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Le 13/14 reçoit aujourd'hui, mardi 14 mai 2024, Julie Benetti, rectrice de l'académie de Créteil.

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00:00Bonjour Julie Bénéti, merci d'être avec nous dans ce 13-14, vous êtes la rectrice de l'Académie de Créteil, deuxième de France, 65.000 enseignants, 900.000 élèves, sous votre responsabilité sur trois départements, Val-de-Marne, Seine-et-Marne et Seine-Saint-Denis, nous vous avons invité pour parler de la difficulté, toujours impersistante, pour l'éducation nationale de recruter, pas assez de candidats pour devenir professeur des écoles dans le primaire, a confirmé votre ministre Nicole Belloubet la semaine dernière.
00:2924% de candidats en moins par rapport à 2019 et moins 38% pour les candidats au CAPES, toujours par rapport à 2019, là ça concerne donc les futurs professeurs en collège et en lycée, j'attends sur ce sujet, les questions des auditeurs de France Inter qui peuvent concerner, je le dis, toutes les académies, tant qu'elles n'entrent pas trop dans le détail des situations locales, évidemment, 0145 24 7000, pour nous appeler, vous passez également par l'application France Inter, Julie Bénéti, j'ai donné ces chiffres, ils correspondent à ce qui se
00:59passe dans votre académie, effondrement des vocations depuis le Covid ? Non, je ne parlerai pas d'un effondrement des vocations, il y a des tensions, vous l'avez rappelé, sur le recrutement et en effet, tous les postes ne pourront pas être pourvus par la voie du concours, pour autant, je veux rappeler que dans l'académie de Créteil, le nombre de candidats au concours classique de professeurs des écoles continue d'augmenter, cette année encore, plus de 4000 candidats inscrits, c'est-à-dire 400 candidats de plus qu'en 2022 et puis par ailleurs, du fait
01:30des besoins très importants qui sont les nôtres, vous l'avez rappelé, nous sommes deuxième académie de France, 900 000 élèves, nous bénéficions de deux concours supplémentaires, le concours supplémentaire et le concours dédié au personnel contractuel et ce sont ainsi plus de 6000 candidats qui se sont inscrits pour 1600 postes à pourvoir.
01:47Mais si on regarde quand même sur l'avant Covid, on a une rupture, on a clairement moins de candidats, j'ai donné ce chiffre de moins 38% pour le CAPES au plan national.
01:57Alors, il est vrai, je l'indiquais encore, que nous avons des concours qui ne permettent pas d'assurer tous les recrutements dont nous avons besoin, mais une fois encore, il faut là aussi relativiser cette crise supposée des vocations.
02:13Je vais vous donner un seul exemple, dans l'académie de Créteil, nous avons trois parcours préparatoires aux professeurs à des écoles, donc un partenariat entre lycée et université, nous proposons 100 places et nous avons 2000 candidats inscrits sur Parcoursup pour ces 100 places, d'où l'importance de proposer aussi des parcours de formation visibles ad hoc dès l'obtention du bac pour répondre à cette demande.
02:35Et c'est tout l'enjeu de la formation initiale de nos professeurs que de proposer ces licences préparatoires aux professeurs à des écoles.
02:44Tous les postes ne seront pas pourvus, c'est ce que vous nous avez dit Julie Benéti, ça veut dire que ça va poser problème à la rentrée pour les titulaires, il va manquer des titulaires ? Pour les remplaçants, il va manquer des remplaçants ?
02:53Alors nous allons, si vous voulez, évidemment pourvoir l'essentiel de nos postes par la voie des concours, j'y insiste encore, et en effet faire appel à un certain nombre de personnels contractuels, vous l'avez rappelé nous avons 65 000 enseignants dans l'académie de Créteil.
03:12Donc contractuels ce sont des personnes qui n'ont pas eu le concours ?
03:15Alors en réalité ce sont le plus souvent des personnes en reconversion, elles représentent moins de 10% de l'ensemble de nos enseignants à l'échelle de l'académie, essentiellement des personnes en reconversion, ce sont par exemple des experts comptables qui vont enseigner l'économie-gestion,
03:30ce peut être encore par exemple des assistants juridiques en gestion-administration, d'anciens responsables de vente, ou bien encore d'anciens journalistes.
03:44Ce qui compte pour nous c'est que le processus de recrutement garantisse la qualité de ce recrutement, c'est pour ça qu'on est très attentif d'une part à la condition de diplôme, à ce que l'expérience professionnelle soit en phase évidemment avec la discipline enseignée,
03:57et puis lorsque ce premier examen permet de vérifier que les conditions sont requises, il y a un entretien avec l'inspecteur disciplinaire, avec l'inspecteur de référence pour la discipline, qui permet de vérifier à la fois que les compétences disciplinaires sont là, mais également qu'il y a une aptitude à transmettre le savoir.
04:16Il signe un contrat pour un an avec vous ?
04:18Pour deux ans, tout à fait, et nous veillons à ce que ce recrutement soit anticipé dès le 1er juin, de manière à proposer un parcours d'accompagnement et de formation jusqu'à la prise de poste, avec un certain nombre de sessions de formation, à la fois transversales et disciplinaires, des séquences d'observation et d'immersion en établissement,
04:37et puis après la prise de poste, cet accompagnement et cette formation se poursuivent pendant trois ans, avec en particulier une préparation spécifique au concours de recrutement auquel bon nombre de nos contractuels se présentent.
04:50Quel pourcentage y représentent ces contractuels ?
04:52Moins de 10% à l'échelle de notre Académie, absolument.
04:55Je voudrais qu'on accueille Servane, qui nous appelle non pas de l'Académie de Créteil mais de Rouen. Bonjour Servane !
04:59Bonjour !
05:00Vous êtes professeure vous-même ? Vous avez un poste aujourd'hui ?
05:03Alors je suis TZR, donc je suis titulaire d'une zone de remplacement, donc je suis remplaçante en fait.
05:08C'est de votre choix ou vous attendez plutôt un poste fixe ?
05:12Non non, j'attends un poste fixe, là c'est ma 9ème année et je suis toujours TZR et ça commence à être très très long, donc non j'aimerais beaucoup un poste fixe, mais malheureusement ça ne s'est jamais présenté et a priori pour la rentrée prochaine ce sera encore du remplacement, il y a de grandes chances en tout cas.
05:28C'est une situation que vous constatez peut-être autour de vous avec d'autres collègues à vous qui ont pu passer le concours il y a quelques années ?
05:34Oui oui, là on a passé le CAPES dans ma promo en 2015, on était un peu plus d'une vingtaine, a priori il y en a très peu qui ont un poste fixe aujourd'hui et il y en a surtout beaucoup, enfin pas la majorité mais il y en a une bonne partie qui ont démissionné ou qui sont en train d'essayer de démissionner parce que vraiment le fait qu'on n'ait pas de poste fixe au bout de plusieurs années, enfin 9 ans c'est quand même long et ça commence vraiment à peser.
05:57J'ai plusieurs copains, pas de ma promo mais des gens que j'ai rencontrés plus tard qui ont fini par quitter l'éducation nationale parce que ça devenait trop lourd chaque année de devoir tout recommencer à zéro.
06:09Moi ça m'est arrivé vraiment plusieurs années d'apprendre où j'allais travailler la veille de la rentrée, j'ai des copains ils ont appris où ils allaient travailler le jour de la rentrée et ça devient vraiment compliqué.
06:21En plus il y a la vie personnelle à gérer à côté, quand on commence à avoir des enfants, changer d'établissement tous les ans, c'est vraiment compliqué.
06:29Et d'autant qu'on commence à se rendre compte avec d'autres copains TZR qu'il y a certains postes qui sont près de chez nous parfois et qui sont réservés à des contrats actuels et ça passe assez mal j'avoue.
06:42Merci Servane pour ce témoignage, Julie Bénéti est-ce que ce sont des situations que vous connaissez des professeurs qui enchaînent comme ça les postes de remplacement pendant des années ?
06:53Alors d'abord par principe nos personnels titulaires et Madame l'a rappelé, elle est TZR c'est-à-dire titulaire en zone de remplacement.
07:00Bien sûr par principe nos titulaires ont vocation à être affectés avant nos personnels contractuels et les personnels contractuels viennent couvrir des besoins qui restent vacants après l'affection des titulaires.
07:12C'est-à-dire que si il y a un poste libre il doit aller au profil de Servane ?
07:15Absolument et puis par ailleurs ce qu'indique Madame et elle a raison de le souligner c'est que nous devons pouvoir anticiper le mieux possible nos besoins de remplacement de manière à ce que nos TZR soient prévenus en temps utile.
07:26Mais il est vrai que nous faisons également face à des absences inopinées par exemple pour un congé, maladie, un mi-temps thérapeutique et donc dans ces conditions effectivement nous sommes aussi amenés à solliciter nos remplaçants dans des délais très contraints.
07:40Une question de Clarisse là, ça concerne votre académie Julie Benetti, je suis membre d'une association de parents d'élèves en Seine et Marne, il manque des postes dans un collège.
07:48Il y a six classes qui n'ont pas eu physique-chimie de l'année, je n'ai pas le nom du collège donc je ne peux pas vous donner la situation précise mais elle nous dit on a adressé des courriers, on n'a jamais eu de réponse.
07:58Est-ce qu'on est dans une situation de tension qui fait que parfois on ne peut pas remplacer des professeurs sur des temps assez longs ?
08:05Oui nous avons des tensions sur le remplacement de longue durée, alors là encore il faut vraiment distinguer suivant les disciplines.
08:11On a notamment cette année une tension sur les lettres ou sur la physique-chimie, absolument c'est le cas aussi.
08:17Nous avons également des tensions en fonction des territoires et il est vrai que certains territoires plus ruraux ou isolés sont plus difficiles à couvrir.
08:27C'est la raison pour laquelle tous les services académiques et les corps d'inspection sont mobilisés pour pouvoir à ces remplacements de longue durée et que nous sommes extrêmement attentifs à répondre aux sollicitations,
08:40qu'elles soient celles des chefs d'établissement mais également des parents d'élèves puisque bien évidemment on comprend à la fois l'inquiétude et puis quelquefois la colère lorsque des remplacements ne sont pas assurés comme ils le devraient.
08:51Clarisse nous parle de la Seine-et-Marne, il y a un mouvement aussi avec certains professeurs personnels soutenus par une partie des parents dans le département de Seine-Saint-Denis où il y a une demande de recrutement qui est formulée de plusieurs milliers de professeurs.
09:03Un rapport parlementaire rendu à l'automne dernier soulignait la difficulté à remplacer les enseignants absents dans ce département plus qu'ailleurs en France.
09:11Est-ce que vous avez aujourd'hui réussi à avancer sur ce dossier-là ? Où est-ce qu'on en est ? Qu'est-ce que vous avez à dire aux parents d'élèves de ce département ?
09:19Que le premier enjeu est celui de l'attractivité du territoire. L'attractivité du territoire du département de la Seine-Saint-Denis à la fois pour les personnels mais aussi pour les familles.
09:28Pour les personnels c'est tout l'enjeu de la prime de fidélisation qui avait été décidée à l'occasion du plan en 2019 un état plus fort en Seine-Saint-Denis.
09:36Une prime de fidélisation qui a été revalorisée cette année portée à 12 000 euros pour nos enseignants après cinq ans d'exercice dans le département.
09:44Mais il y a également un enjeu d'attractivité pour les familles. On sait qu'il y a un phénomène d'évitement de certains établissements.
09:51Et c'est tout l'objet du plan que nous co-construisons avec le conseil départemental pour justement veiller à cette meilleure attractivité
09:58et à ce que les conditions d'enseignement les meilleures soient garanties à tous nos élèves quel que soit leur lieu de scolarisation.
10:04Quand vous dites évitement Julie Bénéti ça veut dire que des professeurs ne veulent pas venir enseigner en Seine-Saint-Denis
10:10et que donc ça crée des problèmes pour qu'il y ait un enseignant devant chaque classe ?
10:15C'est tout l'enjeu justement. C'est d'abord de donner à voir ce département pour ce qu'il est et de pouvoir rendre justice, j'allais dire,
10:23à la qualité de l'enseignement qui est dispensé, à l'implication de nos enseignants, à l'implication également des familles qui attendent beaucoup de l'école à juste titre.
10:31Et je crois qu'il faut que nous soyons très attentifs à pouvoir donner aussi l'image d'un département attractif pour nos personnels comme pour les élèves et leurs familles.
10:40Mais qu'est-ce que vous pouvez faire ? Ça vaut pour le 93 je crois que vous avez identifié 40 collèges sur 130 dans lesquels les parents ne veulent pas envoyer leurs enfants.
10:50Ils font tout pour que leurs enfants n'y aillent pas. Ça se produit aussi dans d'autres départements évidemment.
10:55Que peut faire un recteur, une rectrice comme vous pour régler ce problème-là ? Parce que ça a des conséquences terribles. C'est un phénomène de ségrégation au final.
11:03Bien sûr. Alors je crois que d'abord il faut évidemment co-construire et c'est ce à quoi nous nous employons avec le conseil départemental et avec le président du conseil départemental Stéphane Troussel.
11:12C'est la raison pour laquelle ensemble nous avons déterminé les collèges dans lesquels dès la rentrée prochaine nous allons mettre en place des sections d'excellence,
11:21veiller à une plus grande mixité sociale et scolaire, être attentifs également aux moyens de vie scolaire, être attentifs également pour ce qui concerne le conseil départemental à la question du bâti et des conditions d'accueil des personnels et des élèves.
11:33Il faut que nous puissions co-construire ensemble une fois encore pour que les familles, les élèves, les personnels trouvent dans tous les établissements du département les meilleures conditions d'enseignement et d'apprentissage.
11:43Absolument, on vérifie que lorsqu'il y a cet effort co-construit et cet effort pérenne pour assurer les meilleures conditions d'enseignement et pour favoriser cette mixité sociale et scolaire qui est indispensable, on vérifie en effet qu'il y a une plus-value immédiate par rapport à l'attractivité de l'établissement.
12:08On a beaucoup entendu parler ces dernières semaines du niveau d'exigence au concours du CAPES.
12:13Alors Jacqueline nous dit, j'ai entendu dire que le niveau de recrutement des candidats était particulièrement bas, autour de 5 sur 20. Est-ce que c'est vrai ?
12:21D'abord s'agissant du CAPES, vous l'avez dit, les concours pour recruter les professeurs des collèges et lycées, il y a des exigences à la fois disciplinaires et didactiques pour chaque discipline et puis des jurys de concours qui sont très attentifs, je peux vous l'assurer, à la qualité du recrutement de leurs futurs collègues.
12:42Le CAPES est un concours national mais s'agissant du concours de recrutement des professeurs des écoles qui est un concours régional à l'échelle de l'académie, je peux vous assurer que nous avons exactement les mêmes exigences en termes de qualité de recrutement.
12:55Donc à 5 sur 20, normalement on n'a pas son CAPES ?
12:59Non mais il est très surprenant qu'on oppose toujours à l'académie de Créteil une barre d'admission sans considérer que nos candidats sont reçus au concours avec une moyenne générale de 12,5 sur 20 et que même pour certains d'entre eux, ils obtiennent leur concours avec une moyenne de 20 sur 20 aux épreuves.
13:12Merci Julie Bénéti d'avoir accepté notre invitation aujourd'hui dans ce 13-14, je rappelle que vous êtes la rectrice de l'académie de Créteil, 13h45 sur Inter.

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