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Avec plus de 30 milliards de chiffres d'affaires, le secteur de la cosmétique doit aussi se conformer à la CSRD. Grâce à l'étude menée par Capgmeini Invent et la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA), cette industrie polluante a plus de visibilité sur les postes les plus polluants afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Transports, emballages, manière de consommer, de nombreux leviers sont à mettre en conformité de la CSRD.

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Transcription
00:00Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
00:12C'est le débat de ce Smart Impact. Je vous présente mes invités. Stéphanie Lumbers, bonjour.
00:17Bienvenue. Vous êtes directrice du développement durable à la Fédération des entreprises de la beauté.
00:21Maxime Vica, bonjour. Bienvenue à vous aussi, directeur au sein des équipes CAP Gemini Invent.
00:26En charge de ce projet, on va l'analyse de la double matérialité sectorielle dans le secteur de la cosmétique.
00:33Je vous ai dit ça. Vous avez tous envie de fuir. Mais vous allez voir, c'est hyper important.
00:36On continue évidemment de parler de reporting extra-financier de cette directive européenne CSRD, spécifiquement dans le secteur de la cosmétique.
00:44Fédération des entreprises de la beauté, vous représentez tout le secteur. Combien d'entreprises ? Expliquez-moi.
00:49On représente environ 350 entreprises, des très grands groupes multinationaux, mais aussi un grand nombre d'entreprises PME, ETI, voire TPE,
00:58qui représentent en fait tout l'écosystème de la cosmétique en France.
01:01Quand je regarde le secteur de la cosmétique, j'ai trouvé ces chiffres. 7 500 entreprises, 54 000 emplois et un chiffre d'affaires global de plus de 30 milliards d'euros.
01:10Et si on se place au niveau mondial, qu'est-ce que ça représente ? C'est quoi le bilan carbone du secteur ?
01:16Est-ce que ça a été évalué, ça ? Parce qu'on est au cœur des enjeux du reporting extra-financier de la double matérialité.
01:23C'est effectivement un aspect important. Les émissions de carbone, c'est loin d'être le seul.
01:27C'est pas le seul. On est bien d'accord.
01:28Le principe, c'est d'ouvrir au-delà de la comptabilité carbone. Alors on a fait une étude pour identifier les émissions des principaux postes.
01:36Et donc on a fait, c'est disponible sur le site de l'AFBA d'ailleurs, cette cartographie.
01:41On n'a pas réussi, à cause de la complexité de l'univers cosmétique, de vraiment identifier les émissions totales.
01:50Parce qu'il faudrait avoir plus d'informations sur les consommations dans différents pays. Donc on n'a pas ce chiffre.
01:56En revanche, on connaît bien nos postes. Et donc c'est ce qui permet ensuite d'établir des plans de décarbonation.
02:02C'est intéressant. Les postes les plus importants et donc les leviers les plus efficaces, quels sont-ils ?
02:06Alors il y a un premier aspect qui n'est pas facile à appréhender. C'est celui lié à la consommation des produits eux-mêmes.
02:11L'eau chaude de la salle de bain, qui est vraiment un des premiers postes d'émissions.
02:15Pas évident pour les entreprises d'agir là-dessus. Ensuite, il y a beaucoup de choses sur les achats.
02:20Et c'est vraiment là qu'on va pouvoir agir. Achat de matières premières, achat de matériaux d'emballage, le transport.
02:28Ça va être ça les principaux enjeux.
02:32Alors on va donc rentrer dans le détail de ce reporting extra-financier.
02:37Cette directive européenne CSRD qui a commencé à s'appliquer dans les plus grandes entreprises au 1er janvier de cette année.
02:43Comment vous intervenez ? Quelle mission vous menez auprès du secteur des cosmétiques aujourd'hui ?
02:49Alors globalement, on accompagne tous les secteurs d'activité, toutes les entreprises, que ce soit leur industrie,
02:54pour mener à bien leur mise en conformité à cette nouvelle directive CSRD qui est extrêmement ambitieuse.
02:59De bout en bout, c'est-à-dire depuis les étapes préliminaires comme on a pu le faire ici.
03:02Là, c'était l'analyse de la double matérialité qui est une des étapes clés qui démarre, qui initie presque le chemin vers cette mise en conformité CSRD.
03:09Et après, pour des acteurs de la cosmétique ou d'autres, on va jusqu'à la rédaction de ce fameux rapport, jusqu'à son industrialisation, sa digitalisation.
03:17Aujourd'hui, on commence à poser déjà les briques digitales, technologiques, pour accélérer cette mise en conformité qui sera un processus lourd.
03:23Car annualisé. Et donc autant l'automatiser autant que possible aujourd'hui.
03:27Quels sont les défis que vous avez à relever quand on se dit « Ok, je suis une entreprise du secteur des cosmétiques.
03:33Il faut que je me mette en conformité à la nouvelle directive européenne ».
03:38Alors il y a plusieurs enjeux auxquels les entreprises sont confrontées. Dans la cosmétique en particulier aussi.
03:42Il y a tout d'abord la richesse, la diversité extrême du nombre d'indicateurs qu'il y a à collecter, à capter.
03:49Et ce, sur toute sa chaîne de valeur, pas uniquement aux bornes de son entreprise.
03:52Sur des problématiques environnementales, sociales, de gouvernance.
03:54Donc le champ, je dirais, thématique, fonctionnel est extrêmement vaste.
03:57Donc ça, c'est la première complexité.
03:59Aujourd'hui, ces données-là sont captées souvent par des processus très manuels, parfois artisanaux encore, qu'on se le dise.
04:06Et donc voilà, il y a cette... Poser déjà un plan qui soit très structuré pour capter ces données.
04:11Et le deuxième, je dirais, obstacle qu'on observe, c'est l'alignement organisationnel.
04:16Puisqu'en fait, on se rend compte que là où le sujet de la durabilité était beaucoup traité par les équipes RSE, historiquement.
04:21Aujourd'hui, il devient de plus en plus un sujet financier, de compliance, réglementaire, juridique même.
04:27Et donc, il y a de plus en plus d'acteurs au sein des organisations qui sont en charge et qui ont la responsabilité.
04:32Donc il s'agit de les aligner.
04:34C'est aussi notre rôle d'accompagner les entreprises.
04:37Et donc, cette analyse qui est effectuée, c'est quoi pour les entreprises que vous représentez ?
04:43Un peu comme une boussole, comment vous l'imaginez ?
04:45C'est un petit peu ça. En fait, on a souhaité, en tant que fédération, apporter des outils pour accompagner nos entreprises à relever ce défi qui est quand même immense.
04:54C'est une directive qui est extrêmement ambitieuse.
04:57Donc, on a réfléchi à comment est-ce qu'on peut les aider.
04:59Et dans la mesure où l'analyse de matérialité, c'est vraiment la pierre angulaire, le socle de ce reporting,
05:05il nous a semblé que ça serait déjà quelque chose à proposer que de faire cette analyse collective.
05:10Il y a à la fois, pour les entreprises qui ont participé, ça a eu des vertus, ne serait-ce que pédagogiques,
05:16passer de quelque chose qui est quand même assez compliqué, peut-être abstrait, à concrètement à quoi ressemble cette analyse de matérialité.
05:23Donc ça, c'était une première chose.
05:25Et ensuite, les résultats permettent de confronter les points de vue.
05:28Même pour ceux qui avaient déjà beaucoup avancé dans le processus, le fait de pouvoir échanger sur tel ou tel aspect était quand même très riche.
05:36Et enfin, en tant que fédération, ce qui est intéressant, c'est aussi de partir de ce résultat pour identifier quels sont les enjeux les plus importants pour notre secteur.
05:44Et ensuite, dérouler des plans d'action collectif.
05:47Est-ce qu'il y a des contraintes spécifiques au secteur des cosmétiques, face à ce défi de la Directive européenne ?
05:55Des contraintes, peut-être pas, mais Maxime l'évoquait, on a un secteur qui est quand même très exposé à tous ces enjeux RSE
06:02parce qu'on dépend de commodités agricoles, on dépend beaucoup de l'eau, les émissions de carbone, évidemment, comme tout le monde.
06:11Donc finalement, l'analyse a montré que quasiment tous les enjeux sont dits matériels.
06:16Matériel étant ici, dans le cadre de la CSRD, synonyme de « important ».
06:20Et donc, sur beaucoup, beaucoup de choses, les entreprises vont ensuite devoir décliner des plans d'action et des indicateurs
06:27pour à la fois réduire leurs impacts et pour se préparer à prendre en compte les risques que tous ces enjeux font peser sur leurs activités.
06:39Oui, effectivement, parce que c'est aussi une façon d'anticiper les conséquences du réchauffement climatique sur sa propre activité.
06:47C'est aussi à ça que sert la conformité et la mise en conformité à cette Directive.
06:52On l'a déjà dit dans l'émission, mais moi j'adore faire de la pédagogie, on va rappeler ce qu'est cette logique de double matérialité.
06:59Alors on peut en parler, en effet.
07:01C'est une des premières étapes absolument critiques et fondamentales pour la mise en conformité à la CSRD
07:05qui, en fait, si je le dis en termes très simples, va servir à identifier quel est le périmètre de reporting sur lequel l'entreprise va devoir se positionner
07:14et donc générer des indicateurs, qu'ils soient qualitatifs ou quantitatifs.
07:18Et donc on va lister toutes les problématiques environnementales, sociales et de gouvernance auxquelles l'entreprise peut être exposée
07:26et ensuite qualifier quelle est la sévérité ou la probabilité que ce risque ou cette opportunité peut représenter pour cette entreprise donnée.
07:33Et donc finalement, c'est grâce à cette approche-là qu'on sait dire ensuite quels sont les indicateurs spécifiques à cette entreprise
07:40qu'elle va devoir publier et reporter demain.
07:42Pourquoi on parle de double matérialité ?
07:44Double matérialité, j'y viens en effet. On parle de matérialité d'impact d'un côté et de matérialité financière de l'autre.
07:49La matérialité d'impact, c'est quel est l'impact que l'entreprise va avoir sur son écosystème, à la fois environnemental, social et de gouvernance.
07:56Et à l'inverse, la matérialité financière, c'est quels sont les impacts que l'environnement dans son ensemble va avoir sur l'entreprise
08:01et surtout le traduire en chiffres et en impacts financiers.
08:05Et c'est là aussi la complexité de la CSRD et ce qui va intéresser les investisseurs et la société civile.
08:10Et ce qui permet aussi de se comparer. C'est pas seulement un outil de comparaison, mais c'est aussi un outil de comparaison.
08:17Et ça, c'est intéressant.
08:18Oui, absolument. C'est vraiment important de pouvoir partager un espèce de corps d'indicateur et de plan d'action.
08:26C'est une des forces de la CSRD, c'est vraiment de normer d'une certaine façon pour que les reportings soient, comme vous disiez, comparables entre eux,
08:35comparables dans le temps aussi, suivis dans la durée.
08:38C'est aussi important de ne pas changer d'indicateur d'une année à l'autre.
08:40Et c'est vraiment extrêmement structurant dans les politiques RSE, mais aussi plus généralement dans les politiques d'entreprise.
08:47Parce qu'une des grandes forces de la CSRD, c'est quand même que la RSE devient un élément vraiment de la gestion des entreprises,
08:56alors que les choses étaient un peu en parallèle précédemment.
08:58Est-ce que c'est un peu comme un nouveau langage à apprendre pour vous ?
09:01Oui, c'est une bonne analogie. Et comme toute nouvelle langue, quand on ouvre le cahier de texte le premier jour d'école, ce n'est pas du tout évident.
09:08Il y a tout un jargon extrêmement spécifique.
09:11Et justement, les travaux qu'on a pu mener ensemble pour les entreprises de la cosmétique, c'était aussi de décrypter tout ce jargon
09:20et de décrypter tous les enjeux et en quoi ils sont pertinents pour le secteur de la cosmétique.
09:25Si on est très concret, comment les entreprises du secteur, peut-être pas les plus grosses, mais des petites entreprises du secteur de la cosmétique,
09:32peuvent utiliser votre étude, votre analyse ?
09:35Ça va leur permettre déjà d'éviter le syndrome de la page blanche, parce qu'en effet, on en revient à l'analogie du scolaire.
09:42C'est pour elles une première étude qui leur permet d'identifier qu'elles sont à l'échelle de leur industrie, de la filière,
09:49les principaux risques, les principales opportunités sur lesquelles elles peuvent s'appuyer pour aller les adapter et se poser la question de
09:55est-ce que leur organisation est exposée aux mêmes risques ou peut bénéficier des mêmes opportunités ?
09:59Et donc, calquer et surtout ensuite adapter le fruit de ces travaux-là.
10:03Et j'insiste aussi, il n'y a pas que pour les petites entreprises que ce travail-là est intéressant.
10:07Pour les grosses entreprises aussi, celles qui ont déjà pu initier ce travail, ça les conforte quelque part, ça les rassure.
10:12Elles sont mieux outillées quand même pour s'attaquer à cette éveresse de la CSRD.
10:18Elles le sont, mais elles sont toujours tout aussi intéressées par savoir comment leurs collègues, leurs pères ont pu évaluer certains risques ou certaines opportunités
10:26et aussi parfois éviter des erreurs de jugement et donc ça rassure encore une fois même quand on est un mastodonte de la cosmétique.
10:32Comment l'industrie de la cosmétique se transforme ?
10:35Il y a beaucoup d'enjeux, on l'a compris dans la CSRD, il y a des enjeux de gouvernance, il y a des enjeux environnementaux.
10:41Je vais rester sur le secteur, l'impact environnemental.
10:47Comment le secteur se transforme ?
10:49Le secteur a déjà pris à bras-le-corps tous ces sujets-là.
10:51On a énormément de projets.
10:53Chaque entreprise évidemment mène ses plans d'action, cherche à se transformer, réduire l'impact au niveau des ressources,
10:59la consommation d'eau dans les produits, l'eau dans les opérations industrielles, les déchets.
11:05Tout cela est largement mis en œuvre dans les entreprises, quelle que soit leur taille d'ailleurs.
11:11Ce n'est pas qu'une question de taille d'entreprise.
11:15Ce qui est intéressant c'est aussi la volonté collective de travailler ensemble,
11:20parce que les défis environnementaux et l'urgence environnementale est telle
11:24que si chacun suit son petit bonhomme de chemin dans son coin, ça risque de ne pas être assez rapide et d'être pas assez efficace.
11:29Donc on a beaucoup de projets collectifs autour de l'emballage, autour du rayon de l'emballage, autour du sujet des matières premières.
11:37C'est des entreprises concurrentes par ailleurs qui travaillent ensemble sur ces objectifs ?
11:42Ça ne cesse de me surprendre, mais positivement, notamment à travers la FEBEA.
11:48On essaye de canaliser ces énergies et de mettre en œuvre ces projets mutualisés.
11:53Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt.
11:57Il est disponible où sur le site de FEBEA ?
12:00Absolument.
12:01On a peut-être un patron ou une patronne de petite entreprise qui se dit « tiens, tiens, mais je ne l'ai pas encore lu cette analyse ».
12:06C'est le moment de la lire.
12:08Merci beaucoup, à bientôt sur Be Smart for Change.
12:10On passe tout de suite à notre rubrique « Les startups éco-responsables à l'honneur ».

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