• il y a 4 jours
Jeudi 6 février 2025, SMART BOURSE reçoit Alexandre Baradez (Chef analyste, IG) , Bastien Drut (Responsable des Études et de la Stratégie, CPR AM) et Véronique Riches-Flores (Présidente, RF Research)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Bastien Dru est à nos côtés, responsable des études et de la stratégie de CPR, Asset
00:17Management.
00:18Bonsoir Bastien.
00:19Alexandre Baradez nous accompagne, chef analyste chez IG.
00:21Bonsoir Alexandre.
00:22Et Véronique Riche-Flores qui était également parmi nos présidentes de RF Research et membre
00:26de Calaisis 360.
00:27Bonsoir Véronique.
00:28Bonsoir.
00:29On commence avec vous et Calaisis 360 Véronique, puisqu'on est le jour où le CAC 40 renoue
00:37avec les 8000 points, c'est un seuil symbolique effectivement, et c'était ce qu'on appelle
00:41dans le jargon un call, une conviction très forte que vous portiez avec Calaisis 360.
00:46Ben oui, je fais le post-mortem, début décembre, j'ai repris la note que vous écriviez en
00:51décembre.
00:52C'était d'ailleurs juste après la censure du gouvernement de Michel Barnier, le CAC
00:5640 devait se traiter entre 7100 et 7200 points, on était à peu près sur ces niveaux-là
01:00début décembre.
01:01Vous écriviez, CAC 40, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain, avec un argumentaire
01:06assez circonstancié, pourquoi est-ce que le CAC va rebondir ? Un, dans un souci de
01:11cohérence stratégique avec notre confiance à l'égard du DAX allemand, l'idée d'un
01:15rattrapage du CAC par rapport au DAX, ou bien qu'on reparle du DAX également.
01:19Le CAC est constitué d'entreprises dans leur majorité internationale dont les ressorts
01:23de l'activité dépassent de loin les évolutions du contexte hexagonal ou même européen.
01:29Trois, le contexte mondial, sans être dépourvu de risques géopolitiques en particulier,
01:34semble en mesure de continuer à évoluer sur une tendance comparable à celle de 2024,
01:38c'est-à-dire la tendance d'une croissance.
01:40C'est les arguments que vous mettiez en avant, je veux bien que vous nous fassiez le post-mortem
01:45à chaud.
01:46Qu'est-ce qui a marché dans ce call ? Parce que le CAC a repris 10% depuis.
01:49Alors tout y est à peu près, notre approche à l'époque c'est de dire, le CAC a été
01:57considérablement sanctionné, a marqué une sous-performance historique par rapport au
02:04DAX notamment, et à partir du moment où effectivement on n'était pas, nous semblait-il,
02:10à la veille d'un nouvel épisode de crise politique sans budget ou avec on ne sait quoi.
02:16C'était quand même au lendemain de l'ascension du gouvernement Barnier, il fallait quand même d'accord.
02:20Oui c'est vrai, mais ce qu'on avait compris c'est que le gouvernement qui suivrait,
02:24même s'il a été un peu long à mettre en place, serait forcément moins violent dans son approche budgétaire,
02:32donc un peu plus favorable à la croissance, qu'avec un peu de chance ça pourrait tenir
02:38sur le plan politique, et qu'à partir de là effectivement le risque politique lui-même
02:43pouvait être évacué, avec l'ampleur de la sous-performance, on a envisagé ce rattrapage.
02:51Ce rattrapage quand vous avez perdu 15% par rapport à l'indice au DAX, ça fait à peu près ce qu'on a fait,
02:57pas tout à fait encore, mais effectivement vous avez eu la première quinzaine de janvier,
03:03le CAC 40 a été l'actif au monde d'ailleurs, pas que sur les actions, le plus performant.
03:09Aujourd'hui ça se poursuit, alors on est probablement bien parti pour aller retrouver les points hauts précédents,
03:16vous citiez le 8250 du mois d'avril je crois, est-ce qu'on ira beaucoup plus loin ?
03:22C'est conditionné à beaucoup d'éléments, mais effectivement le gros des craintes est derrière nous,
03:28on a un euro faible, la France n'est pas le plus sensible, mais quand même,
03:33on a des changements de stratégie politique au niveau européen, également dans la défense, dans le militaire,
03:41la prise de fonction de Donald Tusk, qui change aussi les choses et qui nous rappelle qu'on a un potentiel de développement industriel un peu différent,
03:57c'est pas celui qu'on aurait préféré effectivement, mais il est là, et la France n'est pas la dernière à ce jeu de reconstruction de la défense,
04:05et puis un environnement mondial qui pour l'instant, une Chine à peu près épargnée par la politique de Donald Trump,
04:12ça permet au luxe quand même de participer à ce rattrapage, l'avenir dira si c'est solide ou pas, c'est bien là qu'il y a pas mal d'interrogations encore,
04:22mais on est assez confiants effectivement, en tout cas, à partir du moment où on évacue ce risque politique,
04:29et on évacue tout ce qui a congelé l'économie française quand même, depuis 6 mois,
04:35congelé, j'aime bien, congelé, j'aime bien,
04:38voilà le dernier trimestre, c'est presque quand même, et bien il n'y a pas de raison, l'économie française n'est pas la dernière des économies européennes,
04:45et nous on est encore confiants sur la capacité effectivement de donner plutôt des mots de nouvelles par rapport à d'où on vient.
04:51Bon, c'était un call tactique, comme vous le décriviez à l'époque, mais je reviens sur votre premier argument qui était de dire,
04:57le CAG va rattraper, c'est pour nous un souci de cohérence stratégique avec notre confiance à l'égard du DAX allemand,
05:04cette confiance à l'égard du DAX allemand, elle est toujours valable aujourd'hui, Véronique ?
05:09Elle est toujours valable, suspendue comme beaucoup d'autres choses aujourd'hui, aux décisions américaines, en l'occurrence notamment sur le protectionnisme, toujours,
05:19aux décisions des allemands aussi, qui vont voter dans 15 jours aussi,
05:23les allemands effectivement, mais ce qu'on attend de la future gouvernance ou du futur gouvernement allemand, c'est aussi un peu plus de flexibilité,
05:32moi je trouve très important ce qui s'est passé avec le sommet extraordinaire sur la défense,
05:38où tout d'un coup en Europe, ça y est, on se dit, on va être un peu plus souple sur le pacte de stabilité pour ce qui concerne la défense,
05:45et je pense qu'on est dans cette veine-là, c'est toujours comme ça en Europe,
05:48il faut être au pied du mur ou se taper dans le mur pour arriver à trouver des moyens de le surmonter,
05:54je pense qu'on est dans cette veine-là, alors je pense que le DAX a quand même bien performé, peut-être un peu trop,
06:03et je serais tentée d'envisager, si les choses ne se passent pas trop mal, effectivement que le CAC 40 sur Perphone, le DAX y compris,
06:10mais effectivement, on était le numéro qui précédait je crois,
06:14Parlez du DAX, novembre c'était le DAX, décembre c'était le CAC,
06:18donc on ne voyait pas à partir du moment où la pente était moins sous l'emprise des risques, pourquoi le CAC n'embraillerait pas ?
06:26Dans ce jeu relatif des marchés, à quelle chance on donne aux indices européens, CAC ou DAX par rapport à des indices américains ?
06:34C'est la question qu'on posera sur les small-cap, est-ce que la sous-performance des small-cap ou est-ce que la sous-performance de l'Europe est une fatalité ?
06:41On sait qu'il y a des épisodes de rattrapage, et on a le sentiment qu'on est peut-être dans un de ceux-là aujourd'hui, Alexandre.
06:47Je vais faire ça par rapport à Véronique pour son call, parce que le sentiment qu'on avait, c'était un sentiment qu'effectivement avec 20% de sous-perfs l'année dernière par rapport aux marchés américains,
06:55il y avait quand même effectivement un peu de marge de rattrapage, mais moi j'avoue que je voyais plutôt ça sur une partie de l'année,
07:00parce qu'en début d'année, avec les questions d'ordre politique, domestique, politique européenne avec l'Allemagne, et puis les questions tarifaires avec les Etats-Unis,
07:07je pensais qu'on allait souffrir un peu plus longtemps, en tout cas rester un peu plus bas plus longtemps, avant que ça se décoince plutôt au second semestre.
07:12Donc, call vraiment tactique intéressant, mais c'est vrai que le sentiment qui règne actuellement, il est quand même un peu curieux,
07:19parce que l'agressivité initiale de Trump, elle se focalisait sur ses voisins immédiats et tout de suite l'a rempli les voiles avec 30 jours de délai pour chacun pour commencer à négocier.
07:28On a presque l'impression, il n'a pas oublié la Chine, mais la Chine a répliqué de manière très ciblée ou autre, et donc on se dit, finalement, il démarre ce mandat plutôt tranquillement,
07:36et est-ce que le piège n'est pas là ? Est-ce qu'on ne se dit pas que Trump, effectivement, ce n'est pas le même Trump que la V1, mieux entouré, mieux conseillé aussi que les faucons qu'il entourait à une époque ?
07:48Il nous endort, quoi.
07:49Oui, est-ce qu'on n'est pas une fin d'encombrissement, ou avec une réalité quand même derrière, qui est que l'Europe, on sent bien qu'il y a le deal qui est en maturation avec l'aspect géopolitique,
07:59et juste avant qu'on se retrouve ce soir, il y a des fuites d'ailleurs, des fuites de médias qui laissent entendre qu'il y a des fuites sur le plan de paix de Trump qui serait pour cesser le feu à partir du mois d'avril,
08:10et qui remontent aux minaires entre les dirigeants février et mars, et on a vu d'ailleurs après ça, l'or repartir un peu à la baisse, le pétrole repartir un peu à la baisse,
08:17c'est-à-dire qu'il y a eu quelques réactions de marché, pas très violentes, mais on sent quand même que ça s'est un peu ajusté sur ces leaks, ces fuites.
08:23Donc, est-ce que du coup, la négo avec l'Europe se fait déjà peut-être un peu en sous-marin avant d'annoncer ces choses, ce qui ne serait pas forcément mal,
08:31ou est-ce au contraire, on n'a encore pas beaucoup de discussions et ça va arriver d'un coup ?
08:34C'est dur à dire, mais moi ce qui me gêne un peu, et c'est ce qu'on disait quelques jours ensemble, c'est que d'un côté vous avez des marchés américains qui ont été indestructibles pendant deux ans,
08:45qui ont fait face à absolument tout, mais tout boosté par des déficits absolument énormes, par des consommateurs hyper résilients,
08:52et puis on se rend compte que là, depuis quelques mois, l'inflation fait moins de progrès, la Fed a mis en pause ses baisses de taux.
08:58Alors avec Trump, ça commence à grincer un peu cette question de baisses de taux, et puis on a vu que finalement Trump avait dit actuellement les baisses de taux.
09:06Mais pour autant, les marchés américains sont chers.
09:09Moi, c'est ça qui m'embête, c'est que d'un point de vue historique, on est chers, et la phase d'après, il n'y a pas 36 possibilités.
09:16C'est-à-dire, soit à 22-23 fois les multiples actuels sur l'SNP, on continue de monter, c'est-à-dire en gros, si l'SNP prend encore 10 à 15%,
09:23on retrouve grosso modo, si l'SNP fait ça, on retrouve les multiples des années 2000, s'il fait 10 à 15% de plus.
09:28Donc déjà, on est chers, si on fait 10-15%, ce n'est pas énorme pour la SNP.
09:32Donc si on fait ça, on se retrouve avec des 26-27 fois les bénéfices qui étaient des niveaux quasiment de pique de la bulle Internet.
09:37Je ne parle pas du Nasdaq, je parle du SNP.
09:39Et là, l'air, l'oxygène sera resté ou quoi ?
09:41Donc est-ce qu'on laisse les marchés aller jusqu'ici, ou est-ce que la Fed, dans son idée de faire une pause sur les taux,
09:46ne considère pas qu'il y a le double mandat officiel en plein inflation, et peut-être aussi un mandat un peu implicite,
09:51qui ressort de temps en temps, qui est la stabilité financière ?
09:54Jérôme Powell, on l'a interrogé là-dessus la dernière réunion,
09:57il a dit que les prises actives sont élevées, et on regarde les prises actives sous l'angle de la stabilité financière.
10:02Donc est-ce qu'il n'y a pas une volonté aussi de maintenir une politique américaine un peu raide,
10:06pendant quelque temps encore, pour aussi calmer un peu cette poche-là ?
10:09Et à partir du moment où les marchés américains, à mon avis, vont forcément respirer,
10:12c'est là que je me pose la question, par rapport aux niveaux du 8000, voilà quelques,
10:16si, et c'est ce qu'on a vu il y a quelques jours, quand le stress tarifaire s'est exécuté sur un week-end,
10:21d'un seul coup, tous les indices américains, européens, ont baissé,
10:25le niveau n'est pas loin, en tout cas avec le même timing.
10:30Donc l'idée pour moi est là, c'est quand les marchés américains vont devoir corriger,
10:33parce que je pense qu'ils vont corriger, l'Europe, je pense, sera intégrée à ce schéma de correction,
10:37et peut-être qu'il y aura une surperfe relative de l'Europe, si les US font au moins 10 ou moins 15,
10:41peut-être que l'Europe ne fera que au moins 7 ou au moins 8.
10:44Je trouve que si on constate que le CAC peut aller à 8300 et au-delà,
10:47c'est-à-dire qu'on considère aussi...
10:49Que les US ont continué leur course en avant, d'accord,
10:51et que ça nous rapprocherait peut-être d'un niveau un peu extrême.
10:54Oui, oui, ça restait tactique pour l'instant, on verra,
10:58mais tous les bons calls commencent par un call tactique, un aspect tactique.
11:01Qu'est-ce que ça vous inspire, Bastien, moi je veux bien qu'on reste un peu sur le cas de l'Europe,
11:05en termes d'investissement, alors évidemment c'est très marché,
11:08il y a les questions macroéconomiques et de politique monétaire,
11:11mais c'est vrai que là, visiblement, il y a une chance sur l'Europe
11:16qu'il ne faut peut-être pas rater, en matière d'investissement, je n'en sais rien.
11:19Oui, tout à fait, en fait, je pense que vous avez beaucoup d'énergie,
11:23les deux intervenants précédents ont vraiment beaucoup d'énergie,
11:25et ce que je peux peut-être essayer de compléter, le plan sur lequel je peux compléter,
11:29c'est peut-être du soulagement par rapport justement à Trump,
11:32parce que ce qui s'est passé, Trump a changé plein de fois d'avis
11:37sur ce qu'il voulait faire en termes de hausse de droits de douane
11:40et la dernière version, même si elle est mise en pause,
11:43c'est 10 points sur la Chine, 25 points sur le Mexique et le Canada,
11:48alors qu'au début c'était plutôt 60 sur la Chine et pour le reste du monde...
11:52Et on ne parlait pas du Canada !
11:54Et en fait, ce que ça dit, c'est que les priorités, finalement,
11:58sont complètement liées à l'immigration et à la gestion de la frontière,
12:02c'est pour ça que le Mexique et le Canada se font beaucoup plus sanctionner
12:05que les autres pays, et que la question, à proprement parler, commerciale,
12:11elle est presque secondaire, et on voit qu'à la Chine,
12:14ils reprochent quand même surtout le déséquilibre commercial,
12:17et là, il ne leur a mis que 10 points de hausse de droits de douane.
12:20Et en fait, en suivant ce raisonnement, on se dit,
12:23nous, en Europe, ils ne peuvent pas nous reprocher la gestion de la frontière
12:26avec le Canada et l'île, et du coup, on serait plutôt dans une configuration
12:31à une hausse de droits de douane de 10 points.
12:35Et nous, en Europe, on est la zone où la devise est le plus dépréciée
12:40depuis l'élection de Donald Trump.
12:43Depuis l'élection de Donald Trump, l'euro a perdu 5-6% par rapport au dollar,
12:48le renminbi, le donar canadien et le peso mexicain ont perdu entre 2 et 3%.
12:53Donc, s'il nous met une hausse de droits de douane de 10 points,
12:57et que l'euro a déjà perdu 6%,
13:00il y a déjà un énorme amortissement par rapport à ça.
13:05Et donc, je pense que toutes ces évolutions sur le dossier commercial
13:11ont amené du soulagement pour l'Europe.
13:14Je ne dis pas que l'Europe ne va pas être sanctionnée,
13:17il va peut-être finalement sanctionner le secteur automobile,
13:21il va peut-être cibler des secteurs en particulier,
13:23mais de toute façon, dans le cadre de l'Europe,
13:26ça sera largement déjà amorti par l'évolution de l'euro qui vient d'y avoir.
13:29Et justement, cette dépréciation de l'euro qu'on vient d'avoir
13:32sans hausse de droits de douane, c'est tout bénéfice pour le marché européen.
13:36Ça participe à ce que disait Véronique tout à l'heure,
13:40ça participe à cette remontée des marchés actions sur ce mois de janvier et de février.
13:45Donc on a déjà traité au moins 50% de la question des droits de douane
13:50possibles sur nos produits exportés vers les Etats-Unis.
13:54Alors que ce n'est pas du tout le cas du Canada et du Mexique.
13:57Les devises mexicaines et canadiennes ont quand même beaucoup baissé.
14:00Mais depuis l'élection, ça n'a perdu que 2 ou 3%.
14:02Pas depuis l'élection.
14:032 ou 3%. Oui, évidemment, avant l'élection, il y avait un peu d'anticipation aussi.
14:07Mais pour aller compenser une hausse de 25 points de pourcentage des droits de douane,
14:12là, ce n'est pas possible. Le change ne suffit pas.
14:15Et donc, ça serait quand même très négatif pour ces deux économies-là
14:18qui sont super dépendantes des Etats-Unis.
14:20Et pour l'économie américaine.
14:22Oui, bien sûr.
14:24Mais l'imbrication de cette zone...
14:26Mais le Mexique et le Canada souffriraient quand même beaucoup plus que les Etats-Unis.
14:29C'est très clair. J'entends.
14:31Comment vous avez compris d'ailleurs cette approche tarifaire de Trump ?
14:37Parce que si j'intègre la Colombie, alors là, ça a été effectivement un peu hors des clous.
14:43Mais il a renoncé très vite à chaque fois à mettre ces menaces à exécution de barrières tarifaires.
14:51Et de ce que je comprends, notamment de la conférence de presse
14:54qu'a pu faire la présidente mexicaine Claudia Shainbaum
14:56après sa longue conversation constructive avec Trump,
15:00j'ai l'impression qu'elle est très satisfaite du résultat.
15:04C'est-à-dire que pour elle, c'est presque sa victoire.
15:07C'est-à-dire qu'elle n'a quasiment rien concédé.
15:09Des troupes à la frontière, il y en a déjà.
15:12Pareil côté canadien.
15:14Et je crois même qu'elle déclare qu'elle a obtenu des Etats-Unis
15:18pour qu'eux fassent des efforts sur les armes qui passent la frontière dans le sens Etats-Unis-Mexique.
15:26Là aussi, parce que c'est un problème pour le Mexique.
15:29Elle a très bien joué.
15:31Elle a compris du point de vue tactique en lui disant
15:35qu'on est plus forts ensemble pour lutter contre les produits chinois qu'en se faisant la guerre.
15:41J'ai trouvé ça excellent.
15:43Elle l'a retourné. Moi, c'est un peu comme ça que je l'ai compris.
15:47C'est pas pour rien qu'elle est présidente du Mexique.
15:51Elle a dû en trouver sur sa route des énergumènes.
15:54Laquelle sait mieux les prendre que la moyenne, je ne sais pas.
15:57C'est une scientifique, c'est ça.
15:59J'avais vu, scientifique, elle a été membre du GIEC.
16:02C'est très difficile de répondre à la question parce qu'on ne sait plus.
16:09La seule conclusion qu'on puisse avoir,
16:13c'est que nous sommes dans une ère de l'incertitude à tous les niveaux, sur tous les fronts.
16:21Parce que c'est pareil à l'égard du Panama ou du Groenland ou de ce qui s'est passé à Gaza.
16:27Tout ceci alimente un terrain extrêmement inconfortable.
16:33On ne sait plus ce qui peut, y compris en Europe, nous tomber dessus demain ou être dénoué.
16:40Je n'ai pas d'explication.
16:42Je ne pense pas qu'on puisse néanmoins en déduire qu'on va retrouver un mode opérationnel de Trump
16:51comparable à ce qu'on avait pendant son premier mandat.
16:54C'était un peu la question.
16:56On frappe fort pour provoquer des échanges et puis après on négocie.
17:00Ça y ressemble, oui.
17:02Mais c'est quand même une version beaucoup plus musclée qui est fondamentalement inquiétante.
17:10Je pense qu'effectivement, beaucoup de sa campagne et de sa popularité va tenir à ce qu'il peut faire au niveau de l'immigration.
17:20C'est comme ça qu'il le comprend.
17:22Très MAGA.
17:24Ça c'est vraiment sa base MAGA qu'il adresse.
17:27Après, attention à la Chine.
17:29Il y a quand même une anxiété de la population américaine à l'égard des menaces chinoises qui est assez sidérante.
17:36Quand on parle avec des Américains, c'est quand même un sujet qui revient très facilement de manière assez stupéfiante.
17:43Parce que c'est vrai que nous on n'a pas ce réflexe-là.
17:47Là, il y a vraiment l'inquiétude, le péril chinois.
17:51Je ne suis pas sûre qu'il puisse être aussi manœuvrant, qu'il puisse laisser de côté complètement ce sujet-là.
18:02Je pense qu'il va falloir qu'il revienne.
18:04Mais je ne sais pas sous quelle forme.
18:06Ceci dit, en attaquant le Mexique, qui est moins attaqué aujourd'hui.
18:12Ce qu'ils visent, c'est bien évidemment les entreprises chinoises qui se sont largement implantées dans le pays ces dernières années.
18:18Mais c'est un sujet d'incertitude, d'interrogation.
18:22Je n'ai pas la réponse.
18:24On peut s'interroger aussi sur le timing et peut-être une stratégie.
18:28Je ne sais pas si c'est pensé comme tel.
18:30C'est ça qu'on remarque depuis quelques jours.
18:32On a des taux américains qui repartent un peu à la baisse et ça s'est un peu accentué après le week-end de stress sur les questions tarifaires.
18:37Là, ce n'est plus tellement l'impact sur les prix de ces éventuelles taxes que les marchés obligatoires ont pris.
18:42C'est plutôt l'inverse.
18:43C'est plutôt le côté risque pour l'économie mondiale d'avoir des discussions comme ça qui se durcissent.
18:48Est-ce que dans l'esprit de Trump, et on a vu des discussions ces dernières heures entre son secrétaire au Trésor et lui,
18:54et c'est le secrétaire au Trésor qui a dit « le Président et moi, ce que nous voulons voir, c'est des taux baissés mais pas forcément à la fin ».
18:59Les taux longs. Il dit les taux longs.
19:01Voilà.
19:02C'est le 10 ans.
19:03Le 10 ans, pourquoi ? Parce que vous comparez un taux 10 ans et un taux 30 ans immobiliers aux États-Unis, la corrélation est quasiment parfaite.
19:07Donc, ce qu'il veut, c'est que les taux baissent sans finalement avoir à dire à la fin de quoi faire.
19:11Et stratégiquement, c'est vrai que si les marchés continuent de faire ce qu'ils ont fait depuis quelques jours,
19:15plus on va attiser un peu ces menaces de sanctions ou autres, plus les taux longs US pourraient baisser.
19:20Donc, on crée une certaine manière de crainte à condition d'arrêter cette crainte assez tôt pour ne pas qu'elle se propage en termes de risque pour le consommateur,
19:27psychologique, pour les entreprises ou autres.
19:28Mais ce serait une manière de faire baisser les taux longs, donc de donner un petit soutien à l'économie aussi, sans avoir menacé la Fed.
19:35Est-ce que ce ne serait pas le plan de vol ? C'est-à-dire d'être dur pendant quelques mois, impacter les taux,
19:39et ensuite la Fed peut continuer ses baisses de taux pour de bon une fois qu'on a des certitudes sur l'inflation,
19:43pendant 2-3 mois, qu'il y ait un courant ralenti.
19:45Est-ce qu'il y a une stratégie derrière ? A voir.
19:48Comment vous regardez ? Justement, la question des taux longs américains, ça nous amène à parler de la Fed.
19:52C'est quoi un peu l'état des forces en présence qui guident un 10 ans américain aujourd'hui,
19:56entre l'incertitude, la prime de terme, le risque inflationniste ou le risque d'une inflation qui aurait encore du mal à revenir à l'objectif ?
20:05Et face à ça, peut-être, oui, moins de tarifs que ce qu'on pouvait craindre à l'arrivée,
20:13et puis peut-être aussi un phénomène d'une économie américaine qui pourrait aussi s'épuiser peut-être à un moment, Bastien.
20:19Comment vous faites l'équilibre des choses ?
20:21Je ne sais pas si c'est une volonté de Trump de vouloir faire baisser les taux avec les droits de douane.
20:28En tout cas, la conséquence, c'est ça.
20:30De toute façon, ce qu'on avait déjà regardé, c'est que pendant la première guerre commerciale de 2018-2019,
20:36quand Trump annonçait des nouvelles hausses de droits de douane, les taux longs baissaient beaucoup et ils baissaient de façon un peu permanente.
20:44C'est l'aspect récessif qui était retenu par le marché.
20:47Exactement. Et puis la Fed aussi, à l'époque, retenait complètement l'aspect récessif avec l'idée que les hausses de droits de douane,
20:54les prix augmentent de façon one-off, ça va rentrer dans l'inflation pendant 12 mois, puis après ça va sortir, c'est de l'inflation qui est temporaire.
21:00C'est ça qui avait vraiment primé en 2018-2019. Les taux longs avaient baissé à cause de ça.
21:06Puis même la Fed avait baissé trois fois ses taux en 2019.
21:08Et là, il se repasse un peu la même chose.
21:10C'était fin novembre 2024, quand Trump avait dit « je fais 25, 25 et 10 contre le Canada, Mexique et Chine »,
21:18les taux étaient repartis un petit peu à la baisse et puis après c'était reparti à la hausse.
21:22Mais il y a peut-être, dans ce qui est en train de se passer, la baisse récente des taux longs, le fait qu'on se dise « ça sera quand même négatif pour l'activité ».
21:32Maintenant pour la Fed, j'ai bien regardé tout ce qu'ils ont pu dire sur les derniers jours et c'est cohérent.
21:39Il y a beaucoup de membres du FOMC qui prennent la parole et c'est assez cohérent avec ce que disait Powell la semaine dernière.
21:44En gros, à court terme, ils ne regardent plus l'inflation, ils ne regardent plus le marché du travail, ils regardent l'administration de Trump.
21:51Le facteur Trump.
21:53C'est ce qu'a dit par exemple le vice-président de la Fed, Jefferson, cette nuit.
21:57Il dit maintenant il faut vraiment attendre d'en savoir plus sur la politique de Trump parce qu'en gros on ne sait pas.
22:03Et c'est pour ça que là, on marque une pause parce qu'on ne sait pas vraiment ce qui va se passer.
22:07Et ce qu'avait dit Powell la semaine dernière, c'est qu'il y avait quatre domaines de politique économique qu'il fallait suivre.
22:13Les droits de douane évidemment, ce qui était aussi relatif à l'immigration, ce qui était relatif à la fiscalité et ce qui était relatif à la dérégulation.
22:21Et en fait, personnellement, je pense qu'il y avait quand même des sujets sur lesquels ils peuvent attendre un petit peu longtemps.
22:27Parce que les hausses de droits de douane, il les a mises et les a suspendues.
22:33L'immigration, bon, il y a beaucoup de photos qui circulent, il y a beaucoup d'articles de presse, il y a Guantanamo, etc.
22:39Mais en termes de quantité de personnes renvoyées chez elles, je ne suis pas sûr que ce soit très significatif.
22:45Ensuite, sur la dérégulation, oui, il va se passer des choses. Mais après, sur la fiscalité, là, c'est extrêmement compliqué.
22:51Et vu l'ambiance au Congrès, ça risque d'être un dossier compliqué.
22:57Ça va être super compliqué. Là, quand on suit la presse politique américaine, on voit qu'ils sont incapables de se mettre d'accord entre eux
23:05sur rien qu'un plan de ce que pourrait éventuellement être l'agenda.
23:11Une stratégie, quoi.
23:13Et il n'y a pas. Vraiment, ça ne marche pas et ça va être très compliqué. En plus de ça, le shutdown va revenir.
23:19Le plafond de la dette est revenu en application depuis le début janvier.
23:23Et puis, il y a certains qui réclament des fortes baisses des dépenses.
23:29Il y en a qui disent mais il ne faut surtout pas baisser les dépenses parce que moi, je vais perdre.
23:33Sinon, je suis concentré, je vais perdre dans mon district.
23:35Et en gros, tout ça va mener, je pense, à un gros flop parce qu'ils ne sont pas du tout d'accord entre eux.
23:43Ils ont une majorité qui est extrêmement faible.
23:45À la chambre, c'est très faible.
23:47C'est 220-215. C'est la plus faible majorité depuis un siècle.
23:49Et c'est la chambre qui est importante pour la fiscalité, notamment.
23:53La chambre des représentants, c'est quand même...
23:55De toute façon, il faut que les deux soient les deux phases.
23:57Et là, la majorité est super faible.
23:59Sur le dollar, en lien avec les taux, bien sûr.
24:03Mais il aimerait bien voir le dollar baisser un peu.
24:07Alors, il pense qu'il y a trop d'inflation mais qu'il faut que les taux baissent.
24:11Et puis, quand même.
24:13On n'arrive pas trop à savoir ce que l'administration de Trump veut vraiment faire avec le dollar.
24:17Mais ce sujet, il est super important.
24:19Et je pense que c'est vraiment la grande oubliée de toutes ces discussions sur le commerce.
24:25Allons-y, alors.
24:27Parce que quand on regarde le taux de change réel effectif,
24:29c'est-à-dire l'évolution du dollar par rapport à un panier de devises,
24:31mais en plus en prenant en compte le différentiel d'inflation,
24:33le taux de change réel effectif des Etats-Unis,
24:35il est en gros au plus haut depuis 1985,
24:37c'est-à-dire les accords du Plaza.
24:39Après les accords du Plaza, le dollar avait beaucoup baissé.
24:41Et là, le fait que le dollar soit aussi fort,
24:45il y a tout un tas de raisons qui font que le dollar soit fort,
24:47ça cause des déséquilibres commerciaux.
24:51Et quand on regarde, par exemple, le déficit courant,
24:53maintenant, il a dépassé 4% du PIB.
24:55On n'a pas vu ça depuis plus de 15 ans.
24:57Donc, ça commence à se creuser, se creuser, se creuser.
24:59Notamment parce que le dollar, il est extrêmement fort.
25:03Et la solution de Trump pour réindustrialiser,
25:07c'est des hausses de droits de douane qui vont renforcer le dollar.
25:11Parce que là, le dollar qui se renforce, en gros,
25:13il se renforce par rapport à tout le monde,
25:15pas seulement par rapport au Canada, au Mexique et la Chine,
25:19ça se renforce par rapport à d'autres zones du monde
25:21qui ne sont pas, comment dire, ciblées par Trump.
25:23Parce que quand on regarde les pays asiatiques hors Chine,
25:27c'est désormais le plus gros, finalement, pourvoyeur de biens.
25:31Vietnam, etc.
25:33Bien sûr, aux Etats-Unis.
25:35Et eux, ils gagnent en compétitivité,
25:37et ils vont écrire peut-être de plus en plus aux Etats-Unis.
25:39Mais on va plutôt aggraver, finalement,
25:41ces déséquilibres conversiaux avec ce dollar
25:43qui va continuer de se renforcer
25:45avec ces politiques de Trump.
25:47Donc, je n'ai pas forcément de jugement sur dire
25:49c'est bien ou c'est pas bien de monter les hausses de droits de douane,
25:51mais ça ne peut pas être la seule politique économique
25:55pour réindustrialiser.
25:57Biden, lui, il avait cette histoire de subvention
25:59avec les secteurs les plus critiques.
26:01Et il y a peut-être un mix des deux à faire, etc.
26:03Mais en tout cas, ce que propose Trump
26:05et ses hausses de droits de douane,
26:07ça n'a pas forcément rendu le marché.
26:09Ça ne va pas dans le sens d'une baisse du dollar.
26:11Mais c'est pour ça qu'on verra ce qu'il en est
26:13de la réalité tarifaire, effectivement.
26:15Pour l'instant, il y a 10% sur la Chine.
26:17Sur la Fed, oui.
26:19Et puis, comment on fait de la politique monétaire
26:21dans le contexte actuel,
26:23aux Etats-Unis, et puis en Europe, également.
26:25Alors, je pense qu'effectivement,
26:27la Fed, elle ne peut que faire une pause.
26:29De toute façon, effectivement,
26:31ils attendent de voir, comme tout le monde, en fait.
26:33Ce qui est très intéressant,
26:35c'est que dans les 4 points, nous, c'est un peu comme ça
26:37qu'on avait présenté les choses en début de mois.
26:39C'est-à-dire, finalement, la manière d'implémenter,
26:41le calendrier d'implémentation...
26:43La séquence. Le séquençage.
26:45Le séquençage, effectivement.
26:47Parce que, finalement, il nous a balancé
26:49pendant sa campagne les 4 points,
26:51les marchés ont acheté, les baisses
26:53de la fiscalité...
26:55La halle va tout emporter.
26:57Mais on a bien compris,
26:59très tôt, que
27:01ça risquait d'être plus compliqué.
27:03Et selon, justement,
27:05ce séquençage, on pouvait avoir
27:07une multitude de scénarios.
27:09En tout cas, au moins, 3 scénarios
27:11très différents. Le scénario, grosso modo,
27:13des marchés, c'est-à-dire...
27:15Bon, il ne va pas trop loin dans les droits de douane.
27:17Les baisses d'imposition
27:19arrivent, mais...
27:21Voilà.
27:23Graduellement, mais elles sont là quand même.
27:25Et puis, surtout, ils n'inversent pas les choses.
27:27C'est-à-dire qu'ils ne vont pas couper dans les dépenses
27:29fédérales et mettre sur le...
27:31Dans les rues, les Américains,
27:33qui sont déjà, et surtout, dans les dépenses de santé,
27:35comme... Donc ça, c'est plutôt la partie musc,
27:37mais ils vont être plus prudents.
27:39Ils vont d'abord baisser les impôts,
27:41stimuler la croissance, et puis,
27:43après, ils font ça. Donc ça, ça nous donne
27:45un scénario à peu près correct qui est favorable au dollar.
27:47Et pas défavorable,
27:49plutôt favorable au reste du monde.
27:51L'Allemagne, typiquement,
27:53on l'a vu avec le DAX. Ce que jouaient les investisseurs,
27:55c'est, oui, il y a peut-être des droits de douane,
27:57mais l'euro va compenser, et on aura plus de croissance.
27:59Donc, net, net, il vaut mieux plus
28:01de déboucher que... Bon.
28:03Et puis, il y a le scénario où on inverse
28:05les choses. Et là, il y a un électron que je n'aime pas
28:07trop, moi, parce qu'il est totalement libre
28:09et totalement imprévisible. Il s'appelle Musk.
28:11Et celui-là, il menace d'appuyer sur
28:13des boutons. En tout cas, il a accès aux boutons.
28:15Et...
28:17Et lui pourrait inverser la chose.
28:19C'est les alertes qu'on a eues
28:21depuis une semaine.
28:23Si on lit un peu, comme vous le disiez,
28:25la presse politique ou la presse
28:27américaine, on ne parle que
28:29de ça, là-bas. Je veux dire...
28:31Et c'est normal. Et c'est un
28:33risque majeur. Alors, si on double
28:35ça d'une hausse des tarifs avec un
28:37choc externe, peut-être ponctuel,
28:39mais un choc externe,
28:41on peut très rapidement commencer à parler
28:43à nouveau de récession aux Etats-Unis.
28:45Et là, c'est... Pour le dollar,
28:47c'est absolument... C'est pas
28:49parce qu'une récession, c'est toujours négatif pour le dollar.
28:51Mais ce cas de figure-là
28:53discrédite complètement
28:55l'administration américaine, le programme
28:57Trump, etc. Et peut-être qu'à
28:59la clé, à partir du moment où il est
29:01discrédité, s'il tape un peu trop fort sur
29:03ses créanciers, peut-être bien qu'il y a un risque
29:05dollar, parce que quand on a tellement
29:07besoin du financement extérieur, on a peut-être
29:09à certains moments intérêt à
29:11soyer un petit peu ses financiers.
29:13Donc, tout ça participe de cette
29:15extrême incertitude.
29:17Et sur les tolons, je pense
29:19que Besant, quand même, il a un peu sauvé la donne.
29:21Parce que par rapport à
29:23Trump, qui avait dit
29:25« Je dirai à la Banque centrale qu'il faut
29:27baisser, etc. »
29:29Puis, à Eric Kibre, on parle
29:31plutôt des tolons, etc.
29:33Ce qui est plutôt rassurant, parce qu'effectivement
29:35ça montre qu'il y a des gens qui réfléchissent
29:37et que si on veut
29:39des baisses de tolons, il faut peut-être
29:41laisser les taux courts faire ce qu'ils
29:43doivent faire, donc les banques centrales faire leur job.
29:45Maintenant,
29:47la conclusion
29:49sur les tolons, à mon avis, elle va dépendre
29:51de comment les scénarios
29:53que je viens de mentionner rapidement se dessinent
29:55ou pas. Et là,
29:57je pense qu'on est vraiment dans l'incertitude.
29:59J'ai un petit peu le sentiment qu'on a fait l'essentiel
30:01de ce qu'on pouvait faire en baisse. La baisse était impressionnante
30:03sur un mois.
30:05Moi, je commence
30:07à regarder un peu l'allure des courbes pour voir
30:09si c'est sauvé ou pas.
30:11Vous n'êtes pas si convaincue que ça qu'on ait vu des sommets
30:13encore sur des dizans américains
30:15dans ce site ?
30:17Non, je ne suis pas du tout convaincue.
30:19Par contre, convaincue que la Fed
30:21ne peut rien faire probablement jusqu'en mars-avril.
30:23Et l'inflation ne l'aidera pas beaucoup
30:25parce qu'on a des effets de base très baissiers.
30:27Attention au retournement des effets de base
30:29sur le sous-jacent à partir du mois de mai.
30:31Ils sont hyper violents, ceux-là.
30:33Ça va être difficile d'avoir une inflation qui ne remonte pas.
30:35Après, il y a ça,
30:37il y a la composante pétrole aussi qui peut
30:39influencer l'aspect taux et du coup l'aspect dollar.
30:41C'est-à-dire qu'on voit quand même, même sur les anticipations
30:43d'inflation à long terme,
30:45ça suit quand même pas mal les mouvements du pétrole
30:47et on voit qu'une des priorités annoncées déjà par Trump
30:49et par d'autres membres de son administration,
30:51c'est de faire en sorte que l'énergie baisse,
30:53c'est un levier par rapport à la Russie,
30:55c'est aussi par rapport au pays du Moyen-Orient
30:57ou autre, une capacité comme ça
30:59de négociation aussi.
31:01On a l'impression qu'ils veulent faire baisser les cours du pétrole.
31:03On en revient à ce qu'on a dit tout à l'heure,
31:05c'est comment on les fait baisser ces cours du pétrole ?
31:07En menaçant l'OPEP, c'est une chose,
31:09mais aussi peut-être en brandissant la question
31:11de « je vais mettre des taxes un peu partout,
31:13tout le monde va avoir peur ».
31:15On n'est pas en train de partir pour quelque chose
31:17d'un peu baissé sur les commodities.
31:19Quand vous regardez le cuivre, ça c'est un temps plutôt chine en parallèle,
31:21mais le cuivre sur les taxes de long terme,
31:23il y a un espèce de gros canal comme ça en place
31:25à la hausse depuis le post-Covid en fait
31:27et actuellement on est en train de chercher un peu le bas de ce canal.
31:29Donc c'est des commodities,
31:31on ne va pas faire d'analyse technique dessus,
31:33mais on sait qu'il y a des niveaux quand même,
31:35on voit sur le pétrole 65, 66 dollars,
31:37c'est des gros niveaux d'un point de vue psychologique
31:39et on se rapproche de seuil sur le cuivre,
31:41on se rapproche de seuil sur le pétrole aussi,
31:43est-ce qu'il y a peut-être une volonté de l'administration
31:45de casser un peu la dynamique sur les matières premières,
31:47de la faire baisser un peu,
31:49du coup pression à la baisse sur les taux, sur les rendements
31:51et vous disiez aussi, ça va dépendre d'autres banques centrales,
31:53mais le Japon, je pense,
31:55va encore relever ses taux, c'est-à-dire que là,
31:57ils ont une inflation à 3, si je ne me trompe pas, à 3,6,
31:59une inflation globale, pas que, mais une inflation globale à 3,6,
32:01il y avait un pic un peu supérieur en 2023,
32:03pas mal de détente,
32:05et là depuis deux mois ça repart,
32:07les salaires plus de 4% de progression au Japon,
32:09c'est quelque chose qu'on n'a pas vu depuis pas mal de temps,
32:11et on voit que les discours des membres de la BOJ,
32:13pas seulement le gouverneur, mais les autres,
32:15il nous faut comprendre que,
32:17moi je pense qu'il y a au moins la place pour 50 points de base de plus,
32:19donc on peut aussi réduire comme ça,
32:21différencier le taux avec les Etats-Unis,
32:23je trouve qu'il y a des choses qui peuvent s'emboîter,
32:25c'est-à-dire la BOJ qui monte,
32:27les Etats-Unis qui pour l'instant ne baissent pas trop,
32:29mais qui peuvent essayer d'utiliser des leviers
32:31qui influencent les rendements,
32:33et du coup le dollar peut être influencé par ça,
32:35si les rendements américains baissent un petit peu,
32:37l'euro mécaniquement rebondit,
32:39ce n'était pas ce qu'on voyait en Europe,
32:41c'était parce que le dollar baissait
32:43que l'euro mécaniquement rebondissait un petit peu.
32:45Est-ce que le levier de l'énergie va pas être utilisé plus fortement par Trump ?
32:47Ça me paraît possible.
32:49On verra, c'est compliqué visiblement,
32:51les producteurs de schiste aux Etats-Unis,
32:53ils ont quand même envie de rester assez rentables,
32:55c'est compliqué de leur demander de réinvestir
32:57pour « baby drill » comme dit Trump,
32:59enfin on verra,
33:01mais c'est vrai,
33:03et puis il y a aussi l'histoire chinoise,
33:05des vents porteurs côté chinois
33:07qui peuvent soutenir
33:09une reprise des matières premières.
33:11Sur l'Europe et la Banque Centrale Européenne,
33:13qu'est-ce que vous dites à ce stade,
33:15Bastien ?
33:17Indépendamment
33:19du facteur Trump,
33:21la BCE a les arguments pour aller au taux neutre,
33:23je crois qu'on l'a compris,
33:25est-ce qu'elle va, sur son chemin,
33:27trouver d'autres arguments pour aller plus loin
33:29que ce fameux taux neutre,
33:31qui doit être précisé ou reprécisé demain,
33:33par le travail des équipes
33:35de la Banque Centrale Européenne,
33:37je ne sais pas si ce sera très différent
33:39de ce que le stade de la BCE nous a...
33:41Bon, ça sort demain, mais ne vous inquiétez pas,
33:43de toute façon, on ne va pas...
33:45Sur la BCE,
33:47je ne sais pas si,
33:49la semaine dernière, Christine Lagarde
33:51avait en avant-première
33:53le chiffre de « wedge tracker »
33:55qui est sorti,
33:57que produit la BCE
33:59en fonction des négociations salariales,
34:01donc c'est une sorte
34:03d'anticipation, de prévision
34:05plutôt, de la BCE
34:07sur ce que seront l'évolution des salaires
34:09cette année,
34:11et là, c'est sorti hier,
34:13et ça a très fortement baissé.
34:15Elle avait dit qu'elle avait affiché
34:17une forme de confiance dans l'idée que les salaires
34:19allaient baisser. Mais rétrospectivement,
34:21quand on repense à ce qu'elle a dit
34:23la semaine dernière, elle a mis
34:25un focus sur l'évolution des salaires
34:27qui était vraiment énorme,
34:29les fois d'avant aussi,
34:31mais là encore plus, en disant bien
34:33qu'aujourd'hui, c'est le seul truc
34:35qui gêne la désinflation, c'est l'inflation
34:37des services. L'inflation des services, ça provient
34:39des salaires, et il faut que les salaires baissent
34:41pour qu'on puisse encore baisser
34:43les taux. Et ce qu'on voit là, sur le Indeed
34:45« wedge tracker », c'est compatible avec...
34:47C'est le « wedge tracker » de la BCE.
34:49Et ce qu'on voit sur cet indicateur
34:51avancé, c'est compatible avec une inflation
34:53des services qui passerait de 4
34:55aujourd'hui autour à 3
34:57demain, par exemple.
34:59Même en dessous de 3, c'est possible.
35:01Après, c'est très difficile à dire
35:03parce qu'on n'a pas vraiment de point de comparaison
35:05d'une forte hausse des salaires en Europe.
35:07On n'a pas connu ça très très souvent
35:09depuis le début des années 90.
35:11Néanmoins,
35:13ce qui risque de se passer
35:15c'est qu'avec cette forte baisse
35:17du « wedge tracker »,
35:19l'indice de prévision des salaires
35:21de la BCE,
35:23la prochaine fois qu'ils feront leur prévision,
35:25ils mettront une inflation sous-jacente
35:27probablement encore en dessous de la cible
35:29en 2026-2027.
35:31C'était déjà le cas.
35:33Ça justifiait le fait
35:35qu'il fallait encore baisser les taux.
35:37Et s'ils le font encore,
35:39pour l'instant on était à 1,9,
35:41on était juste en dessous de la cible de la BCE.
35:43Si on commence à afficher
35:45la prévision des 1,8-1,7
35:47pour l'inflation sous-jacente en 2026-2027,
35:49on n'est plus dans le mandat.
35:51Là, on a vraiment les arguments
35:53pour aller en dessous du taux neutre
35:55et un peu plus franchement en dessous de 2%.
35:57Parce que là, les marchés anticipent
35:59qu'on aille vers 2%, légèrement en dessous de 2%.
36:01Mais là,
36:03il y aura vraiment des vrais arguments
36:05pour la BCE pour y aller.
36:07Moi, ce qui m'avait un peu interpellé
36:09depuis deux ou trois mois,
36:11c'était quand même cette très forte confiance
36:13sur le fait que la désinflation
36:15soit à rendez-vous en 2025.
36:17Alors que la Fed, de leur côté,
36:19en même temps disait
36:21qu'on est moins confiant quand même sur 2025,
36:23ils avaient remonté les prévisions d'inflation sous-jacente.
36:25Et je me disais,
36:27il y a une part d'autoconviction,
36:29peut-être,
36:31mais là, en tout cas,
36:33c'est le job d'une banque centrale,
36:35mais là, en tout cas,
36:37il commence à y avoir des arguments,
36:39de toute façon, en plus avec la croissance à zéro
36:41au quatrième trimestre.
36:43Il y a aussi la dimension croissance,
36:45parce qu'elle est encore sur l'idée d'une reprise économique
36:47en zone euro pour 2025.
36:49C'est déjà mal démarré.
36:51Il y a eu un PMI composite qui remonte, mais qui est à 5 ans.
36:53Ça fait quand même pas mal d'arguments.
36:55Plus, éventuellement, la guerre commerciale
36:57qui pourrait finalement se matérialiser
36:59dans le cadre de l'Europe.
37:01Il y aura quand même plein d'arguments pour baisser les taux
37:03et aller en dessous du taux neutre pour la BCE.
37:05Un mot là-dessus, Véronique ?
37:07Non, mais moi, je suis complètement
37:09en dehors de ce consensus. C'est curieux.
37:11J'ai beaucoup de mal.
37:13Avoir la BCE aller plus bas que le taux neutre ?
37:15Plus bas que le taux neutre.
37:17Là, on parle d'inflation et d'inflation sous-jacente.
37:19Est-ce que c'est la définition
37:21du niveau de la neutralité des taux ?
37:23Je ne suis pas sûre.
37:25Surtout si on a des prix, quelques dizaines de croissance
37:27en zone euro.
37:29L'autre élément, c'est qu'on a des écarts
37:31de conjoncture au sein de la zone euro
37:33qui commencent à être un vrai sujet.
37:35Périphérie par rapport au cœur.
37:37On peut faire comme durant la première décennie
37:39et laisser les choses
37:41partir dans le décor.
37:43J'ai l'impression que normalement, ça devrait nous servir
37:45de leçon parce que les écarts d'inflation
37:47également sont très importants.
37:49L'autre élément, il y a deux choses.
37:51Soit c'est un scénario où toutes les forces
37:53des inflationnistes se mettent
37:55en place. Aux Etats-Unis,
37:57les taux lombaises pour tout un tas de raisons,
37:59les prix du pétrole, machin.
38:01Normalement, il y a une croissance
38:03qui est plus faible que celle attendue par le consensus.
38:05Dans ce cas,
38:07on ouvre la porte à ce scénario.
38:09Ce n'est pas le scénario que j'ai encore
38:11pour l'instant.
38:13J'ai un scénario plus soutenu aux Etats-Unis.
38:15C'est toujours faible
38:17en zone euro, mais en amélioration
38:19notamment en Allemagne et en France.
38:21Du coup, je n'ai pas de place.
38:23Dès que la Fed arrête de baisser ses taux,
38:25j'ai un quart, un demi-point
38:27de plus de la BCE.
38:29Je n'arrive pas parce que l'euro s'affaiblit.
38:33On a parlé du taux de change auparavant.
38:35Ça montre à quel point les sujets sont complexes.
38:37Du coup, je suis complètement
38:39en dehors de ce consensus où on voit
38:41la baisse des taux de la BCE.
38:43J'ai plutôt compris que la BCE nous disait
38:45que dans les services, il va quand même falloir
38:47que ça s'améliore.
38:49Je pense que ça risque d'être un peu plus difficile,
38:51sauf si la conjoncture se détériore.
38:53On se retourne complètement.
38:55Pour l'instant,
38:57le marché
38:59ne semble pas
39:01effrayé à l'idée que la BCE
39:03puisse baisser quand la Fed
39:05se réimpose, au moins pour quelques temps.
39:07C'est vrai qu'il y avait
39:09une baisse de l'euro après l'élection,
39:11mais le Trump trade qui s'était mis en route
39:13en septembre, si on prend le 1,12 euro d'or,
39:15on est déjà sur du 8-9% de baisse.
39:17Ça, ce n'est pas une vraie question
39:19intéressante pour nous par rapport au droit de douane.
39:21Mais c'est vrai que la question du potentiel
39:23a encore baissé, se pose.
39:25Sur le thème un peu plus large,
39:27j'ai l'impression que ce qu'il faudrait,
39:29et c'est ce que nous aurons,
39:31c'est qu'il y ait un moment donné,
39:33on l'a peut-être revu sur les taux longs européens.
39:35Il y a eu toute une séquence où les taux longs européens
39:37se sont redressés depuis début décembre,
39:39et là ils ont vraiment matché le redressement des taux US.
39:41Il y a une espèce de grosse corrélation,
39:43où les taux US, boum, c'était la vague qui montait quasiment à 100.
39:45Tous les taux européens sont partis à ce moment-là
39:47avec l'instabilité budgétaire, etc.
39:49Et ensuite, on plafonne, et là,
39:51à nouveau ça repart, mais ça repart
39:53parce qu'effectivement la BCE baisse ses taux,
39:55ça c'est toujours le tableau de fond,
39:57mais ça va un peu accélérer après les questions tarifaires.
39:59Et l'idée que...
40:01Tout à l'heure tu parlais du premier scénario,
40:03moi, c'est mon scénario celui-ci,
40:05où il y aurait d'abord une espèce de choc, un peu de confiance,
40:07un peu partout, où les taux dans ce coup marcheraient à taper plus fortement
40:09parce que les matières premières baisseraient,
40:11un risque off, voilà, un risque off, où les actions se dégradent,
40:13les matières premières se dégradent, les taux partent à la baisse,
40:15négatif d'abord, et en positif
40:17parce que c'est bon pour le crédit,
40:19c'est bon pour le crédit aux ménages des entreprises,
40:21et puis la BCE arrive au taux neutre tranquillement.
40:23Bon, on verra pour la suite.
40:25Aujourd'hui, l'histoire, c'est le CAC 40 qui clôture à nouveau
40:27au-delà des 8000 points, à 8700 points
40:29précisément ce soir.
40:31Merci à vous trois, bon rapport sur l'emploi américain demain.
40:33Véronique Richelieu, RECET avec nous,
40:35présidente de l'RF Research, membre de Calix 360,
40:37Alexandre Baradès, chef analyste chez IG,
40:39et Bastien Druy, responsable des études
40:41et de la stratégie de CPR Asset Management.

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