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Elle a été victime d’un terrible accident de la route. Une voiture a foncé sur elle, sans prévenir, sans lui laisser le temps de réagir. En un instant, sa vie a basculé. Le choc, la douleur, puis ce silence brutal où tout s’arrête. Mais derrière cette épreuve, il y a une force immense : celle de se relever, de continuer, de ne pas laisser cet instant définir qui elle est. Aujourd’hui, elle témoigne, non pas pour faire peur, mais pour rappeler à quel point chaque seconde compte. Et que même dans les moments les plus sombres, la lumière finit toujours par revenir.

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00:00Il a attrapé une femme qui était enceinte et il lui a dit « toi viens là, t'es une arabe ».
00:04Elle a dit non, il l'a poussé par terre.
00:06Le sentiment que j'ai en fait, c'est que la personne elle veut nous tuer.
00:09Je ne me dis pas tout de suite que c'est un geste islamophobe, mais je me dis juste que c'est en attendant.
00:13Alors c'était le 4 août 2016, je me rendais au Havre pour rendre visite à une connaissance.
00:20Et dans les alentours de 23h-23h30, j'étais dans mon véhicule, donc j'étais la conductrice et la passagère m'a indiqué la route.
00:28On aperçoit au loin un véhicule, donc un 4x4, qui roule à vive allure et qui est d'abord sur sa propre voie.
00:36Il y avait un terre-plein qui nous séparait, il a traversé ce terre-plein, il s'est rendu en face de moi.
00:40J'ai constaté qu'en fait, il me fonçait dessus.
00:42J'ai tourné mon volant sur la droite pour l'éviter une première fois.
00:45Et la deuxième fois, il est revenu en face de moi, là il a accéléré et il nous a percuté de plein fouet.
00:50Là, à ce moment-là, le choc, il était vraiment, vraiment brutal.
00:54J'ai perdu connaissance.
00:55Quand je me suis réveillée, j'avais la tête posée sur le volant.
00:58Je me suis aperçue que la passagère est parvenue à sortir du véhicule.
01:02À ce moment-là, elle s'est mise à crier, mais pourquoi il fait ça ?
01:04Mais pourquoi il a fait ça ? Pourquoi il a fait ça ?
01:05C'est à ce moment-là précis que je me suis rendue compte qu'en fait, je ne pouvais pas du tout sortir du véhicule
01:10parce que mes jambes, en fait, elles ne me répondaient plus.
01:13Comme je dis toujours, c'est comme s'il y avait un bâtiment qui était posé sur mes jambes.
01:16Je ressentais mes jambes sans les ressentir.
01:18C'était bizarre.
01:19Je me suis réveillée, j'avais des bouts de verre plein la bouche, plein les yeux.
01:23Et quand j'ai réalisé ce qui s'était passé, entre guillemets, qu'en gros, c'était une personne qui nous avait percuté,
01:29là, sur le côté, il y a une femme qui s'est mise à courir vers moi.
01:33Et elle s'est mise à me rassurer un petit peu, me poser des questions, me dire est-ce que tu vas bien, etc.
01:40Et pendant que cette femme-là, elle est en train de me rassurer, à un moment donné, on a entendu un bruit.
01:47Et là, c'est l'homme en question qui nous a percuté.
01:51Il est sorti par la fenêtre de son 4x4 et là, il s'est mis à agresser d'autres personnes.
01:56Donc, en fait, la personne qui était à mes côtés, elle s'est levée d'un coup, elle s'est mise à courir.
02:01Donc, moi, j'ai paniqué et quand j'ai tourné ma tête, que j'ai vu l'homme passer, il était un peu furieux, énervé.
02:08Là, j'ai compris, en fait, qu'il se passait quelque chose de bizarre parce que ce qui s'est passé, c'était 15 jours après les attentats de Nice.
02:15Et du coup, j'ai compris que s'il était sorti de son véhicule après le choc qui venait de se passer, c'est qu'il allait faire quelque chose de mal, en fait.
02:24Il voulait, on va dire, terminer le travail.
02:27Et à ce moment-là, cet homme-là, en fait, ce qu'il a fait, c'est qu'il a attrapé une femme qui était enceinte et il lui a dit, toi, viens là, t'es une arabe.
02:36Elle a dit non.
02:36Il l'a poussé par terre.
02:38Cette femme-là, elle a vu ce qui s'est passé et en fait, elle est sortie de son propre véhicule.
02:42Mais sur le coup, elle n'a pas pensé à enlever les clés de son véhicule.
02:46Sauf que la personne qui nous a percuté, quand elle l'a poussé, elle a volé le véhicule de cette femme-là.
02:51Et il a percuté une autre femme de 50 ans au même moment.
02:56Je ne me dis pas tout de suite que c'est un geste islamophobe, mais je me dis juste que c'est un attentat.
03:00Le sentiment que j'ai, en fait, c'est que la personne, elle veut nous tuer.
03:03À ce moment-là, c'est bizarre, mais je ne pense même pas à ma famille.
03:06Je ne pense pas à ce que j'ai fait dans ma vie.
03:08Je ne pense à rien du tout.
03:09Je pense qu'à ma vie, en fait, je me dis, ça y est, c'est fini, je vais partir.
03:12C'est comme quand il est arrivé en face de moi.
03:14Je n'ai pas eu le temps, en fait, de penser à quoi que ce soit.
03:16J'ai juste, je me suis figée et je me suis dit, ça y est, c'est fini.
03:19Et du coup, quand j'ai vu les gyrophares au loin, c'est là que j'ai commencé à lâcher.
03:24Et il y a un pompier qui est venu, qui m'a mis des claques, qui m'a réveillée.
03:27Je me souviens que quand je me suis réveillée, j'ai regardé le pompier et j'ai dit, c'est pas moi.
03:31J'ai dit, c'est pas moi, il nous a foncé dessus.
03:33Ensuite, il y a une vingtaine de pompiers qui sont venus me porter secours.
03:37Ils ont mis deux heures pour me désincarcérer de mon véhicule.
03:40Je me souviens aussi qu'il y a un pompier qui est venu et c'était en été, donc je portais une longue jupe.
03:46Et à ce moment-là, il a soulevé un peu ma jupe.
03:49Il a vu l'état de ma jambe et je me souviens qu'il a dit, oh putain, je peux pas voir ça.
03:53Et en fait, c'est parce que ma cheville et mon os ressortaient de ma jambe.
03:59Ensuite, on nous a transférés aux urgences, on nous a pris en charge.
04:04Et c'est vrai que pendant la prise en charge, c'était assez compliqué.
04:07Parce que vu les douleurs que j'avais et vu l'état de mes jambes, aussi, je savais pas en fait si j'étais touchée.
04:14En fait, à ce moment-là, on se demande si on est touchée au cœur, s'il y a un organe qui a été touché, est-ce qu'on va mourir, etc.
04:20Donc je sais même plus où je suis.
04:21En fait, je me dis, est-ce que c'est vrai ce qui se passe et pourquoi il a fait ça en fait ?
04:25On se pose la question de pourquoi ça et pourquoi nous ?
04:28J'ai de la colère, j'ai de la haine, j'ai surtout de l'incompréhension.
04:32Mais la colère et la haine, elles viennent après.
04:35Elles viennent au moment où le personnel hospitalier, il m'explique un petit peu ce que j'ai au niveau des jambes.
04:42Parce que quand j'étais à l'hôpital, il faut savoir que ma famille vient de Rouen.
04:46On vient tous de Rouen, ils sont venus jusqu'au Havre.
04:48Et ils posent la question au chirurgien, est-ce qu'elle va remarcher ?
04:52Et là, le chirurgien, il dit non, elle va pas remarcher.
04:54Et en fait, c'est un double choc.
04:56Parce qu'on sait que c'est volontaire et en plus de ça, on se dit, c'est une personne qui m'a pris mes jambes en fait.
05:01À cette époque-là, j'avais 26 ans. Du coup, le fait d'apprendre qu'on va pas remarcher, c'est quelque chose de très difficile.
05:09Parce qu'on se pose la question en fait sur comment on va poursuivre notre vie.
05:13Et c'est vrai que ces questions-là, en fait, c'est des questions auxquelles on n'a aucune réponse.
05:16On va dire la première chose qui nous vient en tête, c'est il faut que je fasse quelque chose pour remarcher,
05:21même si les médecins me disent que ça va pas le faire.
05:23Il faut savoir aussi que je suis croyante. Et du coup, je me suis dit non, je peux pas croire en fait juste le diagnostic d'un médecin.
05:31Il faut que je me batte pour reprendre ma vie normale, mais surtout aussi pour remarcher.
05:37C'est vrai que c'était un combat qui était difficile parce qu'au départ, quand je faisais ma rééducation,
05:41j'apprenais déjà juste à bouger un orteil.
05:44Quand on apprend rééducation, on se dit pas que c'est comme ça en fait.
05:47On se dit bon, on va faire des exercices un peu plus poussés.
05:50Que là, on me disait essaye juste de bouger ton orteil. Et ça, pour moi, c'était terrible à apprendre.
05:56À l'hôpital, la police ne m'entend pas puisque j'ai pas été auditionnée aussitôt.
06:00J'ai été auditionnée un an après les faits.
06:02Du coup, c'est pour ça que l'injustice, elle est plus grande dans le sens où on se sent pas écouté.
06:07Avec ma famille, on a appelé plusieurs fois la police.
06:10On appelle le tribunal, on n'a pas de réponse.
06:12On a que des rumeurs auprès du service hospitalier parce qu'ils ont entendu des choses par rapport aux pompiers
06:18qui ont dit que l'homme en question, il avait un couteau, qu'il s'en est pris à une serveuse.
06:25On a entendu aussi qu'il y avait une histoire de petite copine.
06:29Donc, on a entendu plein de choses.
06:31Et nous, on essayait en fait de rassembler les pièces du puzzle, mais on n'avait pas de réponse.
06:35J'ai reçu un courrier comme quoi il avait été auditionné et il a dit qu'il voulait préserver son pays des attentats.
06:43Et là, ça a répondu en fait à certaines questions puisque ça s'est passé 15 jours après les attentats, comme j'ai dit.
06:48Et le reste, on l'a appris deux ans après puisque le procès a eu lieu à ce moment-là.
06:52Et c'est vrai qu'au moment du procès, c'était un choc en fait d'apprendre certains détails,
06:56comme le fait qu'il ait attrapé la femme enceinte et qu'il lui ait demandé si c'était une arabe.
07:00Comme ça, je l'ai appris au moment du procès.
07:03Je me dis, mais là, est-ce que je ne suis pas victime d'injustice ?
07:07Pourquoi on a des détails au bout d'un an, au bout de deux ans ?
07:10Est-ce qu'ils le défendent ? Pourquoi ils n'en parlent pas à la télé ?
07:12Parce que d'habitude, des affaires comme ça, on en parle tout de suite à la télé.
07:16On se pose des questions sur l'individu, etc.
07:18Et là, il n'y a pas ça.
07:20Est-ce que c'est parce que c'est dans le sens opposé ?
07:22Je me souviens que je faisais même mon enquête de moi-même.
07:25J'allais sur Internet, je tapais le nom de la personne sur les réseaux sociaux.
07:27Je faisais plein de recherches, mais je n'avais pas les réponses à mes questions.
07:31Parfois, j'appelais même la police, je leur disais,
07:33« Ah, mais vous avez vu cet élément-là, etc. »
07:35J'appelais mon avocat, je lui demandais d'enquêter.
07:38Et à ce moment-là, l'auteur des faits, je me demande en fait,
07:42qu'est-ce qu'il devient, où il est, parce qu'il n'est pas du tout en prison,
07:46il est dehors, il est en liberté.
07:47Qu'est-ce qu'il va devenir ?
07:48Est-ce que la justice va faire son travail ?
07:51Est-ce qu'il va payer pour ce qu'il a fait ?
07:53Est-ce qu'il va nous demander pardon ?
07:54Est-ce qu'il va nous donner des réponses ?
07:56Est-ce que ce qu'il a fait, c'est vraiment vrai ?
07:57Est-ce que c'est vraiment pour préserver son pays qu'il a fait ça ?
08:01Est-ce que c'est vraiment un islamophobe ?
08:03Parce qu'en fait, le fait de ne pas avoir le visage de la personne qui nous a fait ça,
08:09de ne pas l'avoir confronté non plus,
08:10on se pose des questions et au final, on commence à s'énerver.
08:14Et là, je commence à m'énerver sur mes proches, sur le personnel hospitalier.
08:17Parfois, j'étais désagréable.
08:19Parfois, j'avais aussi un comportement qui était exécrable.
08:22En fait, j'étais devenue désagréable parce que l'injustice et ma santé avaient pris le dessus sur moi.
08:28À un moment donné, je crois que c'était au bout d'un an d'hospitalisation,
08:33le fait d'être enfermée comme ça à l'hôpital sans pouvoir sortir,
08:36sans pouvoir profiter de ses proches et avoir tout ça dans la tête,
08:39j'ai littéralement pété les plombs.
08:42Ensuite, j'ai dû enchaîner les consultations avec des psychiatres, des psychologues,
08:47qui m'ont aidée à mettre des mots sur ce que j'avais.
08:50Parce que je pense que c'était ça le problème,
08:52c'était le fait de ne pas arriver à mettre des mots sur ce qui m'est arrivé.
08:56Deux ans après, il y a eu le procès et je me souviens que c'est les ambulanciers
09:00qui m'ont accompagnée au tribunal.
09:03Donc, j'étais aussi accompagnée de pratiquement toute ma famille.
09:07À ce moment-là, comme je ne savais pas à quoi il ressemblait,
09:10je me souviens qu'avec les autres victimes,
09:12on le cherchait un peu partout dans les couloirs du tribunal.
09:15Dès qu'on voyait une personne passer, on se disait,
09:17est-ce que c'est lui ? Est-ce que ce n'est pas lui ?
09:19Et quand on est rentré dans le tribunal et qu'on l'a vu assis,
09:22là, on a constaté que c'était lui parce qu'il ne me regardait pas dans les yeux.
09:25Et je me souviens que je suis passée à côté de lui avec mon fauteuil roulant
09:28et moi, je me suis arrêtée à côté de lui et je le regardais.
09:31Je le regardais, mais il n'arrivait pas à me regarder, il baissait la tête.
09:34J'attendais quelque chose, je ne sais pas quoi, au moment du procès.
09:37Ce qui a été dur aussi, c'est de se remémorer ce qui s'est passé
09:40et d'entendre des choses qu'on n'a pas entendues pendant l'hospitalisation.
09:45Le juge qui montre les photos de l'état des véhicules,
09:49qui parle de ce qui s'est passé, de ce qu'il a fait,
09:52qui parle de ce qui s'est passé dans le restaurant avant qu'il m'ait percuté.
09:57Et là, j'apprends des choses.
09:59Je me souviens que je me retournais souvent vers mon avocat,
10:02que j'étais choquée en fait.
10:03J'étais choquée, c'est comme si je réapprenais une nouvelle histoire.
10:06Et ensuite, quand c'est à son tour de s'exprimer,
10:10on n'arrive même pas à avoir des mots concrets.
10:13Il bégaye, il marmonne en fait, il parle un peu dans son buste comme ça.
10:18Et moi, je n'ai pas les réponses à mes questions.
10:20J'ai eu deux, trois excuses.
10:22Oui, je suis désolée.
10:23J'ai conscience que j'ai gâché votre vie, mais je n'ai pas toutes...
10:27En fait, je n'aurai jamais les réponses à mes questions.
10:29Et je pense que même si il y répond, ça ne m'aidera pas plus que ça.
10:33Mais à ce moment-là, le juge me laisse la parole.
10:36Et il me laisse lui dire ce que j'ai sur le cœur.
10:39Et là, c'est vrai qu'à ce moment-là, je me suis lâchée.
10:41Et je me souviens que je tapais sur mon fauteuil roulant.
10:43Et je lui disais, regarde mon état, regarde ce que tu as fait de moi.
10:46Tu m'as volé ma vie.
10:47Je lui ai dit, tu es un lâche.
10:48Et il me dit, non, je ne suis pas un lâche.
10:51Au contraire, si j'étais un lâche, je ne serais pas venue ici.
10:54Et ça, en fait, c'est quelque chose qui m'a mise hors de moi.
10:56Mais je pense que c'est le fait qu'ils soient en face de moi.
10:59Et le fait qu'il y ait beaucoup d'années qui nous ont séparés, on va dire.
11:03Et beaucoup de questions qui font que je me suis un peu lâchée.
11:07Cette personne-là a fait plusieurs victimes en l'espace de quelques minutes.
11:12Donc si les jeunes ne l'avaient pas arrêtée à ce moment-là,
11:15combien de victimes il aurait fait, en fait,
11:17s'il avait continué sa course avec la voiture, le véhicule volé ?
11:21Pour moi, il ne regrettait pas son geste.
11:22Pour moi, s'il regrettait son geste,
11:24il aurait fait, en fait, un geste pour nous expliquer ce qu'il a fait
11:27et pour nous faire part de ses regrets.
11:30Mais lui, il a attendu le moment du procès.
11:32Et pour moi, au procès, en fait, il s'est juste défendu de ce qu'il a fait.
11:35Ses excuses, c'était juste pour dire, voilà, je veux sauver ma peau.
11:39Et au final, il a eu trois ans de prison avec 18 mois de sursis.
11:45Deux mois après ce qui s'est passé,
11:48j'ai pu avoir une des victimes au téléphone
11:51et qui m'a expliqué, en fait, qu'il n'était pas du tout en prison.
11:56Et là, c'était un double choc, en fait.
11:57C'était un double choc pour moi, encore une fois.
11:59Mais là, je me suis dit, non, non, là, il faut que tu avances.
12:02Le procès, il est passé.
12:03Tu as dit ce que tu lui avais dit, ce que tu avais à lui dire.
12:06Maintenant, l'injustice, elle est là.
12:08Je ne sais pas ce que je vais pouvoir faire
12:09pour que cette injustice, elle sorte de ma tête.
12:12Mais là, il faut que je pense à moi.
12:13Ça faisait quand même deux ans que j'étais hospitalisée.
12:15Je ne marchais pas encore.
12:17Et en fait, le fait d'être alitée,
12:19le fait d'être en dépression,
12:22le fait d'aller mal, tout simplement,
12:24j'étais en train de me détruire physiquement et moralement.
12:27J'ai pris presque 40 kilos.
12:30J'étais transformée, en fait, quand j'étais à l'hôpital.
12:33Et ça, je ne le voyais pas.
12:34Parce que, certes, il a détruit une partie de moi.
12:37Mais l'autre partie, c'est moi qui va la détruire
12:39si je continue à penser, en fait, à chaque fois à lui,
12:43au fait qu'il soit dehors,
12:44au fait qu'il soit en liberté, etc.
12:46Non, là, il faut que je pense à moi,
12:47il faut que je pense à mes gens,
12:48il faut que je pense à ma santé.
12:49Et il faut que je remarche.
12:50Donc là, le combat, il a commencé à ce moment-là.
12:52Donc, j'ai commencé à penser, on va dire, un peu à autre chose,
12:56même si c'était difficile.
12:57Et j'ai fait aussi un travail avec les psychologues
12:59qui étaient remarquables.
13:01Ils m'ont beaucoup aidée.
13:03Et ma foi aussi a fait un grand travail sur ça.
13:06Elle est devenue plus grande.
13:08Même si on m'a posé des questions
13:09après que je sois sortie de l'hôpital,
13:11on m'a dit, mais tu ne regrettes pas d'être convertie à l'islam,
13:14tu ne regrettes pas d'avoir choisi cette religion-là,
13:16alors qu'il t'a fait du mal par rapport à ça.
13:18Et j'ai dit, non, au contraire.
13:19Au contraire, ça me donne encore plus de force,
13:21ça me donne encore plus envie d'avancer,
13:23d'apprendre ma religion.
13:25De base, j'étais chrétienne.
13:26Je me suis convertie à l'islam.
13:28C'est un choix que j'ai fait,
13:29mais c'est un choix que j'ai fait
13:30parce que j'ai appris cette religion.
13:32L'islam, c'est une religion qui prône la paix,
13:34qui prône l'amour.
13:35Comme j'ai déjà dit une fois,
13:36si tous les musulmans étaient voués à faire du mal,
13:41dans ce monde-là, ce serait le chaos.
13:42Il faut arrêter cet amalgame.
13:44Il faut plutôt avoir de la tolérance
13:46et apprendre.
13:47Apprendre, en fait, ce qu'on ne connaît pas.
13:49Et quand on apprend les choses,
13:50on apprend de belles choses.
13:51Parce que moi aussi, avant,
13:52je me posais des questions sur l'islam.
13:55J'avais un peu l'islam des médias dans la tête.
13:57Et au final, j'ai beaucoup appris.
14:00Et ce que j'ai appris,
14:00c'est tout le contraire
14:01de ce qu'on peut apprendre à la télé.
14:04Et c'est l'islam qui m'a apporté de la paix,
14:06justement, par rapport à ce qui m'est arrivé.
14:09Parce que moi, dans ma tête,
14:10j'avais un esprit de vengeance,
14:11un esprit de haine.
14:14L'islam, ce n'est pas du tout ça.
14:15L'islam, au contraire,
14:16ça m'apprend à pardonner.
14:17Et je me suis même posé la question plusieurs fois,
14:19est-ce que je lui pardonne ?
14:21Et je pense que c'est même...
14:22Enfin, je suis même sûre
14:24que c'est ce qui fait qu'aujourd'hui,
14:25je n'ai pas lâché mon combat.
14:27Et j'en suis à là aujourd'hui.
14:29Aujourd'hui, au niveau de ma santé,
14:30ça va beaucoup mieux qu'avant.
14:31Je remarchais avec des béquilles.
14:33Et je suis très fière de moi sur ça.
14:34Je suis très, très fière de moi
14:35parce que c'est quelque chose
14:36qu'au départ, je n'imaginais pas du tout.
14:38Et j'ai développé une très grande confiance en moi
14:42que j'avais perdue quand j'étais à l'hôpital.
14:44Comme j'ai dit, j'avais pris une quarantaine de kilos.
14:47J'ai perdu 47 kilos depuis ma sortie d'hôpital.
14:50Et là, mon estime,
14:51elle est beaucoup plus grande,
14:53beaucoup plus forte qu'avant
14:54parce que j'apprends en fait à me connaître
14:56et j'apprends à m'aimer.
14:58J'apprends à m'aimer avec mes cicatrices
15:00que je n'acceptais pas avant.
15:02J'apprends à m'aimer avec mes béquilles
15:04que je n'acceptais pas avant.
15:05J'apprends à m'aimer avec mon handicap
15:07et le handicap, je le vois moins qu'avant.
15:09Je le vois moins parce que je ne me focalise pas dessus
15:11et je m'accepte telle que je suis.
15:13Avant, je me posais la question de
15:14qui va m'accepter telle que je suis ?
15:16Est-ce que je vais me marier ?
15:17Est-ce qu'un homme va m'accepter telle que je suis ?
15:19Mais ce n'est pas cette question-là
15:20qu'il faut se poser en fait.
15:21C'est est-ce qu'un homme va m'aimer
15:22comme moi je m'aime ?
15:24Et le plus important en fait,
15:25c'est de m'aimer moi-même
15:26et ça, je pense que personne ne peut me l'enlever.
15:29En fait, je m'en sers comme une force.
15:31C'est devenu limite un tremplin pour moi
15:34et pour monter encore plus haut
15:36dans ma quête de la réussite.
15:38En fait, je n'ai plus envie de me plaindre
15:40et de dire, ben voilà,
15:41j'ai été victime d'une injustice,
15:43il s'est passé ci, il s'est passé ça.
15:44Ce qui s'est passé, ça s'est passé.
15:45Je ne l'oublie pas, c'est dans ma tête.
15:47Mais aujourd'hui, c'est une nouvelle personne
15:48qui est née.
15:50Et j'ai profité en fait de cette occasion-là,
15:52de ce qui m'est arrivé,
15:54pour devenir plus forte,
15:55pour devenir une nouvelle personne.
15:57J'ai des projets plein la tête.
15:58J'ai envie d'aider les femmes,
15:59les personnes en situation de handicap.
16:02Pourquoi pas créer une association ?
16:03Il faut savoir que j'avais commencé
16:05à créer une association
16:05quand j'étais à l'hôpital.
16:07C'est un projet que j'avais mis de côté,
16:08mais que je vais reprendre volontiers.
16:11Pour l'instant, je me focalise plus
16:12sur les réseaux sociaux
16:13parce que c'est vrai que les personnes
16:15qui me suivent aujourd'hui
16:16ont beaucoup de choses à dire.
16:18Et je trouve que c'est une vraie thérapie
16:20de raconter son histoire.
16:21Moi, ça m'a beaucoup aidée.
16:22Et j'aimerais bien travailler sur ça,
16:25pourquoi pas, à l'avenir.
16:27Mais en tout cas, mes projets,
16:28ils sont différents d'avant
16:30et je sais que je vais réussir.

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