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Florence Lustman, Présidente de la Fédération Française de l'Assurance, est l'invitée du 13h le mercredi 15 novembre 2023

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00:00 Bonjour Florence Lussmann, merci d'être avec nous dans ce 13/14.
00:03 Vous êtes la présidente de la Fédération France Assureur.
00:07 Beaucoup de questions pour vous alors que deux tempêtes ont traversé le pays ces deux
00:11 dernières semaines et qu'un département fait face à des crues historiques, c'est
00:15 le Pas-de-Calais.
00:16 Il n'est pas le seul, d'ailleurs il y a huit départements qui sont en vigilance
00:18 orange aujourd'hui.
00:20 Les auditeurs de France Inter peuvent vous interroger, 0145 24 7000.
00:25 Ils le font aussi via l'application France Inter.
00:28 Florence Lussmann, commençons par prendre la mesure des dommages.
00:31 1,3 milliards d'euros pour les tempêtes Kiran et Domingos, 517 000 sinistrés, c'est
00:37 ça ? C'est plus que ce que vous escomptiez au départ ?
00:39 Alors en fait, nous n'escomptons jamais rien au départ dans ces événements naturels
00:44 parce que l'expérience nous a montré qu'il faut quand même attendre quelques jours,
00:49 voire quelques semaines pour avoir… Même avec la vitesse des vents, même avec
00:51 le nombre de départements concernés ? Même avec, et donc c'est la raison pour
00:55 laquelle nous sommes prudents dans les évaluations que nous sortons.
00:59 Et d'ailleurs, je précise que ce 1,3 milliards d'euros de dégâts que vous venez d'évoquer
01:07 concernent uniquement les dégâts sur la période qui va du 1er novembre au 5 novembre.
01:13 Ça veut dire en particulier que l'impact des inondations que nous déplorons dans le
01:18 Nord et le Pas-de-Calais actuellement ne font pas partie de ces évaluations.
01:23 Ça veut dire que la facture globale de ces deux tempêtes, malheureusement, elle va augmenter.
01:28 Et pas d'estimation pour ce qui se passe en ce moment dans le Pas-de-Calais par exemple ?
01:32 Il n'y a pas encore d'estimation.
01:34 J'étais hier avec le président de la République et ce sont vraiment des paysages de désolation.
01:39 L'eau est encore là, il y a encore de l'eau dans les maisons, donc c'est de toute façon
01:42 beaucoup trop tôt.
01:43 Nous, nos évaluations, elles se font sur les remontées du terrain, c'est-à-dire les
01:48 déclarations des assurés à leurs assureurs.
01:51 Et la priorité des priorités dans ces catastrophes, c'est d'abord de mettre les personnes en
01:56 sécurité, les biens en sécurité et ensuite, évidemment, le plus rapidement possible, mais
02:02 quand même après cette mise en sécurité, de déclarer à son assureur.
02:07 Je rappelle d'ailleurs que pour le phénomène de tempête, nous avons étendu jusqu'au
02:12 1er décembre le délai de déclaration parce que nous savons que c'est très pesant pour
02:17 les assurés et que certains assurés ont d'ailleurs été privés d'électricité pendant plusieurs
02:22 jours.
02:23 Essentiellement des particuliers ?
02:24 Essentiellement des particuliers.
02:26 Encore une fois, aujourd'hui, le milliard 300 millions, il correspond à 517 000 sinistres
02:32 et à plus de 90% ce sont des sinistres qui concernent les logements des particuliers.
02:38 Alors pour ce qui est des tempêtes, Kiran et Domingos, comment sont couverts les sinistres
02:42 ? Et par leur contrat d'assurance ?
02:43 C'est effectivement par leur contrat d'assurance et je dirais directement par leur contrat
02:49 d'assurance.
02:50 Ces deux tempêtes ont produit des dégâts essentiellement sous l'effet du vent.
02:55 Et bien l'effet du vent, il est couvert directement dans vos contrats de multirisques
03:00 habitations.
03:01 Pour parler clair…
03:02 Multirisques habitations, c'est le type d'assurance ?
03:03 C'est le contrat de base qui couvre les habitations.
03:09 Ce qui veut dire pour être très clair, que pour ces effets du vent, donc essentiellement
03:14 les sinistres en Bretagne et en Normandie, il n'y a pas besoin d'arrêter de catastrophes
03:19 naturelles.
03:20 Qu'est-ce qui est pris en charge ? Des arbres sont tombés dans mon jardin, mes volets ont
03:24 été arrachés, j'ai un arbre qui est tombé sur mon cabanon de jardin, qu'est-ce qui
03:28 est pris en charge ? Qu'est-ce qui n'est pas pris en charge ?
03:30 De toute façon, dans tous les cas, il faut se rapprocher de son assureur.
03:33 Mais très généralement, ce qu'on peut dire, c'est que l'ensemble des dommages
03:37 qui sont liés directement à ce phénomène de tempête vont être pris en charge.
03:42 Donc ce que vous avez évoqué, alors un petit bémol pour l'abri de jardin, parce qu'il
03:47 faut être sûr que vous avez bien déclaré votre abri de jardin à votre assureur, à
03:53 priori oui, mais de toute façon, contactez votre assureur.
03:56 Les toitures également ? Les toitures bien entendu, et les dégâts
04:01 aux bâtiments que vous avez déclarés dans votre contrat.
04:04 Dans le Pas-de-Calais, pour tous les départements qui sont touchés par des inondations qui
04:09 provoquent les dégâts, hier vous étiez donc avec le président de la République dans
04:13 le Pas-de-Calais, 244 communes du Pas-de-Calais mais aussi du Nord, classées en état de
04:17 catastrophe naturelle, a dit le chef de l'État.
04:19 Ça signifie quoi pour ces communes ? Alors ça veut dire que le régime d'indemnisation
04:24 va passer par le régime des catastrophes naturelles.
04:27 On a beaucoup de chance en France d'avoir ce régime qui est un partenariat public-privé
04:33 avec des textes qui réchissent l'indemnisation des dommages dans le cadre d'une catastrophe
04:39 naturelle, par exemple une inondation.
04:42 Donc c'est différent comme régime, en plus c'est inclus dans les contrats d'assurance
04:48 mais ça correspond à l'application de textes qui sont pris par les pouvoirs publics et
04:54 donc effectivement ces textes vont trouver à s'appliquer aux cas particuliers dans
04:58 le Nord et dans le Pas-de-Calais.
04:59 Qu'est-ce que ça implique pour les gens qui sont victimes de ces inondations ? Est-ce
05:02 que les démarches sont différentes ? Alors la démarche consiste toujours à déclarer
05:06 auprès de son assureur.
05:09 C'est juste que l'argent ne vient pas du même endroit.
05:11 Alors l'argent vient en partie de l'assureur et aussi des pouvoirs publics ou en tout cas
05:15 de la caisse centrale de réassurance.
05:18 Mais c'est de toute façon à l'assureur qu'il va falloir déclarer son sinistre.
05:23 Et là je dirais le délai d'un mois pour effectuer sa déclaration, il est automatique.
05:29 Il est un mois pour faire la déclaration à partir du moment où l'arrêté de catastrophe
05:33 naturelle est publié au journal officiel.
05:36 Les catastrophes naturelles ça ne concerne que les inondations, ça ne concerne pas les
05:39 tempêtes ?
05:40 Alors ça ne concerne pas les tempêtes mais ça ne concerne pas que les inondations, ça
05:44 concerne les sécheresses.
05:46 Rappelez-vous il y a un mois et demi on craignait les sécheresses, ça va concerner les séismes
05:50 aussi.
05:51 Mais donc ça ne concernera pas la Bretagne et la Normandie par exemple ?
05:53 Absolument, sauf s'il y a eu quelques…
05:55 Le chef de l'État en avait parlé pourtant dans sa visite au ministère.
05:57 Parce que ponctuellement il y a pu y avoir quelques inondations, quelques vagues de
06:02 submersion également.
06:04 Et donc les inondations et les vagues de submersion rentrent elles dans le régime des catastrophes
06:10 naturelles.
06:11 Mais pour l'immense majorité des dégâts qui sont liés au passage de ces deux tempêtes
06:16 en Normandie et en Bretagne, c'est couvert tout simplement par les contrats d'assurance,
06:21 par les multi-risques à visite assurée.
06:22 Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, ce matin vous a fait cette
06:27 demande.
06:28 Il demande que les assureurs jouent leur rôle et il demande une prise en charge plus rapide
06:32 des sinistrés.
06:33 Je le cite, dès qu'il y a l'ouverture d'un sinistre pour inondation dans le cadre
06:35 des catastrophes naturelles, il faut qu'il y ait une avance de plusieurs milliers d'euros
06:40 débloqués dans les huit jours.
06:41 Il cite des dépenses pour acheter un frigo, des vêtements, une cuisinière.
06:44 Est-ce que c'est possible, Florence Lussmann ?
06:46 Les assureurs sont entièrement mobilisés depuis le début de ces épisodes de tempête.
06:53 Ça veut dire que toutes les procédures exceptionnelles sont lancées pour aller le plus vite possible,
06:58 le plus vite possible pour réceptionner les très nombreuses déclarations de sinistres
07:04 qui émanent des assurés, mais également pour apporter tout le soutien, y compris le
07:08 soutien psychologique à nos assurés.
07:11 Il faut toujours se rappeler que là, on est en train de parler de dommages, d'évaluation
07:15 des dommages, mais ces catastrophes, ce sont avant tout des drames humains.
07:19 Mais ce délai d'huit jours, est-ce qu'il vous paraît étonnable ? Dans les huit jours,
07:23 débloqués plusieurs milliers d'euros pour ceux qui en ont besoin rapidement.
07:25 Les assureurs sont à pied d'œuvre, ils sont au plus près de leurs assurés et ils
07:29 ont à cœur vraiment de répondre à leur besoin.
07:32 Mais vous ne pouvez pas vous engager sur ce délai à cette heure.
07:36 Question d'Arnaud qui nous appelle de la région Limousin.
07:38 Bonjour Arnaud.
07:39 Oui bonjour, alors ça tombe bien parce que madame que j'avais vue sur un plateau télé
07:46 dit heureusement que les catastrophes naturelles existent parce que l'État intervient.
07:51 Le régime de catastrophes naturelles en l'occurrence.
07:54 Voilà, donc l'État va intervenir.
07:56 Donc moi je suis assuré dans une région où nous n'avons eu aucun dégât, moi personnellement
08:03 et autour de moi pas grand monde.
08:05 Sauf que ce matin pour une raison x ou y j'ai appelé mon assureur qui m'a dit qu'il
08:10 allait augmenter mes cotisations.
08:11 Ce que je comprends tout à fait, c'est la solidarité nationale.
08:16 Sauf que j'aimerais bien qu'il y ait quand même une régulation de nos assureurs.
08:21 Parce que je me demande si nos assureurs, quand on va venir un expert, il est vraiment bien
08:27 honnête et si les assureurs ne joueraient pas un peu le jeu de gratter un peu d'argent
08:32 sur le dos des assurés.
08:34 Parce que tous les sinistrés que je connais autour de moi, que ça soit un petit dégât
08:40 des eaux, que ça soit une toiture qui s'envole, les assureurs ne sont pas toujours bien clairs
08:48 avec les experts.
08:49 Il y a après Cyril qui est un peu plus de transparence et je pense que c'est très
08:54 opaque.
08:55 On donne la parole, merci Arnaud pour cette question, on donne la parole à Florence Lussman.
08:59 Alors d'abord, il y a une tendance générale dans notre pays, on en est tous témoins,
09:05 à l'augmentation des risques et en particulier à l'augmentation des risques naturels.
09:10 On a eu récemment ces épisodes de tempête mais on a aussi des épisodes de sécheresse.
09:16 On a même eu un séisme, rappelez-vous, un séisme en Bretagne.
09:19 Et donc effectivement, à partir du moment où les risques augmentent, le coût de la
09:24 couverture du risque a tendance à augmenter.
09:27 Et qu'est-ce que vous payez dans vos cotisations d'assurance ? C'est bien le prix de cette
09:32 couverture du risque.
09:34 Donc moi, je ne me prononce pas sur les tarifs.
09:36 Je rappelle que nous avons en France le marché le plus compétitif sur l'assurance, donc
09:42 il y a énormément d'offres.
09:43 Et donc je dirais, faites jouer la concurrence.
09:46 Mais surtout en premier lieu, discutez bien avec votre assureur pour savoir de quelle
09:51 garantie vous avez besoin.
09:52 Parce qu'un tarif tout seul, ça ne veut rien dire.
09:56 Un contrat d'assurance, c'est un couple.
09:58 Ce sont des garanties d'un côté, celles dont vous avez absolument besoin, et puis
10:03 un tarif.
10:04 Et le plus important, c'est de faire régulièrement le point avec son assureur pour être sûr
10:09 qu'on est bien couvert pour toutes les garanties dont on a besoin.
10:12 Donc plus d'intempéries, plus de phénomènes climatiques anormaux.
10:16 Florence Nussman, ça veut dire augmentation des tarifs continus dans les prochaines années
10:20 si je vous comprends bien ?
10:21 Alors, il y a toujours deux façons de gérer les risques.
10:24 La gestion des risques, c'est notre métier.
10:26 Et moi, ma gestion préférée, c'est la prévention.
10:30 Et en fait, dans notre pays, on a encore des marges de manœuvre substantielles pour améliorer
10:37 la prévention, la préparation des populations, mais aussi des collectivités locales, mais
10:42 aussi des entreprises par rapport à ces phénomènes naturels.
10:46 Donc avant de songer à l'augmentation, il faut d'abord songer à l'augmentation
10:51 de toutes nos démarches de prévention.
10:53 Mais compte tenu notamment du classement en catastrophes naturelles, il va sans doute
10:58 falloir augmenter la surprime qui finance ce régime.
11:00 Alors ce régime, on a beaucoup de chance de l'avoir.
11:04 Le monde entier nous l'envie.
11:06 Pour faire très très court, en moyenne 25 euros par an.
11:10 Nous sommes tous couverts dès l'instant où on a un contrat avec une garantie de
11:14 dommage, on est couverts contre les conséquences de ces événements climatiques.
11:19 Abondés par l'État les assureurs, c'est ça ?
11:21 Alors la couverture, oui, et doublement.
11:23 Mais ce qui finance, c'est vous, c'est bien les assurer, vous financez ça à hauteur
11:28 environ de 25 euros par an.
11:30 Ça va augmenter ?
11:31 Alors nous ce qu'on constate, c'est que ce régime qui est très protecteur, et encore
11:35 une fois que le monde entier nous envie, il est aujourd'hui pénalisé financièrement.
11:40 C'est-à-dire qu'il est en déséquilibre financier depuis 2015.
11:43 2015-2016 c'est l'année charnière, il a accumulé 2 milliards d'euros de déficit.
11:48 Le plus important pour les Français, pour nous tous, c'est de pérenniser ce régime.
11:53 Et pour cela, oui peut-être faudra-t-il augmenter légèrement cette surprise, catastrophe naturelle.
12:00 Mais augmenter peut-être d'un euro par mois par rapport aux 25 euros.
12:04 Mais pour solidifier ce régime qui est très protecteur, franchement ça vaut le coup.
12:09 On a parlé du Pas-de-Calais et du Nord où 244 communes sont classées en état de catastrophe
12:16 naturelle.
12:17 Ce n'est pas encore le cas en Haute-Savoie, on a cette question de William.
12:19 En Haute-Savoie avec les nombreuses pluies qu'on a eues, des murs se fendent.
12:21 Peut-on réclamer des réparations nous dit-il ?
12:23 Alors là il faut contacter son assureur.
12:26 Encore une fois vous êtes assuré en dommage pour votre habitation et donc il faut contacter
12:31 son assureur.
12:32 Prendre des photos ?
12:33 Qu'est-ce qu'il faut faire tout de suite ?
12:35 Alors ce qu'il faut faire tout de suite c'est se mettre soi-même et ses proches
12:39 en sécurité.
12:40 Il faut mettre les biens en sécurité pour éviter que leur situation s'aggrave.
12:45 Et vis-à-vis de sa déclaration de cynisme, bien entendu il faut prendre des photos.
12:50 Il faut essayer de rassembler toutes les preuves, des éléments de facture, etc. qui vont pouvoir
12:56 vous être demandés dans le cadre de la procédure d'indemnisation.
12:59 Jean nous appelle de Bretagne.
13:00 Bonjour Jean.
13:01 Oui bonjour messieurs dames.
13:02 Je me demeure à Lille-de-Bas où on a eu des vents à 195 km/h.
13:08 Et donc moi l'intégralité, je dirais 90% de mes plantations d'arbres, cyprès et autres,
13:16 sont déracinées, sont tombées au sol.
13:18 J'ai fait une déclaration à mon assurance en portant aussi les photos nécessaires.
13:23 J'avais souscrit un contrat confort qui couvre événements climatiques, le SNF naturel.
13:30 Et au jour d'aujourd'hui on me dit "pas de remboursement, vous n'aviez pas cette option,
13:34 option que je n'ai jamais vue, c'est-à-dire à savoir prise en charge de mes arbres".
13:40 Merci pour ce témoignage Jean, Florence Nussman.
13:43 Je suis absolument désolée, j'ai du mal à commenter des dossiers individuels.
13:48 Mais effectivement faites le point très régulièrement avec votre assureur sur vos garanties, celles
13:53 dont vous avez besoin.
13:54 Un dernier mot Florence Nussman de la situation des communes.
13:57 Beaucoup de communes rurales disent qu'elles n'ont plus les moyens de payer leur assurance,
14:02 que les tarifs deviennent trop importants, que les franchises explosent.
14:07 Qu'est-ce que vous pouvez faire ?
14:08 Là aussi il faut gérer les risques.
14:10 Et gérer les risques c'est faire beaucoup plus de prévention que ce qu'on fait aujourd'hui.
14:16 C'est là la bonne voie de sortie pour gérer les risques.
14:20 Donc vous demandez aux communes de mettre en place des plans de prévention ?
14:22 Par exemple.
14:23 Qu'il faut financer ?
14:24 Oui, mais ça vaut le coup.
14:26 Merci à vous Florence Nussman, présidente de la Fédération France Assureur d'avoir
14:32 accepté l'invitation du 13/14.

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