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Samedi 30 mars 2024, SMART @WORK reçoit Anne-Catherine Husson-Traore (Directrice générale, Novethic) , Jean-François Clédel (Vice-Président RH, Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine) et Fabienne Ménard (CFO, Groupe Manutan)

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Transcription
00:00 Smart at Work, vous est présenté par Manu Tan.
00:04 Bonjour à tous, bienvenue dans votre émission Smart at Work, votre émission autour du concept de bien travailler.
00:23 Chaque moment s'intéresse à tout ce qui peut nous permettre aujourd'hui, demain, de mieux travailler.
00:27 Alors aujourd'hui, on va s'intéresser à une nouvelle règle, qui est une nouvelle directive, qui est celle de la CSRD.
00:34 Est-ce que la mettre en place pour les ETI, finalement, c'est possible ?
00:37 Cette directive européenne, vous le savez, fixe de nouvelles normes et obligations de reporting extra financiers.
00:42 Elle introduit aussi la notion de double matérialité.
00:46 Mais comment collecter la donnée nécessaire ? Les ETI sont-elles prêtes aujourd'hui, techniquement ?
00:51 Quels investissements cela suppose ?
00:53 Et à la fin des fins, est-ce une contrainte ou une opportunité ?
00:57 Autant de questions auxquelles on va tenter de répondre aujourd'hui avec mes invités dans Smart at Work.
01:01 Et pour commencer cette émission, j'ai le plaisir de recevoir Anne-Catherine Husson-Traor. Bonjour.
01:11 Bonjour.
01:12 Vous êtes la directrice générale de Novetic et je voudrais peut-être reposer le cadre avec vous, Anne-Catherine,
01:17 parce que c'est vrai que ce sigle CSRD reste encore assez obscur, finalement, pour pas mal de gens.
01:22 Qu'est-ce que c'est que cette directive ?
01:24 Ce qui est intéressant déjà, c'est ce qu'il y a derrière CSRD.
01:27 C'est Corporate Sustainable Reporting Directive.
01:30 C'est l'idée que ça pose le cadre de ce qui est quand même une révolution.
01:34 C'est comment l'entreprise, quel type de données et quel type d'informations elle doit donner
01:40 pour comprendre à la fois quels sont ses impacts environnementaux et sociaux, là maintenant,
01:46 et aussi surtout vers quoi elle va.
01:48 Si on prend le climat, par exemple, c'est à l'instant T, quelles sont ses émissions de CO2 sur tous les scopes,
01:55 c'est-à-dire ses émissions directes, ses émissions alimentées par le mode d'énergie qu'elle a, et puis aussi indirectes.
02:02 Par exemple, pour un centre commercial, les émissions les plus importantes, c'est celles des voitures, des clients qui viennent.
02:08 Donc ça, c'est un scope 3.
02:09 Et au premier lierre, on peut se dire, oui, mais ils ne sont pas responsables.
02:13 Oui, parce que par exemple, selon le choix d'implémentation de son magasin,
02:18 si c'est dans un centre commercial excentré où on n'accepte que par un parking, par définition,
02:23 là on va avoir plein d'émissions de CO2.
02:25 Si on le met par contre en plein centre-ville, juste à côté d'un métro, là on va réduire cette empreinte de scope 3.
02:31 C'est un exemple parmi d'autres du fait que c'est une révolution de la façon dont l'entreprise doit évaluer son business model.
02:37 Quels sont ses impacts positifs et négatifs ? Il y en a toujours.
02:40 Et est-ce qu'il y a plus d'impact positif que d'impact négatif ?
02:43 Et surtout, quels sont les investissements, les stratégies à mettre en place pour réduire les impacts négatifs et maximiser les impacts positifs ?
02:51 Donc derrière ce sigle un peu barbare, il y a en fait l'idée de changer de modèle.
02:55 Alors ça induit un nouveau concept qui est celui de la double matérialité.
03:00 Est-ce que là aussi, vous pouvez peut-être donner quelques éléments d'explication ?
03:02 Alors ce qui est très important, et là où ça va être réussi, parce qu'on va avoir 4-5 années de déploiement,
03:07 c'est vraiment que les entreprises comprennent bien, non pas à faire une fixette sur les potentiels 1000 data points qu'on est censé pouvoir leur demander,
03:16 mais sur la première étape qui est de définir son analyse de double matérialité.
03:20 Alors ça veut dire quoi ?
03:21 Ça veut dire à la fois mesurer ses impacts directs, d'une part, et en quoi ils peuvent impacter financièrement.
03:29 Je vous donne un exemple, une entreprise qui fabrique un produit et qui a besoin de beaucoup d'eau,
03:33 si elle est dans une région atteinte par la sécheresse, ça a un impact financier, c'est la matérialité simple.
03:39 C'est-à-dire qu'à un moment, elle va devoir s'arrêter de produire ou produire beaucoup moins, donc par définition, moins de chiffre d'affaires, etc.
03:45 En revanche, la double matérialité, c'est de se dire, est-ce qu'elle aggrave le problème ?
03:49 C'est-à-dire, quel est l'impact du métier de l'entreprise sur le problème dont on parle ?
03:52 Par exemple, l'approvisionnement en eau.
03:54 Si effectivement, elle a des machines extrêmement consommatrices d'eau, et qu'elle a zéro plan pour diminuer la consommation d'eau,
04:02 par définition, elle a une analyse de double matérialité extrêmement à risque.
04:06 Parce que la double matérialité, c'est que ses impacts négatifs vont aller crescendo.
04:10 Donc ça veut dire qu'aujourd'hui, elle a, j'espère que je ne vous ai pas perdu, un modèle économique qui la met en elle-même à risque.
04:17 Puisqu'en fait, si elle n'anticipe pas maintenant sur la sobriété,
04:21 un, elle va avoir un problème, parce que de toute façon, elle ne va pas pouvoir tourner, il va y avoir des arrêtés d'utilisation d'eau, etc.
04:27 Donc elle va devoir s'arrêter, elle va avoir un impact sur son chiffre d'affaires.
04:30 L'autre chose, c'est que comme elle continue à avoir des machines qui sont beaucoup trop consommatrices d'eau,
04:34 et qu'elle n'a rien fait, elle n'a pas de plan de transition, elle n'a rien,
04:37 et bien à un moment, elle va devoir s'arrêter complètement, parce qu'il n'y aura plus d'eau.
04:40 Et donc c'est tout ce raisonnement-là qui amène la CSRD, en faisant cette analyse de double matérialité,
04:45 et surtout en le faisant le mieux possible, parce que le pire serait que les entreprises se disent
04:50 « Bon, on va prendre des consultants qui s'y connaissent, on va cocher des cases et ça ira très bien. »
04:55 Là où le rendez-vous sera manqué, c'est si elles ne s'emparent pas de ça dans une lecture stratégique.
05:00 Quels sont leurs points faibles, quels sont leurs risques, et quelles sont les opportunités qui vont avec.
05:03 Donc si je comprends bien, c'est en fait un outil à destination des entreprises
05:07 pour établir une certaine trajectoire qui serait plus responsable, on va dire.
05:13 Oui, ce qu'il faut avoir en tête, c'est que « sustainable » en anglais, ça veut dire durable et soutenable,
05:18 ou résilient si vous préférez. Donc si on a ça en tête, on ne voit pas la directive de la même façon.
05:23 C'est-à-dire que c'est un outil, et des matrices et des référentiels, qui aident à comprendre
05:28 si face aux risques environnementaux et sociaux qu'on a, qui sont déjà là,
05:33 on est équipé pour les traverser et continuer à être rentable ou pas.
05:38 Et donc c'est vraiment un changement de paradigme sur ça veut dire quoi,
05:42 être une entreprise durable à tous les sens du terme ?
05:45 Ça veut dire être capable d'évaluer ses risques au meilleur niveau, on va dire,
05:49 et mettre en face la stratégie qui va bien.
05:52 Qu'est-ce qu'on risque si, par exemple, on n'applique pas cette CSRD ?
05:56 Il n'y a pas de scoring, donc c'est compliqué de le formuler, mais une sorte de mauvaise CSRD ?
06:02 Alors le risque, d'abord, il dépend de la façon dont ça a été transposé.
06:06 La France est plutôt très allante sur le sujet, donc elle l'a bien transposé.
06:10 Il y a quand même des sanctions, si jamais il s'avère que...
06:13 Alors, tout le monde est clair sur le fait que ça va prendre du temps,
06:17 je pense que des sanctions éventuelles, ça ne sera pas tout de suite.
06:21 En revanche, la première sanction qui va se passer si on passe à côté de ça,
06:25 c'est qu'en fait, déjà, on va avoir un problème pour s'inscrire comme fournisseur,
06:29 par exemple, d'entreprises vraiment mieux disantes sur le sujet,
06:32 mais ça va être vécu comme une alerte de risque, y compris pour les financiers,
06:35 y compris pour les banquiers.
06:37 Parce que si vous n'êtes pas capable, d'ici 5 ou 10 ans, de donner les données importantes
06:41 pour qu'on comprenne si vous avez bien une bonne trajectoire climat,
06:45 ou sur l'eau, ou sur d'autres questions sociales,
06:47 puisqu'il y a beaucoup de métiers où il n'y a pas de ressources humaines nécessaires.
06:51 Donc, tous ces sujets-là sont en fait des sujets ESG.
06:53 Donc, la vraie sanction, c'est qu'en fait, le modèle s'arrête beaucoup plus tôt que prévu.
06:57 Par exemple, si vous cherchez un prêt, vous allez avoir des nouvelles grilles de lecture des investisseurs,
07:03 et s'il s'avère que vous n'êtes pas du tout éligible
07:05 parce que vous n'avez pas vu le sujet et que ça ne vous intéresse pas,
07:08 là, il y a un moment où ça va poser problème. Vous voyez ce que je veux dire ?
07:11 Donc, les sanctions pénales arriveront, mais honnêtement, ce n'est pas le premier vecteur.
07:15 Mais il y a un vrai sujet, on va être encore, je pense, deux, trois ans,
07:18 dans cette époque un peu flottante où c'est un peu compliqué d'acquérir les bases.
07:23 Mais en fait, une fois qu'on saisit l'opportunité que ça peut présenter,
07:26 et du coup, que c'est un outil de transformation de l'entreprise,
07:30 par lequel on n'a pas vraiment de plan B,
07:33 on peut dire que la réglementation, c'est épouvantable, etc.
07:36 En fait, de facto, elle vous aide simplement à comprendre
07:40 dans quel monde vous vivez au sens économique du terme.
07:43 La question des approvisionnements à le bout du monde,
07:45 on voit bien qu'avec ce qui se passe sur la logistique,
07:47 les problématiques en mer rouge, en mer noire et ailleurs,
07:50 peut-être le moment de s'interroger sur est-ce qu'on doit continuer comme ça ou pas, par exemple.
07:54 Merci beaucoup Anne-Catherine, vous restez avec nous, on va poursuivre cette discussion dans un instant.
07:58 On poursuit cette émission toujours en compagnie d'Anne-Catherine Husson-Traor,
08:08 directrice générale de Novetic.
08:10 Nous avons rejoint également Jean-François Clédel,
08:13 président fondateur d'Ingélience et vice-président RH du club des ETI de Nouvelle-Aquitaine,
08:17 qui est avec nous à distance.
08:19 Et puis Fabienne Ménard, la CFO du groupe Manutan, partenaire de cette émission.
08:23 Je voudrais d'abord prendre le pouls du côté des entreprises,
08:26 savoir, finalement, Fabienne, comment est-ce que vous considérez cette CSRD
08:30 que vient de nous présenter Anne-Catherine ?
08:32 Est-ce que c'est une opportunité pour vous ou est-ce que c'est une contrainte ?
08:35 La première réaction pourrait être de dire que c'est une contrainte,
08:38 puisque c'est une nouvelle réglementation.
08:40 Et d'ailleurs, dans CSRD, il y a le mot R, qui est le mot "reporting".
08:43 Donc dès lors qu'on parle de "reporting", on l'assimile à une contrainte.
08:47 Mais assurément, on considère chez nous que c'est une opportunité.
08:51 Pourquoi une opportunité ? Parce que ça nous donne un cap.
08:55 On est convaincus que ça va nous aider à accélérer la transition énergétique.
09:00 Et puis, comme on dit souvent, ce qui se mesure permet de se développer.
09:04 Donc dès lors qu'on aura plus d'indicateurs aussi,
09:07 ça va nous inciter à nous développer et à accélérer cette transition énergétique.
09:11 Donc assurément une opportunité.
09:13 Même question pour vous, Jean-François Clédel.
09:15 Opportunité ou contrainte, cette CSRD, pour vous ?
09:18 Écoutez, je resterai sur l'idée que j'ai du sujet.
09:24 Je ne me sens pas influencé par la personne qui vient de me précéder,
09:28 même si je comprends totalement le propos.
09:30 En fait, c'est une contrainte, bien entendu.
09:32 Ça a été dit très clairement.
09:34 C'est une contrainte, comme ça a été dit aussi,
09:36 qu'il nous faut transformer en opportunité, mais néanmoins.
09:38 Cela reste une contrainte très forte,
09:41 avec des enjeux de mise en place dans des délais extrêmement courts,
09:45 enfin relativement courts, pour préparer l'entreprise.
09:47 Il faut que l'entreprise soit prête d'ici le 1er janvier 2025,
09:51 enfin les ETI en particulier.
09:53 Et du reste, nous avons,
09:56 ce ne sera peut-être pas l'objet de notre question,
09:58 mais nous avons au niveau du club des ETI,
10:00 lancé un parcours d'accompagnement des entreprises,
10:04 à la fois en formation et en conseil,
10:07 pour les aider à préparer l'un des premiers éléments,
10:11 à les former d'une part,
10:12 et à préparer l'un des premiers éléments fondamentaux,
10:14 qui est la matrice de double matérialité de cette CSRD.
10:17 Ensuite, bien sûr, c'est une opportunité.
10:20 C'est une opportunité pour l'entreprise,
10:22 parce qu'en fait, c'est un sujet qui devient stratégique,
10:26 même s'il est une contrainte, il devient stratégique,
10:28 parce qu'il nécessite l'engagement de la direction au plus haut niveau,
10:32 pour faire les choix, pour faire les choix,
10:34 pour évaluer les risques, faire les choix,
10:36 et les décisions qui s'imposent.
10:39 Et c'est un sujet qui va mobiliser, en fait,
10:42 toute l'entreprise, enfin une bonne partie des acteurs de l'entreprise,
10:46 pendant au moins une année,
10:48 et puis par la suite, cela continuera.
10:50 Ça remettra sans doute un peu de couleur sur les politiques RSE,
10:55 en impliquant à nouveau de nombreux acteurs de l'entreprise.
10:59 Donc c'est un moyen pour mobiliser les équipes,
11:01 pour améliorer l'image de l'entreprise,
11:04 et faciliter d'une certaine façon le recrutement,
11:06 mais c'est aussi un moyen de s'inscrire dans les attentes nouvelles,
11:10 d'une part des clients, mais aussi de la population.
11:13 Anne-Catherine, qui est-ce que ça concerne aujourd'hui, la CSRD ?
11:17 Jean-François parlait de la date du 1er janvier 2025 pour les ETI.
11:20 Quel est le calendrier ?
11:22 Pour les ETI, c'est quand même les ETI qui sont déjà soumises à un autre petit nom,
11:26 qui est la DPEF, c'est-à-dire la Déclaration de Performance Extrafidentielle.
11:29 Donc là, théoriquement, c'est vrai que c'est un effort,
11:33 personne ne va dire le contraire,
11:35 parce que, d'ailleurs les consultants vous proposent ce qu'ils appellent
11:38 le gap analysis, c'est-à-dire quel est le gap,
11:41 enfin quel est l'écart entre ce que vous faites aujourd'hui pour la DPEF,
11:46 qui vous permet quand même d'avoir une structure de reporting,
11:49 et ce qu'on attend de vous pour la CSRD.
11:51 De façon générale, le gap est relativement important.
11:54 Là où, effectivement, je comprends ce que dit votre interlocuteur,
11:58 c'est que la question c'est jusqu'où sont préparées les entreprises,
12:02 parce que c'est un changement de culture en fait.
12:04 C'est beaucoup plus un changement de culture de comment on analyse le risque,
12:07 comment on construit son business plan,
12:09 comment on construit sa stratégie, sur quoi on s'appuie,
12:11 est-ce qu'on a bien vu les éléphants dans la pièce qui vont nous coûter très cher ?
12:15 C'est ça en fait l'analyse du double matérialité.
12:17 Et donc on passe, j'allais dire sans transition,
12:20 d'une culture générale qui, à part dans les équipes RSE,
12:23 qui dans les ETI, les équipes RSE c'est au mieux une personne, voire deux.
12:27 Donc là il y a un vrai sujet.
12:29 Eux ils ont à peu près la matrice, non seulement de matérialité,
12:32 mais des biais cognitifs nécessaires.
12:34 Tout le reste de la maison, enfin peut-être pas chez vous,
12:37 les directeurs financiers sont en train de s'emparer du sujet,
12:41 les dirigeants rarement.
12:44 Donc il y a vraiment un changement de culture à opérer.
12:46 Et c'est vrai que de commencer par le reporting,
12:48 c'est paradoxalement pas ce qu'il faut faire.
12:50 Normalement il faut d'abord poser le sujet au niveau de la gouvernance,
12:53 et puis descendre ensuite, pour arriver,
12:55 pour être dès le départ sur la stratégie,
12:57 et à la fin sur les indicateurs de reporting.
13:00 Donc là où il y a un message brouillé, c'est que la CSRD,
13:03 vous l'avez très bien dit, commence par dire "on commence par le reporting".
13:06 Donc la marge reste très importante de la façon dont les entreprises
13:12 ont de l'intérêt, et c'est là où ça devient un sujet de culture générale
13:16 des dirigeants de l'entreprise.
13:18 Fabienne, justement, comment vous vous êtes emparée du sujet
13:20 de façon opérationnelle pour ce changement de culture dont parle Anne-Catherine ?
13:24 Oui, alors je suis tout à fait en phase.
13:26 C'est un grand changement dans l'entreprise,
13:28 et le reporting ne sera que, on va dire,
13:30 le dernier dernier maillon de la chaîne,
13:32 même si ce sera un des plus complexes à la fin peut-être.
13:35 Mais ce sera vraiment tout à la fin.
13:37 Donc au départ, qu'est-ce qu'on fait ?
13:39 Déjà, nous, dans notre entreprise, on a la chance, chez Manutan,
13:42 d'avoir une directrice RSE.
13:44 Donc déjà, on est un peu plus outillés, je pense,
13:46 que la plupart des ETI ou des PME,
13:48 donc c'est une chance, mais elle est toute seule, effectivement.
13:51 Donc on est très sensibilisés sur ce sujet,
13:53 et la RSE est vraiment au cœur de nos 5 grands objectifs.
13:56 Donc déjà, on est porté, on a la chance d'être porté
13:59 au plus haut niveau de la stratégie, on a commencé par là,
14:02 donc ça fait partie de ce qu'on va faire.
14:04 Donc ce qu'on a fait, c'est qu'on a constitué en fait
14:06 une équipe pluridisciplinaire, et je pense que c'est ce qui est
14:10 vraiment l'élément clé, la pluridisciplinarité.
14:13 Alors il y a une équipe core qui est la directrice RSE,
14:16 évidemment la direction financière, la direction des risques aussi
14:20 que nous avons associés, parce que c'est à peu près
14:22 le même exercice qui se frotte un peu à la cartographie des risques
14:25 dans certains aspects, et bien sûr, la pluridisciplinarité,
14:30 c'est aussi avec les équipes informatique et data,
14:32 et je reviendrai après, et puis tout le reste de l'entreprise.
14:35 Donc nous, pour se lancer dans ce schéma-là,
14:39 et pour autant on avait la DPEF, puisque Manitow était cotée auparavant,
14:42 donc on avait déjà cette contrainte, mais c'est un pas de géant
14:45 à franchir pour passer de la DPEF à de l'ESSRD,
14:48 mais c'est surtout qu'en fait aujourd'hui, on est accompagnés,
14:52 mais on a des consultants qui apprennent avec nous,
14:54 parce que personne ne sait vraiment ce qu'on va y mettre.
14:56 Donc nous, on a choisi de commencer, parce qu'il n'y a pas le choix,
14:59 par l'analyse de la double matérialité,
15:01 donc qui est effectivement d'évaluer les impacts financiers, environnementaux,
15:06 et tout ce qui va avec ça.
15:07 Donc on est dans cet exercice-là, qui va se terminer d'ici quelques semaines,
15:11 et à partir de là, on va travailler sur le gap assessment,
15:15 ce fameux écart entre les normes et de là où nous en sommes,
15:19 pour pouvoir déterminer les indicateurs,
15:22 et on se fait tout simplement accompagner par des consultants
15:25 pour structurer la démarche, nous aider à aller identifier
15:29 où se trouve la donnée.
15:31 Et ce n'est pas quelque chose qu'on peut porter seul en interne,
15:34 non seulement parce qu'on n'a pas le temps de gérer un tel projet,
15:37 mais on est aussi en manque de compétences internes,
15:40 et le monde du consultant, franchement, apprenne avec nous.
15:42 Donc on apprend, on apprend, on avance.
15:45 - Jean-François Clédel, vous aviez mené au sein du club des ETI de Nouvelle-Aquitaine
15:51 une étude pour une enquête auprès de vos adhérents,
15:53 il y a quelques mois, pour savoir un peu où chacun se situait,
15:56 et ce qui ressortait, c'était que la moitié des répondants
15:59 quasiment découvraient seulement la CSRD,
16:01 et 60% disaient avoir besoin d'aide,
16:04 d'où vous le mentionnez rapidement,
16:06 mais on peut peut-être y revenir un peu plus en détail maintenant,
16:08 un programme d'accompagnement que vous avez mis en place, c'est ça ?
16:11 Il y a vraiment besoin d'accompagnement, comme le disait à l'instant Fabienne ?
16:15 - Oui, ça a été très bien dit à l'instant.
16:18 C'est en fait un sujet qui est complexe,
16:23 qui est complexe à appréhender,
16:25 pas complexe en soi, je ne veux pas dire de complexité majeure,
16:27 mais il est complexe à appréhender,
16:28 parce que d'abord le nombre d'indicateurs est extrêmement important,
16:31 le nombre de domaines à aborder est extrêmement important,
16:34 et surtout l'appréciation du niveau de risque dans chacun des domaines
16:41 est sujet à objectivité,
16:44 et donc comme ça a été dit à l'instant,
16:47 les consultants apprennent aussi,
16:49 ceux qui demain seront les spécialistes apprennent aussi,
16:51 ceux qui demain devront évaluer apprennent aussi.
16:54 Tout comme on l'a connu à l'époque de la mise en place des démarches qualité,
16:58 mais c'était je pense beaucoup plus simple, me semble-t-il,
17:01 que la CSRD,
17:03 tout le monde est en phase d'apprentissage.
17:06 Alors, dans ce contexte-là,
17:08 le club des ETI de Nouvelle-Aquitaine,
17:10 qui est un club qui a déjà 10 ans en fait,
17:12 qui rassemble 130 ETI à Nouvelle-Aquitaine,
17:16 en fait a lancé ce qu'il appelait l'université des ETI,
17:21 qui est un programme soutenu par les pouvoirs publics
17:25 pour former les 100 000 collaborateurs des entreprises du club
17:29 sur les transitions industrielles, managériales, numériques, environnementales.
17:35 Et dans un de ces parcours,
17:38 évidemment on a pour l'instant 5-6 parcours qui ont été préparés,
17:42 un parcours concernant la CSRD,
17:45 pour une CSRD clairement en quelque sorte,
17:48 accompagnée par des consultants,
17:50 donc on a mutualisé l'ingénierie de ce parcours
17:54 avec les consultants
17:56 et on a déjà lancé depuis 15 jours, 3 semaines à peu près,
18:01 le programme.
18:02 Comment on le lance ?
18:03 On le lance en sensibilisant d'abord par une courte vidéo
18:08 tous les dirigeants des ETI,
18:10 parce qu'en fait c'est à ce niveau-là que ça se passe,
18:12 ça a déjà été dit, mais je le répète,
18:15 c'est à ce niveau-là que ça se passe,
18:16 puisque c'est un enjeu qui devient stratégique,
18:19 il faut que les dirigeants se saisissent vraiment du sujet,
18:21 qu'ils mesurent les enjeux, l'importance, pour être prêts.
18:26 Alors on dit dès le 1er janvier 2025,
18:28 pour toutes les ETI, qu'elles soient cotées ou non,
18:30 et puis pour toutes les PME cotées.
18:33 Il est vraisemblable que tout le monde ne sera pas prêt au 1er janvier 2025,
18:37 mais en tout cas le reporting devra être prêt
18:41 pour être audité en 2026 sur les opérations de 2025.
18:48 Donc on a un parcours en à peu près 8-9 mois de diagnostic, formation,
18:55 bien sûr ça commence par la matrice de double matérialité,
18:58 c'est-à-dire impact de l'entreprise sur son environnement d'une part,
19:01 et impact de l'environnement sur l'entreprise de même d'autre part,
19:06 et cela permet de déterminer les zones les plus à risque
19:09 qu'il va falloir traiter en premier.
19:11 Anne-Catherine, je voulais savoir combien ça coûte cet accompagnement aux entreprises,
19:17 parce que j'imagine que c'est un investissement,
19:19 c'est-à-dire qu'il y a l'accompagnement,
19:20 parce qu'effectivement tout le monde apprend un peu en marchant,
19:23 donc il faut faire appel à des consultants extérieurs, ça à un certain coût,
19:26 il faut peut-être, j'imagine, développer de nouveaux outils
19:29 qui vont ensuite agréger cette data quand on arrive à la faire remonter,
19:32 donc c'est un investissement qui peut être considérable ?
19:35 Alors je pense que pour donner peut-être des fourchettes,
19:37 ma voisine est beaucoup plus adepte que moi,
19:39 enfin mieux placée que moi.
19:41 L'idée c'est qu'effectivement, je veux dire, quel que soit le montant,
19:45 c'est un montant élevé parce qu'en plus c'est une vraie transformation.
19:48 En fait, on voit bien qu'on tourne autour de ce sujet de transition,
19:52 de transformation, etc. depuis une vingtaine d'années.
19:55 Ce qui s'est accéléré, c'est l'idée que,
19:58 comme le changement climatique lui-même s'accélère,
20:00 les problématiques d'eau, il va bien falloir le faire.
20:04 Donc la question c'est vraiment, est-ce qu'on analyse en coût global ou pas ?
20:07 Que ça se fasse à coût zéro pour l'endroit,
20:09 on est en train d'arrêter de penser que la transition va se passer tranquillement,
20:13 mais sûrement avec un peu plus de verre chaque année,
20:16 un petit vernis qui va bien sur telle et telle chose.
20:18 C'est l'avantage de la CSRD, c'est qu'elle met les pieds dans le plat en disant
20:21 « non, non, pour que ce soit vraiment crédible,
20:23 pour que vous ayez un plan de transition à la hauteur des enjeux qui sont les vôtres,
20:27 d'abord il faut que vous identifiez vos enjeux,
20:29 et au mieux, aujourd'hui, on a une idée qu'il faut décarboner.
20:32 Alors on peut mettre peut-être tout son argent de consulting sur la décarbonation,
20:36 mais en fait vous avez traité qu'une toute petite partie du problème.
20:39 Donc là où c'est effectivement un effort, et un effort d'investissement aussi,
20:44 c'est vraiment l'idée de, un, vous avez insisté sur le côté pluridisciplinarité,
20:48 mais c'est vraiment transverse, c'est-à-dire qu'on arrive enfin à un développement durable
20:52 qui embarque tout le monde dans l'entreprise,
20:54 et qui ne soit pas ou une affaire de marketing,
20:56 ou une affaire potentiellement de finances, ou une affaire de RSE.
20:59 Et c'est vraiment là où on travaille sur le business model.
21:02 Donc déjà, et ce n'est pas faux, les OTI, c'est-à-dire les organismes chargés de vérifier la donnée OIG,
21:08 sont en train d'apprendre aussi, ils ont 80 heures de cours obligatoires, mais cette année.
21:13 Donc ce n'est pas, au-delà de combien il coûte, il faut qu'il soit prêt.
21:18 Dans les programmes de formation, puisque nous on fait de la formation ad hoc sur la CSRD
21:22 avec l'idée qu'on était plutôt côté finances, mais aujourd'hui on s'élargit aux entreprises,
21:26 justement pour apprendre, on va lancer pour les JO, où tout le monde sera en télétravail,
21:30 un programme où on explique, parce que le petit nom qu'on n'a pas encore abordé, c'est ESRS.
21:34 Alors c'est quoi l'ESRS ?
21:36 Alors la CSRD c'est le global, et l'ESRS c'est décret, enfin thème par thème.
21:41 D'accord.
21:42 C'est les 12 principaux thèmes, où là on a les fameux data points,
21:45 c'est-à-dire on précise quels sont les attendus.
21:47 Alors ce qu'il faut dire c'est qu'il n'y en a pas forcément 1000, ça dépend de son analyse de matérialité.
21:51 D'accord.
21:52 Selon la façon, selon les risques qu'on trouve, on est plus ou moins fléchés pour fournir telle et telle donnée.
21:59 Donc ces fameuses ESRS, vous pouvez la jouer, genre il faut que je coche des cases, en fait ça n'a pas marché.
22:05 Donc l'idée, ce que nous on propose, c'est d'expliquer ce que sont chacun de ces thèmes,
22:09 pourquoi c'est un enjeu et pourquoi c'est un enjeu de risque,
22:11 et ça c'est un programme qu'on va proposer à distance, parce qu'on se dit,
22:15 et c'est tout le problème qu'on a aujourd'hui, la CSRD,
22:18 elle débarque dans des entreprises qui n'ont même pas la notion de, en quoi l'entreprise dépend de la nature.
22:24 Exemple. Comment je dépends de la nature ?
22:28 Alors si vous êtes dans l'agroalimentaire, ça peut encore aller, mais sur tous les autres métiers, pas forcément.
22:33 Or un des métiers par exemple où il y a une énorme dépendance à la nature, c'est tout ce qui est cosmétique.
22:37 Bien sûr.
22:38 Par exemple, c'est pas forcément évident déjà de le comprendre, et puis ensuite, ok on fait quoi,
22:43 on quantifie telle matière première, on explique, enfin, ça ouvre un champ absolument extraordinaire.
22:50 Et donc, alors ça va être moins, c'est moins rapide que de le décrire monsieur,
22:54 puisque en fait les PME ne doivent s'y mettre que vers 26-27 et avec des indicateurs adaptés.
22:58 Mais est-ce qu'elles auront les moyens ? C'est ça aussi la question.
23:01 La question c'est est-ce qu'elles ont les moyens de ne pas changer.
23:04 Donc c'est ça qui est posé en fait.
23:06 C'est-à-dire que oui, dans l'absolu, vous dites à des entreprises qui sont plus dans un contexte économique très difficile,
23:12 il va falloir investir un maximum, et en fait, il va falloir investir sur votre avenir
23:15 et potentiellement se faire aider par la CSRD, ce qui permet de développer une compétence
23:20 qui en général n'existe pas ou très peu dans l'entreprise.
23:23 C'est ça l'intérêt, c'est de développer des compétences, ce que j'appelle moi le bagage durable,
23:28 dont en fait tout le monde a besoin que vous soyez en charge de la compliance, de la finance, du marketing,
23:33 de l'informatique, parce qu'on a des lacs de data USG, c'est un grand sujet,
23:39 et qui coûte aussi très très cher, puisque les principaux grands fournisseurs de services un peu américains
23:44 sont au taquet pour vous fournir des lacs à des prix élevés.
23:49 Mais c'est vraiment, et c'est ça qui est très important, c'est-à-dire qu'il y a une sanction quand même relative,
23:56 et qui, pour donner du temps, a de la culturation et a de la capacité à s'emparer de ces sujets-là,
24:02 mais qui sont en fait des sujets de survie de budgets modèles.
24:05 Encore une fois, je reviens à la notion de résilience. La plupart des modèles ne sont pas résilients,
24:09 on le voit en ce moment dans l'agriculture. Oui, on peut continuer comme on veut, peut-être, sur le modèle actuel,
24:14 sauf qu'il y a déjà des paysans qui n'arrivent pas à en vivre, et ça ne va pas s'arranger,
24:18 et ils savent très bien que le changement climatique induit aussi des changements de culture, etc.
24:22 Donc on est bien sur des modèles qui craquent un peu partout quand on regarde.
24:25 Donc la CSRD est une aide à le comprendre.
24:27 Jean-François Clédel, avec quelle problématique reviennent vers vous les ETI que vous fédérez au sein du métier Nouvelle Aquitaine ?
24:37 Qu'est-ce qui les inquiète le plus, ou au contraire, qu'est-ce qui ne pose pas de problème aujourd'hui avec cette CSRD ?
24:43 Déjà, pardon, sur le délai de mise en place, madame a certainement raison pour les PME en général,
24:50 mais là je parle uniquement des PME cotés.
24:52 Les PME cotés, à ma connaissance, sont assujettis à l'obligation dès le 1er janvier 2025,
24:58 tout comme les ETI, qu'elles soient cotées ou non.
25:01 Ce qui revient le plus, je dirais, c'est d'une part ce que j'évoquais tout à l'heure,
25:07 c'est l'incertitude, ce climat d'incertitude, puisqu'en fait on fait face à une nouvelle obligation
25:13 dont l'application n'est pas encore maîtrisée par ceux qui seront en charge de l'appliquer,
25:22 en fait en particulier les services d'évaluation, de vérification, de certification des publications.
25:29 Ensuite, il y a une transformation importante qui vient s'ajouter à d'autres problématiques qui surgissent tout en même temps.
25:36 Vous avez évoqué à l'instant les modèles qui manquent de résilience.
25:42 C'est vrai, je dirais que les modèles manquent de résilience parce que je pense que depuis des décennies,
25:48 nous avons tendu tous les modèles pour les rendre cassants.
25:52 On a fait la chasse à toutes les réserves dans l'entreprise,
25:56 de façon à optimiser toutes les ressources de l'entreprise pour améliorer la performance de l'entreprise.
26:03 Donc on a rendu toutes nos entreprises, nos organisations cassantes,
26:06 elles n'ont plus de réserve dans l'armée, dans les rang-chefs de guerre,
26:11 elles avaient toujours leurs réserves qui étaient là prêtes à intervenir en cas de coup dur.
26:16 Aujourd'hui, dans l'entreprise, on n'est pas du tout dans ce modèle-là,
26:19 on est dans des modèles extrêmement tendus et donc évidemment le moindre problème engendre un arrêt de production
26:27 ou engendre des difficultés majeures.
26:29 L'autre problème que l'on va rencontrer, ça va être l'implication de la supply chain.
26:35 Comment allons-nous impliquer notre supply chain, les fournisseurs, les sous-traitants, etc.?
26:40 Comment seront-ils concernés et surtout, comment les contraindre ou au contraire,
26:46 devrons-nous nous séparer d'eux dans l'hypothèse où ils ne répondraient pas aux attentes qui sont nécessaires?
26:53 Ça fait partie des sujets d'inquiétude aujourd'hui.
27:00 C'est cette incertitude, c'est une tâche de plus à accomplir.
27:06 Bien sûr, on va essayer de transformer cela en opportunité,
27:09 rendre l'entreprise peut-être plus performante au regard des aléas climatiques,
27:16 au regard des changements climatiques, au regard des transformations sociétales,
27:20 au regard de toutes les choses.
27:22 Mais il y a peut-être un dernier point quand même,
27:24 qui est aussi le risque d'être décalé par rapport au contexte international.
27:28 Parce qu'en fait, la CSRD répond manifestement à des attentes,
27:32 au réchauffement climatique entre autres,
27:35 aux besoins d'une société plus durable, plus soutenable, d'une économie plus soutenable,
27:41 mais elle s'inscrit aussi dans un contexte international qui, lui, va très vite, change très vite.
27:46 Et aujourd'hui, on connaît un contexte qui est nouveau,
27:51 que l'on n'avait pas connu depuis 70 ans avec les tensions internationales
27:55 qui pèsent sur nos sociétés.
27:59 J'évoque bien sûr la guerre en Ukraine et les tensions que la Russie fait peser sur le pays.
28:06 Par exemple, les investisseurs, les fonds d'investissement,
28:12 ont été en avant, ont développé de plus en plus des critères d'exclusion des entreprises qui travaillent pour la défense.
28:19 Et bien ça, peut-être que ce critère-là va devoir changer compte tenu du contexte actuel.
28:24 Pourquoi retirer-t-il ce critère ? Parce qu'il considérait que ce critère manquait de noblesse, en fait.
28:29 Et or, aujourd'hui, on voit que la souveraineté, y compris la souveraineté militaire,
28:36 devient une nécessité, revient à la mode.
28:42 Et ce critère-là peut amener des changements dans ce que l'on vient de mettre en place.
28:51 La CSRD en met en place un dispositif qui risque d'être décalé par rapport au contexte international.
28:57 Une dernière question, Fabienne.
28:59 Moi, j'aimerais savoir si finalement vous avez le sentiment que cette mise en place de la CSRD,
29:05 elle vous rapproche d'autres fonctions dans l'entreprise, que ce soit la RSE, la DSI ?
29:10 Oui, c'est fondamental, en fait.
29:12 Vraiment, la CSRD, il faut le voir, je pense, comme un catalyseur de tous les efforts que l'on doit faire.
29:20 Donc oui, c'est une contrainte parce que c'est du reporting, mais c'est aussi une façon de se dire "on va progresser".
29:26 Et donc, vraiment, la clé, en tout cas, c'est ce qu'on essaie de faire chez Manutan, c'est vraiment d'associer tout le monde.
29:33 Est-ce que ça nous rapproche les uns des autres ?
29:35 Oui, probablement, parce que chacun a une petite pierre à contribuer dans les défis,
29:41 que ce soit les ressources humaines, que ce soit la supply chain.
29:44 Et nous, en tant que distributeurs, on est directement impliqués dans la supply chain.
29:49 Alors, je suis un tout petit peu, je rebondis sur ce qui a été dit jusqu'avant.
29:53 Évidemment, on est dans un contexte économique difficile.
29:56 Évidemment, il se passe des choses dans le monde, mais il va toujours se passer des choses dans le monde.
30:00 Il va toujours se passer des choses qu'on n'a pas envie de voir sur le plan économique.
30:03 Mais la CSRD, il faut le voir comme un élément de plus pour nous aider dans la transition énergétique.
30:09 Donc c'est vrai que ceux qui ont établi cette norme, ils sont allés un peu fort, avec une méthode ultra complexe.
30:16 Donc ça nous pousse dans nos retranchements.
30:18 C'est un peu un défi méthodologique, il faut bien le voir aussi.
30:21 C'est aussi pour ça que tout le monde en interne travaille dessus.
30:26 La finance se rapproche de la RSE.
30:28 Nous, on a la chance d'avoir deux directions qui ont toujours bien travaillé ensemble.
30:31 Mais on n'est rien si l'ensemble des opérationnels ne contribuent pas.
30:36 Nous, on a besoin de travailler avec la supply chain, avec la direction des achats qui est en contact avec les fournisseurs.
30:41 Évidemment, l'informatique et la data ont un rôle à jouer qui est crucial.
30:46 Parce qu'aujourd'hui, un des enjeux méthodologiques va être de collecter la donnée,
30:52 de la rendre fiable et de pouvoir la tracer pour qu'on puisse s'appuyer dessus pour mesurer.
30:59 Donc c'est vraiment toute l'entreprise, mais vraiment tout ce qu'on s'est dit au départ, ça doit partir d'en haut.
31:04 Ce n'est pas un truc qu'on fait sous le tapis, comme un reporting de pluie sur n'importe quel sujet.
31:08 Il faut que les entreprises aient dans leurs axes stratégiques d'une façon ou d'une autre un petit sujet RSE,
31:16 mais pour de vrai, qui soit porté dans leur culture et leur ambition.
31:19 Et ça s'inscrit. Et oui, pour revenir sur ce qui a été dit, c'est un coût financier également, c'est certain,
31:24 puisqu'on a des consultants, mais le temps interne, c'est de l'argent.
31:28 Et oui, on investit, mais ce n'est certainement pas un retour sur investissement court terme.
31:34 Il faut se projeter un tout petit peu dans la durée, mais c'est ce que nous impose la transition énergétique.
31:38 C'est de voir le coup d'après et les décades suivants. Donc oui, c'est dans la durée.
31:43 Donc il faut avoir mis un peu de sous de côté ou en tout cas en attribuer sur ce sujet.
31:48 Merci beaucoup à tous les trois de nous avoir éclairé sur ce sujet.
31:51 On se retrouve très vite pour un nouveau numéro de Smart at Work.
31:55 Smart at Work. Vous a été présenté par Manu Tan.
31:59 Sous-titrage Société Radio-Canada
32:01 [Musique]