SMART IMPACT - BTP : passer à une économie circulaire grâce à des indicateurs

  • il y a 19 heures
Le BTP produit chaque année 224 millions de tonnes de déchets en France selon l’ADEME. Face à ce constat, Stock Pro souhaite permettre aux acteurs du secteur de leur faire prendre conscience de l’impact qu’ils peuvent avoir dans la réduction des déchets. Romain de Garsignies, son président et cofondateur, explique qu’ils le font à l’aide de deux indicateurs : le déchet évité et les émissions de carbone évitées.

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Transcription
00:00L'invité de Smart Impact c'est Romain De Garcini, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, vous êtes le co-fondateur, président de Stockpro, créé en 2018 avec Stéphane
00:15Renou.
00:16Plateforme de réemploi et de vente de matériaux de construction neufs, c'est ça le concept
00:21?
00:22Exactement, c'est ça le concept.
00:23Ça peut paraître un peu étonnant mais il y a beaucoup de matériaux neufs dans l'industrie
00:26du BTP qui sont jetés sans avoir eu une première utilisation.
00:28C'est déjà un constat qu'on a du mal à comprendre.
00:33Oui, ça existe dans plein d'autres industries comme l'alimentaire notamment mais c'est
00:37vrai que nous, on part du principe que le meilleur déchet est celui qu'on ne produit
00:39pas et c'est toute notre action chez Stockpro.
00:42Alors, qui sont vos clients et surtout quels services vous leur proposez ?
00:45Alors, on a deux types de clients.
00:47Nos clients c'est d'abord et notre solution c'est d'abord et avant tout à l'industrie
00:50de la construction, les entreprises qui font les chantiers, les distributeurs et les fabricants.
00:56Chacun d'entre eux au cours de leurs actions gaspille des matériaux donc notre mission
01:02c'est de les accompagner en leur proposant des solutions pour limiter justement le gaspillage
01:06de ces matériaux.
01:07Et à l'autre bout de la chaîne, nos clients qui achètent ces produits, ce sont des professionnels
01:11de la construction qui ont envie d'installer et d'utiliser ces matériaux de réemploi
01:15dans leurs chantiers ou des particuliers bricoleurs ou des artisans.
01:20On parle de quelle quantité de matériaux neufs non utilisés dans le secteur du bâtiment ?
01:26Alors en France, ça représente 5 milliards d'euros par an et c'est un gaspillage qui
01:30est assez structurel.
01:31C'est-à-dire qu'année après année, on recrée ce gaspillage.
01:33En Europe, c'est 38 milliards donc vous voyez, c'est un marché gigantesque.
01:37Ça représente pour vous donner un chiffre 7% de la production de déchets du BTP.
01:40Ce qui veut dire que si on utilisait 100% de ce qui est produit mécaniquement, on diminuerait
01:45de 7% la production de déchets du BTP.
01:47Alors que le chiffre global que j'ai trouvé en préparant l'émission, c'est 224 millions
01:52de tonnes de déchets produits chaque année par ce secteur du BTP.
01:57Est-ce que c'est un secteur qui évolue ? Vous avez 5-6 ans de recul.
02:04Maintenant, vous voyez la prise de conscience en cours ou c'est encore un peu… Vous sortez
02:08les rames de temps en temps pour convaincre ?
02:10Pour convaincre.
02:11Tous les jours, on essaie de la convaincre.
02:13Non, je dirais bien sûr que c'est un secteur qui évolue.
02:15Ça fait partie des secteurs les plus polluants.
02:18Donc, il y a une prise de conscience naturelle du secteur tout entier.
02:22Donc, on a une grosse part du problème mais aussi de la solution.
02:25Exactement, c'est l'avantage.
02:26Donc oui, depuis 6 ans, beaucoup de choses ont évolué.
02:31Il y a énormément de propositions de start-up qui se sont créées pour disrupter.
02:36C'est le mot un peu à la mode.
02:37En tout cas, essayer de faire changer les habitudes de la construction.
02:40La construction, c'est un monde qui est assez lent à bouger.
02:44Les habitudes sont profondément ancrées.
02:46Donc, il faut des acteurs extérieurs parce que c'est difficile de se régénérer de l'intérieur.
02:50Parce que le modèle de l'économie linéaire, produire, consommer, jeter, c'est vraiment
02:55le modèle de base du secteur du BTP ?
02:58C'est complètement le modèle de base.
03:00Et ce qui est complexe dans l'industrie du BTP, c'est que c'est un véritable écosystème.
03:04Il y a énormément d'acteurs.
03:05Quand on fait un chantier, on ne le fait pas tout seul.
03:07On le fait avec des architectes, des assureurs, des maîtres d'ouvrage, des bureaux de contrôle.
03:11Tout ce petit monde-là doit changer en même temps pour qu'on passe d'une économie linéaire
03:15à une économie circulaire.
03:16C'est aussi ce qui explique ce changement lent de nos habitudes.
03:20Vous proposez un nouveau service et une nouvelle étape dans l'histoire de Stockpro.
03:27Ce sont des indicateurs d'impact de réemploi.
03:30De quoi s'agit-il ? Expliquez-nous en détail.
03:32L'idée, c'est d'essayer d'expliquer à nos vendeurs, donc toute l'industrie de la construction
03:38comme à nos acheteurs, de leur valoriser leur action.
03:42On la valorise aujourd'hui de deux façons, avec deux indicateurs.
03:45Le premier, c'est le déchet évité.
03:50C'est un indicateur assez simple.
03:51On sait que chaque article a un poids.
03:54En faisant la somme de poids de tous ces articles, on obtient cet indicateur.
03:59Le deuxième, qui est plus complexe, c'est le carbone sauvé ou économisé lié à l'acte de réemploi.
04:06Ce sont des choses qui nous ont pris pas mal de temps à mettre en place.
04:10Ces informations ne sont pas toujours structurées et disponibles.
04:14Il faut les trouver auprès des fabricants d'origine.
04:17Exactement, mais tous les fabricants n'ont pas cette donnée,
04:22puisqu'elle coûte cher à obtenir.
04:24Ce sont les fiches PEP, les fiches FDES, qui sont hébergées
04:27soit chez Ignes, soit dans les bases Eco-Passport,
04:29mais qui représentent une toute petite partie des matériaux qui sont utilisés.
04:32L'objectif, c'était de pouvoir, en s'appuyant sur ces données brutes,
04:37développer un algorithme qui allait pouvoir renseigner en ACV,
04:42en analyse de cycle de vie, l'ensemble des références qui sont présentes sur notre plateforme.
04:46Et d'ailleurs, l'ensemble des références présentes sur votre plateforme,
04:48ça représente combien de produits, de matériaux différents ?
04:52Pour prendre conscience de l'ampleur du boulot que ça a été,
04:56pour pouvoir dire aujourd'hui, on vous propose un indicateur d'impact.
04:59Alors aujourd'hui, on a plus de 30 000 références uniques sur notre plateforme.
05:03C'est un peu plus de 2,8 millions de produits différents.
05:07Et on a, je dirais, une valeur de vente sur notre plateforme de plus de 60 millions d'euros.
05:13Oui, donc effectivement, il fallait préparer tout ça.
05:16Est-ce que vous le faites aussi dans la perspective du déploiement de la CSRD,
05:21des nouvelles directives européennes, sur le bilan extra-financier ?
05:25Parce que ça peut permettre à des entreprises d'intégrer finalement
05:29cet indicateur d'impact de réemploi à leur bilan extra-financier.
05:32Tout à fait, ça c'est une très bonne remarque.
05:34Et c'est d'ailleurs des choses que nous demandent de plus en plus nos clients.
05:37Alors pas nécessairement les entreprises installateurs,
05:40mais nos clients fabricants ou distributeurs ont cette obligation.
05:44Et du coup, c'est un indicateur supplémentaire qu'ils peuvent intégrer dans leur rapport.
05:48Par exemple, un promoteur immobilier, il va pouvoir intégrer ça à son projet ?
05:52Alors, le promoteur, il a maintenant l'obligation de le faire.
05:55C'est-à-dire qu'il doit expliquer quel est le bilan carbone de son chantier.
05:58Et en utilisant des matériaux de réemploi,
06:00il a la possibilité de diminuer justement l'impact carbone de son chantier.
06:06C'est pour ça qu'aujourd'hui, on voit qu'il y a une réconciliation
06:10entre tous ces matériaux qui sont gaspillés et je dirais un appel d'air
06:13qui existe sur les chantiers puisqu'il y a des clauses de réemploi
06:16qui obligent les entreprises de construction à utiliser ces matériaux.
06:20– Et si on essaie d'évaluer finalement ce mouvement,
06:25vous nous dites qu'il y a une prise de conscience, elle est réelle,
06:27je suis assez d'accord avec vous, on la ressent ici dans cette émission,
06:31on était il y a quelques jours au salon de l'immobilier Bacarbone,
06:35il y a un mouvement dans ce sens-là.
06:38Le rôle des collectivités locales, c'est-à-dire qu'il y a pas mal
06:40de collectivités locales qui conditionnent des marchés justement
06:44à la durabilité du projet, vous le ressentez ça aussi ?
06:48– Un peu, mais ça pourrait être…
06:50– Pas suffisamment intéressant ?
06:52– Pas suffisamment parce que la complexité, comme je vous le disais,
06:54c'est une approche collective donc évidemment il faut une impulsion
06:57et le maître d'ouvrage doit être celui qui donne l'impulsion.
07:00Mais après quand vous vous retrouvez en pratique et que l'entreprise
07:05vous explique que si on doit utiliser des matériaux de réemploi,
07:08ça va reporter le chantier de deux semaines
07:10ou ça va créer de nouvelles incertitudes, là le maître d'ouvrage
07:13n'a pas toujours la conviction chevillée pour dire non c'est pas grave,
07:18on assume, on prend le risque, allez-y.
07:20Et parfois ça empêche finalement les habitudes et les bonnes pratiques
07:25de se mettre en place.
07:27– Vous avez fait votre bilan carbone, après 5-6 ans d'existence, ça donne quoi ?
07:31– On a fait notre bilan carbone, 363 tonnes et ce qui est intéressant
07:34c'est 98% de notre bilan carbone est du Scope 3 donc finalement…
07:38– C'est vos…
07:40– C'est des émissions indirectes, voilà.
07:42Et donc un de nos objectifs c'est comment évangéliser et discuter
07:47avec nos clients pour les aider à changer un peu leurs habitudes
07:49ce qui indirectement impactera positivement notre bilan pour la suite.
07:54– Et ça, ça fait partie vraiment, c'est un axe important de vos stratégies RSE ?
07:59– C'est un axe clé parce que notre mission, nous quelque part,
08:02c'est de lutter contre le gaspillage donc il faut que dans les différentes
08:06fonctionnalités qu'on embarque dans l'entreprise,
08:09on puisse être aussi vertueux que la mission qu'on porte vis-à-vis
08:12de nos clients et de nos partenaires et ça en fait complètement partie.
08:14C'est pour ça que, par exemple, dans notre entreprise,
08:16on a fait le choix du 100% télétravail, de l'écomobilité,
08:19un certain nombre d'actions qui permettent d'être alignés
08:22avec les convictions qu'on porte devant nos clients.
08:25– Merci beaucoup Romain de Garcini, à bientôt sur BeSmart for Change.
08:31C'est l'heure du débat de ce Smart Impact,
08:33comment réduire et recycler la PLV et la publicité sur le lieu de vente.

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