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Vendredi 1 novembre 2024, SMART IMPACT reçoit François-Xavier Henry (Cofondateur, Oé)

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00:00L'invité de ce Smart Impact est avec nous en duplex, François-Xavier Henry, le cofondateur d'AOE.
00:12Bonjour, bienvenue à vous, entreprise que vous avez créée il y a bientôt dix ans en 2015.
00:18On va revenir à l'origine. C'était quoi l'idée de départ, l'ambition d'AOE ?
00:22Bonjour. L'ambition au début d'AOE, c'est en fait de créer un outil qui permet d'encourager
00:29et de favoriser des vignerons qui faisaient le choix de méthodes de production responsables.
00:33On voit que la viticulture, c'est 3% de l'agriculture française et plus de 20% des phytosanitaires sont utilisés dans la viticulture.
00:41Et donc, comme on sait très bien faire des très bons vins sans tous ces produits chimiques,
00:46l'idée, c'était justement d'encourager des vignerons qui faisaient ces choix-là.
00:49En dix ans, on est quasiment à dix ans d'existence d'AOE, vous dites quoi ?
00:55C'est un mouvement de fond. Vous voyez de plus en plus de viticulteurs faire ces choix ou alors c'est compliqué ?
01:01C'est vrai qu'il y a eu une baisse de la consommation du bio, une baisse générale.
01:06Je ne parle pas forcément du vin avec l'inflation. Vous vous dites, on est à quel moment de cette tendance ?
01:13Alors, vous avez raison sur les deux points. C'est à la fois un vraiment bon de fond.
01:20On voit que 20% des passions viticoles sont en bio et ça progresse au fur et à mesure.
01:26Mais en même temps, c'est assez difficile. Quand les vignes ont été traitées longtemps avec des produits chimiques
01:32et qu'il faut les sevrer des produits chimiques, il y a une baisse de rendement pendant 3-4 ans.
01:37Et c'est une difficulté pour les vignerons avec la situation actuelle et la baisse de la consommation de vin.
01:42Effectivement, c'est compliqué pour des vignerons de se lancer dans ce défi-là.
01:45Mais on voit que ceux qui se lancent dans ce défi, au bout d'un certain temps, ils sont très contents de leur choix,
01:51y compris pour la notion de rendement et évidemment la notion de qualité des vins.
01:55On va rentrer un peu dans le détail. Comment vous agissez pour favoriser une culture durable en viticulture ?
02:04Parlons par exemple de l'impact sur les sols. Vous nous avez parlé des pesticides.
02:08Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'ils sont tous bannis ? Qu'il y en a certains que vous utilisez ? Comment ça marche ?
02:13Non, ils sont tous bannis, effectivement. Nous, on fait le recherche dans tous nos vins.
02:19On recherche 480 molécules de pesticides et on n'a aucune trace de toutes ces molécules.
02:24Donc on n'a vraiment absolument aucun pesticide. Ça, c'est pour être en bio.
02:28Mais en fait, on veut aller beaucoup plus loin avec le bio et on encourage nos vignerons à aller plus loin,
02:32notamment sur tout ce qui est la biodiversité. On sait qu'un sol qui est plein de vie,
02:38c'est un sol qui sera plus adapté à tous les problèmes de réchauffement climatique.
02:43Quand on a un sol qui est très riche, très sain, les pieds de vignes sont plus résistants aux aléas climatiques.
02:50Et donc, c'est ça qu'on essaie de faire. C'est d'introduire plus de biodiversité à la fois aérienne, terrestre et souterraine.
02:56Et c'est là qu'on parle d'agroforesterie ou d'agroécologie adaptée à la viticulture ?
03:02Exactement. L'agroécologie et notamment dans les solutions qu'on préconise.
03:06Il y a le fait de planter des haies, de planter des arbres. Donc ça, c'est l'agroforesterie.
03:11Et également de faire des plantations en interrant, c'est-à-dire entre deux rangs de vignes,
03:15on vient planter d'autres cultures qui vont permettre à la fois de faire des engrais,
03:21donc de l'apport azoté naturel, des engrais verts, mais également de construire un paillage
03:25qui va permettre de préserver l'humidité dans le sol et donc que la vie dans les 10 ou 15 centimètres
03:32supérieure de la couche de terre soit préservée.
03:34Voilà, c'est tout ça qu'on englobe dans la partie agroécologique qu'on mène avec nos vignerons.
03:39Et avec une nouvelle étape dans la vie d'Oé, c'est l'achat d'un domaine dans la vallée du Rhône.
03:44D'abord, double question, pourquoi ce choix ? Et puis ensuite, qu'est-ce que vous comptez en faire ?
03:50Alors, le choix en fait, il s'est porté dans la vallée du Rhône parce que c'est à la fois près de chez nous,
03:56nous on est basé à Lyon, donc c'est assez pratique.
03:59Et c'est également un terroir qui est très intéressant par rapport à l'évolution du climat.
04:04Ce qu'on veut faire dans ce domaine, c'est en réalité un démonstrateur de tout ce qui peut être fait.
04:09On travaille avec pas mal de vignerons, on collecte beaucoup d'informations sur les méthodes
04:14qu'on doit mettre en place pour faire face au réchauffement climatique.
04:17Et toutes ces données, en fait, on les documente et on veut les mettre en place dans ce domaine,
04:23donc le domaine Oé de la Chapelle Saint-Pierre qui se trouve limite Vaucluse de Rhône,
04:26qui va être un lieu en fait où on va pouvoir montrer toute la transition agrologique qui peut être faite par les vignerons.
04:34Et donc c'est un lieu où on va montrer ça en invitant la filière, d'autres vignerons,
04:39en invitant également même le grand public des universités, des écoles,
04:42mais également le grand public à voir en fait la transition agroécologique.
04:45Donc le domaine est vraiment ce que j'appelle un démonstrateur pour pouvoir montrer que cette transition agroécologique,
04:51elle est possible, elle est réalisable,
04:53elle est quand même réalisable en un temps qui est plus court que ce qu'imaginent beaucoup de personnes.
04:58Malgré ce que vous disiez tout à l'heure, c'est-à-dire que la perte de rendement
05:02et finalement le retour sur investissement qui est peut-être relativement long ?
05:07Alors oui, effectivement, malgré ça, on voit que le fait de passer dans cette transition,
05:12de passer en bio et d'aller encore beaucoup plus loin, ça génère une baisse de rendement au début.
05:18Typiquement, quand on passe en bio pendant 3-4 ans, on va perdre en termes de rendement,
05:22mais on voit en fait que le sol est beaucoup plus sain, il est beaucoup plus riche
05:26et du coup, va permettre aux pieds de vignes et aux vignobles d'être plus résistants à tous les aléas climatiques.
05:34Je prends un exemple très simple, quand vous avez un sol qui est avec peu de vie,
05:38dès qu'il fait très chaud, le sol est très dur et donc s'il pleut, soit l'eau vient ruisseler,
05:44soit l'eau vient percoler dans des fentes et disparaît complètement.
05:47Quand on a un sol qui est très vivant, très aéré,
05:50on a de la vie souterraine, on a des vers d'eau, etc., ça fait un peu une éponge,
05:53le sol se gorge d'eau et le pied de vigne ne va pas en profiter pendant 5 ou 10 jours
05:58et donc ça rend finalement le terrain plus résistant aux orages, à tous les aléas climatiques qu'on rencontre.
06:06– Est-ce que… qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur la géographie du vin ?
06:11Parce que ça, ça m'intéresse beaucoup, comment le réchauffement climatique est en train de modifier la géographie du vin.
06:18On peut faire du vin là où on n'en faisait pas avant,
06:20il y a des endroits où il faut remonter les cultures quand c'est possible
06:25pour aller chercher un peu de fraîcheur, c'est vraiment en train de beaucoup évoluer ?
06:29– Oui, oui, ça évolue énormément.
06:31En fait, il y a des gros projets qui se dessinent aussi aujourd'hui dans le nord de la France,
06:36en Normandie, en Bretagne, dans les Hauts-de-France,
06:40de manière à pouvoir planter des vignes qui seront effectivement
06:44dans des conditions de température plus faciles pour la vigne.
06:48Mais par contre, il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui,
06:51l'essentiel des vignes en France est planté en dessous d'une ligne Bordeaux-Lyon, on va dire.
06:56Il y a d'autres vignobles très beaux comme la Loire, la Bourgogne, l'Alsace, etc.
07:00Mais 80% des vignes sont situées en dessous de cette ligne.
07:03Et malgré tout, on a des pieds de vignes qui ont été plantés et qu'il va falloir continuer à faire vivre.
07:09Quand on plante un pied de vigne, c'est pour 70 ans.
07:11Et donc, les gens qui ont planté des vignes il y a 10 ans ou il y a 15 ans ou il y a 20 ans
07:15dans le sud de la France, il faut adapter ces vignes-là,
07:19les pieds existants au réchauffement climatique, d'où le paillage,
07:23d'où des méthodes de palissage qui vont permettre de répondre à ça.
07:27Mais effectivement, la géographie de la viticulture change
07:30et on va pouvoir cultiver des vins, on va cultiver en tout cas des pieds de vignes
07:35plus hauts que ce qui n'était produit avant.
07:37Est-ce qu'il faut produire moins ? On voit qu'il y a 10% des vignes du Bordelais
07:41qui sont arrachées cette année.
07:43C'est lié à une surproduction, peut-être à un modèle économique ou des choix marketing
07:48qu'il faut revoir. Mais ça, c'est un autre débat.
07:50Mais est-ce qu'on doit produire moins finalement pour s'adapter aussi à la demande des consommateurs ?
07:57La consommation, elle baisse, mais elle ne baisse pas tant que ça.
08:00Elle a beaucoup baissé depuis 40 ou 50 ans.
08:03Aujourd'hui, elle baisse de 2-3% par an.
08:06Donc, c'est important, mais ce n'est pas non plus dramatique.
08:09Ça permet effectivement aux différents acteurs de choisir leur positionnement.
08:13Il y a des gens qui font des vins, on va dire, assez industriels
08:18sans peut-être faire attention à certaines méthodes de production.
08:20Et puis, il y a des acteurs qui font le choix d'avoir des vins très bien produits, très propres.
08:25Et ceux-là vont toujours rencontrer une certaine frange de clientèle.
08:30Nous, par exemple, nous nous adressons beaucoup à des générations qui sont conscientes
08:34que lorsqu'on achète un produit, il faut savoir comment il a été produit.
08:38Et donc, ils sont vigilants aux méthodes de production employées.
08:41Mais donc, il y a toujours une rencontre avec ces clients-là.
08:45Effectivement, la consommation du vin baisse légèrement,
08:47mais ce n'est pas ça qui va remettre en cause la production de vin à grande échelle.
08:51Dernier thème, il nous reste une minute pour parler de logistique.
08:55Parce que là aussi, c'est un levier d'amélioration du bilan carbone
09:00pour simplifier des entreprises viticoles.
09:04Est-ce que vous rêvez d'une bouteille mondiale unique,
09:06un peu sur le modèle des containers ?
09:10Vous voyez ce que je veux dire ?
09:11Alors oui, on en rêve.
09:13Déjà, on essaie de le faire à une échelle un peu plus restreinte.
09:16OE est la première entreprise à avoir relancé le réemploi,
09:20c'est-à-dire la consigne sur les bouteilles de vin au niveau national.
09:23Ça, ça marche effectivement parce que c'est une bouteille standard.
09:25Et on rêve de le développer.
09:27Mais aujourd'hui, on travaille à lancer la consigne sur d'autres territoires.
09:30On travaille sur l'Allemagne, on travaille sur New York.
09:33Par exemple, à New York, on envoie nos vins en bouteilles consignables,
09:36on les envoie à la voile parce qu'on peut là aussi trouver des solutions
09:39avec une consommation de carbone moindre.
09:41Et les vins sont après réembouteillés sur place.
09:43Donc oui, on rêve d'une solution mondiale.
09:46Mais déjà, à l'échelle de certains pays,
09:47on peut développer la consigne et le réemploi.
09:49Et ça change tout en termes écologiques.
09:51Merci beaucoup, François-Xavier Henry.
09:53À bientôt sur Be Smart for Change.
09:55On passe à notre débat, le modèle de l'assurance
09:58face à la multiplication des épisodes climatiques extrêmes.

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