Depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, en février 2022, les commentaires comme les déclarations à son sujet traduisent une large ignorance, aussi bien de l'histoire de la Russie, que de celle de ses relations avec la France. Tissés dès le milieu du XIème siècle par le mariage d'une princesse de Kiev, " la mère des villes russes ", avec le troisième roi capétien, Henri Ier, les liens des deux pays ont connu jusqu'à nos jours toutes les formes imaginables : la méconnaissance, le mépris, la méfiance, l'hostilité et les guerres, mais aussi l'attirance réciproque, les alliances, la solidarité en face de l'ennemi commun, et même la fascination idéologique.
Pour retracer cette histoire, Guillaume Fiquet reçoit Daniel de Montplaisir, historien spécialiste des relations internationales et auteur de "France-Russie, la grande Histoire - D'Anne de Kiev à Vladimir Poutine", paru au éditions Mareuil.
Pour retracer cette histoire, Guillaume Fiquet reçoit Daniel de Montplaisir, historien spécialiste des relations internationales et auteur de "France-Russie, la grande Histoire - D'Anne de Kiev à Vladimir Poutine", paru au éditions Mareuil.
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00:00 *Musique épique*
00:02 *Musique épique*
00:31 Chers téléspectateurs de TV Liberté, bonjour et bienvenue dans "Passé-présent",
00:36 votre émission historique présentée en partenariat avec la revue d'histoire européenne.
00:41 Aujourd'hui, une émission réalisée dans des conditions particulières,
00:45 puisque nous serons en duplex de Montréal, avec notre invité pour évoquer une longue période,
00:51 un presque millénaire de relations entre la France et la Russie, d'Anne de Kiev à Vladimir Poutine.
00:57 Les liens entre les deux pays sont connus et connaissent encore toutes les formes,
01:02 la méconnaissance, le mépris, la méfiance, l'hostilité, quelques guerres,
01:06 mais également une attirance réciproque des alliances, des solidarités face à des ennemis communs,
01:11 voire même pour certains, au milieu du XXe siècle, une fascination idéologique.
01:15 Pour en parler, je reçois donc Daniel de Montplaisir, auteur de "France-Russie, la grande histoire",
01:21 paru aux éditions Mareuille.
01:24 Daniel de Montplaisir, bonjour.
01:26 Bonjour.
01:27 Et bonjour à Montréal. Je rappelle à nos téléspectateurs que vous êtes conseiller honoraire de l'Assemblée nationale,
01:34 et historien, un spécialiste de l'histoire des relations internationales,
01:38 puisque vous êtes déjà l'auteur de "Quand le Lys terrassait la Rose",
01:42 "700 ans de victoire française sur l'Angleterre", et de "Quand le Lys affrontait les aigles",
01:47 "Milan de démêlés franco-allemandes", tous deux également chez Mareuil Éditions.
01:53 Alors, "Milan d'histoire franco-russe en 30-40 minutes", ça va faire court,
01:57 donc nous allons essayer de les survoler en nous arrêtant sur des périodes charnières.
02:03 J'évoquais dans mon introduction le personnage d'Anne de Kiev,
02:07 qui épousa en 1051 Henri Ier, le troisième Capétien à porter la couronne.
02:13 D'abord une précision, parce que bien évidemment Kiev, pour nous aujourd'hui, c'est en Ukraine et c'est d'actualité,
02:20 mais à l'époque on l'appelait d'abord la Principauté kievienne, voire la Russie de Kiev, ou encore la Ruténie.
02:27 Donc pouvez-vous nous faire un petit point d'histoire, un petit point sur ce qu'étaient véritablement
02:31 la Principauté de Kiev et Anne de Kiev ?
02:34 Alors c'est effectivement assez complexe et souvent difficile à comprendre de nos jours,
02:38 puisque la géopolitique depuis le 11e siècle a énormément évolué.
02:43 Kiev, paradoxalement, curieusement, c'est la capitale historique de la Russie.
02:49 C'est là où la Russie est née, on a longtemps appelé Kiev d'ailleurs la mère des villes russes.
02:55 Ça c'est notamment le cas lorsque Anne de Kiev épouse Henri Ier, la princesse de Kiev est une princesse russe.
03:04 Son père, Yaroslav le Sage, peut être considéré comme un des premiers princes russes.
03:10 Ce qui se passe au cours des siècles suivants, c'est que le centre de gravité de la Russie se déplace,
03:16 se déplace de la région de Kiev vers la région de Moscou, vers la Moscovie,
03:20 et ensuite au 17e et 18e siècle, il se déplace carrément jusque vers la Baltique,
03:26 lorsque Saint-Pétersbourg devient la première grande capitale véritable de l'Empire russe.
03:32 À ce moment-là, Kiev est un peu rejeté vers le sud de l'Empire.
03:37 En plus, il est presque à la frontière de l'Empire ottoman, avec des guerres quasiment incessantes contre les Turcs.
03:44 Mais Kiev reste incontestablement une ville russe.
03:48 Qu'est-ce qui a poussé les Capétiens à aller chercher une princesse si lointaine ?
03:54 C'est un changement de position dans l'Église et également dans les grandes dynasties royales.
04:02 On se mariait beaucoup jusque-là entre cousins, y compris entre cousins germains.
04:06 Ces mariages qu'on appelait endogamiques, on a constaté qu'ils étaient assez dangereux.
04:12 L'Église a complètement tourné Kazakh au début du XIe siècle et a dit que ces mariages étaient terminés.
04:18 Maintenant, il faut même se marier avec quelqu'un qui est votre cousin ou votre cousine,
04:23 pas avant le 7e ou 8e degré, ce qui est très très loin, comme vous pouvez imaginer.
04:28 À ce moment-là, on se met à chercher des princesses lointaines.
04:32 C'est comme ça que Henri Ier, plutôt son entourage, va trouver cette princesse de Kiev.
04:37 À l'époque où Kiev, au XIe siècle, est une ville extrêmement prestigieuse, une des plus belles villes d'Europe.
04:43 C'est une vraie puissance à l'époque.
04:45 Une vraie puissance.
04:46 Anne de Kiev a laissé des traces dans l'histoire de France.
04:50 Je sais qu'il y a une statue d'elle à Saint-Lys.
04:52 Elle est devenue régente, même à la mort de Louis XIII.
04:57 Quel rôle a-t-elle eu ? On a des sources encore ?
05:01 On ne sait pas grand-chose.
05:03 On ne sait même pas en quelle année elle est morte et on ne sait même pas où elle est enterrée.
05:07 Probablement à Saint-Lys, où elle avait fondé des monastères.
05:10 Elle a eu trois rôles essentiels, donc pas si négligeables que ça.
05:15 D'abord, elle s'est beaucoup occupée de l'éducation de son fils, qui va devenir le roi Philippe Ier.
05:20 Ce qui n'est pas rien.
05:22 Deuxièmement, elle a eu un rôle de charité chrétienne extrêmement important.
05:27 C'était une femme très charitable, qui portait secours aux malheureux,
05:32 qui a fondé plusieurs abbayes et monastères,
05:35 à charge pour eux d'avoir une activité caritative.
05:39 Régente, on ne peut pas dire qu'elle ait eu un rôle politique,
05:42 mais elle a souvent servi de tampon entre les grands seigneurs qui avaient tendance à se disputer.
05:47 Vous parliez de charité chrétienne.
05:50 La religion a son importance, puisque trois ans après son mariage,
05:54 c'est le schisme d'Orient, en 1054,
05:58 qui va finalement stopper les relations entre l'Est et l'Ouest,
06:03 entre la Russie d'un côté et les puissances occidentales de l'autre.
06:07 Vous avez raison d'utiliser cette formule,
06:09 parce que c'est vraiment le premier rideau de fer qui se met en place.
06:13 À partir du changement de religion en Russie,
06:18 la Russie perd le contact avec l'Ouest,
06:22 les religions orthodoxes et catholiques cessent de se fréquenter,
06:26 ne se font pas la guerre, parce qu'il y a d'immenses territoires au milieu,
06:30 qui sont souvent des territoires un peu inexploités.
06:32 Mais ces relations, c'est-à-dire une chose qu'on a encore du mal à comprendre,
06:36 et même à expliquer, la religion ne pouvant pas tout justifier,
06:39 mais c'est vrai qu'il y a un comportement d'ignorance qui va durer plusieurs siècles,
06:43 et dont le seul facteur que l'on considère comme déterminant, effectivement,
06:47 c'est la rupture religieuse.
06:48 Une ignorance qui va durer presque 600 ans.
06:51 Presque 600 ans.
06:52 On ne va pas faire l'histoire de la Russie, ce n'est pas le sujet.
06:55 Donc, rapidement, durant ces 600 ans, la Russie connaît une histoire un peu chaotique,
07:00 notamment en termes de succession, à chaque fois les successions de Tsars à l'autre,
07:04 ne se passent pas forcément dans le calme.
07:07 Alors, l'histoire de la Russie pendant ces six siècles est on ne peut plus chaotique.
07:11 D'abord parce qu'elle est confrontée en permanence à des ennemis,
07:15 et à des ennemis dangereux qui risquent même de la faire disparaître.
07:17 C'est le cas de la Lituanie à un moment donné,
07:20 même si aujourd'hui c'est un petit pays, c'est étonnant,
07:22 mais à l'époque la Lituanie a bien manqué, mangeait la Russie.
07:25 C'est le cas de la Suède, c'est le cas de la Pologne qui est une grande puissance,
07:28 et c'est le cas surtout de l'Empire turc.
07:31 Et alors en même temps, parallèlement à ces menaces venant de l'étranger,
07:35 vous avez des menaces internes fondamentales.
07:37 Je ne sais plus quel philosophe français qui disait
07:40 « la Russie finalement c'est un régime dictatorial tempéré par les assassinats ».
07:45 Parce que régulièrement, le Tsar effectivement se fait assassiner,
07:49 il y a des intrigues de palais,
07:51 et cette image de pouvoir un petit peu barbare et chaotique
07:55 va faire beaucoup de mal à l'image de la Russie en France jusqu'au XVIIe siècle.
08:00 - Au XVIIe siècle justement, c'est en 1629, sous Louis XIII,
08:05 qu'il y a une première ambassade qui est envoyée en Russie.
08:08 Qu'est-ce qui se passe en Russie ? Ça se stabilise un peu à ce moment-là ?
08:11 - Ça se stabilise un peu, les Romanov sont arrivés au pouvoir.
08:15 Le pouvoir commence à s'institutionnaliser,
08:18 il commence à y avoir des règles, il commence à y avoir une cour,
08:20 il commence à y avoir une organisation.
08:22 Donc le pays devient un petit peu plus fréquentable.
08:25 Alors il y avait toujours eu des marchands qui échangeaient, bien entendu,
08:29 mais politiquement il ne se passait rien.
08:31 Et là effectivement, au moment du règne de Louis XIII,
08:34 et dans la perspective du mariage de Louis XIV,
08:37 on convient de part et d'autre d'échanger de nouveau des ambassadeurs.
08:40 - Oui, vous parliez de mariage, il y a eu plusieurs temps,
08:43 enfin on va avancer, faire un petit bond dans l'histoire très rapide.
08:46 Il y a eu, je crois, quatre tentatives de mariage qui n'ont jamais abouti.
08:50 - Et oh, il y a eu des tentatives de mariage avec Louis XV,
08:53 des tentatives de mariage avec Napoléon,
08:56 des tentatives de mariage avec le Duc de Berry, le fils de Charles X,
09:00 et même des tentatives de mariage avec le Comte de Chambord,
09:03 le petit-fils de Charles X, dernier roi légitime de France.
09:07 - Alors, 1629, ensuite en 1668, c'est au tour d'une ambassade de Russie
09:12 de venir en France, là nous sommes sous Louis XIV,
09:15 et là ça se passe bien, il y a un traité commercial qui...
09:20 - Alors voilà, on signe un premier traité de commerce,
09:23 le commerce était déjà prépondérant, voyez-vous, à cette époque-là.
09:26 Mais politiquement, on reste encore un petit peu méfiant,
09:28 et puis surtout les pays ne mesurent pas véritablement leurs intérêts.
09:32 La Russie, je le répète, est encore menacée sur ses frontières,
09:35 et le problème de la France, après avoir été l'Angleterre et la guerre de Cent Ans,
09:39 le problème de la France, c'est l'Autriche et l'Espagne.
09:41 - Alors comment se passe d'ailleurs cette première ambassade ?
09:44 Est-ce que l'on sait s'il y a eu un choc, non pas de civilisation,
09:48 mais un choc de culture ? Quelles étaient les impressions des uns et des autres ?
09:51 - Oui, alors il y a eu quelques...
09:53 On ne connaît pas hélas les impressions du côté russe.
09:57 On a en revanche les impressions du côté français,
09:59 notamment grâce aux mémoires du Duc de Saint-Simon.
10:02 Le Duc de Saint-Simon était un narrateur un peu haut en couleurs.
10:06 Alors, ces Russes fournissent une double impression.
10:09 D'abord, on est évidemment étonné par leur tenue, leur côté un peu frusque,
10:13 ils parlent très fort.
10:16 Mais en même temps, Saint-Simon remarque un certain raffinement
10:21 dont les Français ne soupçonnaient pas du tout les Russes.
10:25 - Alors, le XVIIIe siècle, lui, va marquer un tournant
10:29 dans les relations entre la France et la Russie.
10:33 Le règne de Pierre le Grand, le règne de Catherine II, on va y venir.
10:36 Donc tout commence véritablement avec Pierre le Grand,
10:39 qui lui est attiré par la France.
10:42 - Qui vient à Versailles.
10:44 - Alors, quand Pierre le Grand vient en France, il fait un véritable tour d'Europe.
10:48 Il veut ouvrir la Russie.
10:51 C'est le premier qui a vraiment décidé de mener une politique d'ouverture à l'ouest.
10:55 Après, en France, on a connu la politique d'ouverture à l'est.
10:58 Lui, Pierre le Grand, il mène une politique d'ouverture à l'ouest.
11:02 Donc, il visite plusieurs pays, dont la France.
11:05 On est au moment de la Régence.
11:07 Louis XV était encore un petit garçon.
11:09 Alors, la truculence, si on peut dire, de Pierre le Grand a fait beaucoup d'effet.
11:13 Parce que c'est un homme très curieux.
11:15 Il visite les chantiers.
11:17 Il aide les ouvriers à comprendre les techniques de fabrication.
11:21 Il voit le petit Louis XV.
11:23 Et en dehors de tout protocole, il le prend dans les bras.
11:25 Il le soulève. Il l'embrasse.
11:27 Ce qui choque un peu, évidemment, la Cour de France.
11:30 Mais qui, en même temps, est assez satisfaite de la chaleur
11:33 qu'exprime ce tsar à l'égard de notre pays.
11:36 Et ça va donner quoi, ce voyage ?
11:39 Il y a de nouveaux accords commerciaux ?
11:41 Alors, il y a encore des accords commerciaux.
11:43 On échange des ambassadeurs.
11:45 Les choses se passent bien.
11:47 Mais la Russie et la France n'ont pas encore vraiment besoin d'elle
11:50 sur le plan politique.
11:52 Et au moment où les choses pourraient un peu se préciser,
11:55 c'est-à-dire au cœur du règne de Louis XV,
11:57 alors là, les choses se gâtent un peu.
11:59 Avec l'affaire polonaise ?
12:01 Alors, voilà, les choses se gâtent un peu.
12:03 Bon, on avait pensé, le tsar avait pensé que Louis XV
12:07 pourrait épouser une princesse russe.
12:10 Et il préfère épouser une petite comtesse polonaise.
12:14 Une princesse, mais enfin, une princesse de petite dimension.
12:18 Alors ça, c'est vrai que ça vexe les Russes.
12:20 Catherine II, la Père Attrice, est très vexée par ça.
12:23 Elle ne comprend pas non plus la politique étrangère de Louis XV,
12:27 qui consiste à laisser les mains libres à l'Angleterre sur les mers.
12:31 Elle ne comprend pas non plus cette attirance de la France pour la Pologne,
12:36 qui pour elle est un petit pays qu'elle a envie de manger.
12:39 Elle ne voit pas très bien l'intérêt pour la France d'être alliée avec la Pologne.
12:41 Donc, il y a une vague d'incompréhension.
12:43 Mais en même temps, Catherine II est très attirée par les philosophes.
12:46 Elle veut faire venir Diderot, elle veut faire venir d'Alembert,
12:48 et puis surtout, elle a cette longue correspondance avec Voltaire.
12:52 Donc, est-ce qu'il y a vraiment...
12:53 D'ailleurs, vous avez intitulé le chapitre consacré à Catherine II,
12:56 "Je t'aime, moi non plus".
12:59 C'est tout à fait ça, oui.
13:01 La France, ses philosophes, ses architectes, ses peintres,
13:05 mais je ne comprends pas du tout la politique de Louis XV.
13:07 Donc, finalement, il y a une attirance pour la...
13:09 Est-ce que c'est à ce moment-là que,
13:11 véritablement, il y a une attirance pour la culture française à la cour de Russie ?
13:14 On commence à parler le français à la cour de Russie ?
13:16 Alors, on commence à parler le français à la cour de Russie,
13:18 à tel point que même ça devient la langue dominante.
13:21 C'est quoi ? C'est un esprit de snobisme, à l'époque ?
13:23 Oui, c'est du snobisme, c'est du snobisme de l'époque.
13:25 On commence à faire venir des peintres français, des architectes français.
13:29 Voltaire, lui, il n'a pas voulu se déplacer.
13:31 Il avait un peu peur du froid.
13:33 Mais il y a beaucoup de communication avec les poètes, avec les littérateurs français.
13:37 Catherine s'essaie à écrire en français.
13:40 Et puis, toute la cour, évidemment, l'imite,
13:42 à tel point que le français va devenir la langue quasiment officielle de la cour de Russie.
13:46 Est-ce que cette admiration, elle ne semble pas vraiment partagée ?
13:50 Que pense la cour de Louis XV,
13:53 la cour raffinée de Louis XV de la Russie ?
13:57 Alors, elle est un peu méprisante, parce que Catherine II est la tsarie,
14:00 mais ce n'est pas le décès de son époux.
14:03 Elle est elle-même d'extraction roturière,
14:07 ce qui, dans la France de Louis XV, fait plutôt mauvais effet.
14:11 Et la Russie garde une image, effectivement, de pays encore un petit peu sauvage,
14:15 qui fait monter une femme sur le trône et une femme de basse extraction.
14:19 Vous imaginez ?
14:21 Est-ce que le pays est vraiment sauvage ?
14:24 Non, le pays n'est pas sauvage.
14:27 Je crois que c'était un mot de Talleyrand plus tard,
14:29 il parle d'un souverain civilisé, mais d'un peuple pas civilisé.
14:32 Exactement, oui.
14:33 C'est comme le film Napoléon, en disant que le souverain n'était pas civilisé,
14:35 mais que le peuple était civilisé.
14:37 Et souvent, les observateurs français ont eu ce sentiment
14:40 qu'il y avait une dichotomie assez forte entre le souverain,
14:43 la cour également, qui est assez raffinée.
14:45 Saint-Pétersbourg, de manque de Saint-Pétersbourg, est créée,
14:48 c'est une des plus belles villes d'Europe.
14:50 Et quand vous vous éloignez un peu et que vous allez dans les régions d'Europe centrale,
14:54 là vous tombez sur des moudjiks extrêmement frustes, incultes, ignats,
15:01 qui ne savent ni lire ni écrire, etc.
15:04 La France du XVIIIe siècle est quand même plus civilisée que ça.
15:09 Je voudrais qu'on fasse une petite incise de politique étrangère,
15:13 en parlant de cette pomme de discorde qui va, si je puis me permettre,
15:17 pourrir les relations franco-russes tout au long des siècles.
15:20 Il y en a deux, c'est la Pologne et la Turquie.
15:23 Est-ce que vous pourriez nous résumer, après on repassera dans l'évolution chronologique,
15:30 mais d'abord nous parler des relations avec la Pologne,
15:33 cette Pologne au milieu, entre la France et la Russie ?
15:36 C'est certainement la pomme du discorde,
15:39 mais c'est aussi l'incompréhension de la Russie à l'égard de la France.
15:43 La Russie ne comprend pas cette alliance de la France avec la Pologne et avec l'Empire Ottoman.
15:49 Avec la Pologne elle ne comprend pas, parce que même si la Pologne est un pays catholique,
15:54 c'est un pays qui est quand même loin des intérêts français,
15:57 et donc les Russes ont du mal à comprendre pourquoi, depuis Catherine de Médicis,
16:02 qui avait envoyé son fils devenir roi de Pologne,
16:05 la France continue à s'intéresser autant à la Pologne,
16:09 d'autant que, et ça on va même comme ça jusqu'au XXe siècle,
16:12 la France reste alliée à la Pologne,
16:14 mais chaque fois que la Pologne est menacée, la France ne vient pas à son secours.
16:17 Et même quand en 1939 on fait la guerre pour sauver la Pologne,
16:21 on laisse les Allemands envahir la Pologne sans bouger.
16:24 Et donc ça c'est une incompréhension russe de tous les temps.
16:27 Deuxième incompréhension, l'alliance avec l'Empire Ottoman, là pour des raisons religieuses.
16:32 Comment la France peut-elle être alliée avec la Pologne au motif que la Pologne est catholique,
16:36 mais être également alliée avec l'Empire Ottoman,
16:39 alors que là-bas, permettez-moi cette expression, on veut bouffer du chrétien.
16:44 Donc les Russes ne comprennent pas cette attache.
16:49 Et une grande partie de leur politique internationale consiste à essayer
16:53 de distraire, d'écarter la France de ses amitiés avec la Pologne et l'Empire Ottoman.
16:59 Et donc tout ça concernant la Pologne jusqu'en 1939,
17:02 et finalement concernant la Russie, concernant la Turquie, pardon,
17:06 jusqu'à la guerre de Crimée à peu près.
17:07 Exactement, jusqu'à la guerre de Crimée, qui est la dernière alliance de la France
17:10 et de la Turquie contre la Russie.
17:12 Alors au moment de la Révolution française, que deviennent les relations avec la Russie ?
17:18 Comment se comporte le gouvernement révolutionnaire ?
17:22 D'autant qu'il y a quand même beaucoup d'émigrés qui partent en Russie.
17:27 Alors ça se passe très mal avec le pouvoir qui s'est instauré à Paris.
17:32 Ça se passe en revanche extrêmement bien avec la légitimité,
17:36 puisque les émigrés trouvent refuge essentiellement en Italie du Nord,
17:43 en Autriche, en Angleterre, en Prusse et en Russie.
17:46 Mais c'est en Russie qu'ils sont le mieux reçus.
17:48 C'est en Russie que la mayonnaise prend le mieux.
17:51 Tous ces émigrés qui arrivent à Saint-Pétersbourg,
17:53 les grandes familles russes sont extrêmement contentes de les accueillir.
17:57 C'est très flatteur pour eux.
17:58 Voilà, ils sont très flattés.
17:59 Alors il y a quelques frictions, parce que certains Russes constatent
18:02 que les Français sont un petit peu arrogants.
18:05 Ils arrivent vis-à-vis des Russes, y compris à Saint-Pétersbourg,
18:08 avec un certain complexe de supériorité.
18:11 Mais en même temps, il y a une osmose qui se fait entre les familles russes
18:14 et les familles françaises.
18:15 Et alors on se marie, on se rapproche énormément, on se reçoit beaucoup,
18:20 on se congratule de parler la même langue et de lire les mêmes littérateurs.
18:27 Et on offre d'ailleurs des terres souvent à des seigneurs français
18:30 pour qu'ils puissent retrouver les domaines qu'ils ont perdus en France.
18:34 On va s'arrêter sur un personnage d'ailleurs qui est important dans l'histoire russe,
18:39 qui a laissé vraiment une empreinte française, qui est le duc de Richelieu.
18:44 Le duc de Richelieu, arrière, arrière, arrière, petit neveu du cardinal,
18:48 qui émigre pendant la Révolution, va de plus en plus vers l'Est,
18:54 s'installe en Russie, rencontre le tsarevitch Alexandre,
18:57 qui va devenir le tsar Alexandre Ier.
19:00 Tous les deux se prennent d'amitié.
19:01 Alexandre est fasciné par l'intelligence, l'honnêteté, la culture,
19:05 la capacité de travail, le bon sens du duc de Richelieu,
19:08 et lui confie des responsabilités très importantes,
19:11 notamment l'aménagement de la Nouvelle Russie,
19:14 c'est-à-dire l'extension de la Russie vers l'Est,
19:17 avec en premier lieu l'aménagement de la Crimée,
19:19 qui vient d'être conquise sur les Turcs,
19:22 et la création de ce que Alexandre voulait faire,
19:26 le deuxième Saint-Pétersbourg, pardon, le Saint-Pétersbourg du Sud,
19:30 qui est la ville et le port d'Odessa.
19:33 Et le duc de Richelieu finit sa vie à Odessa, en Russie ?
19:38 Il est revenu en France, parce qu'il a eu une carrière extraordinaire.
19:41 Lorsque Alexandre l'emporte sur Napoléon,
19:45 que les Russes avec les Alliés envahissent la France,
19:48 Richelieu a court pour essayer de préserver la France des appétits étrangers.
19:55 Il réussit très bien, grâce à son amitié avec Alexandre,
19:59 il arrive à négocier, il devient ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII.
20:03 Après avoir été le collaborateur d'Alexandre Ier,
20:06 il devient collaborateur de Louis XVIII,
20:08 et c'est lui qui négocie le traité de Paris de 1815,
20:12 où le Tsar fait tous ses efforts pour éviter que la France soit dépecée.
20:16 Alexandre Ier méprisait un peu Louis XVIII,
20:20 il était persuadé qu'il ne monterait jamais sur le trône ?
20:24 Alexandre Ier était extrêmement légitimiste,
20:28 c'est pour ça qu'il a toujours un peu méprisé Napoléon,
20:30 même s'il a l'admiration de chef de guerre,
20:32 pour lui Napoléon était un usurpateur.
20:34 Mais pour lui le roi légitime de France, c'est Louis XVIII,
20:37 il l'héberge d'ailleurs en Russie,
20:40 mais il le trouve un peu mou, il le trouve très conservateur,
20:44 et surtout Alexandre qui se veut un homme éclairé,
20:47 comprend que si la France restaure sa monarchie,
20:49 il faut que ce soit une monarchie parlementaire,
20:51 une monarchie constitutionnelle.
20:53 Et il craint que Louis XVIII ne soit pas assez ouvert à cette idée-là.
20:57 Dans quoi ? Louis XVIII va le détromper.
20:59 Mais Alexandre Ier lui était ouvert à la monarchie constitutionnelle,
21:02 il n'a pas non plus tenté le coup chez lui.
21:04 Alors Alexandre Ier était très partisan des idées nouvelles,
21:07 des libertés publiques, mais pour les autres pays, pas pour la Russie.
21:11 Alors justement ces relations avec Napoléon,
21:14 parce qu'on a tous l'image de l'entrevue de Tilsit,
21:16 on a l'impression que c'est un deuxième camp du dradau,
21:20 force embrassade et fête.
21:22 Quels étaient les rapports entre Napoléon Ier et Alexandre Ier,
21:29 qui s'appelait mon frère, mais en réalité c'était mépris pour le temps venu ?
21:34 Ce sont des rapports de nécessité, mais ce sont des rapports hypocrites.
21:38 Napoléon a besoin d'Alexandre pour se faire adouber
21:42 comme dynaste reconnu par les cours d'Europe.
21:46 Et Alexandre, qui vient de subir des sanglantes,
21:50 des terribles défaites contre Napoléon,
21:52 à Austerlitz puis à Friedland, on n'est pas encore à la campagne de Russie,
21:56 c'est juste avant, Alexandre a besoin de faire la paix
21:59 pour reconstruire son empire.
22:01 Donc ils ont besoin chacun l'un de l'autre,
22:03 mais pour des raisons complètement différentes.
22:05 Napoléon méprise le génie militaire des Russes,
22:08 dont il considère qu'il peut les battre très facilement,
22:11 d'où la campagne de 1812, et Alexandre méprise Napoléon
22:15 parce qu'il est d'origine… pour lui ça reste le petit caporal.
22:19 D'ailleurs les Russes vont finir par battre l'armée française
22:23 et se retrouver à Paris.
22:25 On a l'image des Cossacks en train de camper sur les Champs-Elysées.
22:30 Comment sont-ils perçus, reçus ces Russes à Paris ?
22:33 J'imagine que la population a dû avoir quand même,
22:36 au début, eu peur, être effrayé,
22:39 peur d'une vengeance après l'incendie de Moscou.
22:42 Exactement. À l'annonce de leur arrivée,
22:45 la population française a vraiment très peur de l'arrivée des Russes.
22:49 Mais Alexandre et ses généraux ont donné des instructions très claires,
22:53 sous peine d'ailleurs de mort, aux officiers et aux soldats,
22:57 de se comporter de manière extrêmement courtoise avec le peuple occupé,
23:01 puisque la grande thèse d'Alexandre,
23:04 c'est de se présenter en France comme un libérateur.
23:07 Il remet Louis XVIII sur le trône et il dit, il répète sans cesse,
23:11 "je fais la guerre à Napoléon, je ne fais pas la guerre à la France".
23:14 Et finalement, il est assez bien respecté,
23:17 et les Parisiens sont assez surpris,
23:20 Victor Hugo a même laissé des souvenirs là-dessus,
23:23 les Parisiens sont assez surpris du comportement extrêmement correct
23:27 avec lequel se comportent les Cosaques.
23:30 Et en plus, ils arrivent, les officiers russes, avec les poches pleines d'argent,
23:34 et ils dépensent beaucoup, beaucoup d'argent à Paris,
23:37 dans les bistrots, et pas que dans les bistrots,
23:40 dans des endroits moins respectables.
23:43 – Ensuite, cette partie restauration, on va aller jusqu'à Napoléon III,
23:49 donc Louis XVIII, Charles X, Louis Philippe,
23:53 l'Exart c'est après Alexandre Ier, Nicolas Ier,
23:57 – Nicolas Ier, oui.
23:59 – Comment ça se passe ? Il y a toujours les problèmes,
24:01 la Pologne, la Turquie, qui continuent de pourrir les relations,
24:05 mais visiblement, la Russie n'a pas encore une grande confiance dans le régime français.
24:11 La Russie s'est en gros réconciliée avec la France de Louis XVIII et surtout de Charles X,
24:16 puisque c'est ensemble qu'elle donne l'indépendance à la Grèce,
24:20 contre l'Empire qui appartenait à l'Empire ottoman.
24:23 Et puis les choses se gâtent avec la Révolution de 1830.
24:26 Nicolas Ier, qui est extrêmement conservateur, encore plus qu'Alexandre,
24:29 considère Louis Philippe comme un usurpateur,
24:32 et surtout a peur que cette Révolution de 1830 en France
24:35 ne rappelle celle de 1789 et ne se propage au reste de l'Europe.
24:39 D'abord, il ne veut pas reconnaître le régime de Louis Philippe.
24:42 Et donc les choses sont extrêmement tendues pendant tout le règne de Louis Philippe,
24:47 et hélas, ça ne s'arrange pas sous Napoléon III.
24:51 – Oui, alors sous Napoléon III, je sais que vous êtes très sévère sur la politique,
24:55 on en a parlé au téléphone, sur la politique étrangère de Napoléon III.
24:59 On peut dire que c'est un sans-faute ?
25:05 – Ah oui, je dis souvent que la politique étrangère de Napoléon III,
25:08 c'est un sans-faute dans l'erreur.
25:09 – Un sans-faute dans l'erreur, et pour vous, la grande erreur,
25:12 c'est également la guerre de… après toutes les erreurs, la guerre de Crimée ?
25:15 – Ah, la guerre de Crimée est une absurdité.
25:17 – Là, on se rebat contre les Russes.
25:20 – Dans tous les sens des termes.
25:21 D'abord, pourquoi refaire une alliance avec l'Empire ottoman,
25:25 dont on voit très bien que le seul bénéficiaire, c'est l'Angleterre,
25:30 qui grâce à l'appui de la France et de l'Empire ottoman,
25:32 assure sa prédominance en Méditerranée ?
25:36 Deuxièmement, du point de vue militaire, c'est une guerre absolument aberrante,
25:40 parce qu'elle est mal préparée, il n'y a pas d'assistance sanitaire.
25:44 Même les généraux, comme le général de Saint-Arnaud,
25:47 sont scandalisés de la façon dont le gouvernement a préparé cette guerre.
25:51 La France laisse, je ne vais pas dire de bêtise,
25:53 mais quelque chose comme 250 000 morts en Crimée,
25:56 moins de la moitié sur le champ de bataille,
25:59 l'autre de maladies, de mauvais traitements, etc.
26:02 C'est une guerre épouvantable, dont la France ne retire absolument rien,
26:06 sinon la nécessité ensuite de reconstruire les choses péniblement avec la Russie.
26:11 Voilà pourquoi cette guerre est une calamité.
26:14 D'ailleurs, de toute façon, la guerre de Crimée n'est que la préfiguration
26:18 de toutes les erreurs de Napoléon III, la plus belle étant évidemment la guerre de 1970.
26:22 Justement, c'est la guerre de 1970 qui va tout changer
26:25 entre les rapports entre la France et la Russie.
26:28 On arrive dans ce qu'on peut appeler l'âge d'or des relations franco-russes.
26:33 Là, soudainement, la monarchie russe fait confiance à la République française.
26:38 Alors, elle fait confiance.
26:41 La Russie, comme la France, ont le même problème,
26:44 c'est le risque de prédominance de l'Allemagne.
26:47 Du moment qu'est créée l'Empire allemand en 1871,
26:50 elle devient une énorme puissance industrielle, notamment économique.
26:54 C'est un pays, en plus, à la volonté dominatrice.
26:58 L'Angleterre, à ce moment-là, certes, se méfie de l'Allemagne,
27:01 mais son souci principal, c'est son empire colonial.
27:04 Donc, la France comme la Russie savent que l'Angleterre ne les aidera
27:07 qu'accessoirement à faire poids contre l'Allemagne.
27:11 Dès lors, la France et la Russie sont quasiment obligées de s'entendre
27:15 en face de cette menace commune.
27:17 C'est la construction de ce qu'on a appelé l'alliance de revers.
27:20 La France a besoin de la Russie, la Russie a besoin de la France
27:23 parce que toutes les deux ont peur de l'Allemagne.
27:26 Parallèlement, il y a une véritable russomania qui s'empare de la France,
27:31 des élites françaises.
27:32 On découvre la littérature russe, on découvre la musique russe,
27:35 les balais russes.
27:36 Exactement.
27:37 Il se passe le phénomène inverse de celui qu'on a vécu
27:40 une centaine d'années plus tôt.
27:42 C'est la culture russe qui devient à la mode en France.
27:45 On découvre Dostoyevski, on découvre Tchaïkovski, on découvre Tolstoy,
27:48 les balais, la peinture, toutes sortes de choses.
27:51 Les plats russes, il commence à s'ouvrir en France des restaurants russes.
27:56 On découvre le caviar, on découvre la vodka.
27:59 La Russie devient à la mode parce que la République a besoin de flatter la Russie.
28:06 Alors du coup, d'ailleurs, les princes russes viennent faire la fête à Paris.
28:10 Ils trouvent la ville Lumière, c'est formidable.
28:13 Et puis après, il va y avoir cette traduction économique formidable
28:16 que sont les emprunts russes.
28:17 Parlez-nous des emprunts russes.
28:19 Une quinzaine d'emprunts, je crois, ont été lancés.
28:22 Nos grands-parents en parlaient encore.
28:24 Voilà, c'est ça. Le premier a lancé en 1888 et je crois le dernier en 1913.
28:28 Je ne sais plus combien il y en a eu, mais à peu près une quinzaine
28:31 qui sont extrêmement utiles.
28:32 La Russie a besoin de se moderniser et elle manque de capitaux.
28:35 Les capitaux venant de l'Autriche ou de la Prusse ou de l'Angleterre
28:40 ou de la Hollande sont insuffisants.
28:42 La France, qui a besoin de l'alliance militaire de la Russie,
28:45 ouvre les caisses de ses épargnants à ce grand pays de l'Est
28:50 dont les autres puissances se méfient un peu.
28:53 Donc ça marche bien, ça permet à la Russie notamment
28:55 de construire des voies ferrées.
28:57 La France veut que la Russie ait beaucoup de voies ferrées
28:59 pour transporter des troupes en cas de guerre contre l'Allemagne.
29:02 C'est une désignification des emprunts russes.
29:06 Et pour flatter les Russes, on se met en France à la russomanie.
29:10 On essaie d'adopter le mode de la fourrure et des tocs en fourrure.
29:14 Mais les Parisiens n'en veulent pas.
29:16 C'est un échec, la mode russe.
29:18 Il y a aussi le service à la Russe dans les restaurants.
29:20 Ah, il y a le service à la Russe, on passe du service à la française,
29:23 on était passé du service à la française, du service à l'anglaise
29:26 et on passe du service à l'anglaise au service à la russe.
29:29 D'ailleurs, le point d'orque, c'est la construction du pont Alexandre III
29:35 en 1896 et la réception de Nicolas II.
29:39 Voilà, la réception de Nicolas II pour, pour ne pas inonduer,
29:42 mais mettre à la première pierre du pont Alexandre III
29:45 qui doit être terminée pour 1900, d'abord parce que c'est 1900, évidemment.
29:49 Et c'est la grande exposition universelle de Paris
29:52 avec l'inauguration du pont Alexandre III.
29:54 Alors, tout va changer.
29:58 Vous avez dit qu'on avait besoin d'une alliance contre l'Allemagne.
30:01 Donc, tout va changer pendant la première guerre mondiale
30:04 avec la révolution de 1917
30:07 qui va effrayer bien évidemment les pays occidentaux.
30:10 On a mis combien de temps à rétablir des liens avec le régime bolchévique ?
30:16 Alors, la révolution russe, c'est un traumatisme pour la France en 1917.
30:21 D'abord parce que du coup, l'armée russe ne combat plus l'Allemagne sur le front oriental
30:25 et deuxièmement parce que les bolchéviques ne veulent pas seulement faire la révolution en Russie.
30:29 Au départ, leur idéologie, c'est qu'ils veulent manger le capitalisme mondial
30:33 et propager leur régime socialiste à l'ouest.
30:37 Donc, la France réagit très mal.
30:40 Elle combat même du côté des Polonais qui résistent aux bolchéviques
30:44 et du côté des Russes blancs qui veulent également résister aux bolchéviques.
30:49 Les choses s'arrangent en 1924, parce qu'au bout d'un moment,
30:52 il faut bien tenir compte des réalités.
30:56 En 1924, la France accepte de reconnaître officiellement la Russie de Staline
31:02 qui vient d'arriver au pouvoir
31:04 et reconnaît la Russie de Staline.
31:07 Il faut dire qu'en France, la politique intérieure a toujours eu un poids essentiel.
31:11 En 1924, arrive en France le cartel des gauches
31:14 et il y a un parti communiste en France depuis 1920.
31:17 Finalement, socialistes et radicaux essaient de ne pas trop se brouiller avec le parti communiste
31:21 de façon à pouvoir avoir une majorité parlementaire.
31:24 Et un peu le prix à payer, c'est la reconnaissance de l'Union soviétique.
31:27 Oui, parce que ça c'est un nouveau paramètre. Il y a le paramètre idéologique qui apparaît.
31:32 Il y a le paramètre idéologique et en même temps, on a besoin de ce parti communiste qui ne cesse de monter.
31:36 Mais qui est aux ordres de Moscou.
31:38 Et qui est aux ordres de Moscou. Pendant très longtemps,
31:40 Moscou a eu au sein du parti communiste français un délégué
31:44 qui s'appelait délégué du Comintern,
31:46 le Comintern étant l'organisme ayant vocation à propager le communisme dans le monde entier.
31:52 Un tout petit retour en arrière, vraiment d'une dizaine d'années.
31:55 Il y a une nouvelle vague des migrés, mais dans l'autre sens,
31:58 qui sont les russes blancs qui sont arrivés en France.
32:00 Donc là, il y a un nouveau petit phénomène de russophilie.
32:03 Alors, il y a le phénomène inverse de l'immigration française.
32:06 Cette fois-ci, ce sont les russes qui immigrent en France.
32:09 Il y a beaucoup de princes russes, de seigneurs russes.
32:11 Une bonne partie de l'aristocratie russe.
32:13 Et qui ont plus tendance à vivre dans la misère, contrairement aux émigrés.
32:16 Voilà, certains ont réussi à venir avec un peu d'argent, d'autres pas du tout.
32:21 Et c'est de là que sont venus, maintenant on les a un peu oubliés,
32:23 les fameux taxis russes.
32:25 Parce que beaucoup de ces seigneurs russes,
32:27 ils ont quelque chose d'extrêmement précieux que le peuple n'a pas.
32:30 Ils savent conduire des automobiles.
32:32 Et donc, c'est le seul talent qu'ils ont en arrivant en France.
32:36 Ils savent conduire des automobiles.
32:38 Et comme ils savent conduire des automobiles, ils se font chauffeurs de taxi.
32:41 Kessel raconte ça très, très bien.
32:43 Donc après, on va passer sur la Seconde Guerre mondiale.
32:49 Après la guerre, quelles sont les relations de De Gaulle
32:54 avec la Russie de Khrouchov ?
32:58 De Gaulle est dans une relation très ambivalente à l'égard de la Russie.
33:02 Parce que De Gaulle est d'un côté terriblement anticommuniste.
33:05 Et en même temps, il voit l'Europe, comme il dit lui-même, telle qu'elle est.
33:10 C'est-à-dire, s'étendant de l'Atlantique à l'Oural.
33:13 Et donc, il comprend bien que si l'Europe veut peser dans le monde,
33:17 elle ne peut pas faire l'économie de la détente avec l'Est.
33:22 Et il voit dans le rôle de la France un rôle moteur en la matière.
33:28 Donc c'est l'époque où la France tend à devenir presque un pays non-aligné.
33:32 Elle quitte l'OTAN, l'organisation militaire,
33:35 elle reste avec l'Asian-Atlantique,
33:37 mais elle ouvre sa politique à l'Est de façon assez généreuse,
33:41 avec des grands projets industriels de collaboration.
33:45 On a même envisagé à un moment donné,
33:48 comme la France et l'Angleterre avaient quelques difficultés
33:50 à s'entendre sur la mise au point du Concorde,
33:53 le gouvernement français avait même envisagé,
33:55 c'est une chose assez peu connue, de collaborer avec la Russie
33:59 pour que Concorde et Tupolev deviennent le même avion.
34:02 Et puis finalement, les industriels français ont dit
34:04 "non, ça va peut-être un peu loin cette collaboration".
34:06 Mais enfin voilà, le souci du général de Gaulle,
34:08 c'est vraiment l'ouverture à l'Est.
34:10 Et après de Gaulle, Pompidou jusqu'à Ardestin,
34:14 il n'y a pas grand changement dans les relations ?
34:16 Ils sont un peu plus frileux quand même,
34:18 que le général de Gaulle à l'égard de la Russie.
34:20 L'Union soviétique fait peur.
34:22 Et Mitterrand, c'est très curieux,
34:24 parce qu'on se rend compte que les soviétiques
34:27 se méfient de Mitterrand, qu'ils voient comme un atlantiste.
34:31 C'est-à-dire que, ça ne ferait pas plaisir à ses partisans,
34:36 mais à mon avis, il y a trois souverains dans l'histoire du monde,
34:40 trois souverains français dans l'histoire du monde
34:43 qui n'ont rien compris à la politique internationale,
34:45 c'est Louis XV, c'est Napoléon III,
34:47 et c'est François Mitterrand.
34:49 François Mitterrand est persuadé que l'Union soviétique
34:54 va durer très longtemps.
34:56 Il soutient Gorbatchev jusqu'au bout, mendicus.
34:58 Voilà.
34:59 Oui, mais il abandonne Gorbatchev quand il y a un coup d'État interne au Kremlin,
35:04 et François Mitterrand se félicite d'être le premier chef d'État occidental,
35:08 il fut même le seul d'ailleurs,
35:09 à féliciter M. Yenayev de la réussite de son coup d'État.
35:13 Mitterrand ne croyait ni à la chute du mur de Berlin,
35:16 ni à la réunification de l'Allemagne,
35:18 ni au déclin des partis communistes,
35:20 ni à la chute de l'Union soviétique.
35:22 C'est pour ça qu'effectivement, il s'est complètement trompé sur toutes les idées.
35:26 Alors, votre dernier chapitre, vous l'intitulez assez férocement,
35:30 "Le petit coq face à l'ours".
35:33 Alors, le petit coq, c'est la France ou c'est Emmanuel Macron ?
35:36 Alors, le petit coq, non, ce n'est sûrement pas Emmanuel Macron.
35:38 Emmanuel Macron, il fait ce qu'il peut.
35:40 Mais oui, la France, hélas, est devenue un pays qui ne pèse plus qu'au moteur du général de Gaulle.
35:48 Alors d'abord, parce qu'économiquement,
35:50 nous avons un tout petit peu régressé depuis une cinquantaine d'années.
35:54 Mais surtout parce que la France a abandonné sa politique étrangère.
35:58 Aujourd'hui, la France est complètement alignée sur Washington.
36:01 Quand la France a rejoint l'OTAN,
36:03 elle n'a même pas négocié un pouvoir de décision dans l'OTAN.
36:07 L'OTAN, aujourd'hui, est dirigée entièrement depuis Washington.
36:11 Ce qui fait que le grand ours, il regarde la France comme un petit coq,
36:14 parce que c'est un pays qui n'a plus vraiment de crédibilité,
36:17 dans la mesure où il n'a plus d'indépendance.
36:19 C'est ce qui s'est passé lors de la rencontre,
36:21 avant le déclenchement de la guerre en Ukraine entre Poutine et Macron.
36:25 Poutine aurait dit à peu près à Macron,
36:28 "Vous, vous êtes qui ? Vous n'avez quasiment pas de légitimité pour parler,
36:32 parce que même si vos paroles en faveur de la paix sont des paroles de bon sens,
36:36 vous n'avez pas l'Occident derrière vous.
36:38 Vous n'êtes qu'un petit pion à l'intérieur de l'Occident."
36:41 D'où le petit coq.
36:43 D'où le petit coq.
36:44 Aujourd'hui, nous sommes au cœur d'une crise majeure.
36:49 D'après vous, est-ce que finalement, nous, Français, occidentaux,
36:55 comprenons véritablement l'âme russe ?
36:58 J'ai peur que non.
37:00 Je suis même frappé, en ayant discuté quelques fois avec des diplomates,
37:04 d'une relative ignorance de l'âme russe.
37:09 Il y a deux personnalités en France, deux personnalités éminentes,
37:12 qui connaissent très bien la Russie.
37:14 C'est Hélène Carrière d'Ankos et Andréï Makine.
37:17 J'étais très étonné de voir leur dernière déclaration.
37:21 Et là, ce sont des gens qui parlent de ce qu'ils connaissent.
37:25 Ils ont été assez critiqués, parce qu'ils ont été considérés
37:28 comme des soutiens de Poutine, ce qui n'est pas du tout le cas.
37:30 Mais ils avaient une analyse de la réalité russe,
37:33 que, hélas, je trouve nos diplomates un peu perdus d'eux.
37:36 Bien. Daniel, de mon plaisir, merci infiniment.
37:39 Je rappelle le titre de votre ouvrage, que je vais retrouver ici.
37:43 "France-Russie, la grande histoire d'Anne de Kef à Vladimir Poutine",
37:47 aux éditions Mareuil.
37:50 Merci infiniment, et une prochaine fois,
37:52 pour une nouvelle histoire de relations internationales, j'espère.
37:54 Avec grand plaisir.
37:55 Vous avez des chansons sur le feu, actuellement ?
37:57 Alors, sur le feu, j'ai deux ouvrages.
38:00 "Quand le lit s'épousait la rose",
38:02 qui serait l'histoire des relations franco-anglaises de 1814 au nous-jour.
38:06 Et là, je prépare un livre sur le rôle des nobles,
38:08 de la noblesse française dans la Révolution.
38:11 Vous aviez aussi, j'ai oublié de citer, un livre sur la Révolution de 1830.
38:15 C'était mon avant-dernier ouvrage, sur la Révolution de 1830.
38:19 Merci infiniment.
38:20 Merci à vous. Au revoir.
38:29 Surnommée la mère de toutes les batailles,
38:31 la bataille de Stalingrad se déroule de juillet 1942 à février 1943.
38:35 Au prix de centaines de milliers de vies humaines,
38:37 les soviétiques vont résister infatiguement à l'avancée allemande,
38:41 et littéralement inverser le cours de la guerre.
38:44 Après cet échec ô combien symbolique,
38:46 Hitler, menacé sur le front de l'Est,
38:48 ne pourra plus que retarder l'échéance de la victoire finale des Alliés,
38:52 retour sur un affrontement hors normes.
38:55 [Générique]
39:10 Comme d'habitude le contexte, en 1941,
39:13 Hitler rompt le pacte de non-agression conclu en 1939 avec Staline,
39:18 et déclenche l'opération Barbarossa, en se concentrant sur le front de l'Est.
39:23 Les armées allemandes s'emparent tout d'abord de Leningrad,
39:26 ensuite de l'Ukraine, et lors d'une troisième opération militaire,
39:30 l'objectif est très clair, le sud de l'Union Soviétique.
39:34 Pourquoi le sud ?
39:35 Eh bien tout d'abord, au sud il y a Stalingrad.
39:38 Stalingrad, à l'époque, c'est le premier centre industriel soviétique,
39:41 on y compte 600 000 habitants.
39:43 Cette ville qui s'étend le long de la Volga,
39:46 compte un grand nombre d'usines, notamment des usines d'armement,
39:49 et c'est aussi un centre de communication important,
39:52 entre les réserves de pétrole du Caucase et le reste de l'Union Soviétique.
39:56 En gros, si Stalingrad tombe, les allemands peuvent envahir le Caucase,
40:01 et donc avoir accès aux réserves de pétrole des soviétiques,
40:04 et leur porter un coût terrible.
40:06 Et en plus de ça, pour couronner le tout,
40:08 Stalingrad, Staline, c'est la ville de Staline,
40:12 c'est un symbole qui est très cher aux soviétiques.
40:15 Pour mener cette opération, Hitler va s'appuyer sur l'armée allemande, bien évidemment,
40:19 mais aussi sur des divisions italiennes, roumaines et hongroises.
40:23 Dans un premier temps, les allemands se dirigent vers Stalingrad,
40:25 et pour les ralentir, les russes provoquent des incendies, des feux de forêt,
40:29 ils détruisent des barrages, et ils appliquent ce qu'on appelle la politique de la terre brûlée.
40:34 Non, brûler leur propre ville, leur propre pays, ça leur ressemble pas du tout aux russes.
40:39 Bref, on va éviter ce sujet, parce que moi, ça me rappelle des mauvais souvenirs.
40:42 En juillet, les troupes allemandes arrivent à proximité de la ville,
40:45 et d'abord, ce sont des bombardements massifs que la Wehrmacht dirige en direction de Stalingrad,
40:51 et particulièrement des voies de chemin de fer pour couper leur ravitaillement aux russes.
40:55 En août, la 6ème armée allemande et la 4ème armée blindée vont lancer une grande offensive,
41:00 et ça va permettre, le 5 septembre, aux divisions de Paulus d'entrer dans les faubourgs de la ville,
41:06 et c'est là que commencent les terribles combats de rue de Stalingrad.
41:10 Après les bombardements, après l'offensive des blindés, la ville est réduite à l'état de ruine,
41:15 et les russes sont au fait de transformer cette ville en ruine, en une véritable forteresse.
41:20 Les russes vont se montrer maîtres dans l'art de tendre des embuscades partout au milieu de ces ruines,
41:26 ils vont même pousser la chose jusqu'à parvenir à dissimuler des chars entiers.
41:30 Et à noter aussi, et ça, ça a provoqué une véritable terreur chez les soldats allemands,
41:35 que la ville était truffée de "sneiperski", c'est-à-dire de tireurs d'élite.
41:39 Si vous avez vu le film Stalingrad, vous savez de quoi je parle.
41:42 Fin septembre, appuyés par leurs chars, les allemands parviennent à atteindre la Volga.
41:46 Début octobre, les russes envoient des renforts, 200 000 hommes, dont une division d'élite de la garde.
41:52 Là, les combats redoublent d'intensité, je rentre pas dans les détails,
41:56 il y a eu des combats terribles, notamment autour de l'usine Octobre Rouge et de l'usine Barricade,
42:00 qui produisaient de l'armement, quoi qu'il en soit, à la fin du mois d'octobre,
42:05 la plus grande partie de la ville était aux mains des allemands.
42:08 Et malgré tout ça, malgré le fait que les russes, à ce moment-là,
42:11 étaient totalement coincés entre les canons allemands et la Volga, qui était gelée,
42:16 ils n'avaient pas le droit, ça je le précise, les russes n'avaient absolument pas le droit
42:20 de battre en retraite sous peine d'être fusillés,
42:22 et bien malgré tout ça, et malgré d'énormes pertes, les russes vont réussir à contenir les allemands.
42:28 Et grâce à cela, c'est en novembre 1942 que le tournant de la bataille a lieu,
42:33 c'est la contre-offensive violente des soviétiques.
42:36 Les combats sont d'une violence terrible, les lignes allemandes sont percées,
42:39 les armées roumaines, italiennes et hongroises sont totalement anéanties,
42:43 et Paulus se retrouve pris au piège, coincé, encerclé dans Stalingrad.
42:48 Les allemands sont totalement pris au piège, encerclés, leur ravitaillement est coupé,
42:53 la 6ème armée de Paulus, ainsi qu'un corps d'armée de la 4ème armée Panzer,
42:58 soit 22 divisions et 160 unités, sont pris au piège dans la ville,
43:03 on dénombre ça à peu près à 300 000 hommes.
43:05 A ce moment-là, Paulus reçoit un ordre personnel du Führer,
43:09 qui lui ordonne, je cite, "de vaincre sur place ou de mourir".
43:13 Autant dire que Popol se retrouve dans une situation assez compliquée.
43:16 Les allemands vont alors tenter le tout pour le tout,
43:19 du 12 au 23 décembre, l'opération "Orage d'hiver" est déclenchée,
43:24 avec pour but de briser les lignes soviétiques au sud-ouest de la ville.
43:28 Le but était évidemment de tenter de libérer les allemands pris au piège dans Stalingrad,
43:33 malheureusement pour les allemands, l'offensive va s'arrêter à 55 km de l'enclave.
43:38 Durant le mois de janvier, Stalingrad, qui était alors des deux côtés la mer de tous les enjeux,
43:43 avant d'être la mer de toutes les batailles, fut presque entièrement reprise par les russes.
43:48 A ce moment de la bataille, les allemands sont vraiment dans une situation critique,
43:52 la Luftwaffe ne peut plus parachuter que 20 à 50 tonnes de matériel et de vivres par jour,
43:57 alors qu'il en aurait fallu au moins 500.
43:59 Sur place, les soldats allemands, qui n'avaient même pas de vêtements adaptés à l'hiver russe, souffrent énormément,
44:05 ils sont là à attendre la mort gelés, sans nourriture, sans matériel et sans munitions.
44:10 Évidemment, les chevaux ont été mangés, puisque les rations de pain ont très vite été fixées à 100 grammes par jour,
44:16 et ensuite à 60 grammes par jour.
44:18 Le 8 janvier 1943, Paulus va devoir refuser un ultimatum qui lui proposait une capitulation honorable.
44:24 Pourquoi ? Eh bien parce que Hitler lui a dit de vaincre ou mourir.
44:27 Néanmoins, le 24 janvier, après de lourdes pertes, Paulus voit que ses hommes n'en peuvent plus,
44:33 qu'il n'y a plus rien à en tirer, qu'il n'y a plus rien à faire,
44:35 alors il va demander directement à Hitler l'autorisation de capituler,
44:40 et ce dernier va lui répondre "Nein". Pas très commode.
44:43 Ainsi, alors que les allemands ne tenaient plus qu'une poche de résistance de 100 km² à peine,
44:49 les russes vont déclencher l'opération Cercle.
44:52 Le 27 janvier, ils vont donc commencer à nettoyer un petit peu partout toutes les zones de résistance allemande,
44:59 qui ne pouvaient plus faire grand chose, puisque dans ces conditions,
45:02 ils n'étaient plus du tout en état d'affronter un siège, et encore moins un assaut frontal.
45:07 Le 2 février, c'est là que la bataille de Stalingrad prend fin,
45:10 parce que Paulus, qui avait été capturé trois jours avant, n'a plus d'autre choix que de demander la capitulation.
45:17 Ici, c'est la première fois qu'un maréchal allemand, puisqu'il avait été promu maréchal quelques jours avant,
45:22 c'est la première fois qu'un maréchal allemand est capturé et capitule.
45:26 Voilà donc les soviétiques victorieux après une résistance absolument acharnée,
45:31 et des centaines de milliers de tués.
45:33 Alors, le bilan de la bataille de Stalingrad, les chiffres varient énormément.
45:37 Ce que je peux vous dire, côté allemand, au moins 150 000 tués, c'est gigantesque,
45:42 et côté russe, c'est encore pire, de 200 à 400 000 tués.
45:45 Pas de la petite bataille de tapette, quoi.
45:47 Grâce à cette victoire, les yeux du monde étaient rivés sur Stalingrad,
45:51 et bien grâce à cette victoire, l'Union soviétique va donc prouver sa force
45:56 et commencer à menacer l'Allemagne sur le front Est.
45:59 Stalingrad, et bien le tournant de la guerre, et va enclencher les victoires alliées.
46:04 Merci de votre attention, j'espère que cet épisode vous a plu, vous a intéressé.
46:08 Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager.
46:11 Moi je vous dis à la semaine prochaine où je vous retrouverai, comme d'habitude,
46:15 pour un nouvel épisode de La Petite Histoire sur TV Liberté.
46:18 A bientôt.
46:19 [Musique]