L'Invité du 13h (13h - 6 Septembre 2023 - Brigitte Autran)
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00:00 le retour des élèves en classe, celui des salariés sur leur lieu de travail, l'affluence
00:05 dans les transports, voilà quelques facteurs, on le sait, qui favorisent la circulation
00:08 des virus et notamment du Covid-19 qui refait parler de lui.
00:12 Hausse des contaminations, nous dit Santé publique France, même si elle reste à des
00:15 niveaux faibles, apparition de nouveaux variants, faut-il augmenter notre vigilance tant que
00:21 les signaux sont au vert ? Je pose la question à notre invité.
00:24 Bonjour Brigitte Autran.
00:25 Bonjour.
00:26 Vous êtes médecin spécialisé en immunologie, c'est-à-dire que vous étudiez notre système
00:29 immunitaire et vous êtes depuis l'an dernier la présidente du comité de veille et d'anticipation
00:35 des risques sanitaires.
00:37 Le Covars, les auditeurs de France Inter, vous interroge directement dans ce 13 14 01
00:42 45 24 7000 ou via l'application France Inter.
00:46 Brigitte Autran, on a appris ce matin que la ministre des Affaires étrangères, Catherine
00:50 Colonna, avait le Covid, positive, elle n'a pas participé au Conseil des ministres, donc
00:54 la photo de famille qui était prévue en cette rentrée a dû être reportée, c'est
00:59 peut-être anecdotique, mais ça nous parle de la circulation de ce virus.
01:04 Comparé à ce qu'on a connu, ce n'est rien ou bien il faut commencer à regarder
01:08 avec attention l'augmentation du nombre de cas ces dernières semaines ?
01:12 Alors, les cas sont encore limités, mais il faut être vigilant car on ne connaît
01:17 pas le potentiel épidémique de certains des variants qui circulent aujourd'hui.
01:20 Nous savons qu'il y en a un qui va devenir majoritaire et qui n'est pas très inquiétant,
01:25 c'est le virus de malaria ou EG5.1 qui infecte la plupart des personnes.
01:29 L'exemple de la ministre montre bien qu'il circule partout, dans tous les milieux.
01:34 Son isolement est tout à fait exemplaire, parce que c'est vraiment la recommandation
01:41 qu'il faut faire lorsqu'on est malade, se faire tester pour être sûr qu'on est
01:44 infecté, et puis porter un masque et s'isoler si on le peut.
01:47 C'est vraiment la meilleure recommandation.
01:49 Mais on n'est pas arrêté quand on a le Covid aujourd'hui, Brigitte Autran ?
01:54 Dans la plupart des cas, les Covid sont des formes bénignes.
01:58 Ce qu'il faut, c'est vraiment respecter les autres et bloquer le plus possible la
02:03 transmission en n'infectant pas les autres.
02:06 Donc porter un masque et essayer de ne pas entrer au contact des personnes fragiles,
02:10 c'est vraiment un point très important, et s'isoler quand on le peut.
02:14 Mais si on ne peut pas faire de télétravail, on est obligé d'aller travailler ?
02:17 Tout à fait, mais à ce moment-là, on met un masque.
02:19 On peut mettre un masque.
02:20 Le masque est vraiment très important pour empêcher la contamination.
02:24 Et je le répète, les personnes qui souffrent aujourd'hui des formes graves de Covid, ce
02:28 sont les personnes fragiles.
02:29 Il faut les respecter.
02:30 Je disais, le nombre de cas augmente.
02:32 Peut-être est-ce un abus de langage ?
02:33 Est-ce qu'on continue de comptabiliser précisément le nombre de cas ?
02:37 Est-ce qu'on a toujours ces données, Brigitte Autran ?
02:39 Vous savez que les données, le système de surveillance a diminué de façon très importante
02:43 à partir de fin juin de cette année.
02:45 En France, comme dans les autres pays, c'est vraiment un phénomène général.
02:50 Et donc, c'est vrai qu'on a une moins bonne comptabilisation des cas.
02:54 Les cas sont essentiellement analysés et comptés sur les formes cliniques, c'est-à-dire
02:59 les consultations de SOS médecins et aux urgences.
03:02 Et puis, quand un cas est hospitalisé, il y a un processus de vérification du virus
03:08 en cause, de séquençage, pour savoir quel est le variant responsable.
03:11 Donc, on a quand même des indicateurs qui nous permettent de surveiller l'évolution
03:16 du virus ?
03:17 Le système est à peu près calqué sur la surveillance de la grippe.
03:19 Il y a toujours des patients qui meurent du Covid en ce moment en France ?
03:23 Oui, il y a toujours des patients qui meurent.
03:25 Ce sont toujours des personnes qui sont fragiles, qui ont soit des maladies cardiorespiratoires,
03:30 soit qui ont des déficits immunitaires.
03:32 Et qui peuvent difficilement se protéger.
03:34 C'est la raison pour laquelle il y a une campagne de vaccination qui va se lancer.
03:38 Je pense qu'on va en parler.
03:39 Et c'est la raison pour laquelle, par civisme et par respect, il faut vraiment faire le
03:45 maximum quand on est infecté pour porter un masque et ne pas les contaminer.
03:48 On va parler de cette campagne de vaccination.
03:51 Pauline nous appelle de Chaville, près de Paris.
03:54 Bonjour Pauline.
03:55 Bonjour.
03:56 Nous vous écoutons.
03:57 Voilà, je suis on va dire un petit peu âgée.
04:00 J'ai fêté 88 ans hier.
04:02 Je suis diabétique et j'ai un pacemaker.
04:07 Et puis j'ai été vaccinée quatre fois.
04:10 Le dernier étant en mai 2022.
04:13 Que dois-je faire madame ?
04:15 Eh bien, il vous est recommandé, comme à toutes les personnes de votre âge et qui
04:19 ont les facteurs de risque que vous avez, de participer à la campagne de vaccination
04:25 de l'automne et de vous faire vacciner contre le nouveau variant de la Covid et puis contre
04:32 la grippe, puisque vous êtes sensible à ces deux pathologies.
04:34 Et cette campagne va s'ouvrir théoriquement mi-octobre.
04:38 Il n'est pas impossible, en fonction de l'épidémie, qu'on avance un petit peu
04:42 l'ouverture de cette campagne.
04:44 Aujourd'hui, c'est une réflexion que vous avez, qui est en cours.
04:48 Tout à fait.
04:49 Les Anglais ont déjà décidé d'accélérer la campagne de vaccination et d'ouvrir
04:53 à la fin de la semaine.
04:54 Un mois plus tôt que nous pour eux ?
04:55 Un mois plus tôt, mais on est sur les starting blocks pour la déclencher plus tôt s'il
05:02 y a besoin.
05:03 Autrement dit, si le nombre des cas continue à progresser, il faudra vacciner plus tôt.
05:07 Il faudra vacciner plus tôt.
05:09 Qui sera vaccinée Brigitte Autran ?
05:11 La personne qui a 88 ans lorsqu'elle nous décrit son état de santé, elle est concernée ?
05:16 Elle est absolument concernée.
05:17 La vaccination s'adresse en priorité à toutes les personnes qui ont plus de 65 ans,
05:22 qui sont âgées parce que leur système immunitaire est moins puissant.
05:25 Et puis, comme je l'ai dit, les personnes qui ont des maladies cardiorespiratoires,
05:30 qui ont des déficits immunitaires, que ce soit des adultes ou des enfants, et l'entourage
05:36 de ces personnes.
05:37 Et les personnels de santé.
05:40 Tous les personnels de santé, ce n'est plus obligatoire ?
05:43 Il n'y a pas d'obligation, mais comme pour la grippe, il y a une recommandation de vaccination
05:48 à tout le personnel de santé.
05:49 Vous regrettez que cette obligation ait été levée pour les personnels de santé ?
05:52 On peut le regretter.
05:54 Il est vrai que la situation épidémique ne justifiait plus une obligation.
05:58 Et cette vaccination protège des formes graves et protège moins bien de l'infection.
06:03 Donc, il y avait des raisons de supprimer l'obligation.
06:07 Néanmoins, il reste une très forte recommandation pour que les patients ne soient pas contaminés
06:12 au contact des personnels de santé et qu'inversement, les personnels de santé ne s'infectent pas
06:17 au contact des malades.
06:18 Ce qui survient en ce moment.
06:20 Fréquemment, il y a beaucoup de personnels de santé qui s'infectent.
06:22 D'où l'importance du port du masque que vous rappeliez il y a quelques minutes.
06:27 Vaccin contre le Covid et contre la grippe en même temps ?
06:31 Oui, c'est ce qui est préconisé en France et partout dans le monde.
06:33 Il n'y a absolument aucun désagrément et au contraire tout avantage à vacciner en
06:39 même temps.
06:40 C'est un gain de temps.
06:41 On sait que ça marche aussi bien.
06:43 Il faut vacciner dans les deux bras.
06:44 Et dans quel lieu aura lieu cette campagne de vaccination ?
06:47 Comment est-ce que ça va s'organiser ?
06:48 Ça va se faire de façon très simple.
06:51 Soit chez le médecin, soit chez le pharmacien.
06:53 Les infirmières peuvent le faire.
06:54 Les sages-femmes peuvent le faire.
06:55 Donc, l'élargissement aux personnes de santé plus large, plus divers est tout à
07:00 fait programmé.
07:01 Donc, les personnes à risque, on l'a bien compris, et les personnels de santé, pour
07:06 les autres, ils sont toujours protégés par les vaccins qu'ils ont pu faire en 2020
07:12 et 2021, si ma mémoire est bonne, parce que ça me paraît très loin maintenant.
07:15 Oui.
07:16 En fait, si on a été vacciné, si on a eu le Covid, on a acquis un certain nombre de
07:21 défenses immunitaires.
07:22 Et si on a moins de 60 ans, on a une capacité à maintenir dans la durée ces défenses
07:28 immunitaires qui vont protéger pas tellement de l'infection, donc on risque encore d'être
07:33 infecté, mais qui vont protéger des formes graves.
07:34 Ce vaccin qui sera donc administré peut-être dans un mois, peut-être un petit peu plus
07:40 tôt, Brigitte Autran, est-ce qu'il sera efficace contre le variant qui a été détecté
07:44 en France la semaine dernière, Pirola ou encore BA286 ?
07:50 D'abord, ce vaccin est calibré pour faire face au variant qui circulait fin juin, qui
07:57 s'appelle XBB1.5.
07:58 C'est vraiment des noms de codes épouvantables.
08:00 Et le variant majoritaire aujourd'hui, qui s'appelle ERIS ou EG5.1, étant un bébé
08:06 du précédent, on sait que le vaccin va bien protéger contre ce variant.
08:11 Pour ce qui est de BA2.86, qui est très muté par rapport au variant actuel et dont on ne
08:19 connaît pas encore le potentiel évolutif, il est vraisemblable que le vaccin qui est
08:24 proposé cette année sera vraisemblablement le meilleur vaccin qu'on puisse proposer
08:28 contre BA2.86.
08:29 On n'a pas encore les preuves expérimentales de cela.
08:32 Donc on attend ça dans les prochains jours ?
08:34 Voilà, on attend ça dans les prochains jours ou les toutes prochaines semaines.
08:37 Le virus continue de muter, c'est sa vie normale ?
08:41 C'est sa vie normale.
08:42 Et il en sera ainsi éternellement, si je puis dire ?
08:45 Alors, on imagine que ça n'est pas pour l'éternité et qu'il y aura un jour où le virus ne trouvera
08:52 plus de mutation qui lui permettra de survivre suffisamment bien.
08:55 Il pourra peut-être encore échapper au système immunitaire, mais ça sera pour lui, au dépend
09:00 de sa capacité à infecter.
09:02 Donc il y a un moment où ça va se stabiliser, mais on ne sait pas quand.
09:05 Question de Cécile de Paris qui nous demande pourquoi les tests, on ne teste pas systématiquement
09:10 et de manière gratuite surtout.
09:12 Pourquoi les tests ne sont plus gratuits ?
09:13 Eh bien, la gratuité des tests avait été retirée lorsque l'épidémie avait été réduite
09:22 de façon très importante en fin d'hiver et au printemps.
09:25 S'il devait y avoir une reprise épidémique, je pense que la question va être considérée
09:30 très rapidement.
09:31 Brigitte Autran, il y a des patients qui souffrent du Covid depuis des mois, ceux qui sont atteints
09:34 de Covid.
09:35 L'Onge lisait récemment qu'aux Etats-Unis, c'est encore 6% des adultes contre 7,5% l'an
09:42 dernier qui en souffrent.
09:43 Ça diminue peu, on n'arrive pas à les guérir.
09:46 Est-ce qu'on sait pourquoi ? Est-ce qu'on a des chiffres pour la France ?
09:49 On a peu de chiffres pour la France.
09:51 On disposait de chiffres initiaux qui faisaient état de 2 millions de personnes souffrant
09:56 de Covid long pendant les premières phases de la pandémie en 2021 et début 2022.
10:03 On sait que beaucoup de ces personnes ont guéri spontanément et que leurs symptômes
10:08 ont régressé, mais on sait que certains de ces patients qui étaient malades depuis
10:12 deux ans sont encore malades.
10:14 Et puis le Covid continue à circuler, il peut encore y avoir des Covid longs.
10:19 Néanmoins, le fait d'avoir été vacciné permet de diminuer la fréquence de ces Covid
10:26 longs.
10:27 Et donc le Covars est en train de finaliser un avis pour le gouvernement sur la prise
10:31 en charge de ces Covid longs.
10:33 Effectivement, il faut absolument considérer...
10:35 Il faut être meilleur sur cette prise en charge aujourd'hui ? On est mauvais sur ce
10:40 plan-là ?
10:41 On n'est pas mauvais, mais on pourrait être meilleur.
10:42 Brigitte Autran, vous surveillez aussi la progression d'autres maladies.
10:46 Je voudrais qu'on parle des maladies tropicales en France métropolitaine.
10:49 La dengue notamment.
10:50 L'an dernier, la situation avait été exceptionnelle selon Santé publique France.
10:55 Est-ce que vous avez des retours pour cet été ?
10:57 Oui, tout à fait.
10:58 La situation est moins exceptionnelle cet été.
11:00 On l'attribue au fait qu'il y a eu une saison plutôt sèche, en tout cas dans les zones
11:04 sud de la France, et le moustique a vraisemblablement moins circulé.
11:09 Le moustique tigre, le porteur.
11:11 Voilà, et le virus a moins circulé.
11:13 Néanmoins, il y a une très forte épidémie aux Antilles actuellement, très très importante,
11:20 et c'est la période de retour des vacanciers des Antilles.
11:24 Donc il faut rester extrêmement vigilant.
11:27 On n'est pas encore à la fin de la période épidémique potentielle, et c'est fin septembre
11:32 qu'on pourra faire un bilan plus complet de la dengue.
11:35 Je voudrais rajouter qu'il y a une nouvelle maladie qui a fait son apparition sur le territoire
11:38 français, qui est également transmise par les moustiques, également venue de ce groupe
11:45 de maladies d'origine équatoriale qu'on appelle le West Nile Virus et la fièvre Usutu,
11:52 des noms à nouveau très compliqués, plus sérieuses que la dengue.
11:58 Il y a eu une quinzaine de cas en France, mais la difficulté...
12:02 Métropolitaine et Outre-mer ?
12:03 Métropolitaine.
12:04 Et en France, il y a eu plus de cas encore en Italie, en particulier en Italie du Nord,
12:09 et la particularité de cette infection, c'est qu'elle touche également les oiseaux et les
12:14 chevaux.
12:15 Et donc on est dans ce que l'on appelle le concept "one else", avec une transmission
12:20 de l'animal à l'homme, une difficulté d'évaluer précisément cette infection, et nous travaillons
12:25 également sur ce sujet.
12:27 Quels sont les symptômes de ce virus, Brigitte Autran ?
12:29 Ça peut commencer par un commun.
12:30 Très bien, je reviens sur ce que vous nous disiez sur la dengue, retour de vacanciers
12:37 des Antilles, je rentre des Antilles, est-ce qu'il y a une précaution particulière à
12:39 prendre ?
12:40 Si on a de la fièvre, allez consulter, se faire tester.
12:43 Un mot d'un autre vaccin, on a parlé de la campagne de vaccination qui débuterait
12:49 concernant le Covid-19 et concernant la grippe, vous verrez si la date du 17 octobre doit
12:53 bouger.
12:54 Il y en a un qui concerne les enfants, c'est le vaccin contre le papillomavirus.
12:58 Qu'est-ce que c'est que le papillomavirus ?
13:00 Les papillomavirus sont des virus très fréquents qui infectent quasiment tous les adultes,
13:06 et pour certains d'entre eux qui sont responsables de cancers.
13:09 De cancers très sévères, de cancers génitaux, de cancers de l'utérus, mais aussi du canal
13:15 anal, mais également des cancers de la gorge, des cancers de la peau.
13:18 Et il existe un excellent vaccin qui a été développé depuis une quinzaine d'années
13:24 et autorisé depuis une quinzaine d'années, et la France est terriblement en retard dans
13:28 la vaccination.
13:29 Tous nos voisins européens et des grands pays les plus riches ont vacciné 90% de leurs
13:37 adolescents.
13:38 Nous, nous sommes à moins de 50%.
13:40 Donc c'est la raison pour laquelle il faut vraiment très sérieusement mettre en place,
13:45 et c'est bien cette campagne de vaccination, il faut que la France rattrape ce retard.
13:49 C'est 6000 nouveaux cas de cancer par an, plus de 1100 décès, c'est ça dans notre
13:54 pays chaque année.
13:55 La campagne va concerner cette année les collégiens de cinquième.
13:59 Tout à fait, puisque l'indication est entre 11 et 14 ans.
14:02 Tous les élèves seront vaccinés ?
14:03 Alors ça n'est pas obligatoire, et bien évidemment ceux qui sont déjà vaccinés,
14:07 ils ne seront pas revaccinés, mais cela permet aux enfants qui n'ont pas été vaccinés
14:13 de pouvoir le faire en accord bien évidemment avec leur famille.
14:16 Merci à vous Christine Autran.
14:18 Je rappelle, excusez-moi parce que j'ai eu une question de Christine, d'où mon équivoque.
14:24 Question de Christine, pouvez-vous rappeler que le masque se porte sur la bouche et sur
14:27 le nez ?
14:28 Tout à fait.
14:29 On le fait volontiers.
14:30 Merci à vous.
14:31 Brigitte Autran, invitée de ce 13-14, présidente du comité de veille et d'anticipation des
14:38 risques sanitaires, le Covars, 13h45.