• le mois dernier
Mercredi 16 octobre 2024, SMART JOB reçoit Élodie Warnery (directrice générale, GSC) , Marine Balansard (DG, Ariseal) , Philippe du Payrat (co-fondateur, 4Jours.Work) , Hymane Ben Aoun (directrice générale, fondatrice, Humanskills, Aravati) et Mathias Leboeuf (docteur en philosophie)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Générique
00:08Bonjour à tous, ravi de vous retrouver dans Smart Job, votre rendez-vous emploi RH Management, débat, analyse, expertise et vos rubriques habituelles évidemment.
00:15Bien dans Smart Job, on parle des entrepreneurs, ceux qui ont perdu leur emploi, on va y revenir, c'est parfois un parcours du combattant et on va en parler avec Elodie Varnery, elle est notre invitée,
00:25directrice générale de l'association GSC. Le débat, le cercle érache, la semaine de 4 jours, est-ce la fin d'une utopie dans un contexte politique un peu particulier
00:35où un ancien ministre évoque l'idée de supprimer les 35 heures, qu'en est-il de cette semaine des 4 jours, 3 invités pour en débattre, Philippe Dupérat, Marine Balensart et Mathias Leboeuf.
00:45Et enfin, fenêtre sur l'emploi, les salariés et les salaires sur le marché de la transformation digitale.
00:50Ben oui, on s'arrache ces salariés, on en parlera avec Eman Benahoun, elle est directrice générale de Humanskills. Voilà le programme, tout de suite, c'est Bien dans Smart Job.
00:58Bien dans son job pour parler d'un sujet sensible, pour ne pas dire tabou, la précarité des entrepreneurs. Oui, ceux qui ont créé leur boîte et qui se retrouvent au chômage.
01:21On viendra d'ailleurs sur le mot chômage, c'est plus compliqué qu'il n'y paraît. Élodie Varnery, merci d'être avec nous. Bonjour. Directrice générale de l'association GSC.
01:30Il y a d'abord un chiffre que vous portez, 29 958 chefs d'entreprise ont perdu leur emploi au premier semestre 2024.
01:40C'est des chiffres qui passent sous les écrans radars et c'est 29 000, près de 30 000 hommes et femmes qui ont des familles et qui se retrouvent dans quelle situation ?
01:49Une situation évidemment compliquée, ça veut dire près de 30 000 chefs d'entreprise au premier semestre, ça veut dire 180 chefs d'entreprise par jour sur cette période-là.
02:00C'est plus 18% par rapport à l'année dernière sur la même période, donc c'est effectivement un chiffre qui ne doit pas être ignoré. Avec ce chiffre-là, en fait, on retrouve des niveaux qu'on n'avait pas connus depuis 10 ans.
02:14Qu'est-ce qui se passe ? C'est des fermetures, c'est une baisse d'activité, c'est des effets Covid, c'est un dépôt de bilan par usure psychologique, qu'est-ce qui s'est passé ?
02:22Alors évidemment, tout un tas de facteurs. Ce qu'on voit au travers des secteurs d'activité, en fait, on arrive à faire à peu près la photographie de ce qui s'est passé.
02:33La construction.
02:35La construction, avec évidemment la crise immobilière que le secteur connaît en ce moment. C'est vraiment dramatique pour ce secteur. C'est tout un secteur, d'ailleurs, qui évidemment se retrouve ébranlé et qui menace de s'effondrer, sans mauvais jeu de mots.
02:53C'est également le secteur du commerce, avec une augmentation très forte, plus de 15% d'augmentation rien que pour le commerce. Et puis, le troisième secteur le plus impacté, l'hébergement et la restauration, les débits de boissons, c'est pareil, des secteurs très impactés avec une augmentation très forte.
03:21– Âge médian, 45 ans, presque 46 ans. Ça veut dire que ces personnes qui ont mis la clé sous la porte, ont perdu leur emploi, vont devoir avoir une deuxième vie, peut-être même ensuite une troisième.
03:31Comment ils se réinsèrent ? Comment on se réinsère ? Comment on retrouve pied ? On recrée sa boîte ou on décide de repartir dans le salariat et de changer de vie ? Ça se passe comment ?
03:40– Alors j'ai envie de dire, tout dépend. Tout dépend de l'anticipation que vous avez eue et de la démarche de maîtrise des risques que le chef d'entreprise a eue.
03:49On sait que dans la grande majorité des cas, pour ces 30 000 chefs d'entreprise au premier semestre de cette année, ils n'avaient pas de protection chômage, ils n'avaient pas souscrit de contrat volontaire ou peut-être de l'épargne pour certains.
04:04Mais on peut en douter, compte tenu aussi de la typologie de chef d'entreprise, on sait que la plupart avaient une entreprise de moins de 500 000 euros de chiffre d'affaires et sur des TPE de moins de 5 salariés, c'est 9 sur 10.
04:20– Pas de parachute, pas de garde-fous.
04:21– A priori, en tout cas, on peut imaginer que c'est un peu compliqué. Donc ils n'avaient pas de couverture, de protection en cas de perte d'emploi.
04:30Donc évidemment, c'est un peu plus compliqué. C'est-à-dire qu'à 46 ans, comme vous l'avez dit, c'est très jeune, certes, mais c'est un moment de la vie dans lequel on a construit une famille, probablement en tout cas, tout est à reconstruire.
04:44– Et c'est un choc par ailleurs, il faut se relancer. GSC, qu'est-ce qu'il propose là concrètement ?
04:48On se souvient d'Emmanuel Macron qui avait dit qu'il n'y aura plus d'entrepreneurs qui se retrouveront en situation de précarité puisqu'on va créer un chômage.
04:55On en est où de cette initiative ?
04:57– C'est une très bonne question. L'allocation des travailleurs indépendants a été effectivement une promesse de campagne.
05:06Dans sa concrétisation ensuite, on était assez loin de la promesse.
05:11– D'accord, donc on est loin du compte.
05:12– Et aujourd'hui, il n'existe plus rien. Et de toute façon, c'est une allocation qu'on perçoit, une aide qu'on perçoit si jamais on a déposé le bilan.
05:22Nous, ce qu'on propose à l'association GSC, c'est effectivement un contrat volontaire, donc ce n'est pas obligatoire, mais c'est juste indispensable.
05:29Ce n'est pas obligatoire, mais voilà, c'est un contrat qu'on prend en plus du reste, mais qui permet d'anticiper.
05:39C'est-à-dire que lorsque vous savez que vous allez pouvoir avoir le temps de rebondir, parce que c'est de ça dont on parle en fait,
05:46quand on a 46 ans, qu'on a à faire face à ses charges de famille, à son emprunt, qu'on doit pouvoir continuer à remplir le frigo,
05:53on a besoin de temps. Et le temps, c'est de l'argent. On a besoin de temps et cette assurance que l'association GSC propose et promeut,
06:05dont elle fait la communication, permet d'avoir du temps pour ne pas prendre de mauvaises décisions.
06:13Merci Léodive Arnori, c'est passionnant parce que c'est un sujet dont on ne parle pas assez, la situation des entrepreneurs qui se cachent un peu,
06:19qui ont un peu honte de cet échec et GSC les accompagne justement avec cette assurance parce que c'est extrêmement concret.
06:26Merci de nous avoir rendu visite et puis allez voir cette étude, l'observatoire de l'emploi des entrepreneurs, l'étude Altares,
06:32très détaillée sur l'étrange d'âge et les secteurs d'activité touchés. Il ne faut pas cacher ces chiffres. Merci de nous avoir rendu visite, c'est un vrai plaisir.
06:39Merci à vous.
06:40On tourne une page. Après avoir parlé de ces entrepreneurs dans la précarité, restez avec nous Élodie, tournons-nous vers le Cercle RH avec cette semaine des 4 jours.
06:48Oui, la semaine des 4 jours. Elle existe déjà à certains endroits. Elle fonctionne, elle ne fonctionne pas. Comment ça marche ? Est-elle plébiscitée ?
06:55On en parle avec mes invités. C'est le Cercle RH et je les accueille tout de suite.
07:10Le Cercle RH, pour parler d'un sujet qui concerne alors peu de salariés mais qui fait la une de l'actualité parce qu'on en parle beaucoup cette semaine des 4 jours.
07:18D'ailleurs, je rajouterai la semaine des 4 jours ou en 4 jours, ce qui n'est déjà pas le même impact pour les salariés au moment où, vous l'avez vu,
07:26Gérald Darmanin, à peine sorti du gouvernement, dit dans les échos « Écoutez, pour créer de la productivité et un peu d'activité dans le pays, il faut travailler plus,
07:33plus de 35 heures ». Donc, patatras cette semaine des 4 jours, de fait, et on va en débattre avec mes invités. Je ne suis pas sûr, d'ailleurs, que vous partagez tous le même point de vue
07:41sur cette semaine des 4 jours. Marine Balançard, c'est un plaisir de vous retrouver sur le plateau de Smart Job, directrice générale d'Arizeal.
07:48Vous travaillez et vous êtes venue nous parler de la dyslexie. C'est un sujet sur lequel vous avez écrit un livre et puis, précédemment, la stratégie de la décision
07:55« Comment bien décider ? », qui était sortie chez Hérol. Philippe Dupérat, ravi de vous accueillir. Vous êtes cofondateur de 4jour.work, en fait, qui est un acronyme français,
08:05francisé, puisqu'il y a une organisation mondiale autour de cette semaine des 4 jours. Et on en parlera avec vous parce que vous orientez, vous donnez les bons conseils aux entreprises
08:14qui voudraient se lancer dans cette semaine des 4 jours. Vous êtes donc un expert. Et Mathias Leboeuf est avec nous. Bonjour, Mathias.
08:22— Bonjour, Arnaud. — Comment allez-vous ? — Très bien. — On va parler lentement parce que vous nous sortez le petit traité de la lenteur à l'usage des gens...
08:28— Il y a des pages sur l'éloquence aussi, si on parle vite. — Parlez vite, absolument. À l'usage des gens pressés chez Guy Trédaniel, éditeur. Et vous dites qu'il faut valoriser le mot « lenteur »
08:39parce que ce soit un mot qui est décrié. « T'es trop lent. Tu vas pas assez vite ». Et vous dites non. C'est tout l'inverse. La lenteur, c'est important dans nos vies.
08:45— Ah bah la lenteur, oui, c'est l'ennemi absolu. Personne ne fait l'éloge... Enfin il y a des éloges de la lenteur, mais c'est souvent une qualité
08:55qui est très souvent décriée, et en particulier d'ailleurs dans le monde de l'entreprise. C'est-à-dire que dans l'entreprise, la lenteur, c'est l'ennemi absolu.
09:03On ne mesure l'efficacité d'un management qu'à la vitesse de ses exécutions. Donc la lenteur, c'est le refoulé même de l'entreprise. Il faut bannir la lenteur.
09:15— Je donne la parole à un philosophe, parce que vous êtes docteur en philosophie. Je l'ai pas précisé, mais c'est important de démarrer par le philosophe,
09:19parce qu'on va commencer à toucher des paradoxes. Philippe Dupérat, entrons dans le dur. Les assurances, la fédération des assurances, et notamment,
09:27je la cite souvent, la fédération CFE-CGC, a lancé un livre blanc sur « La semaine des 4 jours » dans le secteur de l'assurance. C'est pas rien.
09:33Et les premiers salariés qui ont lu ce livre blanc ont dit « Mais attendez, on parle de quoi ? On parle de la semaine en 4 jours ou la semaine de 4 jours ?
09:40De quelle semaine vous parlez ? 35 heures en 4 ou 32 heures en 4 ? » Et déjà, on change de paradigme.
09:46— Exactement. Chez 4jours.org, on parle de 32 heures en 4. En tout cas, on parle d'une approche qui peut être graduée.
09:53— On voit bien la route aux roues derrière. — Il fait partie de notre comité consultatif, mais on est indépendant. Cela étant, on est soutenus
09:59officiellement par la CFE-CGC au niveau national. Donc je pense que c'est aussi important de sortir uniquement du cadre sectoriel. Pourquoi ?
10:06Parce que la semaine de 32 heures 4 jours, en tout cas dans les 350 organisations qu'on a suivies, qui ont expérimenté avec notre formation,
10:15plus de 94% ont décidé de poursuivre sous ce modèle-là. Donc ça fonctionne. Pour autant, la semaine compressée, la semaine en 4 jours,
10:24elle amplifie les problématiques qu'elle est censée résoudre, les problématiques de fatigue, les problématiques de parentalité par exemple.
10:30Et donc nous, on plaide pour une approche graduelle de réduction de travail, mais on dit souvent allier d'un côté le bien-être des salariés
10:41et de l'autre côté la performance de l'entreprise. — Quand Gérald Darmanin annonce la fin des 35 heures, je pense que vos bras tombent d'un coup, là.
10:47Vous dites que ça va exactement à l'encontre de ce que vous développez, que vous portez ? — Je pense... Alors déjà, il y a beaucoup de gens sur les 15 dernières années
10:57qui ont annoncé la fin des 35 heures. Mais nous, on veut parler de résultats. Et je pense qu'il y a 3 mythes à déminer. Le premier, c'est que les résultats
11:05ne dépendent pas uniquement de la productivité, du volume d'horaire travaillé. Sinon, ce serait le Mexique, le pays qui aurait le plus fort PIB par habitant,
11:11et ce serait pas la Norvège, ce serait pas la Suède, ce serait pas le Danemark. Le deuxième point, c'est que la semaine de 4 jours avec 100% de résultats,
11:17elle existe déjà chez des dizaines, voire des centaines de milliers de femmes. Elles sont à 80%. On garde leur fiche de poste. On les paye 80% de moins.
11:24Et à la retraite, elles auront 80% de moins. — C'est 100% du salaire sur 4 jours, c'est ça ? — Exactement. 100% des résultats. Je pense que c'est ça qu'il faut dire.
11:31Et enfin, le dernier point, en mai, on était en semaine de 4 jours. Est-ce qu'on a vu 20% de chiffre d'affaires en moins chez les entreprises ? Non.
11:38Donc il y a déjà beaucoup de cas, si vous voulez, qui ont été expérimentés sur lesquels on est à 80% et on arrive à délivrer le résultat parce qu'on travaille différemment.
11:47— Il faut aimer la lenteur. Marine Ballensart, quel est votre point de vue ? Parce que je me laisse dire, moi qui vous ai entendu plusieurs fois sur ce plateau,
11:53que vous n'êtes pas totalement en phase avec cette philosophie, parce que je le place aussi un peu comme une philosophie de vie, puisqu'il y a un philosophe sur le plateau.
12:00Vous êtes en phase avec cette semaine de 4 jours ? — Oui. Moi aussi, je suis très philosophe. Et toutes choses égales par ailleurs, si on était déconnectés du monde,
12:06moi, je serais d'accord pour être encore plus lente et je serais d'accord pour travailler 4 jours, payer 5 ou ne pas travailler et payer 5 jours.
12:13Je veux dire, dans l'absolu, tout le monde est d'accord. Si vous demandez à des salariés « Tu veux travailler moins et gagner autant ? », on va être d'accord.
12:19Simplement, on a changé de situation à l'international. On est en train de sonner la mobilisation générale. On est sous énorme pression dans une guerre commerciale
12:32avec la Chine, les États-Unis. On a une guerre en Ukraine. On est en train de s'interroger sur la souveraineté de l'Europe. Et donc le fait de diffuser ce genre de messages,
12:41particulièrement en ce moment où on a basculé dans un nouveau monde qui est plus du tout le XXe siècle et qui est vraiment... Diffuser cette musique qu'on a besoin de moins travailler,
12:53qu'on peut être payé autant et dire aux jeunes « On va vers un monde où vous travaillerez de moins en moins et où vous serez plus heureux », c'est pas vrai,
13:00parce qu'on est un des pays qui travaillent le moins en Europe et on est un des pays qui est le plus dépressif.
13:06Un mot, parce que j'avais un chiffre 94%. C'est la semaine des 4 jours où vous l'avez évoqué. C'est la proportion d'entreprises qui ont expérimenté la semaine des 4 jours
13:13et souhaitent la conserver. C'est juste pour prolonger ce que vous disiez. Ça a l'air de fonctionner pour ceux qui le testent. Dans certains secteurs, on va y revenir.
13:19Dans beaucoup de secteurs. Mais les entreprises que l'on a suivies, elles ont vu leur chiffre d'affaires augmenter de 25%.
13:26Vous en pensez quoi à l'aune de la philosophie ? Parce qu'on est dans un monde fragmenté, un monde sous tension, un monde en guerre, pour le dire plus largement.
13:36Et on a en même temps le sentiment qu'il faut ralentir. Tout au contraire, on a plutôt l'impression qu'il faudrait accélérer. C'est un débat philo, ça ?
13:42C'est un débat philo et c'est une question de philo. C'est même une question philo par essentiel. Les entreprises sont confrontées à des questions philo.
13:49La question du temps, qui déjà, hors entreprise, est une question compliquée. Quel est le meilleur usage du temps ? Comment utiliser le temps ?
13:57Une chose qui me frappe vraiment, puisqu'on parle d'idées et de philo, c'est qu'on a des approches qui sont très dogmatiques, souvent, sur ces questions-là.
14:08Les libéraux vont être bien évidemment contre, parce qu'eux, effectivement...
14:13Productivité ?
14:14Productivité, sauf que mesurer l'aune de la productivité quantitative, c'est-à-dire sans prendre en compte le caractère qualitatif...
14:24C'est la règle du jeu mondial.
14:26Oui, c'est sûr. Mais justement, la France doit pouvoir innover. On doit pouvoir expérimenter. Et puis, encore une fois, la vraie question, effectivement, qui se pose,
14:37c'est est-ce que c'est semaine de 4 jours, 32 heures ? Semaine de 4 jours, 35 heures ?
14:43J'ai posé la question tout de suite, ça permettait d'y voir plus clair.
14:45Comment c'est corrélé avec le télétravail aussi ? Parce que ça, c'est une vraie question.
14:49Mais Philippe, quand même, et je donne la parole à Marine, on voit que vous n'êtes pas d'accord, mais par exemple, les cafetiers.
14:54On a vu tout à l'heure une responsable d'association qui nous dit, il y a 30 000 entrepreneurs qui ont fermé, qui ont mis la clé sous la porte,
15:01parmi lesquels les cafetiers-restaurateurs. Quand vous dites à un restaurateur, si tu mettais la semaine des 4 jours, mais ils vous virent du café.
15:08Excusez-moi, il vous dit, mais je n'ai pas les moyens de mettre deux équipes. Je peux mettre une équipe du lundi au jeudi et du vendredi au dimanche.
15:16Vous voyez ce que je veux dire. D'un point de vue économique, ce n'est pas jouable.
15:20Alors, il y a des raisons différentes pour passer à la semaine de 4 jours. Il y a des raisons, je n'arrive pas à recruter, j'arrive encore moins à fidéliser.
15:26Et là, on a des statistiques, 42% de démission en moins pour les entreprises qui passent en semaine de 4 jours, une attractivité dans 83% des cas.
15:34Donc, moi qui habite en Haute-Savoie, je peux vous dire qu'il y a des cafés-restaurants, il y a des hôtels, il y a des crèches qui ont mis en place la semaine de 4 jours.
15:42Contraintes réforcées, ils n'avaient pas le personnel. Le deuxième point, c'est que...
15:47On garantissait quand même la garde de nos enfants le vendredi, ça n'obligeait pas les parents à se débrouiller.
15:51Avant, ça m'obligeait, moi qui ai deux enfants en bas âge, ça m'obligeait à venir à 16h30 parce qu'il n'y avait pas le personnel.
15:56Donc, vous pouvez le mettre en place pour une question d'attractivité et de fidélisation, mais vous pouvez aussi le mettre en place parce que vous voulez étendre vos horaires.
16:02Et peut-être demain, certaines entreprises en profiteront pour ouvrir 6 jours sur 7.
16:08– Tiens, j'ouvre un débat, comme ça, ça va permettre à Marine Balançard d'y répondre en même temps.
16:11Vous, vous dites quoi aux salariés ? Ok, semaine des 4 jours, mais vous perdez vos RTT et vous perdez évidemment les avantages du télétravail
16:21puisqu'il y a été signé des centaines, pour ne pas dire des milliers d'accords télétravail où les salariés ont pu faire 3-2, 4-1.
16:27Comment on fait là ? On met tout à zéro ?
16:30– La semaine des 4 jours, c'est de la dentelle, je dis souvent ça.
16:33C'est-à-dire que ce n'est pas une solution qu'on plug et qui marche pour tout le monde.
16:36Et donc, ça peut se mettre différemment entreprise par entreprise et ça peut se mettre différemment au sein des différents services
16:41parce qu'il faut répondre, et là, je vous rejoins, sur l'impératif économique de chaque service.
16:46Donc, il y a des questions de RTT, mais les RTT, c'est pour les cadres ou ceux qui font des heures supplémentaires.
16:52Il y a des questions de télétravail, c'est pareil, c'est pour les cols blancs.
16:55C'est pour les cols blancs et donc la semaine des 4 jours, contrairement au télétravail,
16:58le télétravail, ça s'est imposé aux entreprises sans réflexion, sans anticipation.
17:02Aujourd'hui, il y a des entreprises qui se disent…
17:05– C'est la décrue.
17:06– Il y a une hyper-individualisation, exactement.
17:08– L'aubaisse.
17:08– Et donc, on pense qu'on peut lier les deux sujets, c'est-à-dire avoir une réflexion plus holistique
17:12sur la semaine de 4 jours et le télétravail et remettre à plat et créer, et je finirai là-dessus.
17:18Aujourd'hui, il y a 7% des salariés français qui se disent engagés au travail.
17:21C'est scandaleux comme statistique.
17:22– C'est exact, c'est le give-give-up.
17:24– Exactement, on peut recréer un collectif au lieu d'aller sur l'hyper-individualisation,
17:28on peut créer un bien commun qui est cette semaine de 4 jours,
17:30on va tout faire pour la protéger et on va atteindre les objectifs de performance économique.
17:34– En supprimant en dentelle les RTT.
17:35– En réinterrogeant.
17:36– Je suis d'accord, les salariés français sont les moins engagés d'Europe,
17:40ex aequo avec l'Italie, sachant que l'Europe a les salariés les moins engagés du monde.
17:44Donc ça nous donne une idée de l'état de la France,
17:47sachant qu'on travaille quand même moins en moyenne que la moyenne des pays de l'OCDE.
17:53On est en dessous déjà, donc…
17:55– Ça dépend des statistiques, si on prend quelqu'un à plein temps c'est 39 heures.
17:58– Et moi je trouve que la difficulté d'enlever les gens de l'entreprise,
18:04de leur dire vous allez être plus heureux parce que vous allez être moins en entreprise,
18:08ce n'est pas une petite musique que j'apprécie spécialement
18:13parce que je pense que c'est dangereux sociétalement,
18:15c'est-à-dire que plus les gens sont chez eux, plus ils sont repliés sur eux,
18:19plus ils ne voient que leurs voisins qui sont de même catégorie socioprofessionnelle,
18:25et donc ça accroît les inégalités et ça entretient l'entre-soi.
18:29– Mathias Leboeuf, pourtant le coup à la lenteur et à la rapidité.
18:32Semaine de travail 5 jours, source crédoque, ce qui n'est pas une source crédible.
18:37Semaine de travail 5 jours en 4, on va voir le chiffre,
18:3943% de ceux qui ont été interrogés parlent d'une journée plus fatigante,
18:43on en allonge le temps de travail.
18:4637% problèmes de garde d'enfants qui posent le problème de si je sors à 18h,
18:49comment je fais pour ma garde, quand on est une femme ou un papa,
18:53et 20% santé physique et mentale dégradée.
18:56Ça, c'est des indicateurs qui vont à l'encontre,
18:59je dirais, de l'idée comme ça un petit peu utopique,
19:02mirifique de la semaine des 4 jours.
19:04– Non, parce que je crois que justement, c'est ce qui vient d'être dit,
19:07c'est qu'il faut vraiment adapter à la situation.
19:10– La dentelle.
19:11– Voilà, il faut expérimenter.
19:13Il n'y a ni utopie, il ne faut pas être dans l'utopie,
19:17il ne faut pas être dans l'idéologie non plus.
19:18C'est-à-dire que tout voir à l'aune de la volumétrie du temps de travail,
19:22je crois que c'est une erreur.
19:24On peut peut-être travailler moins, peut-être un peu moins,
19:27alors après est-ce que c'est 32, pas 32, et peut-être travailler mieux.
19:31Est-ce que réduire le temps de travail,
19:35paradoxalement, ne ferait pas en perdre moins du temps au sein de l'entreprise ?
19:39– Là, on voit dans ces chiffres qu'on a un speed accéléré,
19:42j'utilise des mots un peu de Jones,
19:43mais d'une maman ou d'un papa qui va courir à la crèche pour récupérer l'enfant,
19:46une fatigue plus importante, parce qu'on fait tout en quatre jours.
19:49Sans compter que le vendredi, si d'aventure, on l'a libre,
19:51on n'est pas sans avoir un petit coup de fil du bureau
19:53pour régler deux ou trois dossiers,
19:54parce qu'on l'a tous vécu, pour ceux qui ont vécu ces semaines à la télévision,
19:58le vendredi, et il n'est pas off, comme on dit.
20:00– On peut imaginer que ce soit lundi, mardi, jeudi, vendredi aussi,
20:04que la semaine soit coupée en deux.
20:07Et après, effectivement, ça demande certainement des adaptations,
20:10des régulations, mais encore une fois,
20:14je crois vraiment qu'il ne faut pas avoir un rapport idéologique à cette question-là.
20:21– Je pense que c'est pour ça que c'est la base de volontariat et d'une expérimentation.
20:24Et nous, on ne dit pas aux entreprises,
20:25passez la semaine de quatre jours, faites tapis au poker,
20:28on leur dit, on a une méthodologie, pendant deux mois,
20:30on va se poser la question de quel est le format qui fonctionne
20:33d'un point de vue économique et d'un point de vue humain pour vous,
20:35secteur par secteur, et on va accompagner au juridique,
20:38sur la partie RH, sur la partie stratégique et opérationnelle.
20:41Derrière, elles expérimentent pendant six mois et elles font le bilan.
20:45Parce que quitte à tester, il faut se donner les moyens de tester bien.
20:48– Oui, donc c'est pas très long, six mois, c'est comme le télétravail,
20:52on avait vu un pic de productivité en télétravail au début,
20:55et puis maintenant, on se rend compte, quatre ans après,
20:57qu'en fait, c'est la catastrophe, point de vue créativité, innovation.
21:01– Pour vous, on a le sentiment, Marine Balanzard,
21:02qu'au-delà de la question très technique de dentelle, d'organisation,
21:05c'est un débat de société qui impacte notre rapport au travail.
21:09– Mais oui, parce qu'en fait, je crois que les Français ont confiance
21:13dans leur entreprise, et en fait, on essaie de les enlever en permanence
21:18de leur entreprise, physiquement, et donc la conséquence de tout ça,
21:24c'est qu'on a moins de créativité, moins de productivité,
21:29on n'est pas très compétitif en Europe, et on a un PIB par habitant
21:32qui est quasiment deux fois moins qu'aux États-Unis.
21:35– Avant de nous quitter, parce que le débat est trop court,
21:37mais le rapport au travail, vous le philosophe,
21:38est-ce qu'on n'est pas en train de remettre en question ce rapport
21:40qui était un rapport d'émancipation, on grandit avec son travail,
21:44on s'investit dans son travail, on nourrit sa famille,
21:48et on progresse socialement ?
21:49Est-ce que ça, ce n'est pas une remise en question ?
21:51– Moi, je boue intérieurement quand j'entends ça.
21:52Aujourd'hui, la majorité des foyers français,
21:54ils sont en semaine de dix jours, le travail des femmes,
21:58et c'est très positif, en fait, si on regarde il y a 50 ans,
22:02le succès professionnel des hommes se faisait
22:04parce que les femmes n'étaient pas payées à faire du travail à la maison.
22:07Et donc aujourd'hui, la majorité des foyers français,
22:09c'est la semaine de dix jours, on n'a jamais été dans cette situation-là.
22:12Sur la créativité, toutes nos études, et nos études,
22:14elles sont faites par des chercheurs indépendants et sociologues,
22:16montrent qu'au contraire, ça permet de développer des nouvelles compétences,
22:19d'être plus frais et plus clairvoyant et d'avoir plus d'impact.
22:22Et c'est pour ça que le chiffre d'affaires, et je le répète,
22:24le chiffre d'affaires des entreprises qui passent en semaine de quatre jours
22:28et qui réduisent leur temps de travail,
22:29elles peuvent passer de 39 à 35, elles peuvent passer de 35 à 32,
22:32ils progressent. C'est donc la preuve par les faits.
22:35Et ce débat, il est très...
22:36C'est un débat idéologique.
22:37Mais nous, on amène de l'objectivité.
22:41On a des chercheurs et sociologues pays par pays, au Brésil, au Royaume-Uni.
22:44Il y a des entreprises en France, Iprema, par exemple,
22:46ça fait 30 ans qu'ils sont en semaine de quatre jours, 32 heures.
22:48LDLC, ça fait trois, quatre ans.
22:50Welcome to the Jungle, ça fait cinq ans.
22:52Les performances se maintiennent.
22:53Et c'est bien la raison pour laquelle,
22:55nous, on va analyser la performance avant, après et douze mois après.
22:59Et on voit que les performances, ce n'est pas un effet auteur.
23:02Chiffre du Crédoc, vous ne les contestez pas.
23:04Ça veut dire qu'on a une accélération quand même.
23:05Le Crédoc, c'est la semaine en quatre jours.
23:07Voilà. Et pas de quatre jours, puisque vous lancez un débat
23:09dont on n'a pas le temps de traiter.
23:10Mais on reviendra.
23:12Vous lancez le débat de la semaine des 32 heures,
23:15au moment où on nous dit qu'il faut...
23:16La semaine de réduction progressive.
23:17Progressive.
23:18On va dire que c'est 32 heures.
23:19On voit l'esprit de Pierre Larouturu
23:21que j'ai reçu tellement de fois sur mon plateau
23:23avec ses graphiques et ses schémas.
23:26Un dernier mot, Mathieu.
23:27Oui, je voulais dire à Marine,
23:28c'est que Marine parlait de créativité et d'innovation.
23:31Soyons créatifs et innovants dans notre rapport au travail aussi.
23:35Parce que c'est ça, ça change le rapport au travail.
23:37Essayons et ne nous accoutons pas sur des positions conservatrices
23:42parce que ça rassure et il faut augmenter pour augmenter.
23:46Parfait. C'est envoyé. Conservatrice.
23:47Vous êtes conservatrice.
23:48Non, mais je ne vais pas répondre à ça.
23:50Je connais très bien Mathias.
23:52Mais la créativité, la baisse de la créativité
23:55dans le travail à distance,
23:56le fait de ne pas être présent, de voir d'autres êtres humains
23:59nous rend moins créatifs.
24:00Il nous rend incapables de résoudre des problèmes complexes
24:03ou de gérer des conflits à distance
24:05quand on ne voit pas les autres.
24:06Justement, le télétravail,
24:10on a eu un rapport extrêmement idéologique au télétravail
24:13quand le télétravail a été lancé.
24:15Il y a eu une espèce de doxa du télétravail
24:18qui était obligatoire, imposée.
24:22On nous a vendu le télétravail comme quelque chose de formidable
24:26qui allait augmenter la productivité.
24:28Le temps venant, on s'aperçoit qu'il y a un ajustement.
24:32Les entreprises ont été prises de court pour le télétravail.
24:36En cinq minutes, parfois en conseil en Comex,
24:39ils ont décidé de faire du télétravail.
24:40C'est pour ça qu'ils doivent se former sur la semaine de 4 jours.
24:42Allez voir 4jour.work, global for work.
24:47C'est important parce que c'est aussi chapeauté
24:49par une organisation internationale.
24:51Mais c'est chez vous, 4jour.work.
24:53Marine Balançard, je ne sais pas si vous avez été convaincue.
24:56En tout cas, il y a eu un débat sur ce plateau.
24:58Il n'est pas tranché, même si des entreprises
25:00sont de plus en plus nombreuses,
25:02à plébisciter ce modèle d'après vos chiffres.
25:04Merci à vous.
25:06Petit traité de la lenteur à l'usage des gens pressés.
25:08Ce n'est pas mon cas.
25:10Chez Guy, très Daniel, éditeur.
25:12On peut le lire même quand on n'est pas pressé.
25:14Bien sûr, lisez-le. Surtout en prenant le temps.
25:16Merci Mathias Leboeuf.
25:18Vous êtes docteur en philosophie.
25:204jour.work
25:22et merci à Marine Balançard, directrice générale
25:24d'Arizeal, qui n'est pas conservatrice
25:26car je la connais. Merci à vous.
25:28On tourne une page, c'est Fenêtres sur l'emploi.
25:30On accueille mon invité.
25:44Fenêtres sur l'emploi pour parler du salaire.
25:46Des salaires dans le secteur du digital.
25:48C'était l'explosion ces 5 dernières années.
25:50On en parle avec Imane Benahoun,
25:52directrice générale de Human Skills.
25:54Comme disait le préfet au moment du Covid,
25:56c'est fini la bamboche pour les salariés du digital.
25:58On serre la vis.
26:00La fête est finie, on peut le dire.
26:02La fête est finie, ça veut dire que quoi ?
26:04On prévoit quoi d'après vos études ?
26:06Parce que ce sont vos chiffres.
26:08Moins de 5% ?
26:10En moyenne, sur tous les métiers
26:12de la transformation digitale.
26:14Il y a des exceptions.
26:16On a les salaires du produit
26:18qui vont beaucoup évoluer
26:20parce que les métiers changent.
26:22Les métiers de la data
26:24restent en croissance.
26:26Ceux qui explosent, ce sont
26:28les métiers de la tech, de la cybersécurité
26:30et les métiers de l'IA.
26:32Les métiers spécifiques au développement
26:34et à la mise en place
26:36des IAs génératifs dans les entreprises.
26:38Ceux-là sont en forte croissance
26:40en termes de salaire.
26:427% en 2023,
26:444%.
26:46Qu'est-ce qui se passe ?
26:48Il y a moins de besoins
26:50ou les besoins sont les mêmes et plus importants
26:52mais les négociations se sont resserrées.
26:54J'ai le sentiment que sur les enjeux IA
26:56et tech, il y a des besoins infinis.
26:58Il y a des besoins énormes
27:00et pas beaucoup de ressources.
27:02On sait que quand on change,
27:04on peut vraiment négocier à la hausse
27:06son salaire.
27:08Quand vous êtes très sollicité
27:10et que vous discutez avec votre employeur
27:12qui souhaite que vous restiez,
27:14vous avez une marge de négo même pour rester.
27:16Ce qui est vrai pour ces métiers-là
27:18pour les métiers de la cybersécurité
27:20n'est plus vrai pour les métiers
27:22du digital au sens large
27:24qui se sont, je ne voudrais pas dire banalisés
27:26parce que ça serait un peu violent
27:28mais on a maintenant
27:30des formations qui sont matures
27:32on a un volume de candidats qui arrivent sur le marché
27:34qui est cohérent par rapport à la demande.
27:36Data, IA, toujours
27:38en pointe quand même.
27:41Quand on s'en va,
27:43ça reste un peu une vieille méthode.
27:45Il faut partir de sa boîte
27:47pour faire plus 20.
27:49Pas sur ces métiers-là.
27:51Je pense que les entreprises
27:53se sont un peu mobilisées
27:55et elles font des entretiens
27:57biannuels avec leurs collaborateurs
27:59deux fois par an pour prendre la température
28:01voir si tout se passe bien
28:03et ça se négocie beaucoup à ce moment-là.
28:05RSE, durabilité, toujours
28:07des fonctions stratégiques recherchées
28:09sans compter que la CSRD
28:11est en train d'arriver là.
28:13C'est la CSRD
28:15qui impacte les recrutements
28:17et on cherche des gens
28:19pour mettre en place
28:21tous ces reportings dans les entreprises.
28:23Merci Imane
28:25d'être venue nous rendre visite
28:27de la directrice générale de Human Skills
28:29et vous faites beaucoup d'accompagnement
28:31auprès des managers
28:33des DRH
28:35des directeurs opérationnels
28:37pour les aider à développer
28:39toute leur stratégie de transformation.
28:41Merci Imane Benahou
28:43un peu court, vous reviendrez.
28:45Merci à vous
28:47merci à notre équipe
28:49merci à Nicolas Juchat
28:51je cite son nom en entier
28:53merci à vous pour votre fidélité
28:55et l'intérêt que vous portez à nos programmes.
28:57Je vous dis à très bientôt.