SMART IMPACT - Emission du lundi 14 octobre

  • avant-hier
Lundi 14 octobre 2024, SMART IMPACT reçoit Julien Sylvain (Fondateur, Tediber) , Guillaume Balas (Délégué général, Fédération Envie) , Romain Bourdais (Cofondateur et PDG, Mube) et Jean Hornain (Directeur général, Citeo)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:15Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Jean Hornin, le directeur général de Citeo, les co-organismes qui proposent des solutions pour réduire,
00:23employer, recycler les emballages se lancent dans la création d'emballages réutilisables. C'est le retour de la consigne à grande échelle.
00:31Le débat de ce Smart Impact sera consacré à la réparabilité avec le fabricant de litterie Télibère qui propose un matelas réparable à vie
00:39et puis le réseau Envie qui rénove des centaines de milliers d'appareils chaque année. Et puis dans notre rubrique start-up, vous découvrirez MUBE
00:48qui propose des colonnes végétalisées installées dans nos villes. Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est parti.
00:57Générique
01:03L'invité de Smart Impact, c'est Jean Hornin. Bonjour. – Bonjour.
01:06– Bienvenue, vous êtes le directeur général de Citeo. On va parler ensemble du retour de la consigne, de cet emballage, de cette ambition
01:14de refaire des emballages réutilisables, un usage massif pour nous. D'abord, rappelez-nous le rôle de Citeo, éco-organisme, comment vous fonctionnez ?
01:23– Oui, Citeo, c'est une entreprise à but non lucratif qui a été créée par les entreprises de la grande consommation et de la distribution
01:30pour réduire l'impact environnemental de leurs emballages. Donc, elle finance, elle paye 1,3 milliard chez Citeo chaque année
01:36pour qu'on puisse développer ce qu'on appelle l'éco-conception, donc la recyclabilité ou l'emploi, et puis collecter vos emballages dans le bac jaune.
01:44Donc, on paye les collectivités locales pour que tout ça aille dans un bac, aille dans un centre de tri et aille au recyclage.
01:49Voilà, le principe, c'est l'économie circulaire, c'est éviter de puiser dans les ressources naturelles.
01:54– Ça existe depuis combien de temps, Citeo ? – Depuis 30 ans.
01:56– 30 ans. Alors, il y a 30 ans, c'était peut-être un peu pionnier, j'en sais rien. Et puis surtout, dans l'évolution et la simplification, peut-être,
02:04de nos modes de tri, il y a du progrès, quand même ? – Par rapport à il y a 30 ans, oui, puisqu'on avait encore des décharges à ciel ouvert.
02:14C'est tout ça, finalement, partait dans des décharges. Aujourd'hui, on a quand même créé le geste de tri, on recycle 70% de nos emballages ménagers.
02:22Alors, on est très bon sur le verre, on est beaucoup moins bon sur le plastique, on a des progrès à faire.
02:26Mais le geste s'est installé, c'est le deuxième geste éco-citoyen. Et c'est un système qui se déploie dans le monde entier.
02:34– Et donc, vous lancez une opération pour généraliser les emballages réemployables. Je le disais tout à l'heure, c'est le retour de la consigne.
02:44– Oui, en fait, c'est le fait qu'il faut, à un moment donné, réduire la production de nos déchets et que, dans le domaine de l'emballage,
02:52qui est quand même une partie importante de nos déchets, on peut faire de l'usage multiple par rapport à l'usage unique.
02:58Donc, au lieu d'utiliser une seule fois un emballage, on va l'utiliser 10 fois ou 20 fois avant, bien évidemment, dans le recyclé.
03:04– Alors là, vous êtes venu avec un exemple. C'est quoi ? C'est une bouteille de verre ?
03:08– Oui, en fait, c'est ce qu'on appelle un litre fraîcheur. Ce sont des standards.
03:12Donc, on essaie de re-standardiser des emballages pour qu'on puisse y mettre celui-ci, à la fois des jus de fruits ou de la soupe
03:19et qu'il puisse être utilisé par différents industriels. Et le principe, donc, il est assez solide. Il y a un petit marquage.
03:27Et donc, le principe, c'est que celui-ci, quand vous allez acheter votre produit, vous allez effectivement payer 20 ou 30 centimes de plus.
03:35Donc, c'est le montant de la consigne quand vous allez l'acheter. Et on vous rendra vos 20 ou 30 centimes quand vous le rapporterez au magasin.
03:42Et ensuite, il va partir dans un cycle de lavage pour pouvoir être réutilisé et revenir en magasin.
03:49– Et donc, là, par rapport peut-être à la consigne de nos parents ou de nos grands-parents, c'est que là, vous avez fédéré une centaine d'acteurs
03:57et notamment, alors peut-être que parmi la centaine d'acteurs, il n'y a pas que des commerces,
04:03mais pas mal d'enseignes qui vont tout accepter ce modèle. C'est ce que je comprends bien.
04:07– Oui, en fait, pour créer ce système-là, il faut créer ce qu'on appelle une filière.
04:11Donc, il faut qu'un grand nombre de magasins référencent ce produit et le vendent,
04:17qui est en amont des entreprises qui disent « oui, je vais mettre mon jus de fruits ou ma soupe dans son… »
04:22et donc, éventuellement, modifier sa ligne de production. Ensuite, il faut des systèmes de logistique qui rapportent,
04:28qui embarquent ça pour les emmener dans des laveuses, parce qu'il faut laver, faire la vaisselle en gros,
04:34et ensuite, les renvoyer chez les industriels. Donc, c'est vrai, c'est toute une chaîne très complexe,
04:39quelque chose de simple pour un consommateur, mais toute une chaîne complexe.
04:43Et donc, on met ça en place dans quatre grandes régions françaises à partir de l'année prochaine
04:48pour relancer ce mouvement du réemploi en France.
04:50– Pays de la Loire, Bretagne, Normandie, Hauts-de-France,
04:53est-ce qu'il y a encore des partenaires à trouver ou à convaincre ?
04:57– Il faut bien évidemment, parce qu'il faut que c'est un mouvement global,
05:00donc il nous faut des distributeurs, des grandes chaînes de magasins,
05:04mais ils sont globalement volontaires, tout le monde est en train de prendre ce pli du…
05:08Finalement, on va continuer, bien évidemment, à recycler nos emballages,
05:13on aura toujours de l'emballage à usage unique, mais à un moment donné,
05:17on peut, de temps en temps, peut-être faire réduire notre production de déchets.
05:21Après, il faut aussi qu'on ait des grandes marques d'industriels
05:24qui, finalement, vont mettre leur jus de fruits, leur soupe dans ce domaine-là.
05:28Il nous faut des industriels du lavage, il faut des industriels de la logistique,
05:31et après, surtout, il faut qu'il y ait des gens qui viennent dans les magasins
05:35et qui se disent, je vais prendre celui-ci plutôt qu'une autre
05:38qui sera emballage à usage unique.
05:39– Avec, parfois, sortir les 20 ou 30 centimes de plus
05:44pour acheter le produit par rapport à un autre, ça peut être un frein.
05:48– Oui, et puis nos vies ont changé, on n'est plus, il y a 20 ou 30 ans,
05:52donc les gens travaillent.
05:54– Oui, moi, je n'imagine pas me travailler mes 10 bouteilles de verre
05:58en allant au bureau le matin.
05:59– Vous pouvez aussi avoir des systèmes de livraison à domicile,
06:02il y en a avec des jeunes entreprises, le fourgon, la tournée, qui font ça,
06:06mais c'est vrai que c'est quand même un changement,
06:09mais au global, si on veut réduire notre impact environnemental,
06:13on sait qu'on doit changer, le changement n'est pas facile,
06:16il faut essayer de rendre cette expérience la plus désirable
06:19et puis la plus compétitive en matière de prix,
06:21parce que vous avez raison, il y a un enjeu de prix,
06:23or dans des contextes aujourd'hui d'inflation,
06:25il faut que ce soit compétitif par rapport à la même chose en usage unique
06:29et c'est tous les challenges qu'on a dans les années qui viennent.
06:31– Oui, je vais rappeler l'objectif donné par la loi AGEC,
06:35la loi anti-gaspi pour une économie circulaire,
06:3710% d'emballages réemployés d'ici 2027, on en est loin, très loin aujourd'hui ?
06:43– Oui, on en est loin, dans l'emballage ménager, on est à peu près à 1,5%,
06:47donc c'est un objectif qui est ambitieux.
06:51– Atteignable ?
06:53– Oui, il est atteignable, dès lors que l'ensemble des acteurs,
06:59en fait c'est le principe de Citeo,
07:01Citeo c'est l'ensemble des entreprises de la grande consommation
07:04et de la distribution qui se mettent ensemble pour trouver des solutions,
07:07elles ont réussi à le faire dans le domaine du recyclage,
07:09où finalement on arrive aujourd'hui sur toute la France
07:12à collecter, trier, recycler la majeure partie des emballages,
07:16il n'y a pas de raison qu'on n'y arrive pas dans le domaine du réemploi.
07:18– Ça c'est un exemple, il y en a d'autres ?
07:19Vous travaillez sur d'autres emballages réemployables ?
07:23– Oui, vous allez avoir la bière, donc 75cl, 33cl,
07:28vous allez avoir des pots dans lesquels vous allez pouvoir mettre
07:30ou du fromagement ou des légumes, et il y aura comme ça à terme,
07:33sans doute une trentaine de références, de standards,
07:36qui vont être mis sur le marché, alors il va falloir quelques années,
07:39ça ne va pas se produire immédiatement,
07:41puisqu'on a mis 30 ans à créer la filière de recyclage,
07:44on mettra du temps, mais je pense qu'on y arrivera.
07:46– Quel gain en termes environnemental ?
07:49Est-ce que vous l'avez modélisé ça,
07:52ou est-ce que c'est trop tôt pour répondre à cette question ?
07:55– Non, on peut le modéliser, après il y a des conditions de nombre de rotations,
08:00donc en fait il faut que c'est emballage,
08:02si elle fait juste une rotation et qu'on la met dans le bac de tri,
08:06ça ne vaut pas le coup, et donc il faut qu'elle fasse au moins 5, 10 rotations,
08:09en général elles font même jusqu'à 20,
08:12et puis l'autre condition, c'est qu'elle ne fasse pas trop de kilomètres,
08:14c'est du verre, c'est lourd, si vous mettez des camions
08:17qui font 1000 kilomètres avec des emballages dedans, ce n'est pas bon,
08:19donc en fait il faut qu'il y ait un maillage ensuite de laveurs et d'industriels
08:23qui puissent l'utiliser pour différents produits,
08:27et en fait c'est tout le principe d'avoir des standards,
08:30vous pouvez les réutiliser plus proches,
08:31mais pour un produit qui sera différent,
08:33de façon à réduire l'impact environnemental.
08:35– Oui, donc c'est pour ça que vous le testez d'abord,
08:37en quelque sorte, dans 4 régions avant de le diffuser,
08:40je disais qu'en octobre, ce mois-là,
08:42on est dans un appel à manifestation d'intérêt auprès des opérateurs
08:46pour identifier et sélectionner le gestionnaire unique
08:48chargé d'opérer la boucle de réemploi dans le périmètre de la phase d'activation,
08:53j'adore les termes employés pour les appels,
08:55mais c'est exactement ce dont on parle,
08:58c'est-à-dire trouver région par région
09:00ceux qui vont permettre qu'on soit dans un cycle relativement court,
09:02c'est ça ?
09:03– Oui, c'est ça, il nous faut déjà un grand nombre de magasins,
09:06on a déjà 1200 magasins qui nous ont dit qu'ils étaient volontaires,
09:10alors volontaire, il faut installer des machines de déconsignation
09:13ou alors avec la petite douchette pour arriver à déconsigner la bouchée,
09:16donc il faut un certain nombre de magasins,
09:18après, il faut qu'on ait un opérateur qui puisse opérer toute la logistique,
09:23le lavage, le retour, avoir suffisamment de stock,
09:27parce que si vous ne la rapportez pas tout de suite,
09:28il faut quand même continuer à pouvoir vendre des produits,
09:31et donc c'est tout cet enjeu logistique auquel il faut répondre,
09:36et c'est tout l'enjeu de ce qu'on est en train d'accomplir dans ces quatre régions,
09:40et le but c'est d'essayer de commencer à créer quelque chose à l'échelle,
09:44parce que du réemploi, vous avez beaucoup d'expérimentations aujourd'hui
09:46de réemploi ici ou là,
09:47mais en fait ce qu'on veut c'est que la France passe au réemploi,
09:50et donc on démarre avec ces quatre grandes régions,
09:53ça fait quand même 16 millions d'habitants,
09:55de façon à pouvoir tester, faire les premières erreurs aussi,
09:59et corriger tout ça pour déployer à l'échelle du territoire.
10:02– Date officielle du démarrage, c'est pour quand ?
10:04– Ce sera avant l'été, ce sera mai-juin de 2025,
10:08donc vous aurez ce premier litre fraîcheur dans les rayons.
10:11– Super, on se revoit dans un an pour faire le premier bilan alors.
10:13– Avec plaisir.
10:14– Merci beaucoup Jean Hornin, et à bientôt sur BeSmart for Change.
10:17On passe au débat de cette émission, la réparabilité en question.
10:23– La réparabilité, c'est le thème du débat de ce Smart Impact
10:34avec Julien Sylvain, bonjour.
10:36– Bonjour.
10:36– Bienvenue, vous êtes le co-fondateur de Télibert, Guillaume Balazs, bonjour.
10:39– Bonjour.
10:39– Délégué général du réseau Envie,
10:42on va commencer par des questions toutes simples de présentation.
10:44Télibert, votre philosophie c'est quoi, le luxe durable, j'ai lu ça.
10:47– Alors Télibert d'abord, on a un acteur incontournable maintenant du matelas en France,
10:51donc on a 10 ans en 2025, et donc on reste une jeune société,
10:56mais on a vraiment changé la manière de vendre le matelas.
10:59Il faut imaginer qu'avant le matelas c'était vraiment des très grandes boutiques
11:02avec plein de matelas, des promos partout, un choix qui est très compliqué,
11:06on a toujours l'impression de se faire avoir quand on achète un matelas,
11:09et nous on a simplifié tout ça avec une offre extrêmement courte,
11:12on a commencé avec un seul matelas, une marque plutôt bienveillante,
11:16avec le prix juste de l'année, une technologie qui est simple à aborder,
11:19et on a développé comme ça la société, donc aujourd'hui on est vraiment incontournable,
11:24on a vendu un peu plus de 300 000 matelas,
11:26on a une grosse part de marché, on fait 50 millions d'euros de chiffre d'affaires,
11:29et on vient effectivement de lancer un produit plus haut de gamme, qui est réparable.
11:34Luxe, durable, on y reviendra dans un instant.
11:37Le réseau en vie en quelques mots, Guillaume Ballas ?
11:39Alors nous on fait du reconditionnement électroménager,
11:43nous sommes des entreprises d'insertion par l'activité économique,
11:45donc on s'adresse à des publics éloignés de l'emploi,
11:48qui nous permet de reprendre pied dans la vie économique,
11:52et on est économie sociale et solidaire.
11:55C'est 3 800 salariés aujourd'hui, et plus de 100 points d'entrée dans le territoire.
12:00La rénovation, la réparabilité, c'est au cœur de votre activité ?
12:04Oui, parce que si jamais nous ne pouvons pas réparer,
12:07parce que notamment la fabrication des appareils l'interdit,
12:11ce qui est parfois le cas ou parfois la volonté,
12:14avec l'idée du fabricant de se dire, il n'y a que moi qui aurais la main sur la réparation,
12:19qui pourrait autoriser les pièces détachées, ou même le dépeçage de l'appareil,
12:24on ne peut plus faire de notre travail.
12:25Donc évidemment il y a un enjeu absolument majeur,
12:27mais enfin beaucoup de fabricants aujourd'hui comprennent cet enjeu,
12:30il ne faut pas être pessimiste.
12:31Oui, on essaie de ne jamais être pessimiste dans cette émission,
12:34on va évaluer justement cette mutation en cours.
12:37Vous lancez donc un nouveau matelas qui s'appelle Grand Ours,
12:40alors il est réparable à vie,
12:42ça c'est la promesse marketing on va dire ça comme ça,
12:45mais comment vous la tenez la promesse ?
12:46Je pense qu'on partage une vision qui est celle que le meilleur produit à mettre sur le marché,
12:52c'est le produit qui ne pollue pas évidemment,
12:55donc du coup si on peut réparer un ancien produit, on réduit vraiment.
12:58Dans le cas du matelas, un matelas en moyenne c'est 300 kg de CO2,
13:01donc c'est quand même un produit qui est assez polluant et assez important dans notre vie aussi.
13:07Donc du coup on a beaucoup réfléchi en interne sur ce qui permet de réparer un matelas,
13:12on a par exemple nous notre matelas principal,
13:13c'est un matelas qui est entièrement déhoussable et on peut laver la houche du produit,
13:16ça paraît bête, mais en fait il y a moins de 5% des matelas qui ont une houche qui est lavable,
13:21alors que c'est le premier problème d'un matelas, c'est la houche qui est tachée,
13:24et c'est dommage de se débarrasser d'un produit uniquement pour ce détail-là,
13:27mais on allait plus loin pour ce produit plus haut de gamme,
13:30où on avait, comme on vise un confort plus sophistiqué,
13:34on veut vraiment un produit qui plaise à une gamme de clients qui est prête à mettre plus que d'un grand dans le matelas.
13:40Parce qu'il coûte combien ce matelas ?
13:41Il coûte 2690 euros, ça paraît cher par rapport à notre gamme,
13:44ce n'est pas très cher par rapport au prix moyen du matelas vendu chez les spécialistes,
13:48et par contre du coup on s'est dit c'est l'opportunité de vraiment innover,
13:50de mettre ce qu'on sait faire dans le matelas,
13:52et donc du coup on a non seulement la houche qui est remplaçable,
13:56mais on a aussi le matériau d'accueil, qui est le deuxième problème le plus fréquent qui va...
13:59Matériau d'accueil, c'est-à-dire le...
14:01C'est la couche sur laquelle on va dormir directement,
14:03qui elle mécaniquement avec l'effet du temps et de la transpiration,
14:07évidemment avec le poids du dormeur, va s'affaisser,
14:10mais par contre l'âme du matelas, c'est-à-dire l'intérieur, les ressorts,
14:13il y en a 1600 dans le cas de ce matelas, elle, elle ne va pas bouger pendant 30 ans.
14:17Et en fait c'est tellement dommage de se débarrasser d'un produit,
14:19alors que le moteur du matelas, lui, est intact.
14:23Donc on a vraiment imaginé notre produit pour qu'il soit réparable,
14:25donc le client va pouvoir nous solliciter,
14:27et on va lui renvoyer les pièces d'usure du produit,
14:30pour que son produit puisse durer 30, 50, 40 ans.
14:33Vous fêtez, là, au mois de novembre, les 40 ans du réseau Envie,
14:38alors justement, pour rebondir sur ce que vous disiez tout à l'heure,
14:41sur l'évolution, c'est-à-dire...
14:44Vous sentez la mutation depuis quoi, une petite dizaine d'années ?
14:46Vous commencez à voir des constructeurs, des marques qui se disent
14:50« oui, mais il faut quand même qu'on lâche un peu et que nos produits soient plus réparables » ?
14:54Alors oui, on le voit de manière extrêmement nette,
14:57notamment les fabricants qui sont aujourd'hui en Europe,
15:02alors qu'ils fabriquent en Europe ou qu'ils fabriquent ailleurs,
15:04mais dont les sièges sociaux, l'intelligence, j'allais dire, de conception est en Europe.
15:10Le problème et le risque, c'est qu'on voit depuis à peu près maintenant une année et demie,
15:16les flux d'électroménagers en provenance d'Asie, de l'Est, de Chine, pour tout dire,
15:24à très bas prix, qui correspond à une stratégie industrielle chinoise,
15:27on le sait dans d'autres domaines,
15:29arriver en Europe de façon forte.
15:32Or ça, ça peut tout casser, parce que les fabricants vont se dire
15:35« bon ben là, il y a du low cost qui est en train de nous concurrencer,
15:39on ne va pas se faire des efforts à construire des appareils réparables,
15:42un peu plus chers, qui risquent, etc. »
15:45Et c'est dommage, parce que nous, on vient de faire une analyse de cycle de vie
15:49de l'électroménager reconditionné.
15:51Alors, les chiffres ne sont pas encore officiels, je ne vais pas vous les donner,
15:54mais on va les donner très bientôt.
15:55Dans l'esprit.
15:56C'est impressionnant.
15:57Je veux dire, on est sur des multiples qui sont à deux chiffres d'impact en moins sur l'environnement
16:05et notamment sur les gaz à effet de serre de la part des appareils reconditionnés.
16:10Donc, on voit qu'il y a un enjeu.
16:11L'engin à laver qui est reconditionnable ou pas, c'est quoi, c'est 20-30% de fer ?
16:15Non, pas 20-30%, c'est x30.
16:17Ah oui, oh là là, j'étais très très loin d'y comprendre.
16:19On va être sur des échelles extrêmement impressionnantes.
16:22On rendra ça public bientôt, justement, avec nos 40 ans.
16:25Mais il y a donc aujourd'hui un enjeu fondamental qui fait qu'on peut changer les choses.
16:29C'est-à-dire qu'on peut tout à fait, aujourd'hui, en faisant autrement d'un point de vue industriel,
16:33avec des produits qui durent beaucoup plus longtemps,
16:35et c'est possible de vous le montrer aussi, changer la donne en termes climatiques.
16:40Il y a d'autres leviers d'action ?
16:41Il y a, par exemple, le recyclage de, alors là, pas seulement le matelas,
16:44mais de la litterie de ce qui l'entoure.
16:47Là aussi, vous travaillez là-dessus ?
16:48Alors, on travaille sur plusieurs choses.
16:50Déjà, évidemment, nous, on a un éco-organisme, un éco-mobilier qui fait un super travail.
16:54Aujourd'hui, quand on livre un produit, pour les gens sérieux comme nous,
16:56ce n'est pas le cas de tous les acteurs, mais quand on livre un matelas,
16:59on est obligé de proposer au client de reprendre son ancienne litterie
17:01pour pouvoir massifier le flux de produits collectés
17:05et pouvoir les transmettre en bon état aux recycleurs.
17:07Donc, là, c'est un travail formidable qui a été fait.
17:09La majorité des acteurs sérieux comme nous participent du coup à cette tâche avec grand plaisir.
17:15Ça s'appelle éco-mobilier, c'est ça, l'éco-organisme ?
17:17L'éco-organisme qui s'occupe de ça.
17:19Et derrière, nous, effectivement, maintenant que la filière de matières recyclées s'améliore
17:24et améliore la qualité de ses produits,
17:26nous, on essaye d'intégrer un maximum de matières recyclées dans nos produits.
17:30Ce n'est pas toujours possible, mais par exemple, dans nos matelas,
17:32l'intégralité des ressorts sont faits en acier recyclé.
17:35Pour la majorité de nos produits, les textiles aussi sont des textiles
17:38issus de polyester, de coton recyclé.
17:40Donc, on intègre ces matières-là.
17:42Après, là où je vous rejoins, c'est que l'impact de la matière recyclée
17:47par rapport au prolongement de la durée de vie du produit à la réparation,
17:51il est infime.
17:52En fait, en réparant le matelas Grandourc,
17:55avec quelques pourcentages de poids carbone du produit,
17:58on va rajouter 10 ans ou 15 ans de durée de vie.
18:00Donc, c'est vraiment un acquis prioritaire de travail pour nous.
18:03On a pour objectif que l'intégralité de nos produits soit réparable d'ici deux ans.
18:07Et il faudrait que ce soit le cas pour tous les metteurs sur le marché
18:10de produits de grande consommation, en tout cas pour l'équipement de la maison.
18:13Et le levier du prix, on y revient.
18:15C'est-à-dire que si vous faites face, je vous pose la question à vous,
18:19Julien Sylvain, à une concurrence, alors étrangère évidemment,
18:23le mot est facile, mais c'est souvent ça, à très, très bas prix,
18:27vous, votre modèle économique, il est en souffrance ?
18:31À quel point il est fragile ? Vous voyez ce que je veux dire ?
18:33Une bonne manière de démontrer l'intérêt d'investir dans des produits de qualité,
18:38c'est évidemment le plaisir qu'on va prendre à utiliser le produit au quotidien.
18:40Mais c'est ce qu'on fait depuis très longtemps.
18:43Mais c'est aussi de pouvoir rationaliser le rapport qualité-prix sur une durée longue.
18:47Donc, nous, on explique aux clients qu'effectivement,
18:50acheter un matelas qui est fait en Chine à 400 euros, c'est tout à fait possible.
18:53Par contre, ils vont le garder pendant trois ans parce que très vite, il va se dégrader.
18:58Donc, investir sur un matelas qui va valoir 2600 euros,
19:01et qu'on va garder pendant 40 ans, c'est plus qu'intéressant.
19:03Sauf que quand on est, alors on en est un peu sortis,
19:05mais quand on est dans une période de forte inflation,
19:07c'est très difficile de faire passer ce discours-là.
19:10Vous avez commandé un sondage, à l'Institut Opinion Way,
19:14justement sur le rapport des Français aux reconditionnés.
19:18Alors là, voilà, est-ce qu'on est un peu dans cette schizophrénie ?
19:23C'est-à-dire, on en veut beaucoup, mais est-ce qu'on est prêt à mettre l'argent pour ?
19:25Vous voyez ce que je veux dire ?
19:26En fait, ce que dit le sondage, c'est d'abord une première leçon qui est inquiétante,
19:32c'est que la motivation écologique par rapport à il y a quelques années est en très forte baisse.
19:37La motivation pour aller le reconditionner est liée en effet à la période d'inflation
19:40qu'on a vécue ces deux dernières années, et donc c'est d'abord et avant tout le prix.
19:44Ce qui fait que pour nous, en vie, ce n'est pas trop dérangeant
19:47puisque nos appareils reconditionnés sont moins chers que le prix moyen du neuf, de 30 à 60 %.
19:53Mais c'est vrai que si on raisonne en termes d'allongement de la durée de vie de produit,
19:57et notamment d'avoir des produits qu'on achète plus cher,
20:01mais avec des services qui nous accompagnent pendant très longtemps,
20:05il faut découper le prix par le nombre d'années, c'est assez simple,
20:08et pas simplement voir l'investissement dans l'appareil ou dans le produit sur le moment, entre guillemets.
20:14Et donc faire ça sur long terme, c'est ce que faisaient nos anciens.
20:18C'est ça qui est drôle, c'est qu'on revient à des conceptions économiques qui existaient,
20:21qu'on a un petit peu oubliées avec la surconsommation sans régulation qu'on a vécu ces dernières années.
20:27Est-ce qu'il y a un effet pervers de l'économie circulaire,
20:34au sens où, pour les vêtements par exemple, on se dit
20:37« Tiens, je peux m'acheter des t-shirts qui ne valent pas cher parce que je sais bien que je pollue la planète,
20:42mais ce n'est pas grave, je vais les revendre sur tel et tel site. »
20:44Évidemment, je vois très bien ce que vous voulez dire.
20:47Et sur le textile, oui, il y a un problème.
20:50Il y a une conception, notamment chez les jeunes consommateurs,
20:54qui est de dire « Finalement, ce ne sont pas des produits chers.
20:56Il y a des circuits de vente individuels qui se remettent en place.
21:01En fait, on est et consommateur et commerçant. »
21:04Et donc finalement, alors qu'on achète des produits de la seconde main qui ont déjà été portés,
21:11on va en acheter de plus en plus, ce qui annule l'effet écologique.
21:14C'est pour ça qu'en fait, et ça c'est un point très important,
21:17l'économie circulaire ne suffit pas.
21:20Il faut aussi de la sobriété dans la production et de la sobriété dans la consommation.
21:24Voilà, si on n'a pas les deux, ça ne marche pas.
21:26Et alors, on en revient au modèle économique commercial.
21:29C'est-à-dire que le modèle économique commercial,
21:31c'est quand même au départ de vendre le plus de produits au plus grand nombre de personnes.
21:35Vous l'avez abandonné en partie, ce modèle ?
21:37Alors, on est devenu entreprise à mission en 2021 avec cette analyse qui est parfaite,
21:42qui est qu'on a, nous, un rôle à jouer dans la sobriété des consommateurs
21:46autant que dans la performance écologique de notre production.
21:49Donc, on essaye de réduire, évidemment, l'empreinte carbone de nos produits,
21:53mais aussi de déclencher ou d'enclencher, on va dire, une dynamique vertueuse dans notre industrie.
21:57C'est notre grande mission au sein de Teddy Bear.
21:59Donc, on a beaucoup travaillé sur les matériaux.
22:01Notamment, on en revient toujours au gantien, mais notamment sur la laine qu'on a intégrée dans nos produits.
22:05Donc, on utilise la laine qui est extrêmement vertueuse,
22:07qui est jetée aujourd'hui pour l'intégrer dans nos produits.
22:09Et on travaille sur des enjeux comme la réparabilité pour allonger la durée de vie des produits.
22:14Merci beaucoup. Merci à tous les deux et à bientôt sur Be Smart For Change.
22:19On passe à notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables.
22:30Smart Ideas avec Romain Bourdet. Bonjour.
22:33Bonjour, Thomas.
22:33Bienvenue. Vous êtes le cofondateur, président de MUBE, créé en 2022 avec Mathieu Jacobs.
22:40Quelle idée de départ ? Racontez-moi.
22:42Alors, l'idée de départ, c'est que nous, nous sommes des gens qui ont du paysage, de l'environnement.
22:47Donc, on est des jardiniers, pour simplifier, et on a vu dans les villes, de plus en plus, un besoin de végétalisation.
22:53Donc, des arbres, les villes en ont planté un peu partout.
22:56En revanche, on s'est vite retrouvés confrontés au problème de se dire,
22:59on ne peut pas, en revanche, en mettre dans certains endroits, et en particulier les centres urbains, hyper densifiés.
23:05Donc, comment fait-on pour développer du vert ?
23:07Ça, tout le monde est d'accord. Dans des environnements qui n'ont pas été conçus pour.
23:10La ville, elle s'est développée d'une façon où faire revenir le végétal, c'est une volonté,
23:14mais ça se heurte à des problématiques de réseaux souterrains, de proximité des bâtiments.
23:18Donc, l'idée d'une colonne végétalisée, c'est ça ?
23:21Exactement. On s'est dit, comment faire pour répondre à tous ces enjeux, et on a donc travaillé sur une architecture.
23:27Et très vite, l'architecture d'une colonne, c'est ce qui utilise le moins de place au sol,
23:31et avec une végétalisation à 360 degrés, on crée en fait une quantité de végétal très importante par rapport à l'emprise au sol.
23:37Alors, on voit quelques images, quelques photos, et quand on voit la photo,
23:41on n'imagine pas le niveau d'innovation que ça suppose.
23:44C'est-à-dire, il y a des capteurs, il y a des algorithmes qui travaillent, expliquez-nous.
23:47Exactement. C'est-à-dire qu'on est parti d'un postulat de base, parce que je vous dis, on est des jardiniers,
23:51et une plante pousse dans la terre. Donc, c'est un tube avec de la terre et des plantes qui poussent dessus.
23:57Donc, ça paraît très simple, mais il a fallu trois ans de R&D pour arriver à un résultat satisfaisant.
24:01Et effectivement, la colonne, aujourd'hui, est un objet qui est assez rustique dans sa conception,
24:06mais qui embarque énormément de technologies, à savoir des capteurs, des algorithmes de calcul de l'hygrométrie,
24:12pour qu'elle ait également un aspect autonome. Et une colonne est connectée au réseau d'eau et totalement autonome.
24:19Il n'y a pas d'intervention humaine.
24:20J'allais vous poser la question, mais elle se recharge en eau uniquement quand elle en a besoin.
24:26C'est ce que je comprends.
24:27Exactement. Vous avez des capteurs à l'intérieur de la colonne qui analysent les besoins en hygrométrie et en arrosage.
24:34Et la colonne déclenche toute seule son processus d'arrosage et a même un côté prédictif en fonction des prévisions météo,
24:39puisque le challenge de l'eau est également un challenge très important dans notre démarche.
24:44Ce n'est pas tant de pouvoir créer du végétal en ville, ça on y est arrivé,
24:47mais comment également faire pour économiser les ressources en eau et en entretien.
24:51Et ça, on y est arrivé avec cet R&D.
24:54Aujourd'hui, on a des économies d'eau très importantes par rapport à la surface créée.
24:57Et on ne nécessite que deux entretiens par an, ce qui est inférieur à l'entretien d'une surface horizontale qui est plus traditionnelle.
25:03Vous travaillez notamment avec des opérateurs d'infrastructures télécoms,
25:07parce qu'il y a cet enjeu de déploiement des antennes, notamment des antennes 5G.
25:13C'est une de nos activités également.
25:16Notre point de départ, c'est vraiment végétaliser la ville.
25:18On a réussi à le faire. On a installé plus de 200 colonnes en France.
25:22Le produit est opérationnel, mais on s'est très vite rendu compte qu'on pouvait l'améliorer en y ajoutant des services.
25:27Le végétal, qui est très efficace pour ses qualités de végétal, peut également apporter des services à la ville.
25:33La ville se connecte. La ville est de plus en plus intelligente.
25:35Une colonne crée un point haut, un point haut qui est intégré au végétal.
25:40On peut y positionner des antennes de télécommunication, mais également tous les équipements en lien avec la Smart City.
25:45Aujourd'hui, on a plusieurs canaux d'installation.
25:48La végétalisation, c'est notre point de départ. C'est ce qu'on sait faire.
25:51Mais on a également des partenariats avec des opérateurs télécoms et des opérateurs d'équipement Smart City.
25:56Le végétal apporte maintenant du service.
25:59Avec aussi, et j'aurais pu commencer par là, un apport en termes de biodiversité, peut-être de fraîcheur,
26:07parce qu'on parle souvent des îlots de chaleur dans les villes.
26:10C'est l'objectif de faire revenir le végétal en ville.
26:13Nous, on échange régulièrement avec les élus, avec des intervenants dans ce domaine de la végétalisation urbaine.
26:18Et les points importants, c'est le retour de la biodiversité.
26:21Nous, on est très performant puisqu'une colonne, c'est une vingtaine d'espèces de plantes.
26:25Donc, ça a 20 fois plus de biodiversité qu'un arbre qui est une mono-espèce.
26:29On a également un effet purifiant puisqu'on absorbe les composés organiques volatiles.
26:35On a une absorption carbone.
26:36Et on travaille également beaucoup l'effet îlot de chaleur puisqu'on peut également rajouter de l'ombrage à une colonne.
26:41Et donc, on a un impact sur ce point qui est très important pour les villes, qui est rafraîchir l'espace urbain.
26:46Un mot de vos ambitions, développement à venir ? Vous êtes présent en France uniquement ?
26:51Alors là, on est présent en France, c'est-à-dire qu'on est sur le marché du mobilier urbain végétalisé.
26:56On a des partenariats avec des opérateurs Télécom et on a des partenariats avec des opérateurs de Smart City.
27:03Donc, la végétalisation urbaine, le mobilier, ça c'est déjà effectif.
27:07On a installé plus de 200 colonnes.
27:08En revanche, on est sur de nombreux projets, là en revanche, qui sont portés à un équipement tout en végétalisant.
27:14Et ça, c'est quelque chose qui devrait intervenir normalement sur l'année 2025.
27:19Et on a également pas mal de touches à l'export.
27:22La colonne est un produit particulièrement adapté aux villes d'Asie, aux villes du Moyen-Orient.
27:28C'est quelque chose qui leur plaît beaucoup.
27:29Merci beaucoup Romain Bourdet, bon vent à M.U.B. !
27:32Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:34Merci à toutes et à tous de votre fidélité à Be Smart For Change.
27:38À très vite !

Recommandations