• il y a 2 mois
Les Cuisines Morel ont commencé à commercialiser leur premier modèle de cuisine biosourcée. En se basant sur un bilan carbone, l’entreprise arrive à identifier que la colle est le composant le plus pollueur de leur produit, alors qu’il ne représente qu’une infime part des matériaux. La société décide alors d’utiliser une colle végétale, respectueuse de l’environnement et de la qualité de l’air. Martin Treboux, directeur Marketing de Cuisines Morel nous présente la cuisine Fleurs.

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Transcription
00:00L'invité de Smart Impact, c'est Martin Treboux. Bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue. Vous êtes directeur marketing des Cuisine Morel, entreprise créée en 1932.
00:15C'est combien de sites de production aujourd'hui ?
00:18Alors, pour Cuisine Morel, on a deux sites de production, en Bretagne et en Haute-Savoie.
00:23Et dans le groupe STF duquel fait partie Cuisine Morel, on a un troisième site de production en Gironde, pas loin de Bordeaux.
00:29Vous proposez à l'occasion de la Semaine Européenne du Développement Durable, vous présentez votre nouvelle cuisine biosourcée.
00:36Elle s'appelle Fleur. De quoi est-elle faite ?
00:39Effectivement. La cuisine Fleur, c'est la première cuisine biosourcée 100% française à l'intérieur des panneaux qui composent cette cuisine.
00:48Puisque les cuisines sont fabriquées à partir de panneaux de bois composites, la colle qui lie les particules de bois est une colle végétale.
00:56C'est la première fois qu'une telle innovation arrive sur le marché français, mais aussi sur le marché européen.
01:01Et les bénéfices, ce sont des bénéfices forts pour la qualité de l'air intérieur, mais aussi pour la planète.
01:07Parce que les colles qui sont traditionnellement utilisées, elles sont pétrosourcées tout simplement pour des cuisines, mais pas seulement d'ailleurs, j'imagine.
01:15Exactement. En fait, on parle de colle urée formaldéhyde qui utilise des formaldéhydes qui sont un dérivé d'un gaz,
01:25qui est un composé organique volatile assez nocif pour la santé à forte dose, ce qui pose problème,
01:34mais qui est également responsable de la majorité de l'impact carbone des panneaux de cuisine.
01:39Oui. Alors c'était la question que j'allais vous poser. Quand vous prenez une cuisine, son impact carbone, c'est quoi ?
01:45Moi, j'aurais tendance à dire c'est la quantité de bois qu'on utilise. Vous avez dû l'évaluer, ça, j'imagine.
01:51En fait, tout part d'ici, tout part du bilan carbone. En 2022, on fait notre premier bilan carbone avec Cuisine Morel, grâce à un accompagnement de BPI France.
02:03On n'était pas obligé de le faire, mais on avait l'intuition que c'était quelque chose d'important.
02:07On a détecté, quand je suis arrivé dans l'entreprise, un an et demi après, je me repose sur ce bilan,
02:13je me rends compte qu'à près de 40% des émissions de l'entreprise sont liées à la fourniture en panneaux de bois.
02:20C'est la première source avant le transport et avant d'autres postes d'émission.
02:27En creusant, je me rends compte que ce qui cause la majorité des impacts à l'intérieur de ces panneaux, c'est la colle.
02:34Alors que c'est une petite partie, c'est peut-être moins de 10% de la matière, c'est entre 70-60% et 70% de l'impact carbone du panneau,
02:42qui est lui-même le composant principal de la cuisine.
02:45C'est très intéressant ce que vous dites. Démarrer d'un bilan carbone pour savoir quel levier activer, c'est vraiment très important.
02:51Effectivement, on a voulu agir dans une vraie démarche d'éco-conception et de prioriser nos actions.
02:57Aujourd'hui, si on veut décarboner notre industrie, on s'est rendu compte que c'était ici qu'il fallait agir en priorité.
03:06Donc là, vous identifiez le levier à activer, sauf qu'il faut trouver une alternative. Est-ce que ça existait déjà ?
03:14Est-ce que c'est vous qui l'avez développé ? Comment vous avez fait ?
03:17En fait, nous, fabricants de cuisine, on fait appel à des fabricants de panneaux pour construire nos cuisines.
03:25Jusqu'à présent, il n'existait aucune alternative. Je découvre tout ce sujet. Je commence des recherches et je trouve une entreprise française
03:35qui s'appelle Evertree, qui a développé une colle végétale fabriquée à base de graines de colza et de tournesol, eux-mêmes cultivées en France.
03:43Je prends contact avec eux. On comprend qu'il y a des expérimentations en cours pour créer des panneaux qui pourraient être utilisés dans la cuisine.
03:53On lance la démarche. Moins d'un an après, la cuisine fleur était sur le marché et les tests de durabilité pour la qualité du produit,
04:04qui est très important pour nous, ont été réalisés dans notre usine bretonne par un institut de certification qui s'appelle le FCB1.
04:11— Et donc c'est assez rapide, finalement. Un an. Donc c'est pas vous qui inventez la colle. Elle existe, mais elle n'était pas encore industrialisée.
04:20C'est à peu près ce que je comprends. C'est-à-dire que vous offrez à cette entreprise un débouché industriel réel.
04:27— On a construit un partenariat avec Evertree pour appliquer cette technologie à la cuisine. Et on est heureux donc d'avoir construit et créé,
04:36mis sur le marché la première cuisine biosourcée en France. — Est-ce que ces colles, elles sont... Alors j'imagine que oui. Vous les avez testées.
04:42Mais il y a la question effectivement de l'impact carbone et puis de l'efficacité. Enfin il faut que vos cuisines offrent le même service à vos clients.
04:49— Effectivement. Chez Cuisine Morel, la qualité, c'est fondamental. Donc c'est pour ça qu'on a réalisé des tests dans l'usine avec ce fameux institut de certification.
05:00Et on s'est rendu compte que la qualité du produit était même supérieure, puisque les panneaux ont une très forte densité et donc une plus grande durabilité.
05:11Donc tous les feux étaient au vert. C'est pour ça qu'on a été prêts à lancer aussi rapidement.
05:16— Alors vous parliez aussi de l'impact sanitaire de ces colles pétrosourcées. Alors à haute dose, j'imagine. Mais quand même, c'est un autre aspect de votre démarche.
05:28On parle de composés organiques volatiles, c'est ça ? — Il faut savoir qu'en France, les statistiques – je crois que c'est l'Observatoire de la santé –
05:38disent que l'air intérieur est 8 fois plus pollué que l'air extérieur. C'est notamment dû à certains éléments des composés organiques volatiles
05:49que l'on trouve dans certains meubles et qui prennent leur source dans cette fameuse colle pétrochimique.
05:55— C'est d'ailleurs – on va voir ce chiffre – une préoccupation importante des Français. 77% des Français se disent préoccupés par la qualité de l'air intérieur aujourd'hui.
06:02— C'est ça. Et donc au niveau européen, il y a des normes qui régulent le marché de la cuisine. Les fabricants de panneaux se sont tous mis aux normes européennes actuelles.
06:12Mais nous, face à l'ampleur de l'enjeu, on s'est dit qu'il fallait aller plus loin et imposer un nouveau standard.
06:18C'est pour ça qu'on a voulu sortir cette cuisine biosourcée, dont les émissions de formaldéhyde sont divisées par 10.
06:24Il ne reste plus que les émissions naturelles du bois, puisque le bois émet à l'échelle naturelle des quantités négligeables de formaldéhyde.
06:32— Est-ce que vous êtes copiés ou concurrencés ? Vous voyez ce que je veux dire. Est-ce que le secteur... Parce qu'il y a des très grandes marques.
06:42On peut citer IKEA, Mobalpa, Leroy Merlin, qui nous vendent des cuisines écoresponsables, qui parlent aussi de matériaux biosourcés, etc., etc.
06:51Comment vous vous situez dans cet environnement-là ? — Alors d'abord, moi, je veux pas jeter la pierre sur nos confrères, parce que tout simplement,
06:57jusqu'à présent, il n'existait pas d'alternative. Je sais que de grandes entreprises comme celles que vous avez citées travaillent sur le sujet pour sortir un produit similaire.
07:06Aujourd'hui, on est les seuls. Mais je serai heureux quand tout le monde en proposera, puisque ça voudra dire qu'on aura réussi notre mission.
07:14Et je pense que demain, la cuisine biosourcée représentera une grande partie du marché de la cuisine.
07:23— Alors j'espère. Je suis dans le même état d'esprit que vous. Sauf que c'est pas le premier argument... Quand je vais acheter une cuisine,
07:31c'est peut-être pas ce que je recherche prioritairement. — Bien sûr. Mais en fait, lorsqu'aujourd'hui, les préoccupations sur l'empreinte carbone des entreprises
07:42s'accélèrent, la prise de conscience sur la santé prend de plus en plus de place. Et si on peut avoir une cuisine qui, pour un tarif accessible,
07:54permet de construire des intérieurs design qui préservent la planète et ma santé, on pense que cette solution-là a de l'avenir.
08:02— Oui. C'est un argument marketing, quoi. — Effectivement. — Tout simplement, on peut mettre ça en avant.
08:06Vous êtes en chemin – il nous reste 2 minutes dans cette interview – vers le statut d'entreprise à mission. Vous en êtes où du processus ?
08:13— Alors là, ça fait 1 an qu'on a lancé ce chantier. On a voulu que ce soit un chantier collaboratif. On a impliqué des collègues de nos 3 sites de production
08:23représentant tous les métiers de l'entreprise. On a défini notre mission et nos objectifs statutaires, qui ont été challengés par la communauté
08:30des entreprises à mission. Et en fait, on va devenir officiellement entreprise à mission au mois de novembre 2024.
08:36— Donc c'est dans quelques semaines, donc, inscrire votre raison d'être dans les statuts de l'entreprise. Pourquoi ce choix ?
08:44— Parce que ça pérennise un engagement. Ça donne un cap stratégique à l'entreprise pour nos collaborateurs, pour nos partenaires
08:52et pour également nos clients, revendeurs et particuliers finaux. Ça montre qu'en fait, on prend pas ce sujet-là à la légère, celui de la contribution sociétale
09:01et environnementale, mais qu'on veut vraiment l'intégrer dans notre ADN. On sait qu'on part sur certains sujets parfois de zéro, parfois de loin.
09:08Mais au moins, on donne un cap et on va se donner les moyens de l'atteindre sur les années à venir.
09:15— Merci beaucoup, Martin Treboux. Et à bientôt sur BeSmart for Change. On passe à notre débat.
09:19Comment l'intelligence artificielle peut-elle se mettre au service de la protection de l'environnement ?

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