Vendredi 6 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Ambroise Collon (Directeur Général et cofondateur, Les Nouveaux Géants) , Diane Mordacq (Chargée de projets, Club Demeter) , Kaelig Sadaune (fondateur et PDG, Brawo) , Julien Denormandie (Responsable de l'Impact, Sweep, ancien ministre de l'agriculture) et Olivia Caron (cofondatrice, Cloz)
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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif et c'est une version XXL
00:15que je vous propose aujourd'hui avec un nouveau rendez-vous, prêt pour l'impact. C'est la question que je poserai chaque semaine.
00:21Un acteur majeur de notre économie, les DG des plus grands groupes, mais aussi des ministres, des intellectuels et des personnalités engagées.
00:29Et pour lancer cette nouvelle rubrique, c'est Julien Denormandie qui sera mon invité tout à l'heure, ancien ministre de l'agriculture, ancien ministre du logement.
00:37Il était au cœur de ces enjeux de transformation environnementale et aujourd'hui, avec la start-up Sweep, il accompagne les entreprises dans leur démarche
00:44de durabilité et de bilan extra-financier. Dans ce Smart Impact, je recevrai également Diane Mordac, chargée de projet au club Demeter,
00:53pour parler de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur. Notre débat sera consacré au baromètre
01:01des offres d'emploi à impact, notamment dans les métiers du bâtiment. Et puis, dans notre rubrique start-up, je vous présenterai Close.
01:10C'est une appli qui combine l'intelligence artificielle et des conseils stylisme personnalisés. Voilà pour les titres. C'est parti pour une heure
01:19de Smart Impact avec celles et ceux qui font de ces enjeux de transformation un axe fort de leur stratégie.
01:25♪♪♪
01:31L'invité de ce Smart Impact, c'est Diane Mordac. Bonjour. – Bonjour.
01:35– Bienvenue. Vous êtes chargée de projet au club Demeter. On va parler de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays sud-américains
01:41du Mercosur. D'abord, quelques mots de présentation de Demeter. – Oui, bien sûr. Donc le club Demeter, c'est là où je travaille.
01:47Donc le club Demeter, c'est un club de dirigeants, un club d'entreprises et d'organisations professionnelles qui rassemble aujourd'hui 90 membres.
01:55Donc en fait, le club Demeter travaille avec les dirigeants de ces entreprises et organisations. On est là, en fait, pour les informer sur des sujets
02:03qui ne seraient pas leur sujet du quotidien, l'intelligence artificielle ou d'autres choses qui sont comme ça. Et donc, ces dirigeants viennent chercher
02:11de l'information au club Demeter et aussi viennent chercher un lieu où ils peuvent faire du networking avec les autres dirigeants du même secteur.
02:17– Et c'est un club qui est spécialisé sur l'agriculture ou pas forcément ? – Oui, en fait, les membres du club Demeter sont soit des coopératives agricoles,
02:25mais ça peut être aussi des entreprises privées qui sont au niveau de la transformation, donc l'agroalimentaire, mais aussi tout ce qu'il y a autour
02:32de l'agriculture, donc par exemple les engrais ou les produits de traitement. – Et donc au cœur de ces enjeux du Mercosur, alors je rappelle que c'est
02:41l'abréviation de marché commun du Sud en espagnol. Cet accord-là qui est tant décrié, qui mobilise de nouveau nos agriculteurs, qu'est-ce qu'il contient ?
02:51C'est quoi les grands principes ? – Oui, alors d'abord, juste avant de rentrer peut-être sur les principes, rappelez le Mercosur, donc c'est 5 États d'Amérique du Sud.
02:59– On va aller voir s'afficher, Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie. – Tout à fait, le PIB du Mercosur, c'est 5% du PIB mondial.
03:08Au niveau de la population, c'est 4% de la population mondiale. En face, on a l'Union européenne, donc 27 États membres.
03:13L'Union européenne, c'est plutôt 15% du PIB mondial et 6% de la population. Donc voilà, c'est pour rappeler les deux grands acteurs.
03:21Et ensuite, ce qu'est cet accord ? Donc c'est un accord de libre-échange, un accord commercial qui appartient à un paquet plus large,
03:29dans lequel on a aussi la coopération, par exemple, politique. Le but de cet accord, comme tout accord commercial, c'est de multiplier les échanges,
03:36donc dans un sens et dans l'autre. Donc voilà, en jouant sur les droits de douane qui seraient réduits.
03:42– Oui. C'est un marché, vous avez donné le pourcentage, mais ça représente 270 millions d'habitants.
03:48Alors c'est même beaucoup plus si on rajoute les pays associés au Mercosur, Chili, Colombie, Pérou.
03:55Ma première réaction, c'est pourquoi se priver d'autant de débouchés ?
04:00– Alors pourquoi se priver d'autant de débouchés ? C'est vrai qu'en fait, quand on fait un accord de libre-échange,
04:05une des idées qu'il y a derrière la tête, souvent, c'est d'avoir des débouchés pour certains secteurs d'activité.
04:10Puisque nous, on sait que l'Union Européenne, c'est quand même un marché qui est assez mature,
04:14une population qui n'augmente plus vraiment, certains pays même qui perdent en population,
04:18alors qu'il y a d'autres continents, comme l'Amérique du Sud, mais c'est vrai aussi en Asie,
04:22où la population est en croissance, où la population augmente, mais aussi le pouvoir d'achat des personnes augmente.
04:28Donc ça permet en effet d'avoir des débouchés. Sauf qu'en parallèle, comme dans tout traité de libre-échange,
04:32il y a des gagnants et des perdants, je parle au niveau des secteurs d'activité.
04:35Là, les gagnants, on en parle souvent, ce serait le secteur automobile, par exemple, notamment avec l'Allemagne, et le perdant…
04:41– Mais bon, les constructeurs français, ils peuvent en profiter aussi.
04:43– Oui, voilà, non mais tout à fait, oui.
04:45– On ne doit pas leur interdire d'aller sur le marché sud-américain,
04:48il n'y a pas que les constructeurs allemands qui peuvent en profiter.
04:50– Non, en effet, oui, bien sûr, il y a plein de… enfin, il y a différents secteurs de différents pays.
04:55Et au niveau… là où ça coince, en fait, c'est au niveau agricole.
04:57Bien sûr, il y aura aussi des gagnants au niveau agricole, on pense par exemple au producteur de vin.
05:02Qui pourrait exporter plus de vin, plus de champagne, mais ça coince par rapport surtout aux bovins et au sucre.
05:09Parce que ces pays d'Amérique du Sud sont producteurs, nous aussi sommes producteurs.
05:12Sauf qu'aujourd'hui, on produit et on est moins compétitif.
05:15Donc ça permettrait, en fait, il y aurait ces produits qui rentreraient et les nôtres qui seraient désavantagées.
05:20– Pourquoi il fait débat en ce moment ? La signature est proche ?
05:23– Il y a eu le G20 au Brésil, je pense que c'est un an aussi après les manifestations agricoles de l'an dernier.
05:35Donc il y a un peu tout ça qui se remet en route.
05:38Et je pense que le G20, il y avait aussi cette appréhension de signature du Mercosur, de l'accord pendant le G20.
05:44– Alors on va peut-être rentrer un peu dans le détail de ce que ça représente au niveau européen.
05:48Parce que c'est aussi intéressant sur la place de la France, l'isolement de la France,
05:54peut-être même aussi le poids d'un Emmanuel Macron aujourd'hui au niveau international.
06:00La France semblait très isolée au départ, elle l'est peut-être un peu moins aujourd'hui, est-ce qu'on peut dire ça ?
06:04– Oui, elle l'est moins puisqu'il y a des pays qui se rallient autour de la France.
06:09Par exemple la Pologne dernièrement.
06:12Il y a l'Italie aussi qui a fait savoir qu'elle partageait la position de la France.
06:16Je ne pense pas qu'on puisse parler d'une France qui est isolée.
06:18Je pense qu'en fait il y a des intérêts qui sont différents au sein même de l'Union européenne,
06:21qui fait que sur certains dossiers, oui, les pays sont isolés.
06:24Mais je pense qu'on a quand même encore de l'influence au sein de l'Union européenne.
06:28Et je pense que le fait de parler de ce sujet sous tous les angles, pas juste l'angle économique,
06:33mais aussi rappeler ce qu'est l'agriculture, ce que ça apporte au niveau social par exemple,
06:37ce que ça pourrait apporter aussi au niveau environnemental.
06:39On parle de capture du carbone grâce à l'agriculture.
06:42On parle aussi, grâce à l'élevage, d'avoir des engrais qui sont biologiques
06:46pour ensuite faire de l'agriculture biologique.
06:48Rappeler vraiment tout ce qu'est l'agriculture et ce qu'elle permet aujourd'hui
06:51et ce qu'elle peut permettre aussi dans le futur.
06:53L'objectif, ce n'est pas forcément d'interdire cet accord, c'est de l'améliorer ?
06:58Oui, c'est de le changer parce que là en fait on est sur une base qui date de 2019.
07:02Il y a eu un accord de principe qui a été signé en 2019.
07:06On peut rappeler que ça fait 25 ans qu'il est sur la table, depuis 1999 quand même.
07:09Oui, c'est ça, donc ça fait un moment.
07:11Et en 2019, il y a eu cet accord de principe qui a été conclu,
07:15mais qui reste un accord de principe, donc ce n'est pas un accord qui a été mis en place.
07:20Depuis 2019, rien n'est fait.
07:24Et donc ce qu'il faut, c'est la dernière version de cet accord,
07:27celle qui sera ratifiée et mise en place.
07:30Il manque un pays au niveau européen,
07:33parce qu'il faut, je crois, 4 pays qui représentent 35% de la population de l'Union,
07:38c'est ça, pour réussir à bloquer un accord ?
07:40Il faut 4 pays qui représentent 35% de la population de l'Union européenne
07:45pour bloquer au niveau du Conseil européen cet accord.
07:48Mais on n'a pas encore la version finale de l'accord,
07:52donc on ne sait pas non plus si, au final,
07:54la version qu'on nous présentera sera bénéfique aussi pour la France et son agriculture.
07:58Est-ce qu'on ne noircit pas le tableau, quand même,
08:00sur notamment ce bœuf brésilien qui déferlerait sur nos étages ?
08:06Je ne vais pas rentrer dans le détail des chiffres,
08:08mais ça ne représente pas des pourcentages très importants du bœuf consommé en France ou en Europe ?
08:14Oui, je pense qu'en effet, il faut voir qu'il y a des quotas qui seraient appliqués,
08:19enfin, il y a un pourcentage seulement qui pourrait rentrer sur notre territoire.
08:23Mais ce qu'il ne faut pas oublier aussi, c'est par ailleurs les autres accords de libre-échange qu'on a,
08:28qui font aussi rentrer des produits agricoles sur notre territoire.
08:32On pense à l'Ukraine, on pense aussi au Canada ou à l'Australie, la Nouvelle-Zélande.
08:36Donc c'est un peu tout ça cumulé, je pense, qui commence à effrayer.
08:40Et je pense que c'est aussi un moment donné où nos producteurs, nos éleveurs,
08:44sont aussi dans une passe un peu difficile, avec des coûts de production qui sont élevés,
08:48les prix du marché qui ne sont pas aussi élevés qu'il faudrait.
08:52Donc je pense que c'est tout ça, en fait, qui fait que ça devient indigeste.
08:55Mais c'est ce que ça révèle d'ailleurs, c'est ça qui est intéressant dans cette crise du Mercosur.
08:59Qu'est-ce que ça révèle comme faille beaucoup plus structurelle de notre agriculture ?
09:03Ça révèle que notre agriculture dans l'Union européenne,
09:07et en particulier française, est peu compétitive au niveau économique.
09:12Peu compétitive pour des raisons qui sont totalement valables,
09:15parce qu'on s'intéresse plus maintenant peut-être à l'environnement, on fait plus attention.
09:19Donc il y a des choses qui prennent plus de temps, qui donc coûtent plus cher à produire.
09:23Il y a des raisons aussi qui sont peut-être un peu moins valables.
09:26On parle souvent de la bureaucratie et de toutes ces normes qui se superposent.
09:32Donc ça montre qu'on est peu compétitif au niveau économique.
09:38Mais cette transposition des normes qui est effectivement beaucoup critiquée par les agriculteurs français,
09:48il y a certainement plein de secteurs où les normes européennes et les normes françaises se superposent.
09:53On est souvent aussi en France, sur certains points, mieux disant.
09:57Mais est-ce que ce n'est pas aussi un atout que d'être plus ambitieux en matière environnementale ?
10:03Bien sûr, c'est tout à fait un atout, je pense que...
10:05Mais ce n'est pas ce qu'on entend forcément dans la vie des agriculteurs.
10:07Ce n'est pas ce qu'on entend, mais après, il y a des agriculteurs très différents.
10:13Bien sûr.
10:13On entend des choses. Après, il y a des choses qui sont plus relayées que d'autres.
10:16Mais bien sûr, c'est un atout que de voir le côté positif de l'agriculture pour l'environnement, parce qu'il y en a plein.
10:23Et c'est ce qui est aussi toute la difficulté de l'agriculture.
10:26C'est parce qu'on parle d'une production comme une autre, mais qui en même temps travaille avec l'environnement, avec le vivant.
10:34Donc c'est là toute la complexité.
10:35Et d'être ambitieux sur ces points-là, bien sûr que c'est très bien.
10:39Je pense qu'il nous reste encore du temps pour...
10:42Enfin, il faut qu'on trouve des méthodes qui soient plus efficaces, même au niveau environnemental.
10:47Je pense que tout le monde est en ordre de bataille pour réussir à produire tout en faisant plus attention à l'environnement.
10:54Mais oui, l'ambition, c'est super.
10:56Après, il ne faut pas oublier le contexte international, avec quand même des poids lourds économiques,
11:01aussi bien sur tous les secteurs que sur les secteurs agricoles.
11:05Et aussi des acteurs qui ne sont pas forcément plus lourds que nous,
11:10mais qui sont peut-être plus dynamiques ou, si je peux utiliser un autre mot, plus agressifs.
11:14Oui, effectivement, avec notamment les États-Unis et cette guerre commerciale que Donald Trump est en train de rallumer.
11:20D'ailleurs, peut-on se partir du marché sud-américain dans un contexte comme celui-là ?
11:24Tiens, ça aurait pu être une autre question supplémentaire.
11:26Merci beaucoup, Diane Mordac, d'être venue partager votre analyse et à bientôt sur The Smart for Change.
11:31On passe à notre débat, les offres d'emplois à impact au programme.
11:35On fait l'état des lieux de la transformation des métiers à impact avec Kylie Xadon.
11:46Bonjour.
11:46Bonjour.
11:47Bienvenue. Vous êtes le fondateur et le président de Bravo Ambroise Colomb.
11:51Bonjour.
11:51Fondateur des nouveaux géants.
11:53Vous connaissez les lieux.
11:54Vous êtes déjà venu dans l'émission l'un et l'autre.
11:57On va quand même présenter de nouveau vos entreprises.
11:59Bravo, en quelques mots.
12:01Oui, puis on grandit avec le temps aussi.
12:03Oui, il y a plein de choses à raconter.
12:05Bravo. Aujourd'hui, on est un groupe de recrutement spécialisé.
12:08On accompagne les entreprises dans leur recrutement,
12:12surtout des recrutements liés à leur transformation, transformation durable,
12:15transformation digitale, sociétale également.
12:18Et on accompagne plutôt des entreprises partout sur le territoire,
12:21qui sont plutôt des PME et des ETI dans leur recrutement.
12:25Et les nouveaux géants, Ambroise Colomb ?
12:26Les nouveaux géants, nous, on est un organisme de formation et de recherche
12:30sur la transition écologique des métiers.
12:32Donc, on va penser la prospective d'un métier comme les achats, la finance, l'IT,
12:37plutôt des métiers de cadre.
12:39Et comment ce métier va contribuer à la transition écologique ?
12:42Et à partir de là, on crée les parcours de formation pour accompagner ces équipes.
12:45Plutôt du coup, ETI et grands groupes de notre côté et tout secteur des SFR, des ETI et compagnie.
12:51Est-ce que votre métier, vos métiers d'ailleurs, il est encore plus crucial aujourd'hui ?
12:56C'est-à-dire qu'on est dans une période de transformation.
12:59C'était sans doute vrai aussi il y a 50 ou 70 ans.
13:02On se disait toujours, tiens, quels seront les métiers d'avenir ?
13:04Mais est-ce que c'est encore plus vrai aujourd'hui, cette rapidité de transformation ?
13:09Je pense qu'il y a une accélération de la transformation du point de vue des sujets de la RSE.
13:14C'est évident, c'est-à-dire que même nous, on a démarré il y a trois ans et demi.
13:19Honnêtement, il y a trois ans et demi, ce sujet-là, il n'existait pas aussi concrètement.
13:23Il y avait se sensibiliser, mais il n'y avait pas se transformer.
13:26Et puis, d'un autre côté, on se rend compte que les gens sont vraiment demandeurs de ça.
13:33Il y a une étude qui est parue qui dit que 60 % des gens pensent que leur métier sera plus intéressant
13:38dans un monde post-transition écologique.
13:40Donc, il y a une vraie appétence à faire son métier différemment.
13:43C'est vrai pour les enjeux de la transition environnementale, mais aussi de la transition numérique.
13:48C'est-à-dire qu'on pourrait pousser le bouchon plus loin en posant la question des métiers
13:52qui vont disparaître ou radicalement se transformer avec l'intelligence artificielle.
13:56Finalement, les deux sont très liés.
13:57Aujourd'hui, on parle de « green tech » et on le voit dans les métiers que nos clients,
14:01les postes, les émissions que nous confinons aux clients,
14:04où on se retrouve de plus en plus à la croise des chemins entre des métiers très liés à la transformation durable,
14:09sur l'électrification de procédés, sur la gestion des achats, sur l'intelligence artificielle.
14:15On a vraiment cette fusion du digital et de la transformation durable qui s'opère sur les métiers.
14:21On va parler du bâtiment durable.
14:23Vous avez publié un baromètre des offres d'emploi à impact dans ce secteur.
14:26Un mot de la méthodologie, rapidement.
14:28Oui, c'est un baromètre qu'on a lancé il y a deux ans.
14:31On scanne l'ensemble des offres d'emploi sur le web avec des requêtes sémantiques un peu techniques,
14:36ce qui nous permet, à partir de ça, d'en faire des statistiques assez quantitatives
14:40et de voir comment évoluent ces métiers sur l'impact dans le bâtiment.
14:43Mais on regarde aussi d'autres secteurs comme les énergies renouvelables, etc.
14:46Je reste sur le bâtiment.
14:48Premier enseignement, c'est un secteur qui recrute ?
14:51Le bâtiment durable est un secteur qui recrute énormément.
14:54On a énormément de projets de rénovation.
14:56C'est assez antinomique avec ce qu'on peut voir et entendre dans les journaux et à la télé
15:00où on se dit le bâtiment, secteur en crise, etc.
15:02En fait, on observe vraiment une vraie augmentation de la part de marché
15:06des offres d'emploi à impact dans ce secteur-là.
15:10On va parler en rénovation énergétique, évidemment, sur la construction nouvelle.
15:14On a tout un écosystème qui est en train de se construire autour de ces sujets-là.
15:17Ambroise Collomb, vous avez également une étude sur la transformation des métiers.
15:22Là aussi, il y a une leçon principale, une leçon générale à en tirer ?
15:25Oui, la leçon principale, c'est que tous les métiers vont se transformer.
15:30Et ce qu'on a essayé de faire, c'est de faire quelque chose de très pratique.
15:33C'est un travail d'un an et demi avec 250 personnes
15:37dans lesquels on a sorti une méthode de transformation de l'organisation.
15:42Il y a beaucoup d'entreprises qui prennent le sujet un métier par un autre.
15:46C'est vraiment une transformation globale et il faut le penser en global.
15:49Donc, on propose une méthode.
15:51Et la deuxième chose, c'est qu'on est rentré dans 11 fiches de postes métiers
15:54et on fait la prospective très concrète.
15:56Quelles sont les nouvelles missions, les nouvelles compétences, les nouveaux KPI
15:59des gens dans les achats, dans la logistique, dans la R&D ?
16:0211 fiches de postes, des postes qu'on trouve dans la plupart des entreprises en cross-secteur.
16:06Quand vous dites transformation globale, ça veut dire quoi ?
16:08Ça veut dire que si je transforme un métier par capilarité, les autres le seront aussi ?
16:13C'est ça le message que vous avez à faire passer ?
16:15En fait, si on veut faire par exemple de l'économie circulaire dans l'entreprise,
16:20il faut revoir l'offre, il faut revoir la logistique, il faut revoir ce qu'on compte.
16:24Donc, il faut revoir la finance.
16:25En fait, dès qu'on fait un vrai projet de transition dans l'entreprise,
16:29tous les métiers sont impactés.
16:30Et si l'offre bougeait toute seule,
16:33mais qu'on ne sait pas faire de la reverse logistique pour ramener les produits,
16:36en fait, ça ne marcherait pas.
16:37Donc, c'est pour ça que…
16:39Et là, c'est qu'un exemple de l'économie circulaire.
16:41Et si on va encore plus loin, sur des notions comme l'économie régénérative,
16:45là, c'est des transformations qui basculent le modèle en entier.
16:48Oui. Vous publiez dans votre baromètre, sur le bâtiment durable, toujours,
16:52le top 10 des métiers les plus recherchés.
16:54On va aller voir s'afficher.
16:55Ça va de technicien de maintenance, j'y arrive, CVC,
16:59chef de pronégie climatique, etc., etc.
17:01On va voir la liste s'afficher.
17:05Quand je vois cette liste, je me dis que c'est pratiquement tous les métiers,
17:08même si le bâtiment, il y a une gamme de métiers très vastes.
17:12Mais il y a vraiment des secteurs où il y a une bagarre pour obtenir ces postes ?
17:20Il y a une pénurie de talent généralisé, de toute façon.
17:22Ça, c'est pas… On n'invente rien en disant ça.
17:25Et encore plus maintenant, on a un enjeu de transformation qui est de plus en plus rapide.
17:292050, décarbonation totale, etc., les enjeux sur 2030.
17:33Et en fait, ce qu'on se rend compte, c'est qu'on décarbone à marche forcée,
17:36sans forcément promouvoir, en tout cas mettre en amont des formations
17:40qui répondent directement aux besoins des entreprises,
17:43notamment sur des métiers très techniques,
17:44ou en tout cas des formations qui vont mettre du temps à sortir des nouveaux candidats.
17:47– Oui, c'est la question que j'allais vous poser.
17:48Est-ce que, parce que j'ai reçu plusieurs fois des directeurs et directrices
17:52de grandes écoles ou d'universités, etc., ils ont quand même pris ce virage ?
17:55Mais ça prend du temps avant que les premiers formés arrivent.
17:59– Déjà, oui, ça prend du temps.
18:02On parlait des tas d'entreprises, les entreprises ne sont pas égales.
18:05Des grands groupes sont beaucoup plus en avance.
18:06Ils ont des centres de formation, ils ont mis en place des choses,
18:08ils ont pu faire de la prospective, etc.
18:10Aujourd'hui, les PME, c'est un peu les grands oubliés.
18:14Ils sont un peu laissés à l'abandon sur ces sujets-là.
18:16Et effectivement, nous, aujourd'hui, on nous demande des profils en CVC,
18:20par exemple, avec 5 ans d'expérience, etc.
18:23Sauf que les formations sont assez récentes, vous connaissez ça très bien.
18:26Donc en fait, on se bataille en permanence à essayer de trouver des candidats
18:30qui ont tout le parcours et l'expérience nécessaire,
18:34sans pour autant, forcément, avoir la formation
18:36qui répond exactement aux besoins du client.
18:38– Est-ce qu'il y a une bagarre spécifique pour les métiers verts ?
18:40Je mets des guillemets, c'est une simplification,
18:42mais est-ce que vous le ressentez, ça, M.Colomb ?
18:45Dans tous les secteurs, au-delà du bâtiment, durable, etc.
18:49– Moi, ce que j'ai compris, c'est que ce qu'on appelle les métiers verts,
18:53donc les nouveaux métiers, c'est différent des métiers verdissants,
18:56c'est-à-dire les métiers qui existaient déjà et qui se transforment.
19:00Et sur les métiers verts, en effet, les compétences sont très rares en général.
19:05Et ce qui est récent, c'est que les métiers verdissants
19:09deviennent un sujet qui intéresse de plus en plus les entreprises,
19:11dans le sens où elles ont compris depuis un an
19:15que tout le monde dans l'entreprise allait bouger,
19:17et donc du coup, qu'il ne fallait pas seulement recruter de l'expertise,
19:21mais en même temps faire bouger.
19:22J'ai un exemple d'une entreprise qui s'est mise à faire de l'éco-conception,
19:26ils ont commencé par recruter un expert,
19:28seulement ils étaient 250 concernés dans l'équipe produit,
19:31et donc on est allé les voir, ils ont dit c'est bon, on a un expert,
19:34puis un an après, ils nous ont rappelé en disant,
19:36non mais en fait, il faut quand même que les 250, ils y aillent aussi.
19:38Pour parler le même langage.
19:39Pour parler le même langage, et parce qu'en fait, c'est leur métier qui est différent,
19:43c'est-à-dire qu'ils étaient des concepteurs de produits,
19:45ils ne savaient pas faire des années de cycle de vie,
19:47et donc demain, ils doivent mesurer l'impact d'un produit,
19:50comme ils mesuraient le coût, la qualité, la demande de clients.
19:53Ce que je retiens de ce que vous nous avez dit tout à l'heure,
19:56c'est qu'on peut compter sur les organismes de formation, les écoles, etc.,
20:02mais les entreprises elles-mêmes, finalement, deviennent,
20:06alors ce n'est pas nouveau, mais de plus en plus des centres de formation,
20:11quand elles en ont les moyens.
20:12Elles sont obligées, tout simplement,
20:13parce que moi, j'aime bien dire qu'il n'y aura pas de transformation durable sans talent,
20:17et il faut bien justement former les gens à ça en fait,
20:20à tous ces sujets, à tous ces nouveaux métiers, ces métiers verts, ces métiers verdissants,
20:23et si on se place aussi du côté des candidats,
20:26c'est un sujet qu'on n'a pas abordé,
20:27mais il y a un vrai enjeu d'attractivité pour les entreprises,
20:30parce que les candidats sont plus que jamais en quête de sens aujourd'hui,
20:33et à offre égale, à entreprise égale, à salaire égal,
20:36même peut-être un salaire plus élevé,
20:37ils vont peut-être préférer un salaire moins élevé,
20:40mais avec une entreprise qui a des vraies valeurs,
20:41en tout cas qui propose un vrai projet de société sur de la décarbonation,
20:44sur des métiers à impact.
20:45Et là-dessus, juste pour rebondir, les opérateurs de compétences,
20:50les opcos, qui sont les organismes de l'État chargés de la montée en compétences,
20:54sont en train de bouger.
20:55La loi Climat et Résilience leur impose d'accompagner les entreprises,
21:00pas seulement sur comment je peux vous financer des formations,
21:02mais sur comment vous allez faire votre transition.
21:04Et ils sont en particulier au contact des PME.
21:07Et nous, il y a un opco en particulier qui est l'opcommerce,
21:09dont on va former tous les conseillers emploi formation en région,
21:12pour qu'eux-mêmes soient en capacité d'accompagner les RH et les dirigeants des PME
21:16pour faire cette transformation à l'intérieur.
21:19Ça bouge à tous les niveaux.
21:20L'État aussi accompagne cette transformation.
21:22– Et est-ce que, pour les salariés eux-mêmes,
21:25je ne parle pas de recrutement des salariés qui sont déjà dans des entreprises,
21:29vous leur conseillez de faire ces formations,
21:32vous voyez ce que je veux dire,
21:34d'intégrer la durabilité finalement à leur niveau de compétence ?
21:40Et est-ce que les entreprises le font suffisamment ?
21:42– Alors, je me lance la réponse à ma question.
21:45Non, elles ne le font pas suffisamment.
21:46En tout cas, sinon, on aurait beaucoup plus avancé sur tous ces sujets-là.
21:49Et aujourd'hui, les candidats…
21:51– Pour que sa carrière avance plus vite, vous voyez ce que je veux dire.
21:54– Oui, mais en fait, ils sont demandeurs.
21:56Vous le devez le voir tous les jours.
21:57Aujourd'hui, les salariés sont demandeurs d'être formés sur ces sujets-là, clairement.
22:01Et souvent, et c'est là où je m'ablaisse peut-être chez les plus petites entreprises,
22:04c'est qu'elles n'ont pas forcément les moyens
22:05de mettre en place des programmes de formation adaptés.
22:08Et même, je dirais même, de projeter leurs salariés
22:11dans un écosystème plus vert ou dans une économie plus verte.
22:14Et souvent, c'est ok, on me demande de me décarboner,
22:16mais comment je fais, clairement ?
22:18Avec quelles compétences ? De quoi j'ai besoin ?
22:20Et ça, c'est un peu le sujet de l'identification des besoins,
22:22l'identification des compétences.
22:24– Et c'est ce que vous proposez, on voit ce que vous proposez.
22:26Je ne sais pas, il y a un juriste, un acheteur, un informaticien
22:29qui se pose cette question-là.
22:31A la fois, on peut voir le côté positif ou négatif.
22:35Côté positif, je veux donner du sens, je veux être un acteur de cette transformation.
22:39Et puis côté un peu plus cynique, je veux peut-être mieux gagner ma vie,
22:42être chassé par d'autres boîtes.
22:45Et les deux sont compatibles.
22:48Quel conseil vous donnez ?
22:50Si votre entreprise n'a pas une offre de formation continue
22:54suffisamment structurée pour ça ?
22:56– Alors déjà, c'est la raison pour laquelle on a fait cette étude
23:00pendant un an et demi, c'est que pour chacun des métiers
23:02que vous avez cités, pour 11 métiers,
23:04on a 20 pages sur, concrètement, à ton niveau,
23:08qu'est-ce que tu peux faire ?
23:09– Donc tu es juriste, qu'est-ce que tu peux faire ?
23:11– Tu es juriste, qu'est-ce que tu peux faire ?
23:12C'est le document le plus complet, le plus concret qui existe.
23:19Je le dis parce que je ne l'ai pas dit,
23:21on s'est entouré de beaucoup de monde pour le faire,
23:23on était avec le C3D qui nous a ouvert les portes
23:25de plein d'entreprises avec qui on a pu échanger.
23:28Ça ne s'est pas fait tout seul, il y a les collectifs,
23:30il y a le Crossy, il y a Make Sense,
23:32ce sont des partenaires qui nous ont aidé à réfléchir le sujet
23:35pour en faire quelque chose qui soit vraiment concret.
23:37Donc un, servez-vous-en, c'est ça,
23:39on ne sait pas pour faire de la pub pour l'étude,
23:41mais servez-vous-en parce que c'est gratuit et on l'a fait pour ça.
23:44– Elle est disponible sur le site Les Nouveaux Géants,
23:46c'est facile, c'est disponible, c'est au cas de source.
23:48– Et après l'autre sujet, c'est identifier quelle est votre zone d'impact.
23:53Et en deux mots, il y en a trois, l'impact direct,
23:57c'est comment j'ai un impact sur le bilan carbone
23:59pour faire simple de l'entreprise, l'impact indirect,
24:01c'est comment j'ai de l'impact sur mes collègues,
24:04par exemple je suis en RH, je peux changer les rémunérations
24:07pour faire bouger les autres, et l'impact systémique,
24:09c'est comment j'ai un impact sur l'extérieur,
24:11et donc c'est, je suis en communication,
24:14je vais faire des communications à la télé,
24:16je vais pouvoir changer les pubs que je fais
24:18pour faire évoluer les imaginaires,
24:20donc j'ai fait bouger mes parties prenantes.
24:22– Merci beaucoup, merci à tous les deux
24:24et à bientôt sur Be Smart For Change.
24:27C'est une nouvelle rubrique que je vous propose dès aujourd'hui
24:31dans ce Smart Impact.
24:32Prêt pour l'impact ?
24:33C'est la question que j'avais posée chaque semaine
24:35à un acteur majeur de notre économie,
24:37interview en mode XXL, plus de 25 minutes, c'est parti.
24:41– Générique
24:43– Be Smart
24:45– Prêt pour l'impact ?
24:47C'est un nouveau rendez-vous dans notre émission,
24:49chaque semaine je reçois un acteur majeur de notre économie,
24:52les DG des plus grands groupes,
24:54mais aussi des ministres, des intellectuels,
24:56des personnalités engagées pour une interview en longueur
24:59plus de 25 minutes, et pour cette première,
25:02j'accueille Julien Denormandie, bonjour.
25:04– Bonjour.
25:05– Bienvenue, heureux de vous accueillir.
25:06– Merci à vous.
25:07– Merci d'ouvrir le bal, en quelque sorte.
25:09– C'est un honneur.
25:10– Vous êtes responsable de l'impact chez Sweep,
25:12start-up qui accompagne les entreprises
25:14dans leur démarche de durabilité
25:16et évidemment de bilan extra-financier.
25:19Vous y êtes depuis septembre 2022,
25:21après avoir occupé plusieurs postes gouvernementaux,
25:24ministre de la Ville et du Logement, c'était de 2018 à 2020,
25:27ministre de l'Agriculture jusqu'en 2022.
25:30J'imagine, quand vous quittez le gouvernement,
25:33je crois que c'était au printemps mai 2022,
25:36vous deviez avoir pas mal d'options devant vous.
25:39Pourquoi vous avez choisi une start-up ?
25:41Pourquoi vous avez choisi Sweep ?
25:43– Parce que moi je crois beaucoup à l'entreprenariat,
25:46je pense qu'on peut faire des choses fabuleuses
25:48dans l'entreprenariat.
25:50C'est aussi une forme de rupture avec le monde politique
25:56et j'ai donc choisi de rejoindre ce fabuleux projet
25:59chez Sweep, où on accompagne les entreprises
26:02dans leur durabilité.
26:04J'ai rejoint également un fonds d'investissement à impact
26:07qui s'appelle RAISE, qui est pionnier de la finance engagée.
26:11– On a reçu ici plusieurs fois, oui.
26:13– Et je suis persuadé que…
26:15– Il fallait ces deux briques en quelque sorte.
26:18– En fait, moi je voulais vraiment m'engager en faveur du climat
26:21et au bénéfice de celles et ceux qui essayent de faire
26:24les choses différemment, en se disant que nos systèmes
26:28économiques linéaires trouvent des finitudes,
26:31en se disant que ne pas se poser les bonnes questions,
26:35de savoir comment faire autrement, était profondément une erreur.
26:41Et l'entreprenariat, que ce soit dans le domaine de l'environnement,
26:45la finance à impact, sont des vecteurs, il me semble,
26:49très importants pour justement accompagner cette économie
26:52vers la décarbonation.
26:54– Qui sont vos clients chez Sweep
26:56et surtout comment vous les accompagnez ?
26:58C'est quoi le service que vous proposez ?
27:00– Alors nos clients, ils sont à la fois des grandes entreprises,
27:03mais aussi des PME et des ETI et également des acteurs du monde financier.
27:09Nos clients, ils font face à un défi majeur,
27:12qui est celui de la décarbonation,
27:14qui est celui de la limite des empreintes environnementales.
27:17Songez que nous avons fait une étude récemment
27:19avec l'un de nos partenaires, qui est Capgemini,
27:21on a interrogé plus de 500 entreprises à travers le monde,
27:24en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux États-Unis,
27:27et plus de 8 entreprises sur 10 indiquent que face à un monde décarboné,
27:32ces entreprises vont devoir se changer significativement,
27:37c'est-à-dire repenser leurs modèles,
27:39leurs modèles d'approvisionnement, leurs achats,
27:41repenser leurs modèles de production.
27:43– 8 sur 10 ?
27:45– 8 sur 10, c'est colossal, et à travers le monde.
27:47– Ils ne se sentent pas prêts pour l'impact,
27:49finalement c'est le titre de notre rubrique,
27:53ou pas suffisamment prêtes pour l'impact.
27:55– Disons qu'elles ont cette prise de conscience,
27:57et en même temps, si 8 sur 10 ont cette prise de conscience,
28:007 sur 10, dans la même étude, indiquent ne pas être suffisamment armés
28:05pour faire face à cela,
28:07et c'est cet accompagnement qu'il faut apporter.
28:10Alors chez SWEEP, nous on est une ESG Data Management Platform,
28:15c'est-à-dire qu'on apporte un logiciel,
28:18on est éditeur de logiciel aux entreprises,
28:21pour gérer par la donnée, et c'est très important,
28:24l'ensemble des critères environnementaux,
28:26que ce soit le carbone, que ce soit l'eau, les déchets,
28:29que ce soit la gouvernance ou le social.
28:31Et ce faisant, tout comme les entreprises gèrent leurs données financières,
28:35par des process, par des outils,
28:38on apporte à ces entreprises le logiciel leur permettant,
28:43l'infrastructure leur permettant de se poser les bonnes questions,
28:47que ce soit en termes de se fixer des objectifs,
28:50de suivi de ces objectifs, de collecte de la donnée,
28:53mais également en termes d'impact sur leur propre gouvernance,
28:57comment on change une partie de sa gouvernance.
28:59Et donc chez SWEEP, on permet aux entreprises
29:04de gérer par la donnée leurs enjeux environnementaux,
29:08et ce faisant également, mais c'est très important,
29:11de se mettre en conformité avec les nouvelles réglementations,
29:14comme la CSR.
29:15Et dont on va parler évidemment.
29:17Alors j'ai choisi une date importante dans l'histoire de SWEEP,
29:21dans l'histoire récente, c'est mars 2023, première acquisition.
29:24C'est une toute jeune entreprise,
29:26déjà une acquisition d'un concurrent britannique,
29:28qui s'appelle Consequence, fondée par les frères Poulter,
29:31qui ont d'ailleurs rejoint vos équipes.
29:33Pourquoi cet achat ? Qu'est-ce que ça représente cette date, mars 2023 ?
29:36Cette entreprise, Consequence,
29:38c'est une entreprise qui est spécialisée dans l'intelligence artificielle.
29:42Je vous l'ai dit, l'enjeu pour les entreprises,
29:45c'est de s'armer face aux défis environnementaux,
29:48et les deux grands enseignements qu'on a,
29:51c'est ce faisant, il faut accepter que l'environnement
29:54soit géré comme un projet de données,
29:56et accepter que l'environnement impacte la gouvernance de l'entreprise.
30:01Et quand on parle d'une gestion par la donnée,
30:05c'est récupérer des données d'activité,
30:08les transformer en des données soit climatiques,
30:11soit sociales, soit de gouvernance.
30:13Pour pouvoir mener des actions de transformation derrière ?
30:15Pour pouvoir se fixer des objectifs,
30:17suivre ces objectifs, imaginer des initiatives,
30:21évaluer ces initiatives, etc.
30:23On n'en reste pas au stade de l'audit, évidemment.
30:25Sauf qu'on parle parfois de milliers de données.
30:29On va chercher des données d'activité,
30:32on a certains grands groupes,
30:34on a même des dizaines de millions de lignes de données.
30:38Donc il fallait de l'intelligence artificielle.
30:40L'intelligence artificielle vient simplifier encore plus,
30:44que ce soit la collecte, la transformation, la gestion de ces données.
30:47Mais je fais très attention avec l'intelligence artificielle.
30:50Chez SWEEP, on a donc, grâce à cette acquisition,
30:53permis de développer un outil qui soit le plus simple possible
30:57dans un monde complexe.
30:59Parce que le monde du carbone, le monde de l'environnement,
31:01est un monde complexe.
31:02Mais l'intelligence artificielle ne pourra jamais se substituer
31:05au fait que les entreprises doivent se poser les bonnes questions.
31:09Est-ce que j'ai des impacts ? Où est-ce qu'ils sont ?
31:12Ma matérialité, ma fameuse double matérialité, quelle est-elle ?
31:16Et l'intelligence artificielle peut aider,
31:18mais attention aux formules magiques qui feraient croire aux uns ou aux autres
31:21que grâce à l'intelligence artificielle,
31:24tac, tac, tac, j'aurai plus rien à faire.
31:26Moi, je crois que l'environnement, c'est cette approche par la donnée,
31:30mais savoir se poser les bonnes questions,
31:32pour, encore une fois, accompagner sa propre entreprise
31:35vers ce chemin de la durabilité.
31:37Cette directive européenne, cette directive CSRD,
31:40qui fait rentrer petit à petit les entreprises européennes,
31:44les unes après les autres, les très grandes, c'est déjà le cas,
31:47puis jusqu'au PME côté, donc dans cette ère du bilan extrême financier,
31:51c'est une évidence que je vais dire,
31:53mais c'est un accélérateur de business pour SWEEP.
31:55Vous êtes au cœur de ces enjeux.
31:57Peut-être même qu'elle a été créée,
31:59vous n'étiez pas à la création,
32:02mais en prévision de cette nouvelle ère ?
32:06Moi, ce n'est pas très populaire, ce que je vais dire,
32:12mais je suis vraiment un amoureux de la CSRD,
32:15et indépendamment des activités professionnelles que je peux avoir dedans.
32:19Ce n'est pas juste parce que ça rapporte du business à SWEEP.
32:21Exactement. Et pourquoi je suis un amoureux de la CSRD ?
32:24Parce que pendant de longues années, je me suis battu
32:26pour essayer de passer d'une économie co à une économie valeur.
32:29Je me suis battu pour qu'on prenne en compte
32:31ce qu'on appelle les externalités négatives.
32:33Dit autrement, quand je produis un bien,
32:37mais ma production repose sur la déforestation,
32:40la destruction de l'environnement,
32:42ça ne doit plus être accepté.
32:44Et la beauté de cette CSRD, c'est qu'elle est extraterritoriale.
32:48Enfin, une réglementation européenne
32:51qui porte cette extraterritorialité.
32:53Tout le monde dit que la CSRD est complexe.
32:56C'est 800 pages, ça fait un peu peur à tout le monde.
32:59Évidemment qu'on peut simplifier des choses,
33:01mais la logique, l'ambition de cette CSRD,
33:04elle est absolument essentielle.
33:07Et je crois vraiment pouvoir dire que l'Europe, là,
33:10a fondamentalement ouvert une boîte
33:13qui est la plus importante, c'est-à-dire
33:15la boîte de l'extraterritorialité environnementale.
33:18Une fois que j'ai dit ça, une fois que j'ai fait
33:20cette déclaration d'amour à la CSRD,
33:22chez SWEEP, on essaye de vous rendre la CSRD heureuse.
33:25Ça veut dire quoi ?
33:27Tout à l'heure, je parlais des dizaines de millions
33:29de lignes de données.
33:31La CSRD, c'est 1200 indicateurs putatifs.
33:34En réalité, c'est moins parce que ça ne sont que
33:36les indicateurs sur lesquels vous êtes matériel.
33:38On a chez SWEEP aujourd'hui des dizaines et des dizaines
33:41de clients qu'on accompagne sur la CSRD.
33:44Des grandes entreprises, des plus petites.
33:46Qu'est-ce qu'on voit ?
33:48On voit que la CSRD, dès lors qu'on a cette approche
33:51par la data, on arrive assez facilement
33:54à se mettre en conformité avec la CSRD.
33:57On arrive aussi à se poser les bonnes questions
34:00sur quels vont être mes plans de transformation,
34:02quels vont être mes fameux impacts,
34:07mes risques et mes opportunités.
34:09On a fait une étude récemment avec un cabinet
34:12qui s'appelle VerdantX, qui est un cabinet
34:14de classification, etc.
34:16Une étude parce qu'on voulait se demander,
34:17est-ce qu'il y a un retour d'investissement
34:19pour les entreprises qui choisissent
34:21d'appréhender l'environnement, comme la CSRD,
34:23par la donnée ?
34:25Figurez-vous qu'on estime sur 3 ans
34:27le retour d'investissement à près de 240%.
34:30Pourquoi ? Parce qu'on évite des coûts.
34:33Des coûts de temps passé à aller collecter
34:35de la donnée. On évite des coûts d'audit.
34:37Puisqu'aujourd'hui, la donnée extra-financière
34:39doit être auditée, c'est très important.
34:41C'est la fameuse transparence.
34:44Et on évite aussi des coûts de consulting,
34:47comme on dit, parce que ça permet à l'entreprise
34:50de se poser les bonnes questions au bon moment.
34:52Et là, je ne parle même pas des coûts de réduction
34:54parce que j'ai changé mes moyens de production,
34:56mon efficacité énergétique.
34:58Rien que l'approche par la donnée
35:00permet un véritable retour
35:02sur investissement pour les entreprises.
35:04Et donc, une fois que j'ai dit tout ça,
35:06oui, la CSRD, il faut penser peut-être
35:08à la simplifier,
35:10notamment pour les ETI.
35:12Je sais qu'il y a des débats européens
35:14qui sont en cours. Mais oui, ce serait folie
35:16que de se dire qu'on va réduire
35:18l'ambition de la CSRD.
35:20Vous avez cette crainte parce que
35:22à la suite des élections européennes,
35:24on a un Parlement européen
35:26dont la couleur politique
35:28a en partie changé,
35:30pas totalement, ça reste une majorité
35:32assez similaire à la précédente, mais avec des partis
35:34d'extrême droite qui sont plus puissants
35:36et peut-être une tentation d'appuyer sur le frein.
35:38Est-ce que vous avez cette crainte-là ?
35:40Elle est liée aussi au mouvement des agriculteurs
35:42qui a occupé toute l'Europe une partie de l'année dernière
35:44qui reprend en France aujourd'hui.
35:46On voit bien qu'il y a une question d'acceptabilité,
35:48peut-être même d'imaginaire
35:50autour de la transformation
35:52dont on n'a pas encore trouvé
35:54la solution là-dessus.
35:56Est-ce qu'il y a ce moment, je ne sais pas si il va durer longtemps,
35:58où on a ce sentiment que
36:00tout le monde se dit qu'on va un peu appuyer sur le frein ?
36:02Je suis d'accord, il y a des signaux
36:04dans ce sens. Le rapport Draghi
36:06disant que pour la compétitivité
36:08européenne, il faudrait
36:10réduire l'ensemble de ces normes.
36:12Des prises
36:14d'opposition politique
36:16ici en France, en Allemagne.
36:18Et puis l'élection de Donald Trump
36:20en se disant que puisque les Américains
36:22manifestement veulent faire table rase
36:24de beaucoup de réglementations
36:26et en tout cas sans
36:28contrefiche du climat, faisons pareil.
36:30Moi je pense que ce serait
36:32une formidable erreur. Pourquoi ?
36:34Encore une fois,
36:36quel est le devenir de l'Europe ?
36:38Est-ce que le devenir de l'Europe, sa compétitivité,
36:40ça ne sera que de la compétitivité
36:42coût ? Prenez l'énergie.
36:44Aujourd'hui il y a plein d'industriels
36:46ici sur votre plateau qui viennent vous voir en disant
36:48du fait du coût de l'énergie, moi je vais aller
36:50déporter ma production aux Etats-Unis
36:52d'Amérique où le Président Trump
36:54a annoncé qu'il allait encore plus
36:56creuser et encore plus creuser
36:58c'est-à-dire les fameux gaz de schiste.
37:00En termes de compétitivité... C'est déjà le cas avec Joe Biden
37:02où l'énergie n'était pas chère et avec
37:04le Reduction Act, ça a quand même
37:06attiré un certain nombre de projets européens.
37:08Et donc, on est face
37:10à un dilemme, c'est-à-dire
37:12quelle va être la réponse de l'Europe ? De se dire
37:14on s'enferme dans cette compétitivité
37:16coût, notre énergie décarbonée
37:18nucléaire ne sera jamais
37:20au même prix que du gaz
37:22de schiste produit dans des conditions
37:24environnementales désastreuses.
37:26Ou est-ce qu'au contraire, ça doit être de se dire
37:28on doit faire de l'économie de la
37:30valeur, passer à l'économie de la valeur.
37:32Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que pour tout produit
37:34la partie
37:36de décarbonation est une source
37:38de création de valeur. Faut-il
37:40encore que le marché l'accepte ?
37:42Faut-il encore que la transparence
37:44soit faite ? D'où la nécessité de
37:46la donnée. Faut-il encore que certains
37:48le valident, le démontrent ?
37:50D'où l'importance des auditeurs.
37:52Mais l'Europe, par la CSRD,
37:54par son extraterritorialité, dit autrement
37:56ça s'applique tout au long de la chaîne de valeur,
37:58enfin dit, moi je suis prêt à me poser la question
38:00de l'économie de la valeur.
38:02C'est vrai dans le monde industriel
38:04avec l'énergie, c'est incroyablement vrai
38:06dans le domaine agricole. Et aujourd'hui
38:08par cette révolution de la donnée,
38:10on peut passer d'une économie coût
38:12à une économie valeur. C'est pas un 20 mots.
38:14C'est, à mes yeux, véritablement
38:16le sens de l'histoire.
38:18Les enjeux agricoles, on va en parler dans un instant
38:20Julien Denormandie.
38:22Mais il y a d'abord une rubrique qu'on vous proposera
38:24chaque semaine dans ce grand entretien.
38:26Une question posée par un ou une
38:28DG qui aura participé à l'émission
38:30sera comme une chaîne de questions.
38:32Vous poserez la vôtre
38:34au président du Crédit Coopératif
38:36qui sera notre invité la semaine prochaine.
38:38C'est Pauline Leron, la DG du mouvement
38:40Impact France qui a une question pour vous.
38:42Cher Julien, on s'est croisés
38:44lors des dernières universités d'été
38:46du mouvement Impact France qui réunissent
38:48tous les entrepreneurs à impact
38:50qui sont en train de changer
38:52concrètement l'économie.
38:54Maintenant que toi, tu es un entrepreneur
38:56à impact, qu'est-ce qui est le plus efficace
38:58pour changer le monde, entrepreneur
39:00ou homme politique ?
39:02Alors, le levier
39:04le plus efficace ?
39:06C'est une très bonne question que je me pose souvent.
39:08Moi, je pense qu'on a besoin
39:10des deux.
39:12Je pense qu'on a
39:14besoin des deux et qu'il faut faire très attention
39:16à ce que la responsabilité
39:18elle ne se délègue pas.
39:20Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que souvent
39:22le monde de l'entreprise
39:24peut attendre le politique en se disant
39:26tant que le politique
39:28ne donne pas l'orientation très claire,
39:30ça n'est pas à moi de me transformer et de faire l'effort.
39:32Et le monde politique pourrait se dire
39:34moi, je prends des décisions
39:36comme ça et je ne me soucie guère
39:38si oui ou non, l'entreprise
39:40a la capacité de changer.
39:42Ce qu'on voit aujourd'hui
39:44dans l'environnement, dans la CSRD,
39:46on est un parfait exemple. Aujourd'hui,
39:48la CSRD, on est en capacité
39:50d'accompagner les entreprises. Il y a beaucoup d'entreprises
39:52qui se disent, c'est
39:54des politiques faites par des gens hors sol
39:56qui ne voient pas qu'on ne peut pas faire.
39:58Non, ce n'est pas vrai.
40:00Il faut, à mes yeux, que les deux
40:02s'assument et je suis persuadé qu'on peut
40:04à la fois avoir un grand impact quand on est politique
40:06mais aussi un énorme impact quand on est
40:08entrepreneur. C'est quoi la loi ou le décret
40:10d'ailleurs, il ne faut pas forcément une loi,
40:12qui pour vous, vous avez été dans plusieurs ministères,
40:14il y a eu la cohésion des territoires comme secrétaire d'Etat,
40:16ensuite logement ville, ensuite l'agriculture,
40:18qui pour vous a eu le plus
40:20d'effets ? S'il y a un texte
40:22que vous deviez faire ressortir
40:24en disant tiens celui-là,
40:26heureusement qu'on l'a
40:28signé, heureusement que je l'ai signé, heureusement qu'on a
40:30lancé cette loi.
40:32Il y a, parce qu'on en parle beaucoup
40:34en ce moment, mais je pense
40:36aux travaux qu'on a pu faire,
40:38notamment dans le domaine agricole avec la loi
40:40EGalim, elle est insuffisante.
40:42Vous avez réinventé la loi EGalim.
40:44Elle est encore insuffisante
40:46mais je crois qu'aujourd'hui, beaucoup
40:48appellent à encore son renforcement
40:50mais personne ne se dit, il faut revenir
40:52en arrière. Et inversement, je vais vous dire,
40:54je me souviens d'ailleurs sur ce plateau,
40:56j'évoquais cette
40:58belle initiative faite par la SNCF
41:00et la direction des achats de la SNCF.
41:02Quand vous êtes
41:04directeur des achats de la SNCF et que
41:06vous avez pris les décisions qu'ils ont prises,
41:08c'est-à-dire d'embarquer
41:10l'ensemble des sous-traitants de la SNCF
41:12vers la voie de la décarbonation,
41:14je peux vous dire que vous avez un impact qui parfois
41:16est plus fort que celui
41:18d'un décret d'un ministre. Et quand je vois que
41:20la SNCF, qu'on accompagne sur ce très
41:22beau projet, on est en train de le faire
41:24avec d'autres entreprises, grandes entreprises
41:26françaises, mais aussi britanniques,
41:28mais aussi américaines.
41:30Le directeur des achats
41:32de toutes ces entreprises, ou la directrice
41:34des achats, sont des personnages
41:36absolument clés.
41:38Par la décision que vous prenez, vous pouvez
41:40changer véritablement
41:42et de manière pérenne
41:44l'ensemble des émissions environnementales,
41:46carbone ou impacts environnementaux
41:48le long de votre chaîne de valeur.
41:50Donc oui, il faut des politiques qui soient courageuses,
41:52qui aient une vision,
41:54qui accompagnent. Mais oui, quand vous êtes dans le monde
41:56de l'entreprise, que vous soyez à la direction
41:58des achats, que vous soyez
42:00évidemment au niveau du management,
42:02ou que vous soyez entrepreneur,
42:04vous pouvez prendre des décisions
42:06qui ont un énorme impact.
42:08J'ai une question de curieux.
42:10Pourquoi il y a des décrets d'application
42:12qui mettent autant de temps
42:14à être signés ?
42:16On vote une loi, il y a une médiatisation
42:18de la loi, et puis
42:20on se rend compte qu'un an après, il n'y a toujours pas
42:22de décret d'application. Ça doit rendre dingue
42:24le cadre dirigeant que vous êtes
42:26devenu aujourd'hui.
42:28Ça rend dingue, mais ça rend dingue le ministre
42:30Gété. Comment c'est possible ?
42:32C'est là où vous faites...
42:34Je pense que c'est là où vous faites la différence
42:36entre un bon et un mauvais manager
42:38ou un bon et un mauvais ministre. Un ministre
42:40n'est pas là que pour faire adopter
42:42une loi, présenter une loi au Parlement
42:44et obtenir une majorité.
42:46Une fois que vous avez une loi, le ministre
42:48c'est le chef de son administration,
42:50c'est l'administration qui prend les décrets
42:52et il est là pour faire, pour
42:54appliquer. Moi, j'avais coutume de dire
42:56ça a toujours été
42:58la façon que j'ai travaillé. On ouvre un dossier,
43:00on traite le dossier, on ferme le dossier.
43:02Mais tant que le décret d'application n'est pas publié,
43:04le dossier n'est pas fermé.
43:06Donc c'est simplement la pression
43:08que le ministre met sur son administration ?
43:10Non, pas que. Après, on pourrait y parler des heures.
43:12Je pense qu'il faut aussi revenir à l'esprit
43:14des lois de Montesquieu. C'est-à-dire qu'aujourd'hui
43:16on légifère probablement trop
43:18dans le détail, ce qui rend
43:20d'ailleurs difficile ensuite les applications
43:22parce qu'il y a très certainement
43:24des choses qui se retrouvent dans la loi alors que ça devrait
43:26être du niveau réglementaire.
43:28Et peut-être
43:30qu'il y a aussi un monde médiatique
43:32dans lequel
43:34vivent trop les politiques
43:36qui fait que l'effet d'annonce est toujours
43:38ce qui est privilégié
43:40à la réalisation sur le terrain. Vous vous souvenez,
43:42moi, quand j'étais ministre,
43:44et c'était évidemment pas le
43:46cas ici, mais quand j'étais ministre, le nombre de fois
43:48où on me proposait
43:50d'aller sur une matinale ou autre,
43:52à une condition, c'est que j'avais une annonce à faire.
43:54Et en revanche...
43:56Ça a dû m'arriver quand je présentais les journaux, de dire ok, viens,
43:58mais qu'est-ce qu'il va nous annoncer ?
44:00Mais en revanche, aller expliquer si oui ou non
44:02ça a été mis en oeuvre, si oui ou non
44:04ça a rendu des effets,
44:06là, beaucoup plus dur. Certains le font,
44:08mais beaucoup plus dur.
44:10Et donc, vous voyez, il y a cet esprit
44:12le politique suit trop le monde médiatique.
44:14Le monde médiatique adore la dépêche AFP,
44:16l'annonce, etc.
44:18Mais c'est un mal
44:20contre lequel il faut se battre. Encore une fois,
44:22on doit ouvrir un dossier, traiter le dossier,
44:24fermer le dossier. Ce qu'on fait dans le monde de l'entreprise,
44:26ce qu'on doit faire dans le monde politique,
44:28moi, je me suis évertué à le faire, je ne suis pas
44:30le seul, et il faut croire en ça.
44:32En revanche, la politique de l'opinion,
44:34je pense que c'est de très mauvais conseils.
44:36Alors, on a eu une date, on a eu la question
44:38du CIO, on va régulièrement aussi
44:40dans cette nouvelle rubrique
44:42s'appuyer sur une citation de notre invité.
44:44Voilà la citation que j'ai trouvée, je viens de Normandie.
44:46C'est folie que le Mercosur,
44:48ce que je n'ai pas le droit de
44:50produire chez moi, je ne devrais pas avoir le droit
44:52de l'importer. Le choix est clair,
44:54je suis un anti-poulet
44:56brésilien. Voilà ce que vous disiez aux
44:58assises de l'agriculture et de l'alimentation
45:00organisées par nos confrères de West France.
45:02C'était le 14 novembre dernier.
45:04Vous participez,
45:06là, on est dans un consensus anti-Mercosur.
45:08Est-ce qu'il est aussi
45:10mauvais cet accord qu'on le dit ?
45:12Oui, parce que je pense qu'il faut,
45:14je reviens à, vous verrez la cohérence
45:16à ce que je disais tout à l'heure sur l'économie coût,
45:18l'économie valeur.
45:20Aujourd'hui, moi je suis
45:22libéral,
45:24je suis pour l'économie de marché,
45:26et je suis pour les exportations
45:28et importations. Je pense, on pourrait y
45:30passer des heures et dans ce
45:32voyage qu'on a écrit avec Eric Orsona,
45:34nourrir sans dévaster, je montre
45:36bien toutes ces positions.
45:38En revanche, si je suis
45:40donc pour des accords d'échange
45:42entre les pays, je pense
45:44que ces accords, ils ne sont utiles que
45:46s'ils reposent sur
45:48un principe, c'est que ces accords,
45:50ils ne doivent pas déréguler,
45:52ils doivent fixer un cadre.
45:54Un accord de libre-échange,
45:56sa perspective n'est pas simplement de se dire
45:58on enlève tous les droits de douane.
46:00Sa perspective doit être de dire
46:02on fixe des conditions.
46:04Mais ça fait 25 ans qu'il est sur la table.
46:06Oui, mais c'est un
46:08accord d'un temps passé.
46:10Mais d'ailleurs,
46:12vous savez, quand j'étais
46:14ministre de l'agriculture, et je suis hyper content
46:16là-dessus parce qu'aujourd'hui tout le monde
46:18en parle, je crois pouvoir dire
46:20que j'ai été l'un des premiers à remettre cette notion
46:22de close-miroir dans le débat.
46:24Et pourquoi je parlais des close-miroirs ? C'est un sujet
46:26très précis qui me fait dire que je suis un
46:28anti-poulet brésilien primaire.
46:30Je me suis battu pour mettre des close-miroirs
46:32pour interdire l'importation
46:34des productions
46:36de volailles ou autres faits
46:38avec des antibiotiques de croissance.
46:40Je vais vous raconter une anecdote
46:42que je livre dans ce récit avec Eric
46:44Orsena. J'ai habité en Égypte
46:46entre 2008 et 2010.
46:48J'ai aujourd'hui quatre enfants et ma fille est née à l'époque.
46:50Elle tombe malade, je vais chez le pédiatre
46:52en Égypte, au Caire,
46:54et le pédiatre me prescrit
46:56des antibiotiques pour ma fille aînée. Je retourne à la maison,
46:58je demande à la nounou de ma fille
47:00aînée où est-ce que je peux trouver ce type
47:02d'antibiotiques, et elle me répond
47:04qu'elle est au supermarché. Je lui dis
47:06mais au supermarché, j'y vais tous les week-ends, il n'y a pas d'antibiotiques.
47:08Et elle me répond que tout ça est véridique.
47:10Votre fille a besoin de poulet.
47:12Pourquoi ? Parce que c'est du
47:14poulet brésilien bourré
47:16aux antibiotiques de croissance et dont
47:18vous aviez protéines et amoxyciline
47:20sur la même assiette.
47:22C'est en 2009.
47:24Aujourd'hui, au moment où je vous parle,
47:26près de 50% de la viande de volaille
47:28consommée en Europe est importée
47:30soit du Brésil, soit de l'Europe de l'Est,
47:32soit de l'Asie du Sud, qui autorise ces antibiotiques
47:34de croissance. Antibiotiques de croissance
47:36évidemment interdits en France
47:38puis en Europe depuis
47:40près de 15 ans. Donc c'est le principe de la clause miroir.
47:42La clause miroir. On interdit chez nous, on ne doit pas
47:44l'autoriser pour ce qu'on importe. Et donc l'accord de Mercosur,
47:46à partir du moment où il n'y a pas des clauses miroir
47:48sur des antibiotiques de croissance,
47:50il n'y a pas des clauses miroir très
47:52fortes sur la lutte contre la déforestation,
47:54il n'y a pas des clauses miroir, etc.
47:56etc. est un accord qui en fait
47:58ne fait que déréguler et
48:00n'importe pas un terrain
48:02de jeu avec des règles en commun.
48:04Mais est-ce qu'on peut s'en priver alors que
48:06vous parliez de Donald Trump, il est en train de rallumer
48:08la guerre commerciale. C'est un marché
48:10de... Alors si on prend que les pays
48:12signataires, ces 270 millions, c'est plus
48:14avec les pays associés. Oui, mais c'est comme tout dans
48:16le commerce. Je vais vous donner un exemple très concret.
48:18Chez Sweep, je vous l'ai dit tout à l'heure,
48:20on accompagne les entreprises pour décarboner
48:22et se mettre conforme avec la réglementation
48:24comme la CSRD. Tout le monde hurle
48:26en disant que c'est trop complexe et tout.
48:28Aujourd'hui, on a des centaines et des centaines
48:30de clients, de boîtes hyper engagées.
48:32Est-ce qu'il faut écouter celles-là
48:34ou est-ce qu'il faut écouter celles qui vous disent
48:36non, tout ça c'est tâché. Chez Raize,
48:38pionnier de la finance engagée, on essaye
48:40de se dire comment on peut faire de la finance autrement.
48:42Le rôle du financier, il est hyper important.
48:44Un financier, il n'est pas
48:46suffisant mais il est nécessaire. On se demande
48:48tous les jours comment on peut faire pour faire
48:50les choses différemment. Premier acteur
48:52qui d'ailleurs reverse 50%
48:54de la création de valeur à des œuvres
48:56philanthropiques. On se demande comment
48:58on accompagne les entreprises.
49:00C'est donc possible dans le monde
49:02et du commerce et financier. Dans le monde
49:04à l'international, du commerce à l'international,
49:06ne serait-il pas possible de se dire
49:08on fait les choses différemment.
49:10Moi je pense que oui. Je pense que
49:12si le sens de l'histoire c'est de se dire
49:14au motif, quel que soit
49:16l'intérêt, mais au motif de
49:18vendre plus de Mercedes ou de voitures,
49:20au motif de vendre
49:22des sous-marins, au motif
49:24de tous ces
49:26considérants chers à David
49:28Ricardo ou à Dan Smith, on
49:30réduit notre souveraineté alimentaire.
49:32Il y a aussi les métaux rares et la souveraineté
49:34de la transition électrique.
49:36Que dépendant de la Chine,
49:38le Mercosur peut nous ouvrir son marché.
49:40Je suis mille fois d'accord. Mais ce débat sur
49:42les métaux rares, il est essentiel.
49:44En revanche, comment on pose le débat ?
49:46Est-ce que le débat c'est les métaux rares,
49:48c'est essentiel, donc quel que soit
49:50le coût à payer, on le fait ?
49:52Ou est-ce qu'on se dit, ok,
49:54on va résoudre
49:56peut-être une partie du sujet des métaux rares,
49:58mais de l'autre côté, on met en risque
50:00peut-être l'un des fondamentaux
50:02d'une souveraineté, c'est-à-dire la souveraineté
50:04alimentaire. Beaucoup plus
50:06complexe comme question. Moi, je crois
50:08qu'il faut affronter cette économie
50:10de la valeur. Dit autrement, on
50:12dit aux Brésiliens, aux Argentins,
50:14aux pays latino-américains du Mercosur,
50:16on veut être vos premiers alliés,
50:18et on doit fixer des règles communes.
50:20On ne peut pas accepter d'importer
50:22des produits issus de la déforestation,
50:24des antibiotiques
50:26de croissance. Il faut qu'on pense
50:28cette économie de la valeur. Il faut qu'on se demande
50:30est-ce qu'on peut faire les choses un peu
50:32différemment. Vous savez, c'est trop facile
50:34de détruire, c'est beaucoup plus
50:36difficile
50:38de construire. Construisons
50:40ces relations-là,
50:42je pense qu'elles sont impérieuses
50:44et au final, on n'a pas le choix d'ailleurs.
50:46Merci beaucoup Julien de Normandie.
50:48Vous avez évoqué ce livre, co-écrit avec Eric Orsena
50:50Nourrir sans dévaster. Il est
50:52publié chez Flammarion.
50:54Merci encore d'avoir participé
50:56à cette première
50:58de Prêt pour l'impact.
51:00On passe à notre rubrique consacrée aux startups
51:02éco-responsables. C'est tout de suite.
51:10Smart Ideas avec
51:12Olivia Caron, la co-fondatrice de Close
51:14qui est avec nous en duplex.
51:16Bonjour, bienvenue. Vous l'avez
51:18créé en février de cette
51:20année avec Marion Perrier et avec
51:22quelle idée ? Racontez-moi.
51:24Bonjour.
51:26Avec Marion, justement, on s'est rendu compte
51:28qu'une femme ne portait en moyenne que 30% de ses vêtements
51:30mais paradoxalement, on avait toujours l'impression
51:32de rien avoir à se mettre et passer
51:3417 minutes par jour
51:36aussi à chercher des idées
51:38de comment s'habiller, de comment être dans
51:40la tendance et de comment se faire plaisir.
51:42C'est de là qu'est née Close.
51:44C'est une application mobile qui permet de redonner
51:46aux femmes l'envie
51:48de s'habiller à partir de ce qu'elles ont,
51:50d'optimiser les pièces de leur dressing et surtout
51:52de mieux consommer. Comment ça marche ?
51:54C'est l'intelligence artificielle au service du
51:56dressing. Ça s'adresse
51:58plutôt aux femmes d'après ce que j'ai bien compris mais
52:00qu'est-ce que je peux faire moi si je juge
52:02que j'ai trop de fringues et que je ne les porte pas
52:04beaucoup ? Dans
52:06un premier temps, télécharger l'application
52:08serait une bonne chose. Ensuite,
52:10c'est de l'intelligence artificielle qui
52:12est couplée avec l'expertise de nos
52:14stylistes agréés qui vient en
52:16final proposer des planches aspirationnelles
52:18sur base de ce que nos
52:20utilisatrices ont dans leur penderie
52:22ou sur base d'intemporels
52:24et d'articles qui sont
52:26en ce moment un peu tendance et à la mode.
52:28Ce qu'on vient faire, c'est soit leur
52:30proposer de prendre des photos de ce qu'elles ont dans leur
52:32penderie et venir générer des planches de look
52:34qui au quotidien viennent les aider à reporter
52:36ce qu'elles ont, soit si elles n'ont
52:38pas envie de digitaliser ou de prendre des photos
52:40encore des pièces de leur penderie, simplement
52:42venir tel un peu un magazine
52:44s'inspirer, venir prendre un petit peu
52:46des conseils ou en tout cas
52:48se réapproprier ce qu'elles
52:50ont. C'est quoi le modèle
52:52économique de Close ?
52:54C'est une application mobile gratuite
52:56à destination des femmes. Dans un premier
52:58temps, nous avons décidé de commencer par ce segment-là.
53:00Nous passerons ensuite à l'homme. Ne vous
53:02inquiétez pas, vous pourrez bientôt la télécharger.
53:04Ensuite, nous travaillons
53:06avec des marques de prêt-à-porter.
53:08Le but, en fait, c'est de dire
53:10d'un côté à nos utilisatrices, on vous aide à mieux
53:12vous connaître pour que vous reportiez ce que vous avez
53:14dans votre penderie. On vous aide à mieux
53:16vous connaître aussi pour vous proposer un contenu
53:18sélectionné en fonction de vos aspirations.
53:20Est-ce que vous voulez des marques éco-responsables ?
53:22Est-ce que vous voulez du made in France ?
53:24Est-ce que vous voulez des marques de créateurs que vous ne connaissez pas
53:26encore ? Et côté du coup
53:28partenaires commerciaux, du coup marques
53:30de prêt-à-porter, ce que l'on vient faire,
53:32c'est proposer du contenu sélectionné
53:34pour pousser le bon contenu à la bonne personne.
53:36En effet, on s'aperçoit que 70%
53:38des
53:40shopping cards, des paniers
53:42ne vont pas jusqu'au bout
53:44de l'acte d'achat tout simplement parce qu'il y a
53:46une trop grande complexité, il y a trop de choix
53:48au niveau des utilisateurs.
53:50Les utilisateurs se retrouvent harcelés
53:52de newsletters, de contenus promotionnels,
53:54se retrouvent
53:56dans un trop grand nombre
53:58d'actions commerciales
54:00et cet harassement, si on peut dire,
54:02ne les pousse plus finalement à aller
54:04jusqu'au bout de l'acte. Nous, avec Close,
54:06en proposant un contenu personnalisé,
54:08on peut améliorer le chiffre d'affaires
54:10d'une marque de prêt-à-porter de 5 à 15%.
54:12Donc, vos clients, ce sont les marques,
54:14on l'a bien compris. Exactement.
54:16Côté utilisatrice, pour l'instant,
54:18il y a une idée aussi de
54:20je donne mes données
54:22en contrepartie du service, est-ce qu'il y a
54:24aussi ça ? Exactement.
54:26En fait, c'est vraiment
54:28l'acte le plus
54:30simple qu'on puisse voir.
54:32On s'est aperçu que nos utilisatrices sont principalement,
54:34à l'heure actuelle, on a plus de 2 000
54:36utilisatrices, qui sont principalement
54:38entre 18 et 34 ans, donc c'est des
54:40utilisatrices assez jeunes, qui n'ont
54:42pas de problème à donner leurs données personnelles
54:44à partir du moment où on les garde, on les conserve,
54:46on ne les vend pas, on s'en sert
54:48juste pour leur proposer un contenu qui soit
54:50plus adapté à ce qu'elles recherchent.
54:52C'est effectivement la data,
54:54l'intelligence artificielle au
54:56service du quotidien, pour justement
54:58optimiser, améliorer, peut-être
55:00donner ce que l'on ne porte plus du tout
55:02et sinon venir reporter.
55:04S'habiller, c'est un acte
55:06militant d'une certaine façon ?
55:08Oui, clairement. Pour nous, en tout cas,
55:10chez Close, on considère qu'effectivement, quand le matin, on choisit
55:12une tenue, ça va être
55:14notre vitrine aux yeux du monde
55:16et ça va nous apporter énormément de confiance.
55:18Quand on sait qu'on est bien habillé, quand on
55:20se sent bien dans ses vêtements, on rayonne,
55:22on a une aura particulière
55:24et c'est ce qu'on veut redonner, cet acte
55:26de sincérité, de confiance en soi,
55:28cet acte d'acceptation aussi
55:30de qui on est. Le corps d'une femme a
55:32vocation à évoluer et nous, on a vocation à aider les femmes
55:34tout au long de leur vie, apporter ce qui leur
55:36fait du bien, mais apporter ce qui leur va.
55:38Merci beaucoup, merci
55:40Olivia Caron et bon vent
55:42à Close. Voilà, c'est la fin
55:44de ce Smart Impact, le premier
55:46en format
55:48XXL. La semaine prochaine,
55:50je recevrai Jérôme Sadie,
55:52le président du Crédit Coopératif, pour lui demander
55:54s'il est prêt pour
55:56l'impact. Je voudrais remercier
55:58Alexis,
56:00Mathieu et Marie-Bia, programmateurs, producteurs
56:02de cette émission, Romain Luc, le réalisateur,
56:04Saïd Mahmoud, l'ingénieur du son.
56:06À très vite sur Be Smart For Change.