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Jeudi 6 mars 2025, SMART BOURSE reçoit Bastien Drut (Responsable de la Stratégie et de la Recherche Économique, CPR AM) , Nicolas Forest (Directeur des investissements, Candriam) et Alexandre Taieb (Gérant-analyste, Sycomore AM)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Nicolas Forest est avec nous, le directeur des investissements de Candriam.
00:16Bonsoir Nicolas.
00:17Bonsoir Grégoire.
00:18Alexandre Tailleb nous accompagne également, gérant chez Sycomore Asset Management.
00:21Bonsoir Alexandre.
00:22Bonsoir Grégoire.
00:23Et Bastien Dru, à nos côtés, responsable de la recherche et de la stratégie de CPR
00:27Asset Management.
00:28Bonsoir à vous Bastien.
00:29Merci d'être là messieurs, ravi de vous retrouver.
00:32Bastien, votre lecture ? J'inscris le 5 mars 2025 dans une série de dates historiques
00:39pour la zone euro.
00:40On avait eu le 26 juillet 2012, « whatever it takes ». Il y avait eu, je crois, autour
00:45du 8 mai 2020 l'annonce du programme d'endettement commun pour traiter la question Covid et initier
00:52le plan « Next Gen EU ». A l'époque c'était Emmanuel Macron et Angela Merkel qui s'exprimaient
00:57conjointement.
00:58Et le 5 mars 2025, qui est peut-être un virage historique pour l'Allemagne et donc pour
01:03l'Europe.
01:04Bastien, est-ce qu'on est en train d'assister à la naissance d'une version économique
01:07de l'Europe plus optimale ?
01:09En tout cas, le « whatever it takes », le renversement de tendance, il est extrêmement
01:16clair pour l'Allemagne.
01:17Il faut quand même rappeler que l'Allemagne vient de sortir, il n'y a pas si longtemps,
01:23il y a à peu près 15 ans, d'Angela Merkel.
01:27Dans le cadre de son mandat, il ne s'est à peu près rien passé, il y a eu une baisse
01:32des dépenses qui a été extrêmement forte, il y a eu très peu d'investissements qui
01:35ont été faits.
01:36Et là, l'Allemagne est en train de parler de potentiellement 1 000 milliards de dépenses
01:41avec les 500 milliards d'infrastructures sur 10 ans, évidemment.
01:45Le fait de passer des dépenses de défense de 1,5% du PIB à 3% dès l'année prochaine
01:53et puis de maintenir ce niveau-là dans le temps.
01:55Et en fait, quand on calcule les chiffres, quand on regarde ce que ça représente, c'est
02:03énorme.
02:04Donc, rien que 500 milliards, on est déjà à plus de 10% du PIB, si on regarde que l'infrastructure,
02:10c'est plus de 10% du PIB.
02:11Si on vient rajouter la défense, on arrive à peut-être 20 à 25% du PIB allemand et
02:18au niveau de ce que ça représente du PIB de la zone euro, c'est 6 à 7% du PIB de
02:22la zone euro.
02:23– Quand on parle de bazooka, ce n'est pas une image usurpée.
02:26– Non, non.
02:27Donc là, l'austérité, le schwarzenuhl de Wolfgang Schauble, d'Angela Merkel, etc.,
02:32il est vraiment derrière nous.
02:33Et là, on est en train de basculer dans une phase où l'Allemagne va dépenser vraiment
02:38beaucoup plus d'argent et toute cette capacité budgétaire qui a été créée par Angela
02:44Merkel, mais au détriment de la qualité des infrastructures et puis de tout un tas
02:47de choses, là, c'est une vraie révolution qui est devant nous.
02:51Donc juste pour avoir en tête, là, 6 à 7% du PIB de la zone euro, c'est à peu
02:56près ce que Biden avait fait quand il avait été élu.
02:59Quand Biden avait fait passer l'American Rescue Plan, c'était à peu près 7% du
03:06PIB.
03:07Et à l'époque, quand on regardait l'impact de marché, on avait aussi eu des taux qui
03:12avaient beaucoup monté, on va dire, ça s'est passé sur 2 à 3 mois, mais on avait un taux
03:17de 10 ans qui avait monté d'à peu près 80, 90 BP et on avait des marchés actions
03:23qui avaient évidemment bien réagi à ces annonces de Biden à l'époque.
03:27Donc là, c'est exactement la même chose, on a l'amplitude, l'ordre de grandeur, c'est
03:31à peu près le même.
03:32Là, sur une semaine, on a des taux de 10 ans allemands qui ont compris quasiment 50
03:37BP.
03:38Avec le mouvement du jour, ça fait ça, de toute façon, et en fait, on retrouve tout
03:43à fait la réaction de marché typique d'annonce de bazookas budgétaires.
03:49Après, dans l'implémentation, on en parlait un peu avant l'émission, l'implémentation,
03:55c'est toujours compliqué.
03:56Les programmes d'infrastructure, c'est sur 10 ans, à quel rythme ça va être fait,
04:03comment ça va être financé, etc.
04:04Donc là, il y a beaucoup de questions.
04:05Puis après, il va encore y avoir des négociations avec les Verts pour passer ça dans les prochains
04:11jours, même aujourd'hui d'ailleurs.
04:13Et donc, il y a beaucoup de questions qui se posent.
04:15En revanche, la volonté de mettre un plan de plus de 20 points de PIB affichés par
04:21Friedrich Schmertz, c'est une révolution allemande.
04:24Et ce n'était pas dans les cartes, Bastien, parce que tous ces sujets-là, on en parle,
04:28je ne vais pas dire, on en parle depuis quelques mois, on en parle depuis 15 ans pour certains
04:31d'entre vous et d'entre nous.
04:33Non, mais ce que je veux dire, c'est que là, il y avait une pression supplémentaire
04:38évidemment autour de l'Allemagne, puisque ça fait 5 ans qu'il n'y a plus de croissance
04:40en Allemagne, etc.
04:42Donc, l'urgence n'arrêtait pas de monter.
04:45Mais il y a encore quelques jours ou quelques semaines, les chiffres qui circulaient, c'était
04:49allez, quelques centaines de milliards, 200 milliards.
04:52Oui, mais c'est beaucoup plus que prévu en réalité, c'était beaucoup plus que prévu.
04:56Après, on peut aussi se poser la question, est-ce que les élections se seraient passées
05:00comme ça, si on avait eu des chiffres annoncés avant les élections, peut-être que ça
05:04aurait changé aussi le réseau des élections, ça, on ne peut pas trop savoir.
05:07C'est un politique, Schmertz.
05:10Il gérera son opinion politique, peut-être que certains lui reprocheront cet espèce
05:18de virage qui n'était pas sensible dans la campagne qu'il a menée, j'entends.
05:22C'est évidemment ce que tout le monde réclamait depuis une quinzaine d'années, parce qu'en
05:27Europe, qui a de la capacité budgétaire ? Il n'y a que l'Allemagne, quelques autres,
05:32la zone deutschmark, les Pays-Bas, il y a quand même énormément de pays qui ont très
05:36peu de capacité budgétaire, et tout le monde attendait à ce que l'Allemagne dépense
05:41de l'argent, et il semble que ça arrive, et il va dépenser beaucoup d'argent, beaucoup
05:45plus que prévu.
05:46C'est pour ça qu'on a cette réaction de marché qui est aussi forte.
05:48Je reviens à ma question initiale, est-ce que c'est une version plus optimale de l'Europe
05:52qui est en train de prendre forme aujourd'hui ?
05:54Oui, oui, tout à fait, parce qu'en fait, on avait un pays qui était au centre de l'Europe
06:01et qui dépensait rien, et qui laissait finalement les autres prendre en charge la dépense budgétaire,
06:07disons.
06:08Donc là, oui, c'est quelque chose de beaucoup plus homogène qui est en train de se mettre
06:12en place.
06:13Alexandre, l'Europe change de visage, vos commentaires, l'analyse qu'on peut faire
06:17un peu à chaud.
06:18D'ailleurs, Christine Lagarde était un peu embêtée, en 24 heures, elle dit qu'on n'a
06:21pas le temps de produire, en tout cas, une pensée économique du point de vue d'une
06:25institution monétaire qui soit ferme et définitive, donc on en est tous là un peu aujourd'hui.
06:2924 heures pour la BCE, c'est une seconde pour nous, donc forcément, ça va très, très vite.
06:36Non, c'est effectivement l'Allemagne, l'Allemagne est en train de changer de braquet complètement,
06:41il y a un vrai tournant à 180 degrés, ça, c'est sûr, il y a l'effet d'annonce qui
06:44joue positivement sur le marché, au moins sur le marché actions, ça, c'est une très
06:47bonne chose.
06:48Maintenant, pour nuancer un petit peu le propos, peut-être mettre un peu de scepticisme dans
06:53tout ça, pour l'instant, toutes les dépenses de la défense ne vont pas être comptées
06:57dans le déficit, dans la dette, etc.
06:59À un moment donné, il va falloir voir comment on finance tout ça.
07:04On parlait des pays qui ont moins de capacités budgétaires, on peut parler de la France,
07:10la France aussi va devoir dépenser à un moment, l'Europe en tant qu'entité à part
07:14entière va devoir dépenser plus, donc il faut voir comment tout ça va se financer.
07:18Alors, on voit un certain appétit du marché, on parle maintenant de war bonds, on sent
07:24qu'il y a un appétit pour cette nouvelle dette-là.
07:27Au niveau européen, c'est ça, de project bonds destinés à financer la défense.
07:34Puis il faut voir aussi, parce que vous parliez en préambule des dates historiques, 2020,
07:402012, etc.
07:41Finalement, l'Europe est restée la même, elle gère une urgence criante.
07:44La situation de l'Allemagne au départ, on en a parlé juste avant, ce n'est pas de
07:49croissance, c'est un manque d'infrastructures, ce n'est pas d'indépendance énergétique
07:52et quasiment pas de défense au moment où quand même la situation géopolitique est
07:56assez stressée.
07:57Donc en fait, ils réagissent très fortement à une urgence criante et qui est totalement
08:01nécessaire.
08:02On peut parler d'autres éléments, il y a aussi des assouplissements réglementaires.
08:06Typiquement sur le gaz russe, ce n'est pas une bonne volonté de la part des Européens
08:12de rouvrir le gaz russe, c'est que les stocks sont extrêmement bas et qu'on doit arriver
08:17normalement à 90% de stockage avant l'hiver.
08:20Là aujourd'hui, on est plutôt entre 20 et 30% selon les pays européens.
08:24Donc ça ne change pas.
08:28On devait éteindre notre approvisionnement au gaz russe parce qu'il y a encore un reliquat
08:31de gaz d'approvisionnement qui se fait via le gaz russe.
08:35Cette phase d'extinction a été un peu reportée, décalée.
08:38Tout à fait.
08:39Et dernier point sur le scepticisme, l'effet en tout cas des dépenses sur la défense ne
08:46devrait pas être énorme sur la croissance dans un premier temps.
08:50Le plan d'infrastructure, c'est autre chose.
08:53En revanche, ça peut avoir un effet inflationniste assez fort.
08:56Donc là, il va y avoir un sujet sur l'inflation qui pourrait revenir, sur comment va réagir
09:04la BCE à ça et l'impact que ça aura sur les taux.
09:06C'est le vrai risque pour vous, effectivement, et d'ailleurs j'aime bien le parallèle
09:11que Bastien faisait avec le plan Biden.
09:13On a beaucoup aussi critiqué, je ne sais pas, en tout cas dans la séquence inflationniste
09:20américaine, l'analyse expose qu'on en a faite, c'était quand même de dire que la
09:23partie budgétaire avait été une variable très importante dans l'envolée de l'inflation.
09:30Complètement.
09:31Ça risque d'être la même chose pour la zone euro.
09:33Et donc Christine Lagarde a raison d'avoir tenu une réunion, j'allais dire, sans donner
09:40de grandes indications pour la suite.
09:43C'était le rôle qu'elle devait jouer là aujourd'hui ?
09:46Tout à fait.
09:47Moi je pense qu'elle a raison dans le sens où elle est extrêmement prudente, elle a
09:50bien souligné les incertitudes et c'est totalement vrai.
09:53Et surtout, elle a très fortement insisté sur le fait qu'elle ne soit pas pré-engagée
09:59à quoi que ce soit.
10:00Ils ne le sont jamais, mais là elle l'a dit encore moins que d'habitude.
10:03Voilà.
10:04On s'engagera, on est engagé encore moins que d'habitude pour la suite.
10:07Exactement.
10:08Ce qui lui laisse un champ un peu plus libre, que ce soit d'un point de vue soutien ou
10:11d'un point de vue restrictif pour les mois à venir, probablement qu'on attend encore
10:15une coupe de taux.
10:16Mais ce qui m'intéresse un peu plus, c'est peut-être une des dernières questions qui
10:18a été posée, c'est sur le QT et sur la partie longue de la courbe, qu'est-ce qu'elle
10:24va faire ? Parce que sur la défense et sur les infrastructures, l'endettement que ça
10:29engrange pour les pays, c'est du long.
10:31Donc c'est sur les taux longs qu'il va falloir voir ce qu'elle fait.
10:35Le QT, c'est le resserrement passif du bilan de la Banque Centrale Européenne qui est
10:38en cours depuis un petit moment.
10:39Elle a dit pour l'instant que ce n'est pas une variable importante pour elle, en tout
10:43cas dans la gestion de la politique monétaire en zone euro.
10:47Nicolas, vos commentaires sur ce qui est peut-être quand même une nouvelle Europe ?
10:52Oui, je mets un peu d'emphase, j'avoue.
10:56Pas mal.
10:57Déjà, merci pour tous ces commentaires.
11:00Effectivement, je crois que ça décrit bien la réaction de marché.
11:02Après, en tant qu'investisseur, ce qui m'intéresse, c'est de savoir est-ce que je suis d'accord
11:07avec ce qui est pricé ou pas ? Voilà, aujourd'hui, après ce mouvement-là que vous avez décrit.
11:13Est-ce que c'est une nouvelle Europe ? Évidemment, je l'espère.
11:18Après, je voudrais juste insister sur trois points de réflexion.
11:22Premier point, est-ce que le plan et tout ce plan est approuvé ? La réponse est non.
11:27Pour, par exemple, juste, je crois, adopter le retrait de la Golden Rule sur la règle
11:35budgétaire, il faut l'accord du Bundestag et l'accord du Bundestraat, je crois que c'est
11:40au deux tiers.
11:41Donc, il va y avoir des discussions.
11:44Donc, je sens que même au sein de l'Allemagne, je dirais que ce plan, très ambitieux de
11:51la part du chancelier, ça c'est clair, ce qui est historique d'avoir un chancelier qui
11:55parle du whatever it takes, ça c'est historique.
11:57Conservateur.
11:58Mais c'est l'ironie de l'histoire, magnifique.
12:01Mais ce que je veux dire par rapport à ça, c'est que sur, est-ce que l'Allemagne va
12:06approuver complètement cela ? Est-ce que ça va être réellement implémenté ? Et aussi,
12:10est-ce que l'Allemagne est en capacité industrielle à vraiment implémenter tout ce plan, aussi
12:16massif qu'il est, annoncé ? Donc ça, c'est le premier aspect.
12:21Et moi, ce que je constate, c'est que ça n'aura aucun impact a priori sur la croissance
12:26en 2025, qui restera faible, et potentiellement en 2026, il faut le mesurer.
12:30Et si Christine Lagarde et ses équipes économistes ont du mal à le faire, soyons humbles de
12:34dire que c'est compliqué pour nous aussi de l'estimer.
12:36Le deuxième point, c'est quel impact sur l'Europe et la croissance européenne.
12:40Et là, l'Allemagne est très importante, elle représente quoi ? 30% du PIB européen.
12:44Est-ce que les autres pays européens ont la même capacité de relance ? Certainement
12:48pas.
12:49Ni la France, ni l'Italie ou l'Espagne, pour les raisons aussi que pour l'Espagne ou l'Italie,
12:55la guerre en Ukraine semble très loin, et je ne pense pas que Mélanie soit du tout
12:58dans cette perspective-là.
12:59Tous ces pays-là n'ont peut-être pas besoin d'efforts de relance aussi importants que
13:03l'Allemagne, semble-t-il.
13:04Mais donc, je vais du plus particulier au plus loin.
13:08Donc, sur l'Europe, au mieux, on a une économie qui peut vraiment, effectivement, générer
13:14de la croissance pour 30%, avec des effets multiplicateurs mais qui sont incertains.
13:17Et de l'autre côté, on a des pays qui, potentiellement, doivent faire même plutôt des mesures de
13:22restriction.
13:23Ça, c'est le deuxième point.
13:24Et puis, le troisième point, qui est pour moi le plus important, en fait, et ce n'était
13:28pas vraiment l'objet de la question, puisqu'on parlait de l'Europe, c'est la croissance
13:31mondiale et la politique des tarifs.
13:34Et ça, c'est la croissance mondiale.
13:35Et là, l'incertitude, Christine Lagarde a parlé d'incertitude phénoménale, et bien
13:41effectivement, l'incertitude est phénoménale.
13:42Et s'il y a des tarifs, notamment des tarifs sur les exportations européennes, l'industrie
13:49allemande va souffrir particulièrement.
13:51Donc, quand je mets ces trois éléments ensemble, évidemment, je suis ravi et j'espère que
13:55ça va fonctionner.
13:56Mais à court terme, je me dis que la croissance européenne va rester timide et que le risque,
14:00c'est quand même, en gros, 0,9% de croissance en Europe.
14:04C'est ça, la prévision.
14:05Prévision, ce qui est en ligne maintenant, c'est ce qu'ils ont sorti, nous, c'était
14:08notre prévision aussi.
14:09Et quoi, 1,5% en 2026, est-ce que ça peut amener à un peu plus de croissance et une
14:15meilleure performance des actions européennes ? Oui, c'est pricé.
14:17Des taux allemands plus élevés, oui, maintenant, c'est pricé.
14:19Et maintenant ?
14:20Oui, oui.
14:21Et maintenant ?
14:22Non, mais encore des risques à court terme, j'entends, mais sur le moyen-long terme,
14:26sur la perception que le marché ou que les investisseurs pourraient avoir de l'Europe,
14:31encore une fois, la réaction de marché, elle est intéressante, non seulement parce
14:34qu'elle tient aujourd'hui, mais qu'elle a été d'une ampleur considérable, historique
14:39de ce point de vue-là.
14:40Ce qui est historique, c'est la hausse des taux allemands ?
14:41Oui, alors, moi, je veux bien que vous nous expliquiez aussi ce qu'il y a derrière ces
14:45taux.
14:46Est-ce que c'est une bonne hausse des rendements allemands ? Est-ce que c'est la prime de
14:53termes qui monte ? Est-ce que le marché se met à douter de la signature allemande ?
14:57Est-ce qu'il serait une folie totale, j'imagine, mais d'accord, d'accord.
15:01Ici, on a eu la hausse la plus élevée sur les taux allemands depuis, je crois, la réunification,
15:06et sur une journée, 0,30 %, et bon, il y a plusieurs factions de l'expliquer, mais
15:11la première façon, c'est simplement que si l'Allemagne fait ses plans de relance,
15:15elle va devoir émettre davantage de dettes, donc beaucoup d'émissions, donc beaucoup
15:19d'offres, pour une demande à changer, donc mécaniquement, on a un prix qui baisse, donc
15:23un taux qui monte.
15:24Ça, c'est une vision.
15:25Une autre vision, ça consiste juste à dire, eh bien, les taux longs, c'est simplement
15:29le reflet des antiations de croissance et des antiations d'inflation, et avec un plan
15:33de relance aussi massif, les antiations d'inflation comme de croissance pourraient être brassées.
15:37Donc, ce qui se passe, c'est parfaitement normal.
15:38Mais néanmoins, tout va bien si on est à 3 %, effectivement.
15:42Mais voilà, moi, ce qui m'intéresse, en fait, quand je dis ça, c'est, et maintenant,
15:46qu'est-ce que fait l'investisseur ? Et donc, en gros, c'est, ok, c'est pricé à 3 %, j'achète
15:50ou je n'achète pas les taux allemands ? Moi, j'achète.
15:52Voilà.
15:53C'est bien.
15:54Enfin, on a un point d'entrée sur du boulot.
15:56Enfin, il y a un prix acceptable sur de l'état allemand.
16:00Les taux italiens, 4,5 ? Oui, c'est plutôt des niveaux d'achat.
16:04Et à ce niveau-là, est-ce qu'on est acheteur d'actions européennes ou pas ? C'est ça
16:08la grande question.
16:10Alors, à court terme, on peut toujours dire oui, mais à long terme, c'est le grand soir,
16:12on va… Oui, peut-être.
16:13Mais ici, c'est la question.
16:15Est-ce que l'investisseur, est-ce que… Et là, vous trouvez que le marché a déjà,
16:18au minimum, bien valorisé tout ce qui s'est passé en 48, 72 heures, quoi ?
16:23Il me semble, sur certaines classes d'actifs, certainement, sur certains secteurs.
16:27Moi, aujourd'hui, je veux bien croire, et c'est vrai qu'on est dans un environnement
16:32où les taux allemands peuvent monter plus que les taux américains.
16:35Ça, c'est le truc énorme qu'on a vu.
16:37Le différentiel entre les taux, ça s'est effondré.
16:40On était à 180, on est passé à 150, on est à 140, à ce rythme-là, on va à 100
16:45points.
16:46Donc, ça, ça peut continuer.
16:47La superférence de marché européen contre marché américain, actions, bien sûr.
16:51Mais pour moi, le juge de paix, au-delà de tous nos discours qui sont européens, c'est
16:56la croissance mondiale et comment les incertitudes, aujourd'hui, politiques américaines, peuvent
17:02impacter la croissance mondiale.
17:04Et voilà, quand on élit un clown, on s'attend à un cirque.
17:09Et donc, à la fin, est-ce que la croissance américaine, est-ce que les chiffres de l'emploi
17:15demain sont bons ? On a eu quelques signaux de ralentissement, est-ce que ça tient ou
17:20pas ? Parce que si la croissance américaine flanche, l'Europe n'est certainement pas
17:24une île isolée et cette histoire, l'histoire européenne, qui peut fonctionner, sera largement
17:30impactée par un ralentissement de la croissance mondiale.
17:32On se donne les moyens, peut-être pas pour tout de suite, mais pour le futur, d'être
17:36peut-être moins dépendant de ce genre d'aléas.
17:40Imaginons qu'il y a un cessez-le-feu dans 6 mois, est-ce que vous croyez qu'on voudra
17:44faire 1% de défense sur le... encore 1% de déficit sur la défense ?
17:48J'en sais rien.
17:49On verra.
17:50Je suis d'accord avec vous, Nicolas.
17:51On verra.
17:52Mais ce qu'annonce Merz, ils ont quand même bien intégré l'idée que, potentiellement,
17:56il était possible qu'il y ait un cessez-le-feu entre l'Ukraine et la Russie dans les prochains
18:00mois.
18:01Donald Trump l'a annoncé, l'a prévu, l'a programmé.
18:04Ils n'annoncent pas ça en pensant que la guerre va être éternelle.
18:07Et pour le coup, le cessez-le-feu sera positif pour les actifs européens.
18:10Bon.
18:11Etats-Unis, alors ? Oui, marché du travail.
18:15Vous avez bien creusé les données du marché du travail, Bastien.
18:18Là, on est en pleine semaine de l'emploi américain.
18:21Non, mais la vibe Trump est retombée.
18:23Beaucoup d'enquêtes, de morales, ont quand même rendu une partie de ce qu'elles avaient
18:29donné et des esprits animaux qui s'étaient envolés au moment de l'élection.
18:33Est-ce que, pour l'instant, c'est juste une question d'enquête ou est-ce qu'il y a déjà
18:36des données dures aussi qui pointent vers quelque chose de… un ralentissement plus
18:41rapide et plus fort que ce qu'on pouvait imaginer de l'économie américaine ?
18:43Alors, il y a plein de statistiques en dures.
18:46Il y a eu le déficit commercial qui a explosé.
18:50Mais ça, c'était en anticipation des hausses de droits de douane et c'est un peu logique
18:54quelque part.
18:55Mais bon, ça jouera négativement sur le calcul de la croissance au premier trimestre.
19:00Après, dans ce qui est peut-être un peu plus significatif, quoi, qui pourrait durer,
19:05on a les dépenses de consommation en janvier qui se sont contractées.
19:09C'était le pire mois depuis quatre ans quand même.
19:12Donc, il y avait eu un peu de… c'est la même chose, un peu d'anticipation finalement
19:16sur le T4.
19:17Les ménages s'étaient dit « les prix vont augmenter » ou « il y aura moins de subventions
19:21à l'achat des voitures ».
19:23Donc, il y avait eu un peu d'accélération de la consommation sur le T4 2024 et c'est
19:28complètement retombé en janvier 2025.
19:30On va voir si ça continue.
19:33Mais c'est déjà un premier chiffre.
19:35Enfin, s'il y a de la consommation, enfin, qui nous donne un chiffre négatif sur le
19:40mois de janvier, c'est quand même assez fort.
19:41Puis après, maintenant, sur le marché du travail, parce que c'est votre question
19:45initiale, on a eu les premiers indicateurs cette semaine.
19:49Le Job Report vivait toujours sa vie, est toujours un peu particulier, un peu décorrélé
19:53finalement des autres statistiques qu'on peut avoir.
19:56Néanmoins, ce qu'on a cette semaine, c'est quand même des indicateurs pas terribles
20:00sur l'ADP.
20:01Je ne sais plus si c'est 77 000 créations d'emplois dans le secteur privé.
20:04C'est faible, ce n'est pas catastrophique, mais c'est faible.
20:08Cet après-midi, il y avait aussi le rapport du Challenger Cré&Christmas qui comptabilise
20:15les nombres de licences immens secs.
20:17Donc là, on était à 177 000 je crois sur le mois de février.
20:19C'est le plus haut depuis juillet 2020.
20:22Et dedans, il n'y a pas que du gouvernemental.
20:25Parce qu'elle doge.
20:26Oui, voilà.
20:27Et là, c'est que 62 000 sur 172 000.
20:32Donc, ce n'est pas que ça, il y a quelque chose d'un peu plus profond que ça, qui est
20:38probablement lié à la politique de Trump en général, avec le fait qu'il y a évidemment
20:43une incertitude par rapport au droit de droit, mais aussi une incertitude de plus généralisée
20:48avec la suspension des aides d'État, qui aussi cause pas mal de choses négatives pour
20:58l'activité.
20:59Donc là, on a une dégradation du marché du travail en plus du chiffre de consommation,
21:07du chiffre de solde commercial, du déficit commercial qui est exposé.
21:11Et donc tout ça nous donne quand même des signaux négatifs qu'on n'avait pas vus depuis
21:15longtemps, parce qu'on avait quand même une économie américaine qui était super
21:18résiliente depuis deux ou trois ans, qui a super bien vécu, au moins officiellement,
21:22le cycle de resserrement de la Fed.
21:24Et là, tout d'un coup, ça va quand même un petit peu moins bien.
21:27Et sans parler nécessairement de récession, on pourrait avoir un premier trimestre de
21:32croissance négative.
21:33Donc, il y a le nocasse de la Fed, d'Alterna, que tout le monde regarde, qui est à moins
21:36de 8.
21:37Mais bon, on ne sait pas forcément si c'est bien calculé, si ça incorpore, si ça fait
21:42les bonnes hypothèses.
21:43Mais néanmoins, quand on a une contraction de la consommation, plus de l'aggravation
21:48du commerce extérieur, ça commence à faire beaucoup, quoi, et donc on pourrait avoir...
21:53La conclusion de ça, c'est que, alors qu'on était en train d'évacuer gentiment toute
21:59baisse de taux de la Réserve fédérale américaine, c'est quelque chose qui va revenir dans le
22:02jeu au moment où on pourra y revenir, où on s'interroge de plus en plus sur le sange
22:06du voyage de la Banque centrale européenne avec tout ce qui bouge en même temps autour
22:10d'elle.
22:11Donc, la Réserve fédérale américaine, le marché a bien tranché en mettant beaucoup
22:14plus de baisse de taux anticipée pour cette année, enfin, beaucoup plus, un peu plus,
22:19on est aux alentours de 3 pour cette année.
22:21Maintenant, le grand discours très important de Powell, c'est demain, en réalité, parce
22:26qu'après, il y aura la période de blackout dans laquelle il ne parle pas avant le FOMC,
22:30et c'est quand même assez marquant, intéressant de voir que Powell a positionné un discours
22:37sur la politique, enfin, sur les perspectives économiques, pardon, demain, juste avant
22:43la période de blackout.
22:44Je pense que, ça y est, il a envie de dire quelque chose, il a envie de commencer à
22:48se positionner.
22:49Ils ont un peu de recul maintenant sur la situation.
22:50Et quand on regarde ce qu'avait dit quelqu'un comme Christopher Waller, il a dit, ben oui,
22:54il y a plein d'incertitudes, il y a les impôts, il y a l'immigration, il y a les tarifs, mais
22:59à un moment donné, nous, il faut qu'on fasse quelque chose, il faut qu'on décide de quelque
23:01chose, soit on est en pause, soit on baisse, mais il va falloir qu'on décide de quelque
23:07chose.
23:08Et maintenant que Trump a commencé à préciser, enfin, à sa façon, de façon très floue,
23:12et voilà, Nicolas a parlé, il a utilisé un mot fort tout à l'heure, maintenant qu'on
23:18a peut-être un peu plus d'indications par rapport à ça, et bien, peut-être que Powell
23:21va se positionner de façon un peu plus marquée que ce qu'il a fait, parce que jusqu'à
23:25maintenant, les deux dernières fois qu'il a pris la parole, c'était, on ne sait pas,
23:29on va voir, on attend de voir ce qui se passe.
23:32C'est juste un réajustement, là, c'est vrai que sur deux mois de marché en 2025, on est
23:37complètement à l'envers de ce qu'il y a marqué 2024, l'exceptionnalisme américain s'est
23:42un peu affaibli, l'Europe, au fond du trou, donne quand même un coup de pied au fond
23:46de la piscine pour essayer de ressortir la tête de l'eau, c'est une question de réajustement
23:51ou c'est quelque chose qui peut se prolonger, qui peut aller plus loin ? Est-ce que les
23:54déceptions de l'administration Trump et de l'économie américaine sont encore peut-être
24:00devant nous de ce point de vue-là ?
24:02Ça peut se prolonger, ça peut aller plus loin, déjà parce que l'incertitude est extrêmement
24:05forte sur la politique de Trump, ça c'est le premier point, sur le discours de demain
24:09de Powell, je ne suis pas certain qu'il précise beaucoup sa pensée, parce que je ne vois pas
24:13comment il peut en savoir beaucoup plus sur la politique de tarifs à venir.
24:16La prochaine date c'est 2 avril, tout le monde est focalisé sur l'America First Trade Policy
24:21qui doit être rendu le 1er avril, je crois, et donc tout le monde, enfin l'UTNIC, tout
24:27le monde communique sur la date du 2 avril qui seront les vrais tarifs.
24:30Et surtout, il doit y avoir l'effet que ça va avoir sur une inflation qui est plutôt
24:34résiliente aux Etats-Unis, on n'a pas vraiment cette désinflation qu'on a pu avoir en zone
24:38euro, donc ça reste un petit peu compliqué, on a bien le ralentissement de la croissance,
24:44d'ailleurs c'est assez intéressant de voir finalement qui a fait l'exceptionnalisme
24:49US, donc effectivement l'économie US tenait par la consommation, mais particulièrement
24:55par la consommation des top 10% revenus.
24:58Ces top 10% ils font 50% de la dépense totale de consommation, ce qui est un plus haut depuis
25:07une vingtaine d'années.
25:08L'ordre de grandeur, donc je prends le top 10%, les 30% suivants et le bottom 60%, on
25:15est plutôt à 45-35%, là on est vraiment, c'est le top 10% qui tient, donc ce qu'il
25:24va falloir suivre, et effectivement je rejoins totalement ce qui a été dit, il va falloir
25:28suivre le marché du travail et en particulier les licenciements, et en particulier les licenciements
25:33d'emplois à haut revenu, c'est là-dessus qu'il peut y avoir un petit souci de dynamique
25:41sur l'économie américaine, et donc je pense que c'est en partie pour ça que l'administration
25:46Trump est en train de back down un petit peu sur les tarifs, pour ne pas relancer trop
25:52son inflation et ne pas tuer complètement sa consommation, parce qu'un fait que je
25:57trouve drôle, même si on ne peut pas vraiment en rire, c'est le prix des oeufs aux Etats-Unis,
26:03le prix des oeufs ça touche plutôt le bottom 60, ceux qui achètent des oeufs pour les
26:07revendre aujourd'hui c'est plutôt le bottom 60, mais quand on en parle, même en mode
26:12blague, et je fais un peu mon magazine People, mais quand on en parle aux Oscars, il se passe
26:17vraiment quelque chose.
26:18Donc c'est grippe aviaire, c'est ça qui provoque la flambée du prix des oeufs, mais
26:25c'est un marqueur achat fréquent, c'est quelque chose qui a cranté l'idée d'inflation
26:33dans l'esprit d'un bon nombre d'Américains.
26:34Même si le plus haut revenu ne le sent pas sur ses dépenses de consommation, ça peut
26:38altérer sa confiance.
26:39Le prix à la pompe, le prix des oeufs, c'est des trucs du quotidien.
26:42Et donc ça, ça peut avoir un impact fort, et donc là je pense que Trump à un moment
26:47donné, qui a quand même fait toute sa campagne sur la baisse des prix, va falloir, même
26:52s'il y a encore une fois c'est un clown, qu'il réfléchisse un petit peu.
26:55C'est quoi le coup de circuit alors ? S'il y a un moment ça va trop loin, là le S&P
27:00a à peine baissé de 5% par rapport à ses sommets, tout va bien, mais c'est quoi le
27:04coup de circuit s'il y a un moment il faut…
27:06Sa politique, étonnamment, alors je ne sais pas si c'est sa politique, mais elle a l'air
27:11d'avoir des effets positifs sur certains prix.
27:15Le pétrole par exemple.
27:17Je n'arrive pas à expliquer, peut-être que mes camarades le feront, pourquoi l'OPEP
27:21augmente sa production maintenant, mais typiquement il y a une baisse assez forte sur le prix
27:28du pétrole, donc le prix à la pompe peut se ressentir aussi à un moment donné.
27:31Et puis sur les tarifs, un autre effet positif, mais c'est une digression, le KTSMC qui
27:38investit 1000 milliards pour créer des infrastructures de production aux Etats-Unis.
27:41100 milliards.
27:42100 milliards, pardon.
27:43100 milliards, oui, je crois.
27:44100 milliards.
27:45Oui.
27:46C'est aussi assez soudain et étonnant, et ça peut être un effet positif de rapatriement
27:53des capitaux aux Etats-Unis, donc ça il va falloir, c'est quelque chose à surveiller.
27:58Peut-être qu'il a proposé en échange sa protection au cas où la Chine se réveillerait
28:03à un moment donné, mais voilà, ce n'est pas une interrogation, c'est quelque chose
28:07qui fonctionne.
28:08Comment vous regardez la situation américaine ? Les taux longs ont baissé déjà, alors
28:12Trump a affiché ça comme étant un de ses objectifs, donc politiquement pour l'instant
28:15il est baqué, on va dire, il est couvert par la baisse des taux longs, mais est-ce
28:19que cette baisse est déjà consommée ou est-ce que c'est quelque chose qui peut se
28:21poursuivre, Nicolas ?
28:22Je pense que la baisse des taux longs peut se poursuivre aux Etats-Unis, oui, ça peut
28:26se poursuivre.
28:27Après, je souscris à ce qu'a dit Bastien, les données sont quand même difficiles à
28:31lire aujourd'hui, difficiles à lire, donc c'est encore compliqué de porter des conclusions
28:38très claires, mais nous on suit ceux-là, parce que je pense que c'est quand même
28:42ça le point le plus important dans les prochaines semaines au-delà de tout.
28:45Est-ce que là, nous on a toujours tablé sur deux baisses de la Fed, entre une ou deux
28:51baisses, on ne change pas notre vue, même il y a trois mois on ne le changeait pas,
28:56aujourd'hui on ne le change pas, on ne va pas jusqu'à trois ou quatre baisses parce
28:58qu'on n'est pas dans ce scénario de récession du tout, on est dans un scénario où effectivement
29:01la croissance peut être là, mais un peu plus faible.
29:05Donc voilà, c'est très compliqué, et je pense que personne n'en sait rien, de mesurer
29:09l'impact de tout ce bruit sur la croissance américaine.
29:12Ce qui est sûr, c'est quand on regarde les indices d'incertitude, on a des niveaux qu'on
29:16n'a jamais connus, qui sont extrêmement élevés, et ça à un moment donné, ça impacte le
29:20consommateur et l'investisseur.
29:21Alors le prix des oeufs, moi je ne suis pas l'expert, mais à un moment donné, on entend
29:26aussi et on voit que tous les chiffres qui sont plutôt des chiffres de sentiments, comme
29:30le Michigan, sont impactés négativement.
29:34Ce que je trouve aussi intéressant, c'est que dans toute cette vague d'annonces de tarifs,
29:37les marchés ont plutôt retenu l'impact négatif sur la croissance que l'impact aussi sur l'inflation.
29:41Oui, c'est récessif, c'est vu comme étant récessif.
29:42Alors que c'est vrai, nous, moi y compris, il y a encore 6 mois, 9 mois, on se disait
29:46attention au risque d'inflation.
29:48Le marché ne le voit pas comme ça, comme si c'était un risque one-off et qu'après,
29:51in fine, c'est récessif.
29:52Donc voilà, très attentif à ça, je pense que c'est ça qui est quand même pour moi
29:56un facteur clé sur la capacité du rallye boursier à tenir, et un facteur clé pour
30:02les taux d'intérêt, y compris les taux d'intérêt européens.
30:05J'ajoute que par rapport à tout ce qui a été dit, quel est le coupe-circuit évidemment
30:08les marchés ?
30:09Oui, le seuil de douleur est le coupe-circuit.
30:10Mais en fait, pour répondre au coupe-circuit, je me pose la question, si ce n'est pas le
30:14congrès américain, est-ce que les démocrates, à un moment donné, ne vont pas tout simplement
30:20provoquer un shutdown d'ici la fin du mois d'avril ? Et ça, c'est tout à fait possible.
30:25Et alors là, on pourrait rentrer dans un moment aussi intéressant aux Etats-Unis,
30:30mais je ne vois pas pourquoi les démocrates feraient des cadeaux aux républicains dans
30:34la discussion sur la prolongation ici.
30:37Je pense qu'il y a des discussions quand même qui sont compliquées sur la prolongation
30:43des baisses d'impôts.
30:44Donc, je pense que ça peut être une possibilité, je pense qu'au niveau de la politique, l'opposition
30:51politique qui viendrait stopper les élans de Trump.
30:56Je pense qu'en tout cas, ça peut être un élément ici qu'il faudra voir.
31:00Et après, dans tout ce bruit des tarifs, on dit oui, il les a retirés, mais à la
31:04fin, plus personne ne sait où est-ce qu'on en est.
31:06Et donc, ça crée quand même un peu de bruit négatif.
31:10Oui, puis ça ne donne pas l'idée d'une stratégie très claire et d'une main très
31:14forte à ce stade pour Donald Trump.
31:16On est à un mois et demi d'exercice du pouvoir, donc je n'irai pas au-delà.
31:19Mais si on regarde les Trump trades, ils sont tous à zéro, à la case départ.
31:24Voilà, c'est la réalité.
31:26C'est pour ça que nous, on est dans un environnement où, par exemple, on est positif depuis le
31:30début de l'année sur un secteur comme le secteur de la santé aux États-Unis, plutôt
31:34des secteurs défensifs qu'on aime bien.
31:35Et on pense que ce secteur pourrait continuer à surperformer aux États-Unis, un secteur
31:39qu'on aime bien.
31:40Donc, on n'est pas plus négatif que ça, mais c'est vrai que c'est vraiment ça qu'on
31:43suit et on est dans un environnement où on se positionne de façon un peu plus défensive
31:47d'un point de vue sectoriel sur les États-Unis.
31:49Beaucoup expliquent que ce qui est important dans le projet de Trump et de son administration,
31:53c'est aussi la séquence.
31:54Dans quel ordre est-ce qu'il fait les choses ?
31:56Et c'est vrai que je ne m'en souvenais pas, mais son premier mandat, il lance la guerre
32:01commerciale, c'est 2018-2019.
32:03Avant ça, il fait passer ses baisses d'impôts, les tax cuts Trump qui veut essayer de prolonger
32:09aujourd'hui.
32:10Il fait passer une loi sur la dérégulation bancaire également.
32:13Donc, il y a déjà des aspects pro-croissance, pro-business qui sont dans l'économie américaine
32:18quand Trump engage le bras de fer tarifaire.
32:22À l'époque ?
32:23À l'époque, oui.
32:24Trump 1.
32:25Trump 2.
32:26Alors, Musk s'agit au sein de l'administration, mais derrière, c'est quand même plutôt
32:30les tarifs qui sont aujourd'hui en première ligne.
32:32C'est ça.
32:33Il y a une énorme différence de séquence entre Trump 1 et Trump 2.
32:37Donc, dans Trump 1, effectivement, comme vous venez de le dire, la guerre commerciale
32:42arrivait vraiment beaucoup plus tard.
32:43Et là, comme il en avait fait un élément vraiment important de sa campagne, il le casse
32:49tout de suite.
32:50Et là, il n'y a pas eu les côtés positifs pour l'activité.
32:53Et en fait, le côté le plus positif pour l'activité, c'est quoi ? C'est de toute
32:58façon les baisses d'impôts.
32:59Et ça, ça va être vraiment très compliqué.
33:02Ce qui a été proposé…
33:05Donc, la loi de réconciliation budgétaire, c'est ça le projet de loi de réconciliation ?
33:08Adopté en principe par la Chambre des représentants, ça nous met quand même des baisses de dépense
33:14de 2 500 milliards sur 10 ans.
33:18Et pour l'instant, on n'a pas mis les lignes qui vont en face.
33:20Et les lignes qui vont en face, c'est des coupes dans Medicaid.
33:23Et Trump a dit « Non, mais avec moi, il n'y aura aucune coupe dans Medicaid, notamment.
33:28» Et en fait, il n'y a rien qui est cohérent, en fait.
33:30Et il y a tellement de contraintes, la différence de point de vue entre le Sénat, entre la
33:36Chambre des représentants, entre ce que Trump veut, ses propres contraintes, etc., que ce
33:43programme de baisse d'impôt, et puis aussi de baisse de dépense, il n'est pas renseigné
33:49aujourd'hui.
33:50Il peut, finalement, ne jamais arriver.
33:55C'est une possibilité.
33:56On se souvient, dans Trump I, il y avait la réforme de la santé qu'il avait voulu
33:59faire passer.
34:00Il n'avait jamais pu le faire parce qu'ils n'avaient jamais réussi à se mettre d'accord
34:05entre eux sur une réforme de la santé.
34:07Les tarifs vont être une source de revenus extérieurs qui permettra de…
34:11C'est un rêve.
34:12C'est le narratif.
34:13Oui, c'est le narratif.
34:14Bon, un calcul de comptable, si on voulait supprimer l'impôt sur le revenu, il faudrait
34:20des droits de douane de 80 points sur toutes les importations américaines.
34:23Ça ne va pas arriver, quoi.
34:25Retour au début du siècle, enfin du XXe siècle.
34:28Non, mais ça n'a jamais arrivé, ça, en fait, voire peut-être qu'il faudrait remonter
34:33au XVIIIe siècle, peut-être, je ne connais pas les chiffres, mais en tout cas, la fin
34:37du XIXe siècle, on n'avait pas des droits de douane qui étaient aussi élevés.
34:40On était sur des 30, allez.
34:41Sur les droits de douane ?
34:42Sur les droits de douane, oui.
34:43Et là…
34:44Si on revient, là, dans les années… Avec ce qu'il fait, on reviendra dans les années
34:4830.
34:49Avec ce qu'il fait… Donc, s'il y avait vraiment les 25 sur le Canada-Mexique, s'il
34:54y avait les 20 sur la Chine et plus, on va dire, 10 points sur tout le monde, avec les
35:00droits réciproques, on arrive au-dessus de 20 et là, c'est le plus haut depuis 1913.
35:05Ça remonte quand même à très loin, quoi.
35:08Donc, tout ça pour dire que oui, effectivement, la séquence est très, très différente.
35:11Pendant Trump I, on avait eu des indices de confiance qui avaient beaucoup monté sur
35:15la durée.
35:16Je ne sais pas, par exemple, le Conference Board ou l'indice de confiance des PMU, etc.
35:20Ça avait duré très longtemps.
35:21Ça n'était jamais retombé.
35:22Et là, il y a eu une sorte d'état de grâce dans les enquêtes pendant deux mois et hop,
35:27c'est retombé complètement avec la politique carrière.
35:29L'état de grâce a eu lieu entre l'élection et son installation au pouvoir.
35:32Et depuis son installation au pouvoir, l'état de grâce est retombé.
35:35C'est ça.
35:36L'état de grâce avance son investiture.
35:38Qu'est-ce qu'on fait sur les marchés ? Il nous reste quelques minutes pour en discuter.
35:42Alexandre, on regarde des mouvements violents quand même des derniers jours, effectivement.
35:46Alors, quels sont les horizons que vous choisissez ? Je vous laisse nous dire.
35:49Mais est-ce qu'on a envie d'accompagner encore l'Europe ? Et de quelle manière, par exemple ?
35:53On a envie d'accompagner encore l'Europe.
35:56Après, il y a quand même pas mal de choses qui sont pricées.
35:59Nicolas l'a très bien dit.
36:00Et puis, on a l'impression qu'on cherche de plus en plus.
36:03Il y a tel secteur à prendre ? Il y a tel secteur qui n'a pas encore monté ? Donc, on cherche
36:07vraiment.
36:08Il y a cet effet sans fondement d'aller chercher les choses qui n'ont pas marché.
36:12Donc, je rejoins le côté plus défensif, notamment en termes de secteur, mais aussi
36:17sur l'Europe.
36:18Donc, la santé européenne, la consommation de base européenne.
36:20Tout ce qui est cyclique, industriel, tout ça, c'est déjà presque inatteignable.
36:26Déjà, si vous voulez, dans une maison ISR, la défense, on va oublier.
36:30C'est un vrai sujet.
36:31On n'aura pas le temps de faire le débat.
36:33Après, un secteur qui semble encore intéressant, même s'il n'est plus dans le territoire
36:43pas cher, c'est les banques.
36:44On a cette quantification de la courbe.
36:45Ça reste intéressant.
36:47Elles ne sont pas non plus immensément chères.
36:49Donc, c'est aussi quelque chose qu'on va chercher.
36:50Mais oui, pour accompagner une partie du mouvement sur l'Europe, peut-être que sur l'industrie,
36:58comme vous dites, l'effet d'annonce a déjà joué son rôle.
37:02Dans les défensives, aussi, un autre secteur qui m'intéresse, même s'il a déjà bien marché,
37:06c'est les télécoms.
37:07On a beaucoup parlé de souveraineté européenne.
37:09On a vu ce qui s'est passé sur Eutelsat, qui est une toute petite boîte.
37:13Ça aussi, c'est un effet d'annonce.
37:15Bien sûr.
37:16Ça fait quoi ?
37:17X8 ?
37:18Oui, ou x6 en quelques jours.
37:20En une semaine, oui, c'est ça.
37:21Est-ce que l'Europe privilégiera Eutelsat plutôt que Starlink ?
37:23Ben oui, mais…
37:24Ok, très bien.
37:25Maintenant, il faut que ça se retranscrive dans les chiffres.
37:29On ne va pas aller sur ces valeurs-là qui ont déjà explosé et qui ont un peu l'effet même stock.
37:34Et puis, sur les US, je ne sors absolument pas totalement des US.
37:42Il y a encore de très belles boîtes qui vont produire de très bons résultats à la prochaine saison.
37:49Là, même sur ces niveaux-là, on peut parler de désamour, bref, de la tech et de l'intelligence
37:58artificielle aux Etats-Unis.
37:59Bon, sur ces niveaux-là, on peut commencer à nouveau à regarder.
38:03Nvidia a encore pas mal de croissance embarquée à aller chercher.
38:07Donc, US…
38:10Là, vous cherchez plutôt des points d'entrée aujourd'hui sur ces grandes valeurs américaines.
38:14Oui.
38:15Et dernier point, peut-être, très rapidement.
38:18Alors là aussi, ce n'est pas très compatible avec l'ISR, mais on peut quand même en parler rapidement.
38:22Il y a des valeurs qui sortent du lot.
38:25La Chine.
38:26On parlait de croissance mondiale.
38:28La Chine va être un contributeur.
38:29Et je n'ai pas l'impression que, en tout cas dans leur état d'esprit aujourd'hui,
38:33les tarifs de 20% supplémentaires aient un gros effet sur leur croissance.
38:37Ils ont toujours un objectif de croissance de 5% qu'ils vont probablement atteindre.
38:40Donc là, je pense qu'il y a des choses à aller chercher.
38:43La Chine s'est un peu désensibilisée quand même du commerce mondial,
38:45ou en tout cas du commerce avec les Etats-Unis depuis Trump 1.
38:48Et puis, oui, 5% de croissance et surtout 4% de déficit.
38:51Absolument.
38:52De 3 à 4.
38:53C'est un plan de relance.
38:54C'est un bazooka, mais c'est un plan de relance.
38:56Nicolas, oui.
38:57Sur les questionnements que vous aviez d'ailleurs au début de l'émission,
39:00comment on y répond ?
39:01Est-ce qu'il faut être encore en Europe ?
39:03On arrive aux conclusions à peu près identiques.
39:05Il y a quelques différences évidemment.
39:08Mais nous, on est plutôt défensif.
39:10On aime certains des secteurs défensifs comme la santé.
39:13On pense qu'il y a peut-être des points qui vont être intéressants sur la tech aux Etats-Unis à regarder.
39:17La Chine, c'est un pari qu'on avait déjà mis en avant.
39:20On était venu tout à l'heure en parler.
39:21Et du côté duration, peut-être des opportunités pour rajouter de la duration en Europe.
39:24Et plutôt de la bonne qualité.
39:26Puisque du crédit IG, on a du 4%.
39:29C'est pas mal.
39:30Et pour revenir sur ce qui a été dit à la fois sur le plan de relance européen et vous parliez de l'ISR,
39:35les valeurs qui sont liées à l'énergie renouvelable, c'est peut-être quelque chose qui a été délaissé
39:39et qui pourrait repartir.
39:40Parce que si vraiment il y a un plan de relance, on aura besoin d'énergie.
39:43Et il y aura certainement ici de la demande pour de l'énergie renouvelable.
39:48Bastien, pour conclure avec vous, les thèmes qui vous intéressent en ce moment sur les marchés ?
39:53Il y a évidemment, essayer de trouver un point d'entrée sur le boune.
39:58Donc là, on n'est pas forcément très loin des moments où on pourra rentrer dessus.
40:05Puis après, c'est l'intelligence artificielle, la tech.
40:10Les valorisations sont un peu moins tendues avec ce qui s'est passé forcément sur les dernières semaines.
40:17Donc c'est des thèmes qui nous intéressent.
40:19C'est plutôt de ce côté-là qu'on a envie de chercher des points d'entrée.
40:22Et puis les actions européennes, évidemment.
40:24Il faut tenir.
40:25Oui, bien sûr.
40:26De toute façon, on est forcément investis en Europe, j'imagine, dans vos maisons.
40:29Merci beaucoup, messieurs.
40:30Merci d'avoir été des invités de Planète Marché ce soir.
40:33Bastien Dru, CPR Asset Management, Nicolas Forest, Kandriyam et Alexandre Taieb, Sycomore Asset Management.

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