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Vendredi 6 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Christian Parisot (Président, Altaïr Economics) et Gilles Guibout (Responsable des actions européennes, AXA IM)

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00:002 invités avec nous ce soir pour décrypter les mouvements de la planète marché, faire
00:13le bilan de cette semaine et essayer de comprendre ce retour de stress sur les marchés.
00:17On est peut-être d'ailleurs dans un phénomène de réplique par rapport à ce qu'on a connu
00:20début août et des inquiétudes macro-économiques qui semblent grandir chez les investisseurs.
00:26Donc, Gilles Guibou est avec nous pour en parler, responsable des actions européennes
00:28chez AXA-IM.
00:29Bonsoir Gilles.
00:30Bonsoir Édouard.
00:31Christian Parizeau, économiste et président d'Altaïr Economics est également à nos
00:34côtés.
00:35Bonsoir Christian.
00:36Bonsoir.
00:37Bon, normalisation ou récession, qu'est-ce qui attend l'économie américaine ? Devant
00:40nous, Christian, crevons l'absurde puisque cette question on va se la poser j'imagine
00:44à chaque publication de données économiques, de statistiques majeures.
00:49On a eu beaucoup de données d'emploi tout au long de la semaine concernant le marché
00:52du travail américain.
00:53Que nous apprend ce rapport sur l'emploi du mois d'août aux Etats-Unis et est-ce
00:59qu'on arrive à répondre à cette question de savoir si l'économie américaine est
01:03simplement en train de normaliser une séquence de surchauffe ou est-ce qu'on est déjà
01:07un peu plus avancé sur un chemin qui irait au-delà de la normalisation et qui pourrait
01:13amener un épisode récessif peut-être pour l'économie américaine ?
01:16Bonne question.
01:17Oui, pas de doute.
01:18On le savait.
01:19C'est une question à plusieurs milliards de dollars, on va dire, sur les marchés.
01:23Oui, non.
01:24Le gros problème qu'on a aujourd'hui, c'est qu'il y a beaucoup de scénarios
01:26ouverts qui se sont ouverts d'un seul coup pour les marchés.
01:28Jusqu'à maintenant, on était dans l'idée assez géniale d'un ralentissement de l'économie
01:33américaine, une banque centrale américaine qui allait commencer à baisser ses taux et
01:36donc on pouvait jouer tranquillement la reprise économique en 2025 et tout allait bien.
01:40Alors maintenant, il y a deux éléments qui commencent un petit peu à faire peur.
01:43C'est d'une part, on se dit oui, il y a un ralentissement économique mais les entreprises
01:47ne licencient pas.
01:48C'est quand même assez étonnant, surtout connaissant les Etats-Unis, on n'est pas
01:51sur des entreprises qui n'ajustent pas leurs effectifs et là, effectivement, on n'a pas
01:55eu d'ajustement encore de l'emploi, on reste sur des entreprises qui n'embauchent
01:59plus.
02:00Donc, ça montre bien qu'il y a quand même bien un ralentissement économique.
02:02Donc, on est un peu moins confortable parce que jusqu'à présent, on était encore
02:05sur des entreprises qui créaient énormément d'emplois.
02:07Là, dans le dernier rapport de l'emploi que l'on a eu, si on interroge les entreprises
02:10sur celui qui interroge les entreprises, on s'aperçoit qu'on perd des emplois de
02:14manière assez importante dans certains secteurs, services aux entreprises, des secteurs d'activité,
02:20la distribution, quelques secteurs comme ça qui commencent à réellement être affectés.
02:24D'autres, par contre, résistent encore.
02:25La construction crée pas mal d'emplois, donc il y a un petit rebond dans la construction.
02:28Donc, on voit, il y a une belle sensibilité au taux d'intérêt qui a un petit peu relancé
02:32l'activité dans ce secteur et puis on voit surtout le secteur de la santé, les secteurs
02:36sociaux qui restent encore assez solides et insensibles pour l'instant.
02:39Mais il y a quand même moins de sous-secteurs qui créent des emplois aujourd'hui.
02:42Il y a moins de diffusion.
02:44On sent qu'il se passe quelque chose, on sent que les entreprises, clairement, ne licencient
02:49pas massivement, mais ne recrutent plus et ça c'est quand même un élément important.
02:52Toute la question est de savoir, est-ce que dans les prochains mois, elles vont appuyer
02:55sur le bouton licenciement pour améliorer leur marge, pour véritablement commencer
03:00à ajuster leurs effectifs ou est-ce qu'elles vont plutôt maintenir leurs effectifs en
03:04se disant on attend les baisses des taux de la Fed, on attend le fait qu'on passe les
03:08élections américaines qui sont quand même un vrai élément qui bloque pas mal de décisions
03:11en ce moment aux Etats-Unis, ça marque les esprits, et on joue plutôt 2025 et là
03:15il ne faut pas se trouver en pénurie de main-d'oeuvre.
03:18Oui, on sait depuis quelques années maintenant qu'il y a plein de facteurs, structurels
03:21notamment, qui rendent les marchés du travail un peu partout dans le monde compliqués,
03:26tendus, avec ces idées de pénurie à l'arrivée.
03:29C'est vrai qu'on dit toujours en économie que les chiffres de l'emploi c'est un indicateur
03:32retardé parce qu'en général c'est en retard, on réagit en retard de l'activité
03:36mais aujourd'hui on a tellement de flou et on manque tellement de visibilité sur l'économie.
03:40M. Powell nous dirait que les incertitudes économiques sont importantes pour reprendre
03:43l'un terme de banquier central, donc on a tellement de flou qu'on se dit que finalement
03:47l'indicateur qui va nous indiquer si c'est grave ou pas, ça sera les chiffres de l'emploi.
03:51Alors ce qui fait que maintenant le marché est un peu face à un mur, parce qu'il
03:54hésite, il se dit si véritablement les entreprises commencent à appuyer sur le bouton et qu'on
03:58voit brutalement le marché de l'emploi se dégrader, la banque centrale américaine
04:02elle a trop tardé à baisser ses taux et on va vers une récession, et bien certes
04:06elle baissera ses taux mais ça sera le pompier et on va passer un mauvais quart d'heure,
04:10soit effectivement on a un ralentissement, la banque centrale américaine a bien fait
04:14de ne pas baisser ses taux, on va pouvoir tranquillement baisser les taux, tranquillement
04:17relancer l'économie en 2025, et dans ce cas-là on a envie d'acheter des cycliques,
04:20on n'a plus envie forcément d'acheter que la thématique intelligence artificielle
04:23qui commence à être un petit peu essorée, on a envie d'aller sur les cycliques, mais
04:26il faut être sûr qu'en 2025 ça repart, et là c'est vrai qu'on est un peu à la
04:30croix des chemins.
04:31Vu la tête des cycliques depuis quelques semaines, effectivement ce n'est pas la conviction
04:33la plus forte.
04:34Mais ça peut repartir très vite, il suffit qu'on ait quelques bonnes nouvelles et tout
04:39de suite les gens vont se dire qu'il faut rejouer la croissance en 2025.
04:41Là il y a 10 jours pour décider, côté Fed, si on fait 25 ou 50 pour démarrer les baisses
04:47de taux le 18 septembre prochain, est-ce que les dernières données de l'emploi notamment,
04:52les dernières enquêtes, il y a le chiffre d'inflation la semaine prochaine qui sera
04:56publié mais bon, visiblement le sujet c'est quand même plus la croissance, est-ce que
04:59ces dernières données permettent de trancher cette question ou pas forcément ?
05:03Alors déjà 50 mois de base, à l'heure actuelle vu l'état des marchés ce serait
05:06une faute, ça serait renforcer les marchés dans l'idée que la banque centrale est
05:11en retard.
05:12Et donc à ce moment-là je peux dire qu'il y aura un vrai c'est well off sur les marchés
05:15actions.
05:1650 BP c'est négatif marché ?
05:17Oui, ça valide les anticipations.
05:18Ça ne rassure pas.
05:19On se dit ils sont en retard, mais ils sont peut-être un peu en retard.
05:23Oui, mais moi je préfère que Powell vienne nous voir en disant on fait 25 parce que la
05:27situation, on a un ralentissement, on fait tout pour préserver mais le marché de l'emploi
05:32est solide, on n'a pas de crainte sur l'avenir.
05:34Je préfère un discours comme ça plutôt que de dire…
05:37Avec de la visibilité sur la poursuite des baisses de taux.
05:40Oui bien sûr, on poursuit naturellement avec le fait que…
05:45Donc on sort de la data dependency, on donne un peu de guidage de ce point de vue-là.
05:49On donne un petit peu, on fera ce qui est nécessaire, ne vous inquiétez pas, on est
05:53là parce que s'ils baissent de 50 points de base, là ils valident complètement le
05:56fait qu'ils sont en retard et qu'ils commencent à paniquer.
05:58Et ça c'est le plus mauvais message qu'on peut envoyer au marché dans un marché qui
06:01commence à…
06:02Et en même temps ils corrigeraient une partie de leur erreur en faisant 50 BP.
06:05Oui mais objectivement, si on descend dans les datas, les données ne sont pas exceptionnelles
06:11mais elles ne sont pas non plus catastrophiques.
06:14Il faut rappeler qu'on ressort quand même d'un deuxième trimestre qui était encore
06:16très très bon, qu'on a un troisième trimestre certes qui ralentit mais on n'est pas du
06:20tout en récession, donc il ne faut quand même pas paniquer.
06:22Et encore une fois, là ce qu'on a c'est un marché du travail qui se refroidit mais
06:26qui ne chute pas puisque finalement c'est les entreprises qui n'embauchent plus.
06:29Alors certes le taux de chômage, bon là il a un petit peu baissé mais on ne va pas
06:32rentrer dans la cuisine mais c'est à cause d'éléments un peu techniques mais le taux
06:35de chômage est plutôt appelé à remonter puisqu'on a aujourd'hui des créations
06:38d'emplois qui progressent moins vite que la population active donc on sait que le taux
06:41de chômage est appelé un petit peu à remonter mais ce n'est pas dramatique, on n'est
06:45pas du tout…
06:46Non mais bon Jérôme Poel, alors peut-être qu'il ne représente que lui quand il fait
06:50son discours à Jackson Hole mais je crois que Marie Daly aussi de la fête de San Francisco
06:53était un peu sur la même ligne, partant des 4,2, 4,3 % de taux de chômage qui sont
06:58la réalité du moment, ils ne veulent pas avoir de dégradation supplémentaire.
07:03Pour eux, pour Jérôme Poel, moi j'ai compris que c'était déjà presque un plafond qu'ils
07:09n'aimeraient pas trop enfoncer.
07:11Ce qu'ils disent clairement c'est qu'aujourd'hui…
07:13Tous ne disent pas ça mais les colons le formulent comme ça.
07:17Le vrai élément central c'est qu'il y a encore quelques mois ils étaient sur l'idée
07:21on combat l'inflation coûte que coûte, là maintenant ils se disent qu'à 4,2 ça
07:25justifie qu'on garde plus l'emploi que l'inflation parce qu'en plus entre-temps
07:29l'inflation a quand même ralenti.
07:30Donc je pense qu'aujourd'hui il y a un rééquilibrage des objectifs et surtout ils
07:35se disent qu'il n'y a aucune raison de maintenir des taux réels aussi élevés aujourd'hui
07:39alors que le marché est de la paix.
07:41Pour moi ça justifie encore un ajustement, très clairement, mais il ne faut surtout
07:45pas montrer qu'on panique parce que si on commence à mettre en tête dans les marchés
07:49qu'on a commis une erreur politique monétaire et qu'on a maintenu trop longtemps la politique
07:52monétaire restrictive, ça sera là un vrai élément baissier pour les marchés actions.
07:56Bon, Gilles comment vous regardez alors ce que j'appelle un peu ce sell-off macro donc
08:01il y a eu l'épisode de début août bien sûr, la semaine de rentrée cette semaine
08:06a été une semaine marquée par le retour de stress et c'est vrai que quand on voit
08:09un peu les actifs qui sont vendus, alors ça a été les matières premières, le pétrole
08:13je crois qu'il y a une journée à moins 5 sur le pétrole cette semaine, on voit les
08:17grandes valeurs du luxe, la tech également, alors tous les trades évidemment les plus
08:21surpeuplés qui se dégonflent, qui se débouclent aujourd'hui, le dollar qui a quand même
08:25plutôt tendance à reculer face à pas mal de devises majeures, je veux dire qu'est-ce
08:31que ça nous dit effectivement des facteurs qui sont à l'oeuvre, est-ce qu'il y a un
08:35changement de perception macro qui est en train de se diffuser dans la tête des investisseurs
08:41et est-ce qu'on va continuer à jouer à se faire peur entre chaque baisse de taux
08:45de la Fed côté américain, de la BCE côté zone euro ?
08:50Alors très clairement quand on regarde, jusqu'à maintenant on estimait que ce qui
08:56devait conduire à des baisses de taux c'était une réduction de l'inflation ou une normalisation
09:02de l'inflation.
09:03Les bonnes baisses de taux ?
09:04Une bonne baisse de taux, là on est dans une phase où en réalité la crainte c'est
09:10que les baisses de taux, et c'est le discours sur les 25 ou les 50, ne soient plus liées
09:14à la normalisation de l'inflation mais à une dégradation plus importante que ce qu'on
09:19attendait de l'économie.
09:21Ce qu'on peut voir d'une manière générale c'est qu'on a quand même plusieurs signaux
09:27sur différentes zones géographiques qu'effectivement l'économie qui ralentit.
09:30En Chine, oui, mais y compris aux Etats-Unis où jusqu'à maintenant on a des chiffres
09:36qui sont assez contrastés où on voit les chiffres de la construction qui sont bons
09:40mais avec un secteur de la construction et de l'investissement en règle générale
09:44qui reste encore aux Etats-Unis assez largement soutenu par les différents plans qui avaient
09:49été initiés qui étaient l'AERA, le Semiconductor App, le Build Back America, tout ça ça continue
09:56à se diffuser, ça ne s'arrête pas du jour au lendemain.
09:57Là où il y a quand même un peu d'inquiétude, ou en tout cas il y a un point d'intention
10:02pour moi quand je regarde le marché américain, c'est la consommation.
10:06On voit que les chiffres de la consommation américains ne sont pas tout à fait homogènes
10:11et on a des signes qui sont assez dissonants avec des Nike, ça c'était au moment de
10:18la publication trimestrielle, Dollar Tree aussi j'ai vu, des chaînes comme ça, des bas prix,
10:24Dollar Tree c'est vraiment du discount américain, donc des populations qui sont les plus bas revenus
10:30qui là vraiment sont en train de souffrir vis-à-vis, Starbucks, et avec des incidents
10:36sur les cartes de crédit qui visiblement commencent à augmenter.
10:38Ça, ça me fait penser qu'il y a quand même un point d'attention, c'est que le PIB américain,
10:43la croissance américaine, c'est 60%, 70% lié à la consommation américaine.
10:48Donc, c'est vrai qu'aujourd'hui on a encore cette activité qui est soutenue par ces plans d'investissement,
10:53mais que du côté de la consommation qui est une composante essentielle, on a des signes dissonants.
10:58Et ça pour moi, à minima, c'est un point d'attention.
11:02Donc aujourd'hui, il est trop tôt pour moi pour éventuellement commencer à construire une trajectoire très claire.
11:10D'autant qu'on a quand même quelques échéances dans les semaines qui viennent,
11:15qui ne sont pas nulles, et qui vont avoir un impact majeur.
11:19Je pense qu'on est tous d'accord pour dire que le résultat Trump ou Harris,
11:25ce n'est pas tout à fait le même impact sur les marchés.
11:27Dans un cas, on a des baisses d'impôts, et éventuellement des droits de douane,
11:31et un impact sur l'immigration, et potentiellement sur le droit du travail.
11:34Je me méfie toujours du côté, ça change, c'est tout ou rien.
11:38On a l'impression que si c'est Harris, tout va d'un côté.
11:43Si c'est Trump, tout va de l'autre.
11:45Il y a quand même des garde-fous, ne serait-ce que les marchés.
11:47Je veux dire, quels sont les marges de manœuvre politiques.
11:52Il y a aussi l'idée que ça peut être peut-être, je ne vais pas dire un no news,
11:57mais peut-être que ce n'est pas non plus le game changer qu'on peut imaginer.
12:01Mais à minima, c'est une incertitude.
12:04Oui, tant que ce n'est pas passé, je suis d'accord avec vous.
12:06À ce stade, il n'y a pas d'urgence.
12:09Surtout que quand on regarde d'une manière assez statistique et calendaire,
12:13on sait que la quinzaine qui s'ouvre, statistiquement,
12:16c'est la pire depuis 1950.
12:18Les 15 derniers jours de septembre, c'est ça ?
12:20C'est la pire qui soit.
12:21On se dit, si on doit acheter, on va peut-être attendre 4 jours.
12:24On n'est pas deux semaines prêts.
12:26Et on va peut-être profiter des baisses qui arrivent.
12:28Maintenant, si on revient sur les taux 25-50,
12:33je ne sais pas si c'est une erreur ou si c'est une prise de panique.
12:36En tout cas, s'il y avait un 50,
12:38ça serait admettre que l'économie ralentit plus fortement.
12:42Et ça, ce n'est pas bon pour les résultats de l'entreprise.
12:46Compte tenu des valorisations qu'on a sur un certain nombre de sociétés
12:50qui avaient été largement achetées,
12:51je pense notamment aux sociétés de l'intelligence artificielle,
12:55c'est difficilement compréhensible.
12:57D'autant qu'on commence à avoir des craquements.
12:59Nvidia, le message a été quand même un peu moins positif que ce qu'on attendait.
13:03Broadcom, aujourd'hui, les résultats n'étaient pas terribles.
13:05On est quand même en train de parler potentiellement d'un démantèlement d'Intel.
13:09Ce n'est quand même pas rien non plus.
13:12Et un démantèlement d'Intel, ça veut dire quoi sur les CapEx d'Intel ?
13:16Et donc, qu'est-ce que ça veut dire pour toute l'industrie derrière ?
13:19Il y a un peu de saturation.
13:21Et il y a en plus, sur le plan de la dynamique de développement,
13:24des valorisations qui ne sont pas complètement nulles.
13:26Et donc, c'est normal de voir ces secteurs-là,
13:29malgré des taux et des taux longs qui baissent.
13:31On était à 4,30 avant l'été sur le disant américain.
13:33On est à moins de 3,70 au moment où on se parle.
13:35C'est normal qu'on voit quand même ces valeurs baisser.
13:38Pourtant, dont les valorisations peuvent être soutenues par des taux qui baissent.
13:43Mais en fait, on n'est pas dans ce schéma-là aujourd'hui.
13:46Mais en réalité, c'est des sociétés, pour une part,
13:49qui ont retrouvé des valeurs, des valorisations,
13:51qui ne sont finalement pas si loin que ça
13:53que les valorisations qui avaient pu être atteintes avec des taux à zéro.
13:57Parce qu'en fait, elles sont déjà fortement remontées.
13:59Donc en réalité, on n'est pas revenu tout à fait au niveau.
14:03On est revenu sur des valorisations élevées,
14:05alors qu'on est certes avec des taux qui vont peut-être baisser,
14:07mais avec une activité qui va se dégrader.
14:09C'est là où aujourd'hui, si on veut se positionner sur des baisses de taux,
14:14il y a sans doute, et c'était le discours qu'on avait avant l'été,
14:16c'est de se dire, finalement, il faut peut-être mettre un peu plus humble
14:19et aller chercher des choses qui vont profiter de la baisse des taux,
14:21qui sont les secteurs qui sont traditionnellement défensifs,
14:24qui sont la consommation durable et les utilities,
14:30qu'on ne sert pas beaucoup de croissance, mais qu'il y a ce stade.
14:32Et c'est le mouvement qu'on a vu se mettre en place depuis quelques semaines ?
14:35Et quand on regarde aujourd'hui, j'en regardais ce matin,
14:38une valeur comme Iberdrola, elle est en train de faire un plus haut historique.
14:40C'est une valeur dont les résultats ont fortement monté depuis 2020,
14:43mais qui en réalité, avant l'été, avait les mêmes cours que ceux qu'elle avait en 2021.
14:48Et simplement, elle a commencé à remonter assez fortement.
14:51Il y a un re-rating qui s'opère sur ces valeurs.
14:53Et malgré tout, on reste en dessous des valorisations de long terme sur ces titres-là.
14:56Je pense qu'on est sans doute dans un moment où il faut être un peu attentiste, accepter de...
15:03Ça, c'est des positions d'attente.
15:05Vous dites quand le marché se met à revenir.
15:07Alors effectivement, on a vu la santé aussi, les utilities, staples, consommation de base, etc.
15:13Pour vous, à ce stade, c'est une position d'attente ?
15:15C'est une position où on a quelque chose d'un peu plus visible,
15:18et un peu moins de variabilité sur les earnings.
15:21Et donc, on se dit qu'on est dans une position,
15:23et surtout que c'est des sociétés qui avaient retrouvé des valorisations qu'on n'avait pas vues depuis très longtemps.
15:27Quand on prend un Danone, sur 15 fois les résultats, 16 fois les résultats,
15:32si on regarde la moyenne de très longue période, on est plutôt sur 17-18.
15:36Et avec une société qui a fait énormément de restructurations qui se repositionnent.
15:39Même chose sur Unilever.
15:41On va parler de Coca aussi.
15:42Coca, c'est pareil, qui retrouve des multiples stratosphériques quasiment.
15:45On a sans doute des opportunités de se positionner sur des choses qui sont moins bien valorisées,
15:51mais sans doute avec plus de visibilité à court terme.
15:55Et à court terme, moi j'aurais tendance à vouloir préférer un peu la visibilité.
16:00Bien sûr qu'à terme, il faut s'intéresser à l'intelligence artificielle.
16:04La tech, la croissance, l'innovation, ça reste...
16:06Non mais attends, bien sûr, on est d'accord.
16:08Mais à court terme...
16:09L'innovation ne s'arrête pas là aujourd'hui.
16:11À court terme, on a cette incertitude macro, et ces valorisations qui sont un peu élevées.
16:17Je comprends.
16:18Et donc ce stress de marché qui revient n'est pas totalement illégitime ou anormal.
16:22Et avec les questions qu'on peut avoir sur le carry-trade qui doit continuer à se débrouiller ou pas.
16:27Puisque début août, la Banque Centrale japonaise avait dit
16:30« Bon, on va attendre avant de remonter les taux. »
16:32Ce que j'en comprends, même si je ne suis pas ça depuis des ans.
16:35Oui, s'ils peuvent le faire, ils continuent.
16:37Ah bah oui, on va le faire.
16:39On a conscience qu'on pèse un rôle important dans les équilibres financiers mondiaux.
16:45Si ça ne nous empêche pas de continuer, on continuera de normaliser.
16:48Donc encore un peu de débouclement à atteindre encore.
16:51C'est intéressant Christian, parce que dans ces épisodes de volatilité depuis début août jusqu'à aujourd'hui,
16:56j'ai l'impression quand même que la vol change un peu de camp.
16:59On a beaucoup parlé du « move index », la vol des marchés obligataires depuis plus de deux ans maintenant,
17:07avec l'épisode de resserrement monétaire, etc.
17:09Alors qu'on avait quand même, modulo la période Covid,
17:13ou le déclenchement de la guerre en Ukraine, ou l'épisode des SVB,
17:15mais on a toujours eu une vol action finalement très très faible.
17:18Là, on a l'impression que la vol change un peu de camp quand même.
17:20Mais c'est normal.
17:21C'est normal, vous dites ?
17:23C'est normal.
17:24C'est normal, oui d'accord.
17:25Parce qu'on est quasiment certain aujourd'hui que les banquiers d'entrepôt vont baisser les taux.
17:28Alors on peut se battre, est-ce qu'ils le feront, ce rythme, tous les trois mois, à chaque réunion ?
17:33Jusqu'où ?
17:34Jusqu'où ? De combien ?
17:35C'est des questions importantes quand même.
17:37Après, dire aujourd'hui que les taux longs américains vont revenir à 5,
17:41ça me paraît quand même difficile, alors que quand même, on a une tendance qui est là,
17:45et qu'il faudrait vraiment...
17:46Sur les 6-12 prochains mois, il n'y a pas de rythme.
17:48Voilà, on peut toujours être surpris, voilà.
17:50Sauf facteur exogène, etc.
17:51Mais vous dites, dans ce qu'on peut regarder à 6-12 mois...
17:54Est-ce que vous êtes prêts à vous couvrir, et à parier que le marché obligataire va se vautrer dans les 6 prochains mois ?
18:01C'est quand même compliqué.
18:02Donc forcément, la volatilité, le prix de la couverture baisse.
18:06Maintenant, est-ce que le marché d'action dans les 6 prochains mois sera plus haut ?
18:09Là, il y a quand même un peu plus d'interrogations par rapport à il y a 3 mois,
18:12où on était complètement menubilés par l'intelligence artificielle,
18:16et quoi qu'il arrivait, même s'il y avait des mauvaises nouvelles sur l'économie,
18:18on allait avoir Nvidia qui allait tous nous sauver.
18:20Donc là, il y a quand même véritablement un changement très clair.
18:24Donc c'est normal que la volatilité change.
18:26C'est normal parce que c'est vrai que c'était quand même anormal que le marché d'action ne réagissait pas
18:30quand on avait les banquiers centraux qui nous disaient
18:32« je ne vous dis pas ce que je vais faire parce que je n'y vois pas clair ».
18:35Donc aujourd'hui, s'il commence à dire « je n'y vois pas clair »,
18:38ça sera peut-être pris plus au sérieux par les marchés d'action.
18:40Je vous prends juste un exemple.
18:42Quand on avait Mme Lagarde qui disait « la désinflation va se poursuivre,
18:46on va encore avoir l'inflation qui va reculer parce que ce sont les marges des entreprises
18:50qui vont absorber la hausse des coûts, des prix, des salaires ».
18:52Et là, là-dessus, le marché, super, l'inflation baisse, la BCE va baisser ses taux,
18:56oui mais le profit, on s'en moque, il n'y a pas de problème, et on avait la bourse qui montait.
19:00Donc là, on commence un petit peu à revenir à la réalité.
19:02La réalité, c'est quoi ? C'est que quand il y a de la désinflation,
19:04il y a moins de croissance de chiffre d'affaires, il y a moins de croissance de bénéfices,
19:07que s'il y a un mouvement de désinflation, c'est que l'économie ralentit,
19:11donc c'est qu'il y a moins de capacité à monter les marges
19:13et donc forcément la situation économique est beaucoup plus compliquée
19:16et que finalement, si les banquiers centraux commencent à baisser les taux,
19:19aujourd'hui, l'impact positif sur l'économie, il sera là, mais peut-être pas avant 2025.
19:24Donc on a peut-être un petit passage à vide à passer d'ici les trois prochains mois.
19:28Donc c'est normal qu'on ait peut-être ce petit retour de la réalité
19:31et je dirais que beaucoup de mes clients et moi-même,
19:35on est plutôt rassurés quand même qu'il y ait un petit peu de retour,
19:37parce qu'on avait du mal.
19:39C'est une forme de normalisation des choses.
19:41On disait oui, c'était l'IA, oui, c'était quelques valeurs,
19:43oui, la montée des marchés était concentrée sur quelques valeurs,
19:46mais là, ça fait un petit peu plaisir en tant qu'économiste que ça réagisse aux indicateurs économiques.
19:50Il y a une convergence entre l'analyse macro et la réalité des marchés.
19:53On commence à prendre un petit peu le risque, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, vous êtes gérant,
19:56vous dites qu'on a essoré la thématique IA, ce n'est plus une protection absolue.
20:00On a cité la publication de Bradcom, elle a été bonne sur la partie IA,
20:04la partie technologique, ils ont même rehaussé leur attente sur le chiffre d'affaires de l'intelligence.
20:10Par contre, ce qui a vraiment été mauvais, c'est tout le reste.
20:13C'est comme HPE, c'est Hewlett Packard Enterprise.
20:16Tout était bon sur la partie IA, mais qu'est-ce qui se passe ?
20:19C'est relativement simple.
20:21Les entreprises investissent massivement dans l'intelligence artificielle
20:23parce qu'elles n'ont pas le choix.
20:25On peut toujours parler, est-ce que ça sera rentable ?
20:27C'est un autre débat.
20:28En tout cas, il y a une réalité économique.
20:30Ce n'est pas du faux.
20:32Mais derrière, elles coupent tous les autres budgets.
20:34Et ce qui coupe les autres budgets, c'est aussi tout ce qui est infogérance,
20:38développement informatique.
20:39Donc, il n'y a que l'IA qui est préservée.
20:41Mais ça veut dire que ce n'est pas si positif que ça,
20:43à part si vous êtes un Nvidia où vous vous faites très concentrer sur ce segment-là.
20:47Oui, 80% du chiffre d'affaires, c'est des GPU.
20:49Là, ça va, mais le reste du secteur va souffrir.
20:52Donc, finalement, on sent qu'il n'y a plus cette protection, cette immunité.
20:56Et puis derrière, il y a une conjoncture économique qui est quand même difficile.
20:59Une Allemagne qui va très mal en Europe,
21:01une Chine qui ne repart pas,
21:02et une économie américaine qui ralentit.
21:04Donc là, tout ça, c'est beaucoup pour les matières premières, notamment.
21:06Gilles, sur la Chine, quand je vois le pétrole,
21:09les matières premières s'effondraient.
21:11Ça fait quand même quelques semaines que ça rebaisse fortement,
21:13avec des sell-off à moins 5 sur le pétrole.
21:16Je veux bien que les États-Unis soient une source d'interrogation, d'incertitude.
21:20Effectivement, mais comme le disait Christian,
21:22on a encore un PIB à 3% de croissance au T2, deuxième estimation.
21:25Donc, j'ai l'impression que ces mouvements-là,
21:27ils sont aussi le résultat d'inquiétudes sur la Chine.
21:31Non seulement qu'ils ne se lèvent pas, mais peut-être qu'ils continuent de grandir.
21:34Tous les groupes qui ont des activités exposées à la Chine,
21:37que ce soit dans la conso, dans l'industrie, etc.,
21:39je parle des groupes occidentaux,
21:41ils n'ont reporté que des mauvaises nouvelles sur cette partie-là.
21:44Je pense qu'effectivement, la Chine est une vraie question.
21:47En plus, compte tenu de son poids dans le PIB global,
21:50et également compte tenu de la contribution à la croissance des entreprises européennes.
21:53C'est quoi la profondeur du sujet ?
21:55Parce qu'on en parle semaine après semaine.
21:57On sait que la Chine, c'est un problème, que c'est compliqué.
22:00Ça fait déjà plusieurs années qu'on le répète.
22:02Mais j'ai l'impression que le problème est quand même encore plus profond,
22:05peut-être, que ce que certains imaginaient.
22:07J'ai discuté avec mes collègues économistes émergents.
22:10De ce que je comprends, ils ont du mal à avoir une transparence totale sur la Chine.
22:14Oui, pour un économiste, c'est dur à lire.
22:17Mais pour des boîtes qui opèrent là-bas ?
22:20Ce que disent les sociétés, c'est qu'en fait, aujourd'hui,
22:23elles rencontrent également plus de difficultés avec des marchés qui ralentissent.
22:27Après, il y a des segments qui fonctionnent.
22:29Si vous êtes effectivement sur le bon segment,
22:32je voyais Schnee derrière, il disait que sur un segment,
22:37là où Siemens, sur la partie digital infrastructure,
22:43ils avaient plus de difficultés.
22:46Schnee derrière, ça a l'air de mieux se passer.
22:48Et ils n'ont pas de concurrence chinoise en face.
22:50Parce que c'est ça aussi.
22:51Il y a à la fois le ralentissement du marché chinois
22:53et l'intensité concurrentielle qui explose dans plein de domaines.
22:56Mais c'est que, ils n'ont visiblement pas encore...
22:59C'est ça. Ils sont encore protégés avec leur expertise.
23:02Ils ne sont pas encore protégés pour combien de temps ?
23:04Ce qu'on peut voir, c'est qu'effectivement,
23:06on a un certain nombre de sociétés chinoises qui, maintenant, sont à niveau.
23:09On peut prendre l'exemple des voitures.
23:12Et qui, aujourd'hui, non seulement viennent concurrencer
23:15les marques européennes sur leur marché domestique,
23:18mais qui, en plus, viennent,
23:21pour maintenir les taux d'utilisation de capacité de production à des niveaux élevés,
23:27vont se servir de l'export pour ça.
23:30Saturer leur capacité, oui.
23:32Donc, on a effectivement un impact qui n'est pas uniquement sur la Chine.
23:35Parce qu'on a un marché chinois qui, lui, pour le coup,
23:38a beaucoup de mal avec une consommation qui ne repart pas.
23:40J'ai une collègue qui revient de Chine,
23:43qui a passé 4 semaines en Chine,
23:46pour des raisons professionnelles, mais également pour les vacances,
23:49et qui me disait « j'ai jamais vu Shanghai comme ça ».
23:52C'est-à-dire ?
23:53Il n'y avait personne dans les magasins.
23:56Je vois même, au-delà de l'auto,
23:59encore une fois, vous regardez un Starbucks en Chine face à un Luckin Coffee.
24:02C'est-à-dire que, pour chaque grande franchise occidentale
24:07sur un segment de consommation,
24:09il y a le comparable chinois.
24:11Luckin, on en parle depuis plusieurs années.
24:13C'est coté à New York, etc.
24:15C'est une boîte connue, qui est publique.
24:17Mais sauf que là, ça y est, ça décolle.
24:19En Chine, on ne va plus chez Starbucks, on va chez Luckin.
24:22Et du coup, effectivement, on a un marché qui...
24:25Mais à côté de ça, ce n'est pas uniquement ça.
24:27On voit bien quand même que les chiffres sur la consommation chinoise sont globales.
24:30Parce qu'il y a le problème de l'immobilier,
24:32qui est quand même un élément central dans leur patrimoine.
24:35Il y a quand même des problèmes, sans doute,
24:37qui sont plus structurels en Chine.
24:39L'effondrement du secteur auto en Europe, là...
24:41Parce qu'encore une fois, c'est un secteur...
24:43Ça montre aussi comment le marché a changé ces derniers mois.
24:46Le secteur auto en Europe, j'ai regardé jusqu'à mars, avril, mai...
24:50Enfin, jusqu'au printemps, c'était le secteur leader.
24:52On avait des perfs à deux chiffres sur le secteur.
24:55Alors, c'était des recoveries, etc.
24:57Et puis, alors, l'effondrement était spectaculaire.
25:00C'est moins 50% depuis les points hauts du printemps dernier.
25:03Alors, je pense que là-dessus, il faut voir deux choses.
25:05On revient sur la thématique du consommateur,
25:08avec des sociétés automobiles qui ont l'obligation d'investir
25:14et qui, aujourd'hui, sont obligées de passer les hausses de prix
25:18pour pouvoir maintenir leur marge.
25:20Et jusqu'à maintenant, elles ne faisaient pas trop de guerre de prix.
25:24Et là, elles vont devoir rentrer un peu dans une guerre de prix.
25:26On a vu Tesla qui avait annoncé deux baisses de prix
25:28depuis le début de l'année, voire trois.
25:30On a quand même un changement d'environnement
25:32qui devient plus compliqué.
25:33Et finalement, on est en train de retrouver un secteur automobile
25:37bien plus similaire à ce qu'il pouvait être
25:39en termes de comportement vis-à-vis des consommateurs
25:43au début des années 2000.
25:44C'est quoi ? C'est juste le début des problèmes pour eux, aujourd'hui ?
25:47Quand on regarde les valeaux, j'imagine,
25:52il y a déjà le pire, je ne sais pas.
25:55Mais en tout cas, un avenir très noir, déjà pricé.
25:58On retrouve les valeaux qu'on a toujours eus.
26:00La question, l'anomalie qu'on a encore aujourd'hui,
26:04c'est qu'on a des niveaux de marge,
26:06notamment sur un groupe comme Stellantis,
26:08qui restent encore assez élevés.
26:09La question, c'est est-ce que la marge va tenir ?
26:11Et aujourd'hui, le marché dit non, elle ne va pas tenir.
26:14Au cours actuel, je comprends.
26:16Il y a pas mal de questions autour de ça.
26:19Christian, dans les trucs, c'est un peu anecdotique,
26:21mais en même temps, pas tant que ça.
26:23Il y a deux grands patrons allemands
26:26qui ont pris la parole coup sur coup cette semaine.
26:28Le patron de Volkswagen,
26:30pour annoncer effectivement la perspective
26:32de fermeture d'usine en Allemagne,
26:34première dans l'histoire de Volkswagen
26:36et de ses quasi 90 ans d'histoire,
26:38bien sûr, avec ce constat,
26:40nous ne sommes plus compétitifs.
26:42Nous, les Allemands, nous ne sommes plus compétitifs.
26:46Patron de Volkswagen,
26:48moins de 24 heures après,
26:50le patron de Deutsche Bank a une conférence
26:52organisée je ne sais où.
26:54Les Allemands ne travaillent pas assez.
26:56Il sort des chiffres que je n'ai pas eu le temps
26:58de vérifier plus que ça.
26:59Il dit que les Allemands travaillent 28 heures par semaine
27:01quand la moyenne en Europe, c'est 34 heures par semaine.
27:03Je sais qu'il y a plein de manières.
27:05Ça, c'est le travail hebdomadaire.
27:06Il faut regarder les volumes d'heures, etc.
27:08Bref, le patron de Deutsche Bank,
27:09il dit que les Allemands ne travaillent pas assez.
27:11Il va falloir que les Allemands se remettent au travail.
27:13Venant d'Allemagne.
27:15Après, l'Allemagne, ils ont un choc.
27:17On l'a peut-être oublié,
27:19mais il y a eu quand même une crise énergétique.
27:21La crise énergétique a beaucoup plus affecté l'Allemagne
27:23que la France ou que d'autres pays.
27:25Il ne faut pas oublier,
27:27c'est que nous, l'avantage, c'est qu'on a eu quand même
27:29nos centrales nucléaires qui sont reparties.
27:31Et donc, on est beaucoup moins sensible aujourd'hui.
27:33Mais l'Allemagne paye plus cher son gaz.
27:35Et ça coûtait beaucoup moins cher
27:37d'avoir des gaz qui arrivaient de Russie
27:39par gazoduc que de l'importer en GNL.
27:42Même les efforts de sobriété énergétique
27:44des entreprises qui ont été mis en place,
27:46ça ne permet pas de compenser le delta.
27:48La chimie allemande, comment elle souffre en ce moment.
27:50Et en plus, nous par exemple,
27:52par rapport à la France, on est sauvés.
27:54Parce que nous, il y a une partie qui est comprise dans la chimie,
27:56qui est la chimie de parfum,
27:58qui est plutôt du luxe, qui n'est pas sensible à ça.
28:00Donc, l'Allemagne est vraiment aujourd'hui
28:02très affectée par ce choc énergétique.
28:04Même si les coûts du gaz
28:06ont beaucoup baissé, on est d'accord.
28:08Mais ils ont des coûts de production
28:10qui ont fortement monté. Il ne faut pas oublier l'énergie.
28:12Ça reste un des principaux coûts
28:14non salariaux importants
28:16dans tous les process de production.
28:18Et ça se diffuse dans l'économie.
28:20C'est un problème, et on le voit par rapport à ces commandes à l'export
28:22qui, véritablement, sont sous pression.
28:24Alors là, on a eu un chiffre hier
28:26qui était un petit peu meilleur, mais qui était lié essentiellement
28:28aux commandes exceptionnelles. Mais le noyau
28:30dur des commandes reste toujours très mal orienté.
28:32Et d'autre part, l'Allemagne a vu
28:34son principal partenaire commercial,
28:36qui est la Chine, s'effondrer. Et ça, c'est un vrai problème.
28:38Alors, pourquoi ?
28:40Je vais dire un petit mot sur la Chine.
28:42Justement, c'est un gros problème. Parce que je pense
28:44qu'on a un vrai problème Xi Jinping.
28:46C'est-à-dire que, grosso modo, il y avait deux courants
28:48et on en a discuté au mois de juillet
28:50au niveau de la Chine.
28:52Il y avait un courant qui disait qu'il faut relancer par la consommation
28:54et un autre qui disait qu'il faut relancer par l'offre.
28:56Politique de demande, politique de l'offre, c'est vieux comme le monde.
28:58On connaît ça en France aussi.
29:00Sauf qu'à la différence,
29:02plutôt étonnant peut-être pour un gouvernement chinois,
29:04mais M. Xi Jinping a dit
29:06qu'il n'est pas normal
29:08que les Chinois s'enrichissent par l'État.
29:10Le Chinois doit s'enrichir par son travail.
29:12Et donc, on mènera une politique de l'offre
29:14et pas une politique de la demande.
29:16Et ça, ça fait peur à tout le monde. Pourquoi ?
29:18Parce qu'aujourd'hui, toute l'orientation politique
29:20de la Chine, c'est avant tout de soutenir
29:22son tissu industriel,
29:24de subventionner des industries
29:26qui, aujourd'hui, produisent trop, font des stocks
29:28parce que leur marché intérieur est en panne
29:30et, pense qu'à une chose, vendent à l'extérieur
29:32à bas prix.
29:34Mais le constat, c'est qu'on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif.
29:36Le consommateur chinois, il n'a pas de sécurité.
29:38Non, mais il y a un vrai problème aujourd'hui,
29:40c'est qu'on ne relancera pas par la demande intérieure,
29:42on relancera par les exportations
29:44et, derrière, ça amplifie cette guerre commerciale
29:46où on va se protéger
29:48parce qu'on ne peut pas accepter, aujourd'hui,
29:50quand on voit les quantités de stocks de panneaux solaires,
29:52de véhicules électriques
29:54qui demandent qu'à être exportés. Vous savez pourquoi
29:56on n'a pas plus de véhicules électriques en Europe ?
29:58Parce que la Chine manque de navires
30:00pour transporter des véhicules et les exporter
30:02vers l'Europe. Sinon, il y aurait longtemps
30:04qu'ils auraient exporté beaucoup plus. Ils sont en train d'en construire
30:06quatre, en ce moment, pour exporter plus.
30:08Donc, vous voyez, il y a des contraintes physiques,
30:10mais aujourd'hui, ils sont en train d'entasser dans leurs usines
30:12des véhicules. Alors, je ne dis pas ça
30:14pour faire peur. Je dis juste qu'il y a
30:16une politique, aujourd'hui, chinoise, de relance
30:18par l'extérieur et c'est ça qui fait que
30:20ça ne redémarre pas véritablement en Chine. Puisque
30:22le vrai problème, c'est la demande intérieure, à mon avis.
30:24La machine à exporter, et même
30:26connaît une crise de croissance,
30:28de capacité, mais vous dites
30:30qu'à l'intérieur, il ne se passe rien. Il ne se passe rien.
30:32Du coup, on se dit qu'il y a un gonflement des stocks
30:34donc, à terme, ça va peser sur les commandes
30:36de matières premières et il va falloir bien ralentir la production
30:38en Chine et, de l'autre,
30:40on est sur un risque
30:42déflationniste à cause
30:44de la Chine. Et regardez,
30:46on parle beaucoup,
30:48je pourrais en dire des tonnes, sur les problèmes
30:50de statistiques qu'on a en Chine, mais il y a une statistique
30:52qu'il faut suivre très clairement, c'est l'évolution
30:54des prix à la consommation et à la production
30:56en Chine. Et tant qu'on est
30:58en déflation, ça montre bien qu'il y a un vrai
31:00problème en Chine et que ça risque
31:02de déstabiliser l'ensemble de l'industrie.
31:04Donc ça, c'est un vrai problème.
31:06Et l'Allemagne est naturellement beaucoup plus exposée
31:08par exemple que la France ou que l'Italie
31:10ou l'Espagne. Donc ça, c'est un vrai problème
31:12pour l'Allemagne et l'Allemagne a
31:14un problème de compétitivité et un problème de demande.
31:16Les deux à l'externe.
31:18En interne, on sait que c'est pas terrible, mais
31:20surtout à l'externe, elle a un vrai problème
31:22de positionnement et ça, ils sont en train de le payer.
31:24Et c'est pour ça que vous avez des confrères
31:26allemands et économistes allemands
31:28qui commencent à parler de
31:30désindustrialisation à venir de l'Allemagne.
31:32Donc ils commencent à avoir vraiment peur.
31:34On est parti pour une troisième année, au moins, de croissance zéro.
31:36On l'a vu, il faut
31:38qu'il vienne de rester à la baisse.
31:40Et il n'y aura pas de rebond
31:42en 2025, d'après
31:44les conjoncturistes allemands.
31:46Et puis, structurellement,
31:48il ne se passera pas grand-chose avant les élections
31:50fédérales de 2025.
31:52C'est à l'automne 2025
31:54en Allemagne.
31:56Je veux dire,
31:58politiquement parlant...
32:00Mais au-delà de ça, en Allemagne, on se dit que ce n'est pas conjoncturel.
32:02Que là, il y a un vrai revisement conjoncturel.
32:04Et ça, ce n'est pas rassurant.
32:06Ce n'est pas rassurant pour l'ensemble
32:08des groupes industriels allemands.
32:10J'ai vu que le DAX avait dû marquer un sommet
32:12encore il n'y a pas si longtemps que ça.
32:14Il y a aussi ces phénomènes indiciels
32:16qui peuvent diverger
32:18parfois de la réalité économique
32:20qu'on décrit.
32:22Pour les entreprises, là, qu'est-ce qu'on attend
32:24des publications ? Alors, ça va reprendre
32:26dans quelques semaines. Ce n'est pas tout de suite,
32:28bien sûr, Gilles,
32:30mais comment on a révisé,
32:32à la suite déjà, des résultats du T2 ?
32:34Est-ce qu'on garde l'idée qu'on aura
32:36des croissances bénéficiaires positives devant nous ?
32:38Avec quel état d'esprit on va aborder
32:402025 ? Vous parliez tout à l'heure de la chèreté des marchés.
32:42La chèreté, elle correspond aussi à ce qu'on
32:44anticipe.
32:46La chèreté aux Etats-Unis, sur la part...
32:48En Europe, un peu moins.
32:50En Europe, on est plutôt aux moyens de long terme.
32:52Quand on regarde en Europe sur les résultats,
32:54ils ont été un peu meilleurs que ce qu'on
32:56attendait, avec quelques sociétés
32:58qui ont réussi à
33:00réviser à la hausse leurs objectifs de fin d'année.
33:02Je pense à un bureau Veritas, à un Schneider,
33:04à un Publicis, et qui ont
33:06dérisqué
33:08leurs objectifs
33:10de fin d'année.
33:12Et donc, on a eu
33:14des résultats un peu meilleurs que ce qu'on
33:16attendait, avec un peu moins de révisions à la baisse que ce qu'on
33:18attendait. Je pense que
33:20la question qu'on va devoir se poser
33:22dans les semaines qui viennent,
33:24c'est effectivement de voir si cette reprise a bien eu lieu.
33:26Je pense que le secteur du luxe, qui a
33:28eu lieu cette semaine, on a quand même des messages
33:30qui sont quand même
33:32assez partagés,
33:34de ralentissement de la demande
33:36qui s'est poursuivie, avec un juillet-août
33:38qui était assez mou.
33:40Et donc, il faudrait absolument
33:42un très bon septembre. L'Europe va pouvoir y avoir
33:44un très bon septembre pour bien
33:46finir le mois, avec un
33:48environnement de vise qui s'est fort, des impacts de vise,
33:50des sociétés qui commencent à...
33:52On avait pas mal de rencontres avec les entreprises
33:54cette semaine. Il y en a plusieurs d'entre elles
33:56qui ont commencé à évoquer
33:58les impacts du dollar,
34:00puisqu'effectivement, au cours de l'été, on a eu quand même
34:02un décalage, et donc ça, ça devrait peser.
34:04Donc...
34:10On avait quand même beaucoup d'espoir de reprise sur le H2,
34:12va falloir que ça se concrétise, et on a quand même quelques vents
34:14contraires. Et si on se projette sur
34:16l'année suivante, il y a quand même un sujet dont on n'a pas
34:18parlé, mais qui est lié aux élections,
34:20y compris américaines, mais aussi
34:22à la situation française,
34:24c'est qu'on est en
34:26pleine définition des lois de
34:28finances. Le point commun
34:30de tous ces pays occidentaux, c'est quand même
34:32le poids de la dette, avec la nécessité
34:34quand même, peut-être, de contrôler
34:36cette dette, et qui...
34:38Ou d'être crédible, déjà, dans la volonté de la contrôler.
34:40Mais ça veut dire, mais ça veut dire,
34:42sans doute...
34:46Qu'il va falloir escompter,
34:48sans doute, une remontée des taux d'impôt d'une manière
34:50ou d'une autre.
34:52Et donc ça, ça aura un impact sur...
34:54Alors, pas forcément sur les chiffres d'affaires,
34:56mais sur les résultats d'entreprises.
34:58Je pense qu'il y a matière...
35:00Encore une fois, quand on met
35:02tout ça bout à bout,
35:04il y a matière, véritablement,
35:06pour respirer...
35:10Et avoir des ambitions, peut-être, au fur et à mesure,
35:12être un peu révisé
35:14à la baisse de ce point de vue-là.
35:16Les marchés actions ne sont pas hors de prix.
35:18Et puis il y a des segments qui ne sont pas hors de prix
35:20et il y a encore du dividende.
35:22Il ne s'agit pas de jouer les cassandres.
35:24Et d'ailleurs, comme vous le disiez,
35:26il y a plein de secteurs défensifs
35:28qui jouent parfaitement leur rôle
35:30dans cette phase de marché.
35:32Les indices baissent, mais la santé, même Sanofi,
35:34a eu un parcours estival impeccable
35:36pour marquer, je crois, un sommet.
35:38D'ailleurs, Sanofi...
35:40Encore une fois, on est dans un cadre d'une société
35:42qui partait d'un niveau de valorisation qui était extrêmement bas.
35:44Et c'était des éléments qui n'étaient plus du tout pris en compte
35:46jusqu'à récemment.
35:48Pour finir, il nous reste trois minutes.
35:50L'effet Barnier, je ne sais pas.
35:52On a essayé de regarder un peu précisément.
35:54Enfin, Bloomberg l'a fait très bien.
35:56Donc, il y a eu quoi ?
35:58Une détente, peut-être,
36:00de 2-3 points de base sur le spread
36:02au moment de l'annonce.
36:04Et hier, pendant une demi-heure...
36:06Non, mais c'est ce qu'on regarde sur les marchés.
36:08Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les marchés obligataires
36:10restent très vigilants,
36:12quel que soit le Premier ministre français aujourd'hui.
36:14On peut imaginer que pour des marchés obligataires,
36:16notamment en Europe,
36:18Michel Barnier est plutôt une figure rassurante.
36:20Sur le fond, je pense que pour un non-résident,
36:22un étranger qui doit acheter
36:24de la dette française, c'est plutôt rassurant que ça soit
36:26plus M. Barnier
36:28plutôt que M. Mélenchon.
36:30C'est déjà quelqu'un de connu qui a un track record
36:32pour ces gens-là.
36:34Je pense que le marché, moi j'ai toujours dit,
36:36les marchés vont réagir quand on déposera
36:38le budget et quand on déposera surtout
36:40auprès de l'Europe les perspectives
36:42budgétaires à moyen terme.
36:44Le marché obligataire ne réagit pas, même si
36:46on annonçait qu'on a 6%
36:48de déficit budgétaire cette année.
36:50Je crois aussi que très volontairement,
36:52c'est beaucoup.
36:54Mais si c'est que conjoncturel, vous n'allez pas
36:56avoir tous les gérants étrangers
36:58qui vont vendre le 10 ans à mes Français
37:00en se disant que c'est la fin du monde.
37:02Par contre, si on dit...
37:04Sauf que là, ça a tout pour être conjoncturel ce déficit.
37:06On respectera pas notre parole.
37:08On ne va pas vers
37:10certains politiques
37:12pour le rappeler quand même.
37:14Là, il y aura une réponse de marché.
37:16Là, il y aura une réponse de marché.
37:18Parce qu'on sera très clairement
37:20dans l'idée qu'on n'est pas crédible.
37:22Donc la crédibilité
37:24sur 5 ans sera très importante.
37:26Et surtout, je pense que derrière, le marché
37:28sera sensible si l'Europe valide aussi
37:30en partie cet élément.
37:32Si l'Europe dit que vous faites n'importe quoi,
37:34la BCE se fâche en disant que la France c'est n'importe quoi,
37:36là vous allez avoir une réaction de marché particulièrement violente.
37:38Donc il y a une question de crédibilité
37:40à avoir.
37:42Et puis derrière, on verra.
37:44J'espère que M. Barnier va essayer.
37:46Je pense qu'il jouera au maximum ses relations
37:48en Europe pour que tout se fasse bien.
37:50L'intérêt c'est qu'il connaît bien l'Europe.
37:52Ça c'est plutôt positif.
37:54Il a un capital quand même.
37:56Son gros problème c'est qu'il n'a pas de majorité.
37:58Et qu'il peut être viré du jour au lendemain.
38:00Et on va dire
38:02que dès qu'on aura
38:04la possibilité de nouveau
38:06constitutionnellement
38:08de pouvoir repasser
38:10par la case élection, il sera quand même
38:12fortement en risque.
38:14Donc ça reste provisoire.
38:16L'avantage c'est qu'on n'a pas de crise.
38:18Mais pour moi, le fond du problème reste là.
38:20Le déficit public.
38:22Et il faut garder la crédibilité
38:24à moyen terme.
38:26Et ça, ça reste toujours très présent.
38:28Il y a une prime de risque qui s'est installée
38:30sur les actions françaises, en l'occurrence dans votre
38:32univers. C'est visible.
38:34C'est légitime.
38:36Une certitude qui s'était ouverte,
38:38qui était légitime, qui s'est en partie réduite.
38:40Parce qu'on a éliminé
38:42le scénario du pire.
38:44C'est-à-dire un SMIC
38:46à 1600, une remise à plat de la réforme.
38:48Donc ça, on l'a enlevé.
38:50Maintenant,
38:52ça reste une situation extrêmement compliquée
38:54sans majorité. Et donc effectivement,
38:56pour nous,
38:58le point de passage obligé,
39:00c'est le vote du budget.
39:02C'est l'ordre de vérité budgétaire.
39:04En attendant, même si on pense
39:06qu'effectivement Barnier est à même
39:08de pouvoir porter ça,
39:10il n'a pas de majorité.
39:12Oui, mais ce n'est pas dit.
39:14Bien sûr, tu as acheté tardu.
39:16Quand on a vu ça hier, on s'est dit, voilà, c'est une première étape
39:18mais en fait, on ne fait rien là-dessus.
39:20Oui, ça n'a pas été un driver de marché.
39:22N'oubliez pas une chose, c'est que ne rien faire
39:24n'est pas une bonne solution. Ah non, c'est laisser se dégrader
39:26la situation. C'est aussi ça
39:28qui pose problème, parce qu'on pourrait dire
39:30il ne fait rien pendant 10 mois et tout va bien.
39:32Mais ne rien faire n'est pas une solution, donc il va falloir faire passer
39:34sans majorité
39:36des mesures qui sont impopulaires. Bon courage.
39:38Merci messieurs d'avoir été
39:40les invités de Planète Marché
39:42ce soir. Christian Parizeau, économiste et président
39:44d'Altair Economics et Gilles Guibou, le responsable
39:46des actions européennes chez AXA-IM.

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