Interview de Sylvain GRATALOUP Président de l'UNPI
réalisée par le Magazine Expression
Congrès FNAIM 2023
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00:00 [Musique]
00:06 Sur le plateau TV du magazine L'Expression, j'ai le plaisir de recevoir Sylvain Grattaloup.
00:10 Bonjour Sylvain.
00:11 Bonjour.
00:12 Sylvain, c'est le nouveau président du syndicat UNPI, Union Nationale des Propriétaires.
00:17 Oui, un syndicat qui a 130 ans.
00:19 C'est ça, plus de 130 ans.
00:21 Et donc, vous venez de prendre la direction.
00:24 Il y a deux mois.
00:24 Vous connaissez parfaitement le monde de l'immobilier évidemment.
00:28 Vous êtes professeur de droit à la faculté de Lyon.
00:32 De Lyon, d'ont prend.
00:34 Vous connaissez, vous êtes avocat.
00:35 Donc, tout ce qui concerne un propriétaire immobilier aujourd'hui, vous le connaissez.
00:40 Disons que je connais, mais comme les lois changent chaque jour, il faut chaque fois se mettre à jour.
00:45 Parfois avec satisfaction, ce qui est rare.
00:48 Et au contraire, parfois avec beaucoup de colère compte tenu de la politique du logement qui est particulièrement délicate.
00:55 Alors, vous dites la politique du logement qui est particulièrement délicate.
01:00 Des gens ici sur ce plateau hier disaient qu'il n'y avait pas de politique du logement.
01:03 Oui, mais alors on peut rentrer tout de suite dans le débat.
01:05 Il n'y a pas de politique du logement.
01:07 Alors si, il y en a une, mais je ne sais pas si ça en est une.
01:10 Je suis assez troublé de voir que l'on parle beaucoup de logement à travers la loi de finances.
01:13 Mais j'ai rarement vu qu'on s'intéressait au logement à travers les chiffres.
01:17 Alors pourtant, le logement, c'est une des priorités des Français.
01:21 Tout le monde a le droit de se loger. Tout le monde a envie de se loger.
01:23 Tout le monde a envie d'être propriétaire.
01:25 Vous, à l'UNPI, vous travaillez avec les propriétaires qui ont envie de se syndiquer,
01:30 qui ont envie de rentrer dans le syndicat de l'UNPI.
01:34 Vous travaillez évidemment en relation avec la FNIM, avec l'UNIS, avec les grands syndicats.
01:39 Qu'est-ce que vous apportez à un propriétaire aujourd'hui ?
01:42 Alors, on apporte plusieurs choses.
01:45 L'UNPI est composé d'une centaine de chambres sur le territoire français qui apportent des services.
01:51 Et là, de plus en plus, parce que les lois se complexifient,
01:55 elles se multiplient naturellement et les propriétaires sont un petit peu perdus
01:58 au milieu de ces modifications législatives récurrentes.
02:01 Et puis, au niveau national, on a un rôle extrêmement important auprès des pouvoirs publics
02:06 pour porter justement la voix des propriétaires sur le territoire français,
02:10 avec une hétérogénéité qui est importante,
02:12 parce que quand on est sur la côte atlantique, le Airbnb est quelque chose qui préoccupe.
02:18 Quand on est dans les zones urbaines, c'est l'encadrement des loyers, c'est la hausse de la taxe foncière.
02:23 Quand on est en zone de montagne, le DPE a une incidence différente lorsqu'on se trouve dans le sud de la France.
02:32 Donc, en fait, toutes les problématiques du propriétaire ne sont pas finalement homogènes.
02:36 Elles sont extrêmement hétérogènes.
02:38 Il faut arriver à montrer aux pouvoirs publics qu'une politique globale est nécessaire,
02:42 tout en tenant compte des réalités locales extrêmement diversifiées.
02:46 Aujourd'hui, le propriétaire est inquiet, entre guillemets.
02:49 Est-ce qu'il a raison ? Est-ce qu'il n'a pas raison ? Je ne rentre pas dans le débat.
02:53 Mais il y a tellement de lois, il y a tellement de choses compliquées.
02:56 Vous parliez du DPE avec les logements passoires.
03:01 On parle des Airbnb. On a droit, on n'a pas droit à ce qu'on peut faire, etc.
03:05 Qu'il est inquiet et qu'il a besoin de se retourner vers quelqu'un qui va le rassurer,
03:10 en tout cas qui va lui donner les bonnes marches à suivre.
03:14 Oui. Alors je reprendrai. Il n'est plus inquiet. Il est très en colère.
03:18 Il est très en colère, mais il est quand même inquiet.
03:20 Après être passé par cette inquiétude. Effectivement, il y a cette inquiétude.
03:23 Mais aujourd'hui, on sent que les propriétaires en ont marre.
03:26 Marre parce qu'ils ont le sentiment très clairement,
03:29 et j'utilise une expression qu'on retrouve dans beaucoup de médias,
03:31 d'être la vache à l'aide du gouvernement.
03:33 C'est-à-dire que dès l'instant où il y a un financement à trouver pour les pouvoirs publics,
03:37 les collectivités ou dans l'État, c'est systématiquement vers l'immobilier.
03:42 Donc il ne faut pas imaginer que le propriétaire est celui du 19e,
03:47 c'est-à-dire que le propriétaire Bayeur avec 40, 50 appartements, c'est le propriétaire moyen.
03:53 Aujourd'hui, on a une paupérisation des classes moyennes.
03:58 Alors évidemment, ils sont assez éloignés de ceux qui sont vraiment vulnérables et dans la difficulté.
04:03 Mais on n'a plus cette image du propriétaire telle qu'on pouvait, que l'on peut l'avoir.
04:07 Donc il y a aussi la part des pouvoirs publics à comprendre
04:11 que le propriétaire doit jouer, continuer à jouer un rôle dans la société
04:17 et que toutes ces mesures-là, même si elles ont pour objectif de maintenir un pouvoir d'achat pour les plus vulnérables,
04:24 aboutissent en réalité à fragiliser ceux qui sont aussi des acteurs économiques
04:28 et ceux qui permettent aussi de désengager l'État.
04:31 Lorsqu'un propriétaire se loge lui-même, propriétaire occupant,
04:34 ou lorsqu'il permet à un locataire de se loger, c'est toute une charge qui ne repose pas sur l'État.
04:40 Donc il y a des engagements qui sont possibles, encore faut-il,
04:43 et là c'est un travail qui est à mon avis extrêmement important,
04:46 que les pouvoirs publics donnent ou aient confiance envers le bailleur.
04:50 Et ça, c'est pas gagné.
04:51 Est-ce que les pouvoirs publics vous écoutent ?
04:54 Alors, ils nous entendent déjà.
04:57 J'allais dire, ils nous entendent, ça c'est certain.
04:59 Ils nous écoutent, oui, parce qu'ils ne sont pas dupes des revendications.
05:03 La question c'est qu'aujourd'hui, on l'a encore, je l'ai encore entendu il y a un instant avec Monsieur le Ministre,
05:07 il y a plein d'intentions, il y a une vraie volonté.
05:10 Mais cette volonté, on la partage, à savoir qu'il faut passer vers une transition écologique.
05:14 Évidemment, évidemment.
05:16 Simplement, c'est les moyens que l'on ne développe pas.
05:20 Je crois qu'aujourd'hui, les pouvoirs publics exigent du propriétaire et du propriétaire bailleur
05:25 de parvenir à un objectif que l'on partage,
05:28 sans avoir pour autant les moyens de réaliser cet objectif,
05:31 et dans des délais qui sont extrêmement contraints.
05:33 Et à tout point de vue.
05:34 Donc, je ne vois pas comment on peut arriver à rassurer les propriétaires,
05:38 de l'instant où il n'y a pas un geste de l'Etat,
05:40 qui consiste à envisager la propriété autrement que comme elle l'envisage elle-même.
05:45 En conclusion, Sylvain, en pourcentage de gens qui sont propriétaires en France ?
05:51 Il y a 58% des ménages qui sont propriétaires.
05:53 58% qui sont propriétaires d'une manière ou d'une autre.
05:55 Soit en bailleur, soit en bourse logée eux-mêmes.
05:58 Exactement.
05:59 Donc il faut écouter cette majorité.
06:01 Mais bien sûr, et je ne veux pas croire que ces 58% de ménages
06:05 correspondent à 58% de privilégiés.
06:08 C'est fini tout cela.
06:10 Et le profil moyen du propriétaire est celui qui a un crédit sur le lot,
06:15 qui a des enfants à charge,
06:17 qui se prend un ralenti de façade, plus un DPE.
06:20 Tout cela peut être compliqué.
06:22 Voilà.
06:23 Monsieur le ministre qui était là,
06:24 il faut écouter les professionnels de l'immobilier,
06:26 la FNIM, l'UNIS, les autres.
06:28 Il faut écouter les syndicats de propriétaires.
06:30 Et tout va s'arranger.
06:31 Cela va rentrer dans l'ordre évidemment.
06:33 Mais il faut les écouter.
06:34 Merci Sylvain.
06:35 Merci à vous.
06:36 [Musique]