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Mardi 5 novembre 2024, SMART IMPACT reçoit Florence Hoffmann (Responsable du programme, Watt Wtachers) , Xavier Mennesson, (Directeur, Domaine Du Val) , Quentin Beauvy (Responsable RSE, AltaÏ Group) et Camille Brun-Jeckel (Cofondatrice, Hedj)

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00:00Générique
00:08Bonjour à toutes et à tous, bienvenue c'est Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale un axe fort de leur stratégie.
00:18Et voici le sommet, à mon invité c'est Florence Hoffmann, responsable du programme What Watchers, initiative du gouvernement pour accompagner les économies d'énergie des français.
00:27Dans notre débat, on parlera des actions du secteur du tourisme pour mieux protéger les espaces naturels et réduire l'impact des voyages sur notre environnement.
00:36Et puis dans Smart Ideas, notre rubrique, vous le savez, qui est consacrée aux start-up éco-responsables, vous découvrirez.
00:43Edge, c'est une entreprise de recyclage et de réemploi du textile professionnel, économie d'énergie, tourisme, textile, trois grands thèmes, 30 minutes pour les explorer, c'est parti.
00:55Générique
01:01L'invité de Smart Impact, c'est Florence Hoffmann, bonjour.
01:04Bonjour.
01:05Bienvenue, enchanté, vous êtes responsable du programme What Watchers, cette initiative du gouvernement pour nous inciter, pour inciter les français à faire des économies d'énergie.
01:14Alors ça a été validé au mois de mai, au printemps je crois, et le lancement officiel vient d'avoir lieu, c'était au mois d'octobre.
01:21Sur quel constat, pourquoi a-t-elle été lancée cette initiative ?
01:25Oui, en fait, le constat de What Watchers, c'est qu'on dit, on sait tous qu'on doit faire des économies d'énergie, on sait tous que le changement climatique, c'est un enjeu.
01:33Mais la vraie question, c'est le passage à l'action. Qu'est-ce qui fait passer à l'action ?
01:38Et c'est ça qu'on a constaté que finalement, on a encore des leviers, les français ont déjà l'impression de faire des choses, mais on a encore des leviers et on veut les aider à passer à l'action.
01:47Et c'est pour ça que What Watchers, c'est un programme qui va accompagner 600 000 foyers vers la sobriété énergétique via une application qui va les aider à identifier les actions qui sont pertinentes pour les foyers français.
02:03Comment ils ont été sélectionnés, ces 600 000 foyers ?
02:06Et bien, c'est la bonne nouvelle, c'est qu'ils ne sont pas sélectionnés.
02:08On peut s'inscrire, c'est ça ?
02:09On peut s'inscrire, tout le monde peut s'inscrire. Donc l'application, elle a été lancée en septembre.
02:16Et en fait, il suffit d'aller sur whatwatchers.fr, de se connecter via son adresse e-mail et via son adresse, parce que ça se connecte ensuite au compteur Linky pour récupérer les données énergétiques.
02:29Et vous avez accès à l'application et c'est gratuit.
02:33D'accord. Et donc ensuite, il va y avoir un accompagnement qui durera sur une période de 3 ans, c'est ça ? Jusqu'en 2027, c'est ce que j'ai lu en préparant l'émission.
02:44Comment ça va se passer ? En quoi ça va consister, cet accompagnement ?
02:48Oui. Donc en fait, l'accompagnement, le programme, il dure jusqu'en 2027. Mais nous, l'application, on la lance. Enfin, le but, c'est que ça dure.
02:56C'est que ça continue, oui.
02:57Le programme a été financé jusqu'en 2027. Mais nous, c'est que ça dure éternellement. Et l'accompagnement, en fait, ça consiste au fait que la personne qui a accès à l'application,
03:08on va, via l'application, comme ça se connecte sur ses compteurs Linky, elle va remplir un questionnaire personnalisé pour identifier aussi ses habitudes, ses comportements chez lui ou chez elle.
03:20Et à partir de ça, ça va conseiller soit des éco-gestes, donc des conseils de sobriété, ou de l'achat de petits équipements, ou alors accompagner vers la rénovation énergétique.
03:32Et après, c'est totalement personnalisé. Donc c'est la personne qui choisit l'utilisation qu'elle veut faire de l'application et d'y revenir et d'avoir ce suivi.
03:40– On a beaucoup parlé de fracture énergétique depuis 2 ans avec la crise énergétique. Qu'est-ce que ça représente quand on parle de fracture énergétique ?
03:48C'est combien de Français ? Combien de foyers français ? Et qu'est-ce que ça veut dire ?
03:52– Oui, donc la fracture énergétique, ça veut dire finalement que la fracture énergétique, ça pèse sur le budget d'un Français.
04:02C'est très variable, ça dépend de la consommation, mais en moyenne c'est 1500 euros par an.
04:09Donc pour un tiers des Français, ça peut être quelque chose qui pèse sur les loyers, sur la facture, sur le budget, sur la vie quotidienne.
04:21– Ça peut obliger à faire des choix, des arbitrages qui sont douloureux.
04:24– Voilà, et nous on veut que ce soit une sobriété qui soit positive et pas contrainte en fait.
04:30Et ça veut dire quoi ? Ça veut dire que via cette identification de ces leviers,
04:34on peut se rendre compte que finalement on a des leviers qui vont permettre à la fois d'être bien pour l'économie, pour la facture et pour l'environnement.
04:41Et qui finalement, ça ne va pas atteindre votre confort.
04:46Si je cite un exemple sur le chauffage, parce que le chauffage c'est deux tiers en moyenne de la facture énergétique.
04:52Si vous choisissez de piloter votre chauffage et que vous ne chauffez pas là où vous n'êtes pas,
04:58ça ne va pas du tout impacter votre confort et malgré tout ça va réduire votre facture.
05:02– Alors parmi les mesures, les actions qui vont être menées,
05:07il y a notamment le suivi de 15 000 logements rénovés dont plusieurs milliers de foyers accompagnés après les travaux.
05:15Avec cette idée de mesure des économies réelles.
05:18Alors je veux bien qu'on prenne un peu de temps pour expliquer de quoi il s'agit.
05:21– Oui, en fait l'idée de passer aussi via cette mesure, c'est comme on se connecte au compteur,
05:30on récupère l'historique des données et avec une personne qui fait des travaux,
05:35on va pouvoir après suivre dans la durée les consommations énergétiques en kilowattheures et en euros.
05:41Et c'est comme ça qu'on va pouvoir voir l'impact des différentes actions.
05:46En travaillant aussi, c'est ça je pense la grande force du programme,
05:51c'est que c'est plusieurs entreprises, c'est un consortium d'entreprises,
05:54donc on travaille avec des startups spécialisées dans l'énergie mais aussi avec des scientifiques
05:59qui vont pouvoir modéliser en fait ces économies d'énergie.
06:02Et retraiter les effets météo, un certain nombre d'effets.
06:06Donc le but c'est vraiment de se dire, finalement quand je fais,
06:09je ne sais pas si j'achète un thermostat ou si je fais telle ou telle action,
06:13si j'isole ma maison, c'est quoi l'impact réel que ça a sur ma consommation d'énergie et sur ma facture.
06:21Oui donc c'est ça, c'est économie réelle en consommation et en argent dépensé.
06:26Les deux sont liés ou en CO2 économisé.
06:29C'est ça, donc là on mesure sur l'application qui est déjà en ligne,
06:33c'est en euros, ça pourrait être suivi aussi en kilowattheures
06:37et après on va aussi calculer la partie CO2.
06:40Parce qu'aujourd'hui, il faut faire quoi ? Confiance au discours marketing des installateurs en quelque sorte ?
06:47Quand on se lance dans des travaux ?
06:49Oui, en fait, oui un peu.
06:52Donc après, l'idée de la personnalisation c'est aussi de se dire qu'est-ce qui est bien par rapport à mon besoin, moi.
07:00Qu'est-ce qui sera le plus efficace ?
07:01Qu'est-ce qui sera le plus efficace et puis aussi on ne va pas avoir les mêmes leviers
07:05si on a un foyer qui est dans une passoire thermique, sa maison n'est pas du tout isolée
07:11et qui a des difficultés à payer sa facture
07:15ou un foyer qui a une maison de 100 m² qui est très bien isolée
07:19mais par contre qui a énormément d'high-tech, qui met son chauffage à 24.
07:25Donc finalement, ces leviers, on a beau les connaître,
07:28on pense que nous, la personnalisation et l'accompagnement, c'est ça qui pousse à l'action.
07:33Et ce qu'on veut, ce n'est pas juste que les gens se connectent sur une application,
07:36c'est qu'en fait, ils fassent vraiment des économies d'énergie et que ça ait un impact sur l'environnement.
07:42Avec l'idée de pouvoir assez vite faire un bilan des premières actions pour ces 600 000 foyers accompagnés
07:50et que tout le monde s'y mette ?
07:51Vous voyez ce que je veux dire ?
07:52Il y a un effet pédagogique, j'imagine, que vous recherchez ?
07:55Oui, il y a clairement un effet pédagogique parce que c'est exactement ce que vous dites.
08:02Et je pense qu'on a fait un aspect ludique aussi.
08:05L'aspect gamification, c'est quelque chose aussi qu'on veut mettre en place.
08:09L'aspect de se dire, finalement, j'ai un challenge, j'ai atteint ce chiffre-là,
08:13mais si je me compare par rapport à un autre foyer...
08:16Est-ce que je suis le meilleur des 600 000 ?
08:17Est-ce que je suis le meilleur ?
08:18En fait, c'est pour ça qu'on travaille aussi avec des spécialistes de la pédagogie
08:24parce que tout ce changement comportemental, il est lié à cet aspect pédagogique.
08:29Alors, je vois sur le site de Whatwatchers que collègues de données de consommation
08:35sur ces 600 000 compteurs, comparaison des consommations avant et après travaux
08:41pour ajuster les politiques et orienter les aides publiques vers les actions les plus performantes.
08:45En lisant ça, je me suis dit, finalement, vous allez offrir des lunettes aux ministres.
08:49Vous voyez ce que je veux dire ?
08:51Ils étaient un peu à la veuille jusqu'à présent, c'est ce que ça veut dire ?
08:54Alors, je ne vais pas dire à la veuille.
08:56Non, vous n'allez pas dire ça.
08:57Il y a quand même des actions qui sont en cours.
09:00Mais effectivement, dans le programme, il y a deux objectifs.
09:05Il y a le premier objectif que je mentionnais, c'est vraiment d'accompagner ces 600 000 foyers.
09:09Et le deuxième objectif, c'est de faire ces mesures et d'avoir un panel assez large
09:15parce que 600 000, c'est déjà un panel assez large.
09:17Et sur ces 15 000 accompagnements post-travaux, de pouvoir mesurer l'impact des économies réelles.
09:24Et c'est pour ça qu'il y a vraiment une robustesse scientifique derrière.
09:29Et qu'on travaille aussi avec des scientifiques qui vont développer des algorithmes
09:33pour pouvoir mesurer ces économies.
09:35Oui, parce que si les données sont fausses, ensuite les politiques...
09:39Ce n'est pas notre débat, mais on pourrait se dire qu'il faudrait faire ça sur chacune des politiques publiques.
09:44Mais ça, ce n'est pas notre débat.
09:46Vous allez vous retrouver avec une base de données qui va être quand même très importante.
09:50Qui pourra l'utiliser, au-delà de la puissance publique ?
09:53Oui. Donc en fait, la base de données, ça fait partie aussi du programme tel qu'il a été conçu.
09:58C'est qu'elle sera disponible.
10:02Ça sera une base open source.
10:03Alors bien sûr, nous, on est très très vigilants vis-à-vis de la protection des données personnelles.
10:08Donc toutes ces données, elles sont anonymisées.
10:10Mais en tout cas, le but, c'est dans le programme tel qu'il est prévu,
10:14c'est aussi d'avoir certains livrables qu'on va pouvoir rendre public.
10:17Qui pourra s'en servir ? Des entreprises, des collectivités locales, territoriales ?
10:21Comment vous imaginez finalement, puisque vous nous dites qu'on est là pour longtemps,
10:25l'utilisation de ces données ?
10:27Oui. Alors, l'utilisation des données, en fait, il y a deux aspects.
10:32Il y a chacun qui va à son aspect individuel,
10:35parce que le but, c'est aussi pour un foyer spécifique de pouvoir avoir la maîtrise de ces données.
10:40Et puis après, les données qui sont consolidées dans cette base de données,
10:45effectivement, après, elles peuvent être utilisées par différents acteurs.
10:50Merci beaucoup Florence Hoffman et à bientôt sur Be Smart For Change.
10:54On passe à notre débat, le tourisme qui veut réduire son impact.
11:04Le débat de ce Smart Impact, on parle tourisme avec Xavier Menson.
11:09Bonjour, vous êtes le directeur du domaine du Val.
11:12Tout à fait, bonjour.
11:13Et Quentin Bovy, bonjour.
11:14Bonjour.
11:15Bienvenue à vous aussi, vous êtes responsable RSE de chez Altaï Group.
11:20On va démarrer par quelques petites questions de présentation.
11:23Ce domaine du Val, où se situe-t-il ?
11:26Et puis surtout, à quoi il ressemble ? Quelles sont ses caractéristiques ?
11:29Alors, le domaine du Val, ça se situe d'abord en Baie-de-Somme, à Grand-Lavier.
11:33Donc, il y a un petit village qui est situé à 15 kilomètres de Saint-Valéry-le-Crotois,
11:36qui sont les stations emblématiques de la baie.
11:38Et c'est un village éco-responsable de 30 petites maisons en bois situées à Flans-de-Vallon,
11:44qui a un positionnement autour de tout ce qui est tourisme durable,
11:47destiné aux urbains stressés, pour venir faire un break et se ressourcer le temps d'un week-end.
11:53Ça a toujours été son ADN, entre guillemets, cette idée de tourisme durable ?
11:57Parce qu'il existe depuis un certain temps, ce domaine.
11:59Alors, en fait, nos 20 ans à l'année prochaine, dès le départ, j'avais...
12:02Il y a 20 ans, on n'en parlait pas beaucoup, de la durabilité du tourisme.
12:04C'était un peu comme Monsieur Jourdan, j'ai fait du tourisme durable sans le savoir,
12:07puisqu'on avait fait des choix qui étaient forts au départ, par exemple le choix du bois,
12:10d'avoir des maisons en bois.
12:12Il y a un bois naturel, le red sédac, qui n'a pas besoin d'être traité.
12:15Et puis, quelque part, on avait mis en place déjà des solutions au niveau de tout ce qui était
12:19traitement des eaux à travers une station autonome.
12:22Et puis après, il y a eu des déclics, des rencontres,
12:24qui ont fait qu'on a évolué à quelque chose de plus structuré,
12:26et qui fait qu'aujourd'hui, on est une résidence qui est labellisée RSE,
12:30avec le label Lucie, depuis 2013.
12:32D'accord. Altaï Group, qu'est-ce que c'est ? Présentez-nous le groupe.
12:36Alors Altaï Group, c'est un regroupement de plusieurs marques spécialisées dans le voyage d'aventure.
12:43Et on existe depuis une quarantaine d'années, en tout cas pour la marque la plus ancienne,
12:48qui s'appelle Atalante.
12:50Et donc, notre cœur de métier, c'est de permettre à des gens de découvrir des territoires,
12:56plus ou moins lointains, ça va de la Betsop jusqu'à l'Indonésie,
13:03en ayant le minimum d'impact.
13:06C'est-à-dire, l'idée, c'est vraiment de prendre le temps sur place,
13:09en utilisant principalement de la mobilité douce,
13:12la randonnée étant vraiment le moyen qu'on privilégie pour s'immerger dans un territoire
13:17et prendre le temps de le découvrir, d'aller à la rencontre des populations locales,
13:20de la faune, de la flore locale également.
13:23Et donc, c'est vrai que la mobilité douce permet cette approche-là.
13:27On va évidemment rentrer dans le détail de ce que vous mettez en place les uns et les autres,
13:31mais Xavier Mélenchon, dans l'histoire récente du domaine du golfe,
13:35vous avez racheté, je crois, un ancien golfe ou une partie d'un ancien golfe pour agrandir le domaine.
13:41Alors déjà, il y a une petite dimension personnelle dans cette histoire.
13:44Je veux bien que vous nous la racontiez.
13:46Et puis surtout, qu'est-ce que ça va vous permettre de faire en plus ?
13:48Alors, en deux mots, en fait, le golfe et la résidence étaient situés sur l'ancienne ferme familiale
13:53et qu'il y avait été effectivement un projet familial de construire ce golfe il y a une trentaine d'années,
13:57qui avait été vendu entre-temps.
13:59Et le propriétaire a arrêté l'exploitation du golfe juste avant le Covid.
14:04Et moi, je me suis porté acquéreur de 25 hectares sur cet ancien golfe il y a maintenant un an.
14:10Et là, on est parti sur un projet de création d'une réserve naturelle.
14:14Donc, c'est quelque chose qui n'aura aucune vocation à accueillir des maisons, des hébergements.
14:19C'est vraiment un espace naturel qu'on veut laisser naturel,
14:22parce que naturellement, il y avait un biotope qui était très, très intéressant
14:25avec un mélange de zones humides, de bosquets, de pâtures.
14:28Et qu'on a trouvé que c'était intéressant de se servir de ce support
14:32pour en faire un vrai lieu de médiation, d'appréhension pour les urbains
14:39sur ce qu'étaient effectivement les enjeux de demain au niveau de la biodiversité.
14:42Ah, vous y ferez de la pédagogie, si je comprends bien. D'accord.
14:45On a d'abord fait une première étape qui était une étape d'inventaire écologique.
14:49Donc là, pour avoir vraiment une dimension scientifique,
14:52j'ai fait appel au conservatoire des espaces naturels,
14:55qui cette année 2024 ont fait à peu près une dizaine d'interventions
14:59pour identifier la faune, la flore.
15:01Ils ont identifié des choses très intéressantes en termes d'espèces un petit peu en voie de disparition.
15:05Donc là, avec une notion de protection sur ces espèces-là,
15:08avec des zones un peu qui seront délimitées.
15:10Et dans un deuxième temps, l'idée, c'est effectivement de mettre en place
15:13des supports de médiation, de pédagogique,
15:16pour permettre à tout un chacun qui fera le parcours
15:19de pouvoir effectivement avoir une notion de pédagogie pour apprendre des choses.
15:24En fait, l'idée, ce n'est pas de dire on fait juste une balade, etc.
15:27C'est vraiment d'avoir une interaction.
15:29Quelques chiffres sur l'impact carbone du secteur du tourisme.
15:34C'est l'ADEME qui nous dit ça. Ce sont des chiffres qui datent de 2021.
15:37Le secteur du tourisme qui est à l'origine de 11% de l'inventaire national
15:41des émissions de gaz à effet de serre pour la France.
15:44Et ça représente, à côté de ça, 7,4% du produit intérieur brut.
15:49Quentin Bovy, question très générale, tiens.
15:52Pour réduire cet impact, est-ce qu'il faut d'abord moins voyager ?
15:55Tout simplement. Point. Barre.
15:57Alors, c'est un peu le cœur du sujet, je pense,
16:00de nos réflexions collectives sur ce que c'est que le tourisme responsable.
16:06Après, nous, notre conviction, c'est que le voyage,
16:11c'est vraiment un bien commun qui permet l'ouverture à l'autre,
16:16qui permet la découverte, la sensibilisation.
16:18On a parlé de pédagogie.
16:20Le voyage à quiconque, c'est un peu ouvrir les yeux et tendre l'oreille.
16:24C'est une vraie leçon de vie.
16:27Donc, ça serait dommage de moins voyager.
16:30Par contre, il faut peut-être voyager moins souvent.
16:34En tout cas, loin. Voyager moins loin, moins souvent.
16:37Faire peut-être un grand voyage, je ne sais pas, une fois toutes les...
16:42Je ne vais pas dire le nombre d'années, ça va dépendre des personnes et des budgets.
16:45Il y en a qui se risquent à donner des temporalités.
16:49Mais clairement, le voyage lointain doit vraiment rester quelque chose d'exceptionnel.
16:54Et la manière de voyager doit aussi être de plus en plus consciente
16:58pour que le voyage ne soit pas un bien de consommation comme un autre.
17:02Ce qui peut être perçu comme assez égoïste de la part de ma génération,
17:06qui a ultra profité de la démocratisation du voyage
17:09et qui ne s'est pas posé des questions du nombre d'avions qu'il avait pris dans sa vie.
17:13Vous voyez ce que je veux dire ?
17:14À qui on interdirait, soit chez nous dans les jeunes générations,
17:18soit dans d'autres pays qui sont en train de se développer, de prendre l'avion.
17:21C'est un vrai débat.
17:22C'est un vrai débat et c'est pour ça qu'il faut, nous acteurs du tourisme,
17:25dont une partie de notre cœur de métier est d'envoyer des gens prendre un avion
17:30pour découvrir le monde.
17:32Il faut aussi qu'on ait cette capacité-là à rendre un peu plus attrayant
17:36des destinations plus proches, à donner des alternatives aussi à l'avion.
17:39Ça existe.
17:40On peut voyager en Europe en train de manière assez accessible maintenant.
17:43Et donc, vous travaillez aussi.
17:44Parce que forcément, le voyage, c'est une partie très importante du bilan carbone
17:50du secteur du tourisme.
17:52C'est une évidence, mais il faut le rappeler.
17:54Mais il y a d'autres leviers sur lesquels on peut travailler.
17:57Sur quels autres leviers vous travaillez pour réduire l'impact ?
18:00Oui.
18:01Clairement, le gros de l'impact vient de l'acheminement jusqu'à la destination.
18:06C'est pour ça que trouver d'autres alternatives à l'avion pour se rendre à destination,
18:10c'est quelque chose qui est vraiment intéressant et qu'on développe, nous, vachement.
18:13En tout cas, sur les territoires limitrophes à la France qui le permettent.
18:16Et après, sur le long courrier, ce qu'on fait, c'est qu'on a rallongé aussi la durée,
18:21le temps passé sur place, toujours dans cette idée de rendre exceptionnel le voyage lointain.
18:28Un voyage lointain, ça nécessite de rester longtemps sur place
18:31pour que le temps passé dans l'avion soit cohérent avec le temps qu'on va passer sur la destination.
18:36Donc, on travaille beaucoup là-dessus.
18:37Et puis, on travaille beaucoup aussi sur chacune des prestations qui composent nos voyages.
18:41Il y a évidemment l'avion, mais il y a également le type d'hébergement qu'on va utiliser,
18:45quel type de transport on va utiliser pour naviguer de site en site sur la destination.
18:50Donc là, c'est là où nous, avec notre mode de déplacement utilisant la randonnée pédestre,
18:55on a notre carte à jouer.
18:56Le fait de choisir des itinéraires plus tords, des sentiers battus,
18:59ça nous permet aussi d'éviter les flux massifs de touristes qui peuvent arriver.
19:04Et l'impact négatif du tourisme de masse aussi sur certains sites et espaces naturels ?
19:08Exactement.
19:09Et après, il y a un vrai travail, encore une fois, de pédagogie sur nos clients et nos partenaires
19:14pour que des thématiques comme la gestion des déchets sur place soient avec un impact minime.
19:21Nous, on a mis en place ce qu'on appelle le Leave No Trace.
19:25On essaye de ne laisser aucune trace de notre passage lorsqu'on fait des randonnées.
19:30Donc, on est vraiment là-dessus, sur ces thématiques-là.
19:33C'est plus facile avec vos clients qui sont déjà sensibilisés ?
19:36J'imagine, s'ils viennent vers vous, c'est qu'ils sont sensibilisés à ces questions
19:39et donc ils se comportent mieux quand ils sont en voyage ?
19:42Ou je vous vois un peu hésiter, ce n'est pas forcément vrai ?
19:45Non, parce que oui, nos clients réguliers sont, on va dire,
19:48coutumiers de notre manière de fonctionner et sont déjà sensibilisés.
19:51Mais on a beaucoup de nouveaux clients.
19:53Post-Covid, il y a eu quand même une ouverture des gens à vouloir passer du temps dehors.
19:58Et le type de voyage qu'on propose est un peu en marge du tourisme classique.
20:02Et donc, on a beaucoup de nouveaux clients qu'il faut accompagner sur cette démarche-là
20:07parce que ce n'est pas forcément acquis que les déchets qu'on jette à un endroit
20:12n'auront pas forcément le même système de recyclage que ce que nous, on a en place en France.
20:17Donc, il faut les sensibiliser là-dessus.
20:19Il faut les sensibiliser sur quand on va visiter un petit village reculé
20:22et qu'on n'a pas l'habitude de voir des touristes,
20:24quelles sont les choses qu'on peut faire et surtout ce qu'on ne peut pas faire
20:27pour respecter les populations locales.
20:29Donc, on accompagne vachement nos clients là-dessus
20:31et c'est pour ça que la plupart de nos séjours ont des guides locaux
20:34qui justement permettent de faire le trait d'union entre le territoire et le client.
20:38Xavier Mélenchon, vous l'avez un peu évoqué.
20:40Vous disiez qu'il y a eu plusieurs déclics,
20:42mais vous continuez de travailler à réduire au maximum l'impact d'un domaine comme le vôtre.
20:48On parle de la gestion des déchets, par exemple, ou peut-être de l'énergie que vous consommez.
20:54Oui, tout à fait.
20:55En fait, l'objectif qu'on a, c'est à la fois d'être un petit peu des exemples,
20:59mais sans prétention.
21:01Pour illustrer ça, l'année dernière, on a installé à peu près 80 m² de panneaux solaires
21:06sur le toit d'une salle de séminaire.
21:09On a mis en place une flotte de vélos électriques qui permet aussi aux gens de se déplacer
21:14parce qu'on se rend compte qu'effectivement, dans le facteur carbone,
21:16la mobilité, c'est quand même ce qui est le plus impactant.
21:19Et puis, on a mis en place aussi une gestion technique de tous les chauffages
21:23qui nous permettent de les piloter pour mieux éviter les déperditions à ce niveau-là.
21:27Donc, c'est un travail au quotidien, mais c'est vrai qu'on sent aujourd'hui
21:31une prise de conscience quand même depuis quelques années sur ces dimensions-là.
21:36Mais on a toujours besoin d'illustrer ça par des choses très pratiques
21:39et très pragmatiques aussi.
21:41Et c'est là où je pense que des établissements comme le nôtre,
21:44on peut à la fois avoir une valeur d'exemple et en même temps,
21:47une valeur de pédagogie et de transmission.
21:49– Et alors donc, cette future réserve-là, puisque ça prend du temps,
21:54j'imagine, transformer un golfe en réserve.
21:56Je me disais, mais bon…
21:58– C'est quand même une reconversion industrielle.
22:00– Oui, c'est ça, il faut réintroduire des espèces, il y a des travaux à faire
22:04ou alors la nature va reprendre son cours.
22:06– C'est ça, en fait, on ne veut pas impacter à travers des interventions extérieures.
22:09C'est vraiment le milieu qui doit se ressourcer de lui-même
22:12à travers de l'entretien.
22:13Donc, on a aussi un programme avec de l'écopaturage avec des moutons
22:16qui sont les meilleures tondeuses qui puissent exister.
22:19On a aussi une zone de marée où en fait, moi qui suis arrivé,
22:21je dis, il y avait des arbres qui étaient cassés, qui étaient tombés.
22:24Je dis, est-ce qu'il faut les enlever ?
22:25Et on me dit, non, surtout pas, c'est des véritables refuges
22:28pour le biotope et pour les espèces insectes ou autres.
22:32Donc, en fait, c'est vraiment de partir du milieu, de l'impacter le moins possible
22:35et de juste avoir quelques pratiques qui permettent que le milieu
22:38se régénère de lui-même et donc faire une vraie base de biodiversité
22:42à l'échelle modeste de ce territoire.
22:44– Et alors donc, on pourra se balader, le visiter, dans combien de temps ?
22:47C'est quoi votre échéance ?
22:48– Alors, on a déjà fait une espèce de crash test avec un parcours un peu pilote.
22:54Donc là, on a vraiment identifié maintenant avec ce que je disais tout à l'heure.
22:57Et l'idée, c'est d'ici deux ans, d'avoir vraiment un sentier pédagogique
23:01avec des supports, et c'est innovant, parce que je crois aussi beaucoup
23:04que la transmission, notamment vers les jeunes publics,
23:07doit se faire à travers des supports un peu innovants, un peu sympas.
23:09Et là, je travaille avec une agence qui est assez remarquable dans ce type de support.
23:13Et l'objet, c'est d'avoir ici, d'ici deux ans, un vrai parcours immersif,
23:17mais dans le sens le moins impactant possible,
23:20pas immersif avec les choses extérieures.
23:22– J'ai bien compris. Merci beaucoup.
23:24Merci à tous les deux et à bientôt sur Be Smart For Change.
23:27On passe à notre rubrique Start-up, tout de suite.
23:29– Smart Ideas, et la bonne idée du jour, elle est signée Camille Brunjackel, bonjour.
23:40– Bonjour.
23:41– Bienvenue, vous êtes la co-fondatrice de Edge, vous l'avez créée avec Roxane Guénaud.
23:45Et avec quelle idée ?
23:46– L'idée, c'était de venir en aide aux entreprises dans la gestion de leurs déchets textiles.
23:51Donc, il y a énormément d'entreprises qui ont des textiles qui arrivent en fin de vie.
23:55Aujourd'hui, il n'y a pas de véritable solution.
23:57Et donc, on est venu avec une offre qui leur permet d'utiliser leurs textiles en fin de vie
24:04et de les transformer en produits qui soient utiles pour leur même entreprise.
24:07Donc, d'inscrire vraiment l'économie circulaire au sein de leur entreprise
24:10et de remplacer des achats qui ont été faits neufs en temps normal
24:12par des achats issus de l'économie circulaire.
24:15– Alors, on va rentrer dans le détail, mais d'abord faire le constat avec effectivement ces chiffres.
24:198 millions de personnes qui portent des vêtements professionnels en France
24:23et ça représente 250 000 tonnes de textiles professionnels consommés chaque année dans notre pays.
24:29Est-ce que c'est un marché qui était en quelque sorte oublié en matière de recyclage, de réemploi ?
24:35– Alors, effectivement, la question ne se posait pas trop jusqu'à maintenant.
24:38La solution de facilité était souvent de passer l'ensemble des déchets textiles en incinération.
24:43Sachant que nous, on travaille effectivement sur les textiles, les uniformes, etc.
24:46mais sur les bâches, les draps de bain, les maillots sportifs,
24:48donc vraiment tout ce qui passe sous une machine à coudre.
24:50Et en fait, avec la loi AJEC et l'huitième flux qui va entrer en vigueur à partir de janvier 2025,
24:55il y a une vraie préoccupation de la part des entreprises,
24:59mais il y a aussi une vraie prise de conscience de la part des salariés
25:02qui demandent de plus en plus de comptes à leurs employeurs.
25:07– Et puis, ce qui est toujours génial, on le dit souvent dans cette émission,
25:11c'est que le déchet devient une ressource.
25:13C'est vraiment changer la logique, l'état d'esprit face à ces déchets.
25:18On peut prendre des exemples, j'ai vu ça en préparant l'émission,
25:22les chauffeurs de bus de Nantes.
25:24Qu'est-ce que vous faites avec leurs vêtements ?
25:27– La Sémitane, qui sont les transports en commun de l'agglomération nantaise,
25:31ont été les premiers à nous faire confiance.
25:33Et en fait, dans le cadre de leur changement de nom commercial,
25:36ils avaient des textiles qui arrivaient en fin de vie.
25:38Et donc, on avait des polos, en l'occurrence,
25:41qui n'allaient plus être utilisables par les chauffeurs de bus.
25:44Et à côté de ça, les chauffeurs de bus avaient exprimé le besoin
25:47d'avoir une protection individuelle,
25:49notamment pendant les périodes de forte chaleur,
25:51pour que ça soit un peu plus hygiénique.
25:53Et donc, en partant de ces deux constats,
25:55on a utilisé les anciens polos et on les a transformés en housses de siège.
25:58L'idée, c'est vraiment de trouver des idées pertinentes
26:00pour que ces achats soient inscrits de manière pérenne au sein des entreprises.
26:04Et c'est pour ça aussi qu'on a travaillé par exemple avec le HBC,
26:07donc le club de vente de Nantes.
26:09– C'est un club professionnel, c'est ça ?
26:11– C'est un club professionnel, tout à fait,
26:13qui du coup avait des besoins pour des produits de merchandising
26:16pour leurs fans, notamment pour les 3-5 ans.
26:19Et à côté de ça, il y avait les maillots des joueurs
26:21qui arrivaient en fin de saison.
26:23Et donc, on a réfléchi à un sac à goûter
26:25pour les enfants qui rentrent en maternelle
26:27avec les anciens t-shirts des joueurs.
26:29– Ce qui est très drôle, c'est qu'à chaque entreprise,
26:31il y a sa solution, c'est ce que je comprends dans ce que vous nous dites.
26:33– Oui, on propose vraiment une offre sur mesure,
26:35spécialisée autour de la revalorisation textile,
26:37mais une offre complète aussi,
26:39puisque pour tous les aspects qui ne peuvent pas être revalorisés,
26:42on va proposer des offres complémentaires,
26:45par l'intermédiaire de partenaires avec lesquels on peut travailler.
26:49– Vous faites partie, je crois, des finalistes des trophées européens
26:51de la mode circulaire, c'est ça ?
26:53C'est-à-dire qu'on peut voter pour vous en ce moment ?
26:55– Oui, vous pouvez voter pour nous jusqu'au 3 décembre, exactement.
26:58On a eu la chance d'être parmi les lauréats de par l'innovation,
27:02puisqu'on essaie vraiment de structurer notre solution
27:05autour du savoir-faire qui existe, donc notre spécialisation,
27:08mais aussi on travaille avec des ateliers en insertion professionnelle
27:10et en travail adapté.
27:12On veut vraiment capitaliser sur le savoir-faire existant,
27:15les compétences existantes, pour réussir à structurer un peu
27:18la filière de A à Z sur les déchets textiles professionnels.
27:21– Et justement, Givenet, votre entreprise,
27:23elle est agréée ESUS, entreprise solidaire d'utilité sociale.
27:27C'est un choix que vous avez fait dès le départ, expliquez-nous pourquoi.
27:30– Oui, c'était un choix vraiment initial,
27:33dès la création des statuts de notre société,
27:35on a inscrit tous les éléments qui nous permettaient
27:37de pouvoir prétendre à cet agrément.
27:40Pour nous, l'impact environnemental est excessivement important,
27:42mais l'impact social aussi, c'est pour ça qu'on choisit
27:44de ne travailler qu'avec des partenaires pour la confection
27:47ou la découpe en insertion professionnelle ou en travail adapté
27:50ou des coopératives d'artisanes.
27:52C'est fondamental pour nous, que ce soit Roxane, mon associé ou moi-même,
27:55on vient entre autres choses de l'univers associatif et humanitaire,
27:58donc voilà, c'était naturel pour nous.
28:00– Merci beaucoup Camille Bringer.
28:02Quel bon vent à Edge, pourquoi ce nom tiens ?
28:05– Edge, c'est la divinité égyptienne des textiles.
28:09– En plus, on se cultive grâce à vous, merci beaucoup.
28:12Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:14Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
28:17Abyss Smart for Change, à très vite, à demain.
28:19– Sous-titrage ST' 501