Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • il y a 5 jours
En mars 2025, Paris Commerce publiait une enquête pour mesurer la valeur du commerce de proximité. Lien social, entretien de la voirie, sécurité… Il en ressort six grands rôles informels que peuvent avoir ces commerçants. Par exemple, 88 % d’entre eux affirment prendre des mesures en faveur de la réduction des déchets.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Générique
00:00Le zoom de ce Smart Impact avec Emmanuel Hauss, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, vous êtes la directrice générale de Paris Commerce.
00:12Vous publiez les résultats d'une étude enquête nationale inédite sur la valeur des commerces de proximité, impact social et environnemental.
00:21On va évidemment la détailler ensemble, mais d'abord un mot de Paris Commerce, c'est quoi Paris Commerce ?
00:26Paris Commerce, c'est le bras armé de la ville de Paris en matière de préservation du commerce de proximité.
00:32Donc ça intervient à plusieurs niveaux, mais notamment en achetant, en préemptant des pieds d'immeubles pour y maintenir notamment des librairies.
00:43On voit bien qu'aujourd'hui, quand il y a une densité comme Paris et des prix de fonciers qui sont très conséquents,
00:54maintenir une librairie à Paris.
00:56C'est vrai qu'on voit des librairies qui ferment parce que ça coûte trop cher de payer le loyer.
00:59Et donc la ville de Paris intervient pour notamment maintenir des librairies à Paris.
01:04Pourquoi une telle enquête ? Quel était votre objectif ?
01:08L'objectif, c'était de démontrer, en fait, tout le monde intuitivement aime le commerce de proximité.
01:14C'est-à-dire les maires, les agents immobiliers, les parents, les femmes, les habitants de ces quartiers.
01:22Et finalement, pourquoi ? Et quelle valeur le commerce de proximité apporte à la société qu'on ne voit pas dans les chiffres ?
01:30Parce qu'on a un seul mot pour le commerce, que ce soit les grandes chaînes, les grandes enseignes internationales très standardisées
01:38ou le petit commerce beaucoup plus singulier qui apporte du lien social, on a un mot et on a un calcul.
01:43Donc l'idée, c'était d'arriver comment on peut démontrer, en fait, la valeur via des chiffres.
01:50Puisqu'on est une société qui fonctionne beaucoup via le chiffre.
01:54Comment on peut démontrer que cette valeur, elle existe et on peut la prendre en compte ?
01:59Et on va dévoiler ensemble les résultats. Il y a six grands rôles informels, on va dire, de ces commerçants, de ces commerces de proximité.
02:06La méthode, c'était quoi ? C'était... Vous avez posé la question à des centaines, des milliers de commerçants.
02:13Vous avez collecté des données. C'était quoi la méthode ?
02:15L'idée, c'était... En fait, ça part d'un... C'est six ans de travail.
02:19Donc ça part d'un challenge data en 2019 à Sciences Po.
02:23Et l'idée, c'était comment on fait, en fait, pour démontrer ce qu'on sait, que ça participe au bien commun.
02:30Et donc, la première question, le travail de Fourmi, c'était de récupérer des données.
02:36C'est-à-dire d'aller voir les commerçants, alors à Paris, à Rouen, à Marseille, Saint-Ouen.
02:40Oui, c'est vraiment une enquête nationale.
02:41Vraiment, une enquête. Et de recueillir et de leur poser des questions, de les écouter.
02:46Et à partir de là, alors évidemment, c'est jamais exhaustif et c'est forcément partiel.
02:53Mais l'idée, c'était à partir de ces données, ensuite, les catégoriser et regarder et se dire
02:58« Mais tiens, en fait, c'est incroyable, le nombre de commerces qui vont intervenir, par exemple,
03:03par rapport à des personnes en situation de précarité. »
03:05Bon, voilà, ça, c'est vraiment où discuter, ne serait-ce que discuter.
03:09Alors tiens, le lien social. On commence par là.
03:1193% des commerçants ont des discussions personnelles avec leurs clients.
03:1678% aident spontanément des personnes en situation de précarité.
03:21Et on voit bien... Alors, c'est massif.
03:25C'est massif.
03:25Déjà, c'est... Et on voit bien l'effet positif pour la société, la lutte contre l'isolement, par exemple.
03:31Exactement. Et surtout, le rôle de pacificateur, en fait.
03:34Moi, je pense que la puissance du commerce de proximité, quand il maille, en fait, nos rues,
03:40c'est la pacification de l'espace public.
03:45Et d'ailleurs, en son temps, c'était Jane Jacobs qui avait décrit ça, mais qui parlait de la théorie « eyes on the street »,
03:52qui est démontrée aujourd'hui par la Harvard Business Review, qui montre qu'en fait, un commerce de proximité disparaît,
04:02la délinquance augmente.
04:04C'est-à-dire qu'en fait, le simple fait qu'il y ait les yeux sur la rue des commerçants,
04:08et on le sait très bien, quand on a des enfants, quand on est une femme, on le sait,
04:12on va passer dans la rue, il y a des commerces de proximité.
04:15Pas des grandes enseignes, c'est vraiment pas la même économie.
04:18Bien sûr.
04:18Donc, pacifier, c'est déjà un sujet très important, surtout en ce moment.
04:25Avec, sur ce lien social, je vais citer un certain nombre de résultats,
04:287 commerçants sudistes qui prennent le temps d'expliquer plusieurs fois par jour leurs produits,
04:34alors là, ça va beaucoup intéresser les marques, parce que ça participe de leur image, de leur transparence, etc.
04:40Et puis, 47%, 1 sur 2, qui organisent annuellement des moments collectifs.
04:44Donc là, on est vraiment dans la vie du quartier.
04:47Et sur la solidarité locale, autre chiffre, près de 8 commerçants sur 10
04:54qui sont sollicités par des personnes en situation de précarité, qui apportent une aide.
04:59Spontané même, sans être sollicité.
05:00Ou spontané, c'est l'accès aux toilettes, c'est de l'eau, c'est le don de nourriture.
05:06On est au cœur de l'humain.
05:09Ça veut dire que le commerce, c'est un sujet politique.
05:12Exactement, au sens premier déjà, c'est-à-dire vie de la cité, politique.
05:15Et puis, sans doute, effectivement, ça devient...
05:19On le voit bien, les dernières années, on voit bien que finalement,
05:22quand le commerce disparaît, ça devient un sujet politique au sens vraiment large.
05:28Parce que les villes ont le lien social.
05:31Enfin, il y a beaucoup de choses qui tombent en même temps que le commerce disparaît.
05:34Donc, comme c'est de la microéconomie, on a...
05:40En France, on est très fort en macroéconomie.
05:41Mais la microéconomie, c'est vraiment de l'ultra-local.
05:46C'est moins regardé.
05:47Donc, l'objectif de cette étude, c'était vraiment de regarder pour la première fois,
05:54et en sonnant et trébuchant, parce qu'encore une fois, on est dans une société du chiffre,
05:58de regarder ce que ça nous a...
05:59Mais alors, vous avez commencé à l'évoquer, mais comment une...
06:02Puisque c'est de la politique, comment une ville peut préserver ses commerces de proximité ?
06:06Il y a le levier du foncier.
06:09Régulation par le foncier, indispensable.
06:10Ça, c'est le levier le plus important ?
06:12Oui.
06:13C'est-à-dire que dans le budget d'une ville, il y a la capacité à quoi ?
06:17À acheter...
06:17À acheter des pieds d'immeubles et aller...
06:20Et effectivement, aller...
06:21Alors, c'est de l'économie.
06:23Donc, il faut faire attention, effectivement, au cadre légal.
06:26C'est-à-dire qu'on ne peut pas subventionner...
06:28Mais par contre, on peut tout à fait faire des loyers qui sont plus bas
06:31et décider un peu comme on a fait pour le logement, en fait.
06:34Mais c'est avec un peu de retard.
06:36C'est-à-dire que la valeur du commerce de proximité...
06:38Là, la ville de Paris l'a clairement identifié.
06:41Et il y a un plan dédié au commerce de proximité qui est massif.
06:45Mais effectivement, on pourrait même imaginer...
06:48D'abord, il y a le reste du monde, j'ai envie de dire.
06:52On voit bien que les villes comme Londres, comme New York...
06:55Et viennent nous voir, d'ailleurs.
06:57Viennent nous voir Paris Commerce en disant...
06:58Mais comment, à Paris, comment vous faites pour maintenir des librairies ?
07:02C'est-à-dire qu'on est sollicité par l'international qui se rend compte...
07:06Par exemple, Manatagne, une espèce de désert de vacances des pieds d'immeubles commerciaux.
07:10Ils se rendent compte qu'en fait, l'attractivité du quartier est en chute libre.
07:15Parce qu'en vrai, une ville n'est plus une ville sans commerce de proximité.
07:19Mais il faut qu'on s'en rende compte souvent qu'ils disparaissent.
07:21Mais est-ce que ça va ? Parce que c'est, par exemple, c'est sur aussi la variété des commerces de proximité.
07:27Oui, la diversité.
07:28La diversité, parce qu'on se retrouve parfois avec des quartiers où c'est très compliqué de trouver.
07:33Alors, j'ai enfoncé les portes ouvertes, mais des commerces de bouche, parce qu'il n'y a que des boutiques de luxe, par exemple.
07:38Exactement.
07:39Et donc, ça peut aller jusqu'à cette finesse de décision de la part de la mairie ?
07:44Absolument.
07:45Nous, en l'occurrence, c'est une société d'économie mixte, mais c'est le bras armé de la ville.
07:49Mais bien sûr, puisque l'objectif, c'est la diversité, de maintenir la diversité commerciale.
07:56Et donc, quand je vous parle des librairies, c'est un exemple pour vous, parce que là, on voit vraiment effectivement que le foncier est au cœur.
08:00Mais sinon, le sujet, c'est la diversité.
08:03C'est-à-dire, c'est la ville du quart d'heure.
08:04C'est que finalement, un quart d'heure de chez vous, vous avez une boulangerie, une épicerie, une librairie.
08:09Et ça, c'est... En fait, c'est ce qui fait. On l'a bien vu pendant le Covid, avec tous les débats autour des commerces essentiels.
08:17Ça a été un moment de prise de conscience pour les municipalités ?
08:21Je pense. Je pense. Justement, on regarde...
08:23Parce que je vous écoute et je me dis, il y a tellement de villes.
08:26Enfin, moi, je sillonne la France en voiture.
08:27Tous les étés, on passe son temps à traverser des entrées de villes qui sont moches et qui sont la preuve qu'il y a de moins en moins de commerces de proximité parce qu'on les a excentrés, les commerces.
08:38Et ils essayent d'ailleurs de faire marche arrière. Et c'est là où la ville de Paris a été précurseurseuse parce que c'est une politique de long terme.
08:47Cette politique, elle a commencé en 2004. Au début, elle a commencé dans un arrondissement où il y avait un problème, justement, de monoactivité, de grossiste,
08:55avec un maire d'arrondissement qui a dit « Mais moi, je vois bien que mon quartier perd en lien social et qu'il y a un problème d'usage. »
09:06Je vais donner d'autres chiffres de cette étude. Par exemple, sur la sécurité. On a commencé à l'évoquer.
09:12Mais 60% des commerçants ont accueilli des citoyens en insécurité dans leur commerce.
09:1945% qui disent « Je réagis immédiatement en cas d'incident. »
09:24Sur une thématique qui nous tient beaucoup à cœur, ici, évidemment, à Smart Impact, sur l'environnement,
09:3088% des commerçants qui ont répondu à, je le répète, enquête nationale, disent « J'agis pour limiter les déchets. »
09:40Et puis, vous me disiez, juste avant que l'interview démarre, de cette étude, vous allez créer une sorte de simulateur, c'est ça ?
09:49Alors, c'est quoi ?
09:49L'objectif, c'est justement de chiffrer, en fait. Parce qu'encore une fois, je vous dis, jusqu'à présent, c'est intuitivement, on sait que c'est important.
09:56Mais l'étape suivante, c'est d'arriver à chiffrer. C'est-à-dire, en gros, si un commerçant, on va dire, si 10% des commerçants consacrent, on s'est rendu compte,
10:0615 minutes à la propreté par jour, en gros, combien ça rapporte à la communauté ?
10:14Et cet argent que ça rapporte, en fait, c'est des économies, par exemple, en termes d'agents dédiés à la propreté. Et ça, c'est valable.
10:24Donc, ce simulateur...
10:25Mais il servira à qui ? Aux collectivités locales, aux mairies ?
10:29Oui, par exemple. Il servira à qui veut, en fait. Qui veut, puisqu'aujourd'hui, on a une seule façon de voir les choses, qui est par le biais de la rentabilité.
10:37On ne regarde pas ce qu'on appelle les externalités.
10:40Ça commence à rentrer un peu dans les bilans des entreprises.
10:43Voilà. Ou négatives. Il y a effectivement maintenant les comptas, les triples comptas, etc. Mais en vrai, sinon, on continuait à être axé sur la compta de 1945.
10:51C'est vrai.
10:52Donc, ce qui est ridicule, parce que les externalités négatives, c'est quand même un sujet sur la pollution, etc. Mais comment on les chiffre ?
11:00Oui.
11:00Et donc, l'objectif de ce simulateur, c'est d'arriver à chiffrer, en fait, pour penser autrement, en fait, justement, politiquement, la valeur du commerce de proximité.
11:09Merci beaucoup, Emmanuel Hauss. Et à bientôt sur Be Smart for Change. On passe tout de suite à notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables.

Recommandations