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Vendredi 8 novembre 2024, SMART IMPACT reçoit Samuel Rebulard (Ingénieur agronome, A tree for you) , Baptiste Hamain (Cofondateur, Pimpant) , Julie Stoll (Déléguée générale, Collectif Commerce Équitable France) et Boris Patentreger (Directeur France, Mighty Earth)

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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce Smart Impact largement consacré aux enjeux de la reforestation et voici le sommaire.
00:16Mon invité, c'est Samuel Rebulard, ingénieur agronome qui fait partie du comité scientifique de Tree4U.
00:22On va découvrir l'impact à long terme des plantations d'arbres réalisées en France et beaucoup dans le monde par cette association.
00:28Dans notre débat, cette question, quel sera l'effet du report de l'entrée en vigueur du règlement européen de lutte contre la déforestation ?
00:36Enjeux majeurs évidemment pour lutter à la fois contre le dérèglement climatique et l'effondrement de la biodiversité.
00:42Et puis dans notre rubrique start-up, je vous présenterai Pimpan, ses produits d'hygiène et d'entretien en poudre et puis sa politique RH novatrice.
00:51Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer, c'est Smart Impact.
00:59L'invité de Smart Impact, c'est Samuel Rebulard. Bonjour.
01:04Bonjour.
01:05Bienvenue, vous êtes ingénieur agronome, agrégé de sciences de la vie et de la terre.
01:09Vous travaillez pour l'université Paris-Saclay et vous êtes membre du comité scientifique de l'association Tree4U.
01:15Je veux bien qu'on commence par présenter cette association. Quelle est sa mission ?
01:20C'est une association loi 1901 qui collecte des dons d'entreprises ou de particuliers et qui va sélectionner des projets de plantation d'arbres en France et à l'international
01:33qui sont sélectionnés par un comité scientifique indépendant et qui va attribuer ces dons à ces projets avec une traçabilité et une transparence sur le devenir.
01:45Ça veut dire que si on prend une entreprise par exemple qui fait un don à Tree4U, elle sait précisément à quel projet ce don va aller contribuer ?
01:54Exactement. On peut donner des exemples, Safran Group par exemple a organisé un challenge à l'échelle mondiale.
02:01Ils ont défié leurs employés en leur disant est-ce que vous êtes capable de courir collectivement de la terre à la lune ?
02:08Et puis quand ils ont réussi, ils ont voté pour une association à qui il y avait un don qui était donné.
02:14On a eu la chance d'être élus et ça a permis de financer un projet sur la mangrove au Mexique.
02:20Après, deux fois par an, il y a un compte rendu qui est en ligne et qui est envoyé aux donateurs et qui leur permet de suivre ce que devient leur argent,
02:31les difficultés rencontrées, les succès. Il y en a des photos, des journées de plantation qui sont toujours un peu festives.
02:37J'imagine que c'est la concrétisation de tous ces efforts. Vous êtes donc membre de ce comité scientifique.
02:43Quel est le rôle du comité scientifique ? Est-ce que c'est de choisir les bons projets ?
02:47Parce qu'il y a parfois des critiques sur les projets de reforestation en disant on a fait parfois un peu n'importe quoi
02:52en plantant pas forcément les bonnes essences au bon endroit.
02:55C'est vraiment quelque chose d'important pour l'association, ce comité scientifique.
02:59Ce sont des scientifiques indépendants et bénévoles, c'est-à-dire qu'on n'est pas du tout intéressé au succès ni l'association ni des projets.
03:06Nous sommes des universitaires, des chercheurs de l'IRD, l'Institut de Recherche pour le Développement ou du CIRAD.
03:12On va avoir trois grandes fonctions. La première, c'est d'identifier nos partenaires locaux de plantation, puisqu'on ne plante pas nous-mêmes.
03:20On identifie des partenaires qui sont bien implantés auprès des communautés locales, qui connaissent bien la flore locale,
03:27notamment les arbres qu'on peut planter et qui vont intéresser à la fois les bénéficiaires,
03:31qui vont être intéressants pour les services qu'on en attend derrière.
03:35Puis, on va sélectionner les projets que ces partenaires vont planter et ensuite, on va réaliser le suivi.
03:42On a un suivi de trois à cinq ans sur tous les projets, donc on ne plante pas des arbres qu'on laisse dans la nature.
03:48Il y a un certain nombre de critères, la stabilisation des sols, évidemment la lutte contre le dérèglement climatique,
03:55peut-être aussi l'effet sur les communautés locales. Vous rentrez tout ça en quelque sorte dans votre grille de lecture ?
04:02Exactement. En fait, on a cinq grands critères. La biodiversité, la dimension biodiversité, c'est la plus complète et la plus compliquée aussi.
04:15C'est-à-dire qu'il y a à la fois la biodiversité de ce qu'on plante, qu'est-ce qu'on choisit comme essence sur place, pour quels bénéfices derrière.
04:21Il y a parfois des arbres forestiers, donc on va récupérer le bois d'oeuvre au bout de 20-30 ans, parfois plus.
04:26Et puis des arbres qui vont donner des fruits dans 2-3 ans, donc en fait on essaie de regarder un petit peu tout ça,
04:32s'assurer d'avoir des arbres autochtones le plus possible ou qui sont bien implantés dans la région.
04:36Parce que les arbres autochtones, c'est des arbres que la faune connaît et donc qui vont pouvoir...
04:40Donc il y a pas mal de choses sur la biodiversité. Sur le climat, tout le monde ne parle que du carbone.
04:45Évidemment, nos arbres vont stocker du carbone, notamment dans les mangroves par exemple, où on va accumuler du carbone dans les sols.
04:53Mais le carbone n'est qu'un des critères, des nombreux critères climatiques qu'on prend en compte.
04:57Notamment, on va s'intéresser... J'étais au Togo il y a quelques mois pour auditer un projet,
05:03il y a une vieille dame qui me disait qu'en deux ans, j'avais suffisamment d'ombre pour pouvoir travailler au milieu de la journée.
05:08En fait, ça paraît rien vu d'ici, mais quand il fait 35 degrés en plein soleil, on ne travaille pas au milieu de la journée,
05:14on travaille à 6 heures du matin, on travaille un peu le soir.
05:16Et là, le seul fait d'avoir des ombrages sur ces cultures de manioc et de maïs,
05:21ça lui a permis de travailler dans la journée.
05:23Il y a aussi un effet, par exemple, sur le cycle de l'eau, la régulation du cycle de l'eau.
05:26L'eau fait partie des critères à part entière.
05:29Donc, à la fois, régulation du cycle, à la fois, luttre contre la pollution des eaux, les effets de filtration.
05:37Encore une fois, les mangroves sont pas mal pour ça.
05:40Et puis le sol, l'érosion des sols.
05:42Et puis, bien sûr, un des principaux critères qu'on regarde, c'est l'adaptation aux cultures locales
05:50et pour les populations, c'est-à-dire quels bénéfices les populations locales vont attirer.
05:54Est-ce que les populations sont demandeuses de ces plantations et vont participer ?
05:58Dans tous nos projets, ce sont les bénéficiaires eux-mêmes qui plantent.
06:02D'accord ? Donc, on a vraiment ces critères sociaux, on va dire, qui sont très importants.
06:07Il y a des projets en France aussi ?
06:08Oui. Donc, on a un peu plus de 60 projets dans le monde.
06:11La moitié en France, c'est une trentaine.
06:13Et puis, l'autre moitié internationale sur Amérique du Sud, un petit peu Amérique du Nord, Asie, Afrique.
06:20Alors, je vais prendre un exemple. En France, un projet pédagogique de forêts mellifères en Lausère.
06:26Oui.
06:27Alors, plein de questions. Combien d'arbres planter ? Quelle ambition ou quel objectif ?
06:32Alors, c'est Red Bay SFR qui finance. Donc, c'est une entreprise aussi qui, à l'origine, ils ont un souhait de travailler à la reforestation en France.
06:41Donc, le projet, c'est qu'en fait, on a une parcelle en Lausère qui a été plantée avec des pins qui se sentent mal.
06:49On est sur du calcaire. Et donc, ces arbres sont plutôt en train de péricliter.
06:54Et donc, l'idée, c'est de replanter avec des essences intéressantes qui vont fonctionner localement.
06:59Donc, on s'est appuyé sur ce que le parc local des Cévennes, en fait, plante eux-mêmes et valorise localement.
07:07Et puis, avec un autre critère qui est de nourrir, finalement, les abeilles le plus possible toute l'année.
07:12Alors, quand on dit les abeilles, ce n'est pas les abeilles domestiques. Il y a mille espèces d'abeilles différentes en France.
07:17Donc, là, c'est l'abeille noire des Cévennes.
07:19Voilà, exactement. Eux, ils sont très focalisés sur l'abeille noire des Cévennes parce qu'ils ont des ruches de ces abeilles-là.
07:23Mais tout ce qu'ils font, ça va aussi bénéficier à tous les pollinisateurs sauvages qui sont présents dans la région.
07:28Et l'idée, c'est d'avoir des fleurs le plus possible toute l'année du mois de mars au mois d'octobre pour pouvoir nourrir, en fait, ces pollinisateurs.
07:35Alors, je cherchais le chiffre sur ce que représentent les forêts en France.
07:3931% du territoire métropolitain aujourd'hui. Est-ce qu'on est plutôt dans une augmentation, je crois ?
07:47Est-ce que, pour autant, la forêt française, alors c'est une question peut-être un peu trop vaste et je m'en excuse, mais elle va bien ?
07:52Ou est-ce qu'elle souffre, finalement, de ce dérèglement ?
07:55Alors, il y a des inquiétudes vis-à-vis du changement climatique.
07:58En fait, le changement climatique provoque des sécheresses et puis favorise certains parasites.
08:03On pense que le scolite qui est en train de détruire la forêt vaugienne, il est favorisé par le changement climatique.
08:08L'encre sur le châtaignier dans les forêts parisiennes d'Île-de-France, c'est la même chose.
08:13Donc, voilà, il y a des inquiétudes pour l'avenir.
08:15Donc, l'idée, c'est comment on va adapter cette forêt-là ?
08:17Et une des réponses, c'est d'éviter absolument la monoculture qui a été majoritairement réalisée au XXe siècle,
08:25où on avait une essence qui fonctionnait bien et puis on plantait ça.
08:28Donc, l'idée, c'est de diversifier au maximum.
08:30Quand on diversifie, on réduit le risque d'avoir un aléa qui affecte toute la forêt,
08:36c'est-à-dire qu'on va affecter qu'une essence parmi les nombreuses qu'on essaye de planter.
08:41D'où l'importance de ces programmes de reforestation sur lesquels vous travaillez en France.
08:46On va voyager avec vous, on va partir en Colombie avec un projet pour la conservation des paramos.
08:52Alors, j'avoue, je ne sais pas de quoi on parle. C'est quoi les paramos ?
08:55Alors, en fait, ce sont des systèmes agricoles locaux qui sont agroforestiers,
09:04c'est-à-dire qu'on va à la fois avoir des arbres qui vont être plantés pour produire du bois d'oeuvre dans quelques années,
09:10donc plutôt des décennies, 10 ans, 20 ans, c'est plutôt pour les enfants ou les petits-enfants qu'on plante ces arbres.
09:15On les plante plutôt en bord de parcelles agricoles et puis on va avoir des projets plus agroforestiers,
09:22c'est-à-dire avec des fruits qui vont être immédiatement commercialisables.
09:25Alors, quand je dis immédiatement, c'est 2-3 ans pour le début de production de fruits.
09:29Et assez rapidement, on va avoir des fruits qui vont pouvoir venir soit en autoconsommation,
09:37donc pour améliorer l'alimentation quotidienne, soit pour améliorer les revenus quand ils vont être ventus sur les marchés.
09:43Alors, justement, je voudrais qu'on termine là-dessus.
09:45Il nous reste un peu plus d'une minute sur le défi social aussi parce qu'on parlait des populations locales.
09:51L'idée, c'est aussi de réduire parfois les inégalités qui peuvent exister ?
09:56Oui, et puis surtout de créer des compléments de revenus et tout un tas d'autres facteurs qui sont positifs.
10:02On va parler des conditions de travail tout à l'heure avec l'effet microclimatique.
10:05Mais au Togo, pour reprendre cet exemple, je rencontre un couple qui m'explique qu'en coupant 3 arbres plantés il y a 20 ans avec notre partenaire local,
10:15ils vont financer les études de leurs enfants à l'université.
10:19Parce qu'en fait, ce sont des arbres semi-précieux qui sont très recherchés localement et qu'en réalité, les arbres poussent vite au Togo.
10:27Et donc, on a ces bénéfices très très rapides et on voit qu'on change la vie des gens.
10:32C'est-à-dire que l'effet de levier par rapport à notre investissement à nous, l'effet de levier, il est considérable.
10:38Merci beaucoup Samuel Ruelart et bon vent à Tree for You et donc les entreprises, celles et ceux qui nous écoutent,
10:46peuvent, on l'a bien compris, participer à vos programmes.
10:49Allez, on continue de parler de la lutte contre la déforestation dans notre débat.
11:01La déforestation, c'est un enjeu européen. On en parle tout de suite avec Julie Stoll. Bonjour.
11:06Bonjour.
11:07Bienvenue, vous êtes déléguée générale du collectif Commerce Equitable France.
11:10Et puis, on est également en duplex avec Boris Pattenreger, directeur de Mighty Earth. Bonjour.
11:16Bonjour.
11:17Et bienvenue à vous. Présentation rapide de vos organisations. Ce collectif Commerce Equitable, c'est quoi ?
11:25On est le collectif des entreprises et des associations françaises qui œuvrent pour un commerce équitable,
11:31à la fois dans le monde, sur les filières qu'on connaît, le cacao, le café, la banane, etc.
11:36Mais aussi dans les filières françaises. Et l'idée, c'est d'organiser les filières économiques avec des règles commerciales
11:43entre les différents maillons de la chaîne, de manière à ce que tout le monde vive dignement de son travail.
11:47Et aussi que chaque maillon puisse faire son travail, investir dans la transition écologique.
11:52C'est devenu un des piliers forts du commerce équitable, inscrit dans la loi française sur le commerce équitable.
11:57Et donc, notre collectif a vocation à défendre et promouvoir le commerce équitable dans ses différentes dimensions.
12:02Mais des labels, il y en a beaucoup ?
12:04Des labels de commerce équitable, il y en a 7.
12:06D'accord. On s'y perd un peu, parfois ?
12:08Alors, des labels de durabilité, il y en a 20 000.
12:11C'est ça.
12:127 labels de commerce équitable, c'est ok.
12:14On aime bien.
12:15Alors, je veux bien que vous me présentiez aussi Mighty Earth, Boris Patten-Regé.
12:19Oui, bonjour. Donc, Mighty Earth, c'est une ONG de protection de l'environnement, et en particulier des forêts.
12:25Donc, on lutte contre la déforestation, principalement liée à la déforestation aux boeufs et au soja,
12:31qui ont lieu notamment en Amérique du Sud, et qui participent à cette déforestation, notamment de l'Amazonie.
12:37Et donc, on sensibilise les entreprises, on fait des actions, des rapports,
12:41où on montre en fait la déforestation récente que l'on retrouve dans la chaîne d'approvisionnement.
12:45Et on est aussi impliqués sur les questions de déforestation portées au niveau européen et au niveau français.
12:51Et alors, on est réunis pour parler des conséquences d'une nouvelle qui n'est pas une bonne nouvelle,
12:55le report par l'Union Européenne de l'entrée en vigueur de ce règlement de lutte contre la déforestation.
13:01On peut peut-être essayer d'expliquer, Julie Stoll, ce qu'on perd ou ce qu'on retarde. Que prévoit ce règlement ?
13:08Alors, c'est la première loi internationale qui dit, sur notre territoire, on ne veut plus consommer de produits
13:15qui ont participé à la déforestation. Et la loi dit également, c'est aux entreprises qui mettent ces produits sur le marché de le prouver.
13:21Et donc, ça concerne le café, le cacao, l'huile de palme, le bœuf, le cuir, le soja et le caoutchouc.
13:29Et ce sont des filières qui, un, participent généralement énormément à la déforestation,
13:35le bassin de l'Amazonie, le bassin du Congo, les forêts du Golfe de Guinée, etc.
13:39Et qui sont extrêmement opaques. Donc, pour pouvoir prouver que ces filières-là, que ces produits ne sont finalement pas issus de la déforestation,
13:49ça entraîne des changements très importants. Parce qu'on passe de filières très opaques à des filières où on demande toute la transparence.
13:56Donc, ce report...
13:58Ça explique le report ?
13:59Le report, il est dû, je pense, à la fois à des pressions politiques, économiques, de dire, ça nous embête.
14:06Mais à la fois aussi à des difficultés qui sont réelles.
14:11Donc, c'est un peu difficile aujourd'hui de tirer le bilan définitif.
14:16Est-ce que c'est un enterrement de deuxième classe ?
14:18Ou est-ce que c'est, au contraire, l'opportunité de travailler dans des meilleures conditions ?
14:22Nous, on va tout faire pour que ce soit la deuxième option.
14:24Vous avez décidé de faire de ce report une opportunité, si je comprends bien.
14:28Qui sont les premières victimes de cette déforestation, Boris Patten-Regé ?
14:32Alors, il faut savoir qu'on a accueilli l'an dernier un collectif d'Autochtones, notamment les Autochtones du Brésil, avec la PIB,
14:41qui sont venus en France et en Europe pour pouvoir dire que cette réglementation est importante pour nous.
14:46Elle va nous permettre de protéger nos forêts qui sont menacées par ces matières premières, le soja, l'huile de pâme, le bois, etc., le bœuf.
14:56Et donc, les principales victimes, ce sont les populations autochtones qui sont aussi les plus grands défenseurs des forêts.
15:02Elles ont été mises à l'honneur lors de la COP en Colombie.
15:06Envoyer un signal que cette réglementation ne sera pas mise en place à court terme, c'est chaque mois rajouter la déforestation d'à peu près la ville de Paris,
15:15qui impacte donc bien évidemment ces populations.
15:18Le report du RDUE joue à notre titre sur les enjeux. C'est évidemment le sigle européen pour ce règlement de lutte contre la déforestation.
15:28Si on fait un zoom sur les petits producteurs de café, de cacao, je me mets à la place d'un producteur local.
15:38Ils en ont entendu parler de ce règlement, ils en espèrent quelque chose. Vous voyez ce que je veux dire ? Ou alors, ça leur passe très très loin.
15:45D'abord, je voudrais revenir sur les victimes de la déforestation. On est tous victimes de la déforestation.
15:49Parce que la déforestation, ça participe à l'accélération du réchauffement climatique, ça freine nos capacités d'adaptation
15:55et c'est un facteur d'effondrement de la biodiversité. Et donc, on sait aujourd'hui que tout ça, ça participe au dérèglement de nos climats
16:03et du système de la biosphère dont on dépend. Donc, on est tous concernés. C'est aussi pour ça que c'est intéressant de regarder ces questions
16:11de commerce international de ces matières premières. Parce qu'effectivement, ça nuit aux populations autochtones qui vivent dans les forêts
16:17et qui protègent les forêts, mais ça nuit aussi à notre... On n'a qu'à voir aujourd'hui les inondations en Espagne.
16:25Les conséquences du dérèglement climatique, elles impactent absolument tout le monde.
16:28Maintenant, pour revenir aux petits producteurs de café et de cacao, c'est vrai que par rapport au soja, par exemple, qui est une matière première
16:35qui est issue en général de très grandes entreprises, qui ont les moyens de stopper leur activité ou de la faire autrement.
16:43Pour les producteurs de café et de cacao, on parle de millions de familles paysannes qui ont entre 2 et 4 hectares et qui vivent en général
16:50avec moins de 2 dollars par jour. Donc, les défis à surmonter pour transformer leur système de production et pour pouvoir apporter la preuve
17:01de la non déforestation à travers des dispositifs de traçabilité très complexes, ça a un coût et ça demande plus d'équité dans le commerce.
17:09Ça demande que ces petits producteurs puissent s'organiser dans des coopératives robustes qui vont organiser ces systèmes de traçabilité
17:16et qui vont aider aussi à l'adaptation des modes de production pour stopper les fronts pionniers qui entraînent cette déforestation.
17:23Et donc, pour ça, il faut pouvoir investir. Et pour pouvoir investir, il faut qu'ils captent une meilleure partie de la valeur ajoutée sur ces filières-là
17:29qui sont des filières extrêmement inéquitables et qui sont un frein justement à l'adaptation et à la mise en conformité avec ces exigences.
17:37– Boris Patente-Régé, un peu la même question sur l'attente, sur ce règlement et on ne va pas l'enterrer.
17:45Il y a certainement un levier, je vous entendais dire ça tout à l'heure, à activer pour le rendre peut-être même plus efficace.
17:53Qu'est-ce qu'ils en attendent, ces producteurs ?
17:56– Alors c'est intéressant parce qu'il y a en effet les petits producteurs et il y a un enjeu en effet concernant ces petits producteurs
18:01mais il faut savoir que le gros de la déforestation, c'est aussi des très gros producteurs comme ça a été dit,
18:06des producteurs de soja qui sont de très gros producteurs, c'est aussi des secteurs qui sont déjà prêts en fait.
18:11Le secteur de l'huile de palme par exemple qui a été sur le devant de la scène durant les années 2010
18:16est désormais prêt en fait à mettre en place ce type de règlement.
18:20Il y a des entreprises qui sont déjà transparentes, il y a des entreprises au niveau français et européen
18:26qui sont également prêtes, qui font de la traçabilité.
18:30Donc voilà, les secteurs sont globalement prêts.
18:33Ce règlement qu'il faut rappeler, il va être voté au niveau du Parlement le 13 novembre,
18:39donc en fait le 13 novembre le report va être discuté mais aussi la possibilité d'intégrer des amendements
18:44qui risquent de menacer l'ensemble du texte et potentiellement réouvrir tout le texte et repartir de zéro,
18:48ce qui serait une catastrophe bien évidemment pour les forêts du monde.
18:51Et donc voilà, ce qu'il faut se dire c'est que les entreprises sont globalement prêtes
18:55et ce qu'il faut voir en fait avec ce règlement c'est que c'est un signal,
18:58c'est un signal qui est envoyé en fait aux pays producteurs que le marché le plus exigeant,
19:02donc l'Union Européenne, ne souhaite plus de déforestation en fait.
19:05Et par ailleurs il faut aussi se rendre compte que ce règlement c'est une opportunité en fait
19:10pour les producteurs français et européens qui eux ne participent pas à la déforestation.
19:14Et donc en fait, décaler en fait ce règlement c'est vraiment se tirer une balle dans le pied aussi au niveau européen
19:23parce qu'en fait c'est une protection également pour les producteurs français,
19:26je pense notamment aux producteurs de bœuf français qui ne participent pas à la déforestation
19:30et qui grâce à ce règlement vont pouvoir en fait finalement avoir un avantage
19:35par rapport aux producteurs de bœufs notamment brésiliens qui eux participent à la déforestation.
19:40– Julie Stoll, la demande des consommateurs elle est stable, comment elle évolue ?
19:46Parce qu'on a vu que sur le bio il y avait eu une période difficile avec l'inflation,
19:50qu'est-ce qu'il en est pour justement ces labels de commerce équitable ?
19:54– Alors le commerce équitable il a continué à être en croissance l'année dernière,
19:58alors une croissance modeste de à peu près 2%.
20:02Sur les filières françaises on est au-delà, on est à presque 6% de croissance.
20:06Donc il n'y a pas de désamour des consommateurs pour le commerce équitable.
20:10Je pense qu'il y a une demande sociétale générale pour plus d'équité dans l'économie en général
20:16et à travers les modes de consommation quand c'est possible.
20:19– Et alors avec qui vous bataillez là, avec quel lobby vous bataillez au niveau européen
20:24pour finalement faire en sorte que ce règlement rentre en vigueur
20:28et soit peut-être un peu plus exigeant ?
20:31– On est dans des coalitions collectives y compris avec Mighty Earth,
20:35des coalitions d'organisation de la société civile
20:39qui luttent pour des relations économiques qui préservent la biosphère
20:43et qui préservent notamment les forêts.
20:45– Et en face de vous ?
20:47– En face de nous c'est difficile parce qu'en fait on a cette loi
20:51qui est la même loi et qui s'applique de la même manière
20:53pour des secteurs qui sont finalement très différents
20:55et donc les leviers d'action ne vont pas du tout être les mêmes.
20:58On parlait du soja qui est issu de très grandes entreprises
21:02avec des très gros capitaux qui participent aussi à l'éviction des familles paysannes
21:07et puis on parle aussi du café et du cacao
21:09où là on est face à plusieurs millions de familles de petits producteurs
21:13sur des très petites parcelles et les leviers ne sont pas les mêmes.
21:16Et les motivations ne sont pas les mêmes.
21:18On n'a pas du gain d'un côté et puis on a la lutte contre la pauvreté de l'autre.
21:22Donc ça c'est quelque chose sur lequel je ne sais même pas s'il faut parler de lobby.
21:31On a besoin de travailler à des leviers inclusifs pour s'assurer
21:35que les petits producteurs vont pouvoir rentrer dans des dispositifs de traçabilité
21:40et c'est là où je diffère un tout petit peu.
21:42Pour moi les secteurs du café et du cacao ils se sont activés beaucoup
21:45mais ils ne sont pas prêts.
21:47C'est vrai qu'ils ne sont pas prêts.
21:48Merci.
21:49Mais il y a des choses à faire pour qu'ils le soient.
21:50On va rester sur cette note un peu plus optimiste.
21:53Merci beaucoup.
21:54Merci à tous les deux d'avoir participé à ce débat.
21:56Je vous dis à bientôt sur BeSmart for Change.
21:59C'est l'heure de notre rubrique Startup tout de suite.
22:08Smart Ideas, notre rubrique consacrée aux startups avec Baptiste Amin.
22:14Bonjour.
22:15Bonjour.
22:16Bienvenue.
22:17Vous êtes le cofondateur de Pimpant.
22:18Vous l'avez créé en 2020 avec votre compagne.
22:21Donc c'est une histoire familiale, c'est ça ?
22:23Et pas votre première aventure entrepreneuriale, je crois.
22:25Exactement.
22:26C'est ma troisième aventure entrepreneuriale
22:29et c'est un projet qu'on a lancé en famille.
22:32L'idée on l'a eue sur une plage.
22:332020 était 2020.
22:35On sort du Covid.
22:36On a le droit d'aller respirer un petit peu.
22:38Je pense que le fait de devenir parent,
22:40le Covid aussi qui a un peu remis en question
22:42ce qu'on voulait pour les prochaines générations.
22:44Donc on a vendu la boîte qu'on avait avant.
22:46On a réinvesti pas mal dans le projet Pimpant.
22:49Pour objectif de faire, à la base l'idée c'était de se dire
22:54qu'est-ce qu'on peut faire mieux pour les prochaines générations.
22:56Et en rentrant chez nous, on a vu tout le plastique qu'on avait dans la maison.
22:59On s'est dit tiens, il y a un sujet intéressant.
23:01Et du coup, on a lancé Pimpant.
23:03Et au fur et à mesure des années,
23:04on s'est spécialisé dans la poudre à reconstituer
23:06en lançant même tout récemment notre usine en Normandie.
23:10Donc on a fait pas mal de chemin depuis ces 3-4 ans
23:14puisqu'on devient industriel maintenant.
23:16On va redire en détail ce qu'est le principe.
23:21Ce sont des produits d'hygiène, d'entretien aussi
23:25qu'on reconstitue à la maison.
23:27C'est un peu ça ?
23:28Oui, exactement.
23:29On va retrouver par exemple,
23:31on va avoir des produits de maison détergent.
23:35Ça va être de la lessive, du liquide vaisselle.
23:38Ça va aussi être des produits de la salle de bain.
23:40Typiquement, un dentifrice.
23:42Le concept est toujours le même.
23:44On met de l'eau jusqu'à la petite bulle.
23:46On verse la poudre.
23:47Ça, c'est une bouteille.
23:48Soit qu'on a chez soi, soit qu'on peut fournir.
23:50On mélange.
23:51Et en 5 minutes, ça va recréer ses produits du quotidien.
23:53D'accord.
23:54Donc ça, c'est un dentifrice mais sans le tube finalement.
23:58L'idée, c'est de supprimer comme ça le plastique à usage unique.
24:01On fait ça dans toute la maison.
24:03On a une cinquantaine de références aujourd'hui.
24:06Et en 3 ans, on a évité 1,7 million de tubes et bouteilles en plastique à usage unique d'être jetés.
24:12Oui, c'est ce que j'allais vous demander.
24:14Moins de plastique, moins de déchets.
24:15Moins de camions sur les routes aussi.
24:17Moins de camions sur les routes.
24:19Ce qui est intéressant avec la poudre,
24:21c'est que c'est 10 fois plus léger dans le transport.
24:24Ça prend 8 fois moins de place.
24:26Donc techniquement, c'est aussi moins de camions sur les routes
24:30et du transport plus léger.
24:32Entre l'idée et, on voit que le chemin a été fait
24:36puisque maintenant vous avez votre usine, bravo.
24:38Mais il y a eu beaucoup de recherches, d'itérations
24:41pour faire en sorte que ce soit aussi facile.
24:44Parce que je pense que l'une des raisons du succès,
24:47c'est que ce soit facile à l'usage.
24:49Facile à l'usage et que les retours de consommateurs,
24:54c'est les retours de consommateurs qui sont juges finalement.
24:58Le premier produit, c'est vrai que je vous ai dit,
25:01été 2020, la finalité, c'est qu'on a lancé
25:03notre premier produit fin 2021.
25:05On a eu plus d'un an de R&D pour notre premier gel douche
25:08à reconstituer.
25:10En moyenne, un produit va mettre entre 12 et 36 mois
25:14pour sortir.
25:15Jusqu'au shampoing, on a mis 3 ans pour le sortir.
25:18Ce qui est intéressant, c'est qu'on arrive justement
25:22avec cette poudre-là à reconstituer des produits
25:25dits quotidiens avec le même plaisir,
25:27avec la même efficacité qu'un sujet important
25:30et avec un très bon rapport qualité-prix.
25:32Il y a aussi la dimension sociale de l'entreprise.
25:35Vous l'appelez l'usine étoilée, c'est ça ?
25:37Ça rappelle le logo de la marque ?
25:40C'est le logo de la marque.
25:42Derrière le côté étoilé, nous ce qu'on a voulu,
25:45on s'est inspiré un peu des restaurants étoilés
25:48et de l'excellence à la française.
25:51Notre usine est basée à Diff-sur-Mer en Normandie.
25:54C'est une ancienne cité ouvrière.
25:57La plupart des emplois industriels ont disparu dans cette ville-là.
26:02On est très contents de recréer des emplois.
26:04Pour l'instant, c'est 10 emplois.
26:06On est au début de cette aventure d'industriel.
26:09L'idée, c'est vraiment de redonner un côté
26:13beaucoup plus de peps, beaucoup plus d'envie,
26:16beaucoup plus de sens dans le travail.
26:18Nous, on a une approche très sociale du travail
26:21avec la semaine de 4 jours, avec un salaire minimum.
26:24Tout le monde est actionnaire dans le projet
26:27parce que c'est clairement les équipes
26:30qui font le succès ou non d'un projet.
26:32Et usine étoilée, parce que c'est un endroit qu'on peut visiter.
26:35Il y a une boutique, il y a l'usine, la logistique,
26:38mais il y a aussi une salle de sensibilisation.
26:41C'est presque un lieu de vie, ce n'est pas seulement une usine.
26:43C'est ce qu'on veut faire, un lieu de vie
26:45où les gens se sentent bien quand ils y vont,
26:47les gens se sentent bien au travail.
26:49C'est tout cet environnement qu'on essaye de créer,
26:52de créer les meilleures conditions pour donner envie de venir,
26:56pouvoir recruter les meilleures personnes,
26:58les mettre dans les meilleures conditions tout le temps
27:00et surtout qu'ils aient envie de rester sur la durée dans un projet.
27:03Semaine de 4 jours, elle est en place depuis combien de temps ?
27:06Quel retour d'expérience ?
27:07Nous, ça fait un an et demi, on ne reviendra pas en arrière.
27:10C'est intéressant, on l'a mis en place
27:13parce qu'on est dans un projet
27:15où il y a beaucoup de sens derrière le projet.
27:18Les gens étaient très impliqués,
27:21parfois même trop impliqués,
27:23et du coup, ils travaillaient beaucoup trop.
27:25Donc, on est passé de 5 à 4 jours
27:27pour que tout le monde se remette un peu en question
27:29de ce qui était important dans la vie.
27:31Il n'y a pas que le travail,
27:32il y a son équilibre de vie,
27:34son équilibre de vie général
27:36et de revoir un petit peu le rapport qu'on a au temps.
27:38Et nous, on a une conviction forte,
27:40Pinpan, c'est des produits de grande consommation
27:42et on ne changera pas notre façon de consommer
27:45si on ne change pas notre façon de travailler.
27:46Donc, on essaye de montrer l'exemple aussi au travers de ça.
27:48Merci beaucoup Baptiste Amin
27:50et bon vent à Pinpan.
27:52On vous souhaite le meilleur.
27:54Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:56Merci à toutes et à tous de votre fidélité
27:58à Be Smart For Change.
28:00Et je vous dis à demain. Salut !