on fait vivre les écoles, on fait vivre les commerces,
19:58il y a des centres de maintenance qui s'installent, etc.
20:00C'est une vraie spécificité.
20:02Quel type d'emploi ? Est-ce que c'est beaucoup d'emplois d'ingénieurs, d'emplois hautement qualifiés,
20:08sur lesquels vous allez être en concurrence avec beaucoup d'autres secteurs, notamment, je pense, au nucléaire ?
20:12Alors, grosso modo, on a à peu près un tiers des emplois qui est lié à ce qu'on appelle l'ingénierie.
20:18Donc, effectivement, on va retrouver des bureaux d'études pour la conception des projets,
20:23l'étude des impacts environnementaux, le dimensionnement des projets, leur accordement.
20:27Et on a à peu près deux tiers d'emplois qui sont plutôt des emplois de techniciens.
20:31Et là, ce sont des emplois de construction, de maintenance, d'exploitation.
20:36Donc, on est sur un tiers, deux tiers.
20:38Et en fait, nous, ce qui nous semble important dans le moment dans lequel on est,
20:41à l'échelle de l'ensemble du système électrique, c'est de travailler les complémentarités d'emplois entre les filières.
20:46Parce qu'en fait, on a des filières qui ont des rythmes de développement et des besoins d'emploi qui sont différents.
20:51Et on retrouve des besoins de soudeurs, des besoins d'électro-techniciens, etc.,
20:56qui sont communs aux énergies renouvelables électriques, au nucléaire et à l'ensemble des métiers du système électrique.
21:01Et il est important, dans ce moment-là, de travailler les complémentarités,
21:04parce que les carnets de commandes et les rythmes de construction ne se font pas au même rythme.
21:08D'accord. Donc, vous pourriez, vous, en avoir besoin là, dans les dix prochaines années, et le nucléaire un peu plus tard.
21:13Exactement. Ou on peut travailler des synergies entre filières ONR, typiquement,
21:18entre l'éolien sur terre et l'éolien en mer, entre l'éolien sur terre et le photovoltaïque,
21:22entre des projets de stockage et des projets photovoltaïques.
21:25Il faut travailler ces synergies.
21:27Dernier élément sur l'acceptabilité, et à chaque fois qu'on se rencontre, je viens vous chercher forcément sur ce terrain,
21:35qui est très important, le baromètre qualité NR OpinionWeb de 2023,
21:40qui nous dit 98% des Français soutiennent le développement des énergies renouvelables en France.
21:44Bon, on se dit super. Ça y est, on a gagné le combat de l'acceptabilité.
21:48Sauf qu'évidemment, c'est un peu plus compliqué que ça, notamment politiquement.
21:52Est-ce que vous avez poussé un grand ouf de soulagement au second tour des listes latines,
21:55en voyant que le RN n'arrivait pas au pouvoir, et résolument hostile aux éoliennes ?
22:00Évidemment, quand on regardait le programme énergie du Rassemblement National, il y avait de quoi frémir.
22:05Évidemment sur les questions de développement des énergies renouvelables,
22:08mais aussi sur des pans entiers du fonctionnement du système électrique et du fonctionnement du système énergétique,
22:13avec quelque chose qui a été vraiment très marquant pour nous,
22:16c'est qu'en fait, le RN est quand même avant tout, en matière de questions énergétiques, le parti du statu quo,
22:23c'est-à-dire un parti qui nous maintient dans une dépendance mortifère aux énergies fossiles.
22:27Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui, 60% de consommation de l'énergie encore en France dépend des énergies fossiles.
22:33Il y a effectivement un enjeu climat, un enjeu environnemental,
22:37mais il y a un enjeu économique et de souveraineté essentielle.
22:40Donc c'est un parti qui nous maintient là-dedans.
22:43Ce qui est complètement irrationnel quand on se dit être un parti de souveraineté, etc. est particulièrement paradoxal.
22:49Donc effectivement, on a eu ce petit moment de soulagement, mais le sujet est quand même traité très au sérieux aujourd'hui.
22:55On pense que, notamment quand on regarde ce qu'il continue à apporter au sein de l'Assemblée Nationale,
23:00il faut absolument, absolument, absolument faire émerger une expertise politique autour de ces sujets-là,
23:06pour, j'allais presque dire, combattre fortement ça.
23:09Merci beaucoup Michel Gloriat, à bientôt sur Be Smart For Change.
23:12On passe à notre rubrique start-up tout de suite.
23:21Smart Ideas avec Nicolas Zdez, bonjour.
23:23Bonjour Thomas.
23:24Bienvenue, vous êtes le co-fondateur président de Promé.
23:27Vous l'avez créé il y a deux ans avec Rohan Brousseta.
23:30Et avec quelle idée, dites-moi ?
23:32Tout à fait.
23:33Promé, c'est la déesse grecque marine de la prévoyance.
23:36En fait, ce qu'on fait, c'est contribuer finalement à la restauration d'écosystèmes et de puits de carbone côtiers.
23:42Et la manière dont on fait ça, c'est qu'on vient agir sur les rejets,
23:45parce qu'il y a énormément de rejets vers la mer de sites industriels divers,
23:48qui viennent aggraver des phénomènes d'acidification.
23:51Et en améliorant ces rejets, on va avoir un double effet sur l'acidification de l'eau,
23:55et donc des co-bénéfices environnementaux, et aussi des effets carbone qu'on vient monitorer et monétiser.
24:01Donc c'est un système de traitement des eaux ?
24:05C'est ça ? Sauf que je dis ça, ça a l'air simple.
24:08Évidemment, il y a de la recherche et développement, une innovation.
24:12Comment elle fonctionne ?
24:13Tout à fait.
24:14Donc Promé, c'est une start-up deep tech.
24:16Elle est organisée par la BPI.
24:19En fait, c'est exactement ça.
24:20C'est-à-dire que nous, ce qu'on fait, c'est qu'on développe et on déploie des petits systèmes automatisés de traitement de l'eau,
24:24qui viennent se pluguer en aval de sites côtiers qui ont des rejets vers la mer, finalement.
24:28Et on vient améliorer ces rejets.
24:31Encore une fois, monitorer notre impact au niveau local sur les aspects acidification et capture de carbone.
24:38Et alors, vous en êtes où aujourd'hui du développement de l'entreprise ?
24:42Pas encore à la phase industrielle.
24:44On est à quelle étape ?
24:45Alors, on est à l'étape charnière, justement.
24:47Donc là, ça fait tout juste deux ans qu'on s'est lancé.
24:49On a eu la chance d'avoir un certain nombre de prix internationaux.
24:51Et aujourd'hui, on a une équipe de sept personnes, d'étudiants internationaux, ingénieurs, PhD.
24:57Et on a un premier pilote de laboratoire.
24:59Et on travaille à un premier démonstrateur industriel, du coup, sur un site partenaire.
25:03Et alors, ça veut dire que vous cherchez quoi ?
25:05Vous cherchez des partenaires financiers, des partenaires industriels pour grandir encore ?
25:10Alors, tout type de partenaires.
25:12On a vraiment besoin de tout le monde là-dessus.
25:14Nous, on pense qu'il y a des...
25:16Donc, le premier projet, malheureusement, il ne se fera pas en France.
25:19Le premier partenaire qu'on va trouver, c'est un partenaire européen.
25:21Mais la France a un potentiel massif parce qu'on a des acteurs, évidemment,
25:24autour de l'eau, des déchets, de l'énergie qui sont majeurs.
25:27Et donc, ce qu'on cherche...
25:28On a des côtes un peu partout.
25:30Aussi, avec le plus grand territoire, la deuxième zone marine au monde.
25:35Et l'année prochaine, ce sera l'UNOC, évidemment.
25:38C'est quoi l'UNOC ?
25:39La Conférence des Nations Unies pour l'Océan, qui aura lieu à Nice en juin.
25:42Et donc, il y a un certain nombre de...
25:45Enfin, la France est assez active sur ces sujets-là.
25:47Et donc, nous, on porte ces solutions, justement,
25:49qui peuvent se déployer en France et aussi à l'international.
25:52Vous nous rappelez ce que cette acidification des océans provoque ?
25:56Parce qu'on est au cœur de votre modèle et de la solution que vous proposez.
26:00L'acidification, c'est un sujet qui est assez grave, assez sérieux, malheureusement.
26:06C'est une des neuf limites planétaires,
26:08vraisemblablement la prochaine qu'on va dépasser.
26:10Et en fait, c'est lié à nos émissions de CO2, quelque part.
26:13C'est-à-dire que les émissions de CO2, on parle beaucoup,
26:15encore qu'on n'en parle pas suffisamment,
26:17des effets sur le réchauffement climatique.
26:19Mais le CO2, c'est aussi un acide qui vient se diluer dans l'eau,
26:22un peu comme du CO2 dans une boisson pétillante.
26:25Et ça vient acidifier les eaux de surface,
26:28avec des conséquences qui sont assez dramatiques.
26:30Parce qu'un acide sur du calcaire, c'est comme du vinaigre.
26:33Donc, ça vient dissoudre.
26:34Et dans la mer, ça vient dissoudre les coquilles d'organismes calcifiants.
26:37Et donc, on imagine bien les conséquences sur les écosystèmes marins, naturels,
26:41mais aussi les activités humaines, pêche, aquaculture, conchiculture.
26:44Donc, c'est à la fois le corail qui est mis en péril,
26:48mais aussi le trait de côte, c'est ça ?
26:49Il y a ce double effet, si je vous comprends bien ?
26:52Alors, tout à fait.
26:54Donc, il y a l'écosystème naturel, on pense tout de suite au corail,
26:56mais même sous nos latitudes, tout ce qui est récifs d'huîtres naturels.
26:59Et puis aussi, les activités humaines qui sont autour,
27:02parce que ça va avoir des impacts sur différents stades de vie
27:05d'un certain nombre d'animaux marins.
27:07Encore une fois, là, on parle de niveaux d'acidité de l'eau
27:09qui sont 30 % plus élevés qu'à l'époque pré-industriale.
27:15Donc, on imagine la mer 30 % plus acide.
27:18Vous avez été sélectionné dans un concours international
27:22qui s'appelle X-Prize, c'est ça ?
27:23Tout à fait.
27:24Il y a 100 solutions à impact sur le climat.
27:27Il y a deux entreprises françaises, c'est ça ?
27:29Tout à fait.
27:30Donc, on a eu la chance, avec une autre entreprise française
27:32qui s'appelle Net Zero, qui fait de la biomasse spiralisée
27:34dans les pays tropicaux, et Pronoé,
27:37qui est notre solution innovante,
27:40qui a été reconnue innovante dans le cadre de ce...
27:43innovante et à haut potentiel
27:45dans le cadre de ce concours international.
27:47Qu'est-ce que ça vous ouvre comme porte, ça ?
27:49Toujours de la reconnaissance, et puis, on espère des accès
27:53à faciliter des financements et des partenariats,
27:56parce que l'idée, c'est vraiment ce sur quoi
27:58on a construit notre solution, c'est autour de grands principes,
28:01autour de la frugalité, la durabilité
28:03et la déployabilité aussi, c'est-à-dire s'appuyer au maximum
28:06sur des phénomènes naturels, on en a parlé,
28:08mais aussi des infrastructures, des flux logistiques
28:12et des chaînes de valeur existantes, en fait,
28:14pour déployer le plus rapidement possible notre solution.
28:16Merci beaucoup Nicolas Zdez et bon vent à Pronoé.
28:19Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:21Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
28:24À très vite.
28:25Merci.