SMART IMPACT - Emission du mercredi 25 septembre

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Mercredi 25 septembre 2024, SMART IMPACT reçoit Jean-François Réaud (fondateur, Vignobles Gabriel & Co) , Sara Bonnet (directrice de la communication, Circul’R) , Virginie Gatin (directrice RSE, groupe Legrand) et Sandrine Guyot (cofondatrice, Friendly Frenchy)

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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif et voici notre sommaire du jour.
00:15Mon invité, c'est Jean-François Réau, fondateur du collectif des vignobles Gabriel & Co, certifié par le label de commerce équitable Fair4Life.
00:23Notre débat, il portera sur la première coalition de grandes entreprises dédiée à la communication autour de l'économie circulaire, comment bien faire connaître ce que l'on fait de bien, ce sera notre question fil rouge.
00:35Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, je vous présenterai les lunettes à base de coquillages recyclés de la marque Friendly Frenchie.
00:45Voilà, viticulture, économie circulaire, lunetterie 3 univers et 30 minutes pour les découvrir, c'est parti.
00:53L'invité de Smart Impact, c'est Jean-François Réau, bonjour.
01:03Bonjour.
01:04Bienvenue, heureux de vous accueillir, vous êtes le fondateur des vignobles Gabriel & Co, certifié par le label de commerce équitable Fair4Life depuis 4 ans.
01:11On va faire le bilan de ce label évidemment, expliquer en quoi ça correspond, mais d'abord présentez-nous ce collectif de vignerons, c'est ça ?
01:20Oui c'est un collectif, effectivement c'est un terme qu'on a complètement inventé puisqu'il n'existe pas dans la filière bordelaise du vin à Bordeaux.
01:28Les poncifs habituels à Bordeaux c'est le vigneron indépendant ou la cave coopérative ou le négociant en vin.
01:36Et là c'est un peu hybride ?
01:38C'est un modèle totalement hybridé, pour moi de ces 3 stocks on a essayé d'en retirer ce qui était le plus intéressant pour préserver l'intérêt du consommateur,
01:48l'intérêt du vigneron et aussi l'intérêt du commerçant.
01:51Vous avez fait ça pourquoi ? Parce que chacun était dans son silo ? Parce qu'il fallait réunir les bonnes idées, les compétences, les bonnes pratiques ?
01:59Parce que moi quand j'ai repris l'exploitation familiale, je suis vigneron moi-même, et quand j'ai repris l'exploitation familiale, il fallait tout repenser, reconstruire,
02:07et surtout moi j'avais l'idée de pouvoir me confronter, me challenger auprès du consommateur, et le modèle de la filière de vin bordelaise ne le permettait pas,
02:16et ne le permet toujours pas, c'est-à-dire qu'on ne sait pas quand on est vigneron ce que vous pensez de ce qu'on fait.
02:23Et donc je ne voulais pas passer par le système historique, et donc la coopération non plus.
02:29Le vigneron indépendant je l'ai testé, mais bon il aurait fallu 3 générations pour construire une clientèle,
02:34donc j'ai choisi un modèle qui me permettait de rassembler des idées et des hommes pour avoir une certaine légitimité.
02:41Et donc ce label de commerce équitable qui s'appelle Fair for Life, que vous portez depuis 4 ans maintenant, on va voir c'est un label éco,
02:51certes ce qu'il propose, ce qu'il garantit, un prix d'achat équitable supérieur au prix du marché, un mécanisme de protection pour les producteurs en cas de crise,
03:00le renforcement de l'autonomie des producteurs, des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement.
03:04On va reprendre, si on a le temps, les 4 axes, mais je commence par le prix d'achat, tiens, prix d'achat équitable.
03:11Quel mécanisme pour tenir cette promesse ?
03:15Alors très simplement, ce n'est pas du tout par rapport au marché, c'est par rapport au coût de production.
03:19En fait dans le contrat, les coûts de production de chacun de nos vignerons partenaires, qui sont au nombre de 30,
03:25leurs coûts de production sont gravés dans le contrat.
03:29Ils sont révisés tous les 5 ans évidemment, parce que les coûts de production, c'est non seulement évolutif, mais c'est très personnel.
03:35Et donc ces coûts de production sont la base en dessous de laquelle nous, on n'a pas le droit d'acheter.
03:43C'est-à-dire qu'on assure le revenu au moins des coûts de production de chacun de nos vignerons partenaires,
03:50mais aussi une plus-value qui est de l'ordre de 5% pour les vins en conventionnel et de 10% pour les vins en bio ou biodinamique.
03:56Pour y arriver, il faut des contrats sur plusieurs années forcément ?
03:59Sur des contrats pluriannuels, c'est-à-dire un contrat qui se renouvelle par tacite reconduction tous les ans,
04:03qui est donc sans fin, comme son nom l'indique, sauf si une des deux parties souhaite y mettre un terme.
04:08Mais dans ce cas-là, il y a un préavis de deux récoltes pour pouvoir, à chacune des parties, se réorganiser dans son schéma.
04:16Parce qu'évidemment, quand on est vigneron ou agriculteur, on est dans ce temps long.
04:20La protection en cas de crise, le mécanisme de protection pour les producteurs en cas de crise.
04:24Quand j'ai vu ça, je me suis dit, sauf qu'on va d'une crise climatique à l'autre.
04:29Vous voyez ce que je veux dire ? C'est un peu l'impression que j'ai.
04:31Une année, c'est la sécheresse. L'année d'après, c'est trop de pluie, etc.
04:36Cette protection en cas de crise, elle est justement permise par cette moyennisation des coûts de production qui sont vissés sur 5 ans.
04:43Tous les 5 ans, nous recommençons une étude de coûts de production vigneron par vigneron.
04:47C'est un gros travail, mais c'est le travail que j'ai souhaité puisque, comme je vous le dis, je suis vigneron moi-même.
04:52Il n'y avait pas d'autre façon de voir les choses pour qu'on puisse apporter à chacun des acteurs de notre collectif
04:58une rémunération digne de leur travail et surtout leur permettre de progresser.
05:02Et sur les crises, est-ce que vous, vous le ressentez ça ?
05:05Ou est-ce que c'est peut-être une vue de l'esprit, cette impression qu'on va d'une crise climatique à l'autre ?
05:10Ce n'est pas une impression, c'est une réalité.
05:13C'est une réalité qui nous amène d'un incident climatique à l'autre pratiquement tous les ans.
05:18S'il n'y a pas gel, il y a grêle.
05:20S'il n'y a pas grêle, il y a pression de maladie sur la Lune, ce qui a été le cas cette année.
05:25Donc, la violence des événements climatiques nous impacte.
05:30Ce n'était pas le cas il y a 10 ans, il y a 20 ans ?
05:32Non, vous aviez un gel, une grêle tous les 4, 5, 10 ans.
05:37Mais vous n'aviez pas tous les ans quelque chose qui puisse entamer le capital de récolte.
05:44Je continue la liste de ce qui est lié à ce label Fair4Life, le renforcement de l'autonomie des producteurs.
05:51Ça me semble paradoxal puisque vous êtes dans une logique de coopération.
05:55Non, on n'est pas vraiment dans une logique de coopération.
05:57C'est une coopération parce qu'on met à disposition des moyens communs, qu'ils soient techniques, financiers, de réflexion, de progrès,
06:04mais au service d'une identité.
06:06C'est-à-dire que chaque vigneron garde sa casquette de vigneron et c'est justement ce qui fait la singularité du modèle.
06:12C'est l'identité de son vin aussi.
06:13L'identité de son vin et de la personne.
06:16C'est hyper important, chacun garde son autonomie.
06:19On n'est pas au service d'une marque commune, Vinop Gabrielenko,
06:22et on peut dire une marque ombrelle d'une singularité de chacun des acteurs du collectif.
06:29Mais d'ailleurs on peut les trouver dans le commerce, dans les supermarchés, dans la grande distribution ?
06:34Surtout dans la grande distribution.
06:36On est assez, voire très présent chez Carrefour par exemple, je ne sais pas si on pouvait citer.
06:40C'est fait maintenant, mais pas que.
06:42Également chez Système U, chez Monoprix.
06:45Pourquoi vous avez fait ce choix ?
06:47Ce choix a été fait par souci d'impacter de façon assez importante l'esprit du consommateur,
06:56qui est quand même aujourd'hui à 70% dans la grande distribution,
06:59même si on tend de plus en plus à aller vers des circuits plus spécialisés.
07:04Et aussi parce que j'ai consacré une grande partie de mon développement,
07:09puisqu'on est parti d'une page blanche, vous imaginez bien le truc,
07:12à m'occuper de fédérer ce groupe, ce qui n'a pas été une mince affaire.
07:17Et à côté de ça, je n'avais pas non plus assez de temps pour développer des aspects commerciaux hyper pointus.
07:25Moi quand je vais dans un supermarché, pardon d'être un peu trivial, je suis paumé.
07:30Il y a l'inert de vin.
07:33Oui, il s'est réduit.
07:35Oui, mais quand même.
07:38Ce n'est pas trop compliqué, trop d'appellations.
07:41Je suis entièrement d'accord avec vous.
07:43Et puis ça dénote aussi un désintérêt à un moment donné pour des questions financières,
07:51tout simplement pour des questions de profit, des enseignes, de se spécialiser.
07:57À un moment donné, on pouvait vendre du vin même si le consommateur ne comprenait pas trop ce qu'il achetait.
08:01Il y avait une appétence pour le vin.
08:03Aujourd'hui, il y a beaucoup moins d'appétence et surtout il y a des gens qui font des choix.
08:07Et la grande distribution a besoin effectivement de se spécialiser un petit peu.
08:11Ça m'amène à une question qui est plus une question de contexte, peut-être d'actualité.
08:15Il y a un plan d'arrachage des vignes, c'est ça qui est prévu dans le Bordelais ?
08:19Il est.
08:21Il était prévisible d'une certaine façon ? Comment vous pouvez le caractériser ?
08:25Il était inéluctable.
08:27Il est inéluctable parce que la production, la surproduction est structurelle.
08:33Et on a masqué cette surproduction par des outils promotionnels, justement dans la grande distribution par exemple,
08:40pour essayer de vendre deux bouteilles quand on ne peut en vendre qu'une.
08:44Au bout d'un moment, quand le pouvoir d'achat du consommateur le rattrape,
08:48même cette deuxième bouteille gratuite, le consommateur ne la prend pas, il prend zéro.
08:52Cette problématique de surproduction existait et elle était cachée sous des systèmes un petit peu superficiels.
09:00Il nous reste deux minutes dans cette interview.
09:02Ça va très vite.
09:04Le quatrième pilier, qui est évidemment très important, des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement,
09:09ça veut dire quoi ? C'est forcément le bio ? Pas forcément ?
09:13Le bio n'est pas le critère du certificateur EcoCert,
09:17mais en tout cas, le pilier environnemental est très important,
09:21puisque par exemple, l'utilisation du glyphosate est prescrite.
09:25Nous, depuis le début, quand on a souhaité légitimer un ADN de commerce équitable,
09:31puisqu'on était éthique et équitable avant d'être certifié,
09:33à un moment donné, on a dû légitimer parce qu'on nous disait
09:35« Ouais, vous dites ça, mais en fait, c'est ce que vous voulez. »
09:37Vous ne l'utilisez pas ?
09:39Le glyphosate est interdit.
09:40En fait, on nous pousse véritablement à être bio,
09:43parce que si on est bio, on n'a plus de problème.
09:45Et on a plus de 60% aujourd'hui du collectif qui est soit certifié bio ou biodynamie,
09:51ou en voie de certification.
09:54Vraiment, on ne vise pas les 100%, mais au moins 80% du collectif.
09:58Est-ce que ça a une conséquence, un impact, pour reprendre le titre de l'émission,
10:02sur les ventes, sur les consommateurs ?
10:05Est-ce que ça correspond, parce qu'on a vu que le bio avait eu des difficultés dans certains secteurs,
10:09est-ce que ça correspond à une demande des consommateurs, ou est-ce que ça s'est tassé ?
10:13En fait, ça s'est tassé de la même façon que la chute de la consommation s'est avérée.
10:21Pour le bio, quel qu'il soit.
10:23Pour le bio, quel qu'il soit, que ce soit des vins conventionnels ou des vins bio, il y a un tassement.
10:27En fait, pour moi, en pourcentage, il est identique.
10:30C'est juste que pour faire du bio, et qu'il soit appétant pour le consommateur,
10:34il faut qu'il ait un prix qui reste décent.
10:36Et là, je vous garantis que ce n'est pas le producteur qui prend les marges, dans ces cas-là.
10:41Donc là, c'est sûr, le système beaucoup plus général peut poser des questions.
10:45Il y a beaucoup d'intermédiations, et là, pour le coup,
10:48il y a encore beaucoup de travail à faire à ce niveau-là, et raccourcir un peu les circuits.
10:52Et on y travaille.
10:53Merci beaucoup.
10:54C'était passionnant de découvrir votre collectif, les vignobles.
10:58Gabriel Hanco, en région bordelaise, bon retour à Bordeaux.
11:03Merci beaucoup.
11:04C'est l'heure du débat de ce Smart Impact.
11:06On va parler d'économie circulaire.
11:08Tiens, mais comment communiquer quand on pratique l'économie circulaire ?
11:13Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
11:18Le débat de ce Smart Impact consacré à l'économie circulaire,
11:29et plus précisément aux impératifs de communication de ceux qui la pratiquent.
11:33Je vous présente mes invités.
11:34Sarah Bonnet, bonjour.
11:35Bonjour Thomas.
11:36Bienvenue.
11:37Vous êtes directrice de la communication de Circulaire.
11:38Et Virginie Gattin, bonjour.
11:39Bonjour.
11:40Vous êtes la directrice RSE du groupe Legrand.
11:42Allez rapidement, Circulaire en quelques mots, présentation.
11:46Chez Circulaire, notre mission, c'est d'accompagner les grandes entreprises
11:49comme Legrand et les acteurs publics dans leur transition vers une économie circulaire.
11:54Très concrètement, on les accompagne sur toute la chaîne de valeur
11:57pour qu'ils puissent produire durablement, allonger au maximum la durée de vie de leurs produits
12:02et, en fin de chaîne, récupérer la valeur de leurs produits
12:04pour qu'ils ne puissent plus produire de déchets.
12:06Vous avez lancé en avril dernier la première coalition de grandes entreprises
12:12dédiée à la communication autour de l'économie circulaire.
12:15Quel objectif ? Quelle ambition ?
12:17Oui.
12:18Alors finalement, cette coalition, elle est née d'un constat
12:20qu'on a partagé avec les entreprises qu'on accompagne.
12:23C'est que d'un côté, on a l'économie circulaire qui devient une priorité stratégique pour les entreprises
12:27et de l'autre, on a des entreprises qui soit n'osent pas communiquer,
12:31soit communiquent mal sur ces sujets et sont épinglées pour greenwashing.
12:34On a une enquête de la DGCCRF qui est assez révélatrice sur ce sujet
12:38et qui montre qu'en 2023, sur 1000 contrôles réalisés,
12:42on avait plus d'un quart des communications qui étaient non conformes à les réglementations.
12:46Et donc, évidemment, ça, ça a un impact sur la confiance notamment des consommateurs
12:50qui sont de plus en plus méfiants.
12:52Et donc, face à ce constat, on s'est dit qu'on allait créer cette coalition dédiée à l'économie circulaire
12:57pour permettre d'une part aux entreprises d'être en conformité
13:01avec les réglementations françaises et européennes en la matière
13:04et permettre aux entreprises de valoriser leurs offres de produits et de services issus de l'économie circulaire.
13:10Le groupe Legrand, spécialiste mondial des infrastructures électriques numériques du bâtiment,
13:15vous avez décidé de rejoindre cette coalition. Pourquoi ?
13:18Peut-être un petit mot sur Legrand pour expliquer un peu le contexte.
13:21Legrand, c'est plus de 300 000 références produits.
13:23Donc, il y a un gros enjeu de ce côté-là.
13:25Et puis, on a une feuille de route RSE très ambitieuse.
13:28Un des 4 piliers, c'est l'économie circulaire avec des objectifs vraiment concrets,
13:32de 3 exemples. Objectif 2024, 15% de plastique recyclé, 40% de métal recyclé dans nos produits
13:38et élimination des plastiques à usage unique.
13:41Donc, tout ça, c'est ambitieux.
13:43Et finalement, comment est-ce qu'on le communique aux consommateurs, à nos clients,
13:47et au niveau du groupe, et au niveau de nos produits,
13:49puisque c'est important quand on fait aussi de pouvoir le communiquer.
13:52Et donc, ça, c'était un de nos grands enjeux.
13:54Sarah l'a dit, toujours un risque de greenwashing,
13:56si on l'explique mal ou si on n'est pas suffisamment transparent.
13:59Et donc, pour nous, c'était vraiment important de rejoindre Circulaire
14:02pour pouvoir s'assurer qu'on communiquerait bien sur le sujet.
14:05Oui. Et alors, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a ce risque de greenwashing.
14:09Alors d'ailleurs, c'est très bien que les entreprises, les grandes entreprises,
14:12soient d'une certaine façon sous le contrôle des organisations de consommateurs, des ONG, etc.
14:17Mais ça peut être inhumant.
14:19C'est-à-dire qu'on a peur d'être accusé d'eux, donc on n'en parle plus du tout.
14:23C'est un peu ce qui se passe.
14:24Exactement. Entre le cadre réglementaire, qui évolue très vite en ce moment,
14:28France et l'Union Européenne en même temps,
14:30et puis effectivement cette pression des ONG, des associations de consommateurs,
14:34je le précise à juste titre, c'est bien d'avoir ce contre-pouvoir finalement qui vérifie.
14:39Ça met une telle pression qu'on a des communicants qui nous disent
14:42« Oulala, on n'y va pas, on n'en parle pas, on est sûr de ne pas faire de bêtises. »
14:46Et c'est vrai que c'est dommage parce qu'on fait tellement d'efforts,
14:48on fait tellement de choses, on a envie de communiquer,
14:51et puis on a envie aussi d'entraîner le mouvement.
14:53Parce que si nous, on ne communique pas quand on fait,
14:55les autres entreprises ne feront pas non plus.
14:57Donc on a vraiment envie de pouvoir débloquer ça.
15:00Je disais en titre, comment bien faire connaître ce que l'on fait de bien.
15:03C'est un peu, ça pourrait être le slogan de ce mouvement,
15:09mais à quel point les associations de consommateurs, les ONG, sont pointilleuses.
15:15Vous voyez ce que je veux dire ?
15:16Parce qu'il n'y a pas de groupe idéal, il n'y a pas de grande entreprise qui fait tout super bien.
15:20Vous voyez ce que je veux dire ?
15:21Mais ça n'interdit pas de communiquer quand même.
15:23Non, absolument.
15:24Mais il faut de la transparence.
15:25Voilà, exactement. Je pense que le maître mot, c'est la transparence et l'humilité.
15:28Après, en fait, c'est assez facile finalement d'identifier les mauvaises pratiques.
15:33Nous, chez Circulaire, on a identifié quatre typologies de mauvaises pratiques.
15:37Je peux vous en présenter certaines.
15:39Allez-y.
15:40Celle qui vient le plus facilement en tête, peut-être, c'est la pratique trompeuse.
15:43C'est-à-dire qu'on va utiliser des termes qui vont induire le consommateur en erreur.
15:47Et en fait, on a la loi AJEC, notamment, qui est intervenue pour cadrer ça,
15:51et qui a fait une liste finalement de termes qu'on ne peut pas utiliser.
15:54Qui sont trop vagues, qui sont…
15:56Exactement, des allégations globalisantes.
15:58Exactement, je vois que vous êtes très bien informé.
16:00Et donc, finalement, une fois qu'on a tout ça en tête,
16:03c'est plus évident pour les entreprises de communiquer de manière sereine.
16:08Et nous, parmi les livrables aussi qu'on va mettre à disposition des membres de la coalition,
16:13c'est un livret réglementaire qui répertorie toutes les réglementations françaises et européennes
16:19en matière de communication.
16:20Et ces réglementations, elles commencent depuis les années 90.
16:23Donc, ça fait un moment que le législateur est intervenu pour cadrer ces pratiques.
16:26Il y a aussi parfois de l'exagération dans la façon de communiquer.
16:29Absolument, oui, c'est vrai que parfois, il y a de l'exagération assez grossière même.
16:34Pour donner un exemple, ça peut être finalement une entreprise qui va communiquer sur un engagement minime,
16:39alors que derrière, elle a des pratiques environnementales assez questionnables.
16:43L'exemple qu'on ressort le plus souvent, c'est une institution financière
16:47qui va communiquer sur le fait de faire des cartes bleues en plastique recyclé,
16:51alors que par ailleurs, elle a effectivement des pratiques un peu questionnables
16:55sur le point de vue environnemental.
16:57La coalition, en quelques mots, c'est des grandes entreprises dans des secteurs très différents, c'est ça ?
17:02Oui, c'est ça. En gros, on a neuf acteurs dans la coalition,
17:07dont trois grandes entreprises, dont Legrand,
17:09qui ont intégré des pratiques d'économie circulaire dans leurs pratiques.
17:12On a aussi Renault, Mambaby et le groupe L'Occitane.
17:16Ensuite, on a des éco-organismes.
17:18Donc, il y a un rôle aussi de conseil, de sensibilisation auprès de ces entreprises.
17:21Et enfin, on a une grande agence de communication, Avas Paris,
17:24qui, elle aussi, les agences ont un rôle clé pour accompagner les entreprises.
17:28Le fait d'avoir justement cette complémentarité, qu'est-ce que ça vous apporte, vous ?
17:33Qu'est-ce que vous recherchez, en fait, très concrètement, au sein de cette coalition ?
17:37Plusieurs choses. La première, c'est parfois plus facile d'échanger avec des entreprises
17:41avec lesquelles on n'est pas concurrentes ou on n'est pas sur le même secteur
17:44pour pouvoir vraiment un peu plus se livrer sur nos difficultés, nos doutes, etc.
17:49Donc, ça, c'est hyper intéressant. Dans les entreprises nommées par Sarah,
17:53il y a beaucoup de B2C. Nous, on est plutôt en B2B.
17:56Donc, c'est assez intéressant de voir, finalement, comment on touche le consommateur final.
18:00Évidemment, nous aussi, on est un petit peu en B2C, dans les enseignes,
18:04mais on est majoritairement sur du B2B.
18:07Et il faut avoir cette logique, je pense, B2C, quand on touche des sujets économie circulaire.
18:12Donc, ça, c'est vraiment intéressant. C'est très intéressant d'avoir des communicants experts.
18:16Et puis, on est accompagnés par l'ADEME. Et c'est vrai que l'ADEME avait posé des bases
18:20très intéressantes sur ces sujets-là. Donc, ça nous permet d'avoir une approche
18:23à la fois très sérieuse, multi-secteurs, et puis de pouvoir échanger très librement.
18:28Mais alors, qui participe ? Vous, des cadres dirigeants ? Vous voyez ce que je veux dire.
18:32Prenons l'exemple de Legrand. Dans mon cas, c'est moi, effectivement.
18:35Et ensuite, vous diffusez la bonne parole. Non, je ne suis pas toute seule.
18:38J'ai la responsable communication RSE de mon équipe qui se joint à nous.
18:42On a aussi la direction marketing Europe. Et c'est ça aussi que je trouve intéressant.
18:46C'est que la France est clairement en avance sur ce sujet-là.
18:49Et du coup, ça nous permet, nous, d'apprendre. On va utiliser ce guide, évidemment,
18:54et de pouvoir le déployer partout en Europe, et même au-delà,
18:57pour des bonnes pratiques sur la communication sur nos produits.
19:01Donc, c'est vraiment infusé partout dans le groupe PAC en France.
19:04Sarah Bonnet, ce sont des modules de formation que vous proposez aussi ?
19:09Parce que là, on va y avoir une sorte de guide, c'est ça, qui sera proposé.
19:13D'ailleurs, proposé uniquement aux entreprises qui sont dans la coalition,
19:17ou tout le monde pourra le consulter ?
19:19Non, absolument. Ce sera un guide qui sera disponible en open source au premier trimestre 2025,
19:23réalisé en collaboration avec l'ADEME, parce qu'on avait vraiment aussi la volonté
19:26de s'inscrire dans la continuité de ces travaux-là.
19:28L'ADEME a déjà sorti un guide de la communication responsable.
19:31On vient rajouter une nouvelle brique dédiée à l'économie circulaire.
19:34Donc, le guide, il sera pour tout le monde.
19:36Et ensuite, pour ajouter ou complémenter la première question, c'est quoi ?
19:42C'est des modules de formation ? On arrive, on est réunis, on prend trois heures,
19:46une demi-journée pour écouter la bonne parole d'un expert, c'est ça ?
19:49C'est exactement ça. En fait, on a les membres qui se réunissent tous les trois mois
19:53pour une demi-journée, avec différents temps.
19:56Un temps d'inspiration, on a différents experts qui vont partager leur expertise.
20:02Sur la dernière rencontre, on avait la DGCCRF, la RPP, une avocate qui était présente
20:08pour justement revenir sur tous les aspects légaux et réglementaires.
20:12Ensuite, on a des ateliers où les entreprises travaillent sur des cas concrets de communication
20:18et nous, on challenge avec elles la manière de les présenter
20:22et pour qu'elles ressortent chacune aussi avec un cas spécifique qui concerne leur entreprise.
20:28Est-ce qu'il y a l'idée aussi de partager les bonnes pratiques ?
20:31Vous disiez que c'est plus simple de se livrer, entre guillemets,
20:35quand on n'est pas avec des concurrents autour de la table, ce que je peux tout à fait comprendre.
20:39Il y a cette idée-là, ce que fait Bouygues en l'occurrence ?
20:43Peut-être que là, on peut picorer quelque chose qui va nous servir ?
20:46On a commencé comme au début de la coalition, plutôt partager nos problèmes
20:49et nos enjeux et ce qu'on n'arrivait pas à faire.
20:51C'est vrai qu'on commence à arriver à des moments où on est plutôt dans le partage finalement
20:55de qu'est-ce qu'on a testé, qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui ne marche pas.
20:58Il y a plein de choses intéressantes des autres entreprises, des initiatives qu'elles ont prises
21:02et qui nous inspirent pour réfléchir à comment est-ce qu'on pourrait faire pareil ou l'adapter chez nous.
21:07Nous, on a déjà commencé à l'adapter très concrètement.
21:10On vient de lancer notre nouvelle gamme Céliane
21:12et on a communiqué sur les caractéristiques économie circulaire de cette gamme
21:17suite à tout ce qu'on a appris au sein de la coalition sur des choses très précises.
21:21Aucun emballage plastique, 100% du carton utilisé, du carton recyclé.
21:27Les sous-plaques sont 100% plastique recyclé.
21:30C'est cette précision dont parlait Sarah qui est hyper importante.
21:33C'est de remettre dans le contexte, c'est-à-dire de ne pas dire ma gamme est circulaire, éco-conçue.
21:38C'est être très précis sur quels éléments le sont pour ne surtout pas tromper le consommateur.
21:41J'allais vous poser cette question parce qu'effectivement dans les exemples d'erreurs de com' à éviter,
21:45il y a sa déclaration non étayée.
21:47C'est-à-dire qu'il y a une demande, voire une exigence de transparence des consommateurs
21:53qu'on peut tout à fait comprendre.
21:55Il faut trouver le moyen d'y répondre, c'est ça ?
21:56Oui, exactement.
21:57C'est-à-dire qu'à partir du moment où on va valoriser un aspect de son produit,
22:00qu'il soit biodégradable, ce que citait Virginie tout à l'heure,
22:04il faut être en mesure de prouver ce que vous dites.
22:07Donc l'information doit être accessible pour le consommateur.
22:10Mais alors, sauf qu'on ne peut pas tout mettre sur l'emballage.
22:12Non, exactement.
22:14Il y a les QR codes.
22:15Voilà, exactement.
22:16Tout n'a pas besoin d'être présent sur l'emballage,
22:18mais l'information doit être accessible pour le consommateur.
22:21Et ça, encore une fois, c'est à l'appréciation du régulateur
22:24qui juge ou non si l'information est assez accessible.
22:28Dernière question.
22:29Il y a des mouvements comme ça d'entreprises.
22:31On a, par exemple, passé beaucoup de temps avec la Convention des entreprises pour le climat.
22:37Je ne me trompe pas en redonnant leur nom de mémoire.
22:41Avec l'objectif, parfois même, de presque changer le modèle économique de l'entreprise.
22:46Certaines sont allées jusque-là.
22:48Alors là, on parle de communication.
22:49Mais est-ce que vous avez cette réflexion-là ?
22:51Et là, je m'adresse à la directrice ARSE.
22:54Absolument.
22:55Alors, on travaille avec Circulaire au-delà de la coalition.
22:57Et c'est typiquement le genre d'entreprise qui nous aide à travailler avec toute la chaîne de valeur.
23:03Et c'est ça qui va vraiment changer la pratique.
23:05Mais au-delà de la pratique, là, on parle de communication,
23:08de manière de faire, de chaîne de valeur, de modèle économique.
23:12Et donc, ça nous permet vraiment de repenser.
23:14Si on pense avec nos clients, mais aussi nos fournisseurs, l'ensemble,
23:18on va clairement avoir un impact bien plus grand.
23:20La communication n'est que le dernier niveau.
23:22Mais c'est vrai que si on communique bien, on donnera plus confiance aux consommateurs.
23:26Et le consommateur consommera plus de produits à moindre impact que d'autres produits.
23:30Donc, c'est toute la chaîne qu'il faut changer.
23:32La communication n'est qu'un bout, mais c'est quand même un bout important
23:35si on veut pouvoir changer les modèles économiques.
23:36Merci beaucoup. Merci à toutes les deux.
23:38Merci Thomas.
23:39Et à bientôt sur Be Smart for Change.
23:41On passe à notre rubrique start-up tout de suite.
23:44Des lunettes faites à base de coquillages, ça vous tente ?
23:54Smart Ideas avec Sandrine Guyot. Bonjour.
23:56Bonjour.
23:57Bienvenue. Vous êtes la co-fondatrice de la marque de lunettes Frenchy,
24:01créée en 2016 avec Laurent Peset.
24:03C'était quoi l'idée de départ ? Racontez-moi.
24:05Alors, Friendly Frenchy, ça a été créé avec une mission claire comme son nom l'indique.
24:09Friendly comme éco-friendly et Frenchy comme made in France
24:12pour promouvoir les savoir-faire français et les emplois qui en découlent.
24:17Et puis, c'est aussi un jeu de mots parce que les Français peuvent être sympas.
24:20Ils ne sont pas que des gaulois réfractaires.
24:23Des lunettes, vous êtes venue avec des coquillages, c'est ça ?
24:28Oui, je suis venue avec des coquillages.
24:30Donc, ça, c'est votre matière première ?
24:31C'est notre matière première.
24:32Alors, ça, c'était la matière première de mes ancêtres.
24:35En fait, moi, dans ma famille, on avait une usine de boutons de nacre
24:38qui est devenue le musée de la nacre de France qui est dans l'Oise.
24:41Et aujourd'hui, nous, on a revisité la matière en la refaisant et on refait des boutons.
24:46Mais principalement, notre produit phare, c'est des lunettes en coquillage.
24:50Des lunettes en coquillage. Comment on bascule du coquillage à la lunette ?
24:55C'est quoi le procédé de fabrication ?
24:57Alors, pour fabriquer des lunettes en coquillage,
24:59nous, déjà, il faut collecter les coquillages.
25:02Donc, on les collecte soit auprès des ostriculteurs, des mythiliculteurs ou des pêcheurs,
25:07donc des professionnels de l'agroalimentaire aussi et des restaurateurs.
25:12Et ensuite, nous, on les nettoie, on les réduit en poudre
25:16et on les agglomère à notre base matière.
25:20D'accord. Et donc, ça donne des lunettes.
25:22Il y a du coquillage dans tous vos modèles ?
25:25Alors, il n'y a pas de coquillage dans tous nos modèles.
25:27Nous, on a vraiment commencé à lancer les premières lunettes en 2018,
25:31des lunettes solaires, donc avec du coquillage.
25:35Oui, ok, on la voit bien.
25:37Et ensuite...
25:39Je suis sûr qu'elles vont très bien m'aller.
25:41Oh, celle-ci, peut-être pas.
25:42Si, si, on va rigoler.
25:43Faisons la glissée, regardez. Je suis sûr qu'elles sont pour moi, ces lunettes.
25:47Donc, celle-ci, ça va être de la Saint-Jacques de Saint-Malo.
25:49Ce n'est pas idéal.
25:50Saint-Jacques de plongée, parce qu'on veille aussi à travailler sur...
25:53Sur de la pêche responsable.
25:55Et là, c'est avec de l'huître de cancale.
25:57Celles-ci, je pense qu'elles vous iront mieux.
25:59Ah oui, parfait.
26:00Donc, quand j'achète les lunettes, je sais quel est le coquillage qui a servi à sa fabrication, d'une certaine façon ?
26:07Oui, tout à fait.
26:08En fait, à l'intérieur de chaque branche, on écrit la provenance du coquillage et le nom du producteur.
26:15Donc, créée il y a quoi, il y a huit ans ?
26:18Vous en êtes où du développement ?
26:20On en est où ?
26:21On se développe.
26:22Là, on est une équipe de huit personnes.
26:24On est distribuée dans 300 points de vente en France.
26:28Et on internalise la production, notamment la transformation des coquillages.
26:33On a notre machine de transformation, ce qu'on appelle les coproduits coquillés, qui arrive au mois de novembre.
26:39Donc, on s'industrialise.
26:41Vous progressez encore par rapport au modèle d'origine il y a huit ans ?
26:46Oui, tout à fait.
26:47Puisque nous, déjà à la base, on voulait créer des produits éco-conçus en lien avec la mer.
26:53Et on ne savait pas qu'on allait devenir une marque de lunettes.
26:56Et finalement, on est passionné par la lunette.
26:59On a trouvé notre marché.
27:01Et aujourd'hui, on est devenu une marque de lunettes à impact.
27:04On dit souvent ça.
27:06Merci de nous avoir...
27:07Vous êtes au bon endroit pour en parler.
27:09Voilà, exactement.
27:10Et là, il y a le salon international de la lunette.
27:14Et on a dévoilé des nouvelles lunettes qui sont 100% recyclées.
27:19Donc, zéro matière neuve qu'avec des chutes de production de lunettes.
27:23Donc, ça veut dire que vous êtes dans une démarche, ce que je comprends, d'optimisation un peu permanente pour aller vers un impact de plus en plus positif.
27:32C'est ça votre ambition aujourd'hui ?
27:34Oui, tout à fait.
27:35On est vraiment dans une démarche d'amélioration continue pour optimiser nos process, les internaliser.
27:41Et puis, pour promouvoir aussi bien les savoir-faire français, les emplois qui en découlent.
27:47Mais aussi travailler avec des structures d'insertion professionnelles.
27:50Vous avez fait le choix de l'économie sociale et solidaire quand vous avez créé Friendly Frenchy.
27:57Est-ce que c'est forcément plus cher ?
27:59Quand on coche toutes ces cases ?
28:01Alors, en fait, il y a deux réponses à cette question.
28:05Ce n'est pas forcément plus cher.
28:07Nous, effectivement, on est une entreprise solidaire d'utilité sociale.
28:12On a un agrément qui reconnaît, peut-être que vous connaissez, mais qui reconnaît notre engagement.
28:18Donc, on est agréé et juste.
28:20Et sur notre positionnement de gamme et par rapport à l'ensemble des engagements qu'on y met, on n'est pas forcément plus cher et on est au prix du marché.
28:29Et là, sur la dernière collection, en 100% recyclé, en collectant les chutes de production de lunettes, on a vraiment fait attention à essayer d'avoir les prix les plus justes.
28:39Merci beaucoup, Sandrine Guillaume. On vend à Friendly Frenchy.
28:44Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:46Je voudrais remercier rapidement Cyriel Chazal, Alexis Mathieu à la production et à la programmation,
28:51Xavier Sanchez le réalisateur, Thibaut Goury la fond, l'ingénieur du son.
28:55Belle journée, à très vite.

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