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Depuis le 1er janvier 2024, la CSRD est applicable pour une majorité d’ETI. La directive impose aux entreprises de saisir à bras-le-corps la question de leur impact environnemental.

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00:00 (Générique)
00:06 On poursuit cette émission toujours en compagnie d'Anne Catherine du Centraor,
00:09 directrice générale de Novetic.
00:11 Nous ont rejoint également Jean-François Clédel, président fondateur d'Ingéliance
00:15 et vice-président RH du club des ETI de Nouvelle-Aquitaine,
00:18 qui est avec nous à distance.
00:20 Et puis Fabienne Ménard, la CFO du groupe Manutan, partenaire de cette émission.
00:24 Je voudrais d'abord prendre le pouls du côté des entreprises,
00:27 c'est savoir, Fabienne, comment est-ce que vous considérez cette CSRD
00:31 que vient de nous présenter Anne Catherine ?
00:33 Est-ce que c'est une opportunité pour vous ou est-ce que c'est une contrainte ?
00:37 Alors, la première réaction pourrait être de dire que c'est une contrainte,
00:40 puisque c'est une nouvelle réglementation.
00:42 Et d'ailleurs dans CSRD, il y a le mot R qui est le mot "reporting".
00:45 Donc dès lors qu'on parle de "reporting", on l'assimile à une contrainte,
00:49 mais assurément, on considère chez nous que c'est une opportunité.
00:53 Pourquoi une opportunité ? Parce que ça nous donne un cap.
00:57 On est convaincus que ça va nous aider à accélérer la transition énergétique.
01:02 Et puis, comme on dit souvent, ce qui se mesure permet de se développer.
01:06 Donc dès lors qu'on aura plus d'indicateurs aussi,
01:09 ça va nous inciter à nous développer et accélérer cette transition énergétique.
01:13 Donc assurément une opportunité.
01:15 Même question pour vous, Jean-François Clédel.
01:17 Opportunité ou contrainte cette CSRD pour vous ?
01:21 Écoutez, je resterai sur l'idée que j'ai du sujet.
01:26 Je ne me sens pas influencé par la personne qui vient de me précéder,
01:29 mais même si je comprends totalement le propos.
01:32 En fait, c'est une contrainte, bien entendu, ça a été dit très clairement.
01:36 Et c'est une contrainte, comme ça a été dit aussi,
01:38 qu'il nous faut transformer à l'opportunité, mais néanmoins,
01:40 cela reste une contrainte très forte avec des enjeux de mise en place
01:45 dans des délais extrêmement courts,
01:47 enfin relativement courts pour préparer l'entreprise.
01:49 Il faut que l'entreprise soit prête d'ici le 1er janvier 2025,
01:53 enfin les ETI en particulier.
01:56 Et du reste, nous avons,
01:58 ce sera peut-être l'objet d'une autre question,
01:59 mais nous avons au niveau du club des ETI,
02:01 lancé un parcours d'accompagnement des entreprises,
02:06 à la fois en formation et en conseil,
02:08 pour les aider à préparer l'un des premiers éléments,
02:13 à les former d'une part,
02:14 et à préparer l'un des premiers éléments fondamentaux,
02:16 qui est la matrice de double matérialité de cette CSRD.
02:19 Ensuite, bien sûr, c'est une opportunité,
02:22 c'est une opportunité pour l'entreprise,
02:24 parce qu'en fait, c'est un sujet qui devient stratégique,
02:28 même s'il est une contrainte, il devient stratégique,
02:30 parce qu'il nécessite l'engagement de la direction au plus haut niveau
02:35 pour faire les choix, pour faire les choix,
02:36 pour évaluer les risques, faire les choix,
02:38 et les décisions qui s'imposent.
02:41 Et c'est un sujet qui va mobiliser, en fait,
02:45 toute l'entreprise, enfin une bonne partie des acteurs de l'entreprise,
02:48 pendant au moins une année, et puis par la suite, cela continuera.
02:52 Ça remettra sans doute un peu de couleur sur les politiques RSE,
02:57 en impliquant à nouveau de nombreux acteurs de l'entreprise.
03:01 Donc, c'est un moyen pour mobiliser les équipes,
03:03 pour améliorer l'image de l'entreprise,
03:05 et faciliter d'une certaine façon le recrutement.
03:08 Mais c'est aussi un moyen de s'inscrire dans les attentes nouvelles,
03:12 d'une part des clients, mais aussi de la population.
03:15 Anne-Catherine, qui est-ce que ça concerne aujourd'hui, la CSRD ?
03:19 Jean-François parlait de la date du 1er janvier 2025 pour les ETI.
03:22 Quel est le calendrier ?
03:23 Toutes les ETI, en fait, c'est quand même les ETI
03:25 qui sont déjà soumises à un autre petit nom, qui est la DPEF,
03:28 c'est-à-dire la Déclaration de Performance Extrafidentielle.
03:31 Donc là, théoriquement, c'est vrai que c'est un effort,
03:34 personne ne va dire le contraire, parce que...
03:37 D'ailleurs, les consultants vous proposent ce qu'ils appellent le "Gap Analysis",
03:41 c'est-à-dire quel est le gap, enfin, quel est l'écart
03:44 entre ce que vous faites aujourd'hui pour la DPEF,
03:48 qui vous permet quand même d'avoir une structure de reporting,
03:50 et ce qu'on attend de vous pour la CSRD.
03:52 De façon générale, le gap est relativement important.
03:55 Là où, effectivement, je comprends ce que dit votre interlocuteur,
03:59 c'est que la question, c'est jusqu'où sont préparées les entreprises ?
04:03 Parce que c'est un changement de culture, en fait.
04:06 C'est beaucoup plus un changement de culture,
04:08 de comment on analyse le risque, comment on construit son business plan,
04:10 comment on construit sa stratégie, sur quoi on s'appuie,
04:13 est-ce qu'on a bien vu les éléphants dans la pièce qui vont nous coûter très cher ?
04:16 C'est ça, en fait, l'analyse de double matérialité.
04:18 Et donc, on passe, j'allais dire, sans transition,
04:21 d'une culture générale qui, à part dans les équipes RSE,
04:25 qui, dans les ETI, les équipes RSE, c'est au mieux une personne, voire deux.
04:29 Donc là, il y a un vrai sujet.
04:30 Eux, ils ont à peu près la matrice, non seulement de matérialité,
04:33 mais des biais cognitifs nécessaires.
04:36 Tout le reste de la maison, enfin, peut-être pas chez vous,
04:38 les directeurs financiers sont en train, effectivement, de s'emparer du sujet,
04:42 les dirigeants, rarement.
04:45 Donc, il y a vraiment un changement de culture à opérer.
04:48 Et c'est vrai que de commencer par le reporting,
04:49 c'est paradoxalement pas ce qu'il faut faire.
04:51 Normalement, il faut d'abord poser le sujet au niveau de la gouvernance
04:54 et puis descendre ensuite, pour arriver,
04:57 pour être dès le départ sur la stratégie
04:59 et à la fin sur les indicateurs de reporting.
05:01 Donc là où il y a un message brouillé,
05:03 c'est que la CERN, vous l'avez très bien dit,
05:05 commence par dire "on commence par le reporting".
05:07 Donc, bon,
05:09 la marge reste très importante de la façon dont les entreprises sont emparées.
05:14 Donc, c'est là où ça devient un sujet de culture générale
05:17 des dirigeants de l'entreprise, en fait.
05:19 Fabienne, justement, comment vous vous êtes emparée du sujet
05:21 de façon pérationnelle pour ce changement de culture dont parle Anne-Catherine ?
05:25 Oui, alors, tout à fait en phase.
05:26 C'est un grand changement dans l'entreprise
05:28 et le reporting ne sera que, on va dire,
05:30 le dernier, dernier, dernier maillon de la chaîne.
05:33 Même si ce sera un des plus complexes à la fin, peut-être.
05:36 Mais ce sera vraiment tout à la fin.
05:38 Donc, au départ, qu'est-ce qu'on fait ?
05:40 Déjà, nous, dans notre entreprise,
05:42 on a la chance, chez Manutan, d'avoir une directrice RSE.
05:45 Donc, déjà, on est un peu plus outillée, je pense,
05:47 que la plupart des ETI ou des PME.
05:49 Donc, c'est une chance, mais elle est toute seule, effectivement.
05:52 Donc, on est très sensibilisés sur ce sujet
05:55 et la RSE est vraiment au cœur de nos cinq grands objectifs.
05:58 Donc, déjà, on est porté, on a la chance, nous,
06:00 d'être porté au plus haut niveau de la stratégie.
06:02 On a commencé par là, donc ça fait partie de ce qu'on va faire.
06:05 Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a constitué, en fait,
06:07 une équipe pluridisciplinaire et je pense que c'est ce qui est
06:11 vraiment l'élément clé, la pluridisciplinarité.
06:14 Alors, il y a une équipe core qui est la directrice RSE,
06:17 évidemment, la direction financière,
06:19 la direction des risques aussi, que nous avons associée,
06:22 parce que c'est à peu près le même exercice
06:24 qui se frotte un peu à la cartographie des risques
06:26 dans certains aspects.
06:27 Et, bien sûr, la pluridisciplinarité,
06:30 c'est aussi avec les équipes informatique et data,
06:33 et je reviendrai là-dessus, et puis tout le reste de l'entreprise.
06:36 Donc, nous, pour se lancer dans ce schéma-là,
06:40 et pour autant, on avait la DPEF,
06:42 puisque Manitow était cotée auparavant,
06:44 donc on avait déjà cette contrainte,
06:45 mais c'est un pas de géant à franchir
06:47 pour passer de la DPEF à de l'ESSRD,
06:49 mais c'est surtout qu'en fait, aujourd'hui,
06:52 on est accompagnés, mais on a des consultants
06:54 qui apprennent avec nous, parce que personne ne sait
06:56 vraiment ce qu'on va y mettre.
06:57 Donc, nous, on a choisi de commencer,
06:59 parce qu'il n'y a pas le choix,
07:00 par l'analyse de la double matérialité,
07:03 qui est effectivement d'évaluer
07:05 les impacts financiers, environnementaux,
07:07 et tout ce qui va avec ça.
07:08 Donc, on est dans cet exercice-là,
07:10 qui va se terminer d'ici quelques semaines,
07:13 et à partir de là, on va travailler
07:15 sur le gap assessment, ce fameux écart
07:17 entre les normes et de là où nous en sommes
07:20 pour pouvoir déterminer les indicateurs,
07:23 et on se fait tout simplement accompagner
07:25 par des consultants pour structurer la démarche,
07:28 nous aider à aller identifier
07:30 où se trouve la donnée.
07:32 Et ce n'est pas quelque chose
07:34 qu'on peut porter seul en interne,
07:35 non seulement parce qu'on n'a pas le temps
07:37 de gérer un tel projet,
07:38 mais on est aussi en manque de compétences internes,
07:41 et le monde du consultant,
07:42 franchement, apprennent avec nous.
07:43 Donc, on apprend, on apprend, on avance.
07:46 - Jean-François Clédel, vous aviez mené
07:49 au sein du club des ETI de Nouvelle-Aquitaine
07:52 une étude pour une enquête auprès de vos adhérents
07:54 il y a quelques mois, pour savoir un peu
07:55 où chacun se situait.
07:57 Et ce qui ressortait, c'était que la moitié
07:59 des répondants quasiment découvraient seulement la CSRD,
08:02 et 60% disaient avoir besoin d'aide,
08:04 d'où vous le mentionnez rapidement,
08:06 mais on peut peut-être y revenir un peu plus en détail maintenant,
08:09 un programme d'accompagnement que vous avez mis en place,
08:11 c'est ça, il y a vraiment besoin d'accompagnement,
08:13 comme le disait à l'instant Fabienne ?
08:15 - Oui, ça a été très bien dit à l'instant.
08:18 C'est en fait un sujet qui est complexe,
08:21 qui est complexe à appréhender,
08:25 en fait il n'est pas complexe en soi,
08:27 je ne veux pas dire de complexité majeure,
08:28 mais il est complexe à appréhender,
08:29 parce que d'abord le nombre d'indicateurs est extrêmement important,
08:32 le nombre de domaines à aborder est extrêmement important,
08:35 et surtout l'appréciation du niveau de risque
08:40 dans chacun des domaines est sujet à objectivité.
08:45 Et donc, comme ça a été dit à l'instant,
08:48 les consultants apprennent aussi,
08:50 ceux qui demain seront les spécialistes apprennent aussi,
08:52 ceux qui demain devront évaluer apprennent aussi,
08:54 tout comme on l'a connu à l'époque de la mise en place des démarches qualité,
08:58 mais c'était je pense beaucoup plus simple, me semble-t-il,
09:02 que la CSRD,
09:04 tout le monde est en phase d'apprentissage.
09:07 Alors, dans ce contexte-là,
09:09 le club des ETI de Nouvelle-Aquitaine,
09:11 qui est un club qui a déjà 10 ans en fait,
09:13 qui rassemble 130 ETI à Nouvelle-Aquitaine,
09:17 en fait a lancé ce qu'il a appelé l'université des ETI,
09:22 qui est un programme soutenu par les pouvoirs publics
09:26 pour former les 100 000 collaborateurs des entreprises du club
09:31 sur les transitions industrielles, managériales, numériques, environnementales.
09:36 Et dans un de ces parcours,
09:39 évidemment on a pour l'instant 5-6 parcours qui ont été préparés,
09:43 un parcours concerne la CSRD,
09:46 pour une CSRD clairement en quelque sorte,
09:49 accompagnée par des consultants.
09:50 Donc on a mutualisé l'ingénierie de ce parcours avec les consultants
09:56 et on a déjà lancé depuis 15 jours, 3 semaines à peu près, le programme.
10:02 Comment on le lance ?
10:03 On le lance en sensibilisant d'abord par une courte vidéo
10:08 tous les dirigeants des ETI,
10:10 parce qu'en fait c'est à ce niveau-là que ça se passe,
10:12 ça a déjà été dit, mais je le répète,
10:15 c'est à ce niveau-là que ça se passe,
10:17 puisque c'est un enjeu qui devient stratégique.
10:20 Il faut que les dirigeants se saisissent du sujet,
10:22 qu'ils mesurent les enjeux, l'importance pour être prêts.
10:26 Alors on dit dès le 1er janvier 2025,
10:29 pour toutes les ETI, qu'elles soient cotées ou non,
10:31 et puis pour toutes les PME cotées.
10:34 Il est vraisemblable que tout le monde ne sera pas prêt au 1er janvier 2025,
10:38 mais en tout cas le reporting doit être prêt
10:42 pour être audité en 2026 sur les opérations de 2025.
10:48 Voilà, donc on a un parcours à peu près en 8-9 mois
10:54 de diagnostic, formation,
10:56 bien sûr ça commence par la matrice de double matérialité,
10:59 c'est-à-dire impact de l'entreprise sur son environnement d'une part,
11:02 et impact de l'environnement sur l'entreprise elle-même d'autre part,
11:07 et cela permet de déterminer les zones les plus à risque
11:10 qu'il va falloir traiter en premier.
11:12 Anne-Catherine, je voulais savoir combien ça coûte cet accompagnement aux entreprises,
11:18 parce que j'imagine que c'est un investissement,
11:20 c'est-à-dire qu'il y a l'accompagnement parce qu'effectivement tout le monde
11:22 apprend un peu en marchant,
11:24 donc il faut faire appel à des consultants extérieurs, ça un certain coût,
11:27 il faut peut-être, j'imagine, développer de nouveaux outils
11:30 qui vont ensuite agréger cette data quand on arrive à la faire remonter,
11:33 donc c'est un investissement qui peut être considérable ?
11:36 Alors je pense que pour donner peut-être des fourchettes,
11:38 ma voisine est beaucoup plus adepte que moi,
11:40 enfin mieux placée que moi,
11:42 l'idée c'est qu'effectivement,
11:45 je veux dire, quel que soit le montant,
11:47 c'est un montant élevé parce qu'en plus c'est une vraie transformation.
11:50 En fait, on voit bien qu'on tourne autour de ce sujet
11:52 de transition, de transformation, etc.
11:54 depuis une vingtaine d'années,
11:57 ce qui s'est accéléré, c'est l'idée que,
11:59 comme le changement climatique lui-même s'accélère,
12:01 les problématiques d'eau, il va bien falloir le faire,
12:05 donc la question c'est vraiment,
12:07 est-ce qu'on analyse en coût global ou pas ?
12:09 Que ça se fasse à coût zéro pour l'endroit où il se trouve,
12:11 on est en train d'arrêter de penser que la transition
12:13 va se passer tranquillement, mais sûrement
12:15 avec un peu plus de verre chaque année,
12:17 un petit vernis qui va bien sur telle et telle chose,
12:19 c'est l'avantage de la CSRD,
12:21 c'est qu'elle met les pieds dans le plat en disant,
12:23 non, non, pour que ce soit vraiment crédible,
12:25 pour que vous ayez un plan de transition à la hauteur
12:27 des enjeux qui sont les vôtres,
12:29 bon d'abord il faut que vous identifiez vos enjeux,
12:31 et au mieux, aujourd'hui, on a une idée qu'il faut décarboner,
12:33 on peut mettre peut-être tout son argent de consulting
12:35 ou autre sur la décarbonation,
12:37 mais en fait vous avez traité qu'une toute petite partie du problème,
12:39 donc là où c'est effectivement un effort,
12:41 et un effort d'investissement aussi,
12:43 c'est vraiment l'idée de,
12:45 un, vous avez insisté sur le côté pluridisciplinarité,
12:47 mais c'est vraiment transverse,
12:49 c'est-à-dire qu'on arrive enfin à un développement durable
12:51 qui embarque tout le monde dans l'entreprise,
12:53 et qui ne soit pas ou une affaire de marketing,
12:55 ou une affaire potentiellement de finances,
12:57 ou une affaire de RSE,
12:59 et c'est vraiment là où on travaille sur le business,
13:01 c'est vraiment là où on travaille sur le business model,
13:03 donc déjà, c'est pas faux,
13:05 les OTI, c'est-à-dire les organismes chargés de vérifier la donnée OIG,
13:09 sont en train d'apprendre aussi,
13:11 ils ont 80 heures de cours obligatoires,
13:13 mais cette année,
13:15 donc c'est pas, au-delà de combien il coûte,
13:17 il faut qu'ils soient prêts,
13:19 et dans les programmes de formation,
13:21 puisque nous on fait de la formation ad hoc sur la CSRD,
13:23 avec l'idée qu'on était plutôt côté finances,
13:25 mais aujourd'hui on s'élargit aux entreprises,
13:27 justement pour apprendre,
13:29 on va lancer pour les JO, où tout le monde sera en télétravail,
13:31 un programme où on explique,
13:33 parce que le petit nom qu'on a pas encore abordé, c'est ESRS.
13:35 - Alors c'est quoi l'ESRS ?
13:37 - Alors la CSRD c'est le global,
13:39 et l'ESRS c'est décret,
13:41 enfin thème par thème,
13:43 c'est les 12 principaux thèmes,
13:45 où là on a les fameux data points,
13:47 c'est-à-dire on précise quels sont les attendus,
13:49 alors ce qu'il faut dire c'est qu'il y en a pas forcément 1000,
13:51 ça dépend de son analyse de matérialité,
13:53 selon la façon, selon les risques qu'on trouve,
13:55 on est plus ou moins,
13:57 on est fléché pour fournir telle et telle donnée.
13:59 Donc ces fameuses ESRS,
14:01 vous pouvez la jouer,
14:03 genre bon faut que je coche des cases,
14:05 en fait ça va pas marcher.
14:07 Donc l'idée, ce que nous on propose,
14:09 c'est d'expliquer ce que sont chacun de ces thèmes,
14:11 pourquoi c'est un enjeu, et pourquoi c'est un enjeu de risque,
14:13 et ça c'est un programme qu'on va proposer à distance,
14:15 parce qu'on se dit,
14:17 et c'est tout le problème qu'on a aujourd'hui,
14:19 la CSRD elle débarque dans des entreprises
14:21 qui n'ont même pas la notion
14:23 en quoi l'entreprise dépend de la nature.
14:25 Exemple.
14:27 Comment je dépends de la nature ?
14:29 Alors si vous êtes dans l'agroalimentaire,
14:31 ça peut encore aller, mais sur tous les autres métiers,
14:33 pas forcément. Or un des métiers, par exemple,
14:35 où il y a une énorme dépendance à la nature,
14:37 c'est tout ce qui est cosmétique.
14:39 Par exemple,
14:41 c'est pas forcément évident, déjà de le comprendre,
14:43 et puis ensuite, ok on fait quoi,
14:45 on quantifie telle matière première,
14:47 on explique, enfin, ça ouvre un champ
14:49 absolument extraordinaire,
14:51 et donc, alors ça va être moins,
14:53 c'est moins rapide que le décrit monsieur,
14:55 puisque les PME ne doivent s'y mettre que vers 26, 27,
14:57 et avec des indicateurs adaptés.
14:59 Mais est-ce qu'elles auront les moyens ?
15:01 C'est ça aussi la question.
15:03 La question c'est est-ce qu'elles ont les moyens de ne pas changer.
15:05 Donc c'est ça qui est posé en fait.
15:07 C'est-à-dire que oui, dans l'absolu,
15:09 vous dites à des entreprises qui sont en plus
15:11 dans un contexte économique très difficile,
15:13 il va falloir investir un maximum,
15:15 et en fait, il va falloir investir sur votre avenir,
15:17 et potentiellement se faire aider par la CSRD,
15:19 ce qui permet de développer une compétence
15:21 qui en général n'existe pas,
15:23 ou très peu dans l'entreprise.
15:25 C'est ça l'intérêt, c'est de développer des compétences,
15:27 ce que j'appelle moi le bagage durable,
15:29 dont en fait tout le monde a besoin,
15:31 que vous soyez en charge de la compliance,
15:33 de la finance, du marketing, de l'informatique,
15:35 parce qu'on a des lacs de data USG,
15:37 c'est un grand sujet,
15:39 et qui coûte aussi très très cher,
15:41 puisque les principaux grands fournisseurs
15:43 de services un peu américains
15:45 sont au taquet pour vous fournir des lacs
15:47 à des prix élevés,
15:49 mais c'est vraiment,
15:51 et c'est ça qui est très important,
15:53 c'est-à-dire qu'il y a une sanction relative,
15:55 et qui pour donner du temps,
15:57 a de la culturation,
15:59 et a de la capacité à s'emparer de ces sujets-là,
16:01 mais qui sont en fait des sujets de survie
16:03 de budget model.
16:05 Encore une fois, je reviens à la notion de résilience.
16:07 La plupart des modèles ne sont pas résilients,
16:09 on le voit en ce moment dans l'agriculture.
16:11 Oui, on peut continuer comme on veut,
16:13 peut-être, sur le modèle actuel,
16:15 sauf qu'il y a déjà des paysans
16:17 qui ne vont pas en vivre, et ça ne va pas s'arranger,
16:19 et ils savent très bien que le changement climatique
16:21 induit aussi des changements de culture, etc.
16:23 Donc on est bien sur des modèles qui craquent un peu partout
16:25 quand on regarde.
16:27 Donc la CSRD est une aide à le comprendre.
16:29 - Jean-François Clédel,
16:31 avec quelles problématiques reviennent vers vous
16:33 les ETI que vous fédérez
16:35 au sein du métier Nouvelle Aquitaine ?
16:37 Qu'est-ce qui les inquiète le plus,
16:39 ou au contraire,
16:41 qu'est-ce qui ne pose pas de problème aujourd'hui
16:43 avec cette CSRD ?
16:45 - Déjà, pardon, sur le délai de mise en place,
16:47 madame a certainement raison
16:49 pour les PME en général,
16:51 mais là, je parlais uniquement des PME cotées.
16:53 Les PME cotées, à ma connaissance,
16:55 sont assujetties à l'obligation
16:57 dès le 1er janvier 2025,
16:59 tout comme les ETI, en fait,
17:01 qu'elles soient cotées ou non.
17:03 Alors,
17:05 ce qui revient le plus, je dirais,
17:07 c'est d'une part ce que j'évoquais tout à l'heure,
17:09 c'est l'incertitude, en fait, ce climat d'incertitude,
17:11 puisqu'en fait, on fait face à un nouveau,
17:13 à une nouvelle obligation
17:15 dont les contours sont...
17:17 dont l'application n'est pas encore maîtrisée
17:19 par ceux qui seront en charge
17:21 de l'appliquer,
17:23 en fait, en particulier
17:25 les services d'évaluation, de vérification,
17:27 de certification des publications.
17:29 Ensuite, il y a une transformation
17:31 importante
17:33 qui vient s'ajouter à d'autres problématiques
17:35 qui surgissent tout en même temps.
17:37 Madame évoquait à l'instant
17:39 les modèles
17:41 qui manquent de résilience.
17:43 C'est vrai, je dirais
17:45 que les modèles manquent de résilience
17:47 parce que je pense que depuis des décennies,
17:49 nous avons tendu
17:51 tous les modèles pour les rendre cassants,
17:53 en fait. On a fait la chasse
17:55 à toutes les réserves dans l'entreprise
17:57 de façon à optimiser
17:59 toutes les ressources de l'entreprise
18:01 pour améliorer la
18:03 performance de l'entreprise. Donc, on a rendu
18:05 toutes nos entreprises, nos organisations cassantes,
18:07 elles n'ont plus de réserve dans l'armée,
18:09 si vous voulez,
18:11 dans les enchaines de guerre,
18:13 elles avaient toujours la réserve qui était là,
18:15 prête à intervenir en cas de coup dur.
18:17 Aujourd'hui, dans notre entreprise,
18:19 on n'est pas du tout dans ce modèle-là.
18:21 On est dans des modèles extrêmement tendus
18:23 et donc, évidemment, le moindre problème
18:25 engendre
18:27 un arrêt de production ou engendre
18:29 des difficultés majeures.
18:31 L'autre problème que l'on va rencontrer,
18:33 ça va être l'implication
18:35 de la supply chain. Comment allons-nous
18:37 impliquer notre supply chain,
18:39 les fournisseurs, les sous-traitants, etc.?
18:41 Comment seront-ils concernés
18:43 et surtout,
18:45 comment les contraindre ou au contraire,
18:47 devrons-nous nous séparer d'eux
18:49 dans l'hypothèse où ils ne répondraient pas aux attentes
18:51 qui sont nécessaires?
18:53 Ça fait partie des
18:57 sujets
18:59 d'inquiétude aujourd'hui.
19:01 C'est cette incertitude,
19:03 c'est une tâche
19:05 de plus à accomplir.
19:07 Bien sûr, on va essayer de transformer cela
19:09 en opportunité, rendre
19:11 l'entreprise peut-être
19:13 plus performante au regard
19:15 des aléas climatiques,
19:17 au regard des changements climatiques,
19:19 au regard des transformations sociétales,
19:21 au regard de toute autre chose.
19:23 Après, il y a peut-être un dernier point quand même
19:25 qui est aussi le risque d'être décalé
19:27 par rapport au contexte international
19:29 parce qu'en fait, la CSRD
19:31 répond manifestement à des attentes
19:33 au réchauffement climatique
19:35 entre autres, au besoin d'une
19:37 société plus durable,
19:39 plus soutenable, d'une économie plus soutenable,
19:41 mais elle s'inscrit
19:43 aussi dans un contexte international
19:45 qui, lui, va très vite, change très vite.
19:47 Et aujourd'hui, on connaît un contexte
19:49 qui est nouveau,
19:51 que l'on n'avait pas connu depuis
19:53 70 ans avec les tensions internationales
19:55 qui pèsent
19:57 sur nos sociétés.
19:59 J'évoque bien sûr
20:01 la guerre en Ukraine
20:03 et les tensions que la Russie fait peser
20:05 sur le pays.
20:07 Par exemple,
20:09 les investisseurs,
20:11 les fonds d'investissement
20:13 développent de plus en plus
20:15 des critères d'exclusion
20:17 des entreprises qui travaillent pour la défense.
20:19 Peut-être que ce critère-là
20:21 va devoir changer
20:23 compte tenu du contexte actuel.
20:25 Pourquoi retirer-t-il ce critère ?
20:27 Parce qu'il considérait que ce critère manquait de noblesse.
20:29 Or, aujourd'hui,
20:31 on voit que la souveraineté,
20:33 y compris la souveraineté
20:35 militaire,
20:37 devient une nécessité,
20:39 revient
20:41 à la mode.
20:43 Et ce critère-là
20:45 donc
20:47 peut amener
20:49 des changements dans ce que l'on vient
20:51 de mettre en place.
20:53 La CRD met en place un dispositif
20:55 qui risque d'être décalé par rapport au contexte
20:57 international.
20:59 Une dernière question Fabienne.
21:01 J'aimerais savoir si finalement
21:03 vous avez le sentiment que cette mise en place
21:05 de la CSRD, ça vous rapproche d'autres fonctions
21:07 dans l'entreprise,
21:09 que ce soit la RSE, la DSI ?
21:11 Oui, c'est fondamental en fait.
21:13 Vraiment,
21:15 la CSRD, ce n'est qu'un...
21:17 Il faut le voir, je pense,
21:19 comme un catalyseur de tous les efforts
21:21 que l'on doit faire. Donc oui, c'est une contrainte
21:23 parce que c'est du reporting,
21:25 mais c'est aussi une façon de se dire
21:27 on va progresser. Et donc, vraiment,
21:29 la clé, en tout cas, c'est ce qu'on essaie
21:31 de faire chez Manutent, c'est vraiment
21:33 d'associer tout le monde. Donc, est-ce que ça nous
21:35 rapproche les uns des autres ?
21:37 Oui, probablement, parce que
21:39 chacun a une petite pierre
21:41 à contribuer dans l'édifice, que ce soit
21:43 les ressources humaines, que ce soit la supply chain.
21:45 Et nous, en tant que distributeurs,
21:47 on est directement impliqués
21:49 dans la supply chain.
21:51 Je suis un tout petit peu...
21:53 Sur ce qui a été dit jusqu'avant, évidemment,
21:55 on est dans un contexte économique difficile.
21:57 Évidemment, il se passe des choses dans le monde,
21:59 mais il va toujours se passer des choses dans le monde,
22:01 et il va toujours se passer des choses qu'on n'a pas envie
22:03 de voir sur le plan économique.
22:05 Mais la CSRD, il faut le voir
22:07 comme un élément de plus pour nous aider
22:09 dans la transition énergétique. Donc, c'est vrai
22:11 que ceux qui ont établi cette norme,
22:13 ils sont allés un peu fort
22:15 avec une méthode ultra-complexe.
22:17 Donc, ça nous pousse dans nos retranchements.
22:19 C'est un peu un défi méthodologique,
22:21 mais il faut bien le voir aussi.
22:23 C'est aussi pour ça que tout le monde
22:25 en interne travaille dessus.
22:27 La finance se rapproche de la RSE.
22:29 Nous, on a la chance d'avoir deux directions
22:31 qui ont toujours bien travaillé ensemble.
22:33 Mais on n'est rien si l'ensemble des opérationnels
22:35 ne contribuent pas.
22:37 Nous, on a besoin de travailler avec la supply chain,
22:39 avec la direction des achats
22:41 qui est en contact avec les fournisseurs.
22:43 Évidemment, l'informatique
22:45 et la data ont un rôle à jouer
22:47 qui est crucial parce qu'aujourd'hui,
22:49 un des enjeux méthodologiques
22:51 va être de collecter la donnée,
22:53 de la rendre fiable
22:55 et de pouvoir la tracer pour qu'elle soit
22:57 justement... qu'on puisse s'appuyer dessus
22:59 pour mesurer.
23:01 Donc, c'est vraiment toute l'entreprise,
23:03 mais vraiment tout ce qu'on s'est dit au départ,
23:05 ça doit partir d'en haut.
23:07 Ce n'est pas un truc qu'on fait sous le tapis
23:09 comme un reporting de pluie sur n'importe quel sujet.
23:11 Il faut que les entreprises aient dans leurs axes stratégiques
23:13 d'une façon ou d'une autre
23:15 un petit sujet RSE,
23:17 mais pour de vrai,
23:19 qui soit porté dans leur culture et leur ambition
23:21 et ça s'inscrit.
23:23 Et oui, pour revenir sur ce qui a été dit,
23:25 c'est un coût financier également, c'est certain,
23:27 puisqu'on a des consultants,
23:29 mais le temps interne, c'est de l'argent
23:31 et oui, on investit,
23:33 mais ce n'est certainement pas un retour
23:35 sur investissement court terme.
23:37 Il faut se projeter un tout petit peu dans la durée,
23:39 mais c'est ce que nous impose la transition énergétique,
23:41 c'est de voir le coût d'après et les décades suivantes.
23:43 Donc oui, c'est dans la durée.
23:45 Il faut avoir mis un peu de sous de côté
23:47 ou en tout cas en attribuer sur ce sujet.
23:49 Merci beaucoup à tous les trois
23:51 de nous avoir éclairés sur ce sujet.
23:53 On se retrouve très vite pour un nouveau numéro de Smart at Work.
23:55 Merci.

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