Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 02/04/2025
Mercredi 2 avril 2025, retrouvez Stéphane Déo (Senior Portfolio Manager chez Eleva Capital et membre de l'Éco à venir), Alexandre Baradez (Chef analyste, IG) et Véronique Riches-Flores (Présidente, RF Research) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Véronique Richeferais c'est à nos côtés, économiste et présidente de RF Research.
00:16Bonsoir Véronique.
00:17Bonsoir.
00:18Alexandre Baradez avec nous également, chef analyste chez IG.
00:21Bonsoir Alexandre.
00:22Bonsoir.
00:23Et Stéphane Déo qui complète ce trio gérant chez Eleva Capital.
00:26Bonsoir Stéphane.
00:27Bonsoir.
00:28Merci à vous trois d'être là, ravi de vous retrouver.
00:31Stéphane, c'est un peu la question que je pose dans l'attente des annonces tarifaires.
00:35Est-ce que ça peut marquer une forme de pic d'incertitude, une incertitude et des modèles
00:40économiques qui existent pour justement montrer le niveau d'incertitude qui a été atteint
00:44depuis le 20 janvier ? On est sur des records et quelque chose de hors norme à tout point
00:50de vue.
00:51Est-ce qu'on peut marquer un pic d'incertitude avec l'annonce des tarifs ce soir ou est-ce
00:55qu'il faut plutôt imaginer que c'est le début d'une nouvelle étape, d'une forme
00:59d'escalade peut-être et d'un nouveau choc d'incertitude à venir devant nous ?
01:03En termes d'incertitude, on va avoir donc l'annonce ce soir, moi je suis plutôt de
01:10ceux qui pensent que l'annonce sera assez importante en termes de tarifs etc.
01:14Et donc évidemment ça va ouvrir des négociations, alors Donald Trump aime bien faire des négociations
01:20bilatérales, ce qui complique les choses, donc je ne pense pas qu'on soit un pic d'incertitude
01:24au contraire, ça va ouvrir une boîte de pandore de négociations, de devises qui vont
01:30s'apprécier, se déprécier, donc je pense qu'on est là, enfin c'est parti pour continuer
01:37un bon moment, très clairement cette histoire-là.
01:39Et l'hypothèse que vous retenez c'est, alors c'est compliqué à suivre, mais l'idée qu'on
01:45va fixer des tarifs le plus haut possible pour justement entamer ces négociations ?
01:52C'est le style de Trump, on tape très fort dès le début et puis après on fait des
01:56concessions et petit à petit on arrive à un accord.
01:58Alors là j'étais à un déjeuner, on était une vingtaine d'investisseurs, le consensus
02:05c'est à peu près 10-15% de tarifs sur tout le monde, le commissaire européen au commerce
02:13extérieur a dit 20%.
02:15Il est revenu de Washington la semaine dernière en disant ce sera 20 points.
02:18Donc c'est à peu près l'ordre de grandeur, c'est 15-20% grosso modo qui sont attendus.
02:23Donc on verra.
02:24Après il y a une autre question, c'est est-ce que c'est 20-25-15, je veux dire c'est votre
02:29chiffre, est-ce que c'est un chiffre sur tout le monde, ou est-ce que c'est limité
02:37à certaines régions, certains produits, etc.
02:39Il y a un degré de complexité qui peut être très très fort là aussi.
02:44Donc je ne suis pas sûr que sur l'annonce on ait une vision très claire immédiatement.
02:49Je serais étonné qu'ils disent c'est 25 pour tout le monde à partir d'aujourd'hui
02:53et puis point barre.
02:54Ce sera certainement beaucoup plus complexe.
02:56Il y aura des ramifications plus importantes.
02:58Complètement.
02:59Un seul chiffre, un big beautiful chiffre qui couvrera tout le monde.
03:02Exactement.
03:03Ok.
03:04Alexandre, est-ce que les marchés sont prêts à ça ? A quoi sont prêts les marchés là ?
03:07Quand on regarde les équilibres du jour sur les taux américains, sur le dollar, sur
03:13les marchés actions et les valorisations des marchés actions, à quoi est-ce qu'on est prêts ?
03:17Il y a déjà une forme d'anticipation quand même.
03:1910% de baisse sur l'ASP500, c'est quand même une anticipation.
03:22Mais c'est vrai que la différence par rapport au premier mandat, c'est que le premier mandat
03:25c'était quand même très focalisé sur la Chine.
03:26Il y avait une phase de quelques mois, c'était fin 2018, qui était vraiment montée en force.
03:30Et puis ensuite, assez rapidement, début 2019, ça s'était normalisé.
03:33Là, il a tapé sur tout le monde et il va continuer à le faire semble-t-il.
03:37Mais c'est très global en fait.
03:38Et on rapproche ça quand même.
03:40C'est vrai que ce que disait Stéphane par rapport à gros chiffres, et puis on va dégrossir ça,
03:44c'est ce que laisse entendre Scott Bessinte, le secrétaire au Trésor.
03:46Il dit voilà la stratégie.
03:47Enfin, il ne dit pas la stratégie, mais il laisse entendre qu'on part du sommet.
03:50Ce sera un cap.
03:51On va mettre un cap, un plafond, et puis on verra comment ça retombe.
03:56Ça, c'est la vie de Scott Bessinte.
03:57Alors effectivement, Trump a quand même écouté Bessinte par rapport au Tollon et à Powell.
04:00Il l'avait laissé tranquille pendant quelques temps.
04:01Donc est-ce que Trump, par contre, sera d'accord avec ça ?
04:04Est-ce que lui, sa façon de communiquer au départ sera celle-ci ?
04:06Ça, c'est le suspense pour ce soir.
04:07Après, la question de l'impact, c'est vrai qu'on voit que les grosses banques américaines,
04:13qui sont peut-être aussi informées par des sources à la Maison-Blanche ou autre,
04:16toutes relèrent leurs prévisions de probabilité de récession.
04:19Pour Goldman, c'est passé à 35 %, JP Morgan, ils ont annoncé un 40 % de probabilité.
04:23Donc tout le monde redresse un petit peu ses prévisions de risque, ses probabilités.
04:28Après, il y a un thème, moi, qui me semble être le thème de ce début de mandat,
04:33qui, pour l'instant, les questions commerciales semblent cacher un peu ça.
04:36Mais il me semble que le gros, gros thème, et c'est là-dessus que Scott Bessin est très à cheval,
04:39c'est la priorité absolue pour les États-Unis de faire baisser les taux longs,
04:42presque, j'ai envie de dire, coûte que coûte.
04:44Parce qu'on a quand même l'impression qu'après 5 années d'énormes déficits aux États-Unis,
04:49il faut bien regarder un graphique très dézoommé sur 80 ans de déficit aux États-Unis.
04:53En moyenne, ce qu'on a connu comme déficit année de Covid et post-Covid,
04:57c'était l'année de Covid 14-15 % de déficit, l'année d'après, on était dans une zone encore de 11-12 %,
05:02après, c'était 7 et quelques, mais on est rarement retombé,
05:04quasiment jamais sous les 6 % depuis le Covid.
05:06Si vous faites une moyenne de tout ça, on n'a rien connu depuis la crise des subprimes,
05:09donc plus grave crise depuis la neuf, et avancez, il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale.
05:12Donc, on est quand même sur des niveaux de déviation du déficit par rapport à l'historique américain,
05:17qui est absolument gigantesque.
05:18Est-ce qu'il y a un héritage volontairement laissé par Biden pour mettre son successeur dans l'embarras ?
05:22Mais en tout cas, toujours est-il qu'il y a un impératif de réduire le déficit.
05:27Et un des moyens d'y parvenir, brutal, c'est sur une assiette extrêmement large d'importation.
05:32Les chiffres exacts, on doit être dans la zone des 3 000 milliards à peu près d'importation aux Etats-Unis.
05:35Si là-dessus, vous en ciblez 1 000 ou 2 000 milliards à des taux de 10 à 15 %,
05:39vous faites rentrer de manière rapide plusieurs dizaines de milliards,
05:42voire centaines de milliards de dollars.
05:44Donc, ce serait aussi une stratégie pour réduire le déficit de manière un peu musclée,
05:48peut-être augmenter un peu les impôts, on voit qu'il y a un débat qui...
05:51Pour dire les choses clairement, Alexandre, passer par la case récession, quoi.
05:54Enfin, je veux dire...
05:55Sans le dire de manière claire, mais oui.
05:58Une bonne manière de réduire le déficit, c'est de passer par la case récession, quoi.
06:01La grosse contraction, mais c'est vrai qu'on a l'impression que c'est ça la priorité de réduire ce déficit.
06:05Du coup, s'il y a moins de croissance, moins de consommation, ça fait baisser les taux longs.
06:09Et à un moment donné, la Fed commence à... Enfin, recommence à baisser les taux.
06:13Donc on a quand même l'impression qu'il y a un pattern comme ça qui s'est mis en place.
06:15Et effectivement, on n'a pas l'impression qu'on arrive au bout de ce pattern.
06:18On a l'impression qu'on est un peu au milieu, au milieu du guet.
06:20C'est-à-dire que les 10 % de baisse du stock du S&P 500, ça peut devenir un moins 15, peut-être un moins 20.
06:25Et on a l'impression qu'on est un peu au milieu de ça actuellement.
06:27— Sans dire que la récession serait un objectif pour eux. Politiquement, ce serait trop compliqué à avouer ou à admettre, j'imagine.
06:35Mais en tout cas, c'est pas un chiffon rouge. C'est pas quelque chose qui les effraie ou qui les ferait reculer.
06:41— Non. Et quand je dis « ils », c'est quand même toute l'administration.
06:44— Quand je parle, c'est Scott Bessin qui est quand même, on va dire, l'homme fort du Trésor.
06:48C'est l'homme fort du Trésor. Sa façon de communiquer qui a un tout petit peu évolué il y a quelques semaines,
06:52début d'année, c'était « Pourquoi parler de récession ? ».
06:54Et quand on leur pose la question régulièrement, c'est « On ne peut pas écarter qu'il n'y aura pas de récession ».
06:59Voilà. Donc on sent que les aimants de langage évoluent tranquillement.
07:02Et puis surtout, il y a les prévisions des antennes régionales de la fête, notamment celle d'Atlanta, que tout le monde l'orgne avec des yeux comme ça,
07:07parce qu'elle est quand même tranchante. On était à 2, 4% de croissance au dernier trimestre.
07:12Là, alors selon qu'on impute les importations d'or ou autre, mais on est sur des niveaux de contraction qui seraient de 1,5 à quasiment 3, 3,5, 3,7,
07:19on sent quand même qu'il se passe un truc au premier trimestre. Et c'est pas que des questions de balance commerciale.
07:23Le consommateur a moins confiance. Les deux derniers mois de vente d'État étaient quand même assez moyens.
07:28Donc ça tourne aussi un peu quand même autour de la consommation.
07:30– Juste Stéphane, et je vous passe la parole Véronique, pourquoi les taux longs baissent là, effectivement ?
07:34Je veux dire, alors ils ont baissé, on était 4,80 au début de l'année, ils ont baissé un petit peu.
07:38Mais là, chaque fois qu'on a des nouvelles, que la menace tarifaire se rapproche,
07:44les taux longs baissent toujours un petit peu plus, quoi.
07:47– Oui, je pense que c'est le risque de récession qui est en train d'exploser très clairement.
07:53– D'accord, donc le marché voit plutôt récessif plutôt qu'inflationniste.
07:57– C'est très impressionnant, on en parlait tout à l'heure, il y a un mois à peu près,
08:01tout le monde était optimiste sur l'économie américaine.
08:03Il y avait un effet richesse qui était colossal sur les ménages, donc ils consommaient,
08:07donc il y avait de l'activité, donc on créait des emplois, donc on générait des salaires,
08:11donc on consommait, enfin c'était la machine qui marchait très très bien.
08:15Là, on commence à avoir une consommation qui faiblit.
08:19Juste pour l'anecdote, on a des cartes bleues autour de Washington D.C.,
08:24donc tous les fonctionnaires autour, c'est en train de tomber très très vite.
08:30Donc c'est juste une anecdote, mais ça fait partie de l'histoire, les créations d'emplois baissent
08:34et donc la belle mécanique, elle s'enclenche en sens inverse.
08:38Et donc on peut très vite boucler avec un effet richesse qui est très mauvais,
08:44parce que les ménages américains qui avaient du bitcoin et Tesla, on ne peut pas le nommer.
08:48C'est ce qu'on raconte depuis longtemps, le top 10 aujourd'hui tient à peu près 50% de la consommation aux Etats-Unis.
08:53Voilà, tout ça, ça peut baisser très très vite en fait.
08:57Et donc il y a un mois, c'était l'euphorie et puis on est sur effectivement des probabilités de récession
09:04qui sont très très loin d'être négligeables maintenant, même si ce n'est pas encore le scénario central.
09:08Béronique, vos commentaires, en attendant les annonces, les risques que ça représente.
09:14C'est vrai que même jusqu'à ces derniers temps, le narratif macro un peu global c'était de dire
09:20oui il y a un ralentissement américain, ça fait des années, deux ans au moins que les Etats-Unis sont en croissance au-delà du potentiel.
09:27Là, on voyait plutôt l'économie américaine ralentir et à l'inverse,
09:31alors que pendant deux ans le reste du monde avait ralenti,
09:34on voyait plutôt une reprise se matérialiser dans le reste du monde, Europe, Chine, Asie.
09:41C'est un schéma qui reste valable ou est-ce que c'est un schéma qui devient de plus en plus compliqué ?
09:46Est-ce que le ralentissement américain va aussi entraîner un ralentissement du reste du monde ?
09:51Je vais vous redire un peu ce que j'ai répondu ce matin quand la question m'a été posée en me disant
09:57mais on ne comprend pas bien, vous restez confiante ou ça va ?
10:02La réponse était de dire si on n'a pas de changement,
10:07si la voie de la politique américaine, la double voie,
10:12Donald Trump, protectionnisme, hausse des droits de douane et le doge restent intacts,
10:20je pense qu'on ne coupera pas la récession.
10:23Après, ce qui nous est annoncé, la manière dont les choses sont faites font qu'on est tous quand même un peu scotchés.
10:33Les lapins dans les phares.
10:37C'est à certains égards tellement incohérent économiquement,
10:42on a tellement de mal à comprendre la logique à part un objectif prioritaire de faire baisser les taux
10:50et comme vous le disiez, on fait baisser les taux et bien on met l'économie en récession, point.
10:54Il n'y a pas d'autre moyen, c'est le plus efficace, ça va très vite.
10:59Mais du coup, là encore c'est difficile à admettre
11:03qu'un président qui a promis mondes et merveilles, accepte de pousser l'économie américaine en récession.
11:13Pourquoi ? Pour faire baisser les taux, pour rééquilibrer, pour avoir une situation budgétaire un peu plus...
11:18Qui ré-ouvre la porte pour des baisses d'impôts.
11:21Et créer un âge d'or sur le long terme.
11:25Oui, sauf que l'âge d'or sur le long terme, quand on commence par une récession
11:29avec une économie qui reste fondamentalement très endettée, moins du côté des ménages,
11:36où la financiarisation extrême fait que les effets richesses peuvent être très rapides,
11:43c'est quand même jouer avec le feu.
11:45J'ai toujours dit que la pilule amère d'une hausse des tarifs significative et de coupe budgétaire drastique,
11:57c'était la récession.
11:58Et là, on y est.
11:59Je suis juste retenue par le fait que je n'arrive pas à admettre qu'on persiste dans cette direction.
12:05Mais ce soir va me donner une partie de la réponse, et si c'est le cas effectivement, ce sera la récession.
12:12Pourquoi ? Alors peut-être pas parce que la fête d'Atlanta, nos chiffres à moins 3,7,
12:16c'était la dernière estimation d'hier soir.
12:18En l'occurrence, dans ces chiffres-là, et c'est peut-être pour ça que les marchés n'étaient pas convaincus,
12:22enfin, n'ont pas attaché autant d'importance que cela, dans un premier temps.
12:27C'est de la contribution négative du commerce extérieur.
12:30Autrement dit, les entreprises ont stocké comme des malades pour se prémunir contre des prix plus élevés
12:37après les hausses de droits de douane.
12:38Ce qui veut dire que vous allez retrouver dans les stocks, quelque part, une partie de cette contribution négative,
12:43et que finalement, ce n'est pas un signal récessif endogène.
12:47J'entends. Hors stock, hors variation des stocks.
12:51Hors importation exceptionnelle, qu'on peut comprendre.
12:55Mais ce qu'on voit ces tout derniers jours, c'est que ce sont d'autres contributions qui commencent à peser.
13:02Et là, ça grippe davantage.
13:05Et ce n'est pas surprenant.
13:06Et dans ce cas, je pense qu'on pourrait presque avoir une grosse surprise, peut-être au premier trimestre.
13:12Peut-être que le PIB ne va même pas baisser, je pense qu'il baissera un petit peu,
13:15mais j'ai du mal à avoir un chiffrage aussi important, négatif.
13:22Par contre, la suite est très inquiétante.
13:25On va oublier que quand on licencie dans la fonction publique, la plupart du temps,
13:29on maintient le salaire pendant six mois.
13:31Et donc, voilà, février plus six mois, ça nous donne une tendance quand même sur le risque,
13:39une concentration du risque, fin de printemps, début d'été, qui est probablement extrême.
13:46Donc, voilà, si l'économie américaine tombe en récession,
13:51avec des marchés conditionnés par une fête qui n'a pas totalement les mains libres,
13:57c'est quand même un signal extrêmement mauvais.
14:00Et c'est par là que la courroie, entre autres, de transmission risque de passer dans le reste du monde,
14:07c'est-à-dire un risque financier.
14:08Maintenant, sur l'histoire protectionniste, et après je...
14:10– Non, non, non, non, allez-y, allez-y.
14:12On est tous en incertitude, combien, et puis avec nos multiplicateurs dans tous les sens.
14:18Prenons les choses simplement.
14:19Nous, on s'est dit, on va essayer d'être pédagogues, pragmatiques, je ne sais pas,
14:2625% de droits de douane, ok, sur le commerce de biens, US, Etats-Unis, Europe.
14:34C'est sur la moitié du commerce de biens, voilà, parce qu'il va y avoir des négociations, etc.
14:40Ça nous fait, c'est comparable à une taxe, ça nous fait 4% de hausse immédiate
14:48sur le déflateur du PIB de la zone euro, et d'ailleurs réciproquement,
14:52puisqu'à priori on est dans une logique réciproque, donc c'est des deux côtés.
14:55Alors, si on est à 12% de droits de douane, ça fait moitié moins, à priori,
14:59mais ça fait quand même 2%.
15:012%, qu'est-ce qu'ils font ? Ils vont dans l'inflation ?
15:03Toutes choses égales par ailleurs, parce qu'on n'arrête pas cette ancienne idée,
15:06toutes choses égales par ailleurs, il y en a toutes les phrases,
15:08parce qu'effectivement, ce ne sera certainement pas égal par ailleurs,
15:11mais donc il y a forcément des effets induits sur les coûts salariaux, etc.,
15:17où les entreprises prennent une partie, elles prendront en coupant leurs coûts,
15:23et ça ferait une récession.
15:24Donc, on a quand même un environnement et des chiffrages qui nous parlent,
15:29et qui sont éloquents, 2%, ne serait-ce que 2%, c'est énorme,
15:34avec des situations notamment de marge chez les entreprises européennes
15:38qui ne sont pas hyper confortables en ce moment,
15:41et qui représentent un risque majeur, quoi qu'il en soit, des programmes pareils.
15:46Donc, le risque, c'est un ralentissement mondial, global, pas juste des Etats-Unis.
15:51C'est d'ailleurs un choc d'inflation et un ralentissement mondial.
15:54C'est pour ça que nous, on a quand même essayé d'estimer ce scénario récession mondiale
15:58avec une croissance qui baisserait à 2% à l'échelle mondiale, ça fait très mal.
16:03Et dans ce cas, on a in fine moins d'inflation, et on rouvre la porte pour des baisses de taux.
16:08Si on a une croissance molle à Saône, etc.,
16:12quand on voit ce qui se trame sur les marchés des matières premières,
16:15qui est assez logique, finalement, l'or nous a donné la direction,
16:18et on commence à voir la diffusion aux métaux notamment,
16:22eh bien, je ne vois pas comment on pourrait avoir de baisse de taux.
16:26Et là, c'est une reconsidération par rapport à l'objectif Bessint,
16:30si effectivement, c'est un objectif central.
16:33Beaucoup va dépendre, l'ampleur de la douleur va aussi beaucoup dépendre de la réponse,
16:39de la fermeté des réponses qui vont être apportées à Trump ce soir.
16:42Il y a la réponse des États, des partenaires ou ennemis commerciaux,
16:47je ne sais plus comment est-ce qu'il faut les appeler, Stéphane,
16:49mais il y a aussi la manière dont les entreprises vont réagir,
16:53et notamment les entreprises sur le marché américain,
16:56avec l'élévation des barrières, il y a celles qui seront directement concernées,
16:59celles qui le seront un petit peu moins.
17:01Est-ce qu'elles ont encore un pouvoir de fixation des prix,
17:04ou est-ce qu'il va falloir répartir la charge des tarifs un peu plus
17:08que peut-être la version 1 de la guerre commerciale de Trump en 2018-2019 ?
17:14Ce qui s'est passé pendant Trump 1,
17:16il a augmenté les tarifs essentiellement sur la Chine et sur certains produits uniquement.
17:24Ce qu'on a vu, c'est qu'il y a à peu près 10% de l'augmentation
17:26qui a été absorbée par l'exportateur, c'est-à-dire le producteur chinois a baissé un petit peu.
17:31Je veux rester compétitif, je prends un peu sur ma main.
17:33Il y a à peu près 10% qui a été absorbée par l'acheteur,
17:37c'est-à-dire Walmart qui achète des jouets en plastique en Chine et qui réduit sa marge.
17:41Walmart, ils n'ont pas des marges énormes,
17:44et donc il y a 80% des tarifs qui sont placés en hausse de prix.
17:47Ce n'est pas une question de choix, vous n'avez pas le choix,
17:50c'est soit vous augmentez les tarifs, soit vous perdez de l'argent
17:53et vous rendez la clé et vous êtes en faillite.
17:57Cette répartition, c'est à peu près la répartition qu'on peut imaginer encore aujourd'hui ?
18:02Je vois mal les entreprises, avec les marges qu'elles ont à l'heure actuelle,
18:06changer de manière très importante leur comportement.
18:10Alors il y a un troisième effet.
18:11Vous avez déjà dit que les marges sont quand même confortables,
18:13au-delà d'un aspect spécifique sectoriel, la grande distribution, au global, les marges.
18:19J'avais regardé ça de près, si vous regardez Trump 1,
18:22les grandes entreprises ont peu souffert,
18:24parce qu'une fois de plus, c'était très précis,
18:28c'était certains biens réguliers venus de Chine, etc.
18:30Il y avait des machines à laver, voilà.
18:32Donc les grandes entreprises avaient un fournisseur en Chine,
18:34un fournisseur au Mexique, un fournisseur ailleurs,
18:36ils ont changé, puis pouf pouf, ils ont fait de la magie,
18:38et donc ils n'ont pas payé la taxe.
18:40Les petites entreprises, elles, elles avaient un fournisseur,
18:43quand elles avaient un fournisseur, elles l'ont pris de face.
18:46Et on est donc, si on a des taxes qui sont beaucoup plus généralisées,
18:50mon histoire de, je switch du chinois sur le mexicain, etc.,
18:54vous oubliez, complètement.
18:56Et donc là, effectivement, les grandes entreprises ont des marges importantes,
19:00alors celles qui sont, qui moi m'intéressent,
19:02parce que je suis investisseur, on regarde le S&P,
19:04mais c'est le S&P, le reste, ce n'est pas du tout, du tout le cas.
19:08Et ces petites entreprises sont obligées de passer les prix.
19:12Alors il y a un autre effet d'éviction qu'on oublie souvent,
19:14c'est imaginer que, je ne sais pas, le prix des écrans plats augmente de 30%.
19:19Vous n'allez peut-être pas acheter un écran plat,
19:22mais du coup, vous allez aller au cinéma ou au restaurant, d'accord ?
19:26Sauf que vous répartissez, vous changez votre consommation,
19:29ce qu'on a beaucoup vu pendant le Covid, des biens importés...
19:32– Vers les services.
19:32– Vers les services domestiques.
19:34Or, ces services domestiques sont des secteurs qui sont très tendus à l'heure actuelle.
19:38Donc en fait, pour déplacer juste le problème,
19:40vous allez faire de l'inflation sur les services domestiques.
19:42Et donc, vous pouvez enfin le prendre, le retourner comme vous voulez,
19:46vous avez un choc inflationniste immédiat.
19:48– Et pas un choc de prix transitoire.
19:50– Et alors, transitoire, vous me rappelez quel prix ?
19:55Non mais tout est transitoire.
19:56– Oui, à la fin, comme on dit, oui.
20:00– Moi, ce que je dis quand on me dit transitoire,
20:04c'est que les dinosaures sont restés 150 millions d'années sur Terre,
20:07c'est transitoire aussi, tout est transitoire.
20:09Mais non, sérieusement, imaginez que, juste pour l'argument,
20:12le prix des automobiles progresse de 20%.
20:15Ah oui, c'est transitoire ce truc.
20:17Ça veut dire que l'année d'après, votre assurance, elle progresse de 20% aussi.
20:20– Donc il y a des effets de second tour quand même.
20:23– Donc vous n'allez pas pouvoir y couper le transitoire.
20:27On m'a déjà fait le coup une fois, j'étais un peu dubitatif,
20:31là je suis toujours dubitatif.
20:33– Avec une transmission possible des biens vers les services, à nouveau.
20:37– Bien sûr, et comme en plus le secteur de l'emploi est quand même très tendu,
20:42je rappelle qu'il y a plus d'offres d'emploi que de chômeurs aux États-Unis.
20:47Alors, la différence est en train de s'estomper très rapidement.
20:50Si vous voulez, quand on est comme ça il y a 10 ans, 20 ans,
20:53on avait toutes les lumières rouges qui s'allumaient partout,
20:55en disant c'est affreux, etc.
20:57Donc si en plus vous avez un marché de l'emploi qui est assez tendu,
21:01donc des salaires qui peuvent aussi rattraper,
21:06le transitoire, je suis un peu dubitatif, un peu beaucoup.
21:10– Alexandre, en termes de poutre,
21:13donc je ne sais pas, est-ce qu'il faut déjà faire une croix,
21:16au moins temporaire ou transitoire, sur le poutre-train ?
21:21Est-ce qu'on peut garder l'idée d'une Fed qui pourrait trouver des arguments
21:26à un moment pour venir accommoder une situation si ça devenait nécessaire ?
21:31C'est un peu ce que je reprends les deux scénarios de Véronique.
21:34Il y en a un qui peut le permettre,
21:35alors en passant par un niveau de douleur peut-être auto-infligé un peu dur,
21:41et puis il y a un scénario un peu plus médiocre, j'allais dire,
21:46où ça peut être compliqué quoi.
21:47– Ça peut être l'emploi, ça qui a ce double mandat,
21:49donc tant que ça ne bouge pas trop sur l'emploi, la Fed,
21:51et Jérôme Paul l'explique très bien ça,
21:52tant que ça ne bouge pas sur l'emploi, nous on ne fait rien.
21:54– Alors il disait ces dernières réunions,
21:56il y a peu de licenciements et peu d'embauches,
21:59c'est quand même assez figé en fait,
22:01et pour lui c'était quand même le signe d'une fragilité potentielle
22:05du marché du travail.
22:06– Et ce qu'il avait ajouté, c'est que du coup ça commence à…
22:07– Et voilà, ça peut aller vite, ça peut aller vite.
22:09– Donc vitement on sent que ça peut,
22:10comme d'ailleurs ça a été le déclencheur l'été dernier,
22:12juste avant on a eu une petite crise comme ça,
22:13pendant quelques secondes, les inscriptions de ADR
22:15ont été remontées pendant un mois ou deux,
22:17et ça a été le pivot, c'était déjà sur l'emploi
22:19que ça s'était fait, donc il est possible que ça se fasse de ce côté-là.
22:21– Ce qui avait amené aux 50 points de base de septembre.
22:24– Oui voilà exactement, et ça peut se faire,
22:27mais c'est vrai que le…
22:29alors est-ce que c'est ce qu'il souhaite aussi ?
22:31Jamais ce sera vous, on ne peut pas dire,
22:32j'espère que l'emploi va encore plus se détendre,
22:34voire se dégrader, mais il y a quand même un aspect sur les salaires,
22:36les salaires progressent toujours à des rythmes d'à peu près 4%
22:39en rythme annuel, et ça plusieurs fois dès vendredi de la FED,
22:41donc expliquez que ça reste incompatible avec l'objectif de l'inflation,
22:43même si ce n'est pas ça qui a alimenté l'inflation,
22:45ça l'a retenu dans des zones, toujours,
22:47et le rebond d'inflation CORE-PCE qui est la mesure,
22:51phare de la FED, de 6 à 2,8 à nouveau,
22:54on est sur un vrai range d'inflation,
22:56ça fait quasiment même un an,
22:57pas quasiment, c'est un an complet,
22:59entre 2,6 et 2,8 pour l'inflation CORE-PCE,
23:01alors ce n'est plus les 5,5, 6 au zénith,
23:03mais le fameux dernier kilomètre, il s'éloigne,
23:07là-dessus la FED ne peut pas bouger normalement de ce côté-là,
23:09donc oui, ils s'acceptent sur l'emploi que ça devrait bouger,
23:11et c'est là qu'on a un ralentissement économique,
23:14le pouls de Trump, à ce qu'il parait, à un moment donné,
23:17j'ai toujours l'impression que l'objectif premier,
23:19c'est de faire rentrer de l'argent dans les caisses, très vite,
23:21combien de temps, c'est ça en fait,
23:23combien de temps avant que des effets soient visibles,
23:25on aime des, alors c'est des sources,
23:27on ne sait pas si ça verra le jour,
23:28mais des sources, c'est Axios, je crois qu'il expliquait,
23:31il y avait une réflexion à l'étude sur augmenter un peu le,
23:34enfin ce n'est pas augmenter, c'est laisser arriver à expiration
23:36une mesure de 2017 de baisse d'impôts,
23:38de ne pas la renouveler, ce qui rendrait les Américains les plus riches,
23:42donc au-delà de 600 000 dollars de revenus.
23:44Donc les taxes que Trump veut prolonger,
23:46donc on ne les prolongerait pas ?
23:48Ce ne sera pas prolongé, certains d'entre elles,
23:49et donc ça ferait remonter l'autodémposition,
23:50le cap là-bas, c'est actuellement 37% sur les tranchées plus hautes,
23:53ça passera 39,6, donc ça ferait 2,6 de plus l'autodémposition,
23:57mais sur les 1% les plus riches,
23:59ça fait aussi quelques dizaines de milliards qu'on fait rentrer dans les caisses.
24:01Donc on a l'impression que ça va être ça, cette priorité,
24:04et qu'une fois, pendant quelques mois, peut-être un ou deux trimestres,
24:06on n'aura rien à dire qu'effectivement,
24:08au courant de l'été, ça pivote rapidement,
24:09que la fête rebaisse les taux, etc.
24:11Moi j'ai plutôt l'impression effectivement que le pic stress marché,
24:13ça va être là en fait, c'est toute la mousse en amont,
24:16ce soir je ne vois pas d'argument fort pour que Trump,
24:18il va vouloir impressionner à nouveau,
24:20donc jour de libération, ça porte bien son nom,
24:22enfin ça porte bien son nom, mal son nom,
24:23mais il va vouloir marquer le coup,
24:25donc si c'est jour de la libération,
24:27puis tout de suite je rembobine la pelote,
24:29et je montre que j'ai des craintes,
24:31ce n'est pas du Trump ça tellement,
24:33donc le risque c'est plutôt que ça persiste tout l'été deux,
24:36et qu'après ça commence à changer peut-être la fête au courant de l'été,
24:39déchet de l'emploi qui ralentirait,
24:41qui s'en se crachait forcément,
24:43donc moi j'ai l'impression quand même que la volatilité,
24:45je ne suis pas sûr qu'on ait une vol à 50, 60 à nouveau,
24:47là la baisse de marché sur un petit point marché,
24:49la baisse s'est faite de manière très ordonnée,
24:51le VIX a un peu grimpé à 30 au début de la baisse,
24:54il n'y a pas eu de panique, de capitulation,
24:56le nouveau plan bas du S&P donc touché il y a quelques jours,
24:58il s'est fait qu'un VIX à 24, 25,
25:00en soi ce n'est pas énorme,
25:02donc ce n'est pas non plus le marché qui a capitulé,
25:04donc d'un côté ça veut dire qu'il n'y a pas eu de panique sur les marchés,
25:08mais de l'autre côté ça peut vouloir dire qu'il faut peut-être une capitulation,
25:10pour qu'un coup de Trump ou un coup de Paul commence à arriver,
25:12et cette capitulation on ne l'a pas vue à ce stade sur les marchés.
25:15Et puis je retiens votre point, Véronique, je vous repasse la parole,
25:17c'est vrai que la dernière fois que vous étiez venue,
25:20vous nous démontriez que Trump avait tort de ne pas s'intéresser quand même à la course des marchés,
25:27c'est-à-dire que l'effet richesse pour le top 10 américain
25:32qui consomme, qui réalise 50% ou plus de la consommation aujourd'hui,
25:36l'effet marché justement il est important,
25:38et que c'était peut-être justement le dernier fil qui tenait l'économie américaine aujourd'hui.
25:46Oui, ce qui a également été très important pour l'économie américaine,
25:52ce sont les dépenses publiques de Joe Biden auparavant,
25:57avec des effets dans des secteurs très ciblés et des effets très positifs.
26:02Alors ce qui est très compliqué en fait, et c'est là que ça fait un peu peur,
26:06on a l'impression qu'il y a des portes de saloon un peu dans tous les sens.
26:09Je ne sais pas si vous avez vu les ventes d'automobiles aujourd'hui ?
26:1317 millions et des poussières, c'est-à-dire qu'on a un gros boom.
26:17Ah ben oui, on se dit, ah ben oui, les américains,
26:21ils achètent des autos avant que les prix augmentent.
26:24Rationnel ?
26:25C'est rationnel, mais du coup ça veut dire qu'effectivement,
26:28si c'est le cas dans l'auto, ça doit être le cas dans un certain nombre d'achats,
26:33et on revient sur l'idée que le premier trimestre ne sera peut-être pas aussi mauvais,
26:38et qu'avant d'avoir des chiffres plus négatifs,
26:42on risque de passer par quelque chose d'assez inconfortable en matière d'inflation.
26:47Deux choses, hier, l'indicateur de tension sur le marché du travail a arrêté de s'améliorer.
26:57Ça fait deux ou trois mois qu'on pétine, on était bien baissé,
27:00et puis là, il ne se passe plus grand-chose.
27:02On en reprend un tout petit peu, mais si on dit qu'il ne se passe plus grand-chose,
27:06ça c'est le premier point.
27:07Deuxième point, je vous en ai parlé déjà,
27:10des effets de base sur l'inflation qui, à partir du mois de mai,
27:13commencent à être franchement mauvais.
27:15Donc là, on a une inertie de l'économie,
27:20inertie de l'économie mais redémarrage de l'inflation.
27:23C'est ça cette période un peu compliquée.
27:25C'est ça qui est assez inquiétant, qui me semble nous pendre au nez,
27:30parce qu'il y aura les tarifs en plus,
27:32donc on sera en plein dans les effets de diffusion des hausses de tarifs,
27:36et c'est là que, je ne sais pas, comment la fraide va communiquer.
27:40Ça risque d'être assez chaud sur les marchés.
27:43Donc ça va dans le sens de ce qui a été dit, d'ailleurs, je crois, par nous trois,
27:48c'est qu'on n'est probablement pas sur un pic d'instabilité ou de stress,
27:53et c'est quelque chose qui risque de durer.
27:56La réponse du reste du monde, qu'est-ce que...
27:58Bon, évidemment, politiquement, c'est difficile de rien faire,
28:02mais Mario Draghi pose la question économique.
28:05Il faut vraiment se demander le coût-opportunité pour l'Europe
28:10de partir dans une escalade, un pour un, oeil pour oeil, dent pour dent, etc.,
28:15parce qu'à la fin de la journée, ça fait mal à tout le monde,
28:17mais ça peut faire très mal à l'Europe aussi.
28:19Ça double le choc de demande par un choc d'offres qu'on s'auto-inflige, nous,
28:24si on commence à élever nos barrières.
28:26Bien sûr, c'est pour ça que les négociations sont indispensables.
28:30Après, la question, c'est est-ce qu'on peut vraiment attendre
28:34beaucoup de ces négociations ?
28:35Parce qu'en face, on a quand même une dureté du discours qui est extrême.
28:42Alors, ça ne veut pas dire que les portes soient fermées,
28:45et on doit pouvoir les ouvrir, mais ça veut dire qu'à un moment donné,
28:48aussi, il va peut-être falloir montrer les dents.
28:52Et montrer les dents, c'est peut-être élargir au-delà des biens...
28:55Bon, on va les servir, ce n'est pas ?
28:57C'est l'idée qu'ils montent, de toute façon.
28:58Et je pense qu'à un moment donné, forcément, la méthode Trump
29:03pousse, de toute façon, à cela.
29:06Parce que sinon, on se laisse écraser.
29:09Et donc, ce n'est pas facile, personne ne sait quelle est la meilleure stratégie à adopter.
29:14Je pense qu'il faut envisager un peu les deux.
29:16On n'a pas attaqué les services américains lors de la première guerre commerciale.
29:20L'Europe ne s'est pas attaquée aux services américains,
29:22que ce soit financiers, bancaires ou aux services digitaux, numériques.
29:26Mais Trump, ne s'est pas vraiment attaquée à l'Europe non plus,
29:29donc il n'y avait pas vraiment matière à riposter.
29:32Après, il faut faire attention parce que,
29:35en prenant des pincettes avec les modèles économétriques qui se trompent tout le temps,
29:39l'impact de tarifs à 20-25%, c'est 0,2-0,3% du PIB européen.
29:46S'il n'y a pas de représailles, de rétorsions...
29:50Il y a des simulations de la Commission européenne et de la BCE, c'est 0,5%.
29:54Donc 0,5%, ça fait mal quand on a une croissance au Lassone, en Europe.
29:58Mais ce n'est pas non plus la fin du monde.
29:59Pourquoi c'est aussi faible ?
30:01C'est un peu contre-intuitif.
30:03Il y a deux raisons.
30:04La première raison, c'est qu'ils ont besoin de nos produits.
30:09Trump 1, par exemple, avait mis des taxes sur l'aluminium.
30:12Manque de bol, le seul aluminium de qualité qui peut être utilisé par Boeing,
30:16il est produit aux Pays-Bas.
30:17Donc vous pouvez mettre les taxes que vous voulez, il n'y a pas de substitution.
30:20Donc vous importez quand même.
30:22Ça, c'est le premier point.
30:24Il n'y a pas beaucoup moins d'exportation finalement.
30:27Et le deuxième point, c'est qu'on gagne des parts de marché.
30:29Regardez juste une anecdote, tous les contrats de F-35 qui ont été dénoncés, etc.
30:36Ce n'est pas fait encore, c'est très compliqué parce que vous avez des pré-contrats.
30:42Je ne vais pas rentrer dans les détails.
30:44Mais ça libère des exportations pour les Européens.
30:47Et donc il y a des effets de substitution comme ça.
30:50Donc il faut faire attention aussi à ne pas peindre un portrait trop noir
30:54parce que je pense que c'est extrêmement disruptif.
30:57Je pense que pour les États-Unis, effectivement,
31:00ça les met dans une situation où vous avez un choc de prix énorme.
31:05Donc bonne chance à la Fed parce que ça fait moins de croissance,
31:08il faut baisser les taux, plus d'inflation, il faut monter les taux en même temps.
31:11Je ne suis pas sûr que ce soit très simple cette histoire-là.
31:15Mais sur l'Europe et sur la Chine et sur le reste du monde,
31:19l'impact de croissance n'est pas si stratosphérique que ça.
31:23Et ça veut dire, sur le plan des marchés,
31:25qu'on peut toujours avoir l'idée en relatif d'une surperformance de ces zones,
31:31Europe, Chine, ce qu'on a observé au premier trimestre,
31:33par rapport aux marchés américains ?
31:36Moi, je vois un peu la stratégie de Trump de manière différente de ce qui a été énoncé.
31:42Pour moi, quand on parle aux gens proches de l'administration,
31:47en fait, il y a deux choses.
31:48Première chose, ils veulent déréguler.
31:51Donc libérer tout, etc.
31:53Choc de productivité, donc une croissance très très forte.
31:57Et le deuxième point, ils veulent réindustrialiser.
31:59Donc ça, c'est Leibniz qui dit qu'on a effectivement un taux de chômage à 4%,
32:05donc il n'y a pas de problème de sous-emploi.
32:07Par contre, vous avez un quart des Américains qui sont à 40-45 000 dollars par an.
32:12On n'arrive pas à vivre comme ça, il faut les passer à 80 000 dollars.
32:16Donc on met des barrières poignères, on réindustrialise.
32:18Je ne dis pas que je suis d'accord avec l'histoire,
32:21mais c'est le raisonnement de ces gens-là.
32:24C'est l'objectif final.
32:25C'est l'objectif final.
32:27Si vous êtes dans cette histoire-là, il faut taper, il faut taper très très fort.
32:32Et la perte de PIB que vous aurez au début, etc.,
32:38ce n'est pas grave parce qu'après, América great again, etc.
32:41Juste pour l'anecdote, moi j'ai vu une économiste qui est une des gourous de Wall Street
32:47qui est là depuis 40 ans, qui a commencé sous Reagan.
32:50Et qui disait, regardez Reagan, il est élu, il y a des réglementations,
32:56c'est Reagan qui dit le problème c'est l'État, il fait du dodge puissance 10, etc.
33:03Vous avez 18 mois de baisse de la bourse, tout le monde l'a oublié,
33:07maintenant c'est fantastique, ça a rebondi, etc.
33:09Une fois de plus, je ne dis pas que je suis d'accord,
33:11mais si vous entrez dans cette logique-là, c'est un pari,
33:16et vous tapez comme un sourd au début pour changer l'économie américaine,
33:21parce que vous savez qu'après, ça va revenir.
33:22– Ça veut dire quoi ? Qu'il ne faut pas trop vendre les US encore là ?
33:25– Moi, je suis plutôt dans l'autre camp qui est un peu l'histoire
33:29que vous avez racontée tous les deux, à laquelle je souscrisse.
33:32C'est que, bon, ils ont peut-être raison, mais ils auront raison dans 5 ans,
33:35moi entre-temps… – Par où on sera passé, quoi.
33:37– Oui, voilà, donc moi je gère de l'argent,
33:39je ne vais pas rester long aux Etats-Unis en attendant.
33:42– Non.
33:42– Peut-être que je me remettrai long dans 5 ans s'ils ont raison,
33:45mais entre-temps, je pars en courant.
33:47– D'accord, donc là, on est dans cet intervalle de temps, vous dites…
33:50– Complètement.
33:51– Le marché américain est encore un marché risqué, trop risqué.
33:55– C'est cette richesse qui peut partir en négatif,
33:57donc vous avez une conso qui baisse, du coup vous détruisez des emplois,
34:00du coup là, vous avez un cercle.
34:01– La vraie spirale, quoi.
34:02– Le vrai cercle vacueux qu'on avait, c'est exactement la même histoire,
34:05mais en sens inverse, ça peut faire très mal.
34:07– La récession un peu endogène, quoi.
34:09– Peut-être une différence par rapport à cette période-là,
34:11au milieu des années 80, c'est l'ouverture des frontières aux Etats-Unis.
34:14C'est là que, finalement, on a recours massif à la population étrangère
34:22pour subvenir aux besoins du marché du travail, etc.
34:25Donc là, on est en train de faire exactement l'inverse
34:27avec un âge médian de la population qui n'est pas non plus le même,
34:30ce qui veut dire autre chose,
34:31une autre histoire en matière de potentiel de productivité, entre autres.
34:35Donc c'est quand même beaucoup plus complexe,
34:37et le Paris, il est osé et il est assez peu crédible,
34:44je crois, compte tenu de là où on en est, dans le stade de développement économique.
34:49Donc tout ça n'incite certainement pas à considérer
34:56que la correction sur le marché américain soit suffisante
34:59pour avoir envie d'y revenir, certainement pas.
35:05Donc c'est du défensif à fond, c'est clair.
35:08La question, c'est est-ce qu'il faut adopter aussi en Europe
35:13une posture temporairement, au moins défensive,
35:17pour passer ce tunnel-là des quelques semaines au mois,
35:23parce qu'on a eu des grosses annonces, le marché a payé très cher,
35:27a bien payé, et de manière totalement justifiée.
35:31Il y a un temps de déception qui nous pend peut-être au nez,
35:36parce que tous ces programmes sur la défense, etc.,
35:39ça risque de prendre un petit peu de temps,
35:41c'est le moment où on va prendre les contre-coups de la politique protectionniste,
35:45peut-être un petit peu de tension sur les prix des matières premières également,
35:49en tout cas c'est un peu notre sentiment.
35:51Donc ça devient un peu plus compliqué là aussi,
35:54même si fondamentalement on applaudit dès demain ce qui a été annoncé...
36:00Pratiquement l'Europe aussi peut passer par un moment de prise de profit,
36:03pour dire les choses.
36:04C'est exactement ça, effectivement.
36:06Alexandre ?
36:07C'est vrai que je souscris à ce que tu disais Stéphane,
36:10moi j'ai l'impression qu'effectivement le point chaud c'est sur les US,
36:12la perception des investisseurs est sur les US,
36:14et la Chine, elle a un cycle très différent,
36:18très désynchronisé depuis le post-Covid en fait,
36:20avec des marchés actions chinois très sous-performants pendant 3 ans...
36:24Désertés, désertés !
36:26Et là il y a eu...
36:27Moi j'étais !
36:28C'est vrai !
36:30Il y a eu des réamorces très violentes,
36:32et le sentiment c'est ça,
36:34même quand vous regardez des indices élargis,
36:36MSCI, Emerging Markets ou autres,
36:38l'aspect bottomant sur 2-3 ans et ensuite le redémarrage ou autre,
36:42il est clairement incitatif à rester long sur les émergents,
36:45long sur la Chine ou autre,
36:46et sachant qu'en plus,
36:47et peut-être qu'on va enfin le voir,
36:48on disait à chaque fois, on disait l'Europe,
36:49bon on dit toujours c'est le pari sur l'Europe, etc,
36:51cette fois-ci il était payant,
36:52et sur la Chine je pense c'est aussi le même pari
36:54sur la dynamisation de la consommation intérieure.
36:56Je pense qu'on va la voir plus fortement cette fois-ci,
36:59il y a quelques semaines il y avait des sources
37:00proches du gouvernement qui laissaient entendre
37:02que les aides à la consommation...
37:03Ah ouais, direct !
37:04Et on voit bien comment ça se dégrossit côté de la Chine,
37:06d'abord on joue le risque systémique sur l'immobilier,
37:09et puis en fin de compte on affine, on affine,
37:10pour arriver sur le consommateur.
37:12Et ça je pense que pour l'Europe du coup,
37:13les boîtes exportatrices ça va être...
37:16Donc le marché chinois va redevenir un moteur
37:18pour les boîtes européennes ?
37:19Le risque US peut être en partie compensé
37:22par une dynamique intérieure chinoise un petit peu meilleure,
37:24et l'Europe effectivement, changement structural en Allemagne,
37:26qui porte des effets de ruissellement,
37:28un peu plus tardif je suis d'accord,
37:29ça met du temps à se mettre en route,
37:30mais au-delà des effets de ruissellement ensuite,
37:32il y a les effets d'entraînement des autres pays,
37:34c'est-à-dire on se rend compte que l'Europe
37:35a cette capacité de réagir,
37:36et je pense que ça a de la perception encore une fois
37:38de l'investisseur, du sentiment investisseur
37:40par rapport aux actifs européens et aux actifs chinois
37:42dont on va parler,
37:43ça peut créer encore une forme de désynchronisation
37:45peut-être moins brutale que celle qu'on a eue
37:46quand même les conrotations historiques
37:48qu'on a eues en quatre semaines la US-Europe,
37:51mais effectivement je pense que là on est dans la phase
37:53où ça a tapé, on voit dans les marchés
37:54depuis maintenant une dizaine de jours en Europe,
37:56la volatilité a à nouveau resynchronisé par rapport aux US,
37:59ce qui n'était pas le cas depuis le début de l'année là,
38:00le CAC rebaisse un peu, le DAX aussi, le MIP aussi,
38:03mais par contre c'est plutôt « buy the dip » en Europe,
38:05s'il y a un « moins cinq, moins dix » sur l'italie,
38:07je pense qu'il faut y aller, voilà c'est…
38:08– Qu'on n'ait pas encore acheté les creux sur le marché américain,
38:10mais en Europe il y a l'idée que les creux qui arrivent là
38:13ou qui sont là sont peut-être des bons… d'accord, Stéphane ?
38:17– Juste sur les États-Unis, il y a les fonds d'invento,
38:20alors moi aussi j'étais économiste de formation,
38:22donc je regarde tout ça,
38:23mais il y a les flux qui me semblent importants,
38:25si vous regardez les fonds de pension canadiens,
38:29de mémoire c'est à peu près 4 000 milliards de dollars,
38:31donc ce n'est pas « peanuts »,
38:34ces gens-là sont en train de se dire
38:35« mais pourquoi on a tout investi aux États-Unis
38:37et pourquoi on n'investit pas au Canada,
38:39il y a un problème de productivité ? »
38:40– Laurent aussi, on investit plus aux États-Unis,
38:43qu'en Europe aujourd'hui.
38:44– Oui, le fonds souverain norvégien a exactement le même sujet,
38:51ils ont toujours investi aux États-Unis sans prendre de protection,
38:54ils viennent d'engager un stratégiste taux de change,
38:58un petit jeune de 30 ans,
38:59pour savoir s'il faut se couvrir sur le dollar,
39:02ça sert à peu près leur aussi,
39:04c'est 3 000 milliards, c'est à peu près le PIB de la France,
39:07et les Australiens font la même chose.
39:09Donc là je vous ai quand même donné juste trois pays,
39:12je vous l'ai fait là, on n'est pas à quelques dizaines de milliards.
39:16– Non, mais on a 15 000 milliards d'actifs quoi.
39:18– 10 000 milliards d'actifs qui commencent à se dire
39:21« mais pourquoi est-ce qu'on a autant de l'États-Unis à l'heure actuelle ? »
39:24– Les fonds européens sont plus investis aux États-Unis
39:27qu'en Europe aujourd'hui.
39:28– Mais c'est normal, on avait énormément d'épargne,
39:30on n'avait pas de support d'investissement.
39:31– Pas de rentabilité.
39:32– La relance allemande c'est de dire
39:34« attendez les gars, on a maintenant un support d'investissement,
39:37du coup les Européens aussi ont beaucoup moins d'incitation
39:42à trouver le palliatif qui était les États-Unis. »
39:45Donc ça il faut quand même le garder en tête.
39:48Et c'est là où la belle histoire de l'administration Trump,
39:51moi il y a un petit sujet, c'est que effectivement ils ont peut-être raison,
39:55mais ils ont cassé la confiance.
39:57Et ça, ça ne se répare pas en un an ou deux,
39:59ça se répare en quatre, cinq administrations à la suite.
40:03Et ça pour moi, c'est un vrai sujet fondamental
40:07et c'est un vrai équilibre sur l'investissement mondial.
40:11– Et puis je n'ai jamais vu autant d'interrogations,
40:13bon, je considère toujours que les États-Unis sont une grande démocratie,
40:16mais je n'ai jamais vu autant d'interrogations d'investisseurs pragmatiques
40:20sur le respect de l'État de droit.
40:22– Oui.
40:23– Non mais, très nouveau quand même.
40:25Même sous Trump 1, ceux qui posaient ces questions,
40:29enfin je veux dire, bon, c'est pas sérieux.
40:32Oui, évidemment qu'ils respectent l'État de droit aux États-Unis, etc.
40:34Il y a eu quand même depuis un certain nombre d'événements,
40:37de prises de positions, d'attaques qui se font,
40:39que c'est devenu véritablement une question de marché.
40:42– Complètement.
40:44– Bon, et bien, bonne soirée ce soir, Véronique, messieurs,
40:49donc Libération Day à 22h, clôture des marchés américains.
40:54On va suivre ça, évidemment, et les marchés digéreront tout ça demain
40:57et nous serons là pour en parler.
40:58Merci beaucoup Véronique Riche-Flores, présidente de RF Research,
41:01Alexandre Baradès, chef analyste chez IG, Stéphane Déo,
41:04gérant chez Eleva Capital.

Recommandations