• il y a 1 heure
Vendredi 17 janvier 2025, SMART IMPACT reçoit Vincent Canu (Directeur, Osapiens) , Alexandre Fayeulle (Président et fondateur, ADVENS) , Julien Tchernia (Cofondateur et président, Ekwateur) et Jean-Yves Stéphan (PDG, Storio Energy)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, c'est un Smart Impact en version longue que je vous propose
00:13aujourd'hui pour creuser les enjeux de transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:19Avec cette question, êtes-vous prêts pour l'impact que je pose chaque semaine à un
00:24ou une chef d'entreprise ? Près de 30 minutes de grand entretien avec Julien Tchernia, aujourd'hui
00:29le président d'Equateur, fournisseur d'énergie renouvelable labellisé BICORP et on l'espère
00:35pour lui, futur licorne à impact.
00:37Dans cette émission, on parlera aussi des tendances de l'ESG à surveiller en 2025,
00:41notamment au déploiement de la Directive Européenne sur le bilan extra-financier,
00:45CSRD, avec Vincent Canut, le directeur d'Eau Sapiens France.
00:49Notre Zoom nous mènera au sable d'Olonne, dans le chenal mythique de la ville, on verra
00:55comment le Vendée Globe, ses skippers et ses sponsors s'engagent pour l'environnement.
01:01Et puis dans notre rubrique Start-up, je vous présenterai Storio Energy et ses solutions
01:05de stockage pour rentabiliser l'usage des panneaux solaires dans les entreprises.
01:11Voilà pour les titres, c'est parti pour ce Smart Impact en version XXL.
01:22L'invité de ce Smart Impact, c'est Vincent Canut, bonjour.
01:25Bonjour.
01:26Bienvenue, vous êtes le directeur d'Eau Sapiens France, on va parler des grandes tendances
01:31de stratégie ESG sur cette année 2025, mais d'abord un mot d'Eau Sapiens, entreprise
01:36allemande qui s'est installée en France il y a bientôt deux ans, que propose Eau Sapiens,
01:39c'est quoi vos services ?
01:40Exactement, alors nos services en fait c'est assez simple, donc nous on est éditeur de
01:45solutions logicielles qui vise à finalement aider les entreprises à mieux gérer leur
01:52chaîne d'approvisionnement, leurs produits et l'ensemble de leur conformité réglementaire.
01:58En fait, le principe c'est qu'on va organiser, agréger l'ensemble des données, des informations,
02:05des processus des entreprises liées à l'ESG, donc par exemple, on s'en lame, droit humain,
02:11traçabilité des produits, etc., et puis donc organiser tout ça en tant que processus
02:15de manière à les aider à gérer la conformité réglementaire et donc leur transformation
02:19écologique.
02:20Comment vous accompagnez vos clients ? Ça démarre par quoi ? Ça démarre par une
02:24sorte d'audit, par la récupération des données qui sont parfois un peu éparpillées ? Comment
02:30vous fonctionnez ?
02:31Alors, comment on fonctionne ? C'est une bonne question.
02:35En fait, ça vient d'abord d'une volonté de l'entreprise déjà de se transformer,
02:42que ce soit suite à une contrainte réglementaire ou suite à une volonté propre, généralement
02:48les deux finissent par être reliés en fait, mais donc il y a une première volonté de
02:52se dire, j'ai besoin de faire quelque chose, par exemple d'introduire de la traçabilité
02:56de produits.
02:57Nous, j'aime expliquer, en fait, nous on est là pour fournir un outil, c'est-à-dire
03:02que si je devais faire une analogie par exemple avec un appartement, moi je fournis des marteaux,
03:08je fournis des tournevis, mais effectivement, le propriétaire des lieux, donc l'entreprise,
03:12va s'appuyer dans beaucoup de cas sur des cabinets de conseil, donc des grands cabinets
03:17de conseil ou des plus petits, etc., il y en a vraiment toute une panoplie, pour effectivement
03:23analyser les différents processus qu'il va y avoir, les différents points de données,
03:27nous on va ensuite connecter à toutes ces différentes sources d'informations, organiser
03:33tout cela, et puis après, en fonction des contraintes réglementaires qu'on va identifier
03:37et qu'on essaie de résoudre, on va effectuer un certain nombre d'opérations, par exemple
03:42sur la déforestation, on va vérifier par analyse satellite et intelligence artificielle
03:46si oui ou non il y a eu de la déforestation, si on parle de risque en chaîne d'approvisionnement,
03:50on va analyser s'il y a un risque, je ne sais pas moi, de travail des enfants, de respect
03:55des droits humains dans le cadre de l'entreprise, etc.
03:58– On parle évidemment beaucoup dans cette émission et pas seulement, dans pas mal de médias économiques
04:03de cette directive européenne CSRD, le bilan extra-financier, c'est vrai qu'on va dire
04:09que 2025 c'est l'année de mise en œuvre effective, on l'a dit plein de fois, je le rappelle,
04:13ça se fait année après année, en fonction de la taille des entreprises,
04:17les très grandes entreprises pour commencer, puis les ETI, puis ça ira jusqu'au PME coté.
04:22Comment elle est vécue, question très générale pour démarrer, comment elle est vécue par vos clients,
04:25est-ce que c'est d'abord l'inquiétude, la contrainte, encore de la paperasse,
04:31ou alors, bon ben, il y a peut-être une opportunité à saisir ?
04:34– Alors encore une fois, c'est vrai que ça dépend beaucoup de la maturité
04:36des différentes entreprises, j'ai bien parlé des 5 étapes du deuil dans certains cas,
04:40c'est-à-dire qu'en fonction des sociétés, on a certains qui vont être en choc,
04:46certains qui vont être dans le déni et compagnie, mais on arrive toujours à un moment ou un autre
04:50à une phase d'acceptation et de réalisation que finalement c'est le moyen de faire un état des lieux,
04:57de regarder qu'est-ce qui se passe d'un point de vue impact, d'un point de vue environnemental,
05:02d'un point de vue sociétal, qu'est-ce qu'en tant que société, qu'est-ce qu'on souhaite faire,
05:06est-ce qu'on réalise que nos activités finalement ont un impact sur la société, sur la planète,
05:13et comment est-ce qu'on souhaite s'y adapter ?
05:14– C'est quoi les points bloquants, parce que c'est ressenti comme ça ?
05:17– Les points bloquants, ben on ne va pas se cacher derrière nos petits doigts en fait,
05:21il y a beaucoup de données, il y a beaucoup de points d'information
05:24qu'il va falloir documenter, et ça touche tous les secteurs de l'entreprise,
05:31et les entreprises ne sont souvent pas forcément organisées pour gérer cette donnée,
05:37les données sont souvent éparpillées également dans différents silos,
05:41dans différents points d'information qui ne sont pas toujours facilement accessibles,
05:46et qui ne sont pas toujours facilement comparables.
05:48– J'entends beaucoup cette petite musique qui consiste à dire,
05:51bon ça allait pour les très grands groupes,
05:52mais pour les ETI, ce n'est pas formaté pour les ETI,
05:54c'est trop compliqué pour les ETI, est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
05:58– Je ne sais pas si je peux dire que je suis d'accord ou pas,
06:03la réalité c'est que oui il y a beaucoup d'informations,
06:06oui ça s'applique également à des ETI, des PME, des grosses PME quand même,
06:12parce qu'on parle de 250 personnes,
06:14mais je pense que la question c'est plutôt est-ce que réellement
06:20on a vraiment le choix de se poser ces questions-là,
06:24il y a beaucoup de contraintes, il y a beaucoup de points à mettre,
06:28si je dois faire un parallèle par exemple avec la finance,
06:30personne ne se pose la question de savoir est-ce que la finance est contraignante,
06:33pourtant je n'ai rien du tout contre les directeurs financiers ou quoi que ce soit,
06:37mais c'est quand même une fonction de l'entreprise qui est non productive,
06:41et qui représente quand même un pourcentage non négligeable des effectifs.
06:44La problématique qu'il y a sur le côté ESG,
06:47c'est que dans beaucoup de cas effectivement,
06:48on va avoir des besoins qui sont prégnants,
06:54qui sont assez importants, avec finalement assez peu de ressources,
06:58j'ai pas mal de sociétés de 1000, 2000, 3000 personnes,
07:00qui finalement vont avoir une ou deux personnes
07:03qui s'occupent de l'ensemble de la responsabilité environnementale.
07:06Moi je vais dire, on fait une émission qui s'appelle Smart Impact,
07:08c'est très bien, ça oblige les entreprises à se structurer sur ces enjeux,
07:12et puis il y a aussi, c'est un outil de comparaison cette CRD,
07:16donc il y a une forme de prime à celles et ceux qui ont déjà fait le chemin.
07:21Exactement, c'est une très bonne remarque,
07:25c'est donc un moyen de comparaison,
07:27et moi j'aime bien expliquer aussi aux gens que,
07:30on parle souvent de compétitivité, etc., que c'est pas bon,
07:33en fait ce qu'il faut bien comprendre,
07:34c'est qu'en l'occurrence, ça permet de mettre un cadre
07:37de concurrence saine entre les entreprises,
07:41y compris en dehors de l'Union Européenne,
07:42parce que contrairement à ce qu'on entend dans beaucoup de cas,
07:44en fait ce sont des réglementations qui sont contaminantes au niveau international,
07:48de la même manière que le RGPD a été contaminant au niveau mondial.
07:52Donc la protection des données évidemment.
07:54Oui, excusez-moi.
07:55Non, il n'y a pas de souci.
07:56Oui, c'est contaminant, enfin je ne sais pas si c'est le bon terme,
07:58mais en tout cas on comprend bien ce que ça veut dire,
08:01parce que toute la chaîne de valeur est concernée.
08:02Exactement, et donc c'est sûr qu'effectivement ça force
08:06toutes les entreprises à se poser la question,
08:08à faire leur état des lieux,
08:09toutes les données sont également mises à disposition en open data,
08:13donc en accès libre, pour ensuite être réutilisées pour faire de la comparaison.
08:17Est-ce qu'il y a d'autres, alors vous avez parlé de la déforestation par exemple,
08:20là aussi il y a une réglementation européenne qui est assez contraignante,
08:24et là aussi avec un effet international,
08:27il y a d'autres réglementations européennes dont on parle moins que la CSRD
08:31qui vous semblent importantes ?
08:32Alors effectivement la déforestation pour moi est une réglementation
08:35qui est extrêmement structurante pour les entreprises et dont on parle assez peu.
08:41Pour vous donner une idée, le calendrier de mise en œuvre
08:44c'était normalement le 31 décembre 2024,
08:47donc au vu de toutes les informations que vous avez eues,
08:50ça a été retardé en fait au 31 décembre 2025,
08:55mais les entreprises, si je dois schématiser très rapidement,
08:59l'idée c'est de s'assurer qu'en Europe on ne commercialise pas de produits
09:03qui vont avoir contribué potentiellement à la déforestation.
09:06Donc un distributeur qui va vendre une tablette de chocolat
09:09doit être en mesure de s'assurer que la fève de cacao
09:13qui a été utilisée pour faire la tablette de chocolat qu'on est en train d'acheter
09:16a été cultivée sur une parcelle géographique,
09:19que ça n'a pas généré de déforestation, qu'il n'y a pas eu de travail des enfants,
09:22qu'on a respecté les droits humains internationaux, etc.
09:25Ce qui est très bien, mais compliqué à vérifier, c'est ça ?
09:28C'est...
09:30Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est compliqué,
09:32en fait c'est comme tout, c'est compliqué quand on ne le fait pas encore,
09:35une fois que ce sont des processus qui sont mis en place,
09:38ça marche et ce n'est pas si compliqué que ça.
09:41Par contre, la mise en œuvre est assez compliquée.
09:43Qu'est-ce que vous vous proposez ?
09:44Alors nous effectivement on propose une solution
09:47parmi tous les différents modules qu'on propose,
09:50puisque nous on propose une plateforme qui va agréger tout un ensemble de modules
09:54pour se mettre en conformité avec la plupart des réglementations.
09:58Au niveau de la déforestation, effectivement on propose des outils
10:00qui vont permettre de prendre contact avec l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement,
10:05récupérer les informations de localisation de culture,
10:08faire les analyses satellites, vérifier la légalité du travail, etc.
10:12pour que finalement les entreprises, elles aient un petit écusson vert
10:17qui leur dit c'est bon tu peux y aller.
10:19Mais ça veut dire que c'est un travail qui n'était pas fait
10:22ou pas suffisamment fait, un peu d'opacité ?
10:26Parce que ça semble étonnant de dire qu'un chef d'entreprise
10:30ne maîtrise pas l'ensemble de sa chaîne de valeur.
10:33Vous savez c'est très compliqué de maîtriser une chaîne de valeur en fait.
10:37Quand on prend par exemple des chaînes comme le café, le cacao,
10:41on peut avoir 10-15 niveaux de fournisseurs en fait.
10:46C'est-à-dire qu'un distributeur au final, il va y avoir 10 intermédiaires
10:51entre lui et le producteur par exemple.
10:54Ce qui du coup, si à chaque étape on considère qu'on en a par exemple une dizaine,
10:57on arrive très facilement tout de suite à des combinatoires
11:00avec énormément, des dizaines de milliers de combinaisons possibles.
11:03Donc c'est extrêmement compliqué, on ne va pas se mentir,
11:06mais c'est des choses qui se mettent en place.
11:08Après, dans le cadre d'autres réglementations,
11:11par exemple sur le devoir de vigilance,
11:12c'est des choses qui sont de toute façon nécessaires à analyser.
11:16Il va falloir que les entreprises prennent en main de toute façon.
11:19Avec une dimension qui est passionnante,
11:21c'est que l'Europe met en avant ses outils de régulation
11:25alors qu'en face on a les Etats-Unis qui se posent avec un Elon Musk,
11:30conseiller spécial du président Trump réélu, en chantre de la dérégulation.
11:35Là, il y a un sacré bras de fer en perspective quand même.
11:38Alors il y a toujours, là j'ai envie de dire,
11:40c'est des considérations géopolitiques.
11:42Moi j'ai envie de dire en tant que petite société actrice du sujet,
11:45je me conforme au sujet.
11:48Maintenant, la réalité quand même, c'est que c'est des tendances qui sont irréversibles.
11:53C'est-à-dire que quoi qu'on en dise, quoi que fasse qui que ce soit,
11:57les consommateurs le demandent.
11:59Vous ne pouvez pas imaginer maintenant avoir une société
12:02dans laquelle vous n'allez pas être capable de prouver
12:06que vos fournisseurs respectent les droits humains par exemple.
12:10Des baskets fabriquées par des enfants, ce n'est plus acceptable.
12:14On l'a déjà vu et on en parle encore.
12:17Ce sont des choses qui sont extrêmement compliquées.
12:20Tout ça, c'est des tendances, des modifications qui se passent au niveau des marchés
12:22qui sont complètement irréversibles.
12:25Il y a tout un ensemble de discussions pour ajuster des calendriers,
12:28des points à la marge.
12:30Mais la réalité, c'est que c'est des choses qui vont de toute façon se passer.
12:33Oui, un mouvement de fond.
12:34Et d'ailleurs, il y a pas mal de grandes entreprises américaines
12:37qui font passer le message à Donald Trump de ne pas forcément faire marche arrière
12:40parce qu'elles sont déjà engagées sur ce chemin.
12:42Merci beaucoup Vincent Canut et à bientôt sur Be Smart For Change.
12:46On passe à notre Zoom, le Vendée Globe au programme.
12:50Le Vendée Globe, ses skippers, ses sponsors, comment s'engagent-ils pour l'environnement ?
13:02Voilà le thème de notre Zoom avec Alexandre Fayol.
13:04Bonjour.
13:05Bonjour.
13:05Bienvenue, vous êtes le président fondateur d'Advance
13:09que vous allez nous présenter en quelques mots.
13:11Et puis surtout, la question importante, c'est pourquoi vous vous engagez
13:14depuis quelques années dans ce Vendée Globe ?
13:16Alors, Advance, c'est un spécialiste européen de la cybersécurité.
13:20On est plus de 500 collaborateurs présents en France, en Italie, en Espagne et en Allemagne,
13:24également au Canada et avec un bureau aussi à Papeete pour quelques collaborateurs bien heureux.
13:33Alors, pourquoi le Vendée Globe ?
13:35C'est une histoire qui remonte à il y a 8 ans,
13:36une rencontre à la fois avec le skipper Thomas Ruyant et la course du Vendée Globe.
13:41Même si je suis un passionné de sport et d'aventure,
13:43j'ai découvert le Vendée Globe en 2016, le jour du départ,
13:47le long du chenal parmi les 350 000 spectateurs.
13:50Et ça a été un véritable coup de cœur et je me suis engagé aux côtés de Thomas
13:54pour l'aider à gagner cette course.
13:58Et ça a donné lieu à la création d'une écurie de course au large Terra Racing
14:01qui aligne donc ces deux bateaux sur le Vendée Globe cette année.
14:05Avec ce choix qui est quand même très original,
14:08deux bateaux qui sont engagés sous le même nom, vulnérables.
14:12Alors, il y a Sam Goodchild et Thomas Ruyant toujours.
14:15Alors déjà, un petit point course, ils en sont où ?
14:18J'imagine que vous suivez ça, vous avez leur progression.
14:23Oui bien sûr, on suit ça depuis plus de deux mois maintenant.
14:26Je crois que c'est le 65e jour de mer aujourd'hui.
14:32Il y a trois skippers qui se sont détachés
14:35et qui sont arrivés avec Charlie Dalin, Yorin Richum ce matin
14:39et Sébastien Simon qui va arriver demain.
14:41Et derrière, il y a un petit groupe étau
14:43qui se bagarre pour les places d'honneur.
14:45Pour la quatrième place.
14:47Ils sont dans ce groupe-là.
14:48Ils font partie Sam et Thomas, oui tout à fait.
14:50Pourquoi deux bateaux ? C'est très original quand même.
14:52Pourquoi deux bateaux ?
14:53Alors, on a créé cette écurie en 2018 avec Thomas.
14:58On a construit un premier bateau avec lequel il a gagné
15:01les Transat Jacques Vabre 2021-2023, la Route du Rhum 2022.
15:05Donc il a réalisé un triplé historique.
15:07Et au retour du dernier Vendée Globe où il avait terminé sixième,
15:13on avait décidé de construire un nouveau bateau
15:15pour être le plus compétitif possible pour le Vendée Globe 2024.
15:18Et on a choisi de garder le premier bateau.
15:20Et donc de créer ce qui était inédit à l'époque dans la course au large.
15:24Créer un modèle d'écurie reposant sur deux bateaux
15:26pour mutualiser les moyens et optimiser les performances sportives.
15:30Donc c'est ce qui a amené, avec cette écurie à deux bateaux,
15:34à amener ces deux bateaux sur le Vendée Globe cette année.
15:36Pourquoi il s'appelle Vulnérable et pas Advent ?
15:39Alors, Vulnérable, c'est le nom d'un grand projet de société,
15:43en tout cas, qu'on ambitionne pour changer de regard sur la vulnérabilité.
15:49Vulnérable, c'est un mot qui a été choisi pour interpeller.
15:53Et il interpelle, ça marche très très bien.
15:55Surtout un nom porté par deux bateaux du Vendée Globe.
15:59C'est un mot pour interpeller les Français sur leur rapport à la vulnérabilité.
16:02On a fait un sondage, on a réalisé en octobre un sondage avec un baromètre,
16:06avec l'IFOP, qui met en évidence ce qu'on savait,
16:10mais ça le met en évidence par des chiffres.
16:1284% des Français ont une représentation négative,
16:14voire très négative, de la vulnérabilité.
16:20Alors que la vulnérabilité, lorsqu'elle est correctement accueillie et intégrée,
16:25elle représente un potentiel, d'énorme potentiel à libérer.
16:29C'est quoi, c'est un potentiel d'améliorer ?
16:31On identifie ces vulnérabilités pour ensuite avancer,
16:36progresser.
16:37Dans la vulnérabilité, c'est quelque chose qui est assez puissant d'abord,
16:39qui est notre condition existentielle sur cette Terre, qui est propre à la vie,
16:43et qui nous unit tous, l'ensemble de l'humanité et même le reste du vivant.
16:48C'est bien de se le rappeler.
16:50On est vulnérable, on vit vulnérable et on meurt vulnérable.
16:55Aujourd'hui, on vit dans une société qui enfouit cette vulnérabilité,
17:00qui cherche à la masquer, à l'écarter, à la mettre de côté,
17:03voire à l'exclure de manière générale.
17:06Ce qui est le cas aussi des personnes les plus fragilisées,
17:08ce qu'on met de côté aujourd'hui dans la société,
17:10alors que lorsqu'elle est correctement accueillie et bien entourée,
17:13elle offre des potentiels immenses qui permettent de mieux vivre nos existences,
17:18mais qui permettent aussi qu'il y ait un potentiel
17:21qui est complètement inexploité dans nos entreprises et dans la société.
17:24C'est ce potentiel qu'on veut libérer avec ce changement de regard sur la vulnérabilité.
17:28Avec aussi une dimension d'engagement pour l'homme, pour la planète.
17:32Je crois que 50% du capital d'Advance est consacré à des actions...
17:35Oui, en fait, ma raison d'être professionnel,
17:42c'est d'entreprendre pour être utile et d'être utile pour être heureux.
17:47C'est aussi basique que ça, c'est ce que j'ai compris il y a 25 ans maintenant.
17:56J'ai créé Advance il y a 25 ans, j'ai créé Terracing il y a 8 ans,
18:00donc c'est les deux entreprises que j'ai créées.
18:03J'ai toujours cherché à me servir de la performance économique et financière d'Advance
18:09et de la performance sportive de ces deux bateaux pour générer de l'impact.
18:13J'ai toujours cherché à démontrer qu'on pouvait concilier performance économique et sociétale,
18:23tout comme concilier performance sportive et sociétale,
18:26et qu'on pouvait concilier création de valeur économique, sociale et environnementale.
18:29Dans le cadre d'un Vendée Globe, on revient à ce qui nous réunit aujourd'hui,
18:34ces enjeux environnementaux, comment vous les portez ?
18:37Vous profitez du Vendée pour faire passer des messages ?
18:40En fait, le sport de manière générale et ces bateaux sur le Vendée Globe en particulier
18:46sont un formidable outil médiatique et mobilisateur.
18:49Et cette puissance médiatique et mobilisatrice,
18:52on peut la mettre au profit d'une marque commerciale,
18:56mais aussi on peut la mettre au profit d'une marque associative,
18:58comme on l'a fait en 2020 avec LinkedOut, à qui on avait offert le naming sur les voiles.
19:04LinkedOut a été le premier bateau avec une marque associative à gagner des grandes courses,
19:10avec la Transat Jacques Vabre deux fois et la Route du Rhum.
19:14Cette année, on a voulu aller plus loin, non pas avec une marque associative,
19:20mais avec un simple mot, qui est ce mot pour interpeller les Français,
19:25mais qui est aussi le nom d'un grand projet qui vise à changer le regard
19:31du plus grand nombre et de la société sur le thème de la vulnérabilité.
19:34Moi, j'ai acquis la conviction qu'un simple changement de regard
19:38pouvait entraîner de grands changements dans nos existences,
19:41dans nos entreprises et dans la société.
19:43C'est le combat que j'ai choisi de mener,
19:45c'est le combat auquel j'ai choisi de consacrer
19:47toute la puissance d'action économique et financière de mon entreprise Advance,
19:52en consacrant 50% de sa valeur financière,
19:55ce qui représente aujourd'hui plusieurs centaines de millions d'euros.
19:58Ça représentera, j'espère demain, plusieurs milliards d'euros.
20:02Toute cette puissance d'action économique et financière est consacrée
20:06à ce changement de regard sur la vulnérabilité,
20:09tout comme j'ai choisi d'offrir la puissance médiatique
20:13de deux bateaux sur le Vendée Globe qui portent ce mot vulnérable.
20:16Si on dézoome un peu, pour parler peut-être du Vendée Globe
20:21et de son impact environnemental,
20:23en fait, comme pour tous les événements sportifs ou culturels d'ailleurs,
20:27c'est d'abord les déplacements des spectateurs.
20:30On a vécu là, avec l'arrivée de Charlie Dalin et Johan Richombe,
20:33cette ferveur populaire qui est géniale,
20:36mais 63% des émissions de CO2 du Vendée Globe
20:39sont liées aux déplacements des spectateurs.
20:41Alors là-dessus, vous ne pouvez pas faire grand-chose.
20:43Mais sur les bateaux, sur la conception des bateaux,
20:46est-ce que vous intégrez cette dimension-là
20:49au bateau que vous construisez ?
20:53Oui. Alors, moi, je n'intègre rien
20:56puisqu'il y a une écurie de courses au large qui construit.
20:57Il y a toute une industrie dans les courses au large,
21:00avec aujourd'hui des milliers de personnes
21:02qui travaillent autour de ce sport.
21:05Ça fait vivre des milliers d'emplois.
21:07Maintenant, moi, en tant que sponsor, j'ai un cahier des charges.
21:09J'ai des exigences et des attentes.
21:12Aujourd'hui, si je destine l'ensemble des moyens économiques
21:18et financiers de mon entreprise et autant de moyens
21:21pour le sponsoring, c'est pour générer de l'impact,
21:24être le plus utile, le plus contributeur possible au monde.
21:27Donc forcément, j'ai des exigences.
21:29Maintenant, effectivement, le monde de la course au large,
21:32comme le sport en général, comme les entreprises,
21:34aujourd'hui, essaient et développent tous des démarches
21:38de responsabilité sociale, environnementale.
21:41Et ont bien entendu pris conscience des enjeux sociétaux
21:45et cherchent à communiquer, surtout à communiquer d'ailleurs,
21:50et à réduire autant que possible l'impact.
21:52Sur un bateau, on fait comment ?
21:54Sur un bateau, aujourd'hui, dans les processus industriels,
21:56dans les processus de conception des bateaux, etc.,
21:59il y a matière aujourd'hui à réduire l'empreinte carbone.
22:01Il y a des capes carbone, des trajectoires carbone.
22:05Il y a beaucoup d'innovations aujourd'hui
22:08qui servent à réduire l'impact carbone
22:12sur la construction des bateaux,
22:14qui d'ailleurs, toute cette innovation,
22:16elle vient rejaillir sur l'ensemble de l'industrie maritime,
22:20l'industrie de plaisance, etc.
22:22Maintenant, il faut aller beaucoup plus loin
22:23que ce qui est fait aujourd'hui.
22:25Il faut dépasser le stade de l'intention.
22:27Il faut dépasser le stade des petites actions.
22:30Ce qui est important de valoriser dans le sport
22:32comme dans l'entreprise, le sport et l'entreprise
22:35sont de formidables, comme les arts et la culture,
22:36de formidables outils pour transformer le monde,
22:39changer le monde.
22:40Mais il faut aller plus loin.
22:41Il faut passer d'une logique de responsabilité
22:44à une logique de performance.
22:46Aujourd'hui, on valorise beaucoup les coûts,
22:50effectivement, liés à la construction de ces bateaux,
22:54mais aussi liés à l'organisation des événements
22:56qui sont, comme dans le sport en général,
22:58la principale source d'émissions de CO2.
23:00Mais il faut valoriser aussi...
23:02C'est sûr qu'il faut chercher à réduire ces coûts
23:04en optimisant les émissions de CO2.
23:07Pour l'organisation de tous ces événements,
23:09il y a plein de façons de faire.
23:10Mais il faut aussi valoriser tout ce que ça apporte
23:13en parallèle.
23:15Et le sport, comme un événement comme le Vendée Globe,
23:19apporte son lot d'émotions auprès des spectateurs.
23:22Donc déjà, nourrir le bonheur de millions de personnes,
23:24c'est déjà pas mal.
23:25Et changer le regard de beaucoup d'enfants,
23:27c'est déjà pas mal.
23:28Inspirer les enfants, etc.
23:29Il faut le valoriser.
23:31Mais il faut aussi valoriser ce que le sport peut exploiter
23:34comme type de modèle de sponsoring,
23:36comme on le réalise nous aujourd'hui.
23:38On se sert de la puissance médiatique et mobilisatrice
23:42du sport,
23:43non pas pour faire rayonner notre marque commerciale,
23:46mais pour générer de l'impact.
23:47Le sport est un formidable levier d'impact.
23:49Et ce serait bien qu'on valorise autant la valeur que ça crée
23:54sur le plan social et environnemental,
23:55et qu'on encourage les sponsors à créer toujours,
23:58à innover en matière de sponsoring,
24:00pour que ça crée un maximum de valeur sociétale,
24:03tout en cherchant évidemment à réduire les coûts.
24:05Merci beaucoup et bon vent évidemment à vos deux bateaux,
24:10à vos deux vulnérables qui bataillent pour la quatrième,
24:14cinquième place de ce Vendée Globe qui nous passionne.
24:18On passe tout de suite à notre rubrique Prêt pour l'impact.
24:25Prêt pour l'impact,
24:27c'est la question que je pose chaque semaine
24:30à un ou une chef d'entreprise,
24:31qui a une personnalité qui compte dans l'économie française.
24:34Aujourd'hui, je reçois Julien Tchernia.
24:35Bonjour.
24:36Bonjour.
24:36Bienvenue.
24:36Vous êtes le cofondateur, le président d'Équateur,
24:39fournisseur d'énergie renouvelable, du gaz, d'électricité, du bois.
24:44Vous dites, c'est un peu votre credo,
24:45pour changer d'air, il faut changer d'énergie.
24:47Expliquez-moi.
24:48En fait, nous, chez Équateur, ce qu'on constate,
24:50c'est que tout n'est qu'énergie.
24:51Finalement, là aujourd'hui, nous, on discute,
24:53mais ça n'est possible que grâce à l'énergie.
24:55Tout ce qu'on voit à cette table,
24:56c'est finalement des matières premières qui ont été prises à la terre
24:59et sur lesquelles on a rajouté de l'énergie
25:01pour les extraire, les transporter, les transformer.
25:03Donc, tout devient simple, parce que pour changer le monde,
25:05il suffit de changer l'énergie.
25:07Et donc, l'objectif d'Équateur, c'est de travailler sur la demande
25:11et de donner envie aux gens d'acheter de l'énergie renouvelable
25:13pour justement changer le système.
25:15Et alors, effectivement, si on détaille un peu,
25:16quelles énergies renouvelables ?
25:18Alors aujourd'hui, nous, ce qu'on vend principalement,
25:20c'est de l'électricité renouvelable et du biomethane.
25:22On vend aussi un petit peu de bois,
25:23parce que comme Équateur n'est pas producteur,
25:25pour nous, vendre l'une ou l'autre, c'est la même chose.
25:28Donc, il faut que le bois, par contre, soit éco-géré.
25:29Donc, on prend du bois français, éco-géré.
25:31Ce sont des déchets, en fait, de fabricants de meubles.
25:34Cela dit, on en vend très peu en pourcentage encore.
25:36Notre credo, c'est électricité et biomethane.
25:38Et l'électricité et le biomethane.
25:39Comment vous garantissez que votre énergie, elle est 100% renouvelable ?
25:42Alors, c'est ça qui est un peu spécifique dans notre métier.
25:44On ne peut pas garantir que physiquement,
25:46c'est bien l'électron renouvelable qui a été produit,
25:48qui va arriver chez vous et pas un électron qui vient de Pologne.
25:51Parce qu'ils sont tous dans le même tuyau.
25:53Tout est dans le même tuyau.
25:54Tout est interconnecté, que ce soit en gaz ou en électricité.
25:57Donc, l'Europe a mis en place un système de certification,
26:00de traçabilité, qui s'appelle les garanties d'origine
26:03et qui assure, en fait, une traçabilité financière.
26:05C'est-à-dire que quand un client vient chez nous,
26:07il est sûr qu'il y a un producteur qui a produit autant d'énergie renouvelable
26:11que lui n'en a consommé.
26:13Il est sûr qu'il l'a surrémunéré.
26:15Par contre, ce n'est pas nécessairement cette énergie-là,
26:17à ce moment-là, qui va consommer lui.
26:19– Est-ce que ce virage vers les énergies,
26:21question très générale, ce virage vers les énergies renouvelables,
26:23comment vous l'évaluez ?
26:24Est-ce qu'il est trop lent ?
26:25Est-ce qu'il est à la hauteur des enjeux environnementaux ?
26:30– Alors, il est toujours trop lent, on va toujours se plaindre.
26:33Moi, il y a quelque chose que je trouve très beau,
26:35c'est que pour moi, il est pris et qu'il est gagné.
26:38C'est-à-dire que quand j'ai démarré dans le secteur de l'énergie en 2007,
26:41pour vous donner un ordre de grandeur,
26:44on produisait de l'énergie solaire à 500 euros du mégawatt-heure.
26:48Aujourd'hui, en Espagne, on produit de l'énergie solaire à 20 euros du mégawatt-heure.
26:52L'éolien s'est passé de 500 aussi à 60.
26:56Vous avez donc finalement une technologie qui a tenu ses promesses
26:59et qui fait qu'aujourd'hui, le renouvelable,
27:01c'est le plus facile à déployer et le moins cher.
27:04– Donc, c'est compétitif, c'est un atout majeur pour sa longévité.
27:10– À part tous les nouveaux parcs, bien sûr.
27:12Et quand vous avez des producteurs, puisque nous on achète auprès des producteurs,
27:15comme Total, qui sont historiquement des sociétés
27:17qui sont dans le fossile, tout le monde le sait.
27:19– Et qui y sont encore beaucoup.
27:20– Et qui y sont énormément.
27:21– Si on prend le chiffre d'affaires de Total, c'est encore 95, 96, 97%.
27:25– Et la marge aussi, oui.
27:27Par contre, là où ils investissent, c'est dans le renouvelable.
27:29Ils investissent dans le renouvelable probablement pour des tas d'engagements RSE,
27:32on ne va pas leur enlever ça.
27:34Mais surtout, parce que c'est ce qui permet de produire le moins cher après le fossile,
27:38parce que malheureusement, le fossile est toujours un peu plus compétitif.
27:40Donc, ça va dans le très bon sens.
27:42Il reste la problématique du stockage, où là aussi, ça progresse,
27:46puisqu'on voit que les voitures vont de plus en plus loin, les voitures électriques.
27:49Par contre, ça reste encore un peu cher.
27:51Et là-dessus, on espère que le travail des ingénieurs va aboutir.
27:55– D'où viennent les freins, les hésitations ?
27:57Là, je me mets côté client.
28:00Passer à Equateur, c'est quoi la peur de quitter le géant du marché ou les géants du marché ?
28:06– C'est ça, c'est bien sûr.
28:07On vend tous le même produit, donc la différence va se faire sur la marque,
28:11puisque les prix sont à peu près les mêmes.
28:12À part en 2024, où les tarifs réglementés de vente étaient très chers,
28:15et donc les clients ont choisi des offres de marché qui sont pour la plupart renouvelables.
28:19Aujourd'hui, ce qui fait la différence, c'est la marque.
28:22Quand on achète de l'énergie, c'est quand même quelque chose de très important chez soi.
28:25Et donc, on va faire confiance à une marque qu'on connaît,
28:27comme dans n'importe quel secteur en fait.
28:30Et évidemment, en France, EDF a une très belle marque.
28:33Ça reste une entreprise qui est très aimée des Français,
28:35qui représente quelque chose historiquement dans la République.
28:38Et donc, c'est à nous de montrer qu'il y a une très belle marque EDF
28:41et on est capable de faire des très belles marques à côté, et c'est ça la bataille.
28:44Mais est-ce que... Oui, alors c'est une bataille.
28:46Ce frein, il est toujours aussi puissant.
28:48J'imagine qu'il est un peu moins puissant que quand vous avez créé l'Équateur,
28:52mais il est toujours aussi puissant.
28:53Moi, ça m'étonne un peu.
28:55Oui, écoutez, il est toujours aussi puissant.
28:58Chacun a ses avantages.
28:59EDF, historiquement, est très présent dans les territoires.
29:02EDF est quand même à l'État qui est actionnaire.
29:05Et les tarifs réglementés de vente sont présentés par les politiques comme protecteurs,
29:09même si en 2024, ils étaient 25% plus chers que toutes les offres de marché.
29:13Donc, ils n'étaient pas protecteurs, ils étaient prédateurs.
29:16Mais vous avez des débats en France qui sont très centrés sur le monopole.
29:21Souvenez-vous de la campagne électorale.
29:23Vous aviez des batailles entre le Parti 1 et le Parti 2 qui disaient
29:27« Moi, je vais faire baisser les prix de 20% et moi, je le ferai de 10% en février et vous allez voir. »
29:32Non, il vous suffisait de dire « Allez chercher les offres de marché, y compris celles d'EDF,
29:37et vous ferez immédiatement 20% de réduction. »
29:39Donc, vous avez une mise en avant par le pouvoir politique d'une offre spécifique,
29:43les tarifs réglementés de vente, qui n'est qu'une formule parmi une autre
29:46et qui est passablement peu compétitive en ce moment.
29:49Donc, on a ça contre nous et on a avec nous le fait que les coûts de production du renvoi l'eau
29:56sont moins chers et que donc, petit à petit, ça va rattraper.
29:59On va parler de notre mix énergétique et je m'appuie pour cela sur une citation,
30:05un extrait d'une interview que vous avez donnée à Forbes en février dernier.
30:08Est-ce que vous disiez « Plutôt que de tout miser sur le nucléaire,
30:11la France devrait accélérer sur le renouvelable pour garantir son indépendance. »
30:15Le nucléaire nous garantit quand même aussi notre indépendance énergétique.
30:19Alors, le nucléaire garantit l'indépendance énergétique par rapport aux fossiles.
30:23Il faut quand même de l'uranium et n'oublions pas qu'on n'en a plus.
30:25Il y a des problèmes au Niger.
30:27Ils ne sont pas complètement hors de la géopolitique, ces problèmes-là.
30:31Ce n'est pas complètement par hasard qu'aujourd'hui la Russie a fait récupérer
30:35l'influence africaine pour en fait nous couper des sources d'uranium.
30:38Cela dit, on a quand même pas mal de stocks, mais ce n'est pas une indépendance parfaite.
30:42Le deuxième sujet, c'est le coût.
30:45C'est-à-dire que historiquement, le nucléaire a très bien marché
30:48et tant mieux et heureusement qu'on en a.
30:50On est tous d'accord, j'imagine en tous les cas moi,
30:53qu'il vaut beaucoup mieux du nucléaire que du charbon.
30:55Même si malheureusement, quand la crise énergétique a commencé,
30:59nos centrales étaient un peu mal en point.
31:02À très mal en point.
31:03On a produit moitié moins que les bonnes années.
31:05Et là aujourd'hui, on reproduit plus, mais on est encore très loin des bonnes années.
31:10Et puis surtout, le nouveau nucléaire, l'EPR, aujourd'hui ne tient pas ses promesses.
31:14Je vous parlais des promesses du renouvelable quand je compare 2007 à maintenant.
31:18À l'époque en 2007, quand j'ai fait ma formation dans l'énergie aux mines de Paris,
31:22le nucléaire c'était la solution.
31:24C'était l'époque Areva, Anne Lauvergeon, Star Absolu.
31:28Et moi-même, j'étais convaincu de ça.
31:31Sauf que les réalités techniques de l'époque n'ont pas été prouvées, n'ont pas été mises en œuvre.
31:38Et qu'aujourd'hui, l'EPR est enfin connectée, mais qui ne produit presque rien.
31:42Donc ça fait 18 ans.
31:44Donc les gens passent le bac.
31:45Ceux qui sont nés l'année où le chantier de l'EPR a démarré, les gens passent le bac.
31:49Donc se dire, je vais tout miser sur la construction de six nouveaux moyens de production,
31:53dont les productions sont, en plus, je finis, mais sur la cour des comptes vient de dire.
31:59C'est ce que j'allais dire.
31:59La cour des comptes alerte sur les coûts de production, la rentabilité inconnue, l'accumulation des risques.
32:05Voilà les termes employés sur ces nouveaux réacteurs EPR.
32:09On produit aujourd'hui à 110 euros du mégawatt-heure dans les calculs,
32:12alors que le solaire, si vous le mettez sur votre toit, vous êtes à 70.
32:15Sur votre toit, à trois petits panneaux, vous êtes à 70, vous avez produit à 110.
32:19Donc ce n'est pas compétitif.
32:20Ce n'est pas très grave.
32:21Après moi, ce que je vois, c'est qu'à la fin, il y a un choix technologique qui est fait par une entreprise.
32:26Normalement, si Équateur fait un choix, par exemple, nous, on va décider de déployer des panneaux solaires sur les toits.
32:32Il faut de l'argent, il faut investir.
32:33Et donc on va aller voir nos actionnaires qui vont soit dire j'ai pas d'argent, donc tu ne le fais pas,
32:38soit dire j'ai de l'argent et je prends le risque.
32:40Ce n'est pas mes clients qui vont payer ce risque, c'est mes actionnaires qui payent ce risque ou qui refusent de le payer.
32:45Et donc après, si les actionnaires ont eu raison, ils gagnent.
32:48S'ils ont eu tort, tant pis pour eux, ils prennent leur perte.
32:51Là, comme c'est l'État qui est actionnaire et que l'État n'a plus d'argent,
32:55on est en train d'organiser un système, puisque vous savez qu'il y a la fin de la redistribution de la rente nucléaire en 2026,
33:01qui va faire que ce sont les Français qui vont payer ce choix de l'actionnariat qui est l'État.
33:07Et donc ça, c'est quand même assez bizarre, surtout que les prix continuant à monter en France.
33:12Le gros avantage compétitif qu'on avait est en train de faire qu'on consomme de moins en moins,
33:18ce qui est un problème pour les investissements fixes très lourds comme les centrales et qu'il y a des délocalisations.
33:23C'est-à-dire que d'un point de vue pro, on a de plus en plus de pros qui disent
33:28« Moi, je suis gros consommateur d'énergie, je vais partir en Espagne, je vais partir en Italie, je vais partir en Allemagne. »
33:33Quelques chiffres clés sur Équateur.
33:36Les derniers qu'on a eus, plus de 600 millions d'euros de chiffre d'affaires, plus de 100 collaborateurs, 235 000 compteurs installés en France.
33:44Équateur qui est reconnu comme une future licorne à impact par le mouvement Impact France.
33:49Alors, ça fait plaisir, mais ça met la pression d'une certaine façon. Comment vous le vivez, ça ?
33:53Ça fait très plaisir. Donc, Impact 40, on est Next 40 aussi. On ne s'y attendait pas.
33:57Donc, ça, c'est plutôt une histoire personnelle. Mais avec mon associé, quand on a créé Équateur, c'est parce qu'on avait envie de le faire,
34:03on s'est mis dans une chambre de bonne à Paris avec un papier, un crayon et on a bossé.
34:07Et aujourd'hui, voilà, on a 200, 280 salariés. On fait des centaines de millions d'euros de chiffre d'affaires.
34:14Ça dépasse. Et tant mieux, on est très contents.
34:16Donc, objectif à milliard, parce que c'est ça, une licorne à impact.
34:19Allons-y. Objectif à un milliard. On est à la fois très contents et très humbles par rapport à ça.
34:25Nous, on continue à faire notre boulot. C'est beaucoup de travail. Entre 500 millions et un milliard, il y a aussi beaucoup d'étapes.
34:33Donc, bon, voilà. On est très fiers. Et ça nous oblige dans le sens pas plus qu'avant. Mais ça nous montre qu'à l'extérieur, les gens croient en nous.
34:42– Oui, alors, c'est marrant parce que moi, je suis spontanément parti sur l'objectif du chiffre d'affaires à un milliard.
34:49Mais la logique du mouvement Impact France, c'est justement de sortir de cette seule valorisation financière.
34:55Ça, ça vous intéresse aussi ?
34:56– Oui, c'est-à-dire qu'il y a deux choses. D'abord, le chiffre d'affaires chez nous, ça dépend beaucoup du prix de l'énergie.
35:01Par exemple, vous avez cité 600 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023.
35:04En 2024, on a plus de clients, mais moins de chiffre d'affaires parce que le prix de l'énergie a baissé.
35:08– D'accord. – Donc, ça compte qu'à moitié.
35:10Sur la valorisation, nous, on a deux choses. On est « impact by design », comme on dit dans la « start-up nation ».
35:17Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que plus on a de clients, plus on aide.
35:21– Bien sûr.
35:22– Par contre, évidemment, plus on a de clients, plus on grandit, donc plus notre impact à nous est élevé.
35:27Et donc, il y a tout ce calcul qu'on est en train de mettre en place dans la société
35:30sur comment faire attention à ce que les nouveaux investissements qu'on fait, même s'ils impactent positivement,
35:36ne soient pas contrebalancés par une explosion des coûts carbone de la société équateur elle-même.
35:41Et donc, on fait ces calculs.
35:42– Le label Bicorp, vous êtes labellisé Bicorp, ça vous aide à faire ça ?
35:46– Le label Bicorp, ça nous a imposé un certain nombre de processus
35:52qui étaient plus sur des aspects qui sont moins les nôtres, qui sont vérification des fournisseurs.
35:58C'est-à-dire qu'on était tranquille sur nos produits et d'un coup, on nous a dit
36:03mais t'achètes à qui ton logiciel, t'achètes à qui tes bureaux, t'achètes à qui…
36:08Et donc, ça, on regardait moins et ça, ça nous a imposé d'y faire attention
36:12et de s'assurer sur l'ensemble de la chaîne de la cohérence de notre discours et de nos réalisations.
36:18– Oui, ça vous permet de répondre oui à la question, on est prêt pour l'impact.
36:21C'est ce que vous disiez, on l'est par essence.
36:25– Bien sûr, oui. Mais ce n'est pas pour autant que…
36:28– Parce que ça pose la question, je pourrais poser la question différemment,
36:32de la progression, c'est aussi à ça que sert le Label Bicorp,
36:36de se voir progresser sur un certain nombre de critères.
36:38– Oui, tout à fait. Nous, par exemple, une chose qu'on a mis en place,
36:42c'est toujours sur le bilan carbone interne,
36:44c'est que, historiquement, les gens qui chez Equator ont des responsabilités de budget,
36:50ils vont faire leur choix de fournisseur entre le coût et l'efficacité.
36:53La responsable marketing va se dire, faire de la pub sur Google ou sur Bing,
36:57combien ça me coûte, combien ça me rapporte.
36:59Et là, on rajoute quelque chose sur l'impact carbone.
37:01Et donc, avec une partie de leurs primes, qui dépend de ça.
37:04Et donc, il faut maintenant prendre en compte,
37:07aussi, l'impact carbone de la solution que tu choisis.
37:09Et je prends un autre exemple qui est plus emblématique,
37:12et un peu plus anecdotique, donc j'ai mis cette prime-là,
37:16et j'ai la responsable B2B qui me dit,
37:18« Ah, Julien, je suis vachement embêté, il y a les courtiers,
37:20on travaille beaucoup avec des courtiers dans le petit B2B,
37:22qui font une espèce de grand événement annuel à Marrakech,
37:26j'ai bien envie d'y aller, mais ça va détruire ma prime. »
37:28Je lui dis, « Ben, ouais. »
37:29Il me dit, « Mais, il faut que j'y aille. »
37:31Je lui dis, « Ben, tu fais ton calcul.
37:33Si, en y allant, ça va te permettre de gagner plus
37:36sur une augmentation des ventes ou je ne sais quoi,
37:38que ce que tu vas perdre sur l'impact carbone. »
37:40Ben, il est resté à Paris. Voilà. C'est rigolo.
37:43– Oui, effectivement. Et ce n'est pas seulement anecdotique.
37:46Je trouve que c'est assez révélateur.
37:47Alors, chaque semaine, dans cette rubrique Prêt pour l'impact,
37:51l'invité de l'émission précédente pose une question.
37:54C'était donc Thierry Blandinière, le président d'Invivo,
37:57qui a une question pour vous.
37:59– Je suis vraiment conscient des enjeux qui sont devant nous,
38:03de comment financer la transition,
38:04les grandes transitions énergétiques notamment.
38:07L'agriculture fait partie aussi du sujet de la question.
38:11Comment, vous, vous allez pouvoir régler l'équation
38:14de pouvoir changer les transitions à un coût compétitif ?
38:18– Alors, ça ouvre. On a commencé à en parler.
38:19Mais la question, du coup,
38:22comment proposer de l'énergie renouvelable à des prix compétitifs ?
38:25Vous nous disiez, finalement, c'est de plus en plus compétitif.
38:28– Sur l'électricité, Paris gagnait.
38:31Sur le biomethane, il y a encore beaucoup de travail.
38:34Et donc, si on regarde le prix de production du biomethane
38:38par rapport au prix du gaz naturel sur les marchés,
38:40on est à x2 aujourd'hui.
38:43Donc, c'est quand même beaucoup plus cher.
38:45Il y a une chose que moi, je remarque,
38:48c'est qu'on ne fait pas payer les externalités,
38:50donc les conséquences de l'utilisation du fossile
38:54aux usagers. Et on décorelle complètement.
38:57Donc, moi, quand je fais le plein, enfin, je n'ai plus de voiture,
38:59mais quand je faisais le plein,
39:01je ne faisais pas le lien entre ce plein
39:03et les inondations derrière, à Barcelone ou à Valence.
39:08Et donc, je ne suis pas prêt à payer pour assumer ça.
39:13– Mais il y a une bonne partie des consommateurs
39:16qui ne le sont toujours pas.
39:17– Et qui ne le sont toujours pas.
39:19– La succession des catastrophes climatiques
39:23ne fait pas réduire le climato-scepticisme, etc.
39:28Malheureusement.
39:29– Malheureusement, et ça fait partie de notre travail,
39:30et c'est aussi pour ça que je vous remercie
39:32de nous inviter aujourd'hui.
39:33Le lien entre mon action individuelle
39:37et le changement global ne se fait pas.
39:38Par contre, malheureusement,
39:40le lien entre je voyais un beau paysage
39:43et maintenant, j'ai un méthaniseur et ça sent mauvais chez moi,
39:45ou maintenant, j'ai une éolienne et je trouve que ce n'est pas joli
39:47parce que moi, je n'aime pas les éoliennes,
39:49là, il se fait.
39:50Et donc, on a, c'est toute la complexité et donc la question
39:53sur le prix, en électricité, on gagne, sur le biomethane,
39:56mais j'étais encore hier, puisque maintenant aussi,
39:57je suis président de l'ANODE,
39:59qui est l'association des fournisseurs indépendants d'énergie,
40:02j'étais encore hier au ministère,
40:04à discuter sur comment on finance la transition
40:07du gaz classique vers le biomethane,
40:10et ce n'est pas simple parce qu'il faut éviter
40:11d'aller trop vite et de créer un rejet.
40:15Par contre, il faut quand même trouver un moyen
40:17de financer cette filière.
40:19Donc...
40:21La régulation du marché de l'électricité,
40:23le rôle de l'Europe, comment vous vous situez
40:27par rapport à ça ?
40:27Parce que, alors là, on est...
40:30Moi, je vous avoue, comme consommateur,
40:31parfois, je suis totalement perdu.
40:33Bien sûr.
40:34Il y a eu beaucoup de choses qui ont été dites pendant la crise.
40:37La crise, c'était le troisième choc pétrolier.
40:39C'est de ce niveau-là.
40:40On a eu des prix qui étaient autour de 1 000 euros du mégawatt-heure.
40:43Aujourd'hui, on est à 70, 1 070.
40:46Ça fait des différences énormes.
40:49Le marché européen a organisé, entre guillemets, de manière...
40:54C'est comme ça qu'il est fait.
40:56Automatiquement, les prix sont montés,
40:58en France en particulier,
40:59puisqu'on avait cette crise du gaz,
41:01une sécheresse, selon nous, les barrages étaient vides,
41:03et une crise du nucléaire qui a produit
41:06deux fois moins que d'habitude.
41:07Donc ça, ça veut dire que soit on organise un rationnement,
41:10ça veut dire qu'il n'y a pas assez d'énergie pour tout le monde.
41:12Donc soit on organise un rationnement,
41:14soit on augmente les prix.
41:15Le marché réagit sur ces problématiques-là
41:18en augmentant les prix.
41:19Les prix ont flambé.
41:20Les Français, aujourd'hui, consomment 12 % de moins qu'en 2021.
41:23Oui, alors ça, c'est l'effet positif.
41:25Ça a marché.
41:26Ça a marché, et maintenant, les prix ont rebaissé
41:28parce qu'il y a à nouveau des moyens de production.
41:30Donc ce n'était pas une crise du marché.
41:31Ce n'était pas une crise de l'organisation.
41:33C'était une crise de la production.
41:35Si vous achetez quelque chose et qu'il n'est pas produit,
41:37son prix augmente.
41:38Et j'ai beaucoup regretté
41:42que tout soit mis sur...
41:43Il y a sûrement des sales traders qui se font de l'argent.
41:45Non, les gens qui ont fait beaucoup d'argent à ce moment-là.
41:47Ce qui a existé aussi, mais bon.
41:48C'est surtout les producteurs qui ont fait beaucoup d'argent.
41:50À part EDF qui, malheureusement, à cette période,
41:53avait son outil de production en panne,
41:56dans le reste de l'Europe,
41:57l'augmentation du prix de l'énergie a profité aux producteurs
42:01comme l'augmentation du prix du pétrole
42:02profite aux pays producteurs de pétrole.
42:04Et donc le sujet, c'est ça.
42:06L'Europe a fini par essayer de mettre une taxe
42:08pour aller récupérer cette rente indue,
42:11qu'on appelle en terme, en jargon technocratique,
42:13la rente inframarginale.
42:15Ça n'a pas bien marché.
42:16Donc, ils cherchent des nouveaux systèmes.
42:18Là, il y a annoncé une baisse de 14% des tarifs réglementés.
42:24Est-ce qu'on reste quand même à des tarifs élevés ?
42:26Est-ce que la crise est totalement digérée ?
42:28Les tarifs restent élevés.
42:29La crise n'est pas complètement digérée.
42:31Ce qui est intéressant, c'est que les prix de marché,
42:33justement ce marché dont on parlait, qui était en décrier,
42:36devraient permettre de faire baisser les tarifs réglementés de vente de 30%.
42:41Mais l'État en profite pour augmenter ses taxes
42:44et augmenter le coût du réseau, de la distribution.
42:47Et donc, ça fait 14%.
42:4914% de baisse, tant mieux pour les gens qui sont aux tarifs réglementés.
42:52Ceux qui sont dans les offres de marché
42:54avaient déjà ces réductions depuis un an.
42:57Et ça reste quand même 40% plus cher
43:00que le prix moyen qu'il y avait en 2021.
43:01C'est-à-dire que structurellement,
43:04vous avez une augmentation du prix du transport
43:06qui a été d'environ 15% depuis 2021.
43:08Vous avez des taxes qui sont revenues au niveau classique
43:11et vous avez un prix de l'énergie
43:13qui reste plus élevé que ce que je voyais en 2021.
43:15Mais alors, on pourrait poser la question aussi,
43:17par exemple, vous parliez de ceux qui font le plein de leur voiture.
43:21Le levier du prix, c'est aussi un moyen, on l'a vu,
43:24pour changer sa consommation.
43:27Donc, on peut aussi se dire, si l'électricité est chère,
43:31on va commencer à regarder d'autres sources,
43:35aller vers les sources renouvelables,
43:36voir si c'est moins cher que les autres, etc.
43:38Ça peut être un levier positif aussi.
43:39C'est un levier positif.
43:40Après, il ne faut pas qu'il soit destructeur,
43:43c'est-à-dire qu'il ne faut pas que les gens en souffrent.
43:45Nous, on est pour une écologie qui garde le niveau de confort.
43:48Il y a quelque chose qui est devenu très positif.
43:50Aujourd'hui, si vous avez la chance d'avoir une maison individuelle,
43:53mettez des panneaux solaires sur votre toit.
43:55C'est deux fois moins cher que l'énergie que vous achetez à l'extérieur.
43:58Sur les 20 ans, vous payez 50% de moins.
44:01La rentabilité, elle est immédiate.
44:03Donc, parce que vu de l'extérieur,
44:05vous êtes sur une baisse de consommation et vous avez mis en place.
44:08Effectivement, ce prix-là pousse à mettre des nouveaux moyens de production.
44:13Et nous, on mise beaucoup là-dessus.
44:14– Vous parliez de l'enrichissement des fournisseurs,
44:17des producteurs d'énergie.
44:20Vous, quelle marge vous prenez ?
44:22C'est quoi votre modèle et peut-être le modèle du secteur ?
44:26– Le modèle du secteur, c'est qu'en tous les cas pour les fournisseurs purs,
44:29c'est que notre métier, c'est de l'abonnement.
44:32Notre métier, c'est de répondre au téléphone,
44:34c'est d'envoyer une facture et c'est d'expliquer aux gens.
44:36Donc, que la personne consomme ou qu'elle ne consomme pas,
44:39finalement, ça nous coûte pareil.
44:41Donc, en tous les cas, chez Equateur,
44:43la majorité de notre marge est mise sur l'abonnement.
44:45Et pour vous donner une échelle de valeur,
44:46le client qui va payer autour de 180 euros son mégawatt-heure
44:51ou 18 cents son kilowatt-heure,
44:53nous, on va gagner là-dessus seulement un euro ou deux euros.
44:56Très, très peu.
44:57Parce qu'on n'est pas là pour vendre très cher
44:58quelque chose que nous n'avons pas produit.
45:00Nous, on est là pour fournir un service
45:02et donc la majorité de la marge est mise sur l'abonnement.
45:04Et surtout que si vous n'êtes pas producteur,
45:06ce qui est notre cas,
45:07et que vous n'avez pas prévu de gagner beaucoup d'argent
45:09sur le mégawatt-heure que vous vendez,
45:11ça vous permet de trouver très rentable,
45:13de vendre des économies d'énergie.
45:15Parce que vous perdez assez peu d'argent
45:17et par contre, vous gagnez sur le service et le client aussi.
45:20C'est pour ça que vous faites des campagnes de sensibilisation
45:22sur les économies d'énergie.
45:23Il y en a eu une là cet automne, c'est ça ?
45:26Et c'est pour ça qu'on propose des thermostats intelligents
45:28et c'est pour ça qu'on propose des panneaux solaires
45:30et c'est pour ça qu'on propose des bandes de recharge.
45:32Tout est dans cet esprit-là.
45:33Finalement, ça fait gagner de l'argent au client
45:35et ça nous en fait gagner plus.
45:36Alors c'est embêtant pour les producteurs centralisés
45:38mais ils ont encore de beaux jours de vente.
45:40À quel point vous faites bouger les lignes ?
45:42C'est-à-dire que quand Equateur s'installe dans une ville,
45:45qu'est-ce qui se passe ?
45:45Il y a plusieurs exemples que j'ai lus en préparant l'émission,
45:48je crois Grenoble, Strasbourg,
45:49ça m'intéresse que vous nous racontiez ça.
45:51C'est rigolo ça.
45:52C'est la force de la concurrence.
45:54On est arrivé à Grenoble,
45:56on était tout petit, c'était en 2017,
45:58on avait un an d'existence
46:00et on a dit on va se lancer à Grenoble.
46:01On s'est lancé à Grenoble.
46:03On a mis, je crois, une affiche sur un bus
46:05et on est passé à Télé-Grenoble.
46:07Voilà, super, on était tout contents.
46:10On a fait, je ne sais pas, 40 ou 50 clients,
46:13donc très très peu.
46:14Par contre, Grenoble n'avait comme offre,
46:17les grenoblois, une seule offre depuis 1947,
46:20c'était les tarifs réglementés de vente.
46:21Là, on parle d'électricité ?
46:23On parle d'électricité, c'est de l'électricité.
46:25On est arrivé en juillet
46:27et en septembre,
46:28Gaz et Électricité de Grenoble,
46:30qui a changé de nom depuis,
46:31a d'un coup fait sortir une offre online moins chère,
46:3410% moins chère,
46:36une offre 100% renouvelable.
46:37Donc, le fait juste que nous, on arrive,
46:39ça a poussé le concurrent historiquement monopole
46:44à changer et à faire de l'innovation.
46:45Alors, commercialement,
46:47ce n'est pas nous qui en avons profité à Grenoble.
46:48Par contre, tous les grenoblois en ont profité.
46:50C'est notre arrivée a poussé le concurrent à innover.
46:55Eh bien, tant mieux, c'est bien, ça c'est le jeu.
46:57Après, si nous, on n'a pas fait assez de croissance,
46:59ça c'est notre problème.
46:59Oui, c'est votre boulot.
47:00Même chose à Strasbourg, c'est un peu le même schéma.
47:02Oui, à Strasbourg, c'était encore plus drôle.
47:03À Strasbourg, il y a eu le bouclier tarifaire,
47:06Gaz, au moment de la crise.
47:08Et nous, pour des tas de raisons,
47:10on ne l'avait pas mis en œuvre en France.
47:11Et les gens le trouvaient chez d'autres fournisseurs.
47:14Et à Strasbourg, le concurrent principal aussi,
47:17donc Électricité Strasbourg, qui est une filiale d'EDF,
47:19non plus n'avait pas mis le bouclier tarifaire.
47:21Donc, les Strasbourgeois, eux, comme il n'y a que deux sociétés
47:24qui fournissent de l'énergie et du gaz à Strasbourg,
47:26qui sont Équateur et Électricité Strasbourg,
47:28n'avaient pas droit au bouclier tarifaire.
47:30Donc, ils s'en sont plaints.
47:31Électricité Strasbourg a expliqué à la commission de régulation de l'énergie
47:34qu'ils étaient désolés, mais informatiquement,
47:37ils n'étaient pas en mesure de mettre en place le bouclier tarifaire.
47:40C'était beaucoup trop compliqué.
47:42Là-dessus, nous, on a appris ça.
47:43Il y a même un client strasbourgeois qui m'a appelé sur mon portable.
47:46Je ne sais pas comment il a réussi, mais bravo.
47:48C'est un bon client.
47:50Il m'a dit, faites-le, s'il vous plaît, parce que nous, on meurt.
47:53Et donc, j'ai appelé mon associé.
47:54Nous, en informatique, on est plutôt agile.
47:56C'est lui qui fait l'informatique.
47:57Je lui ai dit, est-ce qu'on peut le faire ?
47:58Il m'a dit, oui, il faut 10 jours.
48:00J'ai dit, super, ce sera lundi.
48:01Et puis, on a lancé le bouclier tarifaire à Strasbourg lundi.
48:05Évidemment, le concurrent l'a fait aussi.
48:06Deux semaines après, ils ont résolu leur problème informatique.
48:08Au coup de trois semaines.
48:09C'est incroyable.
48:11Donc, en fait, c'est ce qu'on parle.
48:12Le problème du monopole, c'est qu'il est régulé très bien,
48:15mais il y a toujours une asymétrie d'informations.
48:17Le gendarme ne peut pas savoir si c'est vrai ou pas
48:20que le système d'information ne peut pas s'adapter.
48:22Et donc, il faut les deux.
48:23Il faut un régulateur.
48:25Et il faut aussi la concurrence qui est aiguillonne.
48:28Équateur, qui est aussi mobilisé pour encourager la décarbonation des transports.
48:31Je crois qu'il y a une offre qui est dédiée aux propriétaires de voitures électriques.
48:35Donc, là aussi, vous leur dites quoi ?
48:39Notre énergie, elle est verte ?
48:41On leur dit plein de choses.
48:42D'abord, on leur installe leurs bornes et ça marche très, très bien.
48:44D'accord.
48:46Ensuite...
48:46Des bornes intelligentes, je crois.
48:47Oui, c'est des bornes intelligentes qui vont s'adapter,
48:50qui vont, disons, accélérer la recharge quand la maison ne consomme pas beaucoup.
48:55Qui vont s'adapter si vous avez un panneau solaire au moment où ça produit le plus.
48:58Et qu'on peut, évidemment, gérer à distance avec des app.
49:01Et en même temps, on va vous faire une offre avec des prix qui sont moins chers
49:06au moment où la consommation française est la plus basse et donc la moins carbonée.
49:12Et donc, c'est les heures super creuses.
49:14L'idée, nous, derrière, c'est de donner envie à un switch d'usage.
49:19Parce qu'évidemment, comme on ne vend pas d'essence,
49:20c'est mieux si les gens consomment de l'électricité quand même à la fin.
49:24Et deuxième chose, on pense qu'à terme, il y a une capacité de stockage dans les voitures,
49:30dans la batterie, qui est cinq fois supérieure à un chauffe-eau.
49:33Le chauffe-eau, en France, ça a été mis en place pour stocker l'énergie nucléaire la nuit.
49:38C'est à ça que ça a servi.
49:39Et c'est très, très bien.
49:41Une voiture, c'est cinq fois plus de capacité de stockage qu'un chauffe-eau.
49:46On a des problèmes d'intermittence avec le renouvelable.
49:48C'est une certitude.
49:49Donc, il y a un lien là.
49:50Renault, par exemple, vient de sortir sa Renault 5, où on peut injecter comme sous-tirer.
49:56Et donc, nous, on se dit, on se prépare pour pouvoir ensuite profiter de cette capacité.
50:00– Et la voiture devient fournisseur d'électricité quand il y en a besoin.
50:03– Exactement.
50:05Et donc, nous, on pense qu'il y a plein de choses à faire là-dessus.
50:07Et donc, il faut s'y préparer.
50:08– Merci beaucoup, Julien Tchernéa.
50:11Et à bientôt sur BeSmart for Change.
50:12On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.
50:15– Smart Ideas, avec Jean-Yves Stéphan, bonjour.
50:24– Bonjour.
50:24– Bienvenue, vous êtes le co-fondateur de Storio Energy, créé en 2023,
50:28avec Caroline Leflocq, Gautier Maigret et Julien Dumasère.
50:32Et avec quelle idée, c'était quoi le déclic ?
50:35– Donc, l'idée, c'est de développer le stockage d'énergie par batterie en France,
50:39mais en équipant des entreprises en solution de stockage par batterie.
50:43Parce que le stockage d'énergie par batterie, ça existe déjà.
50:45Mais aujourd'hui, ce qui existe, c'est plutôt d'installer des batteries
50:48au milieu de nulle part, les connecter au réseau,
50:50et de faire du trading, de l'achat-vente d'électricité vis-à-vis du réseau.
50:54Voilà, mais nous, on voulait vraiment répondre aux enjeux des entreprises,
50:58en particulier les industriels, qui consomment beaucoup d'électricité
51:00et pour lesquels le coût de l'électricité, c'est un enjeu vital.
51:03Et donc, les enjeux, c'est augmenter leur compétitivité, augmenter leur résilience,
51:07parce qu'on a vu pendant la crise, les prix d'électricité de 2022-2023,
51:10ça a été effroyable, ça a été très dur pour les électro-intensifs,
51:13et aussi décarboner leur activité. Donc, ça, c'est l'enjeu.
51:17Donc, on équipe les industriels en solution de stockage par batterie,
51:20et nous, après, on a le logiciel qui va piloter les batteries
51:22pour générer des économies sur leur facture d'électricité.
51:25Alors, on va commencer par l'équipement.
51:26Ces batteries, c'est des batteries de base, qu'est-ce qu'elles ont de particulier ?
51:30Est-ce que vous pouvez nous les décrire ?
51:31Oui, bien sûr. Donc, c'est des grosses batteries
51:33qui sont conditionnées soit en armoire électrique, soit carrément en conteneur.
51:36La technologie qu'on utilise, c'est la technologie lithium-fer-phosphate.
51:40C'est la technologie qui est maintenant numéro 1
51:44sur le stockage d'énergie stationnaire,
51:45et même sur les véhicules électriques, on la voit de plus en plus.
51:48Et c'est des technologies qui sont très robustes et très efficaces
51:50pour réaliser des cycles tous les jours.
51:52C'est-à-dire que les batteries, elles vont se charger, par exemple,
51:55entre midi et deux, quand il y a de la production solaire,
51:57et elles vont reçu leur énergie le soir, quand il y a un pic de consommation.
52:01C'est vraiment l'idée, c'est de faire un, voire deux cycles par jour.
52:06Et donc, il y a cette partie installation,
52:08puis ensuite, il y a la gestion, la meilleure gestion possible.
52:12Et là, je crois que les algorithmes rentrent en ligne de compte.
52:15Quels algorithmes ? Enfin, pour quel usage plutôt ?
52:18Oui, c'est ça. Et c'est ça la vraie valeur ajoutée de Storio,
52:20c'est l'intelligence de l'énergie,
52:22c'est l'intelligence artificielle qui va piloter les batteries.
52:24Et donc, comment est-ce qu'on pilote ?
52:26Déjà, il faut prédire pour ce site, par exemple, un site industriel,
52:30quelle va être la consommation.
52:31Est-ce qu'on consomme plus le matin, le soir, la nuit, le week-end ?
52:35En fonction de cette prévision et aussi en prévision de la production,
52:37alors parfois, il y a de la production sur site, des panneaux solaires,
52:40ou juste de prédire les marchés d'électricité, comment ils se comportent.
52:43Et bien ensuite, c'est de piloter la batterie de manière optimale
52:46pour générer des économies sur la facture d'électricité du client.
52:49C'est-à-dire qu'ils vont revendre, vous allez les aider à revendre,
52:53à valoriser cette énergie, c'est ça ?
52:55Voilà. Donc, il y a deux cas d'usage.
52:56Donc, soit il y a des panneaux solaires,
52:58et donc là, on a vraiment un binôme batterie-panneau solaire.
53:01Et le cas d'usage, c'est tout simplement quand les panneaux solaires
53:03produisent beaucoup d'électricité entre midi et deux,
53:05plutôt que de la partie qu'on ne consomme pas,
53:08plutôt que de l'injecter sur le réseau, ce qui est très mal rémunéré,
53:11on va simplement la stocker dans la batterie pour l'autoconsommer,
53:13et là, on fait de fortes économies.
53:16Le deuxième cas d'usage, et là, c'est pour les industriels
53:18vraiment électro-intensifs qui sont eux-mêmes exposés
53:20à la variabilité horaire des prix spot,
53:23et bien ces industriels-là, on les équipe en batterie seule,
53:26même sans panneau solaire, et ces batteries,
53:27tout simplement, elles vont se charger quand les prix spot,
53:30donc les prix horaires d'électricité sont bas,
53:32et elles vont restituer l'énergie quand les prix sont élevés.
53:34Et quand on restitue, on n'injecte pas vers le réseau,
53:36c'est vraiment juste de dire, on s'est chargé pendant la nuit...
53:40C'est vraiment acheter l'énergie quand elle est la moins chère possible.
53:43Et là, vraiment, il y a un énorme changement,
53:45je dirais un changement d'air sur les prix d'électricité
53:47entre 2024 et les années précédentes.
53:50En 2019, on avait en gros un prix d'électricité
53:54qui oscillait gentiment autour de sa moyenne,
53:56et là, maintenant, en 2024, on a, on appelle ça un spread,
54:01un écart de prix qui est une fois et demie le prix moyen d'électricité,
54:05par exemple, au milieu de la nuit et en milieu de journée,
54:08on a des prix proches de zéro, et le matin et le soir,
54:10on a des prix qui sont peut-être deux fois le prix moyen de l'électricité.
54:15Et donc là, l'enjeu, c'est de charger la batterie quand le prix est très bas,
54:18et restituer l'énergie quand le prix est élevé.
54:19Quel retour sur investissement ?
54:21On rentabilise le contrat avec StorioEnergie rapidement ?
54:24Exactement, chaque projet, il faut commencer par étudier,
54:29récupérer les données, récupérer les coûts de l'électricité et étudier ça,
54:32et on est sur des retours sur investissement en 3 à 5 ans,
54:35ce qui est très rapide, parce qu'on est sur des batteries qui vont vivre 15 ans,
54:38et donc être capable de les rentabiliser parfois en 3 à 4 ans,
54:41c'est excellent, c'est par exemple plus rapide que d'installer des panneaux solaires,
54:45où en général, on est sur des rentabilités plutôt en 8 ans, 10 ans, 12 ans,
54:48donc on a des retours sur investissement rapides,
54:51et ça, c'est lié au déclin du prix des batteries,
54:53et à cette nouvelle donne, cette nouvelle réalité
54:57que les marchés d'électricité sont très volatiles
54:59et qu'on a besoin de stockage pour résoudre ce problème.
55:02Merci beaucoup Jean-Yves Stéphane, et bon vent à…
55:04enfin bon, ce n'est pas le vent que vous utilisez, mais quand même Astorio Energy.
55:08Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
55:10Merci à toutes et à tous de votre fidélité à Be Smart For Change.
55:14À très vite.

Recommandations