• l’année dernière
À 17 ans Charlie est entrée dans le monde de la coiffure comme apprentie chez Carita. Grâce à cela elle a pu faire ses premiers pas dans le monde de la mode et des studios de photos. D'Isabelle Adjani à Béatrice Dalle en passant par Sylvie Vartan et bien d'autres, elle a coiffé les plus grandes stars pour des magazines féminins. Elle s'est aussi occupée des coiffures de top modèles comme Naomi Campbell ou Kate Moss. Elle a scellé sa notoriété avec la coupe courte de Catherine Deneuve réalisée lors de la rétrospective des 30 ans de la maison Yves Saint Laurent pour le magazine ELLE, parue dans 65 pays. Entre course folle autour du monde et vie de famille avec laquelle il a fallu concilier elle nous raconte son riche parcours.

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Amusant
Transcription
00:00 Je m'appelle Charlie en particulier et je suis coiffeuse de célébrité.
00:03 Naomi Campbell, Kate Murd, Claudia Schiffer, Linda Evangelista.
00:09 J'ai fait le tour du monde avec ces stars.
00:12 Tout peut aller bien.
00:13 En 30 secondes, ça peut être un soudanais et la catastrophe.
00:17 J'avais 15 ans quand j'ai commencé à être apprentie.
00:20 J'ai rencontré Maria Carita.
00:22 Je suis passée coiffeuse trois mois après être rentrée chez Carita.
00:26 Tout de suite, elle m'a envoyée en studio.
00:28 J'ai travaillé avec Sarah Moon, Guy Bourdin, Paolo Roversi, Abdog.
00:33 Je faisais le tour du monde pour les magazines avec des grands photographes.
00:38 Quand les photos sortaient dans les magazines, tout le monde reconnaissait mon travail.
00:43 Donc j'ai travaillé pendant 15 ans en studio, moitié studio, moitié chez Carita.
00:50 Quand elle a disparu, j'ai voulu arrêter le métier.
00:53 Et puis Sarah Moon m'a récupérée en me disant « mais non, tu vas continuer ».
00:58 Donc j'ai arrêté le salon et je n'ai fait que les studios.
01:01 Quand tu travailles avec les stars, tout peut aller bien.
01:04 En 30 secondes, ça peut être un soudanais et la catastrophe.
01:07 Je me souviens en particulier d'une séance à New York avec André Ro et Isabella Rossellini.
01:12 À minuit, elle me dit « si tu faisais une permanente »,
01:15 elle appelle je ne sais pas qui qui arrive avec le matériel
01:20 parce que bien évidemment, je n'avais pas le matériel pour lui faire une permanente.
01:24 Et comme je suis très très nulle en anglais, je me suis un peu trompée dans les produits.
01:29 Ce qui a fait que quand la permanente a été finie, j'ai dû la remonter
01:34 parce que j'avais oublié de saturer pour faire en sorte que le cheveu boucle.
01:39 Mais en fait, c'était une permanente ratée, joliment ratée.
01:43 J'ai reçu les photos qu'André Ro avait faites, elles étaient trop jolies, tout allait bien.
01:48 Et puis quand elles sont arrivées sur le bureau de l'encombre,
01:51 ils ont détesté la nouvelle tête d'Isabella Rossellini
01:56 et on m'a annulé trois mois d'option.
01:58 C'est-à-dire que du jour au lendemain, je n'avais plus de travail.
02:00 Deux mois, deux mois et demi après, ces mêmes photos
02:04 pour lesquelles on m'avait annulé tout mon travail
02:06 parce que c'était au moment où « Trésor », le parfum « Trésor » sortait.
02:10 Donc j'accompagnais Isabella dans le monde entier.
02:12 Le « L » trouve les photos trop belles, il les sort dans le magazine.
02:17 Ça fait une bombe et à nouveau, je reviens sur scène.
02:20 Mais il y en a eu aussi un autre avec Valérie Lemercier.
02:23 Il y avait tout un numéro spécial où elle imitait Vanessa Paradis,
02:28 elle a imité Simone Veil, elle a imité Joséphine Bacquer.
02:32 Donc évidemment, je la transformais.
02:34 Donc Valérie Lemercier, elle adore ça.
02:36 Mais quand ça a été son tour et qu'il fallait lui faire sa tête à elle pour les photos,
02:41 je lui ai coupé les cheveux le soir parce qu'il fallait gagner du temps sur la journée du lendemain.
02:47 Et le lendemain, elle est arrivée au magazine, en mardi, elle a pleuré toute la nuit,
02:51 elle a les yeux rouges, elle a fallu acheter des masques pour mettre la glace.
02:55 Je faisais comme si tout allait bien, comme si j'étais sûre de moi.
03:00 De toute façon, j'étais sûre que ce que j'avais fait était bien pour elle.
03:04 Mais après tout, si elle n'aime pas, c'est compliqué.
03:07 Mais à l'intérieur de moi, j'étais quand même à la ramasse.
03:11 On a fait les photos et puis les photos sont sorties.
03:15 Elle a adoré et elle m'a envoyé un joli dessin d'elle avec un bouquet de fleurs
03:20 qui me disait "Merci Charlie".
03:21 Mais c'est ça, c'est quand on est créateur, peu importe le métier,
03:27 vous êtes à la merci de ça.
03:30 Et c'est là où il faut être solide.
03:33 Une autre petite séance qui reste dans ma tête,
03:37 je faisais une séance photo avec Isabelle Adjani et la photographe était Bettina Reims.
03:42 Je ne me rappelle plus quel était le magazine.
03:44 Et Isabelle ne se sentait pas bien.
03:47 Je pense qu'elle était dans un moment où c'était une période où elle avait besoin d'intimité.
03:56 Les vêtements étaient peut-être un peu trop provocateurs.
04:00 Je pouvais comprendre que si elle devait partir pour se sentir mieux,
04:04 ma vie avait été que ça.
04:05 Donc elle m'a dit "Si on me cherche, tu dis que je suis partie aux toilettes".
04:09 Je sais ce que j'ai fait, je ne pouvais pas ne pas dire ce qu'elle me demandait.
04:13 Mais je savais que pour moi, ça allait être fatal.
04:15 Et au bout d'une heure où elle était aux toilettes,
04:18 ils ont compris que je l'avais menti.
04:20 Et donc je n'ai plus jamais retravaillé avec Bettina Reims.
04:23 Début 91, je travaillais bien sûr avec André Raud.
04:26 Il m'a demandé de suivre à Marrakech pour Catherine Deneuve,
04:29 pour les 50 ans de rétrospective de la maison Saint-Laurent.
04:33 Derrière cette rétrospective, il y avait une campagne pour les produits Saint-Laurent.
04:38 Il fallait qu'elle apparaisse avec un nouveau look.
04:40 Et donc j'ai fait cette nouvelle coupe,
04:43 cette nouvelle façon de la coiffer,
04:46 avec cette nouvelle couleur dans laquelle il y avait du relief.
04:49 Quand la couverture du "Elle" est sortie,
04:51 elle a fait en 8 jours 65 couvertures dans les "Elles" du monde entier.
04:57 C'est ce qui a déclenché un raz-de-marée médiatique,
05:00 auquel je n'étais pas du tout préparée.
05:02 Ce n'étaient que des femmes du monde entier
05:04 qui voulaient que je leur coupe les cheveux,
05:06 que je pose mon regard sur elles
05:09 et que je puisse les embellir.
05:11 J'ai été prise dans un tourbillon,
05:14 dans un tsoudami, je peux le dire.
05:16 En même temps, j'avais des enfants,
05:18 donc on ne peut pas perdre la tête.
05:19 Quelque chose de spectaculaire arrive dans votre vie professionnelle,
05:23 mais quand vous rentrez chez vous le soir à 7h, 8h ou 9h,
05:28 il faut gérer la maison, il faut gérer l'école,
05:30 il faut gérer les besoins d'une famille.
05:32 Et donc j'ai dû faire front,
05:35 surtout, et gérer mon travail et ma vie,
05:38 et ne pas me poser de questions.
05:39 En 92, j'ai ouvert mon premier salon.
05:44 Alors évidemment, j'ai été portée par le succès
05:47 parce que j'ai été la première à faire un salon appartement.
05:50 Ça ressemblait à tout sauf à un salon de coiffure.
05:53 J'avais très peur d'ouvrir un salon,
05:55 que, au fond, ce succès soit éphémère.
05:57 Et puis j'avais très peur de quitter les studios,
06:00 de m'ennuyer au salon tout le temps.
06:02 J'ai tout adoré jusqu'au moment où,
06:05 je pense que ça arrive à tout le monde,
06:07 aussi bien les chanteurs que les comédiens,
06:11 quand d'un seul coup, ils sont en haut du succès,
06:14 la pression est telle que je commençais à être désenchantée,
06:19 ça me pesait.
06:21 La maison, les trois enfants à gérer, ça me pesait.
06:24 Ça s'est conclu par une dépression.
06:26 Et je suis partie trois mois en clinique,
06:28 dormir, dormir, dormir.
06:31 Donc quand je suis sortie, j'ai fermé mon salon.
06:34 J'ai trouvé ce petit atelier où j'étais seule.
06:37 J'avais pu gérer 20 personnes, trois enfants,
06:41 les célébrités, les magazines.
06:44 Il fallait que je retrouve mon souffle.
06:46 Donc j'ai pris cet atelier dans lequel j'étais seule.
06:49 J'ouvrais quand je voulais, je fermais quand je voulais.
06:53 Je n'avais pas de compte-parlement à personne.
06:55 Je me sentais légère.
06:57 J'avais pu calculer les congés payés,
07:00 les congés de maternité.
07:02 C'est un métier, ce n'était pas le mien.
07:05 Donc je n'ai pas de regrets parce que j'ai fait de mon mieux.
07:08 J'ai fait les choses que je pensais bien,
07:11 que ce soit aussi bien pour les clients
07:14 que pour les mannequins, que pour les photographes.
07:16 Je suis très intègre et je ne triche pas.
07:19 Je ne triche pas avec moi-même.
07:22 Aujourd'hui, je viens d'écrire mon livre qui sort là, maintenant.
07:25 Et je remercie tout le monde, les photographes, les acteurs,
07:29 les mannequins, les maquilleurs.
07:32 Je remercie tout le monde et je remercie aussi mes détracteurs
07:35 parce que c'est eux qui vous obligent à monter le niveau.
07:40 C'est eux qui vous obligent à trouver une force pour passer au-dessus.
07:45 Parce que ça ne sert à rien de rester enfermé dans des ragots
07:50 et de penser qu'on est victime.
07:53 On ne peut pas rester dans ça, on doit avancer.
07:55 Et en racontant toute cette vie de joie et de douleur,
08:00 parce que les douleurs ont été aussi intenses que les succès,
08:04 c'est donner une clé que j'aurais aimé que mes parents me donnent,
08:08 mais ce n'était pas là.
08:10 J'ai démarré dans ce métier sans que personne n'ouvre le chemin.
08:14 Donc, je pense qu'à travers ce livre,
08:16 je peux ouvrir le chemin à d'autres jeunes qui aimeraient faire cette profession.

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